Le conflit social de retour aux Prud’hommes : Mobilisation contre le licenciement de Zora Berriche

arton520-33759Rassemblement ce jeudi 6 novembre 2014 à 14 h devant le conseil des Prud’hommes • 6 rue Rigord 13007 Marseille

Au Merlan scène nationale, nos collègues et camarades, Zora BERRICHE et Patricia PLUTINO ont été sanctionnée pendant les congés d’été. Zora est licenciée pour « insubordination » et Patricia reçoit un avertissement pour « déloyauté ». Ces sanctions sont la suite logique d’une politique managériale délétère dans laquelle la direction s’est enfermée depuis plusieurs années.

Il est reproché à Patricia, déléguée du personnel SYNPTAC-CGT, et Zora, militante respectée et reconnue dans le quartier du grand Saint Barthelemy, de ne pas s’être présentées à une réunion (sans caractère obligatoire), le 24 juin 2014, pour gérer la soirée de « départ » de Nathalie MARTEAU, annulée dans le contexte de la grève des intermittents.

Jeudi 6 novembre, le dossier de Zora Berriche fera l’objet de la procédure dite de conciliation aux prudhommes.
Nous devons être nombreuses et nombreux pour montrer notre détermination à défendre nos valeurs : autant sur le respect du droit du travail que sur la défense d’une culture de qualité et populaire, bien commun en lien avec les populations de notre territoire.

Un rassemblement est prévu pour accompagner Zora BERRICHE :
le 6 novembre à 14 H devant le conseil de Prud’hommes de Marseille
6 rue Rigord 13007 Marseille (arrêt du métro Estrangin-Préfecture)

Nous comptons sur vous.

Pensez à faire remonter les pétitions ou à signer à l’adresse ci-dessous.
https://www.change.org/p/au-c-a-et-…

Appel signé de : la section locale du SYNPTAC-CGT au Merlan scène nationale (synptac.cgt.sectionmerlan@gmail.com), SYNPTAC-CGT PACA, UL CGT- La Rose

Rassemblement devant la CAF de Malaval lundi 27 octobre à 9h

tractmanifcaf3wNON À LA FERMETURE DES CAF !

Les accueils des CAF sont maintenant fermés depuis 10 mois :

– temps d’attente de plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous ;
– trois heures de queue dans la rue au minimum ;
– numéro payant pour prendre rendez-vous (et environ une heure d’attente en ligne soit une vingtaine d’euros) ;
– augmentation des contrôles et radiations ;
– dossiers qui se perdent ;
– précarisation des travailleurs de la CAF.

Ces fermetures ont de nombreuses conséquences. Pour les allocataires, c’est des galères financières, des expulsions locatives. Finalement, ça devient tellement compliqué d’avoir accès aux CAF, qu’on abandonne nos allocations. Et pourtant, la moitié de la population a droit à des prestations de la CAF (Aides Pour le Logement, Allocations familiales, Revenu de Solidarité Active, Allocation Adulte Handicapé…).
Au fur et à mesure que la crise s’accentue, les gouvernements au service des patrons
s’acharnent sur les chomeurs, les travailleurs et les précaires en les rendants responsables de la crise.

Les salariés de la CAF ont déjà été touchés par ces mesures d’austérité (contrats précaires, suppressions de postes). Comme les accueils ne sont pas accessibles, on se retourne vers les salariés des centres sociaux et vers les associations, submergés de travail.

Depuis des mois, nous luttons contre ces fermetures. Des rassemblements ont été organisés, ce qui a forcé la direction à traiter immédiatement un grand nombre de dossiers. Pour nous faire taire, ils ont réouvert les pré-accueils de Gibbes et Malaval. Mais on ne s’arrête pas là.

Nous demandons :

– La réouverture des accueils publics des CAF
– La fin de la répression des allocataires (indus, suspensions de ressources, radiations)
– La gratuité du numéro de téléphone de la CAF
– La fin de la précarisation des travailleurs de la CAF.

 
Rassemblement
le 27 octobre à 9 h à la CAF de Malaval 17 rue Malaval 13002

Manifestation
le mercredi 19 novembre à 13h30 au métro bougainville

Alternative libertaire, APL 13, Association le Tipi, CGT chômeurs précaires, CIP, CNT, CNT-SO, NPA.

Causerie sur l’argent Vendredi 17 Octobre à 19H30​ Au Kiosque 36 Rue Clovis Hugues (13003 Marseille)

cavales L’existence même de l’argent et du système monétaire à l’echelle
mondiale ne semble souffrir aucune remise en question.
Bien que les inégalités de répartition des richesses soient connues de
tous et toutes, bien que le vieux système capitaliste soit une fois de
plus entré en crise, pieces, billets et flux financiers paraissent
encore avoir de beaux jours devant eux.
Comme si les échanges monétarisés étaient inscrits au plus profond de
notre génome. Ceux qui osent émettre des doutes se voient immédiatement
taxer d’utopisme, de naiveté voire de folie. Tout simplement.
Pourtant, certaines sociétés paraissent s’en passer aisément, de même
que divers mouvements révolutionnaires à différentes époques ont su
l’abolir purement et simplement. Malheureusement, l’idéal fut bien
souvent rattrapé par les dominants, tremblants (avec raison !) à l’idée
de perdre ce qui fait leur force.
L’argent a évidemment une fonction économique, mais pas seulement !
Notre société entière courbe l’échine devant lui depuis trop longtemps.

La question de l’inégale répartition des richesses est bien entendu au
coeur de nos réflexions. Abattre le capitalisme ? Oui, mais donnons-nous
les moyens de connaître notre ennemi et ses valets.
Le but de notre causerie n’est donc pas de proposer un autre modèle
unique et universel sorti de notre chapeau mais bien de connaître cette
chose étrange, que nous utilisons tous quotidiennement sans bien savoir
pourquoi ni comment nous en sommes arrivés là¦

Causerie organisée par le Groupe Germinal (Fédération Anarchiste)

Le Vendredi 17 Octobre à 19H30
Au Kiosque 36 Rue Clovis Hugues (13003 Marseille)

RSA : un pas en avant, deux pas en Ariège

enfant-prison_400« Je ne sais pas si je suis complètement remise ». Pas du genre fragile,

Sarah, 38 ans, ne revient toujours pas de son passage devant la «
Commission Sociale Territoriale » (CST) de mars à Foix (Ariège) [1]. Au
RSA depuis 2011 cette mère d’un enfant de huit ans suit une formation de
psycho-praticienne, non reconnue par l’Etat, pour travailler dans
l’écoute. Un projet pas assez sérieux aux yeux du département qui la
convoque. « Ce n’est pas un tribunal » lui dit-on d’entrée. Mauvais signe.

Face à elle deux professionnels du social, deux techniciens du
département. Après sa présentation, une avalanche de questions. Le ton est
inquisiteur, hautain. Les réflexions intrusives, suspicieuses « —Si vous
changiez votre enfant de l’école, vous aurez plus de temps pour trouver du
travail ! » « —Vous avez pensé à déménager ? » etc. Jusqu’à ce que la
sanction tombe. Retrait de 100 € de son revenu de solidarité. Motif :«
démarches insuffisantes ». Sarah sort et éclate en sanglots. Retrait total
ou partiel, suspension temporaire, remboursement de« trop perçu »
rendez-vous obligatoires… Menace ou sanction réelle, la version ariégeoise
de lutte contre la précarité prend des allures de contrôle social.
Stigmatiser et culpabiliser tout détenteur du Revenu de Solidarité Active
qui ne remplit pas ou mal son contrat d’insertion ou qui n’a pas le profil
adéquat.

Le CAFCA le subit régulièrement. Depuis août 2012 le Collectif
d’Autodéfense Face aux Contrôles de l’Administration accompagne et défend
les personnes précaires devant Caf, MSA, Pôle Emploi. A coup de « blocage
» des CST. Au point que les forces de l’ordre filtraient jusqu’à peu
l’accès à ces dernières. Dernière action en date, avril 2014, l’occupation
du Conseil général pour exiger que Séverine, mère isolée dont le RSA fut
suspendu puis remis, touche ses arriérés d’alloc. Elle vient de les
recevoir. « Un résultat de la lutte », précise une militante. Ces
intermittents, ces chômeurs, ces Rsastes s’organisent contre l’isolement
et pour l’arrêt de ces pratiques qu’ils considèrent humiliantes. Sarah : «
Ils sont là uniquement pour rabaisser la personne alors qu’ils sont censés
nous accompagner ». « Un mur froid, inhumain ) » [2]. Après un recours,
elle gardera finalement la totalité de son revenu minimum.
Droit ou faveur ?

Au pays du « socialisme congelé » [3], les 6000 détenteurs du minima
social du 09, un des territoires le plus touché par cette précarité,
seraient devenus la cible n°1. Ils pèseraient trop lourds sur les finances
publiques pour le département chargé de financer le Rsa socle. « ll y a
parmi les allocataires des gens qui trichent, qui n’y ont pas droit. (…)
Il s’agit d’argent public qui demande le plus de crédit » déclarait
Augustin Bonrepaux, président du Conseil Général en 2012 [4]. Autour de 30
M€. Ce qui ne l’a pas empêché de rehausser le volet social de 8 % cette
année. Un coût mirobolant de 450 € mensuel par foyer en moyenne.
L’allocataire a « des droits et a surtout des devoirs » [5], se justifient
à l’envi A. Bonrepaux et consort. « L’administration, paternaliste et
condescendante, tente régulièrement de faire passer pour des faveurs ce à
quoi nous avons droit pour vivre. La pression, constante et sans relâche,
fait partie intégrante du dispositif » rappelle la CNT 09 qui épaule
parfois le Cafca dans ses actions [6]. Des « miettes pour calmer la grogne
sociale », rétorquent certains.« Ils ont l’impression de donner plein de
sous. C’est quoi leur salaire à eux ? » s’emporte Catherine, elle aussi
sortie en larmes de sa CST. On la menaçait de lui baisser son Rsa couple.
700€ pour quatre. C’était sans compter sur Malick son compagnon qui a
passé son coup de gueule « On n’est pas dupe, ils ont pas intérêt à mettre
une famille à la rue, mais on peut lui taper dessus ».
« Les mettre au boulot »

En comité de pilotage du département, l’objectif de la direction est assez
clair : « on va les mettre au boulot ! », raconte une source interne.
Léger problème, avec un taux de chômage à plus 12, 2 %, les offres
d’emploi n’encombrent pas les fichiers Pôle Emploi Ariège. Quitte à
réorienter les profils de ces assistés en puissance à n’importe quel prix.
Pour toucher son dû, Sarah a du écrire sur son recours qu’elle «
élargissait son champ de recherche aux boulots alimentaires ». « Je suis
allée en intérim, vu mes diplômes ils m’ont regardé avec des yeux ronds ».
La logique tourne à l’absurde kafkaïen : « Si je vais travailler, ce sera
pour payer la garde de mon enfant ». Daniel lui, travailleur social de
métier, avait postulé dans une structure pour jeunes handicapés dont le
directeur, membre de la commission, lui reprochait son manque de
démarches. Il ne lui avait jamais répondu. Souci d’honnêteté, Catherine et
Malick l’on joué franc-jeu en CST :« on ne cherche pas de boulot ». Bac+
5, elle, veut tenter sa chance dans la vannerie tandis que lui, BTS,
construit leur maison sans passer par les banques. « Peu importe ce que je
leur disais, pour eux j’étais une glandeuse. Comme s’ils décidaient de ma
vie à ma place ». Etre un « bon pauvre » qui « s’insère » dans le
chantier, les ménages, la manutention.

