Voici un texte extrait de l’émission de radio Basse Intensité du 26 décembre 2007 et une brochure intitulée « Les insurrection au Kurdistan pendant la première guerre du Golfe » rééditée en avril 2012, qui reviennent sur l’histoire récente de cette région permettent de mieux cerner les enjeux du conflit actuel … Continuer la lecture
Archives de catégorie : Ailleurs
Pourquoi Etat Islamique (l’EI) a attaqué Kobanê ?
Hakkı Yükselen (l’auteur) est militant du Parti de la Démocratie Ouvrière (IDP) de la Turquie. L’IDP est un parti politique que défense le droit d’autodétermination du peuple kurde et il est solidaire avec ses luttes.
Il n’y a pas une réponse simple à cette question. Si nous ignorons les raisons stratégiques, politiques et « divines » les plus profondes, l’explication pourrait être la suivante : pour unir les différentes zones dominées par l’EI en capturant la région de Rojava (Kurdistan Occidental en Kurde, le Kurdistan de la Syrie), qui constitue une discontinuité physique entre ces zones – les secteurs et les villes dans le nord ; pour arriver à Alep, le centre économique de la Syrie, depuis le nord après la capture de Kobanê à partir d’Afrin, situé plus à l’ouest.
Malville – Sivens : Rien n’a changé depuis un 31 juillet 1977
Des luttes contre la construction de centrales nucléaires dans les années soixante dix aux morts réguliers dans les quartiers, tombés sous les balles de la police, la police nationale Française n’en est pas à son premier assassinat. On peut même dire que le meurtre est une habitude chez les flics et la violence d’État, une tradition …
Malville – Sivens : Rien n’a changé depuis un 31 juillet 1977
La mort de Rémi Fraisse nous ramène 37 ans en arrière, à ce 31 juillet 1977 ou disparaissait Vital Michalon tué par une grenade offensive. Ce jour là deux autres manifestants furent mutilés : Michel Grandjean qui perd un pied et Mandfred Schultz qui perd une main. À la suite de témoignages publiés par le journal Le Monde d’un manifestant touché par un tir tendu de grenade, le président de la République Valéry Giscard d’Estaing interdira l’usage de ces tirs dans les corps à corps.
À Sivens, dans la nuit du 24 au 25 octobre 2014, Hollande, Valls et Cazeneuve qui se targuent de vouloir faire du socialisme autrement, prouvent qu’ils ne sont, en fait, que les tristes héritiers de Guy Mollet et de Jules Moch et les dignes successeurs des très réactionnaires Valery Giscard d’Estaing, Raymond Barre et Christian Bonnet.
La centrale nucléaire de Creys-Malville est en cours de démantèlement, Peut-être (!) que le barrage de Sivens ne verra pas le jour ? Mais aujourd’hui, quand nous pensons au sort réservé à Michalon et Fraisse, nous ne pouvons pas nous enlever de la tête que pour faire perdurer ce système productiviste , ceux qui ne se projettent pas plus loin qu’au bas de leurs colonnes comptables, sont prêts à entonner l’hymne des fascistes espagnols « Viva la Muerte » le cri de ralliement de tous les fossoyeurs de la vie.
Au moment ou le capitalisme tire sa force de l’industrialisation et des développements technologiques, ces enfoirés n’ont qu’une idée en tête pour pouvoir s’enrichir jusqu’à plus soif, c’est de détruire les fondements naturels qui servent de base à l’évolution.
Vital Michalon et Rémi Fraisse avaient choisi une autre voie, celle de leur faire entendre raison en s’engageant dans cette longue lutte pour notre émancipation.
Sur les chemins de traverse que nous parcourons, nous vous gardons aux fond de nos cœurs.
Rappels utiles par les temps qui courent : quelques conseils pour les manifs
Quelques conseils juridiques en vue des manifestations, interdites ou non.
En cas d’interpellation et violences policières
TEMOIN
– Si vous êtes témoin ou proche d’une personne interpellée, rapprochez-vous des organisateurs de la manif ou de l’équipe légale (si présente) pour signaler l’arrestation en décrivant la personne arrêtée, l’heure et le lieu de son arrestation.
– Si vous êtes témoin de violences policières, prenez des images et notez les lieux et heures des événements puis transmettez-les aux organisateurs : ils peuvent alimenter les procédures juridiques à l’initiative des manifestants ou les plaintes émanant de la police.
VICTIME
– Si vous êtes victime d’une arrestation, vous risquez une plainte policière pour « rébellion » en vous débattant et un « outrage » en vous énervant.
– Lorsque vous êtes interpellés, vous pouvez faire l’objet d’un contrôle d’identité, d’une vérification d’identité qui durera au maximum durant 4h (délai légal), au-delà on doit vous notifier une garde à vue. Celle-ci commence dès l’heure de votre interpellation et dure 24h, renouvelables à 48h.
– Lorsqu’on vous interroge, ne dites rien ou répondez par « je n’ai rien à déclarer », c’est votre droit et on ne peut pas vous pénaliser pour ça : c’est au juge qu’il appartient d’établir votre culpabilité, tout ce que vous direz aux policiers pourra être utilisé contre vous.
– Vous pouvez refuser le prélèvement de votre ADN mais vous risquez alors une condamnation.
– Lorsque la garde à vue est prolongée à 48h, il s’ensuivra :
> une convocation remise par la police pour un procès ultérieur
> une comparution devant le procureur de la République en vue d’une convocation ultérieure à un procès (vous pouvez être retenus jusqu’à 20h au dépôt en attente de comparution)
> une comparution immédiate devant le juge, suivie d’une condamnation dans la foulée.
NOTE : il est conseillé de refuser la comparution immédiate qui fait souvent office de justice expéditive, avec des condamnation lourdes. En cas de refus de comparution, il est possible pour le juge (s’il estime que vous êtes susceptible de ne pas vous représenter) de vous placer en détention préventive. Si vous pouvez justifier d’un domicile et emploi fixes, il y a peu de chances que cela se produise. Vous aurez, si vous refusez la comparution immédiate, plusieurs semaines/mois pour préparer votre défense.
– En garde à vue vous avez le droit à un avocat (commis d’office si vous n’en connaissez pas)
NOTE : un certain nombre d’avocats commis d’office seront de mauvais conseils et vous conseilleront d’accepter la comparution ou d’avouer, ne les écoutez pas aveuglément, ils sont souvent inexpérimentés en matière de pénal ou non sympathisants de votre cause.
Dans la manifestation
GAZ
– Les gaz agissent plus facilement avec l’effort et la panique : restez calmes et ne courrez que s’il y a charge policière à moins de 50m de vous.
– Pour vous protéger des gaz, couvrez vous la bouche avec un foulard imbibé d’eau citronnée et respirez calmement et prévoyez du liquide physiologique pour laver les yeux.
– Ne ramassez pas les palets de gaz à mains nues, ils peuvent occasionner des brûlures sévères.
– Ne ramassez jamais le corps d’une grenade : il peut s’agir d’une grenade à effet explosif.
– Lavez vous au savon en rentrant et mettez vos vêtements au lavage : les gazs ont une persistance de 45 jours et sont résistants à l’eau seule.
TIRS
– En cas d’usage des flashballs, se tenir hors des lignes de vue, les portées sont de 30 à 150m.
IMAGES & CAMERAS
– De nombreuses caméras de vidéosurveillance ont été déployées dans l’espace public, prenez garde à ne rien commettre de répréhensible qui puisse être établi par la vidéosurveillance. L’implantation des caméras dans plusieurs villes françaises a été cartographiée sur le site https://sous-surveillance.net .
– Ne prenez pas d’images qui pourraient servir à établir votre participation à des actes répréhensibles en cas d’arrestation (les téléphones et cartes sim sont facilement analysés par la police).
– Ne publiez pas d’images qui puissent permettre l’identification des auteurs d’actes répréhensibles, quand bien même vous les désapprouveriez, les peines encourues peuvent se révéler lourdes.
