Pour ne plus jamais baisser les yeux

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[Affiche trouvée sur les murs de Paris, début 2014.]

Pour ne plus jamais baisser les yeux

Que ce soit directement ou indirectement, le trio Police-Justice-Prison fait partie de nos vies à tous et toutes. Qui n’a pas goûté de leurs menottes ou de leur procès, qui n’a pas côtoyé la taule ou les centres de rétention de près ou de loin ? Qui n’a pas déjà ressenti leur menace ? Il n’y a pas moyen de nier qu’à la pauvreté s’associe toujours la domination de l’Etat. Dans le Nord-Est et les banlieues Est de Paris comme ailleurs, qui peut ignorer les parades de flics roulant des mécaniques, en civil ou en uniforme, qu’ils se nomment BAC, BST, Correspondants de Nuit ou vigiles des proprios, de la mairie et de la RATP, épiant les faits et gestes de chacun, contrôlant les papiers, avec un regard de défiance, avec la bénédiction et l’appui des juges et des procureurs dont le métier est de nous enfermer ? Il n’y a pas de sous-métier, entend-t-on parfois, mais rien n’est plus faux lorsque des individus choisissent pour gagner leur vie de nous empêcher de vivre la nôtre.
Mais la répression, ce n’est pas que des uniformes et des juges, c’est tout une mentalité que l’on finit par intérioriser de la maternelle au cercueil. Le citoyen, cet auxiliaire de police qui choisit nos maîtres à chaque élection, est bien le premier rempart à la révolte des dominés. Et il ne faut pas se leurrer, la paix sociale est une forme sournoise et violente de la guerre qui est menée au quotidien contre les révoltés, elle est à la fois la forme la plus institutionnalisée et la plus déléguée de la domination du pouvoir. Son but est de nous faire subir la guerre sociale plutôt que de la mener contre le pouvoir et ses sbires. Mais c’est une guerre de chaque instant, dont l’aspect psychologique est certainement le plus redoutable. En créant ses catégories de toutes pièces – honnête citoyen contre racaille, avec papier contre sans, innocent et inséré contre coupable et marginal… – le pouvoir a déjà gagné une bataille importante en réussissant à diviser ceux qui, réunis, pourraient venir à bout de son système de mort par la révolte et l’insurrection.
Nos dernières illusions sont certainement celles qui nous livrent le plus à leur broyeuse, qu’il s’agisse des différents replis (communauté, famille, clan, religion) ou de l’intériorisation de son idéologie, produisant balances, sexistes en tous genres, racistes, défenseurs de la propriété, regards suspicieux, défiance envers tout ce qui sort de leurs normes ou coup de fil au 17 plutôt que de régler ses conflits de façon autonome. C’est croire encore que l’on peut vivre libre en déléguant ses responsabilités à des intermédiaires divers, qu’ils soient flics, politiciens ou chefs religieux, ou en détournant simplement les yeux vers le rêve embrumé d’un ailleurs où l’on pourrait guérir d’ici (came, alcool, prière, télévision…).Mais dans cette guerre sociale, le contrôle n’est pas un concept abstrait, c’est des noms et des adresses, c’est des milliers de caméras, de flics et de magistrats, c’est des entreprises qui font leur beurre sur notre misère (banques, agence immobilières, contrôleurs, huissiers, grande distribution) ou notre enfermement (constructeurs, architectes, humanitaires, gestionnaires), c’est des subventions et des prestations en échange de notre résignation et donc de notre complicité, qu’elle soit active ou passive. Un peu partout, la paix sociale se fissure lorsque des révoltes éclatent, lorsque que des individus relèvent la tête, retrouvant leur dignité face aux oppresseurs. Passer de la fissure à l’explosion ne dépend que de notre volonté de ne plus baisser les yeux, de ne plus rien attendre d’eux et de combattre ce monde de fric et de flics où la véritable violence réside dans le pouvoir de l’argent et de la matraque.

Voila pourquoi, sur ces quelques bases, nous ressentons le besoin de se retrouver autour du désir commun de permettre à cette rage de s’exprimer publiquement, comme chacun l’entend, comme un moment parmi tant d’autres.

Dans le Nord-est de Paris comme ailleurs,
Pour en finir avec l’occupation policière de nos vi(ll)es

lu sur c’est déjà tout de suite

Transformer le silence en paroles et en actes, Audre Lorde, 1977

Ce texte de 1977 vise, entre autres, à faire passer l’idée qu’ouvrir sa gueule, oser prendre les devants ici et maintenant, est une nécessité bénéfique à tous points de vue. En particulier quand on se trouve dans une position sociale minoritaire, marginalisée et/ou stigmatisée.
« La raison du silence, ce sont nos propres peurs, peurs derrière lesquelles chacune d’entre nous se cache – peur du mépris, de la censure, d’un jugement quelconque, ou encore peur d’être repérée, peur du défi, de l’anéantissement. Mais par-dessus tout, je crois, nous craignons la visibilité, cette visibilité sans laquelle nous ne pouvons pas vivre pleinement. »

brochure téléchargeable infokiosques.net

Burgos (Espagne) : révolte contre un projet d’aménagement urbain

Mercredi 15 janvier 2014
La lutte continue malgré l’“arrêt” du projet

(…) L’assemblée de midi du mercredi a été animée et a convoqué une grande manifestation pour ce soir à 19:00 h. qui ira jusqu’au commissariat comme d’habitude. Au début la commission anti répressive a pris la parole. Elle s’efforce de se mettre en contact avec les arrêtés et les proches des prisonniers, pour pouvoir réunir l’argent destiné à faire sortir les camarades. Ce matin la juge du tribunal nº 3 de Burgos a envoyé en prison quatre compañeros avec une caution de 3000 euros. Ils sont accusés de troubles à l’ordre public dans la nuit de lundi. A cela il faut ajouter les deux compañeros mis en prison avec la même caution et qui ont été arrêtés dans la nuit de dimanche. Si les cautions sont payées, ils pourront revenir au quartier. Pour toutes celles et ceux qui ont été arrêtés, qui avez un proche emprisonné, qui avez été témoin d’une arrestation, qui avez des photos ou des vidéos, venez à la zone et demandez la commission anti répression pour affronter le problème collectivement. Commission qui essaie de recouper le maximum d’arrêtés pour affronter leur procès.
Ensuite, les gens ont parlé de la nécessité de poursuivre la lutte sur tous les fronts de notre vie. La lutte contre le Boulevard a été une petite goutte qui a fait déborder le vase, de ras-le-bol, qui a mis sur la table la nécessité de s’auto-organiser pour se défendre contre la précarité sous toutes ses formes, commencer un processus de création de communauté de lutte en ouvrant des espaces de rencontre pour nous connaître et affronter les problèmes ensemble.
Pour demain jeudi l’assemblée de 12:00 h. et de 19:00 h. sont maintenues et il est possible qu’une manifestation soit convoquée à la plaza mayor pour le vendredi, qui coïncide avec le plénum de la mairie au sujet du boulevard. On pourra virer au maire ce que gamonal pense de lui.

