Présumés terroristes

Le site de la Quadrature du Net propose une analyse détaillée du projet de loi liberticide dit « anti-terroriste » qui permet en particulier le blocage de sites internet pour peu qu’il soit décidé de leur accoler l’étiquette d’apologie du terrorisme. Je sélectionne ici quelques points.

Passé en procédure accélérée, le projet de loi « anti-terroriste » recourt à une logique d’exception : il faut une réponse exceptionnelle à une violence exceptionnelle. Utiliser ou mettre en scène une crise pour faire passer des mesures autoritaires extraordinaires n’est pas une stratégie politique nouvelle [1] et le « terrorisme » est un levier habituel pour faire passer ces restrictions inhabituelles. Au fil de l’Histoire, l’enjeu principal de la qualification de « terrorisme » a toujours été la défense du monopole de la violence légitime de l’Etat : en qualifiant de « terroriste » toute autre organisation politique violente (« sous-nationale » ou non-étatique), le groupe politique « Etat » revendique sa légitimité à effectuer des interventions violentes pour protéger « sa population ». Efforçons-nous d’abord de saisir l’esprit général de cette loi, avant de nous attacher à ses conséquences pratiques sur les militant-e-s et sur les sites internet contestataires.

L’esprit de la loi

Pour obtenir le consentement de « sa population » aux mesures dites anti-terroristes, le tour de passe-passe consiste à créer des conditions psychologiques particulières : le sentiment d’une menace, d’un danger. Comment ce projet de loi s’y prend-il pour construire une nouvelle figure menaçante du « terroriste » ?


À quoi répond ce projet de loi ?
Ce projet de loi est destiné à lutter contre l’embrigadement dans des « parcours de radicalisation » terroristes. L’objectif affiché est d’empêcher les gens de rejoindre des zones de combat, ou de se radicaliser sur internet. Le gouvernement se défend d’en faire une loi de circonstance, mais se justifie en permanence par les départs de français en Syrie pour rejoindre les groupes djihadistes.
(…) Le projet de loi Terrorisme a une logique générale de contournement du juge, pour laisser à l’administratif (la police) toute liberté d’agir. (…) Contourner le juge, c’est faire une loi pour faciliter (renforcer les pouvoirs de la police) la vie des policiers, avec des risques importants pour les libertés publiques.

Que veut dire « entreprise terroriste individuelle » ?
L’objectif de l’article 5 est de créer une incrimination d’« entreprise terroriste individuelle » afin de faire poursuivre des individus isolés selon les mêmes modalités que des groupes terroristes organisés.
L’article demande qu’un individu regroupe au moins deux infractions parmi une liste, permettant de déterminer qu’il a une volonté de passer à l’acte (terroriste). Parmi ces infractions, la détention de substances dangereuses, le recueil d’informations destinées à passer à l’acte, mais également la consultation de sites provoquant au terrorisme.
Ces conditions sont si « ouvertes » qu’elles permettent à un grand nombre d’activistes, de citoyens désirant comprendre par eux-mêmes les problèmes de radicalisation politique ou terroristes, etc. d’être concernés par cet article. C’est tout l’activisme radical qui est en passe d’être visé par cet article, avec un volet numérique étendant de façon extrêmement large les possibilités d’incrimination.

Ce qui change, c’est donc le passage de l’organisation terroriste à la figure de l’individu terroriste. C’est aussi une extension du domaine de la suspicion : pour qualifier une personne de « terroriste », l’Etat n’a plus besoin de prouver ses liens réels avec d’autres militant-e-s violent-e-s, la consultation de sites suspects pourra suffire… Or, comme le reconnaissent les experts eux-mêmes [2], la frontière entre terrorisme et militantisme radical est très floue. On se souvient par exemple que le sabotage d’une ligne TGV avait été qualifiée de terrorisme lors de l’affaire Tarnac.

Conséquences pour les militant-e-s

Ainsi, le domaine d’application de la loi est très flou [3]et ouvre la possibilité de mesures répressives nouvelles contre les militants radicaux. Derrière la façade médiatique et le concert de trompettes de la « guerre contre le terrorisme », se trouvent un ensemble de dispositions bien concrètes permettant en cas de « présomption de terrorisme » d’interdire la sortie du territoire, ou de perquisitionner à distance les équipements informatiques .


Que font dans ce projet de loi des articles concernant le déchiffrement de données et les perquisitions à distance ?
À la fin du projet de loi Terrorisme, on trouve une série d’articles qui semblent plutôt répondre à des besoins de la police, sans lien exclusif avec le terrorisme et donc sans cohérence réelle avec ce projet de loi. Cela n’empêche pas ces articles d’être eux aussi porteurs de régressions pour nos libertés. Ainsi, l’article 10 et l’article 11 concernent l’ensemble des procédures pénales, pas seulement le terrorisme, et portent atteinte à l’inviolabilité du domicile, de même qu’au secret des sources, en permettant sans autorisation judiciaire spécifique de perquisitionner à distance des équipements informatiques, ou de requérir des personnes pour déchiffrer des données chiffrées.
Introduits à la fin du projet de loi, ces articles vont toujours plus loin dans le contournement du judiciaire, et donc dans le contrôle des activités des services de police. Sous un prétexte affirmé et réaffirmé d’« efficacité », les garde-fous de la justice se retrouvent repoussés au profit d’une justice « administrative » expéditive et sans contre-pouvoirs.


L’interdiction de sortie du territoire est-elle respectueuse des libertés individuelles ?
Dans ce projet de loi, l’article 1 instaure une possibilité d’interdiction de sortie du territoire pour des personnes, majeures ou mineures, sur lesquelles pèse un soupçon de volonté de rejoindre des théâtres de guerre (sont ici visés principalement les départs vers la Turquie en vue de rejoindre la Syrie ou l’Iraq). On part donc d’un motif extrêmement vague, la supposition de départ sur un théâtre de guerre avec supposition de dangerosité au retour, pour restreindre de façon très ferme (interdiction de sortie du territoire et confiscation de la carte d’identité) la liberté de circulation d’individus sur lesquels ne pèsent que des soupçons d’intention terroriste.
Cet article (…) installe (…) une logique globale de profilage, de suivi de « parcours de radicalisation », de croisement de données, de suspicion. En outre, pour déterminer les indices permettant de soupçonner un individu de souhaiter rejoindre un théâtre de guerre laisseront très certainement une grande place au numérique en tant que moyen permettant de décider s’il y a, comme le dit avec beaucoup de flou le texte du projet de loi, « de sérieuses raisons de croire… »

La qualification de terrorisme est laissée à l’appréciation de la DGSI, leur laissant libre cours pour cibler et réprimer des individus radicaux : surveillances, infiltrations, écoutes téléphoniques, sonorisations, captations de données informatiques, interdiction de sortie du territoire, confiscation de la carte d’identité, signalement à Interpol, comparutions immédiates, etc. Pour la destruction d’un engin de chantier dans le Val de Susa, 4 camarades italiens ont été condamné à 20 années de réclusion criminelle en vertu de mesures anti-terroristes similaires. [4] Ce repérage des militant-e-s radicaux passe désormais tout particulièrement par la surveillance des contenus visités sur internet.

Conséquences pour les sites contestataires

Si la DGSI juge un beau jour que ce site fait l’apologie du terrorisme [5], son contenu pourrait être bloqué sans même que nous ayons à nous défendre devant un juge. Cette condamnation de l’apologie est une forme de retour des lois scélérates de 1893. [6]


Pourquoi sortir l’apologie du terrorisme du droit de la presse est-il dangereux ?
La logique du projet de loi est de considérer qu’il y a un «  parcours de radicalisation  » et que l’apologie du terrorisme est assimilable à du terrorisme. En retirant l’apologie du terrorisme du droit de la presse pour l’insérer dans le code pénal au sein de la définition du terrorisme, il y a une relation de causalité directe qui est faite entre un discours et des actes. Considérer qu’un contenu glorifiant le terrorisme est du terrorisme est dangereux car la frontière entre opinion et apologie, information et propagande, est très floue.