– Pensez à effacer les métadonnées (EXIF) inclues dans vos photos avant de les publier en ligne, elles contiennent beaucoup d’informations sur le lieu, l’heure, le type d’appareil employés.
COMMUNICATIONS
– Ne communiquez pas d’informations susceptibles d’être retenues contre vous par téléphone (appel, sms)
– Éteignez votre téléphone si vous pensez risquer une interpellation et retirez la carte sim pour éviter sa saisie.
– Ne publiez rien sur internet sans utilisez TOR ou un VPN, si vous souhaitez rester anonyme.
– Ne dites rien en manifestation qui puisse nuire à un tiers ou à vous-mêmes : un certain nombre de policiers en civil sont susceptibles d’être présents.
– Ne colportez pas des informations non vérifiées, les rumeurs peuvent occasionner des mouvements de panique et des conséquences graves.
VÊTEMENTS & PROTECTIONS
– La dissimulation du visage est condamnable par la loi, débarrassez vous de tout ce qui peut vous incriminer (cagoule, masque, etc.) si vous pensez risquer une fouille ou une interpellation
– Le port de protections spécifiques (gilet pare-balle, masque de ski, bouclier, etc.) peut vous valoir d’être incriminé d’attroupement en vue d’un mouvement armé : attention à ne pas les conserver et à vous en débarrasser dans une bouche d’égout ou autre endroit inaccessible.
FUMIGÈNES
– L’utilisation/le port de feux de bengale et fumigènes peut vous valoir d’être incriminés pour port d’explosifs, attention à ne pas les conserver sur vous en cas de barrage et fouilles policières.
– Faites usage de gants quand vous utilisez des feux de bengale et fumigènes, ils peuvent conserver vos empreintes et ADN et conduire à des condamnation ultérieures.
Lire l’article sur Paris-Luttes.Info ici => http://paris-luttes.info/conseils-juridiques-pour-les
Le guide juridique complet (format PDF) : http://paris-luttes.info/chroot/mediaslibres/ml-paris/ml-paris/public_html/IMG/pdf/kit_juridique.pdf
Du 16 au 19 octobre, chronique d’un weekend de mobilisation en Italie
Jeudi 16 octobre, un appel à la « grève sociale et métropolitaine » avait été lancé lors d’une assemblée au camping No Tav en Val de Suse par les mouvements antagonistes en concertation avec les syndicats de base (c’est-à-dire syndicat de lutte en France). Au-delà du débrayage, l’objectif était surtout de bloquer effectivement la ville ou tout du moins la circulation des marchandises. Cette grève s’inscrit dans un contexte de forte mobilisation des « facchini », c’est-à-dire des travailleurs de la logistique, (déchargeurs, autotransporteurs, livreurs, etc). Ces ouvriers, souvent migrants, subissent des conditions de travail épouvantables, payés moins de 7€/heure, voire pas payés du tout, souvent employés au black, et donc sans garanties, pour un travail pénible, généralement au sein des coopératives dites « rouges », anciennement liées au Parti Communiste Italien et désormais au Parti Démocrate. Toutefois depuis un an ils font de plus en plus entendre leur rage et leur volonté d’être traités avec dignité.
À Turin, le rendez-vous était fixé mercredi soir à 23h. Environ 200 personnes, travailleurs et soutiens, ont tenté pendant toute la nuit de rendre effectif le blocage en arrêtant les camions. La police, présente en force (plus de 300 agents !) et très nerveuse, a chargé les grévistes à plusieurs reprises.
À Pise, une cinquantaine de personnes entre camarades et travailleurs ont bloqué plusieurs camions Ikea pendant environ trois heures. Ensuite, le piquet s’est transformé en manifestation jusqu’à la mairie où il a rejoint étudiants et mouvement d’occupation des maisons. Le cortège s’est en dernier temps dirigé jusqu’à l’aéroport.
À Milan, dès 6h du matin les premiers blocages des camions se mettent en place à la Dielle (où les travailleurs sont mobilisés depuis plusieurs mois) et à la CEVA. Pendant la journée des bombes de peintures sont balancés contre d’autres patrons de la logistique : LEGA COOP et GI group. En parallèle, autoréduction au métro, manifestation des collégiens et petit cortège dans l’université. Dans la banlieue de Bologne, l’inter-port est bloqué pendant toute la journée par les travailleurs de la logistique pendant que les étudiants défilent en ville. Blocages des routes autour de la cité universitaire, bombes de peintures contre l’agence de transports publics qui a récemment augmenté le prix des tickets et autoréduction à la cafète de la fac pour poursuivre la campagne .
À Rome, le piquet devant l’entreprise de livraison SDA est une réussite, 100% d’adhésion. En contemporain, les étudiants occupent un nouvel espace au sein de la cité universitaire. Dans l’après-midi, manifestation jusqu’au parlement avec les occupants de maison, puis blocage du nœud ferroviaire de la gare Tuburtina et autoréduction du métro.
À Padoue, les dépôts DHL et TNT ont été bloqués.
À Treviso, c’est au tour de l’entreprise Bartolini.
À Modène, les manifestants se sont réunis devant l’agence municipale de logement, mais se sont fait charger.
À Parme, l’agence fournissant l’électricité à la ville a été occupée afin d’exiger l’arrêt pendant la période hivernale des coupures d’électricité.
À Cosenza, un bâtiment est occupé pour en faire une résidence universitaire.
À Palerme, manifestation des étudiants et des précaires qui lancent fumigènes et petites monnaies sur le siège du parti démocrate au cri de « voleurs ! ». Cet appel à la grève au niveau national pour le jeudi 16 s’est entrecroisé avec diverses contestations et manifestations organisées sur le territoire vendredi 17 et samedi 18 octobre.
Ainsi à Turin était organisé un sommet des ministres européens du travail, qui devaient se réunir afin trouver une solution à la hausse du chômage des jeunes en Europe. Syndicats de base, étudiants, précaires et réalités antagonistes ont appelé à la mobilisation contre ce « sommet de l’hypocrisie » réunissant la classe dirigeante responsable de la dégradation des conditions de travail. Ils dénonçaient en outre l’énième dépense inutile d’argent public qu’a représenté cette conférence, du fait de l’accueil luxueux réservé aux participants et de la militarisation de la ville. C’est pourquoi, vendredi 17 octobre, sont descendus dans les rues de Turin près de 8000 travailleurs auxquels se sont unis un milliers étudiants, précaires et chômeurs. Arrivés sur la place centrale, Piazza Castello, ces derniers ne se sont pas contentés d’écouter les discours du syndicat : ils ont tenté d’entrer dans la zone protégée pour la conférence, provoquant un immédiat tir de gaz lacrymogènes et diverses tentatives de vider la place. La police a effectué 3 arrestations, tandis que du haut de son parterre le secrétaire général du syndicat de la FIOM prenait en direct ses distances avec ces jeunes trouble-fête. La mobilisation a continué dans la soirée avec une manifestation des étudiants autour de la zone rouge et s’est clôturée avec un dernier cortège regroupant toutes les composantes de la ville le samedi après-midi qui a traversé la ville pour terminer dans le quartier populaire de Porta Palazzo.
À Gênes, 4000 personnes ont défilé samedi 18 octobre dans une ville qui vient de subir une lourde inondation et constate encore les dégâts. Au cri de « l’inondation à Gênes n’est pas une fatalité, mais le fruit de votre avidité », les manifestants ont dénoncé l’évident manque de capacité de gestion des institutions et l’arrivée de l’habituel nuage de chacals de l’urgence. Le mouvement No Tav, était évidemment présent en solidarité. Ces soutiens ont tenu à souligner une énième fois la conséquence du gâchis d’argent public dans des infrastructures inutiles, voire dangereuses, alors que la simple mise en sécurité des territoires habités n’est pas assurée.
