Les locaux d’Ennahdha incendiés à Gafsa, heurts à Siliana

AFP, 27/11/2013 à 16:54
Alors que trois régions du centre de la Tunisie étaient en grève générale, mercredi, des violences ont éclaté à Siliana et Gafsa. Dans cette dernière ville, les locaux du parti islamiste Ennahdha (au pouvoir) ont été incendiés. Alors que plusieurs régions de Tunisie sont paralysées par des grèves, les violences se multiplient dans le pays. Stratégique en raison de ses mines de phosphates, la région de Gafsa a montré qu’elle était toujours à la pointe de la contestation. Mercredi, plusieurs centaines de manifestants ont d’abord tenté de forcer l’entrée du siège du bureau du gouverneur. Repoussés par la police, ils ont ensuite attaqué le siège du parti islamiste au pouvoir, Ennahdha. En l’absence de la police, ils ont sorti des dossiers des locaux ainsi que des meubles et les ont brûlés dans la rue, empêchant les pompiers d’intervenir. Le déclencheur de la grève et de la colère dans la région a été la décision du gouvernement de ne pas inclure Gafsa dans la liste des gouvernorats où des facultés de médecine et centre hospitaliers universitaires seront bâtis dans les années à venir. Pour l’antenne locale de la centrale syndicale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), cette décision illustre les disparités de traitement entre les différentes régions du pays, un des facteurs de la révolution de 2011. Jets de pierre et gaz lacrymogène Deux autres régions sont concernées par les grèves : Gabès et Siliana. Dans cette dernière, à 150 km au sud-ouest de Tunis, de violents heurts entre policiers et manifestants se produisaient dans l’après-midi, un an jour pour jour après les émeutes qui y avaient fait plus de 300 blessés. Des dizaines de manifestants ont jeté des pierres sur la police, qui a répliqué avec violence avant de pourchasser en voiture les protestataires. Lesquels se sont ensuite de nouveau rassemblés aux abords du siège de la garde nationale où ils ont recommencé à jeter des pierres, sous les gaz lacrymogène des forces de l’ordre. Un photographe de l’AFP présent sur les lieux a été légèrement blessé à la tête par un jet de projectile. À Siliana, la grève générale a été organisée pour marquer le premier anniversaire du mouvement social qui avait été violemment réprimé pendant trois jours, au prix de plus de 300 blessés, notamment touchés par des tirs de chevrotine. Les organisateurs de la grève, le puissant syndicat UGTT en tête, reprochent aux autorités de ne pas avoir tenu leur promesse d’aider les blessés et d’investir pour lutter contre la pauvreté et le chômage.

cette semaine

Bad Kids 3

Sortie ce mois ci du numéro 3 du journal Toulousain « Bad Kids » : journal d’info et d’analyses pour le saccage du monde capitaliste. Au programme de ce numéro: internationale de l’austérité, pacification et transformation d’un quartier, qu’est-ce que la gauche?, industrie 2.0, le soin pénitentiaire a du cachet, disquette de l’économie. L’article qui suit est extrait du journal, il pose la critique de l’industrie et de l’idéologie du progrès à travers celle de l’exploitation. Le reste du journal est en lien à l’adresse suivante :

http://badkids.noblogs.org/files/2013/03/bk3-pour-impression.pdf

Des flash-ball pour la police municipale

A partir du 1er décembre, les hommes de la police municipale pourront patrouiller avec des armes non létales de type flash-ball. Le maire, Jean-Claude Gaudin et l’adjointe en charge de la sécurité Caroline Pozmentier ont officiellement remis ces pistolets aux agents, ce matin.
Dès le mois de janvier, les fonctionnaires pourront aussi utiliser des « taser », une fois que les formations seront terminées.