Que penser du blocage des sites Internet ?
Le projet de loi veut autoriser les services de police à demander aux fournisseurs d’accès internet de bloquer l’accès à certains sites ou contenus sur le web, pour empêcher les internautes résidents en France d’accéder à des contenus qui feraient l’apologie du terrorisme.

Techniquement, les techniques de blocage sont connues pour être :
- contournables très facilement, par n’importe quel internaute y compris sans connaissances techniques
- en général difficiles à mettre en œuvre sans risque de surblocage

Les spécialistes savent et disent tous que le blocage de contenus est une très mauvaise réponse. Les FAI sont très réticents à le mettre en œuvre. Pour bloquer efficacement l’accès aux contenus sur le web et sans surblocage, il faudrait mettre en œuvre des techniques de surveillance massive des connexions des internautes.
(…) Le deuxième élément important concernant le blocage des sites ou contenus Internet est qu’il est fait par une autorité administrative (policière) sans intervention préalable du juge judiciaire. La censure de la liberté d’information peut-elle être décidée dans l’opacité par des autorités policières sans procédure judiciaire ? (…) il n’y a pas de procédure contradictoire, où l’on pourrait se défendre avant la censure.

De l’aveu-même des experts, les techniques de blocage de sites internet sont impuissantes pour atteindre l’objectif officiel, les grands méchants islamistes. En revanche, nous sommes tou-te-s susceptibles d’être visé-e-s par des mesures intrusives et répressives pour peu que nous ayons consulté un site « suspect ». Agiter l’épouvantail de l’islamisme en Syrie ou en Irak permet ainsi à l’Etat Français de donner un tour de vis sécuritaire qui affecte tout particulièrement internet et les diverses formes de militantisme radical.

P.-S.

La présentation détaillée point par point est à lire sur le site de la Quadrature du Net.

Méditerranée … encore un naufrage !

ide_monde_mortsmigrants Mercredi 10 septembre 2014, une nouvelle embarcation a coulé en Méditerranée. Partie quelques jours plus tôt d’Égypte il y avait à son bord plus de 500 personnes qui voulaient gagner les côtes de l’Europe. 10 personnes ont échappé à la mort. Dimanche 14, un autre bateau a coulé au large des côtes libyennes. En tout près de 700 personnes sont mortes en voulant traverser la méditerranée ces derniers jours, 3000 pour cette année qui n’est pas finie.

Alors politiciens, journalistes et consorts s’enflamment : ils parlent de drame, de l’opération Mare Nostrum qui touche à sa fin, agitent l’épouvantail des passeurs (dont un certain nombre s’en met plein les poches tout en n’ayant rien à carrer de celles et ceux qu’ils font passer), l’OIM (organisation internationale pour les migrations) parle d’un « homicide de masse » et « du naufrage le plus grave de ces dernières années ».

Mais tout le monde semble oublier que c’est toutes les semaines que des personnes meurent en traversant les frontières à travers le monde. Que ce n’est pas “la mafia des passeurs” qui pousse les gens à migrer mais la pauvreté, la guerre, la misère ou l’envie de voyager. Qu’il n’y a pas de visa sauf pour les plus riches. Qu’en 26 ans, plus de 21 000 personnes sont mortes dans le cimetière méditerranéen. Que les uniques responsables sont ceux là même qui parlent d’”homicide” et de “drame“. Que l’OIM est un des acteurs de la politique migratoire des États et de l’Union européenne. Que c’est cette politique de blindage et de militarisation des frontières qui rend les routes de plus en plus longues, le voyage de plus en plus dangereux.

Leurs discours de compassion et d’humanisme ne sont que des discours de façade pour faire croire à tout le monde que les responsables ne sont ni les dirigeants européens ni les militaires qui patrouillent. Que tout est mis en œuvre pour “secourir” les navires en déperdition. Leur solution humanitaire c’est de repousser les embarcations vers les côtes du sud, ou quand ils ne peuvent pas d’accueillir ceux qui arrivent avec des couvertures de survie estampillées croix-rouge et des flics, d’enfermer dans des camps, qu’ils s’appellent centre d’accueil ou centre de rétention, d’expulser et d’exploiter.

Il n’y a pas plus de solution humanitaire que de solution répressive, parce que là n’est pas le problème. Le problème c’est l’existence même des frontières et des nations. C’est le capitalisme et le colonialisme qui asservissent les plus pauvres à travers le monde. C’est les États qui tous oppriment chacun et chacune d’entre-nous.

Paris : OCCUPATION DE L ‘HOTEL LUTETIA

dernier communiqué des occupants !
- 16h : Communiqué des occupants. Appel à soutien : rendez vous en bas ! au 45 bd Raspail M° Sèvres-Babylone.
- 13h : Appel à soutien! La police est arrivée au niveau de la banderole ; les militants sont encerclés sur l’échafaudage au niveau du 6e étage. Rendez vous en bas! au 45 bd Raspail M° Sèvres-Babylone.


L’assemblée des chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papiers, contre l’accord sur l’assurance-chômage occupe depuis ce matin 7h le chantier de l’hôtel Lutetia. Ils appellent à venir les soutenir au 45 bd Raspail, Paris 6e, métro Rennes et Sèvres-Babylone.

Communiqué des occupants du Lutetia à 15h50

Faire entendre la révolte

Nous occupons aujourd’hui l’hôtel de luxe Lutetia en travaux*.
Nous voulions faire une Assemblée Générale avec les travailleurs du chantier.
Nous avions à peine commencé à leur parler de leur conditions d’emploi et des pertes de revenu imposées par la nouvelle convention d’assurance chômage, que la direction les a sommés de sortir. Encore une fois, il s’agit d’empêcher l’information, le dialogue, la possibilité de se regrouper, de se coordonner…
Nous sommes aussi ici pour montrer notre vigilance par rapport aux concertations en cours sur le chômage. Les échos que nous avons des ateliers de ce matin** sont désastreux. Les problèmes sont soit niés, soit esquivés.
Nous exigeons toujours l’accès aux données brutes de l’Unedic, aucune expertise sérieuse ne peut se faire, sans cela. Il est indispensable que de réels ateliers de travail soient organisés pour l’ensemble de l’assurance chômage car le problème est vaste. Or, à ce jour, aucune nouvelle séance n’est prévue.
Plus que jamais nous continuons à exiger l’abrogation de la convention d’assurance chômage et l’ouverture de négociations avec les premiers concernés, sur la base de nos propositions.
Nous serons également vigilants à ce que les travailleurs du chantier Lutetia soient payés, c’est leur droit. La CGT interim, présente lors de l’action, les a informés qu’elle pourra suivre leurs dossiers.
Cette occupation est un blocage économique qui ne s’exerce pas à l’encontre des travailleurs mais évidemment des gros employeurs et aujourd’hui Vinci, qui veulent nous imposer des conditions de travail et de vie inacceptables.
Imposons-leur notre révolte. Un récent rapport de l’Insee démontre l’augmentation de la précarisation des vies.
Soyons nombreux pour refuser de laisser faire, et pour construire de nouveaux droits.

* infos sur www.cip-idf.org

** les ateliers de la concertation étaient : « accès à la protection sociale » et « relation avec les organismes gestionnaires », le troisième « formation professionnelle » a été annulé au dernier moment, sous prétexte de négociations en cours !

Nous, chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papiers, occupons ce jeudi 18 septembre 2014, jour de reprise des concertations de la mission Valls, depuis 7h00, le chantier de l’hôtel Lutetia, 45 bd Raspail, Paris Ve, métro Rennes et Sèvres-Babylone.