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Mort de Rémi Fraisse : Émission de radio Zapzalap
Chères auditrices, chers auditeurs,
Cela fait un peu plus d’une semaine que Rémi Fraisse a été assassiné lors d’une manifestation contre la construction d’un barrage sur la ZAD du Testet, dans le Tarn. Depuis, les manifs s’enchainent partout en France et même au-delà (Barcelone, Turin, Milan, Genève, Lausanne, Bruxelles, Londres, ...) malgré les tentatives de division par les politiciens et leurs relais médiatiques. Et aussi malgré la terreur que
l’Etat tente de mettre en place pour étouffer « l’affaire ».
L’émission de cette semaine revient sur la mort de Rémi Fraisse et sur les mobilisations qui ont suivi.
Vous pouvez la télécharger ou l’écouter en direct sur : http://zapzalap.wordpress.com/
A bon entendeur.
La police assassine… Ni oubli ni pardon !
Depuis plus d’une semaine, des actions et des manifs ont lieu partout en France et ailleurs suite à la mort de Rémi Fraisse qui manifestait contre la construction d’un barrage à Sivens (Tarn). Cette mort survient après de violentes interventions policières répétées contre des opposants à des projets capitalistes.
Pour défendre l’ordre social, l’Etat et sa police utilisent de manière systématique du matériel militaire : grenades offensives, tasers, flashballs, lacrymogènes, etc. qui provoquent de plus en plus souvent des blessures graves et des mutilations, parfois la mort. Dans les quartiers, dans les luttes, en prison et aux frontières la
police tue !
Si l’on parle aujourd’hui d’un mort en manif, il ne faut pas oublier que
la police, la justice et l’Etat mutilent et tuent de manière quasi
quotidienne et plus discrète dans les rues, dans les prisons, aux frontières comme à
Calais. Ce sont toujours les mêmes qui sont visés : habitant-es des quartiers
populaires, précaires, pauvres, personnes en lutte.
Médias et politiques omettent de parler de ces violences policières pour
se focaliser sur quelques dégâts matériels lors des révoltes et
manifestations. Ils tentent ainsi de diviser et de faire oublier les raisons de la
colère alors que la multiplicité des modes d’action fait la force des luttes.
Il faut replacer le meurtre de Rémi dans une histoire longue de la
police apparaît très clairement pour ce qu’elle est : un appareil d’Etat chargé
de maintenir l’ordre économique, politique et social (capitaliste, raciste
et patriarcal) par l’usage de la violence.
Elle est chargée de dominer, bannir et soumettre les couches sociales
qui auraient le plus intérêt à se débarrasser de ce système parce qu’elles
en bénéficient le moins.
De Zyed et Bouna (2005 en Seine Saint-Denis) à Lahoucine Ait Omghar (2013
dans le Pas de Calais) et à Rémi Fraisse (2014)
Nous ne vous oublierons pas __________________________________________________________________________________________________
Il n’y a pas de mauvais résistant !
Dimanche 26 octobre, un jeune manifestant écologiste meurt sous les grenades de la police. Rémi Fraisse luttait à la ZAD (zone à défendre) du Testet dans le Tarn contre la construction d’un barrage géant destiné à subvenir aux besoins d’irrigation de quelques exploitations agricoles intensives. Ce projet est celui d’une agriculture capitaliste qui, dans une continuelle course en avant, tente de trouver des solutions aux
dérèglements climatiques (ici la sécheresse) pour maintenir des profits tout en
sacrifiant des territoires et des populations. Depuis des mois, une résistance
s’organise, elle prend plusieurs formes (occupation, recours au
tribunal, etc) mais doit faire face à des attaques policères toujours plus violentes .
La mort de Rémi n’est pas une bavure mais le résultat d’une guerre de « basse intensité» menée depuis des mois par les pouvoirs politiques concernés. Cette mort a entraîné des mouvements de colère et de protestation un peu partout en France. Les médias et les politiques se sont empressés de crier au loup en désignant les manifestants comme les « violents » tout en reconnaissant dans la même phrase que le manifestant tué était un pacifiste…
Rémi n’était pas là par hasard, il manifestait activement et sans
clivage avec des camarades. La réalité des luttes, c’est qu’il y a de nombreuses
manières de lutter, chacun selon ses moyens et ses colères. À travers
l’utilisation du terme « pacifiste », l’État promeut une façon de s’opposer, plus
légitime à ses yeux car moins susceptible de le mettre en péril, au détriment de
pratiques « violentes », soi-disant irrationnelles. Or l’expérience de ces
dernières années nous montre que ces moyens d’actions ne sont pas
opposés. Ils se complètent et se répondent, et nous avons vu du Val de Suse à
Notre-Dame- des-Landes que réunis, ils sont la condition même de la victoire .
Cette séparation entre bons et mauvais manifestants est là pour diviser et
casser le mouvement, ne soyons pas dupes et restons unis.
Enfin, cette mort nous rappelle la violence d’État qui via sa police/ armée protège ses intérêts économiques et répriment les résistances pour maintenir un ordre social bien défini. Cet assassinat et les mutilations qui ont eu lieu dans d’autres manifestations (oeil crevé nez arraché, etc) mettent le doigt sur la vraie violence. Une violence organisée par de nouvelles armes dites « non-létales » qui pourtant apportent la mort, une violence aussi judiciaire qui tente de broyer individuellement des luttes collectives
par des arrestations arbitraires, des gardes à vue, des comparutions immédiates.
Les vrais agitateurs sont les « forces de l’ordre »
Rémi n’est malheureusement qu’un nouveau nom dans une longue liste de
victimes de la violence d’État . Nous ne maintenons aucune illusion sur
le rôle de la police et de l’armée, ils sont là, comme tant d’autres, pour
maintenir une domination sociale et économique. Cette répression touche
tout le monde et pas seulement un petit milieu dit « radical ».
Dans les quartiers, avec les contrôles au faciès, les arrestations arbitraires, etc ; la police mènent une guerre aux classes populaires, laissées pour compte du système capitaliste et qui tentent de survivre par tous les moyens. Comme le manifestant politique, le « jeune des quartiers » devient un ennemi intérieur. En 2005, deux jeunes, Zyed et Bouna meurt dans un transformateur à Clichy-sous-Bois alors que la police les poursuivait. En 2013, dans le Pas-de-Calais, Lahoucine Ait Omghar est tué de plusieurs
coups de feu car on le soupçonnait d’un vol. La sanction est toujours disproportionnée et ainsi la police tue entre 10 et 15 habitants des quartiers
populaires par an en moyenne .
Au travail, la pression et la répression sont plus diffuses mais des managers à pôle Emploi, la logique reste la même, celle du cadrage d’une force de travail effective ou potentielle qu’il faut discipliner pour qu’elle continue à faire tourner la machine. Et lorsque des luttes sociales contre cette soumission émergent, la police est logiquement appelée à la rescousse. La répression s’abat alors sur des délégués syndicaux comme lors de la grêve de la Poste 92 qui a durée 170 jours ou sur de simples manifestants comme lors des dernières grandes grêves de 2010 pour des motifs de lutte collective : occupation/blocage de voies de communication.
Aux frontières et dans les prisons, la répression est la plus crue. A Calais, les migrants sont chassés dans les rues et enfermés dans le centre de rétention de Coquelles. Ils sont réduits à se cacher dans des « jungles » insalubres et chaque mois, des personnes meurt écrasées ou noyées en tentant de fuir cette pression. Dans les prisons, on entasse et on tabasse.
Qu’est ce que nous réclamons ?
En premier lieu, l’interdiction des armes « non-létales » (flashball, grenades défensives et offensives, etc) qui en fait tuent et mutilent. Cette revendication peut paraître naîve car avec ou sans ces armes, la police tuera toujours mais sur le terrain et pour le rapport de force dans les luttes celapeut avoir son importance. Cela dit, notre objectif n’est pas de réformer la police mais de continuer à la dénoncer et à la combattre.
L’antirépression parle à toutes et tous, c’est une porte d’entrée à une critique plus globale et radicale de notre société. Servons-en nous pour nous rassembler et discuter dans des AG de lutte et construire une solidarité active et un rapport de force concret qui sera le seul à même de faire bouger les choses.