Ces coups de pressions retombent aussi sur les employés. En interne la CST
de Foix a la réputation d’être la « plus dure » d’Ariège. Une« punition »
pour les professionnels qui y travaillent. Cette tendance au contrôle
viendrait du recrutement de techniciens gestionnaires « très normés »
issus du monde économique. « Nous, on arrivait de l’éducation populaire ou
de science de l’éducation », se souvient Paul, un conseiller d’insertion.
Pas vraiment de politique du chiffre sur les « sorties positives » des
Rsaste mais des rendez-vous, des règles, des obligations de données, des «
outils » tels que ces« courbes d’évolution »… du chiffre d’affaires du
précaire. C’est ni blanc ni noir, tempère Paul. « Les élus sont encore sur
du social mais ne supportent pas ceux qui ne veulent pas s’en sortir ».
Gâchis humain

Du boulot, du moins de l’activité, la « terre courage » en foisonne.
Agriculture, apiculture… Max, membre du Cafca avait un contrat d’insertion
dans la cueillette. Un autre : « vente de savon à base de plante ».
Catherine s’était vue invalider son contrat de travail dans un café
culturel. Des ambitions professionnelles « ubuesques » pour un département
plutôt hostile au mode de vie alternatif. A l’image de cette imprimerie
associative qui avait le tort d’être gratuite. Une cafcaïenne raille : «
Pour eux, le sens social, c’est dégager de l’argent ». Vrai que l’Ariège,
terre historique d’accueil de néo-ruraux, c’est plus le pays des hippies
décroissants que des costumes cadres dynamiques. De ceux qui font un « pas
de côté ». Malick : « Ce n’est pas par choix mais j’estime être en
résistance au Rsa, je prends ma vie en main. Je ne fais pas rien, je prend
mon temps ».

Ludo Simbille

Source : Friture Mag

Notes de l’auteur

Notes :

[1] Tous les prénoms sont modifiés à la demande des intéressés.

[2] D’absurdité et de « torture morale » qualifiait Dominique Méda ce type
de contrôle.

[3] Lire l’enquête de Mediapart sur le système politique ariégeois et les
dossiers de La Buvette des alpages sur l’édile.

[4] M. Bonrepaux tenait-il le même discours à propos des subventions qu’il
verse aux entreprises ? Ou au « Club Ariège Pyrénées Investissement », ce
lobby créé et financé à 98% par le CG ? Sans résultat, il fut dissout pour
des raisons de corruption.

[5] Et l’élu s’y connaît en citoyenneté, lui qui fut mis en examen pour
délit de favoritisme dans deux marchés publics. (La Dépêche, 25/05/2013).

[6] Une étude du CEE sur le RSA qualifiait cette mécanique « d’absurde »
et « torture morale »

. Un conseil général socialiste supprime le RSA à des centaines de
personnes, et le revendique
. R.S.A : fausse hausse et coupures programmées
. « Absurdité », « torture morale », une enquête sur le RSA à Paris
. Ici le site du CAFCA, Collectif d’autodéfense face aux contrôles de
l’administration

Jeudi 11 septembre Équitable café 19h30 Rencontre-débat avec Olivier Leberquier et plusieurs salariés de Fralib

Note des modérateurs : Nous transmettons l’invitation à ce débat sur la lutte des salariés de Fralib à Gémenos, qui nous a paru intéressante. Pour autant, nous pensons que les annonces de « victoire » des salariés sur les géants de l’agroalimentaire sont à prendre avec des pincettes, car l’autogestion de la production dans le système capitaliste ne peut être considérée comme une émancipation des travailleurs.

Olivier Leberquier délégué syndical CGT de Fralib et ses camarades ont mené la lutte victorieuse et témoigneront de leur expérience.

Trois ans et demi de face à face entre les salariés de l’usine « Éléphant » de Gémenos et la multinationale Unilever. C’est une victoire de grande portée sur le géant de l’agroalimentaire.
Cette lutte exemplaire est un immense succès et démontre pour tous les travailleurs que rien n’est jamais joué d’avance.
Cette victoire doit servir d’exemple à tous les travailleurs et inspirer tous ceux qui se battent contre les délocalisations.

Vous pourrez intervenir, débattre, questionner, échanger, partager …

Équitable Café, 54 Cours Julien, 13006

Réunion pour un mouvement contre les radiations et la fermeture des guichets de la CAF

Oyé Oyé c’est la rentrée, la nôtre et celle des mesures d’austérités qui nous pendent au nez : fermetures des guichets CAF (dont nous avons eu un avant goût avant l’été), radiations à tout va, réforme de l’assurance chômage, traque des « fraudeurs »…
Dans la continuité des balbutiements du mouvement de précaire de fin mai-juin et de cet été, nous voudrions lancer un mouvement contre les radiations et la fermeture des guichets de la CAF et plus largement un mouvement de chômeurs et précaires qui se mobilise contre les offensives qui nous sont faites.

Nous appelons à une réunion le vendredi 12 septembre à 18h à Mille Bâbords…

Venez nombreux pour mettre votre grain de sel !onafainfrpetit

Appel pour une journée internationale de solidarité aux 595 femmes de ménage du Ministère des finances grec

Nous, femmes de ménage du Ministère des Finances, qui avons perdu nos emplois depuis le 17 septembre 2013, nous vous proposons d’unir nos forces et d’organiser une journée internationale de Solidarité le samedi 20 septembre.

Nous, femmes de ménage du Ministère des Finances, qu’on a éloignées de notre travail​ ​ le 17 septembre 2013 afin de le donner à des sous-traitants privés, nous sommes engagées depuis 11 mois dans une lutte pour la vie, contre les politiques d’austérité et ceux qui les appliquent, le gouvernement Samaras et la Troïka.

Chaque jour nous descendons dans la rue et nous revendiquons notre travail et nos droits, résistant à la violence policière et la propagande gouvernementale. La justice grecque nous a donné raison, mais le gouvernement refuse d’obtempérer et d’appliquer l’arrêt judiciaire.
​Nous demandons de vous, associations citoyennes et mouvements sociaux, syndicats des salariéEs, organisations des femmes, partis politiques et citoyens du monde entier, de vous qui n’acceptez pas l’injustice et partagez les souffrances de ses victimes, d’exprimer haut et fort votre solidarité au combat que nous menons pour la vie et pour la dignité, un combat qui est aussi votre combat.
Nous vous proposons d’unir nos forces et d’organiser :
Une journée internationale de Solidarité

Nous proposons la période allant du 15 au 22 septembre, soit la semaine précédant l’arrêt judiciaire définitif concernant les 595 femmes de ménage, qui sera rendu le 23 septembre. La journée de mobilisation internationale pourrait avoir lieu le samedi 20 septembre.

L’objectif pourrait en être diverses actions de solidarité comme des rassemblements et manifestations publiques, des mobilisations devant des ambassades et des consulats grecs, les bâtiments du FMI à Washington et de la Banque centrale européenne à Frankfort​ ou tout autre lieu de votre choix.

On est déjà en train de préparer la participation d’une délégation des femmes de ménage en lutte à une manifestation qui aura lieu au Parlement européen de Strasbourg le 16 ou 17 septembre.

Si vous êtes prêtEs à participer à cette initiative, nous vous prions de nous le faire connaître au plus tard le 30 août, afin que nous puissions savoir quels pays et quelles villes vont y participer.

Article de Sonia Mitralias, membre des “ Femmes contre la dette et les mesures d’austérité” en Grèce

Après 11 mois d’un long et âpre combat, limogées depuis septembre, mises sous statut de « disponibilité », soit licenciées au bout de huit mois, 595 femmes de ménage de la fonction publique sont devenues l’incarnation, le symbole, l’âme, la vie-même de la résistance la plus farouche contre la politique de rigueur en Grèce ! Ces femmes sont devenues tour à tour « sujet politique » et le leadership de toute la résistance actuelle contre la politique de la Troïka, osant affronter un ennemi aussi puissant que le gouvernement grec, la Banque centrale européenne, la Commission et le FMI… 
Et pourtant, après ces 11 mois de combat, après avoir défié et être devenues l’ennemi principal du gouvernement et de la Troïka, après avoir court-circuité la mise en œuvre des mesures de rigueur, après une présence très médiatisée sur la scène politique, ces femmes de ménage en lutte ne sont toujours pas considérées comme sujet politique par les opposants à l’austérité. 
Et pourtant, depuis le début des mesures d’austérités infligées par la Troïka, les femmes ont pris la rue en masse et leurs résistances semblent avoir une dynamique propre toute particulière et riche en leçons politiques. 
Durant ces quatre ans de politiques d’austérité qui ont transformé la Grèce en un amas de ruines sociales, économiques et surtout humaines, on n’a parlé que très peu de la vie des femmes et bien sûr encore moins de leurs luttes contre les diktats de la 
Troïka. C’est donc avec surprise que l’opinion publique a accueilli cette lutte exemplaire faite entièrement par des femmes. Mais est-ce vraiment une surprise ? 
Elles ont participé en masse aux 26 grèves générales. Dans le mouvement des indignés, elles occupaient les places, elles campaient, manifestaient. Elles se sont mobilisées en première ligne pour l’occupation et l’autogestion de l’ERT.
Exemplaires, elles étaient l’âme des assemblées des grévistes des administrateurs universitaires dans l’éducation et les universités contre la « disponibilité » c’est-à-dire le licenciement après 8 mois avec 75 % de leur salaire. 25 000 fonctionnaires de l’État, en majorité des femmes, seront concernés par le dégraissage des services publics. Elles constituent aussi l’écrasante majorité (95 %) des volontaires du 
Mouvement de Solidarité et des dispensaires autogérés qui essayent de faire face à la crise sanitaire et humanitaire.

La participation massive des femmes aux mouvements de résistance contre la destruction de l’État social par les politiques de l’austérité, n’est donc pas une surprise, elle n’est pas due au hasard : d’abord, et nous le savons, la condition des femmes est dans l’œil du cyclone de l’austérité. La destruction de l’État social et des services publics fait exploser leur vie : en tant qu’employées majoritaires dans la fonction publique et en tant qu’usagères principales des services publics, les femmes sont doublement impactées par les coupes de tous genres. Elles ont donc mille raisons pour ne pas accepter la régression historique de leur condition de femmes, qui équivaudrait à un véritable retour au 19e siècle ! 
C’est vrai que dans un premier temps elles ne se démarquaient pas en tant que « sujet politique femmes », partageant les mêmes revendications et les mêmes formes de luttes avec les hommes dans les mouvements. Elles y étaient nombreuses, c’est tout. 
Mais, déjà dans la lutte pionnière contre l’extraction d’or dans la région de Skouries, à Chalkidiki au nord de la Grèce, s’opposant à la société canadienne multinationale « Eldorado », les femmes se sont très vite distinguées par leurs formes de lutte et leur radicalité. Et si la presse et l’opinion publique ignoraient l’incidence de leur identité de genre sur la façon de lutter, la police ne faisait pas autant ! En effet, la police anti-émeute avait ciblé tout particulièrement les femmes, utilisant une répression féroce et sélective pour terroriser toute la population à travers ELLES, pour anéantir toute désobéissance et tout mouvement de résistance. Criminalisées, emprisonnées, elles ont subi des violences humiliantes, aussi sexuelles et… spécifiques à leur corps et à leur…genre !

Dans un second temps, les femmes ont exprimé des initiatives et formes de luttes propres à elles.