Cet hôtel de luxe à été vendu en 2010 au groupe Alrov, appartenant au milliardaire Israélien Alfred Akirov, pour 135 millions d’euros. La gestion est restée aux mains du groupe Concorde Hotels & Resorts, lui-même filiale de la société privée de gestion immobilière Starwood Capital Group, qui gère plus de 9 milliard de biens immobiliers dans le monde.

Nous sommes ici dans une volonté déterminée de recourir au blocage économique pour rappeler que nous n’entendons pas accepter la casse des droits sociaux des chômeurs, précaires, intermittents et intérimaires, aggravée par la mise en place de la convention d’assurance chômage du 22 mars.

Lire la suite du communiqué sur le site de la CIP-IDF : De l’argent il en a pour construire de nouveaux droits 

 

 

 

 

! NON C’EST NON !

viol-c-est-quoi-200

Non c’est non
Petit manuel à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire

En tant que femmes, nous sommes tous les jours les cibles d’interpellations, de harcèlement, d’agressions verbales, physiques ou sexuelles, plus ou moins graves, plus ou moins violentes, au travail, dans l’espace public et privé. Souvent, nous ne savons comment réagir, comment dire non, et comment faire comprendre que lorsque nous disons non, c’est non.
L’autodéfense pour femmes, qui n’a rien à voir avec du kung-fu, ce sont tous les petits et grands moyens de se sentir plus fortes, plus sûres de soi et plus aptes à se protéger et à se défendre dans toutes les situations de la vie quotidienne, que ce soit au niveau mental, emotionnel, verbal ou en dernier recours physique.

brochure téléchargeable sur http://infokiosques.net/lire.php?id_article=643

Anarchist Black Cross Marseille Fest

Samedi 20/09  à 16H : Atelier d’écriture de lettres aux prisonnier.e.s Squat Mazagran – Entrée libre
20H : Concert à La Salle Gueule (8 rue d italite)- prix libre –

The chemist and the Acevities /// anarcho-surf /// Dijon
http://thechemistandtheacevities.bandcamp.com/

Milenrama /// Anarchopunk /// Espagne
http://milenrama.bandcamp.com/music

Compagnie KTA /// Punk à texte /// Marseille
http://kta-cie.e-monsite.com/

Dimanche 21/09

16H : Projection du documentaire « Ivan à la mémoire de notre amie »
Le Molotov – Entrée libre

18H : Débat « Drôle de France » par la compagnie KTA
LaSalle Gueule (8 rue d italite) – Entrée libre

20H : Knocking on vegan’s doors – Repas vegan en soutien à l’ABC.
La Salle Gueule  (8 rue d italite)- prix libre

sans-titre
anarchistblackcross-mars.antifa-net.fr

documentaire sonore

 

Bande Organisée

Paroles contre discours.
Reponse aux chiffres par le nombre. Aux expertises par l’experience. A la schizophrenie par l’unite.
Voix sans visages. Paysage. Loin de ce qu’on voit en images.

Peine Capital.
Laisser faire, laisser passer. Action au Cac 40.
Passer les fers a ces cas mal rentres dans les cases.
Enfermer de cadres en theories dans des categories à l’ecarts

Coup de press’
Vecu brut, prude mais brutal quand il butte sur une voix off et ce qu’elle offre d’officiel.
L’objectivite reste illusion, elle scelle et dilue le son.

Participation necessaire.
Infraction a la loi… du silence. Organisation en bande… avec intention de porter atteinte a l’Etat…
Des choses…

http://www.bandeorganisee.org/

 

[Paris] Un autre texte concernant la mort d’Abdelhak Goradia

calais.34Le jeudi 21 août Mr Abdelhak Goradia est mort dans le fourgon de police qui le conduisait de la prison pour étrangers de Vincennes vers le vol Air France KLM de 21 h 15 qui devait l’expulser vers l’Algérie. Mr Goradia est mort alors qu’il était entre les mains des policiers de la COTEP (Compagnie transfert escorte et protection) une unité spéciale de la police chargée entre autres d’escorter les personnes expulsées entre le centre de rétention de Vincennes et les aéroports parisiens. Le rapport d’autopsie dit qu’il est mort asphyxié par régurgitation. La famille qui, à la morgue, n’a pu voir le corps d’Abdelhak mais seulement son visage, a remarqué qu’il y avait des traces de coups.

En 2003, deux sans-papiers ont été tués à Roissy par les agents de la Police aux frontières pendant leur expulsion. Ricardo Barrientos, un Argentin de 52 ans et Mariam Getu Hagos un Ethiopien de 24 ans sont morts  tous les deux dans l’avion après que les policiers les ont maintenus pliés en deux en appuyant sur les omoplates pour les empêcher de crier et d’alerter les passagers. En 1991, Arunam Fiva, un demandeur d’asile sri-lankais était mort étouffé après une tentative de reconduite à bord d’un avion à destination de Colombo. Là encore, comme pour Mr Goradia, la police avait parlé d’un malaise cardiaque.

Pour atteindre les 27 000 expulsions annuelles brandies par les divers gouvernements comme des trophées, des dizaines de personnes dites sans papiers sont expulsées chaque jour de France. C’est à dire arrachées de force à la vie qu’elles menaient en France, aux gens qu’elles aiment et connaissent, à leurs habitudes, à tout ce qui fait le quotidien d’un être humain. Nous n’en entendons parler que lorsque quelqu’un meurt ou est gravement blessé mais parmi ces personnes expulsées, nombreuses sont celles qui en plus subissent des violences, notamment lors de ce que l’administration française appelle « l ‘éloignement » ou la « reconduite à la frontière ». De nombreux témoignages trop peu diffusés font d’ailleurs état de ces violences qui de toute façon font partie des méthodes de travail officielles de la police de l’air et des frontières.

Dans un document de 62 pages du ministère de l’intérieur intitulé « Instruction relative à l’éloignement par voie aérienne des étrangers en situation irrégulière »  et destiné aux flics escorteurs de la police de l’air et des frontières il est indiqué que pour exécuter ces mesures, qui résultent de décisions administratives ou judiciaires, conformément à la loi, l’emploi de la force strictement nécessaire sans faire usage de violences inutiles ou de brutalité illégitime ». Les violences et brutalités que l’État estime légitimes y sont abondamment détaillées et illustrées à l’aide de schémas et de photographies «en situation», Parmi les gestes qu’un policier peut faire pour immobiliser une personne expulsée il y a par exemple la «régulation phonique» qui consiste en un étranglement pour «déstabiliser physiquement» la personne, «diminuer sa résistance» et «diminuer ses capacités à crier». Les risques liés à ce geste ne sont pas ignorés et ils sont même listés : «détresse ventilatoire et/ou circulatoire», «défaillance de l’organisme» et «risque vital»…

Concernant Mr Abdelhak Goradia, l ‘État français, par la voix de son ministre de l’intérieur, souhaite “que l’enquête judiciaire permette de faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès dramatique”. Nous voulons bien croire que les policiers de service ce jour là passeront en procès pour « homicide involontaire ». Peut-être ne seront ils pas relaxés comme ceux qui étaient chargés de l’expulsion d’Arunam Fiva. Peut être seront-ils condamnés à de la prison avec sursis comme l’un des trois policiers (les deux autres ont été relaxés) qui escortaient Getu Hagos Mariame. Sans doute leur hiérarchie et l’État français s’en serviront ils comme bouclier pour parler d’éléments qui ont failli, pour mettre en avant un dérapage….ou pas

Mais les responsables de la mort de Mr Goradia ne sont pas uniquement les cinq policiers qui ont monté Abdelhak de force dans un véhicule pour l’emmener à l’aéroport. Les responsables sont aussi tous ceux qui depuis plus de 30 ans, qu’ils se proclament de gauche ou de droite, élaborent et, à l’Assemblée nationale et au sénat, votent des lois qui criminalisent toujours plus les pauvres et les étrangers. Les responsables sont aussi les juges qui dans les tribunaux prononcent des peines spéciales pour les personnes dites étrangères, telles des interdictions du territoire français, confirment des obligations de quitter le territoire français ou des maintiens en rétention. Les responsables se trouvent également aux guichets des préfectures et vérifient pointilleusement si aucun papier si minime soit il ne manque ou si on connaît les paroles de la Marseillaise avant de délivrer un titre de séjour. On pourrait également citer la responsabilité des compagnies aériennes qui acceptent les personnes expulsées et leurs escortes…..