La Provence

Compte rendu du procès de l’incendie du Centre de Rétention

Un rapide compte rendu du procès des inculpés de l’incendie du centre de rétention du Canet Ce Mardi 26/11/2013 les inculpés de l’incendie du centre de rétention du Canet étaient convoqués à 14H au Tribunal de Grande Instance de Marseille afin d’être jugés pour des faits de « destruction de biens d’autrui par des moyens pouvant entraîner la mise en danger des personnes », en l’espèce de plusieurs départs de feu survenus à l’intérieur du centre de rétention administrative du Canet (Marseille) en mars 2011. Après avoir effectué quelques mois de prison préventive en 2011 juste après les faits (3 mois pour l’un et 4 mois et demi pour l’autre), les deux inculpés étaient sorti sous contrôle judiciaire. Hier, ils comparaissaient donc « libres ». Enfin, « libres » autant que peuvent l’être des sans-papiers qui passent au tribunal, entourés de dizaines de flics de tous bords, présents devant le tribunal, dans les couloirs et dans la salle ! Les collectifs de soutien aux inculpés avaient appelé à un rassemblement devant le tribunal. Nous étions une centaine de personnes venues en soutien. La (petite) salle était remplie et il y avait aussi du monde dans la rue. Mais les plus nombreux à s’être mobilisés étaient en fait les flics. Devant le parvis du tribunal on ne comptait pas moins d’une dizaine de car de CRS. Devant l’entrée et au portique, les bleus étaient aussi nombreux que leurs barrières. Dans les couloirs et dans la salle, leur présence était tout aussi remarquable. Un dispositif disproportionné qui n’a presque pas manqué d’atteindre son but : mettre la pression ! Au début de l’audience, la cour a vite fait renvoyé toutes les affaires qui devaient être jugées ce jour là. Le procès des inculpés a donc débuté assez tôt. Lors du procès, les « coups de théâtre » se sont enchaînés. En premier lieu la directrice du centre de rétention du Canet, originellement appelée comme témoin à la barre, demande à se constituer partie civile pour un euro symbolique. L’avocat et le juge lui font remarquer que c’est pas très réglo, étant donné que le fait de faire cette demande lui permet d’assister à toute l’audience, tandis que le témoin à la barre lui, ne rentre dans la salle que lorsqu’il est interrogé. N’ayant néanmoins pas les moyens légaux de l’en empêcher, la cour lui permet d’assister à l’audience. Le juge commence alors un rappel des faits, dans lequel il insiste sur le nombre des victimes de l’intoxication provoquées par l’incendie et sur les lésions subies. Puis il énonce les éléments à charge contre les retenus, et fait la lecture de tous les témoignages qui interviennent dans la procédure, pour incriminer les deux inculpés. Ça paraît pas gagné d’avance… Le juge appelle les témoins à la barre. En premier lieu la directrice du centre. Celle ci n’était pas présente ce jour là. Cependant, elle renseigne la cour sur le fonctionnement du centre, le système de vidéo surveillance et évidemment sur le profil des inculpés, dont l’un est décrit comme un sujet « à problème », violent et anxieux, qui avait d’ailleurs menacé de mettre le feu au centre quelques temps plus tôt, devant un officier de police qui semblait le provoquer. L’avocat interroge à son tour la directrice du centre. Il lui fait le rappel de plusieurs rapports défavorables antérieurs à l’incendie, émanant de différentes autorités publiques, concernant les conditions de rétention au Canet, notamment le manque de personnel ou l’absence d’exercice incendie réguliers. Il lui demande si depuis l’incendie, des exercices d’évacuation ont été mis en place, avec les retenus et les associations travaillant sur place. Elle répond oui. Au passage, le juge ne manque pas de lui faire remarquer qu’il la trouve un peu trop sur la défensive et qu’elle devrait être plutôt confiante qu’anxieuse de donner son concourt à l’établissement de la vérité. Elle se rassoit, mouchée. Le second témoin entre. Il s’agit d’une chargée d’opération de l’association Forum Réfugiés, présente dans le centre de rétention du Canet. Quand l’avocat l’interroge sur la visite de l’un des inculpé dans son bureau, le jour de l’incendie, elle le décrit comme un individu calme. Ce qui dénote avec le portrait que les multiples témoignages et la directrice du centre, ont dressé de lui jusqu’à présent. Elle insiste même sur le fait que souvent, les retenus sont anxieux quand ils passent par leurs bureaux. Qu’il n’est pas rare que certains retenus menacent de s’auto-mutiler, de se suicider ou de détruire le centre. Que ce jour là, l’inculpé qui est venu la voir était calme et pas menaçant. Lorsque l’avocat lui demande s’ils participent à des exercice d’évacuation depuis l’incendie, celle-ci répond que non. A ce moment là, toute la cour lève les yeux au ciel en regardant la directrice du centre. Après ce coup de théâtre, c’est au tour du proc’ de faire son réquisitoire. Et là, nouveau rebondissement: ce réquisitoire sonne à certains moments comme un plaidoyer contre les conditions dans les centres de rétention. La proc’ commence son réquisitoire par un rappel sur la gravité des faits et la mise en danger d’autrui que de tels faits pouvaient entraîner. Puis elle se lance dans une contextualisation de ces faits. Elle explique « le contexte de politique migratoire répressive en Europe, l’Europe forteresse, la libre circulation des marchandises mais pas des personnes, la répression des migrations qui n’empêchera jamais hommes, femmes et enfants de fuir la guerre, la misère économique ou une absence de perspective, la criminalisation de l’irrégularité administrative, l’injustice de la répression que subissent des gens qui se sont intégrés ici, ont fondé une famille, travaillent… » Elle salue « le travail des associations qui veillent à ce que les droits soient respecté, et leur vigilance qui permet de ne pas basculer vers une situation trop répressive. Ces associations qui n’ont pas manqué de soutenir les inculpés et qui sont aujourd’hui présents dans la salle ». On sait pas trop si c’est de nous qu’elle parle, mais on hallucine complet !!!! Elle cite ensuite un rapport du Sénat, datant de 2006, qui critique les conditions de rétention administrative en France et épingle notamment Marseille. Puis un rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté, datant de 2010, qui épinglait le centre de rétention du Canet, sur l’encadrement des retenus, l’hygiène, le soutien psychologique, la distribution de vêtements et le système de mise au norme anti-incendie. Elle rappelle tout de même que « rien ne justifie de tels modes de protestation, d’autant plus lorsqu’ils sont le fait d’individus et qu’ils ne s’inscrivent pas dans un contexte d’émeute collective, au contraire de l’incendie de Vincennes, qui s’était déclaré lors d’une révolte collective répondant à la mort suspecte d’un retenu ». On a beau ne pas être d’accord avec son analyse des faits, c’est tout de même l’hallu de l’entendre quasi légitimer l’incendie du CRA de Vincennes ! Elle finit son réquisitoire par une enquête de personnalité au cours de laquelle elle insiste sur la manifeste volonté d’intégration des deux inculpés. Elle les déclare coupables des faits qui leurs sont reprochés et requiert à leur encontre 1 an de prison ferme assorti d’un sursis simple de 4 mois. On nage toujours en plein délire car on s’y attendait pas du tout. L’avocat commence son plaidoyer. Il évoque le contexte politique du printemps arabe en mars 2011, les vagues d’immigrations Tunisiennes qui s’en sont suivi et la gestion expéditive de ces vagues de migrations par l’état français. Il évoque l’infamie des conditions de rétention en général, à Marseille, en particulier (lui aussi cite ces fameux rapports du Sénat et du contrôleur des lieux de privation de liberté), à ce moment là précisément. Puis il rentre dans le vif de son sujet, qui semble être de prouver à la cour, que l’État français a voulu traiter cette affaire dans la plus grande urgence, désignant arbitrairement deux coupables, et constituant, en l’absence de preuve tangibles, un dossier à charge. Il commence par rappeler que les inculpés ont faillis être jugés en comparution immédiate, alors qu’il paraissait évident que les présumés coupables avaient été désignés à la va vite et qu’il fallait une enquête plus poussée. Il insiste sur le manque d’expertise technique dans le dossier (absence d’analyse de la résistance au feu des matériaux présumés avoir été utilisé pour allumer le feu, absence d’analyse sur la propagation de l’incendie). Il relève les irrégularités ou incohérence de la plupart des PV du début de l’enquête (absence d’avocat lors des auditions, absence des questions des flics dans certains PV, dénonciations qui se font lors d’auditions irrégulières). Il évoque encore une fois une période de printemps arabe où les tensions entre nationalité s’exacerbent (on sait pas trop d’où il sort ça mais bon…). Il relève le fait que les deux inculpés soient les seuls Tunisiens présents dans cette affaire (les dénonciations venant principalement des autres personnes arrêtées après l’incendie, et mises hors de cause après ces dénonciations). Il finit en disant que la justice n’a aucun élément de preuve tangible pour déclarer coupables les deux inculpés, que ces présumés coupables ont peut-être été désignés pour expédier au plus vite une affaire qui emmerdait l’État. « Car si des coupables n’étaient pas désignés au plus vite, c’était peut-être l’État qui serait responsable ». La cour suspend l’audience avant le délibéré. Pendant ce laps de temps, la salle et le palais de justice se remplissent de CRS en tenue. Ils envahissent les couloirs et encerclent la salle. L’audience reprend. L’un des inculpé manque à l’appel. Tu m’étonne, vu le nombre de flics, comment ne pas prendre peur ? Le verdict tombe : 12 mois fermes pour les deux, un aménagement de peine sous forme de bracelet électronique pour l’un, une convocation pour un RDV avec le Juge d’Application des Peines pour l’autre. L’autre n’étant pas là, le juge a dit qu’il lui ferait parvenir cette convocation par courrier. Chacun a donc pris un an ferme. Il se pourrait qu’il y ait des aménagements de peine ou des remises de peine si ils travaillent. Le collectif de soutien fait donc appel à tous ceux qui pourraient soutenir en offrant un contrat de travail aux ex-inculpés. Pour toute proposition : soutien6cra@riseup.net