Nous ne serons pas les pions du jeu qu’ils voudraient nous faire jouer. Avoir pour seule perspective de trouver un emploi stable, s’esquinter pour se réconforter dans des divertissements toujours plus abrutissants. Attendre des jours meilleurs et finalement, regarder la catastrophe arriver ? Nos envies ne s’achètent pas. Nos désirs dépassent les horizons auxquels ils nous bornent. Si nous avons des envies de destruction, c’est que nous aimons la vie. S’opposer ici et là à des projets nuisibles (aeroport, barrage,
etc) ou lutter dans les quartiers ou au travail contre la soumission, c’est
mettre un coup d’arrêt à cette logique et construire en chemin d’autres rencontres et
d’autres possibles.
A Lille, à Calais, au Testet comme ailleurs, la répression tue.
Organisons-nous pour la combattre. Nous ne leur ferons pas cadeau de notre silence.
Les sources :
Voir la chronologie de la lutte du Testet sur http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com
Notre-Dame-des-Landes : http://zad.nadir.org/
Lire le témoignage de ce manifestant parisien embarqué lors d’une manifestation parisienne : http://paris-luttes.info/qui-sont-les-agitateurs-de-la
Lire l’interview de Matthieu Rigouste qui contextualise cette violence
d’Etat latente : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1602
http://resistons.lautre.net/
Voir http://grevedespostiersdu92.tumblr.com/
Police nationale et meurtre : une longue tradition de la violence d’État
La lettre qui suit est adressée par Farid El Yamni, frère de Wissam – assassiné par la police le 1er janvier 2012 – à la mère de Rémi Fraisse. Il a voulu qu’elle soit rendue publique, mais elle sera également envoyée dés que possible à l’adresse des parents de Rémi Fraisse.
À l’heure où sur Paris on condamne les manifestations violentes et où on loue les sit-in pacifiques, je vous écris cette lettre.
J’ai perdu mon frère dans des conditions très proches de celles dans lesquelles vous avez perdu votre fils. Mon frère qui prenait tant soin de ma mère nous a quitté, il ne reviendra plus. La perte de mon frère était sur le coup une douleur immense que je ressens à chaque fois que l’État assassine à nouveau./« Là où croît le danger croît aussi ce qui sauve »/ disait quelqu’un. À chaque fois que l’État assassine on a aussi l’opportunité de l’arrêter, de le contraindre à changer et de rendre la dignité perdue à tous les autres.
Par la mort de Rémi se noue beaucoup plus que l’histoire d’une vie, il se noue notre vie à tous, individuellement et collectivement. La criminalisation qui a été opérée est terrible, ça a été la même chose pour nous. J’ai compris plus tard qu’elle était voulue. Je ne voulais qu’une chose, que la Justice fasse la vérité et rende la dignité que méritait mon frère, dans le calme, et que cette histoire profite à tous, à nous les gouvernés pour mieux nous aimer et à la police pour la réconcilier avec la nation. Je pensais que la police ne pouvait accepter dans ses rangs des assassins, je ne la connaissais à l’époque pas assez. Je me trompais. Les quartiers ont brûlé, on a appelé au calme : chaque voiture ou chaque poubelle brûlée était vécue comme une insulte, comme
une épine en plein coeur, une épine sur laquelle on appuyait.
Puis le temps est passé, on nous a promis la vérité, mais on n’a eu que des mensonges, que des fausses promesses, comme tant d’autres avant nous. On nous avait prévenu, mais on n’y croyait pas. François Hollande, lui-même, avait pris ma mère dans ses bras et lui avait promis qu’il nous aiderait à faire la lumière sur la mort de son fils. Sans la justice et la vérité, on vivait le temps qui passait comme une condamnation. Nous étions toujours en prison, à suffoquer et à appeler la Justice à l’aide.
Et puis on a compris que notre cas n’était pas isolé, que tant d’autres familles vivaient et vivent la même chose. Il y a tant d’humiliations et de mutilations commises consciemment par la police et couvertes par la justice, tant !
On a aussi découvert la manière de penser des policiers, ça fait froid dans le dos. Voici un exemple : Mercredi dernier, suite à la manifestation sur Paris, un des policiers m’a dit /« 1-0 »/ devant ses autres collègues au commissariat, qui ricanaient lorsqu’ils me voyaient arborer le tee-shirt /« Urgence Notre Police Assassine »/. Aucun ne l’a
repris, aucun? Des exemples de ce genre, tant de français en vivent quotidiennement, ils n’en peuvent plus de cette police et n’en voient pas le bout.
Je comprends l’appel au calme, on l’a également fait. Comprenez également que de nombreuses personnes ne croient plus en ce système qui donne une impunité de facto à la police. Comprenez que l’on ne peut concevoir la non-violence qu’à condition de supposer que le camp d’en face est capable de se remettre en cause : ils en sont humainement incapables, parce qu’ils considèrent que remettre en cause la police, ce
serait remettre en cause l’État. Depuis 40 ans, la police tue impunément, à répétition. Depuis 40 ans, on assiste à la même démarche pour noyer les meurtres de l’État, malgré les vidéos, les témoins, les évidences. Depuis 40 ans, il y a des sit-in, des manifestations, des livres, des prises de positions d’hommes politiques, des tribunes
adressées au ministre de l’intérieur. Depuis 40 ans, ça ne fonctionne pas.
Voici comment ça se passe : dépêche AFP, mensonge du procureur, enquête de mauvaise qualité et tronquée pour aboutir sur une condamnation ridicule après de nombreuses années, voire à une absence de condamnation. Le pire, c’est que ceux qui vont enterrer l’affaire auront des promotions et ceux qui ont tué nos frères, nos fils ou amis, eux seront traités comme des champions par leurs collègues. Telle est la
réalité que vous vivrez vous aussi.
Manuel Valls dit que les violences sont des insultes à la mémoire de Rémi, mais sachez que Manuel Valls, par son inaction à combattre l’impunité policière, est le premier meurtrier de votre fils. C’est un criminel récidiviste. Il est venu à Clermont-Ferrand une semaine avant le rendu du rapport de contre-autopsie bidon dont il connaissait les
aboutissants, et il n’a parlé de l’affaire que pour mieux condamner les violences de ceux que la mise à mort de mon frère révoltait.
Madame, les gens se battent pour Rémi, pour leur dignité et pour leurs idéaux. Ils se battent pour vous, pour nous tous, pour que la fraternité soit effective. Ceux qui se battent connaissent assez la malveillance de nos gouvernants pour comprendre qu’on tente de nous fait croire que nous sommes dans un État de droit, alors que nous sommes dans un État de devoir. L’État ne respecte pas la loi qu’il demande qu’on respecte. Il se joue de notre corps, de notre confiance, de notre argent et de notre
dignité. Il nous demande d’être à genoux, c’est un impératif catégorique.
Je vous ai écris cette lettre à vous comme à tous ceux qui me liront pour vous faire savoir que je comprends aujourd’hui plus que jamais combien la non violence dans les affaires de crimes d’État a ses limites. La non-violence, par son impuissance, est parfois plus condamnable, plus meurtrière que la violence elle même. Les gens qui nous gouvernent sont malveillants, arrivistes, sadiques et récidivistes. Ils doivent partir par tous les moyens nécessaires.
*Farid El Yamni*, frère de Wissam El Yamni, assassiné par la police le
1er janvier 2012 à Clermont Ferrand.
Communiqué du TESTET à diffuser dans tous les réseaux
Pour l’abandon définitif du projet de barrage à Sivens !
Pour la réappropriation de nos vies et de nos territoires !
Pour le désarmement total des forces de police et de gendarmerie !
Pour l’amnistie complète des inculpé-es de Sivens !
Notre mouvement se renforce et ne se laisse plus diviser entre catégories aussi limitantes et grossières que « bons » ou « mauvais »manifestants, « non-violents » ou « djihadistes verts ».