Plus largement, la mort d’Abdelak Goradia est à rapprocher de celles des milliers de personnes qui depuis 20 ans périssent noyées en Méditerranée ou meurt de froid ou d’asphyxie dans des camions ou des trains d’atterrissage pour franchir des frontières que les politiques d’immigration des différents pays de l’union européenne rendent de plus en plus infranchissables.

Pourtant, les « immigrés clandestins » comme les nomment souvent les médias, ne sont pas une « menace » mais le résultat d’une volonté politique des États européens, qu’on appelle « politique migratoire ». La conséquence d’un processus qui commence souvent dans les files d’attente interminables devant les consulats des États européens pour un visa que l’on obtiendra de toute façon pas si on est pauvre. Tout en constituant une réserve de main d’œuvre exploitable au plus haut point, les pays d’Europe et les pays dits riches en général font des étrangers et étrangères les boucs-émissaires de la crise économique et sociale.

A travers les médias, l’État a voulu faire de Mr Goradia, une de ces figures du mal : le sans papier clandestin délinquant. Ne nous y trompons pas, nos ennemis ce ne sont pas celles et ceux qui, par choix ou par force, décident un jour de partir tenter une vie meilleure ailleurs et qui, parfois, sont obligés de se débrouiller pour survivre. Les désigner comme coupables des misères autochtones est une rengaine dont le capitalisme s’est déjà allégrement servie dans les années 30 pour s’assurer que les pauvres se battraient entre eux plutôt que contre leurs vrais ennemis : les riches et les exploiteurs au service desquels œuvrent tous les politiques qui prétendent vouloir nous gouverner.

Face à cette montée du racisme et du fascisme, partout en Europe, des personnes, immigrées ou non, s’organisent pour être solidaires de celles et ceux que l’on désigne comme étant « indésirables ». La chasse aux sans-papiers est présente dans notre vie de tous les jours et que ce soit dans la rue, dans les écoles ou sur leurs lieux de travail, des gens s’y opposent quotidiennement.

Ainsi, le 12 août, Mr Goradia avait fait l’objet d’une première tentative d’expulsion. Le commandant de bord, comme c’est son droit, avait refusé de l’embarquer et avait exigé des policiers de la PAF qu’ils le redescendent. Peut être ce commandant de bord avait il agi de lui-même, peut-être avait-il été alerté par des passagers ou passagères protestant contre la présence contrainte et forcée d’Abdelhak. En tout cas, parfois, des gens, qui sont à la fin des 45 jours de rétention, échappent ainsi à l’expulsion. Cela n’a malheureusement pas été le cas d’Abdelhak Goradia qui a lui subi un véritable acharnement puisqu’en une semaine il a subi 2 tentatives d’expulsion. La 2e lui a été fatale avant même qu’il ne soit monté dans l’avion et puisse bénéficier d’un minimum de solidarité de la part des personnes à bord à l’appareil… Cette solidarité que les expulseurs comme les exploiteurs craignent tant et qui fait si chaud au cœur de nombre d’entre nous, qu’ils ou elles aient ou non des papiers.

Arrêt des expulsions, fermeture des centres de rétention, liberté de circulation et d”installation pour toutes et tous

Émission libre débat sur la lutte des sans papiers « Lampedusa-Berlin » et sur l’occupation de l’école Gerhart Hauptmann

Un lien vers l’excellente Emission-LibreDebat du 03 09 2014 sur le mouvement de réfugiés  « Lampedusa Berlin » et sur l’occupation et l’expulsion de l’école Gerhart Hauptmann dans le quartier de Kreuzberg à Berlin :

http://www.radiogalere.org/node/6082

Un lien également vers un article du blog sans papiers ni frontières qui traite également de ce sujet là : http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2014/06/30/berlin-suite-a-lexpulsion-de-lecole-gerhart-hauptmann/

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Solidarité Palestine Marseille avec le soutien des « Amis de Richard Martin » présente « Rencontre avec Samah Jabr & Salah Hamouri »

Vendredi 19 septembre 2014 de 18h à 21h au Théâtre Toursky

anwal-8949d SAMAH JABR, psychiatre et pédopsychiatre de Jérusalem-Est :
Dommages invisibles en Palestine et conséquences de la guerre et de la vie sous occupation sur la santé mentale.

SALAH HAMOURI, ancien prisonnier politique palestinien, aujourd’hui étudiant en droit et militant de l’Addameer (association d’aide aux prisonniers politiques et à leurs familles) : La vie dans les geôles israéliennes et les conditions de détention des adultes et des enfants, l’impact sur les familles.

Présentation par Pierre Stambul, UJFP (Union Juive Française pour la Paix)

Entrée gratuite, PAF libre

Théâtre Toursky – 16, promenade Léo Ferré 13003, Marseille
En métro : station « National » 7 mns de marche ensuite
En bus n° 89 Auphan/Vaillant
En voiture : le Toursky se trouve dans le quartier de St Mauront ; Il est fléché à l’angle du Bd National et de la rue Félix Pyat.
(Le fluobus ramène les spectateurs au Centre Bourse).

Nouvelles stratégies policières et vieilles rengaines sécuritaires à Marseille

jeudi 11 septembre 2014 MARSEILLE 19 h librairie Transit 45 Bd de la Libération,

Débat introduit par Kevin Vacher à partir d’une recherche sociologique réalisée de septembre 2013 à juin 2014.

Suite aux crimes liés aux réseaux de trafics de drogues qui ont endeuillés nos quartiers ces dernières années ainsi qu’au changement de gouvernement, les pouvoirs publics ont mis en place à Marseille, plus précisément sur 80 cités, une réorientation des politiques sécuritaires baptisée « approche globale ».

Consistant en l’organisation d’une (quasi) permanence de la présence policière et en la coopération des pouvoirs publics avec (certains) acteurs associatifs et sociaux, cette politique, bien plus qu’un changement radical de stratégie, consiste en un renforcement et une remise en cohérence d’expériences policières déjà menées auparavant.

Ce travail de recherche sociologique a cherché, à travers l’étude monographique des dispositifs mis en oeuvre, à comprendre le fonctionnement de ceux-ci et leurs effets sur l’activité régulière de la cité. Ainsi, l’étude de cette « approche globale », qui est une déclinaison locale de la mise en oeuvre des « Zones de Sécurité Prioritaires » lancée à l’été 2012 par Manuel Valls, alors Ministre de l’Intérieur, nous informe sur la transformation du contrôle et de la régulation sociale des quartiers populaires concernés partout en France.
P.-S.
Librairie Transit, 45 Bd de la Libération, 13001
04 13 04 02 60 / 06 83 55 96 66
transit.librairie@gmail.com / http://transit.librairie.over-blog.com/

Jeudi 11 septembre Équitable café 19h30 Rencontre-débat avec Olivier Leberquier et plusieurs salariés de Fralib

Note des modérateurs : Nous transmettons l’invitation à ce débat sur la lutte des salariés de Fralib à Gémenos, qui nous a paru intéressante. Pour autant, nous pensons que les annonces de « victoire » des salariés sur les géants de l’agroalimentaire sont à prendre avec des pincettes, car l’autogestion de la production dans le système capitaliste ne peut être considérée comme une émancipation des travailleurs.

Olivier Leberquier délégué syndical CGT de Fralib et ses camarades ont mené la lutte victorieuse et témoigneront de leur expérience.