Communiqué de l’assemblée de quartier de Gamonal

L’avalanche d’événements se poursuit à Gamonal dans un conflit avivé par intransigeance d’un conseil municipal ligoté par les intérêts spéculatifs des grandes entreprises de construction. Nous publions le communiqué que l’Assemblée de quartier contre le boulevard de la rue Vitoria a sorti ce matin même du mardi 14 janvier. L’état d’exception que nous avons vécu hier dans la quartier où sont venues des centaines d’unités anti-émeutes envoyées par le Ministère de l’Intérieur, n’a pas réussi à arrêter la mobilisation sociale qui croît inévitablement et commence à porter ses fruits face au totalitarisme institutionnel.
Ce qui s’est passé au cours de ces cinq jours de révoltes ne peut être expliqué avec des simplifications comme celles de la presse ou des mensonges comme ceux des institutions et de la mairie, mais avec des réalités et des vérités comme des poins.
C’est parti comme une protestation de quartier contre le projet de réalisation d’un boulevard dans la rue vitoria à Gamonal, ouvrage imposée de manière totalitaire et refusé depuis des mois par les habitant-es au cours de nombreuses mobilisations et manifestations. Mais cela s’est transformé en une expression du mécontentement généralisé.
Nous n’allons pas détailler les joyeusetés de ce projet, simplement avec un peu de bons sens, c’est d’évidence une tentative de plus, dans cette ville comme dans d’autres, de maintenir la spéculation urbaine et de promouvoir la corruption généralisée de la classe politique, en augmentant encore plus les bénéfices des classes dominantes face au peuple.
Dans ce cas, face à un quartier ouvrier, noyé sous les factures, les impôts, les amendes, les hypothèques à payer, les expulsions de logements et avec un nombre de chômeurs qui atteint à 18.000 personnes. Jusqu’à ce point rien de bien différent à ce qui se passe sur l’ensemble du territoire à cause de la fameuse crise où les différences sociales sont devenues abyssales. C’est porquoi ce qui s’est passé au cours de ces journées n’est pas que le rejet de tout un peuple contre un projet de spéculation urbaine qui coutera au quartier en parking, en circulation plus 8 millions d’euros, desquels aucun habitant-e ne tirera aucun bénéfice, seulement les années qui condamneront des générations et des générations à payer des œuvres pharaoniques et à engraisser les comptes d’entrepreneurs et de politiques corrompus. Le rejet implique beaucoup d’autres choses encore, c’est l’expression de rage collective, la rage des jeunes qui ne voient aucun futur dans ces conditions, des plus âgés qui se sont rendus compte avec tristesse que tous les supposés droits qui ont couté tant de sueur et de sang, sont partis à la dérive en moins de 6 ans, et surtout de la prépotence et de l’intolérance du pouvoir qui domine et impose, sans écouter rien ni personne. Ils font les lois, blindent la démocratie pour préserver leurs privilèges. Et en réalité s’il n’y avait pas eu les incidents de vendredi dernier, jamais personne ne nous aurait écouté. La paix sociale, c’est eux qui l’ont brisée et pas les jeunes violents encagoulés comme certains aimeraient nous le faire croire, dans le quartier nous savons tous ce qui se passe, nous sommes unis, nous n’avons pas peur de faire face.
La violence c’est remplir la ville de policiers, si on peut les appeler ainsi et pas mercenaires, qui frappent nos enfants et nos voisin-es, arrêtant déjà 47 personnes, provoquant des coupures d’électricité et de téléphone dans certaines maisons, en raflant et en fouillant. Le samedi, ils ont lancé une trentaine de balles en caoutchouc, blessant sérieusement des habitant-es qui ont à peine été mentionnés. On ne parle que des attaques contre les corps de sécurité, alors que la violence et la situation est disproportionnée. A son tour, l’appareil répressif de l’Etat n’a pas hésité à appliquer des peines exemplaires à toutes celles et ceux qui montrent n’importe quel sorte de non conformisme, le projet de loi de sécurité citoyenne présenté récemment par le gouvernement rend bien compte des intentions de l’Etat qui se fait appeler démocratique, mais en vérité si c’est ça la démocratie, nous n’en voulons pas. En son nom se justifient tous types d’atrocités, entre autre les jeunes du quartier et pas de la kaleborroka ou d’ailleurs comme certains continuent à le soutenir, envoyés hier en prison préventive.
La lutte doit continuer et les révoltes s’étendre à d’autres villes de du pays et, pourquoi pas, du monde. Le mécontentement de ces jours n’est pas uniquement dû aux travaux du boulevard, il y a beaucoup d’autres motifs, la lutte est pour une vie digne, pour nos droits et pour préserver et donner du sens au mot LIBERTE.

extrait de cette semaine

Il refusait de couper l’eau des abonnés

Devant le palais de Justice d’Avignon une soixantaine de personnes étaient rassemblées ce jeudi vers 14 heures en soutien à Marc, l’employé de Veolia licencié pour avoir refusé de couper l’eau des abonnés.
C’est en effet aujourd’hui que le tribunal des prud’hommes devait examiner sa demande de réintégration au sein de l’entreprise au motif que le licenciement dont il a été l’objet serait abusif.
De nombreux médias étaient présents pour couvrir l’audience, mais en raison de la maladie de l’avocate de l’entreprise, elle a été renvoyée au 6 mars.