L’Europe nous observe, crevons lui les yeux !

Depuis début octobre et les deux naufrages au large de Malte et de Lampedusa qui ont coûté la vie à plusieurs centaines de personnes, l’Union européenne met en avant la nécessité de prendre des mesures pour éviter les naufrages et les noyades de migrant-e-s en Méditerranée. Alors qu’en 2011 au moins 2352 personnes sont mortes dans le silence en tentant la traversée, l’UE instrumentalise ces deux événements pour lancer son tout nouveau programme de surveillance des frontières maritimes, Eurosur, qui sera effectif le 2 décembre 2013.

Ce projet qu’on nous brandit aujourd’hui est en réalité dans les cartons depuis 2008. Il prévoit concrètement de mutualiser les moyens de surveillance des frontières maritimes déjà existants et d’en mettre d’autres à disposition (drones, radars, satellites, …). Les infos récoltées 24 heures sur 24 seront à la fois centralisées et diffusées de manière à ce que chaque pays puisse suivre une situation en temps réel et prendre les mesures qui s’imposent, c’est-à-dire intervenir afin de « réduire le nombre d’immigrants illégaux qui rentrent dans l’Union européenne sans être découverts. »

La Lybie a demandé à l’UE un accès à son système satellitaire pour lui permettre de surveiller ses frontières maritimes et terrestres afin de renforcer le travail commun en matière de lutte contre l’immigration clandestine. Même si le feu vert n’a pas encore été donné, il est clair qu’Eurosur s’inscrit dans une logique d’externalisation des frontières de l’Europe, par le biais d’accords renforcés entre les pays européens et les États dits « de départ » et « de transit ». Un processus entamé depuis longtemps, sous le régime de Kadhafi l’UE finançait déjà des centres de rétention en Lybie. L’idée est de déléguer le contrôle migratoire à la source.

La militarisation des frontières européennes et la guerre aux migrant-e-s sont déjà en cours depuis les années 90 et se sont accélérées ces dix dernières années.

Ainsi depuis 2004 l’agence européenne Frontex (dirigée par un finlandais ancien garde-côte qui se vante de consacrer sa vie depuis plus de trente ans à la lutte contre l’immigration clandestine, et par un ex-flic espagnol) coordonne la sécurisation des frontières externes de l’espace schengen.