Trois ans et demi de face à face entre les salariés de l’usine « Éléphant » de Gémenos et la multinationale Unilever. C’est une victoire de grande portée sur le géant de l’agroalimentaire.
Cette lutte exemplaire est un immense succès et démontre pour tous les travailleurs que rien n’est jamais joué d’avance.
Cette victoire doit servir d’exemple à tous les travailleurs et inspirer tous ceux qui se battent contre les délocalisations.

Vous pourrez intervenir, débattre, questionner, échanger, partager …

Équitable Café, 54 Cours Julien, 13006

Ni Ukrainien, ni Russe ! – Développons notre propre camp, le troisième camp, celui de la révolution sociale !

Nous invitons les lecteurs de MIA à découvrir un autre article de décryptage de la situation en Ukraine dont nous transmettons ici le lien : http://www.tantquil.net/2014/05/27/quelques-elements-sur-la-situation-en-ukraine/ guernica3Ni Ukrainien, ni Russe ! – Développons notre propre camp, le troisième camp, celui de la révolution sociale !  par TŘÍDNÍ VÁLKA – GUERRE DE CLASSE

Lorsque nous avons écrit il y a quelques mois dans notre texte « Préparatifs de guerre entre l’Ukraine et la Russie – Show ou réalité ? » [37] que les conditions d’une nouvelle guerre mûrissaient en Ukraine, beaucoup de camarades ont exprimé des doutes ou même des désaccords avec une telle affirmation catégorique. Maintenant nous pouvons affirmer que le conflit en Ukraine a clairement permuté de la phase « froide » à la phase « chaude » et que ce à quoi nous assistons actuellement dans l’est du pays, c’est la guerre sous toutes ses définitions. De Lougansk à la frontière avec la Russie jusque Marioupol sur la côte de la mer Noire, ce sont deux forces militaires qui se mesurent dans des affrontements quotidiens en essayant d’étendre la zone sous leur contrôle, ils se battent au sol ainsi que dans les airs, à la campagne ainsi que dans les centres industriels, l’artillerie fait pleuvoir des obus sur des villages, l’aviation bombarde des villes (sous le prétexte que leurs ennemis utilisent les habitants comme boucliers humains), des hommes, des femmes, des enfants meurent sous les bombes et les missiles… En quatre mois de conflit armé, plus de 2.000 civils et militaires sont morts et 6.000 autres ont été blessés ; 117.000 prolétaires ont été déplacés dans le pays et 730.000 autres ont trouvé refuge en Russie. Au moment de boucler cet article, les cadavres jonchent les rues de Donetsk, pris dans l’étau de l’offensive gouvernementale.

Dans le même texte, nous avons aussi écrit que la seule réponse du prolétariat à la guerre, c’est d’organiser et de développer le défaitisme révolutionnaire, c.-à-d. de refuser dans la pratique de rejoindre l’un ou l’autre camp, mais au contraire d’établir des liens entre prolétaires des deux côtés du conflit à travers la lutte contre les deux bourgeoisies. Et même sur ce terrain, les choses se sont développées, notre texte mérite dès lors (trois mois après sa publication) un post-scriptum.

Ce texte est basé sur des informations puisées à différentes sources (que nous citons en notes), des blogs militants comme des média officiels. Cette courte description des événements en Ukraine nous a demandé des heures d’un travail prudent, de collecte d’informations, de lecture de textes, de vision de vidéos, de comparaison de différentes données, etc. Nous voudrions souligner deux choses : primo, le fait que les événements que nous décrivons ici ne furent pas couverts par France Télévision ou Euronews ne signifie pas qu’ils n’ont pas eu lieu, que nous les ayons inventés (diverses sources gauchistes mais aussi les média ukrainiens et russes les ont décrits). Secundo, il est clair que les informations que nous avons obtenues d’Ukraine sont chaotiques, incomplètes et parfois contradictoires. Cependant, cela ne signifie pas que nous devrions abandonner notre tentative de saisir ce qui se passe là-bas. Nous sommes persuadés que nous devons opposer aux informations sélectives de l’État la position critique et radicale du mouvement anticapitaliste ; nous devons développer et partager les informations et les analyses qui comprennent le monde à travers le prisme de la perspective de le révolutionner.

***L’idéologie guerrière (qu’elle soit basée sur la défense d’un état national uni ou sur le droit à l’autodétermination des sympathisants pro-russes) plonge ses racines en Ukraine, les organisations de la société civile organisent des campagnes de collecte de fonds pour supporter l’armée, les popes bénissent les armes d’un camp ou de l’autre, et la télévision diffuse des scènes de babouchkas qui fournissent aux hommes armés leur dernier pot de compote. Tous les prolétaires cependant ne se soumettent pas au lavage de cerveau de la propagande guerrière provenant de l’un ou de l’autre camp, pas tous ne veulent se sacrifier « pour leur patrie ». Des expressions du refus pratique des massacres guerriers apparaissent toujours plus fréquemment et les deux camps du conflit ont de grandes difficultés pour recruter de nouveaux effectifs pour leur massacre mutuel.

Des milliers de soldats de l’armée ukrainienne, que le gouvernement a envoyé dans les soi-disant opérations antiterroristes dans l’est du pays, ont déserté ou changé de camp avec tout leur matériel, y compris des tanks et des véhicules blindés. A titre d’exemple, la 25ème brigade aéroportée ukrainienne (troupe d’élite par excellence), dont les hommes sont accusés « d’avoir fait preuve de lâcheté » lors des combats à Kramatorsk, sera dissoute sur instruction présidentielle le 17 avril après avoir fait part de son refus de « combattre d’autres Ukrainiens » [38] Tout récemment, ce sont 400 soldats d’une même unité qui ont déserté et se sont réfugiés du côté russe de la frontière après s’être retrouvés sous un feu nourri et sans munitions. Ces soldats qui seront, comme la Russie l’a déjà annoncé, extradés vers le territoire ukrainien, ont déclaré qu’ils préfèrent être accusés de désertion plutôt que de continuer à tuer et être tués sur le front oriental. Tous ces déserteurs déclarent qu’ils ne veulent pas se battre contre « leur propre peuple » et ils dénoncent aussi leurs conditions de vie désespérées auxquelles ils doivent faire face dans l’armée – solde minable, nourriture dégueulasse, ou même manque de nourriture, etc. D’autres unités n’ont même pas été déployées dans l’est pour leur manque de fiabilité. De la même façon que le précédent président Ianoukovitch ne put les utiliser pour réprimer les manifestants, pas plus l’actuel gouvernement n’ose envoyer au combat des troupes connues pour leur loyauté minimale.

Environ un millier de soldats d’unités de la région de Volhynia se sont mutinés à Mykolayiv le 29 mai. Les soldats du 3ème bataillon de la 51ème brigade ont refusé d’être envoyés au front, ils ont refusé les ordres de leurs supérieurs et ils ont commencé à décharger leurs équipements lourds et d’autres matériels déjà prêts pour le transport. Après que leur unité ait subit de lourdes pertes lors d’une confrontation avec les séparatistes près du village de Volnovakha, on leur avait promis de retourner dans leur casernement permanent à Rivne. Au lieu de cela, ils furent déplacés de l’est vers le sud, puis retour à la case départ, de telle sorte qu’on put finalement leur annoncer qu’ils vont continuer leur entrainement avant d’être renvoyés au front. « Ayant perdu toute confiance dans leurs généraux à la lumière des derniers événements à Volnovakha et durant les funérailles à Rivne, ainsi qu’à cause de la trahison de leurs généraux, les soldats ont entamé une rébellion ouverte. » [39]

Le 2ème bataillon de la 51ème brigade, qui se trouvait dans la caserne de Rivne au même moment et qui fut le témoin des funérailles des soldats du 3ème bataillon tués dans la fusillade de Volnovakha ainsi que de la direction chaotique et mensongère des opérations, ce bataillon se mutina également. « Les généraux nous disaient ‘allez au nord’ puis ‘allez au sud’ au point que les soldats sont prêts à leur tirer dessus. Les généraux ont commencé à porter des gilets pare-balles de peur des fragging ! » [40] Environ 1.200 soldats ont participé à la mutinerie, ils ont refusé d’être transférés à Mykolayiv. « Ils nous ont promis, lorsqu’ils nous ont mobilisé, que nous garderions la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie. Nous sommes prêts à le faire, mais pas à foncer sur ces clowns du Donbass. » [41]

Une rébellion semblable a aussi éclaté à Poltava.