La ProvRence

Quand l’ennemi parle clairement

Brève réflexion sur les dernières arrestations NO TAV

Elle était dans l’air l’opération répressive qui a mené 3 compagnons et une compagnonne en prison accusés d’avoir participé dans la nuit du 13 au 14 mai dernier à l’action contre le chantier du TAV à Chiomonte en Val di Susa. Évidemment on ne savait pas qui serait frappé, ni précisément pour quoi. Mais le refrain répété de manière obsessionnelle depuis des mois par tous les médias nationaux et les représentants les plus en vue du Parti transversal pro-TAV ne laissait pas de doutes. L’annonce du procureur en chef de Turin, Caselli, de prendre sa retraite quelques mois en avance n’avait pas échappé aux plus attentifs. Une nouvelle qui ne laissait rien présager de bon : il est difficile d’imaginer qu’un tel personnage abandonne la scène en silence. C’est ainsi qu’après avoir tâté un peu le terrain cet été, à coups d’enquêtes et de perquisitions contre divers No Tav avec l’accusation «d’attentat à visée terroriste» (article 280), l’inévitable duo des procureurs turinois Padalino-Rinaudo retente le coup quelques mois plus tard avec les arrestations de Chiara, Claudio, Mattia et Niccolo, comme un ultime salut respectueux à leur parrain-Caselli et en espérant grimper quelques échelons dans la course à sa succession. En plus de l’article 280 déjà cité, les accusations sont : «acte de terrorisme à l’aide d’engins pouvant entraîner la mort ou explosifs, dégradations par voie d’incendie, violence contre agents de police, détention et transport d’armes de guerre». Ces accusations, qui enlèvent la possibilité d’obtenir des mesures de contrôle judiciaire (alternatives à la prison : assignation à résidence, obligation ou interdiction de se trouver dans un territoire, etc), impliquent un temps de prison préventive très long, et elles menacent de se transformer en condamnations qui pourraient dépasser les 20 ans de prison si les chefs d’inculpation devaient rester les mêmes lors du procès. Pour être plus précis, les 4 compagnons incarcérés sont accusés, entre autres, d’avoir en réunion et avec d’autres personnes «en cours d’identification», attenté à la vie et à l’intégrité des personnes chargées des travaux de construction du tunnel d’exploration et à des personnes responsables de l’ordre public, aux fins de «contraindre les pouvoirs publics ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque» (dans ce cas le financement et la réalisation de la ligne ferroviaire à grande vitesse Turin-Lyon), «causant ainsi un grave préjudice à l’Italie et à l’Union Européenne» (article 270sexies du code pénal). Une simple constatation à relever est que personne après cette action contre le chantier du TAV, qu’il s’agisse d’ouvrier, de policier ou de militaire, n’a signalé la moindre égratignure ni présenté d’interruption temporaire de travail. En revanche, il vaut la peine de rentrer un peu dans les détails de l’article 270sexies. Inclu dans le «Paquet sécurité Pisanu» (Juillet 2005), cet article devait servir à reformuler la définition d’ «attitude terroriste» en l’élargissant de manière significative. Elle exploitait la vague d’émotion suscitée lors des massacres de Madrid en 2004 et de Londres en 2005. Ces nouvelles normes, apparemment applicables contre les bombes de Madrid (qui contraignirent le gouvernement de Zapatero à retirer ses troupes d’Irak), se caractérisaient par une définition volontairement vague. Déjà compagnons et avocats étaient conscients que divers contextes de luttes en feraient les frais. L’apparition de l’article 270sexies dans une instruction contre des No Tav n’est donc pas une anomalie judiciaire mais bien l’application d’un dispositif pensé dès le départ contre le conflit social. Ce n’est sûrement pas un hasard que cette carte soit jouée pour la première fois justement en défense du chantier du TAV à Chiomonte, où déjà les barbelés israéliens, les militaires et les tanks de retour d’Afghanistan, rendaient toujours plus inexistante la frontière entre guerre intérieure et guerre extérieure. Cette nuit-là un générateur, une armoire d’alimentation d’une turbine d’aération, des câbles électriques et des canalisations de la turbine ont été incendiés. Du matériel servant à la réalisation du tunnel d’exploration dont la dégradation bloque ou ralentit concrètement l’avancement des travaux. Un acte tout autre qu’indiscriminé, un geste qui affirme directement son propre objectif. Une action de sabotage exemplaire, en bref, un sabot jeté dans la machine du chantier pour en enrayer le fonctionnement. Une chose bien comprise par le mouvement No Tav, comme le démontraient les déclarations et les communiqués des jours suivants. Pour la première fois en Italie en trente ans, un mouvement de masse revendiquait le sabotage comme pratique. Dans l’histoire réelle, qui est bien différente de celle écrite par la justice, la pratique du sabotage a été assumée publiquement par le mouvement. Ceci parce que les formes constantes et catégoriques de refus massif contre ce grand chantier ont été constamment et catégoriquement ignorées. Preuve en est le fait que le chantier d’un tunnel d’exploration soit devenu «site d’intérêt stratégique national» définition reprise par le dossier d’instruction des procureurs Rinaudo-Padalino non pas d’une norme gouvernementale, mais de la revue de la Haute Défense Étatique. Tout ceci a créé de beaux ennuis au Parti pro-Tav, vu l’influence dont jouit la lutte en Val di Susa. De même ailleurs nous pensons à la lutte No Muos lutte contre l’installation d’antennes militaires USA en Sicile où le mot sabotage est de nouveau au goût du jour, préoccupant plus encore «la mère de toutes les préoccupations» (= la démocratie italienne), comme le dit madame Cancellieri-Ligresti ministre de la justice et politicien. C’est à cette lumière que doit être lu le dossier de l’instruction. Suite aux arrestations du 9 Décembre, beaucoup ont souligné comment les accusations de terrorisme, reprises en cœur par toute la presse, tentaient de diviser encore une fois le mouvement. Après le «nous sommes tous des black-blocs» scandé à l’unisson suite au 3 Juillet Le 3 juillet 2011 des milliers de personnes manifestent contre l’expulsion de la Maddalena, avec des affrontements de plusieurs heures et une belle détermination à reprendre le lieu de résistance . Des arrestations s’en suivent, l’Etat et ses médias tente de diviser. Un slogan est lancé et porté par l’ensemble du mouvement en lutte «nous sommes tous des blacks blocs»., cette fois encore la tentative d’isoler les 4 compagnons incarcérés, en divisant le mouvement entre bons et mauvais, entre habitants de la vallée pacifistes et extrémistes venus d’ailleurs, a misérablement échoué. En matière de division, bien peu de personnes pouvaient encore avoir des doutes et les enquêteurs eux-mêmes ne se faisaient pas trop d’illusions. A travers ces accusations de terrorisme, l’objectif porté par les autorités semble être tout autre. Dans le dossier d’instruction, les enquêteurs, en insistant sur le plan strictement juridique, soutiennent une thèse clairement politique. En s’appuyant sur un bref historique des actes légaux et des sommets internationaux qui ont permis l’installation du chantier de Chiomonte en Val de Susa, les magistrats soutiennent qu’il s’agit d’une élaboration démocratique. L’action contre le chantier – en lien avec l’énumération de pratiques d’opposition dont l’épais dossier fournit une longue liste – est définie «terroriste» pas tellement pour ses caractéristiques spécifiques, mais par le fait qu’elle s’oppose au démocratisme d’une décision intergouvernementale. Suivons cette logique. Toutes les décisions imposées par l’État ont un emballage légal, ce qui veut dire qu’elles sont formellement basées sur le Droit. Tout ce qui met réellement en discussion un projet étatique est donc passible de «terrorisme». Il reste seulement le désaccord platonique. Donner un caractère concret à son propre NON, qui au fond est la caractéristique essentielle du mouvement No Tav, devient donc antidémocratique. Benito Mussolini aurait dit «rien hors de l’État, rien contre l’État». Le totalitarisme parle aujourd’hui un langage différent : «Nos décisions démocratiques ne te plaisent pas? Tu es un terroriste». La démocratie est une porte blindée contre toute forme de désaccord (à part celui concédé de se plaindre) ; le désaccord ne s’arrête pas, la porte est donc blindée avec barbelés et militaires ; le désaccord se fait sabotage, et cela révèle les «finalités terroristes» de la lutte No Tav. En quelques sortes, les deux procureurs turinois disent explicitement ce qui était jusqu’ici implicite : les décisions d’un État démocratique sont incontestables. Quelle que soit la lutte, y compris un conflit syndical, elle cherche toujours à pousser la contrepartie à «accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque» (comme récite l’article 270sexies). Le bien nommé pacte social, ou la dialectique entre les parties sociales, se fondait formellement sur ceci : ce qui aujourd’hui est illégal peut demain devenir un droit. C’était l’époque, commencée dans l’Après guerre, pendant laquelle on voulait intégrer les paysans et les ouvriers dans le Grand Compromis : si vous me donnez votre force de travail, je vous concède des droits. Et bien, cette histoire-là est finie. C’est cela la démocratie. En dehors ou contre cela, il y a le Mal, il y a le terrorisme. Dire que tout cela pourrait concerner n’importe quel mouvement de lutte est alors banal. Ce qui est moins banal, c’est d’en tirer les conséquences. D’une époque à l’autre, la classe dominante attaque frontalement l’ennemi sur ses points forts, non sur les plus faibles. L’emploi de la catégorie de terrorisme contre le mouvement No Tav – pour ce qu’elle exprime et symbolise – est dans ce sens un avertissement pour tous. A suivre jusqu’au bout la logique des procureurs Rinaudo et Padalino, la nature «terroriste» de la lutte contre le Tav ne caractérise pas pas un soi-disant «saut qualitatif», mais bien ses fondements mêmes : ce NON de vingt ans d’expériences, de savoirs, de confrontations et d’actions qui ne sont que son développement cohérent. Ne s’être pas résigné face aux matraques, aux gaz, aux pelles mécaniques, aux Lince (expertise économique et commerciale en Italie, ndt), aux incarcérations, au terrorisme médiatique, voilà le crime qui contient tous les autres. En ce sens, la défense des compagnons incarcérés et inculpés pour «terrorisme» n’est pas seulement un acte de devoir de solidarité, mais la revendication entêtée de la lutte et de ses raisons. Cueillir l’enjeu de cette opération répressive et relancer les résistances, dans la Vallée comme ailleurs, est l’affaire de chacun et de tous.
texte publié sur informa-azione, traduit de l’italien

Feux d’artifice et rassemblements solidaires devant les taules du monde entier

Région parisienne :

Saluts solidaires devant les taules, 31 décembre 2013 : Des pétards, feux d’artifice et des cris (liberté, bonne année, feu aux prisons, courage, etc) ont été lancés simultanément devant les prisons de Bois d’Arcy, Fresnes, devant le centre de rétention de Vincennes, la prison pour femmes de Versailles et celle de la Santé à Paris. À Bois d’Arcy, Fresnes et la Santé, des échanges ont eu lieu entre l’intérieur et l’extérieur.

Liberté pour toutes et tous, avec ou sans papiers.

Amiens :

Feu d’artifice devant la taule d’Amiens : Hier mardi 31 au soir, des feux d’artifice ont été tirés à la Maison d’Arrêt d’Amiens. Cette action anti-carcérale vise à exprimer notre solidarité envers tous les prisonniers.

Feu aux prisons ! Liberté pour tou.te.s !