Notre résistance fait écho en Fance et ailleurs, partout où nos vies n’ont plus de placee dans les logiques mortifères du système marchand. L’Etat s’est enfermé dans cette impasse et n’a su proposer pour dialogue que mépris et répression.
Ne nous laissons plus intimider par leurs tirs et n’hésitons plus à venir protégé-es en manif (lunettes, masques, casques, boucliers…)
Nous sommes déterminés à en finir avec toutes les violences de l’Etat !
Appel à Rassemblement national
Toulouse, place Jean Jaurès
Samedi 8 Novembre 2014, 14h
Le T.E.S.T.E.T. (Tous Ensemble pour Sauver le Testet et Tout le reste)
Ouverture d’un espace autonome de lutte et d’entraide : communiqué de la CLE et besoins en matériel
Ce week-end, la CLE appelait à déferler pour renforcer la campagne. C’était chouette :
concert, discussions, cantine, ateliers ont vu passer entre 150 et 200 personnes. La somme récoltée va permettre de régler en partie les soucis d’électricité au Guantanamo. La balade s’est terminée par la libération d’un nouveau lieu.
Ce deuxième squat prouve l’avancée concrète de la campagne. Ce nouveau bâtiment marque un tournant : il s’agit non seulement d’un lieu d’habitation pour des personnes à la rue, mais aussi du premier espace autonome de lutte et d’entraide à Clermont-Ferrand. Alors que l’hiver débute et que des bâtiments vides pourrissent, la campagne ne peut que s’intensifier et s’enrichir.
Aujourd’hui, la CLE a ouvert deux bâtiments et a tissé des liens avec des personnes venues de Toulouse, de Lyon, de l’Allier, d’Ambert, de Strasbourg… Elle s’est donc tout autant renforcée sur ses échanges et ses rencontres que par l’ouverture de ce nouveau lieu. Ce week-end a démontré la pertinence d’une action autonome et auto-organisée.
Nous vous appelons à venir découvrir ce nouveau lieu et à participer à la réunion d’auto-organisation dimanche 9 novembre à 14 heures. D’ici là, coups de main, matos (liste en pièce jointe) et idées sont les bienvenus.
Avec RAGE et JOIE !
Reprenons en mains nos vi(ll)es.
pour nous contacter cle@riseup.net
un bulletin d’information diffusé sur le site du barrage de Sivens
rivière Tescou, dans la forêt de Sivens, des propos qui seront justement, sans retenue et sans ménagement ».Bonne lecture
5 – Bulletin Sans aucune retenue 4 – Bulletin Sans aucune retenue 3 – Bulletin Sans aucune retenue 2 – Bulletin Sans aucune retenue 1 – Bulletin Sans aucune retenue
[Lutte contre le barrage de Sivens] Nantes, Toulouse, Dijon, Rennes, Paris : un point sur les manifestations, les émeutes, les arrestations et garde-à-vue
Publié les 1er et 2 novembre 2014 dans les Brèves du désordre (http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_) et tiré de la presse fRançaise
Manifestations pour Rémi Fraisse : violences à Toulouse, Nantes, Lilles et Dijon
Six jours après le décès du le militant écologiste, Rémi Fraisse, tué par l’explosion d’une grenade offensive lancée par un gendarme sur le site du barrage de Sivens, plusieurs manifestations « contre les violences policières » se tenaient samedi 1er novembre en France. Des rassemblements étaient notamment prévus à Dijon, à Lille ou encore à Nice.
La manifestation dégénère à Nantes (le Monde) : La manifestation a commencé à dégénérer dans l’artère principale de Nantes, sur le cours des 50-Otages. Les heurts se poursuivaient en début de soirée entre manifestants et forces de l’ordre. Un protestataire a été atteint par un coup de matraque dans la tempe et deux autres ont été atteints aux jambes par des éclats de grenades de désencerclement. Deux membres de forces de l’ordre ont été légèrement blessés selon la préfecture.
Le préfet de la Loire-Atlantique, Henri-Michel Comet, a affirmé en début de soirée que les manifestants avaient « lancé des bouteilles remplies d’acide sur les forces de sécurité ». « Un policier a été blessé par l’une de ces bouteilles », a-t-il précisé. L’agent a été touché à la main, précise une source préfectorale.
Le défilé avait démarré vers 14 h 45, lorsqu’un cortège de plusieurs centaines de personnes est parti de la préfecture, arborant deux banderoles portant « Solidarité contre les violences policières » et « 22 février, 3 yeux perdus. 26 octobre, un mort », en référence à une importante manifestation qui s’était déroulée le 22 février à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Des protestataires avaient le visage masqué et défilaient aux cris de « La police mutile, la police assassine » ou « Flics, porcs, assassins ». Passant devant l’important dispositif policier, ils ont scandé « assassins » et « police nationale, milice du capital ».
De premiers incidents ont été observés après des jets d’objets, dont des œufs et des chaises, en direction des forces de l’ordre. Ces dernières ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes et assourdissantes.
A la suite des violences de lundi dernier, lors d’une précédente manifestation, plusieurs organisations opposées à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont Europe Ecologie-Les Verts (EELV), l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa) et le Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport (Cedpa), principales associations institutionnelles d’opposants, se sont désolidarisées de l’appel à manifester samedi.
Des commerces vandalisés à Toulouse (le Monde) : A Toulouse, où un autre rassemblement se tenait pour la mort de Rémi Fraisse, quelque 1 000 manifestants se sont rassemblés dans le calme en début d’après-midi dans le centre-ville, selon le correspondant du Monde, Philippe Gagnebet. Les alentours de la place du Capitole étaient bouclés par des barrages policiers. La manifestation a ensuite dégénéré et les policiers ont tenté de disperser les manifestants, rapporte notre correspondant.
Sur une grande artère du centre-ville, la devanture d’une agence bancaire a été brisée à la masse, des distributeurs automatiques bancaires vandalisée, des poubelles incendiées. Peu avant 17 heures, quelque 300 manifestants se sont déplacés vers une grande artère du centre, survolée par un hélicoptère des forces de l’ordre. Les CRS ont essuyé des tirs de canettes de bière et de pierres, pendant qu’une partie des commerces fermaient. Aux abords du palais de justice, les forces de l’ordre coursaient différents groupes de jeunes qui incendiaient des poubelles.
Dans le quartier Esquirol, les CRS ont affronté plusieurs dizaines de jeunes gens décidés à en découdre. Au moins six personnes ont été interpellées, a constaté un photographe de l’AFP.
Incidents à Dijon (AFP) : Des vitrines cassées au marteau et de nombreux tags sur les façades du centre-ville : une manifestation contre « les violences policières » et « en mémoire de Rémi Fraisse » mort le 26 octobre sur le site du barrage contesté de Sivens, a dégénéré samedi à Dijon, selon la préfecture.
Environ 250 personnes avaient pris part dès 17H00 à ce rassemblement non déclaré dans la rue principale de la capitale bourguignonne, où une compagnie de CRS avait été déployée. Les manifestants ont ensuite arpenté les rues. Au fil du parcours, un « noyau dur » composé d’une « vingtaine de casseurs » cagoulés a commencé à briser des vitrines de magasins à coups de marteau, protégés des regards par la fumée des très nombreux fumigènes, a relaté à l’AFP la préfecture. Une dizaine de commerces ont été touchés. Des manifestants ont également couvert de tags de nombreuses façades du centre-ville et mis le feu à quelques poubelles. La manifestation s’est ensuite dispersée vers 18h30 sans autre incident. Il n’y a eu aucune interpellation.
Démonstration de force à Lille « contre la violence d’État » (La Voix du Nord) : On les attendait place de la République, à Lille, à partir de 18 heures, ce samedi. Les militants de différents syndicats et mouvements autonomistes, tout de noir vêtus, souhaitant rendre hommage à Rémi Fraisse se sont finalement regroupés place du général de Gaulle, à partir de 14h30. En milieu de journée, le siège du Parti Socialiste à Lille, rue Lyderic, a été attaqué avec des billes d’acier par des manifestants.