Quatre jours plus tôt, après que six soldats originaires de la région de Volhynia ne soient tués, des mères, des femmes et des parents de soldats de la 51ème brigade ont bloqué les routes dans la région de Volhinya pour protester contre la poursuite du déploiement de l’unité dans le Donbass. [42]

Des manifestations et des protestations organisées par des femmes et d’autres parents de conscrits demandant le retour à la maison des soldats ou essayant de bloquer leur départ au front se sont étendues pendant ce temps à autres régions de l’Ukraine (Bucovine, Lviv, Kherson, Melitopol, Volhynia, etc.). Les familles des soldats bloquaient les routes avec des arbres abattus dans la région de Lviv au début de juin. [43] Une manifestation de parents a bloqué l’entrée du bureau de recrutement militaire à Lviv quelques jours plus tard. [44] A Iavorivo (région de Lviv), des membres d’une famille ont occupé un terrain d’exercice de la 24ème brigade mécanisée et ils ont exigé la suppression du départ vers la ligne de front. [45] Des manifestations de parents à Dnipropetrovsk et Kharkov ont exigé le retour des soldats dans les casernes de leurs régions natales. [46] Des femmes de Kharkov ont occupé l’aéroport militaire local. Le bureau de recrutement militaire local à Kherson a été occupé par des mères et des femmes de soldats. Elles ont appelé à la fin de la guerre avec des slogans comme : « Femmes contre la guerre », « Où les fils des oligarques font-ils leur service ? » ou « Nos enfants ne sont pas de la chair à canon ». [47] A Tchernivtsi, des femmes ont bloqué l’autoroute vers Jitomir pour plusieurs jours et elles ont réclamé le retour à la maison des soldats. [48] Le 24 juin, des parents ont établi un barrage au kilomètre 125 de l’autoroute Kiev–Tchop, ils portaient des bannières disant : « Ramenez nos enfants, envoyez à l’est les enfants de généraux. » [49] Le 8 juin, un groupe de 100 parents de soldats ont bloqué les troupes de la 3033ème unité militaire basée à Melitopol, dans la région de Zaporojie. La protestation a réussi à empêcher les soldats d’être envoyés au front. Les parents impliqués dans le mouvement de contestation ont aussi protesté contre la propagande étatique qui les décrit comme des « séparatistes prorusses » : « Hier les nouvelles ont dit que ‘des séparatistes prorusses ont organisé un blocus de l’unité militaire’. Mais il n’y avait aucune mention de la Russie à la porte d’entrée de l’unité militaire ! Nous ne voulons juste pas perdre nos soutiens de famille. (…). Donetsk est un massacre, et nos enfants ont 20-21 ans. (…) Vous nous voyez, nous sommes des mères ! Comment pouvez-vous nous appeler des séparatistes ? », déclarait une des participantes. [50] Des mères et des femmes de soldats ont protesté contre leur envoi au front en face de la base militaire de Ternopil le 15 juillet. [51]

Et ce n’est pas la première fois que les familles de soldats s’affrontent à une action militaire. Pendant la période dont le résultat fut finalement la chute du précédent président Ianoukovitch, des parents et d’autres personnes ont organisé des réunions devant les casernes, ils ont discuté avec les soldats afin de leur apporter des informations sur ce qui se passait vraiment dans les rues et pour les persuader de refuser de participer à une répression potentielle contre les manifestants.

Pendant ce temps, de nouveaux hommes continuent d’être enrôlés dans l’armée. Même s’ils doivent être recrutés sur la base d’une carte militaire obligatoire, le gouvernement les fait passer pour des volontaires. « Nous ne sommes pas des volontaires (…) nous ne voulons pas tuer des gens (…) nous n’irons pas n’importe où, nous enlèverons nos uniformes et nous rentrerons chez nous », ont proclamé des conscrits lors d’un rassemblement de protestation à Lviv. [52]

Après l’entrée en vigueur du décret présidentiel de Porochenko à propos de la troisième vague de mobilisation dans les forces militaires le 24 juillet, dont la conséquence est l’envoi de davantage de milliers de prolétaires au front, des troubles ont éclaté dans différents endroits en Ukraine de l’ouest avec une force accrue : dans le village de Voloka, toute la population a résisté à la conscription de 50 hommes. « Ils ont commencé, qu’ils résolvent eux-mêmes (leurs problèmes). Nous mourrons mais nous ne donnerons pas nos enfants. Ils doivent le comprendre et ne pas venir ici avec leurs ordres de mobilisation », déclarent un vieux manifestant. [53] Des parents de soldats ont bloqué une route près du village de Korovia le 25 juillet exigeant la fin de la mobilisation et que les fils des autorités publiques soient envoyés au front à leur place. [54] Le même jour, une route dans le district d’Oboukhivs’kyi, près de Kiev, fut également bloquée par des familles de soldats. Les blocages continuaient de plus belle le 28 juillet dans au moins sept villages dans la région de la Bucovine et l’autoroute Kiev-Tchop fut également bloquée, une fois de plus. Lors d’une manifestation anti-guerre en face d’un bureau de recrutement à Novoselytsa, des protestataires ont molesté un membre du conseil municipal qui essayait de leur parler. [55] Des habitants de plusieurs villages de la région d’Ivano-Frankivsk sont entrés de force dans les bureaux de l’administration militaire locale le 22 juillet et ont allumé un feu de joie avec les ordres de mobilisation et d’autres documents concernant la mobilisation. La même chose eu lieu le même jour à Bogorodchany. [56] Dans différent villages, les gens ont massivement brûlé leurs documents de conscription distribués par la poste. [57] A Moukatchevo, en Transcarpathie, la situation s’est aggravée à tel point que le commandement militaire local qui s’inquiétait de la continuation des protestations a, pour l’instant, suspendu la mobilisation et a promis qu’aucun des habitants du coin ne sera envoyé au front dans un futur proche. [58] D’autres mobilisations militantes contre la guerre ont encore eu lieu dans la région de Zaporojie le 4 août ainsi que devant le parlement à Kiev le lendemain. [59]

Kiev qui ne peut actuellement compter qu’à peine sur son armée régulière dépend par conséquent des armées privées de quelques oligarques et de la Garde Nationale, une milice de volontaires principalement formée de nationalistes du Pravyi Sektor (Secteur droit) et du parti Svoboda (Liberté) pendant le mouvement de protestation contre Ianoukovitch. Les nouvelles unités de la Garde Nationale ne sont pas spécialement formées pour les actions militaires, mais principalement pour réprimer les protestations de masse et les émeutes, comme cela a été révélé lors de leur parade à Kiev à la fin de juin. D’ailleurs, des centaines de fascistes de l’Assemblée National-socialiste et les Patriotes Ukrainiens avaient déjà attaqué en juin une manifestation contre l’opération anti-terroriste qui avait lieu à Kiev.

Néanmoins, les membres de la Garde Nationale ne sont pas non plus en dehors des contradictions qui secouent les deux camps. Radio Europe Libre a récemment publié une vidéo [60] qui montre un soldat de la Garde Nationale qui reproche au gouvernement de n’être pas capable de fournir assez de nourriture, d’eau et d’armes aux volontaires : « Nous sommes utilisés comme de la chair à canon » affirme-t-il. Les conditions matérielles rattrapent ici même ceux qui pensent qu’ils sont idéologiquement au-dessus d’elles.