Pour citer un projet récent et complémentaire avec Eurosur, le 1er avril 2013 les eurocrates lançaient Closeye – Collaborative evaLuation Of border Surveillance Technologies in maritime Environment bY pre-operational validation of innovativE solutions -, des essais de surveillance aérienne de la Méditerranée et en particulier du détroit de Gibraltar. Il prévoit l’utilisation de technologies telles que des drones et des satellites dirigeables qui permettront à l’Italie, à l’Espagne et au Portugal d’observer les mouvements en mer 24 heures sur 24, et de réagir au plus vite pour intercepter celles et ceux qui tentent la traversée illégalement, avec la bénédiction du gouvernement marocain. Les essais vont durer plusieurs années, l’objectif : « augmenter la collaboration entre les entreprises privées et les États clients », « adapter l’offre à la demande. » On voit bien que la lutte contre l’immigration est un business florissant pour les sociétés d’armement et de technologies de surveillance qui ont toujours besoin d’une prétendue situation d’urgence avec un ennemi désigné pour pouvoir continuer à prospérer.

Finalement ces naufrages représentent une aubaine pour l’Europe car en plus d’envoyer un message effrayant à d’éventuels candidats de l’autre côté de la Méditerranée, ils permettent de faire passer comme une lettre à la poste des dispositifs ultra-sécuritaires et de propager le mythe de l’ « invasion » : des hordes de migrant-e-s qui envahiraient le territoire, s’insinuant par tous les pores de la frontière qu’il faudrait d’urgence combler. Une représentation propagée complaisamment par les médias de masse, qui nous donnent à voir régulièrement les radeaux pleins à craquer et prêts à couler. En revanche, ce qu’ils oublient volontiers de nous montrer, ce sont les gardes-côtes qui tirent dans les pneumatiques des embarcations de migrant-e-s, les bâtiments de l’otan qui passent à côté de barques en détresse sans leur porter secours, les gens obligés de prendre des chemins plus détournés et donc plus dangereux…. Lors d’un des naufrages médiatisés début octobre, les personnes présentes sur le bateau ont alerté les secours 4h avant de couler mais l’État italien et l’État maltais se sont renvoyés la balle, avec pour conséquence des dizaines de mort-e-s. Le 1er ministre italien a quant à lui proposé de donner la nationalité italienne… aux morte-s au large de Lampedusa. Leur hypocrisie ne suffit pas à masquer les critères requis pour être un « bon » immigré.

Ce qui reste aussi systématiquement dans l’ombre ce sont les files d’attente interminables d’étranger-e-s devant les consulats et les préfectures des États européens. C’est pourtant là que se construit le statut du « clandestin ». Par les listes de documents à présenter, jamais exhaustives. Par les heures passées à poireauter pour se faire recaler à l’accueil. Par les visas non accordés. Par les titres de séjour pas renouvelés. Par l’enfermement en centre de rétention et l’expulsion de celles et ceux qui n’ont pas passé l’épreuve avec succès. Car les « clandestins » ne sont pas une « menace » venue de l’extérieur, mais le résultat d’une volonté politique des États européens, qu’on appelle « politique migratoire », la conséquence d’un contrôle strict des États sur qui a le droit ou non à des papiers.

Parce que, les sans papiers, les États européens en ont bien besoin. Parce que, que ce soit en utilisant les sans papiers comme main d’œuvre corvéable ou en délocalisant les entreprises à l’étranger, la logique est toujours la même : exploiter plus pour gagner plus. Parce qu’avoir un bouc émissaire sur lequel rejeter toutes les merdes intrinsèques au fonctionnement d’un État capitaliste, ça permet aux puissants de se légitimer pendant que les galériens s’entretuent. Parce qu’en agitant les « clandestins » comme un épouvantail, l’Europe justifie des projets flippants de militarisation de ses frontières et de contrôle des personnes à l’intérieur de son territoire.

Plus insidieusement, ces dispositifs de surveillance entraînent concrètement l’augmentation du contrôle sur toutes et tous. Ils sont expérimentés ici en Méditerranée, mais il y a fort à parier qu’ils finiront par envahir non seulement les mers mais aussi les rues et nos vies dans la droite lignée des caméras de vidéo-surveillance ou du fichage adn.

Ni frontières, ni papiers, soyons incontrôlables !

Organismes participants à Eurosur

ITALIA CONSORZIO NAZIONALE INTERUNIVERSITARIO PER LE TELECOMUNICAZIONI
FRANCE SAGEM DEFENSE SECURITE
NEDERLAND NEDERLANDSE ORGANISATIE VOOR TOEGEPAST NATUURWETENSCHAPPELIJK ONDERZOEK - TNO
ESPAÑA INDRA ESPACIO SA
UNITED KINGDOM UNIVERSITY OF PORTSMOUTH HIGHER EDUCATION CORPORATION
ITALIA ALENIA AERONAUTICA SPA
ITALIA THALES ALENIA SPACE ITALIA SPA
PORTUGAL EDISOFT-EMPRESA DE SERVICOS E DESENVOLVIMENTO DE SOFTWARE SA
FRANCE MONDECA SA
ITALIA TELESPAZIO SPA
FRANCE THALES COMMUNICATIONS & SECURITY SA
ESPAÑA TTI NORTE, S.L.
BELGIQUE-BELGIË SPACE APPLICATIONS SERVICES NV
FRANCE THALES ALENIA SPACE FRANCE
UNITED KINGDOM UNIVERSITY COLLEGE LONDON
SVERIGE TOTALFORSVARETS FORSKNINGSINSTITUT
DEUTSCHLAND THALES DEFENCE DEUTSCHLAND GMBH
ESPAÑA EUROCOPTER ESPANA SA
ESPAÑA INDRA SISTEMAS S.A.
ISRAEL CORRELATION SYSTEMS LTD
FRANCE CASSIDIAN SAS
FRANCE THALES SYSTEMES AEROPORTES S.A.
BELGIQUE-BELGIË JRC -JOINT RESEARCH CENTRE- EUROPEAN COMMISSION
ESPAÑA UNIVERSIDAD DE MURCIA
UNITED KINGDOM BAE SYSTEMS (OPERATIONS) LTD
NEDERLAND HITT HOLLAND INSTITUTE OF TRAFFIC TECHNOLOGY BV

