Deux textes qui décrivent une partie des enjeux et des questionnements de ceux et celles qui luttent pour la révolution sociale…

credit D’un côté les propositions de la TROIKA (il s’agit des créanciers, le FMI,la BCE et la Commission Européenne qui sont appelés Institutions depuis l’arrivée de Syriza au Pouvoir) et de l’autre celles du gouvernement de coalition grec ; il ne faut pas se tromper, toutes les 2 propositions concerne un nouveau mémorandum (accord global entre les créanciers et le gouvernement grec) et des nouvelles mesures d’austérité. Sauf qu’il n’y a pas eu de compromis et le gouvernement grec a choisi d’organiser un référendum avec comme question ; acceptez vous ou non la proposition de des trois institutions ? Dans un climat de diffusion de peur sans précédent, cultivée en grande partie par les grands médias, les gens sont appelés à voter d’un seul mot à une question qui ne vient pas d’eux mêmes, à une question qui a changé de sens, en même temps que les banques sont fermées avec une limitation de retrait d’argent à la hauteur de 50-60euros et les scénarios pour l’après référendum sont multiples et pas très optimistes…

Texte de l’ Union Libertaire Syndicale (ESE)

Dès ce dimanche : organisation.

Le gouvernement de SYRIZA piégé dans ses propres contradictions (surtout dans celle du capitalisme à visage humain) appelle la classe ouvrière à se positionner dimanche prochain. L’État bourgeois s’aligne au Capital et ses représentants (UE, FMI, patronat et ses sbires aux médias) et tente de trouver une piste de sortie à travers « la fête de la démocratie ». SYRIZA pose la question au référendum et espère manipuler le résultat, mais le contenu de cette question ne lui appartient pas. En effet, à travers ce référendum le gouvernement de SYRIZA-ANEL, l’UE et le Capital font du chantage à la classe ouvrière (non paiement des salaires, lock out, menaces diverses, etc). Il s’agit d’un chantage au service de la logique des négociations avec le Capital, au détriment des intérêts des travailleurs. Cette logique des négociations est évidente car les mesures antisociales des mémorandums précédents n’ont pas été abolies.
Ce raisonnement est démontré par le fait que les contre-propositions du gouvernement sont artificielles sans défendre les intérêts des travailleurs, et par le fait que le changement des conditions de travail est remis aux calendes grecques.
La propagande en faveur du NON et celle en faveur du OUI, convergent à la gestion de la normalité capitaliste.
Dans ce climat de chantage, les gens de la classe ouvrière vacillent -et à juste titre – entre l’abstention et le NON au référendum, ayant en face une possible victoire du OUI qui installerait une situation de terreur. La pratique du suffrage universel appliqué au système parlementaire bourgeois, cache les différences de classe de manière arbitraire. Cependant, dans cette situation il y a un défi et une dynamique que la classe ouvrière ne peut pas ignorer. Ce dimanche, la lutte des travailleurs peut rompre la logique de la délégation et donner du sens au contenu du référendum en termes de classe. Une victoire éventuelle du OUI affaiblira sans aucun doute à la fois les travailleurs et les capacités de résistance. La victoire du OUI signifiera l’agression effrénée contre les mouvement ouvrier et ses droits.
Pour cela, nous devons leur bloquer la route. La victoire du NON, peut être une arme dans l’arsenal du mouvement et peut poser un obstacle aux structures du Pouvoir. La participation et le vote pour le NON signifie la riposte et est une occasion, non pas de délégation ou de soumission, mais une occasion de relancement pour le mouvement ouvrier. Le NON ne veut pas dire accepter la question telle qu’elle est posée par SYRIZA ; le contenu de notre propre NON est lié à la lutte de classe contre le capital et notamment contre l’UE capitaliste. En outre, NON ne signifie pas un alignement avec SYRIZA, ni l’alignement de la gauche avec SYRIZA.
L’ESE d’Athènes, appelle le mouvement ouvrier à mettre en avant ses intérêts et à provoquer une rupture dans la normalité du système, en votant NON dimanche prochain. Mais il est de la responsabilité de la classe ouvrière de ne peut pas permettre que ça soit un NON fictif ; ce NON doit signifier des luttes, de la résistance à nos endroits de travail, de la participation aux collectifs ouvriers anti-hierachiques contre le syndicalisme bureaucratique et officiel vendu.

A partir de ce dimanche, le seul chemin c’est la lutte et l’organisation :
– aucune confiance dans la coalition gouvernementale de SYRIZA-ANEL ; aucune délégation.
– la lutte aux mains des travailleurs ; pas de recul.
– résistance au terrorisme et aux chantages des patrons.
– en avant pour des grèves et des manifestations.

Renforçons le syndicalisme combatif auto-organisé, afin de reprendre tout ce qui a été perdu, afin de prendre tout ce qui doit être gagné. Renforçons les syndicats de base et l’anarcho-syndicalisme.