Des mercenaires provenant du monde entier se battent aussi dans le camp de Kiev, ils ont été embauchés pour le gouvernement par des agences privées (il s’agirait de troupes mercenaires de Pologne, de la République tchèque, de l’ex-Yougoslavie, mais aussi de la région d’Afrique équatoriale).

Le recrutement de nouveaux combattants n’avance pas selon le souhait des seigneurs de guerre locaux, et dans le camp des séparatistes non plus. La majorité des mineurs de la région du Donbass refuse toujours de rejoindre leur camp. Au lieu de cela, ils forment des unités d’autodéfense qui se positionnent contre les séparatistes et les troupes du gouvernement. Une de ces unités s’est affrontée aux séparatistes et les a empêchés de faire sauter une mine dans le village de Makiivka. A Krasnodon, dans la région de Lougansk, les mineurs ont organisé en mai une grève générale et ils ont pris le contrôle de la ville. Ils ont ouvertement refusé de se joindre tant au camp des séparatistes « anti-Maïdan » à Lougansk que le camp des oligarques du Maïdan à Kiev, et ils ont plutôt exigé l’augmentation de leurs salaires ainsi que l’arrêt de l’embauche de main-d’œuvre pour la mine par des agences privées. [61]

Les mineurs de six mines dans le bassin du Donbass ont déclenché une grève à la fin du mois de mai pour demander la fin de l’opération anti-terroriste dans l’est du pays et le retrait des troupes. [62] Leur action fut le résultat de leur propre initiative et n’a pas été imposée en aucune façon par des hommes armés de la République Populaire de Donetsk, d’après certains médias. Selon les grévistes, la guerre représente un danger pour l’existence même des mines et provoque le chômage. « Le lundi 26 mai, lorsque l’armée ukrainienne a commencé le bombardement des villes, les mineurs ne sont tout simplement pas retournés au boulot, parce que le ‘facteur externe’ des hostilités, ayant lieu presque au pas de leur porte, a sérieusement augmenté le risque d’accidents du travail dans leur entreprise. Par exemple, si jamais une bombe avait frappé la sous-station électrique, les mineurs auraient été pris au piège sous terre, ce qui aurait inévitablement signifié pour eux la mort. » [63] La grève fut déclenchée par quelque 150 mineurs de la mine Oktiabrski et elle s’est étendue comme une réaction en chaîne à d’autres fosses de Donetsk (Skochinskiy, Abakumov, « Trudovskaya », etc.), mais aussi à des mines d’autres villes, en particulier Ougledar (« Yuzhnodonbasskaya n°3 »). Dans les mines dont le propriétaire est Rinat Achmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine et qui possède un empire industriel contrôlant économiquement presque toute la partie orientale du pays, les travailleurs ont été forcés de continuer à travailler, ils ont continué à descendre dans la fosse, malgré le bombardement du voisinage proche. A l’initiative des mineurs de la mine Oktiabrski également (et à nouveau sans aucun soutien de la République Populaire de Donetsk), une manifestation anti-guerre de plusieurs milliers de participants a été organisée le 28 mai. [64] Le 18 juin, plusieurs milliers de mineurs ont à nouveau manifesté dans le centre de Donetsk pour la fin immédiate des opérations militaires. Les participants ont fait valoir qu’ils ne sont pas séparatistes, mais des gens ordinaires du Donbass. Ils ont également déclaré que si le gouvernement de Kiev ne répondait pas à leurs revendications, ils prendraient les armes.

Les séparatistes ainsi que les oligarques locaux pro-Kiev tentent de manipuler et d’interpréter ces assemblées chaotiques et contradictoires en fonction de leurs propres intérêts. Rinat Achmetov, l’oligarque de Donetsk, a donc organisé sa propre « grève » pour l’Ukraine unie, les séparatistes pour leur part essayent de faire passer les manifestations de mineurs comme une expression d’une position pro-russe des travailleurs du Donbass.

Malgré les consignes nationalistes ou séparatistes qui apparaissent dans les manifestations de mineurs, les travailleurs ne sont pas très désireux de rejoindre la Milice Populaire du Donbass. Un des commandants séparatistes, Igor Girkin, s’est récemment plaint en public de ce que les populations locales prennent les armes de son arsenal, mais au lieu de se mettre au service des milices séparatistes, ils les ramènent chez eux pour protéger leurs familles et leurs villages contre les deux camps du conflit. [65] Les séparatistes continuent donc de compter sur les gangs criminels locaux qui (après avoir été payés) leur ont permis de prendre le contrôle de bâtiments publics, de postes de police, de dépôts d’armes, de grandes artères et de moyens de communication dans la région de Donetsk et de Lougansk. La majorité des forces séparatistes est néanmoins faite de mercenaires provenant de l’autre côté de la frontière (russe), en particulier les anciens combattants des guerres en Tchétchénie.

Si le mouvement anti-guerre réel, le mouvement du défaitisme révolutionnaire, veut réussir, il doit devenir non seulement massif et généralisé, mais il doit aussi s’organiser, se structurer. Nous n’avons que peu d’informations sur les structures organisationnelles du mouvement en Ukraine. Nous pouvons conclure à l’existence de certaines structures à partir des événements eux-mêmes (des manifestations ou des grèves répétées de plusieurs milliers de personnes ne peuvent pas être le résultat d’une explosion spontanée de colère, de la même façon que les protestations des parents de soldats, comme nous les avons décrites ci-dessus, exigent un certain niveau de coordination, une collaboration organisée sur le plan du contenu et de la pratique), l’existence d’autres structures formelles ou informelles est confirmée par des informations incomplètes que nous avons obtenues sur le terrain. Certaines associations déjà existantes se sont transformées en cadres de centralisation des activités anti-guerre – par exemple la Communauté des parents de la région de Donetsk « Kroha » [66], qui a publié un appel à la population le 10 juin, tout limité, contradictoire et pacifiste qu’il puisse être : « Nous, les parents de la région de Donetsk, en appelons à vous, politiciens, personnalités publiques et personnes intéressées. Aidez-nous à sauver les gens de Slaviansk, Krasnyi Liman, Kramatorsk, arrêtez les opérations militaires. Nous avons besoin de votre aide pour faire comprendre la vérité sur ce qui se passe dans ces villes. Depuis plusieurs semaines, les gens vivent sous les tirs d’artillerie incessants. Les civils meurent constamment. Certains enfants ont été blessés, la mort de trois enfants est confirmée. Des maisons, des hôpitaux, des crèches et des écoles sont en train de s’effondrer. Les gens, y compris des enfants, vivent dans un état permanent de stress, en se cachant dans les sous-sols pendant plusieurs heures des attaques qui ne s’arrêtent presque jamais. (…) Nous demandons votre aide pour sauver la vie de ces personnes et pour l’arrêt des actions militaires. » [67] Une autre association, les Mères du Donbass, affirme dans sa déclaration : « Nous voulons juste vivre ! Nous, des gens ordinaires : maris et femmes, parents et enfants, frères et sœurs. Nous, des civils pacifiques, nous sommes les otages du conflit dans notre région, les victimes des affrontements militaires. Nous sommes fatigués de la peur et aspirons à la paix. Nous voulons vivre dans nos maisons, marcher dans les rues de nos villes, travailler dans les entreprises et organisations de notre région, et cultiver notre terre. (…) Nous, les mères du Donbass, nous insistons pour que soit mis un terme immédiat à l’opération anti-terroriste et aux actions militaires dans notre région ! (…) Nous sommes sûres que le conflit dans notre pays peut être résolu pacifiquement ! Arrêtez la guerre ! Évitez le décès des enfants ! Sauvez le peuple du Donbass ! » [68] La Voix d’Odessa a organisé une manifestation contre la guerre le 13 juillet à Odessa. Les participants criaient des slogans comme « Nous sommes contre la guerre ! », « Arrêtez l’opération antiterroriste à l’Est ! » ou « Nous voulons la paix ! » Pendant cette flash-mob, d’effrayants enregistrements audio de tirs d’artillerie et d’impact sur des civils étaient diffusés. [69] A Kharkov, des associations anti-guerre locales (entre autre le Mouvement des Femmes de Kharkov « Kharkivianka ») ont organisé le 20 juin une manifestation en face de l’usine de chars VA Malyshev. Cette usine a reçu une commande de 400 véhicules blindés pour être envoyés au front. Les manifestants ont exigé l’annulation de la commande et ont scandé des slogans comme « Non à la guerre » ou « Arrêtez le massacre insensé ! » [70]

