Une histoire de Rise Up

Il était une fois, vers la fin de l’an 1999, quand l’internet était encore dans sa prime jeunesse et que le nouveau millénaire était imminent, deux-trois geeks qui sortirent remonté.e.s à bloc des manifs contre l’OMC à Seattle. Après une semaine de gaz lacrymos, de prison, à se déguiser en papillons de carton et à chanter comme des dératé.e.s, illes s’assirent dans leur salon pour discuter de ce dont le mouvement avait besoin pour la prochaine décennie. De ces réflexions naquit Riseup.net, fournisseur indépendant de listes de diffusion et de courrier électronique. Illes créèrent Riseup à la maison sur deux-trois serveurs , et attirèrent bientôt quelques geeks de plus qui se joignirent à la cause.
Chaque année a vu Riseup grandir de plus en plus, et c’est devenu un peu plus compliqué dans le sens qu’on avait de plus en plus de boulot et de personnes qui comptaient dessus. Certaines personnes sont venues puis reparties du collectif, et on a passé quelques dures années de vaches maigres, où on se demandait si c’était vraiment le meilleur moyen de dépenser notre temps et notre argent. Mais Riseup a survécu, obstinément.
On devint de plus en plus forts en matière de services stables et sûrs. D’autres personnes rejoignirent le collectif, de l’or pour activistes : le genre de personnes qui travaillent dur au quotidien sur les moindres petits détails, le genre à se pointer aux réunions et à prendre vraiment soin de ce projet chimérique, et le genre de personnes qui restent éveillées toute la nuit en période de crise pour exercer leurs talents de hackers hors pair, ce qui tenait du miracle pour celles et ceux du collectif (comme moi) qui sont des écrivain.e.s mais pas des geeks.
Donc quelque part vers 2007, le collectif devint stable en terme de membres, et le groupe d’environ dix personnes d’alors était grosso modo le même qu’aujourd’hui. Dans les huit dernières années on est devenu.e.s un vrai collectif, très lié. On a travaillé ensemble à Riseup pendant longtemps, et doucement mais sûrement, pour la plupart d’entre nous, ça a pris une place prépondérante dans nos vies. On célèbre nos fêtes importantes ensemble — pour celles et ceux d’entre nous qui vivent pas loin les un.e.s des autres — et on prend véritablement soin les un.e.s des autres. Un des plus beaux succès cachés de Riseup c’est quand Gadfly et Arara se sont rencontré.e.s dans un de nos refuges et sont tombé.e.s amoureu.se.s. Parfois on s’est énervé.e.s, on a eu des conflits, on s’est mis.es en colère (on est des êtres humains, pas des robots, après tout), et ça a même amené certaines personnes à quitter le collectif, mais dans l’ensemble on est resté.e.s étonnamment stables puisqu’à part une personne, on est tou.te.s passé.e.s du stade de radical.e jeune, fièr.e et rêveur.euse à celui de radical.e d’âge moyen, bougon.ne et rêveur.euse.
Et puis aussi, au cours des huit dernières années, Riseup est devenu une force avec laquelle compter. On est la plus grande association bénévole qui fournit des courriers électroniques dans le monde, en dehors des systèmes universitaires. On fait tourner un des nœuds TOR les plus utilisés au monde. On est souvent cité.e.s et répertorié.e.s comme l’un des seuls fournisseurs d’internet éthique, autonome et sûr. Au niveau légal on a eu à en découdre avec la droite bien de droite qui voulait nous forcer à balancer des infos sur nos utilisatrices et utilisateurs, et on a gagné. On utilise et développe des logiciels qui assurent grave. On s’organise avec d’autres collectifs techniques de part le monde pour voir ce qu’on peut faire pour contrer l’espionnage généralisé et comment on peut continuer à bosser là-dessus ces dix prochaines années. On a de grands cœurs, et de grandes idées, et on pense bien gagner.

Donc voilà c’est nous. Ou tout du moins une des histoires qui circule sur nous. Soutiens-nous si tu peux !
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Les petits Oiseaux de Riseup