Tout a commencé quand, pour imposer la partie la plus dure de son programme d’austérité et satisfaire les engagements à l’égard de ses créanciers, le gouvernement a ciblé en toute priorité les femmes de ménage du ministère des Finances, de l’administration fiscale et des douanes. Il les a placées dans le mécanisme de disponibilité déjà depuis fin août dernier, ce qui se traduit par ce qu’elles touchent les trois-quarts de leur salaire de 550 euros pendant huit mois avant qu’elles soient licenciées définitivement. Le gouvernement a suivi exactement la même stratégie qu’à Skouries. L’objectif : s’attaquer d’abord aux plus faibles et les moins susceptibles d’être soutenues…c’est-à-dire les femmes de ménage, pour ensuite faire passer le gros des employés à la trappe, c’est-à-dire aboutir au licenciement des 25 000 fonctionnaires publics !… Et cela dans un moment où les mouvements de résistances 
étaient saignés à blanc par l’austérité sans fin, étant atomisés, fatigués, exténués, vulnérables… 
Il croyait qu’avec « cette catégorie de travailleurs », ces femmes pauvres de « basse classe » touchant des salaires d’à peine 500 euros et, croyait-il, pas très intelligentes (d’où le slogan des femmes de ménage : « Nous ne sommes pas des connasses, nous sommes des femmes de ménages »), il aurait vite fini par les écraser comme des mouches. 
Le but étant de privatiser le travail des femmes de ménage pour en faire cadeau aux entreprises privées de nettoyage. Ces sociétés mafieuses connues pour être des champions de la fraude fiscale, réembauchent avec des salaires de 200 euros par mois, soit 2 euros par heure, avec assurance partielle, sans aucun droit du travail, ce qui équivaut à des conditions de semi-esclavage et de galère. 
Ces femmes limogées et sacrifiées sur l’autel de l’anthropophagie de la Troïka, ces femmes de 45 à 57 ans, souvent monoparentales, divorcées, veuves, endettées, ayant à leur charge des enfants ou maris chômeurs ou des personnes handicapées, se trouvant devant l’impossibilité de toucher prématurément leur retraite et cela après plus de 20 ans de travail, et dépourvues de toute possibilité de retrouver du boulot, ont alors décidé de ne pas se laisser faire. Elles ont pris leur vie en mains ! 
Et voilà qu’une poignée de femmes décident de bousculer les routinières formes de lutte des syndicats traditionnels. Quelques-unes prennent l’initiative de s’organiser par et pour elles-mêmes, un noyau des femmes de ménage qui avaient déjà lutté et gagné 10 ans plus tôt pour obtenir des contrats de longue durée. Elles ont travaillé comme des fourmis, tissant patiemment une toile d’araignée à l’échelle du pays… 
Et comme ces servantes du ministère des Finances ont été jetées dans la rue et que faire la grève n’a plus de sens dans leur cas, elles ont décidé de faire un mur humain avec leur corps dans la rue, devant l’entrée principale du Ministère des Finances à la Place de « Syntagma », la place devant le Parlement, la place la plus emblématique du pouvoir… 
Ce n’est pas un hasard que ce soient des femmes qui ont fait naître des formes de lutte pleines d’imagination. Déconsidérées à cause de leur genre et de leur classe sociale, marginalisées par les syndicats et n’ayant point de liens avec les organisations traditionnelles de la gauche grecque, elles ont dû faire du bruit pour être audibles, pour se faire entendre, elles ont dû se créer une image pour être visibles !
Aux grèves passives, aux journées d’actions éphémères et inefficaces, elles ont substitué l’action directe et collective. Elles misent sur la non-violence, l’humour et le spectaculaire. Avec des couronnes d’épines sur la tête à Pâques, avec la corde passée autour de leur cou devant le siège du parti de la Nouvelle Démocratie, avec de la musique et des danses elles réclament : la réembauche pour toutes et tout de suite ! Tout cela est inédit en Grèce… 
Elles occupent et bloquent l’accès au Ministère, et surtout elles pourchassent les membres de la Troïka quand ils veulent entrer au Ministère (!) les obligeant à fuir en courant et à prendre la porte de service, ensemble avec leurs gardes du corps. Elles affrontent et se battent corps à corps avec les unités spéciales de la police. Tous les jours, elles inventent des nouvelles actions, qui sont reprises par les médias, elles alertent toute la population : en somme elles brisent l’isolement. Et voici que, ce qui d’habitude était représenté par une statistique sans vie et sans âme, par le chiffre du record du chômage, de la pauvreté, voici que ces « abstractions » s’humanisent, acquièrent un visage, deviennent des femmes en chair et en os, qui en plus ont une personnalité et une volonté politique propre. Elless’appellent Litsa, Despina, Georgia, Fotini, Dimitra… Et avec leur exemple, leur courage, leur persévérance, leur rage de vaincre, elles redonnent espoir à toutes les victimes de l’austérité…

Mais attention, les forces antiémeutes brutalisent presque quotidiennement ces femmes, pour l’exemple, car leurs patrons craignent la contagion. Et c’est toute la 
Grèce qui assiste au triste spectacle de ces femmes souvent âgées qui, jour après jour, sont piétinées, maltraitées et blessées par des Rambos de la police, qui auraient pu être leurs fils ! Et pourquoi ? Parce que c’est la Troïka elle-même qui veut les abattre, parce qu’elles sont l’exemple à imiter par tous les opprimés, parce elles sont à la pointe de la contestation anti-austérité, non seulement en Grèce mais partout en Europe. Parce que leur lutte peut devenir contagieuse… 
Plus que jamais, le combat de ces 595 femmes de ménage héroïques est le nôtre. Ne les laissons pas seules. Elles se battent pour nous, battons-nous pour elles. Organisons la solidarité européenne et mondiale !

Une illustration des limites du consensus démocratique dans la lutte

LA GRÈVE DES INTERMITTENTS À CRATÈRE SURFACE (ALÈS)
BRIBES D’ANALYSE D’UN COLLECTIF DE TRAVAILLEURS, CHÔMEURS ET PRÉCAIRES
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Ce texte essaye de revenir sur la grève et la lutte lors du festival
Cratère surface à Alès du 30 juin au 5 juillet. Ce fut l’un des épisodes
du mouvement contre l’accord UNEDIC. Ce festival se tenait entre celui
du Printemps des comédiens à Montpellier, qui fut le premier où les
travailleurs se mirent massivement en grève, et celui d’Avignon.

Nous sommes quelques-uns du collectif Exploités Énervés (composé de
travailleurs, de précaires, de chômeurs, de RSAstes…) à nous être
investi dans ce combat. Cette tentative d’analyse part de nos points de
vue.

En préambule, le texte qui suit n’est qu’une tentative d’analyse de la
lutte à laquelle nous avons participé autour de la grève à Cratère
Surface. Nous avons été invités dès le début de la grève (et même avant,
à la présentation de la saison du théâtre le Cratère – scène nationale
d’Alès – , par des grévistes du Printemps des Comédiens) et avons pris
pleinement part à la lutte. Celle-ci, comme toute lutte (un rapport de
force sur le dossier d’un chômeur, le fait d’empêcher des huissiers
d’expulser des locataires, une grève, un mouvement plus global type
mouvement des retraites…), a été traversée de contradictions. Il y a
toujours des bagarres à mener au sein d’un mouvement pour que les
participants gardent le contrôle de leur lutte, pour l’élargir, pour
construire un réel rapport de force. Ainsi différentes réflexions sont
posées ici afin de servir lors de la lutte qui se poursuit et de celles
qui viennent. Ces réflexions, si elles sont critiques parfois,
s’adressent à l’ensemble des participants, chômeurs, précaires,
intermittents…

PROBLÈMES DES AG, DE LA LÉGITIMITÉ ET DE L’UNITÉ DU MOUVEMENT

La première chose qui nous a fort étonnés, c’est la présence du
directeur et des ses bras droits aux AG des grévistes. La direction
avait organisé le vote à bulletin secret pour la grève avant le début du
festival. C’est une technique souvent utilisée pour reprendre en main un
mouvement ou l’empêcher de démarrer (les syndicats sont coutumiers du
fait quand ils veulent arrêter une grève). En effet, la pression de
l’encadrement sur chaque individu est plus forte et n’est pas
contrebalancée par l’enthousiasme collectif. Les non-grévistes sont plus
à l’aise pour exprimer un point de vue contre le mouvement… En
organisant ce vote, la direction souhaitait garder le contrôle de la
situation. Si le directeur affirmait depuis le début qu’il soutenait le
mouvement, sa position, sa fonction faisaient qu’il ne pouvait laisser
la grève se durcir. L’ objectif d’un directeur de théâtre est de faire
jouer coûte que coûte et de sauver ainsi, un peu, son festival. Son
intérêt est alors opposé à celui des grévistes, quelle que soit sa
sincérité quant aux revendications. Sa présence en AG pose un problème :
il est difficile pour des salariés en grève de s’exprimer devant la
personne qui va les employer, ou non, le mois ou la saison suivante. Les
risques de répression individuelle à la suite du mouvement ne sont pas
minces, d’autant plus dans un secteur (le spectacle), où par définition
l’emploi saisonnier dépend du bon vouloir de quelques directeurs de
théâtre qui se connaissent tous.

Des ouvriers en grève ne peuvent agir quand leur hiérarchie est
présente. Ce rapport de pouvoir, inhérent au fait que l’un a la capacité
de garder l’autre au travail ou de l’en priver, créé un déséquilibre. De
plus, par sa présence dans les AG, la direction peut être témoin des
conflits entre les grévistes. Ces désaccords sont toujours présents et
nécessitent des débats. Il est dangereux que la hiérarchie puisse y
assister et s’en serve pour opposer les gens les uns aux autres. Le seul
moyen de sortir de cette situation est de se réunir sans elle. Ainsi il
est plus cohérent de montrer un front uni à la direction et de garder
les polémiques entre salariés en grèves, entre individus en lutte. Le
directeur, le responsable com’, l’administratrice ne s’y sont pas
trompés et ont utilisé les conflits et les divisions entre artistes et
techniciens, entre régisseurs, managers et grévistes… pour les exacerber
et affaiblir le mouvement.

Des AG avaient lieu chaque matin, organisées de la manière suivante :
dans un premier temps se réunissait le personnel du cratère dans son
ensemble, grévistes, non-grévistes, personnel de direction, de
communication…puis s’en suivait une AG ouverte à tous (chômeurs,
précaires, individus ou collectifs…). L’organisation de plusieurs
moments dans l’AG décisionnelle nous semblait naturelle. Il est logique
que les salariés se retrouvent tout d’abord entre eux afin de décider de
la grève. En effet, ce sont eux qui perdent leurs salaires et sont dans
un rapport direct avec leur direction, pas forcément les autres gens en
lutte. Mais encore une fois, il est un peu étrange d’attendre le
directeur pour commencer cette première partie de l’AG quand les autres
personnes qui participent à la lutte n’arrivent qu’après. Il faut noter
que l »existence d’AG ouverte à tous est un point très positif. Cela
pose dès le départ une possibilité d’élargissement de la lutte à tous
les concernés. C’est un fait nouveau comparé au précédent mouvement des
intermittents (2003) où le repli corporatiste était assez fort.

On l’a vu, durant les AG, les grévistes n’ont pas réussi à se retrouver
entre personnes en lutte (c’est à dire sans la direction, sans les
non-grévistes…) cela pose un réel problème dans une lutte. Ces AG
étaient interminables, avec des débats récurrents tel celui sur la
légitimité des 96 heures de grève votées au départ par les techniciens
principalement.

Un moment de discussion entre personnes en lutte aurait permis
d’organiser plus rapidement des actions vers l’extérieur et non de
rester des heures cloîtrés à l’arrière du théâtre et ainsi s’isoler des
chômeurs, des travailleurs auxquels on devait s’adresser. Cela aurait
aussi permis de tirer les leçons de chaque action, d’en faire un bilan
et d’envisager la suite. A ce moment là, les AG auraient constitué de
véritables AG de lutte, d’autant que chaque jour voyait monter la
pression et que, contrairement à ce que pouvait dire la direction, le
public accueillait plutôt bien ces actions.

Le premier jour, la pluie a interrompu le spectacle mais des
interventions ont pu être faites. Le deuxième jour, à Rochebelle, on a
laissé jouer la première représentation avec une intervention et des
échanges avec le public à la fin. La seconde représentation a été
annulée avec l’accord de la troupe (hollandaise) malgré les
manipulations de l’administratrice. Le troisième jour, il a été décidé
de bloquer complètement les spectacles. En discutant directement avec
les compagnies, il apparaît qu’elles finissaient majoritairement par
comprendre la situation et refusaient de casser la grève. Pour les
autres, il a fallu mettre un peu la pression. En discutant avec le
public à la fin d’un spectacle, celui-ci se montrait réceptif aux
questions du chômage et de la réforme de l’UNEDIC. Quand les spectacle
ont été annulés, les gens étaient désappointés mais pas hostiles et la
plupart comprenait très bien que lorsque l’on fait grève, le festival ne
peut se tenir malgré tout. Tous les gréviste n’étaient pas présent à ces
actions et dans ces moments et le fait de partager ses impressions
ensemble aurait montré à chacun les aspects positifs de ces blocages et
de ces avancées.