Pendant ce temps, la situation économique et sociale dans toute l’Ukraine s’empire. La dévaluation de la monnaie locale, l’augmentation des prix des produits de base, des transports et des services ainsi que la réduction de la production dans de nombreuses entreprises conduisent à une forte baisse des salaires réels estimés entre 30 et 50% de perte. Le gouvernement de Kiev, sous la pression des institutions financières internationales, doit adopter une série de mesures d’austérité qui va encore aggraver les conditions de vie du prolétariat, et dans le même temps, il prépare la plus grande vague de privatisation depuis 20 ans. Le gouvernement central a cessé depuis mai le paiement des salaires des employés de l’État, des prestations sociales et des pensions dans les territoires qui ne sont pas sous son contrôle, des milliers de travailleurs sont donc sans revenus. La situation dans les régions où des opérations militaires ont lieu est encore pire – les fournitures d’électricité et d’eau sont interrompues, les médicaments et la nourriture sont rares.

Des troubles sociaux précipités par cette situation apparaissent depuis un certain temps. Outre les grèves de mineurs dans la partie orientale du pays, les prolétaires dans les régions de l’ouest commencent aussi à en avoir assez. Les mineurs de Krivoy Rog ont entamé une grève illimitée générale en mai exigeant le doublement de leurs salaires. Ils ont commencé à organiser des milices armées d’autodéfense. Dans leur déclaration adressée aux travailleurs de toute l’Europe, ils décrivent les oligarques russes et ukrainiens, dans quelque camp qu’ils soient (séparatiste ou celui de Kiev), comme la raison principale de la crise : « Nous nous adressons à vous en vous demandant de soutenir notre lutte contre les oligarques, qui ont provoqué la crise actuelle en Ukraine et qui continuent à la déstabiliser davantage, menaçant de provoquer une guerre fratricide en Ukraine qui sans aucun doute aura des conséquences catastrophiques pour toute l’Europe. » [71]

Plusieurs manifestations pour « des conditions de vie décentes », contre l’augmentation des prix et pour l’augmentation des salaires et des pensions ont eu lieu dans différentes villes dans tout le pays. (Une série d’actions contre l’augmentation des prix des logements et des tarifs des services publics ont eu lieu à Kiev à la fin de juin et en juillet. Le 1er juillet, une manifestation contre l’augmentation des prix s’est déroulée à Kharkov. La plus importante protestation pour le moment a eu lieu à Kiev le 24 juillet avec des slogans comme « Réduisez les revenus des oligarques, pas ceux du peuple » et « Ne volez pas les citoyens ordinaires ».) [72]

Début août, le dernier carré de résistants qui continuaient d’occuper la place Maïdan à Kiev (« parce que rien n’a changé ! ») est attaqué par deux bataillons de la Garde Nationale dans le but de les évacuer. Ils agissent sur ordre du nouveau maire de Kiev, Vitali Klitchko, ce qui démontre une fois de plus que la parole d’un politicien bourgeois (en début d’année, il avait demandé aux occupants de ne pas évacuer la place « tant qu’aucun véritable changement n’ait lieu en Ukraine ») n’engage que ceux qui y croient… De violents affrontements ont néanmoins éclaté lors de l’évacuation, ce dont la presse bourgeoise internationale s’est une fois de plus bien abstenu d’évoquer, tant il est vrai que le gouvernement de Kiev est l’allié occidental et « l’horreur ultime » ne peut être incarnée que par les séparatistes de l’est et la Russie.

La République Populaire de Donetsk tente de restreindre le mouvement des mineurs qui se soucient plus de leurs intérêts matériels que de toute idéologie, tout en jonglant entre les revendications des grévistes à qui on avait promis la nationalisation des complexes industriels et les intérêts des oligarques à qui on avait promis l’inviolabilité de la propriété privée.

Le mouvement anti-guerre, même s’il est pour le moment limité tant dans l’espace que dans le contenu, les grèves et manifestations ouvrières organisées non pas pour une idéologie mais pour les intérêts matériels du prolétariat dans les deux camps, tout cela confirme ce que nous écrivions dans notre texte précédent : « (…) le déclenchement de la guerre impérialiste (…) ne signifie pas nécessairement l’écrasement définitif du prolétariat. En effet, historiquement, si la guerre signifie dans le premier temps un relatif écrasement, elle peut ensuite dialectiquement déterminer une reprise des luttes d’autant plus forte qu’elle à mis à nu les contradictions et la brutalité immanente au système capitaliste. »

Malgré çà, il nous est arrivé à plusieurs reprises de tomber sur de soi-disant « révolutionnaires » qui défendent l’opération anti-terroriste, parce qu’ils croient que cela permettra un retour à la lutte de classe « normale ». Malgré çà, nous pouvons lire (même si de manière fragmentaire et contradictoire) des nouvelles à propos d’« anarchistes » actifs dans des structures administratives des séparatistes, parce qu’ils les considèrent comme un moindre mal en comparaison avec le gouvernement de Kiev.

Nous ne soutenons en aucune façon la guerre et ses atrocités et nous sommes conscients que tout conflit militaire signifie l’aggravation des conditions de vie des prolétaires. Cependant, en tant que communistes, nous ne pouvons pas adopter la thèse selon laquelle nous pourrions éviter un conflit militaire en soutenant l’un ou l’autre camp guerrier. Le prolétariat n’a aucun intérêt à préserver les conditions actuelles ou antérieures de sa misère. Le prolétariat n’a pas de patrie à défendre. Le camp du prolétariat dans toute guerre, c’est l’action unie et intransigeante des prolétaires des deux camps qui se font concurrence contre les deux camps guerriers de la bourgeoisie.

La lutte contre la guerre signifie le défaitisme révolutionnaire ! Front prolétarien révolutionnaire contre la bourgeoisie des deux camps guerriers !

Affrontons la guerre par l’action directe, le sabotage, la grève générale, radicale et combative !

Solidarité de classe avec les défaitistes révolutionnaires de tous les camps !

* Août 2014 *

http://www.autistici.org/tridnivalka/

P.-S.

Une erreur technique fait que les notes paraissent deux fois : de 1 à 36 et les mêmes de 37 à 72…
Le premier appel correspond aux notes 1 et 37, le deuxième aux notes 2 et 38, etc.

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Notes

[4Idem.

[5Idem.

[9Idem.

[10Idem.

[18Idem.

[21Idem.

[40Idem.

[41Idem.

[45Idem.

[46Idem.

[54Idem.

[57Idem.

Réunion pour un mouvement contre les radiations et la fermeture des guichets de la CAF

Oyé Oyé c’est la rentrée, la nôtre et celle des mesures d’austérités qui nous pendent au nez : fermetures des guichets CAF (dont nous avons eu un avant goût avant l’été), radiations à tout va, réforme de l’assurance chômage, traque des « fraudeurs »…
Dans la continuité des balbutiements du mouvement de précaire de fin mai-juin et de cet été, nous voudrions lancer un mouvement contre les radiations et la fermeture des guichets de la CAF et plus largement un mouvement de chômeurs et précaires qui se mobilise contre les offensives qui nous sont faites.

Nous appelons à une réunion le vendredi 12 septembre à 18h à Mille Bâbords…

Venez nombreux pour mettre votre grain de sel !onafainfrpetit