Besançon :

Feux du nouvel an à la maison d’arrêt de La Butte : dans la soirée du 31 décembre 2013, des feux d’artifice ont été tirés en solidarité avec les prisonniers devant la maison d’arrêt de la butte. Alors que les gens s’échangeaient des voeux hypocrites et tout un tas de conneries pour cette nouvelle année, quelques feux d’artifice ont été allumés devant la maison d’arrêt de Besançon. Des slogans contre l’enfermement ont été scandés (“les prisons en feu les matons au milieu; solidarité avec les prisonniers; pierre par pierre, mur par mur nous détruirons toutes les prisons”). À l’intérieur on pouvait entendre le dawa des prisonniers qui tapaient sur les portes et qui criaient leur rage depuis leurs cellules. Un autre groupe de solidaires étaient également présent devant la taule et tiraient des feux d’artifice.

Détruisons les murs et les frontières qui nous séparent ! Feu à tous les lieux d’enfermement ! Liberté pour tou.te.s !

Angers :

Ce 31 décembre plusieurs personnes se sont retrouvées face aux murs de la maison d’arrêt d’Angers. Des fusées et fumigènes ont été craqué près des ailes ouest et est de la taule. Des cris ont été échangés entre les prisonniers, des voisins et plusieurs groupes venus devant la prison. crève la taule !

Marseille :

Une dizaine de personnes se sont rendues vers 21h devant le CRA du Canet pour crier leur solidarité avec les retenus enfermés à l’intérieur et lancer quelques feux d’artifices. À minuit, devant la maison d’arrêt des Baumettes, c’est une petite trentaine de personnes qui durant une vingtaine de minutes a tiré des feux d’artifices devant la taule, et crié sa haine des murs, d’abord devant la maison d’arrêt des hommes, puis devant l’entrée de celle des femmes. Quelques fumigènes ont été balancé par dessus les murs, devant les encouragements et les cris de joies de nombreux prisonniers. Du côté de la M.A femme, pas d’échanges cependant.

Nantes :

Feux d’artifices devant la maison d’arrêt de Nantes-Carquefou, devant le centre de détention et devant l’EPM de Orvault.

Calais :

Rassemblement devant le centre de rétention.

Athènes (Grèce) :

Manif de solidarité du réveillon devant les prisons de Koridallos, où plusieurs anarchistes sont incarcéré.es : Lors de la manif de cette année, la solidarité s’est fortement exprimée à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des prisons de Korydallos. Près d’un millier de personnes solidaires étaient présentes au rassemblement avant minuit et ont commencé à scander des slogans haut et fort. Plusieurs compagnon.nes ont allumé des feux d’artifice, alors que les prisonniers faisaient du bruit et lançaient des objets enflammés des fenêtres des cellules. Peu de temps après que la foule se soit déplacée du parc en face de la prison des hommes à un parking en face de la prison des femmes, les flics anti-émeute ont utilisé des gaz lacrymogènes pour réprimer la grande manifestation et ont chassé les manifestant.es dans les rues avoisinantes. 4 arrestations. photos & vidéo ici.

Feu aux prisons !

Volos (Grèce) :

Manifestation devant la prison pour mineurs. Les manifestants ont scandé des slogans au milieu des feux d’artifice; «La passion pour la liberté est plus forte que toutes les prisons», «Feu et explosion à ce bordel”, et plus encore.
La solidarité est notre arme! vidéo ici.

Larissa (Grèce) :

Réveillon devant la prison, où le compagnon en grève de la faim Spyros Stratoulis est incarcéré. Voir une vidéo ici.

Omaha et Lincoln (Nebraska, USA) :

Des banderoles avec des slogans anti-prison ont été accrochées dans ces deux villes. À Omaha, une manifestation s’est rendue devant la prison et il y a eu du boucan des deux côtés du mur.

Helsinki (Finlande) :

Manif solidaire à la prison pour migrants de Metsäla à Helsinki

Lors de la nuit de la St-Sylvestre, un groupe de 40 personnes a rendu visite au centre de rétention Metsälä à Helsinki. Nous voulions dire aux migrants, emprisonnés en raison de leur origine, que nous ne les avons pas oubliés en pleine célébration du Nouvel An. Nous avons envoyé des salutations de derrière la clôture avec des cris d’encouragement, des tambours, des feux d’artifice et une banderole: Pas de frontières – solidarité avec les prisonniers. Les prisonniers ont pu se précipiter dans la cage qui ressemblait vaguement à un balcon pour entendre notre message, mais après un certain temps les gardiens de l’unité de rétention les ont contraints de retourner à l’intérieur. Après cela, nous avons continué à faire du bruit sous leurs fenêtres.

Les flics ont participé à la manifestation à une gare ferroviaire et ont suivi notre route en parcourant les ruelles latérales à la prison. Sur place les policiers nous attendaient en tenue anti-émeute, torturant leurs chiens en les retenant de force à proximité de l’escouade, du bruit et des fusées, mais ils n’ont pas réussi à bloquer l’accès au grillage entourant la prison. Dès le début les flics se sont comportés de manière agressive, nous menaçant avec violence, avec les chiens et gaz lacrymo et poussant les gens à terre. Lorsque le moment est venu de se retirer de la grille, les flics ont attaqué la foule et ont réussi à prendre deux manifestants avec eux, tandis que deux autres ont réussi à s’échapper. Les manifestants arrêtés ont été libérés le lendemain.

L’unité de rétention est un établissement fermé pour 40 migrants, des personnes retenues par la police ou par le contrôle des frontières en vertu de la loi finlandaise sur les étrangers – pas à cause de n’importe quel délit. L’emprisonnement dure généralement pendant des semaines, au pire jusqu’à six mois ou plus. La prison des migrants de Metsälä est actuellement la seule en Finlande, et est constamment remplie de «clients» allant des enfants aux adultes. En règle générale, les immigrés emprisonnés à Metsälä attendent de se faire expulser par les flics en coopération avec les autorités de l’immigration et, par exemple, les compagnies aériennes.

En montrant notre solidarité nous critiquons aussi les États-nations et leurs politiques frontalières qui génèrent le racisme et les inégalités économiques. En détruisant la liberté de circulation les frontières permettent l’exploitation du travail pas cher et poussent les gens à s’affronter les uns aux autres. Les frontières sont une entreprise qui tue des gens comme «l’incident» Lampedusa le 3 Octobre nous l’a montré, quand 363 immigrés se sont noyés sur la côte italienne, aux frontières de l’Union européenne. Cette entreprise mortelle ne s’arrête pas aux frontières nationales: c’est une politique transversale de contrôle, visant à surveiller, identifier et gouverner tout le monde au nom des menaces sur la sécurité.

Solidarité avec les migrants emprisonnés ! Nous attaquerons les raisons de nos souffrances. Il n’y aura plus de frontières demain!

Traduit de l’anglais par le chat noir émeutier

Brême (Allemagne) :

Près de 80 personnes se sont rassemblées devant la prison de Oslebshausen à Brême. Les slogans scandés à l’extérieur ont répondu aux cris et barouf des prisonniers. Accompagnés de musique, les manifestant-e-s ont lancé des feux d’artifice; Un texte « pour une société sans prisons et pour la liberté de tou.te.s » a été lu au mégaphone. De la peinture a également été balancée sur les murs de la prison.

Traduit de l’allemand par le chat noir émeutier

Münich (Allemagne) :

Lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, une vingtaine de personnes s’est rassemblée devant les murs de la méga-prison de Giesing (qui enferme plus de 1500 personnes). E, plus des slogans lacés pour la liberté de tous les prisonniers, des tags ont été inscrits (comme “les prisons en feu”) et des dizaines de sacs de peinture ont été balancés sur la tour de contrôle et les murs de la prison.Traduit de l’allemand par le chat noir émeutier

Berlin (Allemagne) :

500 personnes se sont rassemblés devant la prison de Moabit à Berlin et lancent des feux d’artifice. Ensuite, dans les quartiers de Berlin, plusieurs accrochages avec les flics ont lieu.

Stuttgart (Allemagne) :

Rassemblement de 300 personnes devant la taule de Stammheim. Ensuite, manif sauvage contre les prisons et pour la solidarité révolutionnaire dans les rues de Stuttgart.