Alors que chaque action montrait que la lutte grandissait, ce que la
direction et certains artistes faisaient passer dans les AG, c’est que
la lutte était violente, que c’était contre-productif… Si les grévistes
et les gens en lutte s’étaient retrouvés entre eux, ils auraient pu
saisir les aspects positifs plutôt que discuter éternellement de ce que
les troupes et le festival perdaient en ne jouant pas. Cela aurait
permis d’être plus efficace tant dans les discussions que dans la mise
en place d’actions. D’ailleurs l’action de Brouzet (annulation des
spectacles de la soirée) n’a pas été décidée en AG mais lorsque les
grévistes se sont retrouvés entre eux et en dehors de ce cadre.

Il y aurait donc pu y avoir 2 parties dans l’AG, une où les salariés
décident de la grève et des modalités puis une autre où les personnes en
lutte discutent et décident des actions (sans la direction, sans les
non-grévistes!). Certaines personnes (intermittents et précaires)
défendaient cela depuis le début.

Les questions de la légitimité de la lutte et de la démocratie sont
revenues à plusieurs reprises dans les AG. La démocratie a pris la forme
d’un vote à bulletin secret organisé par la direction, ce n’est pas
anodin. C’est une façon de limiter le droit de grève. C’est la
propagande sur les passagers de la SNCF pris en otage, c’est l’accueil
des enfants dans les écoles en grève, c’est le service minimum, c’est le
vote à la majorité et avec un taux de participation suffisant en
Angleterre pour qu’une grève soit légale. Ces mesures visent à empêcher
tout mouvement social. A travers une pseudo démocratie (où tous ne sont
pas égaux puisque certains ont le pouvoir de donner un salaire ou de
mettre au chômage), l’État et les directions d’entreprises cherchent à
casser toutes possibilités d’agir.

La grève, c’est la force des travailleurs d’empêcher que des
marchandises, c’est-à dire le profit des patrons, ne puissent sortir.
C’est dans ce rapport de force que se pose la possibilité de la lutte.
Qu’elle soit minoritaire ou non, une grève ou une lutte, répond à des
conditions de vie insatisfaisantes ou menacées. Ici, l’accord de
l’UNEDIC est clairement un recul pour les classes populaires (chômeurs,
précaires, intérimaires ou intermittents). Cet accord fait partie d’une
politique plus globale d’austérité. L’État prend sur le dos des plus
pauvres, l’argent qu’il va donner aux patrons (50 milliards). Il est
nécessaire que les personnes visées réagissent. La légitimité de tous
mouvements part de l’inégalité intrinsèque à cette société, des rapports
d’exploitation, de classes qui la régissent.

Les dominants cherchent à saper toute réaction par une démocratie qui
ne peut exister dans cette société inégalitaire. Pour être plus concret,
quand des salariés se mettent en grève pour 96 heures, ils mettent en
jeu leurs vies, leurs salaires… C’est leur choix et personne ne peut
leur reprocher. Les artistes qui sont arrivés plus tard n’avaient qu’à
se déterminer eux-aussi, soit ils rentrent dans la grève soit ils la
cassent ! Personne n’a choisi à leur place ! Il faut quand même rappeler
que si il n’y avait pas eu de grève, personne ne se serait retrouvé pour
en discuter et agir. Le discours de certains sur l’intérêt de faire des
actions sous de nouvelles formes mais ne pas faire grève est naïf ou
crapuleux. Il n’y aurait eu aucune action si il n’y avait pas eu au
préalable de grève. C’est grâce à la grève qu’il y a eu des AG, que
d’autres gens ont pu s’associer à la lutte, que nous avons pu discuter,
que des actions ont pu être mises en place…

Cette question de la légitimité en amène une autre tout aussi
récurrente, celle de l’unité du mouvement. Les artistes non-grévistes
appelaient souvent à l’unité à tout prix. Cela n’a pas de sens, il y a
des grévistes, des non-grévistes, des précaires en lutte… L’unité se
fait sur certaines bases, en l’occurrence la lutte contre l’accord de
l’UNEDIC. L’intérêt de l’unité était la jonction entre les chômeurs, les
précaires, d’autres travailleurs en lutte et les intermittents et non
des débats stériles entre grévistes et non-grévistes ! D’autant que ces
appels à l’unité se faisaient au nom de la volonté de jouer de certaines
troupes. Le blocage serait alors une action de division, mais le fait de
jouer malgré la grève non ?! Une unité ne se fait pas en l’air, être
unis, oui mais avec qui et pourquoi ? Certains pouvaient être contre le
mouvement, d’autres ne voulaient pas de blocage, d’autres voulaient
jouer,… Dans ce cas, l’unité signifie juste l’immobilité et la
non-action. L’unité peut se faire par la persuasion, en discutant, en
argumentant mais pas à tout prix, en affaiblissant le mouvement. Elle se
construit aussi sur une base objective, sur les intérêts que l’on
défend. Je n’ai pas les mêmes intérêts qu’un patron d’entreprise ou
qu’un politicien et je n’ai aucune unité à construire avec eux !

BLOCAGE DE LA PRODUCTION, MILIEU CULTUREL ET CATÉGORIES SOCIALES

La question centrale dont nous avons déjà un peu parlé est celle du
blocage de la production c’est-à dire, dans un festival, des spectacles.
Étant donné que la grève est un rapport de force, elle s’appuie sur la
possibilité pour les travailleurs de ne pas travailler et donc de ne pas
produire. Si la production sort quand même, c’est un échec, les
grévistes ont fait grève pour rien.

Dans tous les secteurs de l’économie cela est valable. L’État et le
MEDEF (en fait, tous les capitalistes) n’ont rien à faire d’une grève où
les spectacles jouent, même sans les techniciens. Mais au fait, ça
ferait même peut être faire des économies aux gestionnaires du théâtre!?
La question se pose comme dans n’importe quelle usine, il ne faut pas
que la production sorte, il faut empêcher les jaunes de travailler
(souvent l’encadrement ou les syndicats patronaux) et bloquer le lieu de
production. La question du droit au travail n’est qu’un prétexte
idéologique utilisé par certains pour limiter la grève. C’est un
argument fréquemment brandi par les patrons, les médias ou les
politiques pour affaiblir une lutte et culpabiliser les travailleurs en
lutte. L’acceptation ou le rejet de cette idée par les personnes en
lutte et leur entourage révèle l’état du rapport de force. Le directeur
modula d’ailleurs ses positions sur le fait de laisser jouer ou pas les
compagnies en fonction des positions exprimées dans les AG et des
actions menées. L’article du Midi Libre « Cratère Surface joue avec la
grève » est caractéristique de l’inutilité d’une grève qui ne s’en prend
pas à la production. Et les techniciens en grève et les précaires
présents l’ont bien compris lorsqu’ils passèrent une AG presque complète
à discuter de cet article et de cette question. Prenons un autre
exemple, dans un article du _Monde_ en ligne daté du 17/07/2014, Aurélie
Filipetti de passage à Avignon, explique :

« Nous verrons le bilan financier. Mais les pertes seront bien plus
limitées que lors du mouvement de 2003. Ma priorité était que les
spectacles jouent et que le public puisse  venir [1] parce que dans un
contexte de baisse des finances publiques il n’était pas possible de se
retrouver avec des dettes à éponger ».

En effet, le blocage de la production a des conséquences économiques,
c’est le principal levier des grévistes, des travailleurs. C’est le seul
langage que peut comprendre le gouvernement et le patronat. D’ailleurs,
tout le monde (les grévistes, les médias, le gouvernement…) scrutait le
festival d’Avignon et s’il allait être bloqué ou pas, le considérant
comme déterminant dans la poursuite de la lutte et pour le poids que
cela aurait eu !_

_ La présence de la direction comme cette idée qu’il fallait laisser
jouer provient entre autre d’une illusion. Le milieu du spectacle semble
une « grande famille » : tous (artistes, techniciens, direction de
théâtre) sont là pour la culture et l’Art. En réalité, les travailleurs
de la culture sont de plus en plus exploités dans des conditions de plus
en plus précaires. _

_ Cette idée d’une grande famille au travail est propagée dans tous les
secteurs d’emplois. Dans la grande distribution notamment, la propagande
de la direction tourne autour de ce paternalisme et de la « culture
d’entreprise ». Il faudrait vendre le plus possible et sacrifier ses
week-end pour le bien de l’entreprise. _

_ Dans le spectacle, il y a effectivement une notion de milieu culturel.
Les gens se connaissent, passent d’un festival à un autre, se tutoient
avec l’encadrement, se côtoient en dehors du boulot… malgré la précarité
des emplois. C’est à la fois une force et un problème. La force réside
dans la capacité à se mobiliser qui ne se retrouve pas chez des chômeurs
éparpillés et dans des conditions diverses, ou parmi des travailleurs
changeant régulièrement d’emploi… La communication va plus vite,
d’autant plus que les travailleurs de la culture sont mobiles.
Cependant, c’est aussi un problème de se croire sur un pied d’égalité
voire « d’amitié », sur le « même bateau » avec son patron et de penser
que le spectacle est le plus important, que c’est une expression
quasi-sacrée ! Les conditions de travail, de salaire, de contrats sont
extrêmement diverses. Le technicien n’est pas dans la même situation que
l’artiste, que le régisseur, que la direction, que l’employé de
prestataires de services…

Le technicien est au service de l’artiste sur scène et cet état de
fait amène à une certaine infériorisation qui a eu son expression dans
la grève. Les techniciens grévistes hésitaient à prendre la parole dans
les AG et encore plus devant du monde. En tant que grévistes, ils
avaient plus à exprimer que les artistes non-grévistes. Lors des AG et
des expressions publiques, leur parole a souvent été confisquée par
l’ego et les intérêts de certains minables artistes beaux-parleurs qui
ont monopolisé les débats ! Finalement, de nombreuses catégories
apparaissent dans ce milieu et il est illusoire de croire en la « grande
famille » de la Culture. Les rapports de classes sont ici présents comme
partout ailleurs.

Il n’y a pas à se faire d’illusion sur quelque milieu que ce soit,
même s’il peut être utile de se servir des avantages de certaines
connexions. Les grévistes, dans tous les cas, doivent pouvoir prendre la
parole, doivent communiquer sur le mouvement, un mouvement qui doit
rester le leur!

ACTIONS ET ÉLARGISSEMENT DE LA LUTTE

Ce mouvement comportait dès le début une volonté d’élargissement, en
direction des précaires mais aussi de tous ceux que cette réforme
concerne.

Quelle que soit la lutte, elle ne peut rester confinée dans un lieu. La
diffusion de l’information sur la grève permet de gagner de nouvelles
personnes à cette lutte. Elle permet de sortir d’un cadre qui est celui
de l’abrutissement au travail. Cette question est d’autant plus
importante lorsque l’on lutte contre une réforme qui touche plusieurs
secteurs.

Ici, la lutte contre l’accord de l’UNEDIC, l’un des actes des politiques
d’austérité, concerne les intermittents, les intérimaires, les seniors,
les chômeurs et l’ensemble des travailleurs précaires et tous les
secteurs sont touchés. La réforme de l’UNEDIC fait partie des mesures
d’austérité, telles les 50 milliards d’économies prévues par le
gouvernement. Ce sont les fonctionnaires (profs, milieu hospitalier, …),
les retraités, les précaires quel que soient leurs statuts, les
travailleurs, qui en subissent les conséquences avec une pression accrue
sur les revenus, de moindres possibilités de combats (même défensifs :
voire les mois de carences en cas d’indemnités supra légales…). Dans
cette optique, une lutte limitée aux intermittents n’a pas de sens et
les grévistes du Cratère l’ont bien compris.

Cependant il a été difficile tout au long du mouvement de sortir du
théâtre. Nous avons déjà parlé des contradictions entre les personnels
du festival qui ont bloqué les dynamiques. Pourtant, il aurait été
intéressant d’interpeller et d’entrer en contact avec d’autres personnes
concernées. Nous avons, à plusieurs reprises, proposé d’aller distribuer
des tracts devant la CAF ou Pôle Emploi voire de les occuper. Certains
nous ont entendu mais ces actions n’ont pas pu être mises en place.
Pourtant, il y aurait eu de quoi faire. Nous aurions pu aller dans les
CAF, les Pôle Emplois, à la sécu, dans les hôpitaux, voir les
saisonniers dans les bars et les restos, dans les boîtes d’intérim, dans
les usines, dans les quartiers…Et il ne s’agissait pas d’entrer en
contact avec un « public » ou d’expliquer au « public » mais bien de
tisser des liens entre personnes subissant la même attaque de l’État. Il
y a bien eu quelques distributions de tracts devant des entreprises du
coin et un supermarché mais c’est tout.