Après une heure sur place, le cortège – moins d’une centaine de personnes – s’est soudain mis en branle. À partir de là, l’effet de surprise a compensé le nombre. En pleine heure d’affluence, pétards assourdissants et peinture se sont mis à pleuvoir. Sur la Chambre de commerce et d’industrie, tout comme sur la boutique Orange ou encore l’agence Caisse d’Épargne de la rue Neuve, bondée. Au passage, des badauds ont été aspergés, alors que d’autres tressaillaient ou pressaient le pas au son des détonations. Rue du Molinel, une fusée a également atteint une fenêtre d’appartement avant d’atterrir sur le trottoir.
Le Parti Socialiste en ligne de mire
Les protestataires ont progressé en distribuant des tracts, appelant les passants à « la révolte ». Ils surveillaient également la police, adaptant leur trajet aux différents dispositifs. Le siège du Parti socialiste, rue Lyderic, a été tagué et a reçu des projectiles. Il a également été couvert de l’inscription : « Rémi, ils paieront ! » La police a ramassé des billes d’acier.
Manifestations pour Rémi Fraisse : un point sur la répression et les arrestations
Nantes : Les 21 personnes interpellées samedi à Nantes ont été remises en liberté dimanche et n’ont pas fait l’objet d’une comparution immédiate. Dans la nuit et la matinée de dimanche, 16 ont été remises en liberté. Sur le total de 19, au moins sept ont fait l’objet d’un rappel à la loi, sept seront convoqués devant le tribunal correctionnel pour « outrages », « port d’armes » ou « violences sur policiers ». L’un d’entre eux a accepté de comparaître en « plaider coupable », et trois mineurs seront convoqués devant le juge pour enfants.
Toulouse : sept manifestants déférés, sept toujours en garde à vue.
Dijon : « L’un des casseurs ayant participé aux dégradations lors de la manifestation samedi à Dijon à la mémoire de Rémi Fraisse, l’opposant au barrage de Sivens (Tarn), a été interpellé dans la soirée, a annoncé dimanche la préfecture de Côte-d’Or. Le jeune homme, blessé à la cuisse en brisant une vitrine , était dimanche en garde à vue à l’hôtel de police, a indiqué le préfet de Côte-d’Or Eric Delzant, au cours d’un point-presse. (AFP, 02.11.2014, 12h53 ) »
Rennes : « Deux hommes, notamment soupçonnés d’avoir voulu préparer des actes de dégradations lors de la manifestation de jeudi soir à Rennes, ont été présentés hier au parquet. Au cours de la soirée de jeudi, une manifestation dénonçant la mort du jeune Rémi Fraisse, à Sivens (Tarn) avait été le théâtre de dégradations dans le centre-ville de Rennes. Dans la matinée, les deux hommes, âgés de 21 et 30 ans, avaient été arrêtés en flagrant délit de vol dans un magasin de bricolage. Ils venaient de dérober des gants et des masques de protection contre la fumée. La perquisition menée chez l’un d’eux avait permis aux enquêteurs de découvrir selon le parquet » du matériel susceptible de pouvoir soit permettre de commettre des dégradations soit d’en faciliter la commission » comme une masse (!!!). Ils ont été présentés, samedi matin au parquet de Rennes, à l’issue de leur garde à vue. Tous deux sont poursuivis pour vols en réunion et pour association de malfaiteurs en vue de la commission de destructions et de dégradations. Laissés libres sous contrôle judiciaire, ils seront convoqués le 24 novembre prochain devant le tribunal » (Le Telegramme, 2 novembre 2014).
Paris : 75 interpellations à Stalingrad
A Stalingrad, quelque trois cents manifestants se sont retrouvés vers 15 heures sur la place pour un rassemblement non autorisé, selon notre journaliste sur place Soren Seelow. L’imposant dispositif policier déployé par la Préfecture de police a permis la dispersion des participants vers 17 h 30 sans incident majeur ni débordements. Les forces de l’ordre ont procédé à 75 interpellations en amont du rassemblement, contribuant à expurger le cortège de ses éléments les plus vindicatifs.
Dix-neuf personnes ont été placées en garde à vue : trois pour port d’armes prohibées (marteaux, poings américains ou projectiles), quatorze pour attroupement en vue de commettre des violences et deux pour refus de se soumettre à des vérifications, selon la Préfecture de police de Paris. L’essentiel des gardés à vue appartient à la mouvance contestataire radicale, aux courants anarchiste ou autonome.
Une poignées d’éléments radicaux sont néanmoins parvenus à déjouer les barrages filtrant pour se glisser parmi les dizaines de manifestants pacifistes réunis sur la place. Parmi eux, Martin (le prénom a été modifié), explique qu’il a boudé le sit-in du champs de mars car il le trouve « trop pacifiste ». « Zadiste énervé », comme il se définit lui-même, il ne manifeste pas uniquement à la mémoire de Rémi Fraisse, mais contre « ce qui se passe à Sivens et les violences policières en général ». Profitant d’un mouvement de flottement consécutif à un usage – le seul de la journée – de bombe lacrymogène par les CRS, il sort de son sac une bouteille d’acide chlorhydrique et un bâton de papier d’aluminium. « Tu mets l’alu dans la bouteille, tu refermes bien, tu attends et ça pète », explique-t-il. Il n’aura pas l’occasion de s’en servir.
Burkina Faso : le stupéfiant message de l’aéroport de Ouagadougou
publié le 2 novembre dans la presse officielle fRançaise :
http://lci.tf1.fr/monde/afrique/burkina-le-surprenant-message-de-l-aeroport-de-ouagadougou-8511391.html
Un texte mis en ligne vendredi sur le site de l’aéroport de Ouagadougou invite les voyageurs à ne pas annuler leurs déplacements… en utilisant un ton particulièrement surprenant.Un texte mis en ligne vendredi sur le site de l’aéroport de Ouagadougou invite les voyageurs à ne pas annuler leurs déplacements… en utilisant un ton particulièrement surprenant.
Le message vient-il du directeur de l’aéroport ? d’un employé persuadé d’être limogé ? ou d’un petit plaisantin capable de pirater un site officiel ? On ne connait pas, à cette heure, l’auteur du texte mis en ligne vendredi sur le site de l’aéroport international de Ouagadougou au Burkina Fasso et repéré par Le monde. Un texte qui frappe par son humour irrévérencieux et sa liberté de ton au sujet des événements récents qui secouent le pays.
« Des troubles politiques sont en cours au Burkina-Faso et le dernier dénouement semble être la démission du Président Blaise Compaoré. Un pouvoir militaire dit « de transition » a pris en charge la gestion des affaires courantes (comme cela se fait au Mali, en Côte d’Ivoire, au Niger, en Guinée Conakry, en Guinée-Bissau, etc..). Comme cela se passe habituellement, les directeurs et présidents des différentes institutions publiques ou parapubliques seront prochainement remplacés : des amis et parents de Blaise Compaoré, ces postes seront confiés à des amis et parents du nouveau pouvoir. Ce sera le cas pour la direction de l’aéroport de Ouagadougou », indique le texte publié sous le titre « Programmation aéroport et troubles politiques. »
Des élections auront « peut-être » lieu
« Cela n’affectera en rien la programmation des vols et aucun désagrément ne devrait être subi par les passagers dans les jours à venir », précise encore le message. « Des élections auront peut-être lieu dans les mois qui viennent si le pouvoir de « transition » ne goûte pas trop aux joies du pouvoir. A défaut d’élection dudit « transitionnel », le Burkina Faso verra l’élection d’un ancien ministre puisque les partis dits « d’opposition » sont dirigés pour la plupart par d’ex-ministres de Blaise Compaoré qui ont déjà fait leurs preuves dans la prévarication et l’incurie. Voyageurs et investisseurs au départ et à destination de Ouagadougou n’ont donc pas à s’inquiéter d’un quelconque changement puisque ces anciens ministres ayant déclenché et organisant les troubles actuels sont ceux qui sont aujourd’hui à la table dite « des négociations ». Les Burkinabè de Ouagadougou semblent d’ailleurs enthousiastes à l’idée de confier le pouvoir aux descendants politiques directs de Blaise Compaoré. Les troubles devraient donc rapidement cesser. »
» Il n’est donc recommandé d’aucune manière d’annuler vos voyages vers le Burkina Faso. Certaines compagnies (Air France, Brussels Airlines..) ont suspendu leurs vols d’aujourd’hui. Tout devrait rentrer dans l’ordre d’ici 24h et la plupart des compagnies régionales conservent leur programmation du jour. »
Appel à la mobilisation dans le pays
Dans la capitale, l’opposition et la société civile du Burkina Faso appellent la population à une démonstration de force dimanche pour contester le nouvel homme fort de la transition, le lieutenant – colonel Isaac Zida, adoubé par l’armée. Vingt-quatre heures après la chute et la fuite du président Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans de pouvoir, les hauts gradés de l’armée ont mis fin à leurs dissensions et ont désigné samedi « à l’unanimité » le lieutenant-colonel Zida, 49 ans, numéro deux de la garde présidentielle, comme chef d’un régime de transition, aux dépens de son rival, le chef d’état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré, qui briguait le poste.