Organismes participants à Closeye

ESPAGNE Guardia civil
PORTUGAL Guardia Nacional Republicana
ESPAGNE Ingenieria de Sistemas para la Defensa de España
ITALIE Agencia Spaziale Italiana
UE European Union Satellite Centre
ITALIE Marina Militare Italiana
ITALIE Centro Italiano Ricerche Aerospaziali
UE Frontex (rôle consultatif)
AUTRICHE Schiebel
ETATS-UNIS General Atomics AeronauticalSystems

lu sur sans papiers ni frontières

 

Des cocktails molotov devant le commissariat du 3e

Des incidents violents ont éclaté cette nuit entre minuit et une heure du matin devant le commissariat du 3ème arrondissement de Marseille, collé à la cité Félix Pyat. Plusieurs individus ont lancé des cocktails molotov vers le bâtiment.
Trois projectiles de ce genre ont été dénombrés et un véhicule sérigraphié a été partiellement détruit par le feu. Les locaux n’ont pas été touchés. Ces violences feraient suite à l’interpellation d’un garçon d’une vingtaine d’années, dans la cité Félix-Pyat, en possession d’un pistolet 9mm et de plusieurs pochons de cocaïne, devant l’un des points de vente de drogue de ce ensemble HLM.
Le préfet de police, Jean-Paul Bonnetain, est actuellement sur les lieux, pour mesurer l’ampleur des dégâts et pour apporter son soutien aux fonctionnaires de police.

La Provence

Effondrements

Il y a deux semaines a été détruit le centre de Gradisca. C’est le septième à fermer en Italie. Cela peut sembler évident mais il est préférable de le préciser avant que quelques politiciens plus ou moins sinistres*  ne pensent à s’attribuer le mérite de ce qu’ils n’ont pas fait : ces centres ont été  formellement  fermés parce qu’un fonctionnaire ministériel en a ordonné l’évacuation, mais factuellement ils ont été détruits par le feu des révoltes des retenus. Sept centres sur treize sont fermés, et on ne peut pas dire que ceux qui restent se portent à merveille. Considérant la vitesse à laquelle ils tombent en morceaux, on pourrait affirmer que la machine à expulser est proche de l’écroulement  En voulant être sincères, si l’on doit parler d’écroulement, il y aurait besoin de dire quelque chose aussi de l’écroulement qui semble avoir touché les divers mouvements qui, ces dernières années, ont soutenu les luttes des retenus. Alors que l’on est dans un des moments les plus forts et les plus incisifs en terme de lutte à l’intérieur, à l’extérieur rien ne bouge. Il serait important de tenter quelques raisonnement propositifs, mais nous laissons ces pensées temporairement de côté. *( jeu de mot avec sinistra (gôche), NdT)
La machine à expulser est clairement en crise, et il n’y a pas besoin d’être spécialiste en philosophie politique pour comprendre que derrière chaque soit-disante crise se cache la possibilité d’une restructuration. Il pourrait sembler qu’au ministère de l’intérieur on se tourne les pouces mais il est quasiment certain qu’ils pensent et préparent quelque chose. Les nouvelles officielles à ce propos sont peu nombreuses, mais nous savons par exemple que les centres de Modène et de Bologne pourraient rouvrir l’année prochaine. En plus, il y a toujours en jeu la construction de deux nouveaux centre à Santa Maria Capua Vetere (Casert) et à Palazzo San Gervasio (Potenza). Ouverts en toute hâte il y a deux ans et demi durant le plan « urgence afrique du nord » (suite aux révolutions arabes, NdT) et restés en fonction seulement quelques mois, ils devaient rouvrir avant la fin de l’année, mais depuis que le gouvernement a lancé les appels d’offre et la collecte de fonds pour la restructuration on n’en a plus entendu parler.
Comme chaque restructuration qui se respecte, celle des CIE n’est pas seulement une question de contrats pour savoir qui construira les murs, les grillages et les barreaux. Chaque dispositif répressif a aussi besoin d’idées et de théories sur lesquelles se baser et se renouveler et sur ce front les choses sont en train de bouger. En mars 2013 a été publiée une proposition de réforme des CIE écrite par Connecting People et la Fondation Xenagos. Fatigués de recevoir de continuelles «  attaques sur plusieurs fronts, les qualifiant notamment de tortionnaires redoutables» Maurino et cie ont mis noir sur blanc leur idées pour une « réforme copernicienne » de la machine à expulser. Parmi les propositions les plus inquiétantes il y a celle d’obliger les retenus à travailler, une nouvelle qui transformerait les CIE en réels camps de travail, au profit de ceux qui les gèrent. De son côté, après une campagne désormais décennale, la croix rouge est obligée d’abandonner pour l’instant les jeux de mots autour de sa prétendue impartialité et à finalement découvrir la différence entre les concepts d’ « accueil » et d’ « expulsion ». Il y a six mois a aussi été publié un document programmatique sur les CIE, un long travail d’analyse sur la condition des centres rédigé par une commission de bureaucrates du ministère de l’intérieur. Obsédés par la rationalisation de la machine à expulser, jugée coûteuse et inefficace mais surtout mise à rude épreuve par les « épisodes, actuels ou potentiels d’insurrection ou de dégradations graves », les fonctionnaires ont mis au point des propositions. Pour garder sous contrôle une situation leur ayant déjà échappé des mains trop souvent, le ministère étudie « la création d’un corps de professionnels, à qui confier la gestion des activités impliquant un contact direct avec les hôtes du centre ». Des équipes de para-matons privés. Pour le comprendre il suffit de lire comment le ministère s’imagine ce nouveau corps  : « opérateurs spécialisés, préparés à l’aide de formations spécifiques et d’entraînements, organisés avec la contribution de l’administration pénitentiaire, qui seront aux côtés des forces de l’ordre ». Dans le projet des bureaucrates l’intégration de la machine à expulser à l’intérieur du circuit carcéral ne se limiterait pas seulement à l’entraînement de gardiens, mais inclurait également « la création d’une structure mixte (à l’intérieur des prisons), composée par du personnel de l’administration pénitentiaire et de la police d’état » afin d’identifier les détenus sans-papiers. Un projet qui est aussi soutenu, depuis quelques temps, par des partisans de la fermeture des centres. L’une d’entre eux est Serena Pellegrino, écologiste et libérale de gauche qui, dans la foulé des révoltes de Gradisca a demandé des modifications législatives qui permettront « l’identification des très nombreux détenus sans-papiers, durant la période d’incarcération ».
En attendant de savoir ce qui adviendra dans les prochaines semaines à l’intérieur, hors et autour des CIE voyons où en sont les six restés ouverts.