Les assemblées populaires proposées depuis le début auraient pu aussi
servir à cela. Malgré la tentative de récupération de la direction,
elles ont été tentées. La direction aurait bien aimé transformer ces
assemblées populaires en forum citoyen. Ce qui revenait à faire d’une
grève, d’une lutte, une nouvelle forme de spectacle et à maintenir son
festival. Bref, cela servait à empêcher que la lutte ait lieu et à
maintenir la situation sous contrôle de la direction.

La présence devant le Cratère d’une table expliquant la grève a pris du
temps mais c’était une étape. Ainsi la lutte était visible et des
rencontres possibles. Dans le même temps était proposée une assemblée
populaire à 18h. Nous n’avons tout d’abord pas été clairs car c’était
annoncé publiquement quasi dès le début mais les assemblées n’ont (plus
ou moins) eu lieu que le vendredi et le samedi. Un certain videur en
prit la direction festive ou plus plutôt crispante, irritante voire
franchement loin ou contre la lutte. Sa présence aurait pu être évitée
si plus de personnes en lutte avaient été présentes. Son show peu
critique (c’est le moins que l’on puisse dire!), a été l’expression de
cette position (opposition) entre spectateur et acteur. L’organisation
de l’espace -une scène, des sièges devant- rendait la situation proche
du spectacle et non de l’assemblée de lutte. Pourtant, après son show
dirigé (consciemment ou non) par la direction, quelques personnes de
l’assemblée et des gens en lutte ont réussi à reprendre la parole. Parmi
les personnes qui sont restées, beaucoup semblaient soutenir le
mouvement et étaient prêtes à participer. Mais, là aussi, nous n’avons
rien eu à leur proposer… parce que nous n’en avions pas parlé, parce que
nous avions juste balancé les mots « assemblée populaire » sans en
chercher ni les formes ni les perspectives, parce que la direction en
tenait encore les rênes et qu’elle ne désirait pas voir son théâtre
occupé par une foule de personnes voulant prendre part à la lutte… Le
samedi, encore pire, les spectacles ont joué tranquillement et, pour
l’organisation du festival, la soirée la plus importante a été sauvée !
Cette idée d’assemblée n’était pas la panacée, elle n’aurait touché que
quelques personnes mais elle permettait de sortir du théâtre, de
visibiliser la lutte et aurait pu permettre de partager des perspectives
de lutte plus largement.

Durant cette lutte, existait toujours un débat entre ceux qui parlaient
plus de la question de la « Culture » et d’autres qui parlaient de la
réforme de l’UNEDIC et des politiques d’austérité. Si les grévistes
désiraient élargir leur lutte comme les travailleurs du Printemps des
Comédiens auparavant, il fallait sortir des revendications culturelles
pour aller chercher les autres secteurs contre l’accord de l’UNEDIC. Les
cheminots auraient pu être sensibles à ces questions, les infirmières ou
sage femmes de l’hôpital aussi tout comme les fonctionnaires, les
chômeurs… Les ouvriers de l’usine où une distribution de tract a eu lieu
étaient presque tous au courant de l’accord et tous s’arrêtaient pour en
discuter.

Cette lutte ne peut être victorieuse qu’en sortant du milieu du
spectacle, qu’en s’élargissant à la question de l’austérité, des
politiques du gouvernement et du patronat et donc en s’adressant à tous,
en trouvant des ponts entre les secteurs, en multipliant les actions
dans différents lieux…

Ces réflexions ne se veulent pas donneuses de leçons, nous nous incluons
largement dans ces constats. Un collectif de chômeurs et de travailleurs
précaires a, dans la période actuelle, beaucoup de difficultés à se
mobiliser.

LE RÔLE ET LES POSSIBILITÉS D’UN COLLECTIF DE PRÉCAIRES

Nous sommes quelques-uns du collectif Exploités énervés à avoir
participé quotidiennement à la lutte qui se déroulait à Cratère surface,
tandis que d’autres suivaient plus ponctuellement, en fonction de leurs
disponibilités. Il semble ici nécessaire de présenter un peu ce
collectif : il regroupe des personnes aux statuts multiples
(travailleurs, précaires, chômeurs, bénéficiaires des minimas
sociaux…) sur une base de solidarité de classe face au capital et à
l’État. Une grande partie de ses activités est la défense de situations
particulières face à aux administrations (CAF, PE, CG…), mais aussi
quelques fois sur un conflit salarial. Bien conscients que les problèmes
qui touchent chacun sont les fruits d’un système économique et des
politiques gestionnaires qui l’accompagnent, nous participons également
à des campagnes, des mouvements sociaux, nous nous solidarisons avec des
grèves ou luttes spécifiques, toujours sur une base de solidarité de
classe.

Nous ne pouvions alors que nous joindre à la grève des travailleurs de
Cratère-surface, surtout vu le contexte actuel. En effet, il est pour
nous indispensable que se développe des résistances face aux politiques
d’austérité (politiques de baisse du coût du travail – c’est à dire les
salaires, les allocations et aides diverses). D’autant que la lutte
contre les accords de l’UNEDIC concerne tous les allocataires, actuels
ou futurs, de Pôle Emploi. Pour finir, nous avions pu lire ou entendre,
de la part de nombreux intermittents en lutte qu’ils désiraient être
rejoint par des chômeurs et précaires afin de mener un combat commun.
Sur Alès, les techniciens en grève souhaitaient rencontrer le collectif
dans cette perspective.

Nous avons donc rejoint la lutte des travailleurs de Cratère-surface.
Nous y avons participé pleinement, intervenant dans les discussions en
AG, participant à la rédaction de tracts, aux diff de tracts ou à la
manif et aux actions du soir lors des spectacles. Notre place était
parmi nos camarades de lutte sans que la légitimité de notre présence ou
de notre parole soit remise en cause. Si certains (surtout la direction)
ne voyaient pas ces « dépassements » de la question de l’intermittence
d’un très bon œil, ils se sont bien gardés de le dire en dehors de
petits comités ou de face-à-face réduits.

Si cette volonté d’égalité entre les précaires et les intermittents
était consensuelle, dans la pratique, les différences de conditions ont
persisté. Positivement : nous n’étions pas employés par le Cratère, sa
direction n’avait aucun moyen de pression sur nous, ce qui nous
conférait une position spécifique. Nous avons donc pu appuyer le conflit
contre la direction qui cherchait à garder le contrôle sur la lutte pour
que le festival puisse se tenir malgré la grève. Nous avons pu, en AG et
sur des actions, relayer la parole de techniciens qui n’osaient pas la
prendre et soutenir ceux qui s’exposaient, en appuyant les positions qui
voulaient rendre la grève effective en empêchant les spectacles d’avoir
lieu.

Toutefois, nous nous sommes « fondus » dans la lutte des travailleurs de
Cratère-surface sans nous montrer capable de lancer des discussions et
des actions visant d’autres catégories de chômeurs ou précaires. Pendant
cette semaine, pris par une lutte qui s’organisait difficilement, nous
n’avons pas réussi à concrétiser des initiatives permettant
l’élargissement de la lutte. Nous avons pu relayer via internet les
infos sur la lutte en cours, en donnant les rendez-vous des grévistes
mais sans en proposer d’autres. Il y a eu quelques diffs sur des usines
de l’agglomération alors que nous aurions pu proposer des actions et des
assemblées pour tenter de mobiliser les précaires et chômeurs de la
ville et de ses alentours. Pour info, le secteur d’Alès recense plus de
16 % de chômage depuis le dernier trimestre 2012. Nous n’avons même pas
réussi à nous réunir au sein du collectif. Nous échangions sur place, au
petit bonheur, avec les camarades du collectif et les personnes que nous
connaissons qui passaient. Une mobilisation de précaires et chômeurs à
cette occasion aurait changé les rapports de force. Elle aurait pu
appuyer les grévistes, isolés et embourbés dans des conflits internes,
pour leur permettre de sortir et de se rendre visibles. Cela aurait
aussi pu donner une pérennité à la lutte qui était d’emblée bornée entre
les dates de début et de fin du festival : une semaine !

Le constat de cette difficulté à se mobiliser en tant que chômeurs ou
précaires n’est pas nouveau. Il est un trait constant lié aux conditions
d’existence de ces catégories. Les contrats et statuts sont nombreux
(CDD, interim, CAE/CUI, stagiaires, allocation chômage ou RSA…), les
employeurs changent et les collègues avec (avec des hiérarchies
salariales à l’intérieur des boîtes en fonction des types de contrats)
et si l’on passe tous par Pôle Emploi, il est difficile de s’y
rencontrer et la dématérialisation n’arrange rien. En ce sens, la
précarité ou le chômage ne crée pas de fait une communauté d’intérêt.
Les chômeurs sont maintenus dans une disponibilité pour les besoins du
patronat mais isolés les uns des autres. Il n’y a ni lieu où se
retrouver, ni production à bloquer pour faire pression. Les conditions
de vie de cette catégorie de la population (qui, répétons-le, regroupe
des réalités diverses) limitent les possibilités de se regrouper et de
faire pression pour défendre ses intérêts. A ces difficultés, vient
s’ajouter le découragement, la résignation de ceux qui ont déjà à lutter
au quotidien pour accéder aux allocations dont ils dépendent pour vivre
: usés par ces luttes, il reste peu d’énergie pour mener des batailles
collectives, d’autant que ces dernières années, peu de luttes ont
débouché sur des « victoires ». L’État ne s’y est pas trompé. Le
gouvernement, après plusieurs semaines de mobilisation, a proposé aux
intermittents des aménagements de la réforme UNEDIC, uniquement pour les
annexes les concernant. Ces derniers continuent à affirmer « ce que nous
défendons, nous le défendons pour tous », mais ils ne peuvent tenir
s’ils ne sont rejoints par les autres concernés. Sur Alès, comme dans
d’autres villes, des collectifs de précaires et chômeurs se sont
associés à la lutte contre la réforme de l’UNEDIC. Si des rencontres et
des dépassements ont eu lieu, un mouvement des chômeurs et précaires
n’en a pas émergé. Il nous faut tisser au quotidien des solidarités et
des rapports de force pour la défense de nos intérêts pour espérer que
des luttes plus importantes puissent se développer. Il nous faut trouver
des bases communes et des lieux pour se rassembler, par delà nos
multiples statuts, notre atomisation et notre invisibilisation.
Mail : exploitesenerves@riseup.net

Site : http://exploitesenerves.noblogs.org/ [2]

Caisse d’allocations familiales du Val-de-Marne : fermeture définitive de cinq permanences

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Durant les mois d’août, la Caisse d’allocations familiales (CAF) du Val-de-Marne a l’habitude de fermer des permanences d’accueil des allocataires. Seules restent ouvertes les plus importantes. Mais cette année, sur les douze permanences du département, cinq fermeront définitivement dès la rentrée : Alfortville, Boissy, Bonneuil, Villiers et Vincennes. Le conseil général du Val-de-Marne avait envisagée une expérimentation d’accueil de la CAF dans un Espace départemental des Solidarités à Vitry. Mais il n’avait pas prévu que la CAF fermerait cinq permanences, se dégageant ainsi de l’accueil et laissant le soin aux services départementaux et municipaux d’accueillir les allocataires. Les raisons invoquées de ces fermetures : Faire des économies, notamment de personnel, dans un contexte budgétaire tendu. En effet, le gouvernement cherche 50 milliards pour les reverser aux patrons et aux actionnaires. La Sécurité sociale, la branche famille dont font parties les CAF participent à ces économies. La CAF du Val-de-Marne n’y échappe pas. Ces fermetures sont inacceptables. Elles portent gravement atteinte à la qualité du service rendu aux allocataires. Ainsi, ce sont les usagers qui vont devoir se déplacer plus loin, perdre plus de temps pour trouver un accueil et exposer leurs problèmes. Les familles les plus précaires, les plus fragiles, en font les frais.