Se voulant rassurants pour éviter le spectre d’une junte autoritaire, les militaires ont affirmé que cette transition se ferait de manière démocratique, en concertation avec l’opposition et avec la société civile, tout en restant flous sur les modalités pratiques. Mais l’opposition et la société civile du petit pays sahélien ont refusé catégoriquement une « confiscation » du pouvoir par l’armée et ont appelé à un nouveau rassemblement dimanche à 08h00 heure locale sur la place de la Nation dans la capitale Ouagadougou.
Burkina-Faso : la France doit officiellement lâcher son vieil allié Blaise Compaoré

Arrivé au pouvoir par l’assassinat de Thomas Sankara en 1987, le très françafricain Blaise Compaoré n’entend pas quitter son fauteuil de président-dictateur du Burkina Faso. Après des mois de faux suspens, il a levé le voile le 21 octobre dernier sur sa volonté de réviser la Constitution de 1991, pour que soit supprimée la limitation à deux mandats présidentiels. Il faut dire que le régime est expert en tripatouillage constitutionnel : la limitation du nombre de mandats avait ainsi été supprimée en 1997, pour être réintroduite en 2000, en même temps que l’abandon du septennat au profit du quinquennat, entré en vigueur en 2005. Compaoré trouve ainsi toujours une argutie juridique pour se présenter : en 1991 comme président du Front populaire du Burkina Faso ; en 1998 pour son second septennat ; en 2005 et en 2010 pour son premier puis son second quinquennat, qui arrivera à terme en 2015. D’où la nécessité pour lui, de faire voter ce 30 octobre par les 2/3 des députés burkinabè une loi de révision constitutionnelle puis, en cas d’échec, d’organiser un référendum tout aussi bidon que sa dernière élection présidentielle [1].
La première décennie de son pouvoir est marquée par une série d’assassinats politiques (dont le plus emblématique, celui du journaliste Norbert Zongo en 1998, dont les responsables n’ont toujours pas été inquiétés), et ses 27 ans de règne sont émaillés d’opérations de déstabilisation dans la région. Son clan a notamment soutenu activement les milices de Charles Taylor au Liberia et en Sierra Leone, participé à des trafics de diamants au profit du mouvement rebelle angolais UNITA, abrité plus récemment les « rebelles ivoiriens » emmenés par Guillaume Soro avant qu’ils ne déclenchent la guerre dans leur pays, et joué un rôle trouble vis à vis de certains groupes armés qui ont occupé le nord du Mali à partir de début 2012.
Mais, en pilier régional de la Françafrique, Blaise Compaoré a su redorer son image à l’international, y compris grâce à des alliées au sein du Parti socialiste telles que Ségolène Royal et Elisabeth Guigou [2]. Une relative liberté d’expression et un multipartisme de façade l’ont rendu prétendument fréquentable, tandis que ses soutiens au sein de la Grande Loge Nationale Française (GLNF), à laquelle il appartient, l’Association d’amitié France-Burkina de Guy Penne, ou son hagiographe, Jean Guion, ont redoublé d’efforts pour forger en France et à l’international l’image d’un homme de paix. Il a ainsi été choisi pour être le médiateur de crises politiques au Togo, en Guinée, et même en Côte d’Ivoire et au Mali où il a pourtant soutenu des belligérants. Et, sur fond de crise malienne, il a été reçu à l’Elysée dès le 18 septembre 2012 par un François Hollande déjà soucieux d’enterrer le changement.
Mais au Burkina Faso, les mouvements sociaux n’ont eu de cesse de se structurer et de se renforcer, pour s’opposer au pouvoir à vie auquel prétend Blaise Compaoré. En particulier, après les manifestations contre la vie chère en 2008, une explosion de colère populaire avait menacé le régime en 2011, amenant même Alain Juppé, alors ministre français des Affaires étrangères, à déclarer, en référence à la révolution tunisienne, que le régime burkinabè devrait « [tenir] compte de ce qui se passe ailleurs car les mêmes causes produisent les mêmes effets » [3].
Pure langue de bois, pendant que, à l’instar de ce que Michèle Alliot-Marie avait proposé pour sauver le pouvoir de Ben Ali en Tunisie, les autorités françaises ont poursuivi leur coopération pour le « maintien de l’ordre » avec Ouagadougou. On apprenait ainsi qu’en 2011, la France disposait toujours sur place de « 9 militaires de l’Armée de Terre, la plupart détachés auprès des Forces Armées Nationales », et octroyait une aide directe sur le volet militaire (dépenses d’équipement et d’infrastructure, formation des cadres) d’environ 1,2 million € par an, sous la houlette de la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense [4]. Une aide fournie sous l’habillage d’un maintien de l’ordre nécessaire au processus démocratique, mais en réalité indispensable au régime pour mater d’éventuels mouvements populaires. L’année dernière, l’hebdomadaire Jeune Afrique expliquait ainsi comment, du fait de tensions croissantes liées au projet de révision constitutionnelle, le gouvernement burkinabè, aidé par la France et les Etats-Unis, avait investi 15,2 millions d’euros « pour réorganiser et équiper la police » et qu’ « une unité de force spéciale [était] en cours de création avec le soutien du Raid français » [5].
Le régime avait vu juste : depuis le début de l’année, plusieurs manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, jusqu’au mois de septembre. Depuis cette semaine, et l’officialisation de ce projet de tripatouillage constitutionnel, la contestation se cristallise, avec une première manifestation rassemblant le 28 octobre des centaines de milliers de burkinabè déterminés à s’y opposer, et la promesses d’actions de blocage et de désobéissance civile dans les prochains jours. La colère est sur le point d’exploser, et une répression violente est à craindre. Après avoir soutenu Blaise Compaoré dans son putsch de 1987 et durant ses 27 ans de règne, les autorités françaises, qui ont fait du Burkina Faso un des maillons de leur « lutte contre le terrorisme » au Sahel, en installant à Ouagadougou la principale base des forces spéciales et en intégrant le pays dans la zone d’intervention de l’opération « Barkhane », ont donc une responsabilité particulière dans ce qui va se passer dans les prochaines semaines.
L’association Survie exhorte donc le gouvernement français à dénoncer publiquement ce projet de révision constitutionnelle, sans équivoque [6], et à cesser toute coopération policière et militaire avec le régime.
[1] Les chiffres officiels faisaient état d’un score de 80 % des suffrages exprimés… mais avec seulement 1,5 millions de voix dans un pays qui compte 16 millions d’habitants.