Milan. Restructuré il y a moins de trois mois, après une série de travaux qui auraient dû améliorer les niveaux de sécurité et empêcher les révoltes, le centre est de nouveau pratiquement détruit et il n’y reste que vingt-huit places. Après la dernière révolte et en vue du renouvellement de l’appel d’offre de gestion, la croix rouge a décidé de pleurer misère et de hausser le ton : évidemment la gestion d’un CIE est devenue une affaire toujours moins intéressante en terme d’image et de rentabilité.

Turin. Le centre est à moitié détruit : une section entière est fermée, les cinq autres sont toutes plus ou moins sérieusement endommagées et il ne reste donc dans la structure que 98 places. Les dégradations les plus conséquentes datent de juillet dernier, lorsque a été détruite et incendiée la section blanche, fraîchement pensée et restructurée comme section anti-émeutes. Comme à Milan, à Turin aussi la gestion est depuis longtemps confiée à la croix rouge et l’appel d’offre tombera au printemps prochain.

Rome. On n’a plus de nouvelles du centre de Rome depuis la grande révolte de février dernier, quand le feu détruisit une grande partie du centre et des grilles d’enceinte les rendant pratiquement inutilisables pour plusieurs jours. L’absence de nouvelles est un signe évident que la gestion par la coopérative Auxillium porte ses fruits en réduisant au silence à grand renfort de sédatif les protestations des retenus. Une gestion plébiscitée un peu partout : parmi ceux qui estiment la coopérative nous trouvons beaucoup de fonctionnaires du ministère, même ceux qui sont connus comme fabulateurs de gauche.

Bari. Les dernières protestations significatives remontent à deux ans, mais l’oeuvre de destruction du centre par les retenus a sûrement continué sans relâche bien que l’on n’ait pas de nouvelles. Le CIE est à moitié détruit et un groupe d’avocats a lancé une class action pour contraindre le préfet à acter qu’il ne reste que 112 place dans le centre. Depuis six mois la gestion du centre est confiée à Connecting People, les collègues de ceux qui géraient jusqu’à il y a deux semaines, le centre de Gradisca.

Caltanissetta. Après un été bouillant de révoltes et d’évasions, un des trois pavillons du centre a été définitivement fermé en septembre. Il n’y reste donc plus que 70 places. Depuis octobre la gestion a été confiée à la coopérative Auxillium, la même qui gère le centre de Rome. Malgré les compliments récents de l’évêque monseigneur Russotto et d’un groupe de parlementaires grillini (adeptes de Bepe Grillo, mouvement 5 étoiles, NdT) il est suffisamment évident que les nouveaux gestionnaires n’ont pas la situation sous contrôle : il y a eu au moins trois tentatives d’évasion accompagnées d’affrontements avec la police le mois dernier.

Trapani Milo. Immergé dans la campagne trapannaise, éloigné des centres résidentiels, il est renommé pour être le CIE des évasions. Même si la police a tout essayé, allant même jusqu’à couper les lacets de chaussures aux retenus, la moitié des retenus qui passent par là arrivent à s’en échapper. Dans la tentative de mettre fin à cette situation le ministère a récemment débloqué plus de 600 000 euros pour sécuriser le centre et le préfet a révoqué la gestion à la coopérative Oasi, lançant un nouvel appel d’offre. Pourtant, en masse comme en petit groupe, on continue toujours à s’enfuir du centre de Trapani.

 source : macerie
sans papiers ni frontières

Le marché juteux de la surveillance des frontières

Contrairement à nos habitude, nous reprenons ci-dessous un article de presse du journal algérien “El Watan”. Parce que nous pensons que les mass médias sont un outil au service des dominants, nous n’aimons pas reprendre la presse sans reformuler. Ici l’article nous semble intéressant pour ce qu’il expose et par le point de vue que la journaliste prend.