Turin (Italie) :

Nouvel an au CIE : À sept heure du soir, une quarantaine de solidaires se sont retrouvés sous les murs du CIE de Turin pour saluer les retenus avec slogan, battiture et feux d’artifice. Les retenu-e-s ont répondu en criant et des colonnes de fumée se sont élevées des aires blanche et jaune : dans la cour des matelas et des couvertures brûlent. Un retenu a tenté de s’évader en faisant un trou dans le grillage, mais il a été arrêté par la police avant d’avoir pu escalader le mur d’enceinte.

Un peu avant minuit, une cinquantaine de solidaires se sont rassemblés devant la prison de la Vallette et se sont rapprochés au plus près du bloc D malgré la présence des flics. Chansons, slogans, fumigènes et feux d’artifices ont été lancés.

Utrecht et Schipol (Pays-Bas) :

Rassemblement devant le camp de rétention de Zeist à Utrecht et 100 personnes devant le centre de rétention de Schipol aux cris de liberté pour tous les prisonniers personne n’est illégal.

Nouvel An : 1 067 véhicules incendiés…

Francetv info, 01/01/2014 | 20:02

Le ministre de l’Intérieur a communiqué, mercredi, un bilan de 1 067 voitures brûlées au cours du réveillon de la Saint-Sylvestre, contre 1 193 un an plus tôt.

Un chiffre en baisse de 10,6% par rapport à l’an dernier. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a annoncé, mercredi 1er janvier, un nombre de 1 067 véhicules incendiés durant le réveillon de la Saint-Sylvestre. Le chiffre communiqué l’an passé par le ministre de l’Intérieur s’était élevé à 1 193 véhicules incendiés. Cinq policiers et gendarmes ont été blessés, soit deux de moins que l’année passée.

cette semaine

Beau comme un C.I.E. en flamme

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Les CIEs (Centres d’Internement des Étrangers) remplissent une fonction importante dans le système d’expulsions et de contrôle des flux migratoires. S’appuyant sur la Loi sur les étrangers, l’État espagnol, en harmonie avec l’union européenne, tente de définir qui a et qui n’a pas le droit de faire sa vie à l’intérieur des murs de la forteresse Europe. L’éternelle division entre migrants désirables et indésirables vient soutenir un système économique basé sur l’exploitation et le contrôle. L’existence des CIEs met en évidence la présence des frontières dans tous les recoins de l’État, dans une tentative continuelle de maintenir l’ordre et la soumission, sous la menace constante pour celles et ceux qui n’ont pas de papiers de tomber dans une rafle et de se voir enfermé jusqu’à 60 jours. Et ça seulement en arrivant à éviter une expulsion.

Pendant les années de prospérité, même le patronat avait compris l’utilité de l’existence de personnes sans papiers pour ainsi mieux les exploiter.
Depuis l’arrivée de la crise, les choses ont changé. Avec un chômage de 27% les migrant-e-s sont désignés plus que jamais comme les coupables de toutes les misères autochtones.
Le racisme, tant dans la société espagnole que catalane, se nourrit de cette misère.
L’État déploie tout sont appareil répressif à travers les prisons, les rafles et les expulsions.
Mais toujours, là où il y a enfermement, il y a résistance.
Tant dans l’État espagnol que dans le reste du monde la résistance fait partie du quotidien des détenu-e-s des CIEs.
Résistance qui prend différentes formes.
Résistance collective, individuelle, passive, radicale, silencieuse ou évidente :
Il y a celles et ceux qui refusent de rentrer en cellule à la nuit.
Il y a celles et ceux qui refusent la nourriture en solidarité avec un-e compagnon-ne maltraité-e.
Il y a celles et ceux qui brûlent leur matelas pour faciliter la fuite d’autres.
Il y a celles et ceux qui alimentent une révolte pour mettre des limites à l’arbitraire des matons et ne pas rester silencieux.ses face à leurs abus.
Celles et ceux qui montent sur les toits pour demander leur liberté ou protester contre la surpopulation.
Celles et ceux qui se mutilent pour empêcher une expulsion.
Celles et ceux qui transmettent des informations pour faciliter la solidarité depuis l’extérieur et que ne puisse pas se poursuivre silencieusement l’injustice des CIEs.
Celles et ceux qui décident de refuser l’expulsion en résistant à l’aéroport.
Il y a celles et ceux qui coupent les grillages, sautent les palissades et trompent la vigilance.
Il y en a tant, qui cherchent la liberté.
Dans n’importe quel lieu où il y a des CIEs, des frontières, des États, une restriction de mouvement, il y aura des personnes rebelles qui avec des petits ou des grands gestes démontrerons au pouvoir que le désir de liberté ne pourra jamais être abattu.

Solidarité avec les luttes des prisonniers.ères dans les CIEs.

À bas les murs et les frontières.

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[Traduction trouvée sur sanspapiersnifrontieres le 1er janvier 2014]

Que souffle encore le vent de la délivrance !