[2] L’actuelle ministre de l’Ecologieavait ainsi déclaré, lors d’une visite à Ouagadougou en 2011 : « Le Burkina peut compter sur moi dans sa volonté de redorer son image à l’étranger ». Elisabeth Guigou avait pour sa part félicité Compaoré, suite à son audition par la Commission des Afffaires étrangères de l’Assemblée nationale en juin 2013, le gratifiant en ces termes : « Ces applaudissements (…) témoignent de notre gratitude pour le rôle que vous jouez et pour la vision que vous avez du développement de votre pays et du continent africain »
[3] Audition d’Alain Juppé devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, à Paris le 4 mai 2011. Texte disponoble sur http://discours.vie-publique.fr/not…
[4] Voir le site de l’ambassade de France au Burkina Faso (http://www.ambafrance-bf.org/Panora… ). Le site du ministère de la Défense indique qu’en 2009, cette coopération s’était « appuyée sur 12 coopérants militaires et un budget de 3 M€ » (http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/do… )
[6] Les déclarations alambiquées du porte-parole du Quai d’Orsay se référençant à la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance de l’Union Africaine, ne sauraient être considérées comme une condamnation (http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/v… ).
Après l’interdiction des manifs pour Gaza, leur procès
Publié le 1er novembre 2014 sur le site http://paris-luttes.info/manifs-interdites-la-solidarite
Compte rendu de procès récents contre les « organisateurs » des manifs parisiennes de soutien au peuple palestinien qui avaient été interdites, et quelques participant·e·s qui avaient osé y participer.
Après avoir tenté de diaboliser cet été le mouvement de solidarité avec la population de Gaza en interdisant certaines manifestations.
Criminaliser la solidarité avec le peuple palestinien, c’était déjà le but de la circulaire d’Alliot Marie. Les militants-tes de la campagne BDS sont régulièrement poursuivis, tout comme un certain nombre de militants-tes ayant participé aux manifestations interdites.
Il, elles étaient convoqués-es au tribunal de grande instance le mercredi 29 octobre, tandis qu’Alain Pojolat avait été convoqué une semaine auparavant pour avoir déclaré à la préfecture ces manifestations… interdites par la suite…
Procès du 22 octobre contre Alain Pojolat, « l’organisateur »
Les médias aux ordres donnaient le ton : François Bazin, du Nouvel Observateur, rejoignait le vol noir des corbeaux.
À l’initiative de l’Association France-Palestine solidarité (AFPS), du Parti de gauche (PG), de Solidaires, de l’union départementale CGT 75 et du NPA, un rassemblement unitaire pour dénoncer cette criminalisation était appelé place Saint-Michel à 8h30, au moment où Alain Pojolat était convoqué au tribunal.
Plusieurs dizaines de personnes se rassembleront et les prises de parole se succéderont avant la dispersion.
L’argumentaire développé par Alain Pojolat et son défenseur : le vide du dossier, sa responsabilité en tant que personne ayant déposé la manifestation s’arrêtait à devoir prévenir de l’interdiction, le maintien ou non de ces manifestations étant une décision collective, et A.P n’ayant pas le pouvoir à lui seul faire descendre les manifestants-tes dans la rue.
Il n’y a aucune preuve d’un appel personnel à manifester, comme le souligne son avocat ; Il aurait été compréhensible de poursuivre le NPA en tant que personne morale mais, ajoute-t-il, c’est compliqué de poursuivre une organisation politique. Il concluait :
« Evidemment il doit être relaxé sauf à estimer qu’organiser une manifestation pro-palestinienne est un délit en soi. Evidemment il s’agit de remettre en cause la solidarité avec les palestiniens ».
Alain Pojolat obtenait la relaxe.
Mais à peine relaxé des poursuites engagées, le parquet, triste émanation du ministère faisait appel de cette décision, faisant fi du mouvement de solidarité national et international, l’Etat Rançais étant le seul a avoir interdit ces manifestations.
Procès du 29 octobre : des participantes
Les deux jeunes et Johan sont passées au bout de deux heures d’attente. Motif de comparution pour les deux jeunes femmes : appel à une manif par distribution de tracts. Pour la troisième, appel à une manif interdite à l’aide d’un mégaphone.
Le procureur demande une amende de 300 à 500 € d’amende.
Argumentaire de la défense :
il est rarissime de poursuivre en France des participants à une manif interdite ;
dans tous les pays d’Europe aucune manif de solidarité avec la Palestine n’a été interdite sauf en France ;
relaxe la semaine passée du prétendu organisateur des manifs interdites.
on ne poursuit pas les partis politiques ou organisations qui ont fait appel à ces manifs mais seulement trois militants de base ;
dans le dossier la police leur demande de se déplacer, puis les ordres sont donnés de les arrêter ;
au moment de leur arrestation le Conseil d’État n’avait pas confirmé l’interdiction ;
à 15h plusieurs milliers de personnes se réunissaient sur la place de la République = rassemblement toléré !
les trois militants de la cause palestinienne n’appartiennent à aucun parti ;
le dossier est vide.
la distribution de tracts n’est pas un délit. Et le tract en question n’est même pas dans le dossier ;
c’est un procès politique qu’on vous impose (parquet). Si la justice était vraiment indépendante, elle devrait relaxer ces trois militants ;
elle n’a même pas eu le courage de poursuivre les partis et organisation organisateurs. Elle préfère s’attaquer à trois militants pris au hasard.
ce sont toujours les militants de gauche ou d’extrême gauche qui sont incriminés. Par exemple, les militants anti-avortement qui se rassemblent régulièrement ne sont jamais arrêtés…
Le verdict : sera rendu le 10 décembre…
- Paris, 26 juillet 2014, manifestation interdite devenu rassemblement toléré mais des dizaines d’interpellation dans les couloirs du métro et à la sortie de la station République
Pour Fatma (détentrice d’une petite bombe lacrimo « de meuf » au moment d’une vérification d’identité dans le métro principalement les personnes coiffés de keffieh qui se rendaient à la manif), ça a mal commencé : avocate absente, prise de bec avec la juge, Fatma quitte la salle en qualifiant la juge (« juge de merde »). Résultat elle est passée à… 21h40… avec obligation de présenter des excuses. Entre temps, Jean-Louis Chalanset, l’avocat d’Alain Pojolat, avait accepté de la défendre.
Motif de comparution : avoir en sa possession une bombe de gaz lacrimo, c’est-à-dire, pour la loi, une arme de type D2 non déclarée.
Argumentaire de la défense :
La plupart du temps la police est tolérante avec ce port « d’arme » surtout chez une femme. Là contexte particulier : c’est le 26 juillet ! et elle porte un keffieh !
port de cette bombe lacrimo justifiée par sa vie perso.
Délibération et réponse… à 22h30 : 150€ d’amende, ce qu’avait demandé le proc. (-20% si elle paie dans le premier mois ! )
On a les chefs qu’on mérite. A propos du mouvement des intermittents du spectacle à Avignon en juillet 2014…
Des camarades ayant participé au mouvement des intermittents du spectacle ont fait parvenir à DDT21 l’article suivant dans lequel ils reviennent sur les évènements Avignonnais de juillet dernier. Nous le publions aujourd’hui. Au-delà du classique récit de lutte, ce texte est une réflexion sur le militantisme en ce début de XXIème siècle …
On a les chefs qu’on mérite. A propos du mouvement des intermittents du spectacle à Avignon en juillet 2014…
L’édition 2003 du Festival d’Avignon, fameuse car annulée, avait été précédée d’un fort mouvement de grève contre la réforme des retraites et d’une mobilisation d’ampleur autour de la renégociation de l’accord de l’UNEDIC. Grèves, blocages, annulations de festivals et auto-organisation des intermittents et précaires avaient marqué le début de l’été. Tel ne fut pas le cas en 2014 et si des frémissements étaient sensibles à Alès, Marseille ou Aix, seul le festival de Montpellier fut sérieusement perturbé. L’espoir que se développe un réel mouvement dans la Cité des papes était donc assez mince… On peut lire la suite de l’article à cette adresse : https://ddt21.noblogs.org/articles/on-a-les-chefs-quon-merite-a-propos-du-mouvement-des-intermittents-du-spectacle-a-avignon-en-juillet-2014/