« Qui vote et ne prépare pas la révolution sociale est nuisible pour nous, de même que celui qui s’abstient des élections et ne prépare pas la révolution sociale. »
Bouanaventoura Durruti

Union Libertaire Syndicale (ESE) – Athènes

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Texte du Groupe Anarchiste Kath’odon (Athènes)

Après une longue période de négociations avec ses autres partenaires européens, la coalition de SYRIZA-ANEL a décidé de recourir à un référendum. Ceci est bien sûr une question très importante qui concerne directement notre vie et aura un impact très direct sur elle. Le gouvernement fait un choix de démocratie directe, s’adressant à l’ensemble de la société. Il s’agit d’un choix politique honnête, éthique et démocratique, car une décision aussi importante doit être prise par l’ensemble des gens qui vivent en territoire grec. Soutenir le « NON » créera des conditions pour le développement d’un mouvement radical et contribuera à améliorer les conditions de vie de notre classe. Correct ? Pas du tout !

Référendum de démocratie directe ?

En ce qui concerne le « référendum » et ses liens avec la démocratie directe ; qui pose la question à laquelle la réponse est « oui ou non », pose à la fois le cadre de la discussion (et donc le cadre de la décision) et aussi le cadre de la gestion politique du résultat. Les questions qui sont posées par « ceux d’en haut » n’ont rien à voir avec tout processus de démocratie directe. Par exemple, si c’était à nous de poser la question, on dirait : « voulez vous que les patrons nous exploitent, oui ou non ? Voulez vous que l’État nous impose des impôts pour financer les banques, les capitalistes et son mécanisme bureaucratique, oui ou non ? Voulez-vous quelqu’un d’autre à part nous décide pour nos vies, oui ou non ? » Il s’agit donc des questions qui priorisent nos propres besoins et désirs et ne contribuent pas à la création d’un ensemble nationaliste et interclassiste qui doit se prononcer sur le « salut de la patrie » et contre les méchants « spéculateurs étrangers et les impérialistes. » Il s’agit des questions qui ne font pas la promotion du capitalisme et de l’étatisme en tant que « route à sens unique »…

Un processus relève de la démocratie directe lorsque ceux qui y participent le font de manière cohérente et égalitaire afin d’autogérer leur vie, et non pas quand un gouvernement décide de temps à autre de « consulter le peuple » à ses propres fins. La démocratie directe n’a pas de sens si elle est déconnectée de la liberté, de l’égalité et de la solidarité, si elle est déconnectée du communisme libertaire et de l’anarchie. Les réponses en commun du patronat et des esclaves salariés, des dirigeants et des dominés, à une question posée par le gouvernement, nous rappelle les réponses en commun des loups et des moutons sur le repas du soir.

Quant aux résultats du référendum,

Quand le gouvernement nous demande si nous préférons son mémorandum ou celui de ses créanciers, toute réponse de la part de notre classe (la classe des exploités et des opprimés) se retournera contre nous. Via ce référendum, le gouvernement qui a été élu il y a 5 mois, veut rendre notre classe complice des nouvelles mesures qui seront prises contre elle, complice de décisions que le gouvernement prendra le lendemain, quelles qu’elles soient. Cette responsabilité partagée sera un obstacle à la création d’un mouvement radical qui peut contester les choix des dominants. Quant au résultat du référendum, le gouvernement l’utilisera soit pour négocier avec ses partenaires et obtenir en même temps un consensus social (en vue d’un « accord mauvais mais nécessaire »), soit pour se déresponsabiliser d’une sortie éventuelle de l’Union Monétaire (Euro). En tout cas, notre classe continuera à subir les conséquences de cette restructuration capitaliste et étatique. Une participation au référendum signifie l’acceptation de notre côté de ce fait.

En ce qui concerne la différence entre les deux options définies par le gouvernement ; le OUI signifie la pleine acceptation de la politique capitaliste des mémorandums. Le NON signifie la légitimation sociale du gouvernement grec afin qu’il continue à négocier avec les créancier de l’Etat grec pour décider combien de milliards seront économisés par les mesures qui s’imposeront à notre classes. Pour décider donc d’accepter une politique d’austérité légèrement différente.

Quel que soit le résultat du référendum, ses effets affecteront notre classe. Un nouveau mémorandum, venant de l’Europe ou de la gauche, l’exploitation et l’oppression seront intensifiées. Tant qu’il y a l’État et le capitalisme, avec l’euro ou avec la drachme, l’appauvrissement de notre classe continuera et une très petite partie de la société continuera à décider à notre place et à exercer son autorité.

En ce qui nous concerne,

Nous refusons par principe de participer à toute procédure électorale et de répondre à un dilemme imposé par l’État, parce que pour nous cette procédure légitime le pouvoir et reproduit de faux espoirs quant à une meilleure gestion de l’État ; d’un État dont l’existence ne fait que perpétuer, reproduire et créer des divisions. L’attitude de Syriza ces derniers cinq mois envers le peu de mouvements, a de nouveau confirmé que l’État continue à fonctionner même si le gestionnaire change, même si le gestionnaire est de gauche et progressif. Au même titre que le neo-liberalisme, la social-démocratie (qui est préconisé par Syriza en théorie) est hostile envers les mouvements qu’elle ne contrôle pas, en essayant de les intégrer lorsqu’elle ne les réprime pas directement.