Les vigiles : visages précaires de la société de surveillance

Les vigiles sont de plus en plus nombreux dans les supermarchés et autres commerces. Visages exposés d’une société de surveillance en pleine expansion, leurs droits sur les clients mais aussi leur précarité sont méconnus. Revue de questions.

Monoprix, rue Nationale, un mardi en heure creuse. J’entre dans la partie alimentaire du magasin d’un pas pressé… Un type habillé en noir m’appelle, « mademoiselle ! ». Pas de réponse, je poursuis mon chemin, décidée à passer un minimum de temps dans cet univers passionnant qu’est le supermarché. Deuxième sommation : « mademoiselle ! ». Cette fois, je m’arrête et j’attends qu’il arrive à ma hauteur. Un « dialogue » s’instaure.

– Il faut laisser votre sac à dos à l’entrée
– Non, merci.
– C’est la règle du magasin, s’il vous plait mademoiselle.
– Vous me soupçonnez de quoi ?
– On ne soupçonne personne, c’est comme ça pour tout le monde.
– Donc vous soupçonnez tout le monde de vol, c’est assez énervant. Et puis je trouve problématique de vous confier mon sac et le bout de ma vie privée qui s’y trouve.
– Non, mais vous savez il y a beaucoup de vols. Vous me donnez votre sac ?
– Non, je ne vous le laisserai pas, ça ne vous embête pas d’importuner tout le monde avec ça ?
– Je ne fais que suivre les consignes.
– Comme tout le monde… Je peux y aller, là ?
– Bon… ok mais il faudra que je regarde votre sac à la sortie. J’ai le droit.
– Ouais même si c’est problématique. Saloperie de société de surveillance… A tout à l’heure !

voleuseCette conversation, ou une variante, je l’ai eu des dizaines de fois avec des vigiles. A chaque fois que j’ai un peu de temps à perdre en fait, parce que parfois il m’arrive de me dire que « bon cette fois tu files ton sac, ça ira plus vite ». J’en ai eu de plus absurdes aussi. Alors qu’il voulait vérifier mon sac, un vigile m’a même dit « mais je sais bien que vous n’avez rien volé donc je vois pas ce qui vous pose problème ». C’est ce qu’on pourrait appeler l’argument « caméra » : tant que t’as rien à te reprocher, blablabla… Même plus envie de répondre que « justement ducon, c’est parce que j’ai rien à me reprocher que je veux pas que tu me contrôles ! ».

Cette conversation, donc, revient régulièrement… et mon agacement à la vue d’un vigile et face aux demandes de dépôt de sac ou de « simple contrôle visuel » demeure le même. D’abord parce que je peux pas saquer cette société de contrôle qui fait de chaque individu un coupable qu’il faut pister en permanence, ensuite parce que revient toujours cet argument insupportable « je ne fais que suivre les règles ».
Les vigiles : salariés précaires du juteux secteur de la surveillance

Cet énervement récurrent m’a progressivement amenée à me poser des questions. Qui sont ces vigiles ? J’en vois de plus en plus, oui, mais combien sont-ils ? Ils sont pour la plupart issus de ce qu’on appelle poliment des « minorités visibles » : est-ce un hasard ? Que peuvent-ils réellement exiger de moi ? etcetera. Je livre ici quelques éléments de réponse.

Les sociétés de « sécurité privée », parmi lesquelles on trouve les boîtes employant les vigiles, sont de plus en plus nombreuses en France, même si cela ne signifie pas forcément que le nombre d’employés augmente [1]. Pour me documenter je me suis rendue sur le site des voisins de la sécurité publique : le Ministère de l’Intérieur. Les chiffres que je donne ici, rendus publics en 2012, datent de 2011 mais on peut être sûr que la tendance d’alors n’a pas beaucoup varié. En 2011 donc, 9 800 entreprises (500 de plus que l’année précédente soit une croissance de 5,4%) employaient 143 000 salariés dont 88% de vigiles (soit 126 000 personnes). A titre de comparaison, à cette même date, la police nationale employait 145 500 agents. Aujourd’hui, le nombre d’employés de la sécurité privée est donc sans doute supérieur à celui de la sécurité publique.

Ces entreprises, enfin surtout les plus grosses d’entre elles, se partageaient un juteux chiffre d’affaires de 5,3 milliards d’euros dont 72% provenait des activités de surveillance. Enfin, en ce qui concerne les employés, on voit dans les chiffres donnés par le Ministère de l’Intérieur les caractéristiques « classiques » des secteurs à forte précarité : un salariat jeune, peu qualifié, avec un relativement fort pourcentage de temps partiels, et un très fort turnover. Celui-ci atteignait 60% en 2011 [2] ; vigile demeure le plus souvent un emploi temporaire « en attendant mieux » (moins pénible et mieux payé). 86% des salariés du secteur sont considérés comme des agents d’exploitation (chiffre en diminution depuis 2005), 15% exercent à temps partiel, les salaires sont considérés par le Ministère de l’Intérieur comme faibles. Le profil type de l’employé d’une entreprise de sécurité ? Un homme (87% des salariés du secteur) de 38,5 ans… et souvent immigré.

Vigiles procédant à un contrôle visuel

Certains d’entre vous ont sans doute constaté l’importante proportion de vigiles issus de ce que les journalistes appellent poliment les « minorités visibles ». La première raison de cet état de fait est sans aucun doute que pour des postes peu qualifiés, mal rémunérés et pénibles (station debout pendant de longues heures, altercations récurrentes avec des clients), le recrutement s’effectue essentiellement parmi les classes les plus populaires. Mais cette surreprésentation de certaines origines géographiques relève aussi des choix effectués par les sociétés de surveillance. Selon des témoignages concordants de vigiles ou d’anciens vigiles, certaines sociétés pratiquent en effet un recrutement « ethnique ». Elles recrutent prioritairement des hommes noirs, le plus souvent issus d’une immigration récente. Tout cela repose sur une triple logique : racisme, filière de recrutement, exploitabilité maximale.

La première consiste à jouer sur le cliché raciste de l’homme noir qui fait peur, chose nécessaire chez un vigile. Interviewé par Rue89, le gérant d’une société de surveillance reporte les accusations de racisme sur le public visé : « Dans les banlieues, un vigile noir passe beaucoup mieux. C’est un motif de conflit en moins en cas de souci avec des clients qui auraient tôt fait d’accuser un vigile blanc de racisme ». Comme chacun sait, il est en effet tout aussi impossible pour un noir de suivre des directives racistes (les « testing » en boîtes de nuit ont depuis longtemps prouvé le contraire) que pour une femme de perpétuer des comportements sexistes…

La seconde amène à mettre en place une filière de recrutement au sein d’une même communauté afin de s’assurer de la solidarité et de la malléabilité des candidats, « parrainés » par un ancien, ce qui crée des chaînes de pressions multiples.

La troisième est la plus subtile mais pas la moins dégueulasse : en recrutant des personnes ayant besoin de travailler pour avoir leur titre de séjour, les boîtes de surveillance s’assurent d’un personnel qui, maintenu dans une situation de faiblesse voire de dépendance, est docile et flexible à merci. Les vigiles sont alors mal placés pour contester le bienfondé des règles qu’on leur demande de faire respecter ou de faire fi de cette consigne. Certaines boîtes de surveillance (mais ce ne sont pas les seules, on retrouve pareils agissements dans d’autres secteurs) poussent même la logique encore plus loin (dans le crade).

La technique consiste alors non pas à embaucher des personnes avec permis de séjour comme pour la première variante mais d’aider d’autres à en obtenir. Grandeur d’âme finalement que de permettre à certains de n’être plus sans-pap’ ? Pas vraiment. Dans le but de les décourager de le faire, les entreprises doivent en effet payer une taxe pour embaucher des salariés étrangers (après avoir prouvé leur incapacité à trouver un français compétent) [3]. Certaines boîtes plutôt que de payer, proposent alors un deal à leurs futurs employés : avancer le montant de la taxe, montant qui sera retenu sur les futurs salaires en échange du précieux sésame qui permet d’obtenir un titre de séjour. La dépendance est alors totale, l’obéissance et la malléabilité garanties.

On comprend donc la situation de précarité dans laquelle se retrouvent les vigiles (je ne précise pas que leur rémunération n’est pas à proprement parler mirobolante et que leurs horaires de boulot sont les mêmes que pour tous les salariés de la grande distribution : décousues, étendues et… c’est le mot magique, flexibles). Face à ce constat, et dans la mesure où, pour beaucoup, vigile est un des rares emplois qu’il est possible d’obtenir, peut-on jeter la pierre aux vigiles ?

Assurément, s’ils sont une pierre apparente de la société de surveillance, ils se trouvent en bas de son échelle sociale et de responsabilité. Les vrais responsables sont leurs chefs, qu’ils soient ceux des sociétés de surveillance, du supermarché du coin ou de la chaîne nationale. Bien sûr, pour nombre d’imbéciles bornés, précaires ou pas, se retrouver avec un pseudo-statut, un badge et un uniforme suffit à faire un usage zélé et jouissif du micro-pouvoir qu’on vous laisse. Les vigiles ne font pas exception et certains semblent ainsi ravis de faire carrière. Cependant, de cette machine ils ne sont que les ultimes exécutants et si on ne peut jamais être exempté de toute responsabilité dans des actes librement consentis, le niveau de contraintes qui pèse sur eux rend cet exercice difficile.

Mon énervement et ma rage leur sont moins destinés qu’à leurs supérieurs et à l’immense majorité de mes contemporains qui semble trouver ce contrôle systématique parfaitement normal. Mes conversations avec eux, aussi illusoires soient elles, n’ont jamais pour objectif de les fragiliser (ce que je leur mentionne souvent) mais d’être audibles ailleurs, au-dessus et à-côté (tu sais, le regard en coin du type qui se dit « encore une emmerdeuse ! »).
Contre la surveillance généralisée : refusez qu’on vous contrôle !!

Une fois cela dit, demeure une question : quels sont les droits des vigiles ? Revue de ce qu’ils peuvent, ou non, exiger de vous.

Tout d’abord, notons que ce que j’écris dans la suite de cette article n’est valable que pour les agents de sécurité assermentés : pas, par exemple, pour les caissières ou tout autre salarié d’un magasin, qui n’ont, en la matière, aucun droit. En effet, vigile est un métier à part entière. Depuis le 1er janvier 2008, la détention d’un certificat de qualification professionnelle (CQP) est ainsi obligatoire pour exercer cette fonction. Il semble cependant que certaines entreprises ne respectent pas cette obligation mais je ne reviendrais pas ici sur ce sujet.

Les vigiles ont le droit de faire des contrôles visuels des sacs (« bagages à main » selon la loi [4]), et ce uniquement dans l’enceinte du bâtiment dont ils ont la garde [5].

La fouille, elle, est soumise au consentement de la personne. S’ils sont autorisés à faire des contrôles visuels, vous pouvez toujours les refuser… la loi ne prévoit aucune sanction en cas de refus. Cependant, si vous refusez le contrôle visuel, ils peuvent vous refuser l’entrée du magasin si et seulement si celui-ci est soumis au plan Vigipirate (il s’agit alors d’un refus de vente dit « légitime »). Dans le cas contraire, vous pourriez protester contre ce refus de vente, le fait de porter un sac n’étant a priori pas un motif légitime. Cependant, aujourd’hui la plupart des magasins sont soumis au plan Vigipirate. Les panneaux à l’entrée des magasins ou aux caisses précisant que le magasin se réserve le droit de fouiller votre sac ou que vous devez présenter votre sac à la caissière n’ont aucune valeur. Un vigile (enfin le magasin qui l’emploie) n’a pas le droit d’exiger que vous laissiez votre sac à la consigne. Le site Bohwaz.net conseille, dans le cas où on vous demande ça, de refuser ou de demander « un reçu signé attestant de leur responsabilité en cas de vol ou de dommages », demande qui a, selon le site, de grandes chances de vous éviter le passage au stade « consigne ». Si vous acceptez, le magasin est responsable de toutes les affaires que vous lui confiez.