A Mattia, Chiara, Niccolo, Claudio séquestré-e-s par l’état italien depuis le 9 décembre, accusés de »terrorisme »  et d’avoir osé pénétrer dans le chantier de chiomonte du TGV Lyon Turin. Suite à une forte mobilisation populaire et contestataire, le chantier du Tunnel de chiomonte est devenu zone militaire dés juillet 2011. Les soldats (chasseurs alpin) en poste revenaient d’Afghanistan . Notre solidarité c’est aussi la lutte contre l’armée. Comme eux, l’armée française fait partie de l’OTAN. Ces arrestations n’arrêteront pas la lutte contre la grande vitesse et le système qu’elle incorpore et défend… L’ARMÉE, C’EST L’INSÉCURITÉ Cette institution demeure un danger permanent qui pèse sur chacun de nous, en tant qu’individus, mais aussi sur toute la collectivité et en particulier sur le mouvement social, . L’armée est et a toujours été le dernier rempart,l’ultime recours armé de l’État et du patronat. Le MEDEF et la sénatrice PS de Marseille1 évoquaient récemment la possibilité de faire intervenir les militaires dans le port de Marseille et dans certain quartier de cette ville. Le plan Vigipirate participe au contrôle des populations sous prétexte de lutte contre le terrorisme. On croise quotidiennement des bidasses armés jusqu’aux dents dans le métro parisien, les transports urbains, les gares ou certains quartiers� L’histoire sociale n’est qu’une suite d’exemples sanglants du rôle de l’armée ( cette hiérarchie de valets) impliqué dans le fonctionnement des structures de domination de l’état . De la Commune de Paris à celle de Kronstadt, des conseils ouvriers d’Allemagne ou d’Italie aux révolutionnaires espagnols, du Chili à la place Tian An Men, la liste est interminable de toutes les meurtres institutionnalisé et la cible humaine de la gent militaire, sous les ordres de la « gauche » ou de la « droite ». Une instruction datée du 3 mai 2010, rédigée avec le concours des ministères de l’Intérieur et de la Défense par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), évoque d’ailleurs le fait de pouvoir mobiliser 10 000 hommes en cas de « crise majeure ». Ces hommes pourraient être également utilisés dans les quartiers dit « sensibles », où la rénovation urbaine en cours vise à faciliter les interventions policières, mais aussi éventuellement militaires. PROPAGANDE MILITARISTE GÉNÉRALISÉE Des affiches et des spots particulièrement cyniques («Devenez vous même») sont apparus ces derniers mois dans les rues et sur les écrans, financés par nos deniers. L’armée française a lancé une grande campagne publicitaire afin de recruter des jeunes, qui parfois se laissent tenter. C’est que les temps s’y prêtent : la crise aidant, rarement la pression pesant sur les épaules de la jeunesse ne s’est aussi bien fait sentir. Celle -ci inquiéte pour son avenir professionnel est une proie de choix pour les sergents recruteurs, lesquels ne s’y sont pas trompés : sur les 15 000 postes prévusdans l’armée, 12 000 seront réservés à des jeunes sans qualification, promis à l’ambitieux statut de… militaire du rang. Rappelons à cette jeunesse tant convoitée par les vautours en kaki que l’armée est l’école de la veulerie, car elle est par essence l’école de la soumission totale de l’individu aux ordres de la hiérarchie. La contrepartie essentielle de la paye versée au soldat, c’est l’abdication totale du libre-arbitre. Il apprend à tuer notamment des gens contre lesquels il n’a aucun grief et à défendre des individus dont la moindre réflexion lui ferait leur casser la tête. L’armée est une institution hiérarchisée au sein de laquelle chaque individu est «modelé» à force de pression psychologique et d’astreinte physique. Le but étant de produire un modèle unique de militaire obéissant aux objectifs, quelles qu’en soient les conséquences humaines et politiques. Dans une société sécuritaire encadrée par le management au service du pouvoir capitaliste et étatique, l’enjeu du militarisme n’est pas seulement de fournir un bras armé, mais aussi un modèle social. Les programmes d’éducation civique lui donnent toute sa place et la gauche elle-même parle parfois de rééducation par l’armée. Or, pas plus qu’il n’y a de capitalisme à visage humain, il n’y a pas de militarisme émancipateur. Obéir aux chefs, sergents ou patrons, c’est se renier. « Notre haîne(…)sera le torrent qui emportera capital, religion, armée, le trio infâme »2 L’ARMÉE, COÛTEUSE ET POLLUANTE… La chose militaire pollue, et non seulement les esprits, il suffit de songer aux essais nucléaires, et à toutes les horreurs qui ont été fabriquées et le sont encore : armes chimiques, bactériologiques, armes à uranium appauvri etc… Et on ne finit pas d’en payer les conséquences, il suffit de demander, à tout-e-s les irradié-e-s des essais nucléaires, des armes à Uranium appauvri ou a tous les mutilé-e-s pour cause de mines antipersonnel par exemple. Sans parler du gaspillage monstrueux de carburant (avions de chasse…), et l’augmentation de l’émission de carbone3 jusqu’aux dévastations de terre agricole. Le Sipri ( Institut national de recherche pour la paix, de Stockholm), dans son rapport annuel publié le 2 juin dernier, nous informe qu’en 2009 le monde a consacré 1 531 milliards de dollars au secteur militaire. Soit 49 % de plus qu’en 2000. Ce n’est pas la « crise » pour tout le monde, et si les États-Unis représentent à eux seuls la moitié de ce budget mondial, la France est en bonne place dans cette course à la « rigueur » avec… 63,9 milliards de dollars consacrés à l’armement. Le capitalisme porte la guerre comme les nuées portent l’orage� LE CAPITALISME, C’EST LA GUERRE PERMANENTE DE TOUS CONTRE TOUS Car derrière toutes les guerres et leurs prétextes humanitaires (piteux et grotesques) se cachent toujours les intérêts économiques, les prétentions impérialistes et les appétits militaristes. Et notamment le contrôle à tout prix des matières premières par les multinationales. La présence française en Afghanistan aux côtés des troupes américaines et anglaises est là pour nous le rappeler, les multiples bases de l’armée française en Afrique et ses interventions régulières sur ce continent aussi (Tchad, Rwanda, Côte d’Ivoire, Libye, Mali, centrafrique4…), avec soutien logistique et matériel aux États, y compris contre leurs propres populations locales révoltées, s’il faut les réprimer. L’accord franco-anglais signé laisse présager du pire : la création d’une force militaire conjointe de plusieurs milliers d’hommes, mobilisables pour des opérations extérieures bilatérales ou sous drapeaux de l’OTAN, de l’ONU ou de l’Union européenne, ainsi que la création d’un laboratoire d’essais nucléaires commun. Le laboratoire laser Méga Joule n’est qu’un exemple du lien entre le nucléaire civil et militaire5. Si les grandes puissances capitalistes souhaitaient réellement endiguer le « terrorisme », il leur suffirait peut-être de consacrer leur budget, aujourd’hui dévolu aux interventions militaires, aux « infrastructures », aux hôpitaux et aux écoles. Leur choix montre donc bien qu’ils n’ont pas intérêt à voir l’épouvantail du « terrorisme » disparaître. « Al-Qaida », réseau à ses origines développé par la CIA, s’il a échappé à celle-ci, demeure en tout cas un prétexte idéal à l’impérialisme occidental. C’est que la guerre, ça rapporte, aussi bien aux multinationales de l’énergie et des matières premières, qu’à celles de l’armement, qui en France contrôlent stratégiquement une grande partie des médias (jusqu’aux manuels scolaires), sans parler de leurs liens affichés avec le Pouvoir. Au nom des « intérêts de la France », ou de la « démocratie contre le terrorisme », c’est un avenir de mort et de misère qui s’offre à tous les peuples opprimés. Les anarchistes ne cesseront jamais de dénoncer et de lutter contre les marchands de canons, les armées, les nationalistes, les États et les systèmes économiques générateurs d’oppression et de logique guerrière. PAS DE GUERRE ENTRE LES PEUPLES PAS DE PAIX ENTRE LES CLASSES Aujourd’hui les « fusillés pour l’exemple » serons peut être réhabilités.,L’état et la presse diffusent cette propagande sur les exécutions commises en 1917, comme une sorte de repentance Mais, surtout la France est le 3ème exportateur mondial (on trouvera les informations dans ce blog6), parmi les 10 premières entreprises exportatrices d’armement en 2012, on retrouve EADS et Thales, respectivement aux 6ème et10 ème places. » Lockheed Martin, une société américaine de défense et de sécurité arrive en tête, suivi du constructeur Boeing. Six des entreprises de ce Top 10 sont américaines et les autres sont toutes européennes. Peut-être aurait-il été intéressant de nommer le fait que dans la guerre du Mali la protection des ressources en uranium était un élément déterminant.Dans la guerre de la Centrafrique il y a aussi en effet Areva ce groupe industriel avait signé un accord avec le gouvernement centrafricain le 1er Aout 2008 pour l’exploitation du gisement d’Uranium de Bakouna(Est), les nombreuses difficultés (éloignement du gisement, mise au point du procédé de traitement du minerai, fourniture d’énergie, insécurité) et la baisse des cours mondiaux d’uranium à la suite de la catastrophe en cours de Fukushima ont conduit Areva à suspendre ce projet.  » Combattons le militarisme afin que nous n’ayons plus, dans le futur, à commémorer la guerre de 1914 18. Crions notre dégoût de la guerre, de l’armée, de toutes les armées. Nous vivons actuellement des temps tristement semblables. Serions-nous devenus trop blasés pour  trouver une réponse, une véritable riposte ? Les Troupes d’occupations, politiciens et journalistes : les terroristes c’est vous ! liberté pour Chiara, Mattia,NiccolÒ, Claudio Leur écrire : ChiaraZenobi NiccolòBlasi ClaudioAlberto MattiaZanotti C/O casa ci rcondariale Lorusso e Cutugno via Maria Adelaide Aglietta, 35 10149 Torino italia LIBERTÉ POUR TOU-TE-S

Bref voyage dans la prison sociale

Enfermer un être humain dans quelques mètres carrés pendant des mois et des années. Le contrôler, l’épier, l’humilier, le priver de ses affects. La prison est sans conteste une forme de torture. Et pourtant, malgré l’abomination de la torture, la société ne peut se passer de prison. Mieux, on pourrait dire que la prison n’est pas une simple émanation de l’Etat qui vise à réprimer et/ou isoler des êtres humains « déviants », non conformes, superflus ou indésirables. C’est au contraire une pièce organique de la société. A bien regarder l’évolution des choses, on pourrait défendre que la prison n’est pas une extension de la société, mais que la société est une extension de la prison. Autrement dit, la société toute entière est une prison dans laquelle les pénitenciers ne sont que l‘aspect le plus évident et brutal d’un système qui nous rend tous complices et victimes, tous enfermés.

Ce texte se veut un bref voyage à l’intérieur des « quartiers et des sections » de notre monde, un voyage qui n’a pas la prétention d’épuiser le sujet mais veut pointer les responsabilités, parce que, comme on l’a déjà dit plusieurs fois : l’injustice a un nom, un visage et une adresse.