Donc, qu’on n’essaye pas de nous convaincre que la participation au référendum et le NON « fier et national » proposé par Syriza, peuvent modifier les conditions de lutte de classe à notre profit ou peuvent contribuer à la construction d’un mouvement radical. Ceux qui choisissent de ramper « pour des raisons tactiques » derrière des dilemmes imposé par l’État, en soutenant directement ou indirectement le NON, soutiennent directement la capitulation sans condition de notre classe aux mémorandums de gauche.

Ceci dit, on n’ignore que au sein du système capitaliste il y a des conflits internes et que la victoire éventuelle du OUI aidera à l’avancée du totalitarisme moderne (sous la forme promue par les États européens). Cependant, le soutien (même indirect) à cette partie de dominants qui favorisent une gestion capitaliste alternative de la crise systémique, ne peut en aucun cas créer des conditions pour le développement d’un mouvement social et de classe vraiment radicale et avec une perspective révolutionnaire. Il permet simplement de remplacer le dominant. Qui pense qu’il peut utiliser les armes de l’ennemi de classe en faveur de notre mouvement (ex. le référendum actuel), se trompe. Ceux qui se sont précipités pour voter pour Syriza lors des dernières élections, en ayant cette perspective dans leur esprit, se sont trompés de manière lamentable.

Quant à une éventuelle sortie de la Grèce de l’UE

L’UE est un centre transnational de Pouvoir avec sa propre armée et sa propre monnaie qui tend à devenir un hyper-État fédéré. Les bourgeoisies des États-nations qui composent l’UE n’ont pas toujours des intérêts en commun. Cela se reflète dans tous les conflits en son sein, comme dans le conflit actuel. De même, une partie des capitalistes grecs a intérêt à soutenir le NON au référendum (ce qui explique en partie l’attitude des nazis de l’Aube Dorée), tandis qu’une autre partie (et probablement la plus forte actuellement) a intérêt à soutenir le OUI. il s’agit d’un conflit interne au système qui n’a rien à voir avec nos intérêts de classe et leur promotion. De notre côté, en tant qu’ anarchistes nous sommes contre tout État, qu’il soit national ou transnational et nous luttons pour sa destruction. Nous sommes solidaires avec toute personne de notre classe qui lutte pour la destruction de l’État. Dans ce contexte, nous luttons aussi contre l’UE. Ainsi la question d’être ou pas dans l’UE n’a pas de sens pour nous. Il n’a donc pas beaucoup de sens pour nous la question à l’intérieur ou à l’extérieur de l’UE. Nous cherchons la destruction de l’UE et des appareils étatiques qui la composent, qui comprend l’Etat qui nous opprime le plus directement, l’État grec.

En tant qu’anarchistes nous n’avons jamais adopté une théorie des étapes qui priorise d’abord une lutte de libération nationale et anti-impérialiste et par la suite la révolution socialiste. Par conséquent, la devise « sortons de l’UE » nous est étrangère ; car cela suppose l’existence d’un État-nation (social-démocrate ou ouvrier) souverain qui réalise cette sortie et qui se raccroche au char d’une autre « grande puissance ».

L’ennemi est dans la zone Euro. Et en dehors ?

La monnaie est un instrument de politique économique aux mains d’un État et un paramètre très important pour la plus-value capitaliste. Nous considérons que les dilemmes « euro ou drachme » et « à l’intérieur ou à l’extérieur de l’UE » sont artificiels. Avec l’euro se poursuivra l’exploitation et l’oppression par l’État et par la partie du capital qui a investi sur le territoire grec. Avec la drachme se poursuivra l’exploitation et l’oppression par l’État et par une autre partie des capitalistes, qui a retiré ses capitaux en attendant d’investir dans un pays avec une monnaie dévaluée, en attendant d’acheter à un prix avantageux. Au delà de la monnaie,tant que notre classe refuse de réaliser sa propre force collective, tant qu’elle refuse de se battre contre les patrons et l’État, tant qu’elle refuse de prendre sa vie en mains, tant qu’elle refuse de poser la vraie et unique question, capitalisme et étatisme ou révolution sociale, notre vie continuera à s’appauvrir.

Nous résistons à l’appauvrissement de nos vies, nous nous battons pour une Europe (et tout un monde) sans frontières, sans états, sans capitalisme. Une Europe (et tout un monde) fondée sur la solidarité entre les êtres humains, dans les communes fédérées librement, dans des relations de liberté et d’égalité.

Abstention du référendum.
Posons nos propres questions, donnons nos propres réponses.
Pour la révolution sociale, pour le communisme libertaire, pour l’anarchie.

Groupe Anarchiste Kath’odon (Athènes)

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