Vigiles surveillant l’entrée d’un supermarché

Comme tous les citoyens, en cas de flagrant-délit, les vigiles ont le droit d’« appréhender » le voleur présumé et de le surveiller le temps que la police arrive. C’est ce que précise l’article 73 du code de procédure pénale : « Dans les cas de crime flagrant ou de délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement, toute personne a qualité pour en appréhender l’auteur et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche. ». Peuvent-ils dans ce cas faire usage de la force pour qu’un individu reste au sein du magasin contre son gré ? Comme le précise Georges Moréas sur son blog, cette question n’est pas tranchée par les textes de loi et son appréhension est laissée aux juges. Fuir n’est donc pas forcément indiqué si vous êtes pris en flagrant-délit. En revanche, si rien ne vient appuyer le flagrant-délit (autrement dit, personne ne vous a vu voler, aucune caméra ne vous a filmé, etcetera), rien n’autorise le vigile à vous forcer à rester dans le magasin, le cas échéant vous pourriez porter plainte pour atteinte à votre liberté de circulation. Rien n’autorise un vigile à vous emmener dans un local à part, il peut vous le demander mais vous avez le droit de refuser et il semble plus sécurisant de rester visible (et audible) des autres clients du magasin pour vous prémunir de toute pression ou dérapage du vigile.

Parce qu’on ne pourrait se contenter de se planquer derrière une loi qui ne nous protège en rien et augmente chaque jour un peu plus les possibilités de contrôle, le plus sain reste de désobéir. Rien ne vous empêche de refuser systématiquement de laisser votre sac ou de vous le faire contrôler visuellement et d’expliquer bruyamment les raisons de votre mécontentement et votre refus. D’abord ça permet de se soulager un peu. Ensuite, si on est suffisamment nombreux à le faire systématiquement, ça finira sans doute par remonter aux oreilles du patron du supermarché, et même s’il y a peu de chances que ça infléchisse ses pratiques et ses convictions, ça lui permettra sans doute de s’interroger un peu. Enfin, y a sans doute moyen de contaminer la majorité passive qui me regarde à chaque fois plus ou moins comme un extraterrestre, le plus souvent ne comprend pas « pourquoi elle fait chier celle-là ? » et trop souvent, bien trop souvent, prend partie pour cette surveillance généralisée.

Voleurs posant fièrement avec leur butin

Ah, j’allais oublier, un dernier rappel pour les patrons qui gèrent leur supermarché à grands coups de vigiles sous-payés et de caméras de surveillance : personne n’a jamais eu besoin de sac à dos pour vous chouraver de la bouffe !

Samira Drexler

« Intermittents, vous n’avez rien compris »

Publié le 4 juillet 2014 sur http://dndf.org/?p=13694#more-13694arton520-33759

Un texte d’analyse et de critique du mouvement d’opposition à la réforme de l’assurance chômage, et sur la capacité des coordinations des intermittents et précaires à intégrer de nouvelles personnes dans un mouvement qui dure depuis de longues années

NOUS CRITIQUONS

comme nos prédécesseurs les lascars du LEP électronique en 1986 dans la lutte étudiante menée alors, nous disons :

TOUT CE QUI EST CRITIQUABLE DOIT ÊTRE CRITIQUÉ, NOUS CRITIQUONS 
NOUS, intérims, précaires, chômeurs et chômeuses, seniors et laisséEs pour compte en tous genres, nous avons du mal à trouver notre place dans la lutte des CIP.

ET ÇA URGE

INTERMITTENTS VOUS N’AVEZ RIEN COMPRIS  

Nous sommes le bas de l’échelle, les employés et travailleuses corvéables, les inactives et les chômeurs inutiles, sans accès à rien.

Isolés, esseulées, dans l’urgence permanente, dans le stress constant de tout, sur tout, nous n’avons pas la possibilité de nous mettre en grève, nous n’avons pas la possibilité de faire blocage.

Nous sommes tenus par une multitude de pressions : les crédits, le loyer, la charge de nos proches, l’impossibilité de lutter vient de l’impossibilité de se faire entendre, l’impossibilité de faire grève, le chantage à l’emploi, et la paralysie de l’angoisse de chaque lendemain, c’est ÇA la précarité. C’est ÇA que l’agrément renforce encore pour nous autres, juste après le passage en force de l’ANI.

NOUS SOMMES EN COLÈRE

NOUS VOULONS VIVRE, PAS EXISTER.

Rejoindre un mouvement qui existe depuis des années, tenu par des personnes qui se connaissent, travaillent ensemble et ont une certaine culture n’est pas facile. C’est un effort énorme.

Nous voyons des intermittents qui se connaissent entre eux, et qui ont l’habitude de prendre la parole en public, ont de l’aisance avec ça.  Élargir le mouvement est la seule façon d’intégrer les plus faibles, mais élargir le mouvement ne se fera pas magiquement.

ÇA RESTERA LA DÉFENSE DE L’INTERMITTENCE SANS NOUS, OU ÇA SERA LA DÉFENSE DE TOUS AVEC NOUS !

Nous ne nous retrouvons pas dans ce mouvement parce qu’il ne s’adresse pas à nous pour le moment.

Nous ne voulons pas défendre une culture à laquelle nous n’avons pas accès.
Nous refusons le travail dans les conditions actuelles. Dans une société capitaliste, notre travail n’est pas “un beau métier”, nous ne l’avons que rarement choisi, nous n’avons pas d’amour pour lui,  nous voulons qu’une vie pleine et entière en dehors du travail soit possible et c’est pour cela que nous luttons !
Rejoindre  une lutte et y rester, participer à une action, prendre la parole en AG, ce ne sont pas des compétences innées.
Notre motivation à venir, à  participer, à nous exprimer s’évanouit à chaque fois que l’on entend :
– “Les intermittents se battent pour tous”
-“Ce que nous voulons, nous le voulons pour tous”
– “Notre métier d’artiste” – “Tout le monde sait comment fonctionne une scène”

est ce NOUS dont on voudrait bien peut-être faire partie ? Y’a-t-il un  parcours d’intégration particulier, quelque chose à faire pour que cette lutte soit commune ? Pour ne pas être un morceau fièrement gagné  par une “commission élargissement” ? Pour gagner le droit de participer à la “commission actions” sans avoir été préalablement “coopté” par les bureaucrates de la militance, qui appellent de leurs grands vœux la convergence des luttes mais considèrent avec suspicion le simple chômedu coupable de ne pas appartenir à leurs réseaux ?
Ces phrases lâchées anodinement sur les forums, dans les AG nous excluent  et nous voulons récupérer et porter nous-mêmes notre parole.
Faut-il préciser ce que signifie être seul dans un mouvement ? C’est prendre le métro seul, poireauter seul, se sentir con, ne connaître personne, ne pas oser parler, ne pas comprendre comment cela  fonctionne, n’avoir rien d’autre à présenter que soi même.
C’est se faire regarder de travers parce qu’on est pas identifié encore dans la lutte.

Notre participation déjà fragile du fait de ces difficultés se retrouve vite balayée par quelques phrases et attitudes excluantes.
Ces difficultés s’ajoutent aux oppressions déjà en jeu dans les différentes luttes : racisme, sexisme, mépris de classe.

Nous ne voulons pas être des outils pour sauver l’intermittence, nous voulons la fin d’une société de classes, la fin du travail que nous subissons, la fin de la misère à laquelle on nous condamne.

ON EST PAS PLUS BÊTES QUE VOUS, ON IRA PAS À L’USINE 
Si vous voulez lutter, avec nous, contre la ségrégation sociale, contre la misère, la vôtre et la nôtre, alors
FRÈRES, SŒURS, AVEC NOUS !

Tous et toutes les précaires, nous voulons lutter ensemble concernés ou non par les machines administratives que sont les POLE EMPLOI et les CAF et les CCAS et les BOITES D’INTERIM
En fait nous ne voulons pas que vous “nous intégriez”

NOUS SOMMES DÉJÀ LÀ

 

Non aux sanctions et aux licenciements au Théâtre du Merlan-Rassemblement de soutien mardi 22 juillet

Bonjour,
nous transmettons ici le communiqué de presse du Synptac Cgt du Merlan et
un appel à rassemblement solidaire.
La solidarité est notre arme, usons en !
CNT 13

Section SYNPTAC-CGT du Merlan, scène nationale
COMMUNIQUE du 20 juillet 2014

Non aux sanctions et aux licenciements au Théâtre du Merlan, il est temps
de changer de direction !

Alors que nous attendons l’appel à candidature et la nomination de la
nouvelle direction du Théâtre du Merlan scène nationale à Marseille, le 4
juillet 2014, le Merlan scène nationale envoie deux convocations à «un
entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement» à
deux salariées du Merlan, dont l’une est déléguée du personnel titulaire.
La convocation de la deuxième salariée est associée d’une mise à pied à
titre conservatoire.

Alors que les entretiens préalables à une sanction pouvant aller jusqu’au
licenciement se sont tenus le mardi 15 juillet, mardi 22 juillet 2014, le
Conseil d’Administration du Théâtre se réunit, et l’un des points porté
l’ordre du jour est : les projets de sanctions concernant ces salariées.

Pour mémoire, il leur est reproché de ne pas s’être présentées à la
«proposition de réunion» pour «décider ensemble» ce que deviendrait la
soirée de départ annulée (en soutien du mouvement des
intermittents) de Nathalie Marteau, ancienne directrice.

APPEL à un rassemblement de soutien
le mardi 22 juillet à 10h45, sur le parvis du Théâtre du Merlan,
Centre Urbain, avenue Raimu 13014 Marseille

Venez nombreux(ses)

Petit rappel des administrateurs de la liste :
Mardi 22 juillet 19h au local de Solidaires se tiendra l’Assemblée Générale du Collectif IntermittentEs et Précaires Marseille (CIP)

local de Solidaires
29 bd Lonchamp – 13001 –
M° 1 Les Réformés – Tram 2 National

Le Planning Familial 13 en danger, mobilisons-nous !

C’est la crise, les femmes trinquent… au Planning aussi !

Le Planning Familial en vacances forcées : pour la première fois nos
portes seront fermées du 4 au 15 août 2014

Le Planning Familial est une association majeure pour l’accès des femmes à
leurs droits. Avec la fermeture estivale de nombreuses structures, son
action est d’autant plus déterminante. En effet :

en été les difficultés d’accès à l’IVG s’amplifient. Le Planning
Familial est bien souvent la seule ressource pour accompagner les
femmes vers les structures concernées et mettre en place des démarches
facilitatrices ;
avec les congés des médecins, de nombreuses femmes s’adressent à nous
en urgence pour avoir accès à une contraception. En été, même les
centres de planification du conseil général orientent vers notre
association des femmes qu’ils ne peuvent pas accueillir ;
tout au long de l’année seul le Planning Familial accompagne les
femmes qui dépassent le délai légal d’avortement en France. En tant
qu’association de lutte pour le droit à l’avortement, nous les
informons et les orientons vers l’étranger quand elles le demandent.
Pour les femmes victimes de violences (sexuelles, conjugales, mariages
forcés etc.), la période estivale accroît davantage leur isolement et
engendre des situations d’urgence et de détresse encore plus aigües.

A cela s’ajoute l’activité régulière de l’association et la diversité des
demandes qui ne faiblissent pas.

Cette fermeture en plein été nous alarme : qui va prendre le relais ?

Ce qui génère cette douloureuse décision de fermeture, c’est notre
situation financière critique qui menace au-delà de cet été la poursuite
de nos activités. En effet nous accusons un déficit budgétaire de 70 000
euros sur l’année 2013, du fait de la baisse de certaines subventions et
de la non-revalorisation de nos actions par les pouvoirs publics. Il faut
noter également que depuis toujours nos permanences d’accueil individuel
sont déficitaires car ridiculement financées par l’État.

Les conséquences de cette crise sont catastrophiques :

licenciements et non-remplacements de départs ;
détérioration de nos conditions de travail ;
fragilisation de la qualité de nos activités.

Cette austérité nous n’en voulons pas ! Le Planning Familial 13 doit vivre !