Lire l’article sur sans-papiers ni frontières

Expulsé, il se réinstalle chez lui

Rien n’y fait. Rachid revient systématiquement dans son logement HLM de la cité Louis-Gros d’Avignon. Déjà expulsé à deux reprises en mars et septembre 2011, il a une nouvelle fois fait l’objet d’une mesure d’expulsion le 26 septembre dernier. Et le lendemain, il a tout simplement déposé la porte sécurisée « anti-squat » mise en place par l’Office et a remis l’ancienne porte avec la serrure dont il a les clés !
Interpellé dans le quartier par les policiers saisis d’une plainte pour dégradation, il a, après les avoir niés, reconnu les faits en admettant avoir repris possession du logement. Rachid, qui ne s’est pas présenté devant le tribunal correctionnel d’Avignon, a été condamné hier à 4 mois de prison ferme.

la provence

Incendies de bornes ecotaxe et racket politique

Si beaucoup de ces attaques de bornes/portiques ecotaxe ou de radars restent anonymes depuis le début (à l’exception des quatre premiers radars revendiqués par des autonomistes bretons), le mouvement de destruction commence à faire l’objet d’un racket politique de l’extrême-droite, comme ces bornes incendiées à Saint-Gilles signées CRAV ou, à Paris, ces ex-du Printemps Français qui ont commencé à saboter un portique dans le 16e arrondissement ( !) avec la banderole du groupe « Hollande-Démission« .
Si toutes les autres attaques restent encore anonymes, comme en Charente ou en Isère il y a peu, et peuvent donc appartenir à tous, ce n’est pas le cas de celles qui sont siglées. Malgré tout, quoi que chacun puisse penser des nombreux individus (en dehors bien sûr de tout réflexe para-policier de mettre des étiquettes là où règne le gris de l’anonymat) qui s’organisent de nuit pour causer des dizaines de milliers d’euros de dégâts à l’Etat, la question à se poser n’est à notre avis pas : « qui sont ces anonymes ?« , mais pourrait plutôt être : « quelle contribution révolutionnaire puis-je apporter dans ou à côté de ce bordel ? » ; « comment rendre ce mouvement d’attaque de biens étatiques plus incontrôlable et plus vaste dans son contenu et ses cibles ? » ; « comment, par son silence et son inaction, ne pas laisser aux réactionnaires la diffusion de l’offensive et ne pas relégitimer la gauche dans sa défense d’un Etat transformé en « bien public » ?« .
Quand gronde la colère, même quand cela part de bases qui ne nous plaisent pas (mais peut-on dire qu’une colère pour qu’une usine de merde ne ferme pas a des bases plus intéressantes ?, ou que défendre l’école et la famille en matière d’expulsions de sans-papiers est moins réactionnaire ?), quand gronde la colère donc, c’est à chacun qu’il revient de pousser ses propres perspectives anti-autoritaires, plutôt que d’attendre la situation idéale ou de rester d’éternels spectateurs.
Les temps sont comme cela. La gôche et ses satellites porteurs d’illusions progressistes et émancipatrices sont mortes depuis un bail (on ne les regrette pas). L’ambiguïté est de mise partout. Dans la moindre des luttes larges (comme la ZAD et sa défense réac de la terre nourricière) ou dans la rue (comme à Trappes face au zèle policier, et sa défense réac de l’oppression religieuse), et jusque dans nombre de centres sociaux du mouvement. Cependant, l’expérience historique nous apprend que si la colère explose rarement sur des bases qui nous satisfont (la Commune de Paris était blindée de patriotisme franchouillard anti-allemand à ses débuts), mais plus souvent sur un prétexte -bienvenu ou malvenu- dans un contexte de mécontentement social, elle nous dit aussi que cette colère peut parfois s’étendre bien au-delà de son prétexte étroit initial, transformant alors parfois le mécontentement en soulèvement. A chacun de s’en donner les moyens et d’apporter ses contenus et ses perspectives enflammées.

chronologie non exhaustive de 2 semaines d’attaques diffuses
cette semaine

Concert de soutien – Vend 22 nov à la Marmite

Concert de soutien aux inculpés de l’incendie du centre de rétention du Canet
Vendredi 22 novembre à la Marmite 38 cours Gouffé (M° Castellane) à partir de 20h
Au programme:
-introduction de la soirée en marionette
-les Kids steez (Hip-Hop from Ganges)
-Anosmymes (Hip-Hop from Millau)
-la Fibre (antiRAPitaliste)
-Longchamps 4 ou 5 têtes (Jazz Manouche from Mars)