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Lu sur tumult.noblogs.org

Du Son Contre La Prison

Du Son Contre La Prison, c’est vendredi 9 mai 2014 à Ursa Minor, Saint Etienne.
Le projet Du Son Contre La Prison est né en 2010 avec la volonté d’envoyer un message de solidarité aux prisonniers et prisonnières, tenter de briser l’isolement le temps d’une soirée et de créer un moment d’unité via les ondes. Il s’agit concrètement d’un concert organisé par un collectif anti-carcéral, concert qui est retransmis en direct sur des radios un peu partout en France pour qu’un maximum de détenu-e-s puissent l’écouter. Avant toute chose, un grand merci à toutes les personnes, les radios et les collectifs qui nous ont accompagné-es dans cette aventure lors des éditions précédentes. Et tout particulièrement aux 21 radios qui ont permis, ce printemps 2013, de diffuser Du Son Contre La Prison dans 43 lieux d’enfermement. Organiser ce genre d’événement est une façon pour nous de ramener la question carcérale sur le devant de la scène. Cette année, dans les médias de masse, on a entendu les discours humanistes de l’Etat français sur la lutte contre la surpopulation carcérale et sur la promotion des aménagements de peines ; en réalité, le pouvoir durcit la détention. On continue de construire en grand nombre des prisons de plus en plus sécurisées et aseptisées, rendant les conditions de détention encore plus dures et l’isolement toujours plus prégnant. La répression de toute forme de contestation est bien sûr toujours aussi forte, accumulant les peines aux peines et reculant sans cesse l’espoir d’une libération. De la même manière, les projets comme celui de la «contrainte pénale» (bracelet électronique, contrôle judiciaire…) ne visent pas à éviter d’aller en prison, ils tendent à mieux nous enfermer dehors. Si des moyens financiers sont systématiquement trouvés lorsqu’il s’agit de complaire aux gardiens (comme cela a été le cas à la prison de Séquedin au printemps), les revendications des prisonniers et prisonnières sont tues, alors qu’après tout ce sont les premièr-es concerné-es par la machine pénitentiaire. Heureusement, des détenu-e-s lèvent la tête et ont le courage de dénoncer ce qu’ils et elles subissent de la part de l’administration pénitentiaire. Cette année sont sorties plusieurs lettres individuelles et textes collectifs, comme à Seysses et à Neuvic-sur-Isle, pour rendre publiques ces situations et appeler à du soutien extérieur. La colère face à l’enfermement s’est aussi traduite par des mouvements collectifs, notamment cet été dans les prisons de Bourg-en-Bresse, Blois, Chateaudun et Bois d’Arcy où la révolte s’est propagée en quelques jours comme une traînée de poudre. Du Son Contre La Prison, c’est aussi se faire l’écho de ces luttes, avec la volonté de développer les solidarités entre l’intérieur et l’extérieur, et ce à travers l’outil radio. C’est aussi se faire plaisir en écoutant du bon son! «Le premier pas pour briser ces chaînes, c’est rompre le mur de l’indifférence. La solidarité est une arme, utilisons-la.» Extrait de l’appel de la Coordination de détenus italiens, septembre 2013.
Contact: dusoncontrelaprison@yahoo.fr
Nous avons donc besoin de relais dans les différentes régions qui fassent connaître l’initiative Du Son Contre La Prison derrière les barreaux et partout où cela peut intéresser. Le but est de faire en sorte que la communication entre intérieur et extérieur circule au mieux pour donner à la retransmission radio le plus d’impact possible. Concrètement ça peut être plein de choses : diffuser l’information du concert et de sa retransmission aux parloirs pendant les semaines qui précèdent l’événement, recouvrir les murs d’affiches, contacter une radio qui ne fait pas encore la rediffusion, assurer l’aspect technique de la rediffusion dans votre radio locale, parler du concert dans vos émissions de radio… et tout ce que vous imaginerez!

Des nouvelles des arrêté-e-s No Tav du 9 décembre 2013.

Claudio et Niccolò sont en cellule ensemble. Mattia est en face, désormais en cellule avec une personne arrêtée pendant les émeutes a piazza Castello
pendant les journées de blocage de la ville (Turin). Ils sont dans le bloc D, première section. Un section spéciale, protégée. Leur régime prévoit la cellule fermée 24h/24, deux heures de promenade et aucun rapport avec les autres détenus. De 18h à 20h ils ont la « socialisation » tous les trois ensemble (c’est-à-dire qu’ils sont tous les trois enfermés dans une même cellule, ndt).
Chiara est à l’isolement. Cellule fermée. Promenade toute seule. Pas de socialisation.
Le courrier est censuré, retard de cinq ou six jours.
Les parloirs ont été autorisés à tou-te-s ceux/celles qui l’ont demandé, famille et compagnon-ne-s.
N’ENVOYEZ PAS DE TIMBRES, ILS NE LEURS SONT PAS REMIS.

Ils vont bien. Ils ont entendu les saluts et le rassemblement. Ils sont particulièrement enthousiastes par le bruit et le nombre de voix et de cris lors du rassemblement de samedi.

Pour leur écrire :

Chiara Zenobi
Niccolò Blasi
Claudio Alberto
Mattia Zanotti

c.c. via Maria Adelaide Aglietta 35
10151 Torino
ITALIA

Quelques actions de solidarité :

Giulianova (Teramo), 11 décembre 2013 : dans la nuit, le siège du parti démocrate recouvert de tags en solidarité avec les No Tav arrêtés. Sur les murs et les vitrines du local on pouvait lire : « Les terroristes c’est vous », «No Tav» et « Mattia, Claudio, Nicco et Chiara Libres ». De la peinture a également été répandue sur les serrures du local.

Piacenza, 13 décembre 2013 : dans la nuit, le siège des chasseurs alpins (militaires) a été recouvert de tags en solidarité avec les incarcérés.

Trento, 13 décembre 2013 : une trentaine de compagnons a bloqué pendant vingt minutes le Frecciargento (train à grande vitesse italien). La banderole déployée sur les rails disait « La lutte No Tav ne s’arrête pas. Liberté pour Chiara, Mattia, Nicco et Claudio ». Pendant le blocage interventions et distribution de tracts.

Turin, 14 décembre 2013 : grand rassemblement devant la prison. Environ 300 personnes sont venues exprimer pendant plusieurs heures leur solidarité à Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio, à grand renfort de slogans, pétards et feux d’artifice. Les 25 camionnettes de flics présentes les ont empêchées de s’approcher et le rassemblement s’est terminé par une manifestation aux alentours de la prison que les compagnon-ne-s emprisonné-e-s ont tout de même entendu.

Val Susa, 15 décembre 2013 : rassemblement puis manifestation d’environ 300 personnes dans la petite ville de Bussoleno. De nombreuses personnes sont intervenues au micro pour exprimer leur solidarité à Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio.

Toulouse (France), 17 décembre 2013 : blocage du péage de l’autoroute Toulouse/Paris (A620) en solidarité avec les arrêtés du 9 décembre. Mort à l’État qui affame, qui détruit, qui tue. Chiara, Claudio, Mattia, Niccolò, libre tout de suite, de nouveau à nos côtés dans la rue, sur les sentiers de la vallée et ailleurs. À eux va tout notre soutien.