AUJOURD’HUI NOUS NOUS BATTONS POUR CONTINUER NOTRE ACTION :

accueillir et écouter les 10 000 personnes qui s’adressent à nous
chaque année ;
aller à la rencontre des 7 000 jeunes dans le cadre de groupes de
parole ;
recevoir les femmes et les hommes sur les questions cruciales qui
déterminent la condition des femmes : sexualité, grossesse, couple,
maternité, violences, avortement, contraception, etc.
considérer les personnes qui s’adressent à nous comme des personnes et
non comme des « problèmes sociaux sur pattes » à résoudre.

Le Planning Familial 13 en danger, mobilisons-nous !

Planning Familial 13

www.leplanning13.org / info@leplanning13.org

lundi 14 juillet Avignon : Rencontre-débat organisée par la coordination des intermittents et précaires

Rencontre-Débat organisée par la coordination des intermittents et précaires avec la participation de plusieurs organisation du comité de suivi de la réforme de l’indemnisation chômage.

Au Magic Mirror, village du OFF, école Thiers, 1 rue des écoles,

le 14 juillet  de 13h30 à 16h30

plus d’infos : http://www.cip-idf.org/

Quelques nouvelles suite à la ratification de l’accord UNEDIC : Alès, Paris, Avignon, Aix…

Alès : Théâtre le Cratère en grèveLa scène nationale Cratère théâtre d’Alès a voté ce jour, jeudi 26 à
17h, une grève reconductible à partir du lundi 30 juin, jour
d’inauguration de son festival Cratère surfaces.
43 votants, 33 pour et 10 contre.

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Paris : Nous avons occupé le siège de l’Unedic IDF, rue Traversière, métro quai de la Rapée de 16h30 à 19h30 avant d’être évacués par la police.

voir : http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7123

*Communiqué des occupant.e.s du siège de l’Unédic – 26 juin 2014

Nous étions ici 106 intermittents, précaires, chômeurs, intérimaires,
cheminots et enseignants, contre l’accord Unédic qui a été agréé hier
par MM. Valls et Rebsamen, et publié ce matin au Journal Officiel.

Il est ironique de constater que cette publication intervient le jour
anniversaire de l’accord de 2003. C’est une provocation insultante de la
part du gouvernement.

Nous rappelons que cet agrément est applicable au 1^er juillet.

Depuis l’annonce de M. Valls d’agréer cette convention, nous ne sommes
pas dupes et constatons que l’État cherche surtout à éviter les
annulations de festivals et à diviser le mouvement en déclarant son
amour de l’art et de la culture, et à séparer nos revendications.

Nous n’accepterons pas cette proposition de paix séparée.

Intermittents de l’emploi, intermittents du chômage, intermittents de la
politique, nous sommes tous intermittents. Cette convention nous
concerne tous car elle concerne l’ensemble des chômeurs. Ne nous
laissons pas enfumer par la bêtise structurelle des médias de masse.

La grève peut prendre 1000 formes : occupations, blocages,
auto-réduction, sabotages. Les chômeurs et précaires sont en mesure de
s’attaquer partout à la société-entreprise, à la politique du capital
qui a pour nom « économie ».

Par cette occupation du siège de la direction Unédic-IDF, nous demandons
instamment à MM. Valls et Rebsamen d’abroger cette convention.

Nous exigeons également qu’on nous mette à disposition les grands livres
2013 de l’Unédic (analytique et global), afin d’analyser et de mieux
comprendre ces chiffres opaques.

Lorsqu’ils étaient dans l’opposition, les socialistes refusaient les
réformes proposées. Nous leur conseillons donc de bien dormir cette
nuit, puisque le sommeil juste répare la raison.

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Marseille : Blocage du KlapMercredi 25 juin 2014, des intermittent-es et précaires en lutte, en
soutien aux grévistes du Festival de Marseille, ont bloqué l’accès à la
salle du spectacle qui devait avoir lieu au Klap (Maison pour la danse)
à Marseille.

Cette action a inévitablement provoqué des incompréhensions et des
tensions, mais après différents types d’action depuis le début de la
mobilisation et au vu du positionnement du gouvernement, il a été décidé
de durcir la contestation.

Les jeunes danseur-euses, dont une partie venait de Colombie, avaient
préparé un manifeste en soutien à la lutte actuelle des intermittent-es.
Ils ont alors décidé de « danser ce manifeste » dans le hall au cours
duquel chacun-e d’entre eux-elles prenait la parole. On a pu
entendre par exemple : « qu’est-ce qu’une société sans culture, sans
éducation et sans santé ? ».

À l’issue du manifeste, de nombreux échanges entre artistes, public et
intermittent-es et précaires ont eu lieu. Les discussions se sont
conclues par des remerciements mutuels.

Pour tout le monde, cette action a été douloureuse. C’est toujours un
crève-coeur de priver des artistes et un public d’un spectacle qui a
demandé un très long travail et faire ainsi taire une expression
artistique pour devoir faire entendre nos revendications.

L’urgence d’un changement nous mène donc à appeler la mobilisation de
toutes et tous :

· *contre l’agrément du projet de convention d’assurance chômage qui
réduit les droits des chômeur-euses et par là même de tou-te-s les
salarié-es.*

**· *contre les choix budgétaires qui fragilisent la culture, la
fonction publique et les services publics.*

· *contre le pacte de responsabilité et ses 50 milliards d’économies
qui réduisent les moyens nécessaires à l’action publique et la
protection sociale.*

*
Assemblée des intermittent-es et précaires Marseille

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Avignon le 03/07/2014 : les intermittents passent aux caisses de Casino sans payer
Aujourd’hui, en milieu de journée, une cinquantaine d’intermittents du
spectacle du CIP (Collectif des Intermittents et Précaires), en colère
contre l’agrément du 22 mars sur la convention de l’assurance-chômage, a
fait une action forte dans un supermarché de l’extra-muros avignonnais.Aux alentours de 12h30, des dizaines d’intermittents qui, au préalable,
avaient rempli caddies et paniers dans le Casino du quartier Saint-Lazare,
sont passés aux caisses sans payer. « Nous avons des besoins matériels »
indiquait Boris, de la Coordination nationale du CIP.

« Certains ont des problèmes pour manger », expliquait Elise, venue du
Limousin. L’action a été précédée d’un moment de flou à l’Université. Les
intermittents présents avaient, devant les médias, voté à main levée pour
savoir si la presse allait les suivre dans cette nouvelle opération choc.
Et ce après que les journalistes aient été dûment invités à ce
rendez-vous…Il était finalement décidé que les médias ne suivraient pas,
sauf que tout ce petit monde s’est retrouvé quelques minutes plus tard
dans le Casino, qui reste un espace public.

Ce type d’actions est-il contre-productif pour le combat des intermittents ?
Depuis plusieurs semaines, à Avignon, le CIP (Collectif des Intermittents
et Précaires) organise des actions-choc : envahissement pendant six heures
de la Chambre de commerce pour intimer à son président de joindre le
ministre du Travail François Rebsmanen ou venue dans les locaux d’ AF&C,
l’association qui encadre le Festival Off. Jusque-là, à chaque fois, ils
n’étaient qu’une dizaine à se mobiliser mais à la veille du début du
Festival In, ils ont été rejoints par des délégations CIP de la France
entière.

Après l’opération du passage en caisse au Casino, les intermittents
devaient se retrouver à la Maison Manon, un local qui leur a été alloué
par le maire d’Avignon Cécile Helle. Ce type d’actions est-il
contre-productif pour le combat des intermittents ? La question devrait se
poser dans les heures et les jours qui viennent.
http://www.laprovence.com/article/actualites/2946154/avignon-les-intermittents-passent-aux-caisses-de-casino-sans-payer.html

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La générale du « Prince de Hombourg » interrompue par des intermittents

AVIGNON / PUBLIÉ LE JEUDI 03/07/2014

Plusieurs dizaines d’intermittents du spectacles ont interrompu cette nuit
la répétition générale du Prince de Hombourg de Kleist dans la cour
d’honneur du Palais des Papes à Avignon, dont la première doit sonner
l’ouverture vendredi du festival. Selon un photographe de l’AFP, ces
intermittents, du festival Off ont envahi la scène et empêché la fin de la
répétition de se tenir.Des discussions houleuses ont suivi avec les comédiens présents sur scène,
qui arboraient leur soutien au revendications des intermittents avec un
petit carré rouge sur le habit, symbole du mouvement. En début de semaine,
les salariés du festival officiel se sont exprimés à 80% pour le maintien
de la manifestation, souhaitant la tenue d’un « festival militant »,
permettant à son directeur Olivier Py d’estimer « avec plus de certitude
que le festival aura lieu ». Mais la CGT Spectacle appelle toujours à « une
grève massive » le 4 juillet pour l’ouverture du festival avec cette pièce,
qui doit être diffusée en direct sur France 2.

http://www.laprovence.com/actu/loisirs-en-direct/2944983/la-generale-du-prince-de-hombourg-interrompue-par-des-intermittents.html

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Des intermittents du festival off d’Avignon interrompent la répétition
générale du «Prince de Homburg», le 2 juillet à Avignon. (Photo Boris
Horvat. AFP)

La CGT Spectacles a rappelé son opposition aux annulations, peu après le
blocage de la répétition générale du «Prince de Homburg», qui ouvrira
vendredi le Festival d’Avignon.

La CGT-spectacle a affirmé jeudi qu?elle était favorable à «des grèves
votées par les artistes et les techniciens, mais pas aux blocages ni à
l?annulation des festivals»dans le cadre du mouvement des intermittents.
«Nous n?appelons pas à l?annulation des festivals, des spectacles et des
tournages mais à des grèves légitimées par un vote majoritaire», a
souligné le syndicat après que la répétition générale du «Prince de
Hombourg» eut été interrompue mercredi soir à Avignon par des
intermittents du «off».

Le syndicat confirme qu?en plus de son appel à la grève le 4 juillet, soit
le jour de l?ouverture du festival, il propose un mouvement national le 12
juillet, avec notamment une grève des festivals in et off d?Avignon. «Hier
soir des intermittents en lutte ont investi la Cour d?Honneur où se
déroulait une générale du Prince de Hombourg, explique la CGT. Au-delà du
bouleversement de chaque artiste interprète, engagé corps et âme dans la
création et l?interprétation, de tous les membres des équipes techniques
et artistiques concernées par une « générale », auxquels nous apportons
toute notre sympathie et notre soutien, c?est la question du blocage qui
est en cause.»

«Nous avons déposé des préavis de grèves couvrant tout le mois de juillet,
ajoute le syndicat. Et, nous appelons les équipes techniques et
artistiques engagées dans les spectacles à voter la grève. Nous appelons à
multiplier ces grèves le 4 juillet sur tout le territoire, à l?occasion de
l?ouverture d?Avignon In, comme nous appelons à un autre temps fort
national le 12 juillet, en proposant, en particulier une grève totale du
In et du Off en Avignon, quel seuls les artistes et les techniciens du In
et du Off sont à même de voter.»

«Par contre nous sommes opposés aux blocages. Les blocages sont une façon
de forcer la main aux artistes interprètes et techniciens au moment de se
prononcer sur la grève. Ils sont porteurs d?une division profonde de nos
professions (…)», a précisé la CGT dans son communiqué.

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LA GÉNÉRALE DU «PRINCE DE HOMBURG» BLOQUÉE À AVIGNON

Plusieurs dizaines d?intermittents du spectacles ont interrompu mercredi
soir la répétition générale du Prince de Hombourg de Kleist dans la cour
d?honneur du Palais des Papes à Avignon, dont la première doit sonner
l?ouverture vendredi du festival.
Selon un photographe de l?AFP, ces intermittents, du festival «off», ont
envahi la scène et empêché la fin de la répétition de se tenir.

Des discussions houleuses ont suivi avec les comédiens présents sur scène,
qui arboraient leur soutien au revendications des intermittents avec un
petit carré rouge sur le habit, symbole du mouvement.

En début de semaine, les salariés du festival officiel se sont exprimés à
80% pour le maintien de la manifestation, souhaitant la tenue d?un
«festival militant», permettant à son directeur Olivier Py d?estimer «avec
plus de certitude que le festival aura lieu».

http://www.liberation.fr/culture/2014/07/03/les-intermittents-bloquent-la-generale-du-prince-de-homburg-a-avignon_1056277
AFP