Sonja libérée

Mardi 12 novembre le verdict a été rendu dans le cadre du procès contre Sonja Suder. Après 26 mois d’emprisonnement, elle a enfin été libérée ! Plus de 35 ans après les faits qui leur étaient reprochés, Sonja et son compagnon Christian ont été extradés par la France en septembre 2011. C’est le mandat d’arrêt européen qui avait alors permis à la France de les extrader alors qu’il y avait prescription d’après le droit français. Voici un lien vers une brochure qui explique comment cette nouvelle procedure étend l’Europe de la répression. https://solizorn.wordpress.com/brochure-mandat-darret-europeen/
Sonja, qui a toujours gardé le silence depuis son arrestation, était poursuivie sur la base d’un témoignage arraché sous la torture d’un militant maintenu au secret. Pour des attaques contre l’armement nucléaire, contre l’apartheid et contre la gentrification. Et sur la base des déclarations marchandées d’un repenti sur une prétendue participation logistique à une action contre l’OPEP en 1975. A l’issue de ce procès, Sonja a été condamnée à trois ans et demi de prison pour trois actions revendiquées en Allemagne par les Cellules Révolutionnaires et a été acquittée des charges concernant l’OPEP. Elle a été remise en liberté ce mardi aprés 55 audiences étalées sur 14 mois de procès. Durant ces 26 mois d’emprisonnement, de nombreuses initiatives en solidarité ont eu lieu un peu partout en Europe. En voici une liste non exhaustive : https://solizorn.wordpress.com/2013/05/17/soutien-et-info/
Vous trouverez plus d’infos sur Sonja et Christian sur: https://solizorn.wordpress.com http://linter.over-blog.com http://stopextraditions.blogspot.fr en allemand: http://www.verdammtlangquer.org
Et sur les Cellules révolutionnaires et plus particulièrement les Rote zora nous vous conseillons la lecture de « En catimini »: https://encatiminirotezora.wordpress.com
Contre toutes les prisons ! Salutations chaleureuses à Sonja et Christian.

Une histoire de Rise Up

Il était une fois, vers la fin de l’an 1999, quand l’internet était encore dans sa prime jeunesse et que le nouveau millénaire était imminent, deux-trois geeks qui sortirent remonté.e.s à bloc des manifs contre l’OMC à Seattle. Après une semaine de gaz lacrymos, de prison, à se déguiser en papillons de carton et à chanter comme des dératé.e.s, illes s’assirent dans leur salon pour discuter de ce dont le mouvement avait besoin pour la prochaine décennie. De ces réflexions naquit Riseup.net, fournisseur indépendant de listes de diffusion et de courrier électronique. Illes créèrent Riseup à la maison sur deux-trois serveurs , et attirèrent bientôt quelques geeks de plus qui se joignirent à la cause.
Chaque année a vu Riseup grandir de plus en plus, et c’est devenu un peu plus compliqué dans le sens qu’on avait de plus en plus de boulot et de personnes qui comptaient dessus. Certaines personnes sont venues puis reparties du collectif, et on a passé quelques dures années de vaches maigres, où on se demandait si c’était vraiment le meilleur moyen de dépenser notre temps et notre argent. Mais Riseup a survécu, obstinément.
On devint de plus en plus forts en matière de services stables et sûrs. D’autres personnes rejoignirent le collectif, de l’or pour activistes : le genre de personnes qui travaillent dur au quotidien sur les moindres petits détails, le genre à se pointer aux réunions et à prendre vraiment soin de ce projet chimérique, et le genre de personnes qui restent éveillées toute la nuit en période de crise pour exercer leurs talents de hackers hors pair, ce qui tenait du miracle pour celles et ceux du collectif (comme moi) qui sont des écrivain.e.s mais pas des geeks.
Donc quelque part vers 2007, le collectif devint stable en terme de membres, et le groupe d’environ dix personnes d’alors était grosso modo le même qu’aujourd’hui. Dans les huit dernières années on est devenu.e.s un vrai collectif, très lié. On a travaillé ensemble à Riseup pendant longtemps, et doucement mais sûrement, pour la plupart d’entre nous, ça a pris une place prépondérante dans nos vies. On célèbre nos fêtes importantes ensemble — pour celles et ceux d’entre nous qui vivent pas loin les un.e.s des autres — et on prend véritablement soin les un.e.s des autres. Un des plus beaux succès cachés de Riseup c’est quand Gadfly et Arara se sont rencontré.e.s dans un de nos refuges et sont tombé.e.s amoureu.se.s. Parfois on s’est énervé.e.s, on a eu des conflits, on s’est mis.es en colère (on est des êtres humains, pas des robots, après tout), et ça a même amené certaines personnes à quitter le collectif, mais dans l’ensemble on est resté.e.s étonnamment stables puisqu’à part une personne, on est tou.te.s passé.e.s du stade de radical.e jeune, fièr.e et rêveur.euse à celui de radical.e d’âge moyen, bougon.ne et rêveur.euse.
Et puis aussi, au cours des huit dernières années, Riseup est devenu une force avec laquelle compter. On est la plus grande association bénévole qui fournit des courriers électroniques dans le monde, en dehors des systèmes universitaires. On fait tourner un des nœuds TOR les plus utilisés au monde. On est souvent cité.e.s et répertorié.e.s comme l’un des seuls fournisseurs d’internet éthique, autonome et sûr. Au niveau légal on a eu à en découdre avec la droite bien de droite qui voulait nous forcer à balancer des infos sur nos utilisatrices et utilisateurs, et on a gagné. On utilise et développe des logiciels qui assurent grave. On s’organise avec d’autres collectifs techniques de part le monde pour voir ce qu’on peut faire pour contrer l’espionnage généralisé et comment on peut continuer à bosser là-dessus ces dix prochaines années. On a de grands cœurs, et de grandes idées, et on pense bien gagner.

Donc voilà c’est nous. Ou tout du moins une des histoires qui circule sur nous. Soutiens-nous si tu peux !
https://riseup.net/donner
Les petits Oiseaux de Riseup