Padoue, 18 décembre 2013 : dans la nuit, le siège du parti démocrate de Padoue a été recouvert de tags : « les terroristes c’est vous, liberté pour les No Tav »

EDF ne contrôle plus le tritium radioactif

Mercredi 11 decembre 2013 A Tricastin, EDF ne contrôle plus le tritium radioactif par barnabe binctin (reporterre)
La centrale nucléaire du Tricastin accumule les incidents et voit sa cuve fissurée. C’est tout ? Non. Depuis des mois, EDF se révèle incapable de stopper une fuite inexplicable de tritium radioactif.  Reportage, Pierrelatte (Drôme) Depuis plusieurs mois, des rejets de tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène, contaminent les eaux souterraines situées sous la centrale, sans que l’exploitant soit capable d’en identifier l’origine. L’Autorité de Sûreté nucléaire a pourtant sommé EDF de mettre fin à cette pollution… sans succès jusqu’alors. Le 8 juillet 2013, EDF détecte une présence anormale de tritium dans les eaux souterraines de la centrale, par l’intermédiaire d’un piézomètre situé entre les réacteurs 2 et 3. La concentration dans l’eau en est normalement située autour de 10 Becquerel/litre (Bq/l). Ici, l’échantillon prélevé affiche des volumes supérieurs à 100 Bq/l. Alertée, l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) mène une inspection le 28 août qui révèle des niveaux de l’ordre de 600 à 700 Bq/l sous le radier du bâtiment du réacteur 3. Deux semaines plus tard, elle intime l’ordre à EDF de prendre« toutes les décisions nécessaires pour identifier dans les meilleurs délais les équipements à l’origine de la présence anormale de tritium ». La décision n°2013-DC-0371 commande également à EDF de transmettre« quotidiennement à l’ASN le bilan actualisé des mesures réalisées dans le cadre de la surveillance renforcée ». Mais EDF n’est toujours pas parvenue à identifier l’origine des fuites. Du côté de l’IRNS (Institut de recherche sur la sûreté nucléaire), on analyse ainsi ce retard : « Il n’est pas toujours évident de trouver le lieu de contamination vers l’environnement, au niveau du sol. La première étude de cheminement prend du temps. Aujourd’hui on suppose qu’il s’agit d’une inétanchéité des joints entre bâtiments, mais il faut désormais trouver le ou les joints en question. Se posera ensuite le problème de les changer… », selon Thierry Charles, le directeur général adjoint de l’Institut. Dans le document qu’EDF présentera vendredi 13 décembre à la CLIGEET (Commission Locale d’Informations sur les Grands Equipements Energétiques du Tricastin) et dont Reporterre a eu connaissance, il est mentionné que l’hypothèse retenue est celle d’une « infiltration probable du tritium au niveau d’un joint inter-bâtiments selon une cinétique très lente [menant à la] diffusion de ce tritium dans les eaux de l’enceinte géotechnique qui se situent à environ 2m de ce joint ». La contamination des eaux continue, peut-être même « empire » En attendant, les taux de tritium mesurés dans les eaux souterraines restent anormalement élevés. Plusieurs associations s’inquiètent de la situation : « Les derniers chiffres dont on a connaissance oscillent autour de 500 Bq/l. Mais nous devons faire confiance à EDF sur ces chiffres, car il est le seul à avoir accès aux piézomètres. Nous avons demandé plusieurs fois à faire nous-mêmes des analyses sur le site, mais on nous a toujours refusé l’accès », dit Roland Desbordes, le président de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), un laboratoire d’analyse spécialisé dans le dépistage des pollutions radioactives. Contacté par Reporterre, EDF n’a pas souhaité s’exprimer sur les dernières valeurs mesurées sur Tricastin – ni d’ailleurs sur quoi que ce soit. Reporterres’est pourtant procuré deux documents du CNPE (Centre nucléaire de production d’électricité) EDF de Tricastin qui ont été transmis à l’ASN. Ceux-ci révèlent des mesures plutôt situées autour de 600 Bq/l sous le radier du réacteur n°3 : Pour l’association Next-Up, la situation pourrait en réalité s’avérer plus grave :« On pense que depuis le temps, ça a empiré. Cela fait cinq mois qu’EDF est incapable d’apporter des réponses satisfaisantes et nous n’avons aucun moyen de vérifier leurs informations… Peut-être y a-t-il d’autres éléments radioactifs qui contaminent les eaux souterraines », interroge Serge Sargentini, le coordinateur de l’organisation. Les autorités du nucléaire se veulent rassurantes : « Les valeurs mesurées sont faibles, il n’y a pas d’impact sanitaire ni environnemental », dit Thierry Charles. Dans son Livre Blanc sur le tritium paru en 2010, l’ASN rappelle que ce radionucléide peut être d’origine naturelle – par l’action des rayonnements cosmiques sur l’atmosphère – avec un « inventaire permanent de 3,5 kg à l’échelle planétaire, avec une production naturelle mondiale d’environ 200 g par an ». Il est cependant rappelé qu’il est largement produit par les activités humaines depuis la seconde moitié du XXe siècle : « De grandes quantités de tritium ont été relâchées dans l’atmosphère durant la période des essais aériens d’armes nucléaires, entre 1946 et 1980 ». Rencontré à Lyon, Olivier Veyret, adjoint au chef de division sûreté de l’ASN Lyon, évoque une norme de 10 000 Bq/l fixée par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) comme seuil de potabilité de l’eau : « Vous voyez que nous sommes loin de ces échelles-là. Si ces fuites reflètent bien une anomalie, elles ne présentent aucun risque pour l’environnement ». Roland Desbordes conteste cette référence : « Cela n’a rien d’une norme. C’est une simple recommandation qui n’est plus considérée par les scientifiques sérieux depuis bien longtemps. Sinon, expliquez-moi pourquoi le Canada recommande un seuil de 20 Bq/l…Au contraire, on se rend compte actuellement que l’on a largement sous-estimé sa toxicité, notamment concernant le tritium organiquement lié, c’est-à-dire celui qui passe dans les tissus et se fixe au métabolisme lorsque nous l’ingérons ». La France et l’Union européenne ont fixé une référence de qualité de 100 Bq/l qui fonctionne comme un seuil de dépistage : si elle ne constitue pas en soi une limite sanitaire, elle est la mesure à partir de laquelle on enclenche des investigations supplémentaires pour caractériser la radioactivité de l’eau. 100 Bq/l représente donc un premier seuil d’alerte. Maîtriser la pollution… en la diluant Indépendamment de son impact sur la santé publique, l’enjeu des fuites de tritium réside aussi dans la contamination à plus large échelle, à travers les nappes phréatiques. Construite sous la centrale, une enceinte géotechnique permet d’emprisonner l’eau souterraine et d’éviter toute propagation vers la nappe phréatique. Matérialisée par une paroi verticale en béton de soixante centimètres d’épaisseur pour douze mètres de profondeur, cette enceinte n’est cependant pas fermée, et les opposants dénoncent son manque d’étanchéité. EDF est aujourd’hui obligé de pomper les eaux de l’enceinte afin de les maintenir à un niveau inférieur à celui des eaux de la nappe phréatique externe, comme l’indique le schéma ci-dessous : Dans le document pour la réunion de vendredi 13, et que donc Reporterre s’est procuré,  EDF annonce pomper « 150 m3/jour pour un volume d’eau dans l’enceinte d’environ 400 000 m3 ». D’autres chiffres font état, au 28 octobre, d’un volume de 850 m3. L’eau, une fois pompée, est stockée et analysée avant… d’être rejetée dans le canal du Rhône de Donzère Mondragon. L’exploitant affirme respecter les autorisations de rejets et effectuer ceci dans des proportions raisonnables. Pour la CRIIRAD, il s’agit là d’un fonctionnement contraire au principe de respect de l’environnement : « On gère une pollution en récupérant la contamination, en la stockant et en la traitant… pas en la reversant dans un milieu naturel à côté qui serait considéré comme un exutoire. On ne fait pas disparaître la pollution en la dispersant et en la diluant ! », affirme le président du laboratoire indépendant. Confronté au statu quo, ’association Next-Up a entrepris à l’automne plusieurs actions à l’encontre de l’ASN, qui « a pris une décision à l’égard d’EDF qu’elle est incapable de faire appliquer », selon Serge Sargentini. Après une sommation interpellative, l’association a ainsi déposé une requête de référé auprès du tribunal de grande instance de Valence. Elle a été déboutée en novembre. Si la démarche n’a pas abouti, elle a aidé à éviter l’enlisement et l’oubli. L’incapacité d’EDF à contrôler les rejets de tritium et l’impact polluant de celui-ci poussent la Coordination antinucléaire du sud-est à demander la mise à l’arrêt des réacteurs de la centrale.  La suite : Tricastin : en cas d’accident nucléaire, priez ! Parce que les autorités seront dépassées.