Burgos (Espagne) : révolte contre un projet d’aménagement urbain

Mercredi 15 janvier 2014
La lutte continue malgré l’“arrêt” du projet

(…) L’assemblée de midi du mercredi a été animée et a convoqué une grande manifestation pour ce soir à 19:00 h. qui ira jusqu’au commissariat comme d’habitude. Au début la commission anti répressive a pris la parole. Elle s’efforce de se mettre en contact avec les arrêtés et les proches des prisonniers, pour pouvoir réunir l’argent destiné à faire sortir les camarades. Ce matin la juge du tribunal nº 3 de Burgos a envoyé en prison quatre compañeros avec une caution de 3000 euros. Ils sont accusés de troubles à l’ordre public dans la nuit de lundi. A cela il faut ajouter les deux compañeros mis en prison avec la même caution et qui ont été arrêtés dans la nuit de dimanche. Si les cautions sont payées, ils pourront revenir au quartier. Pour toutes celles et ceux qui ont été arrêtés, qui avez un proche emprisonné, qui avez été témoin d’une arrestation, qui avez des photos ou des vidéos, venez à la zone et demandez la commission anti répression pour affronter le problème collectivement. Commission qui essaie de recouper le maximum d’arrêtés pour affronter leur procès.
Ensuite, les gens ont parlé de la nécessité de poursuivre la lutte sur tous les fronts de notre vie. La lutte contre le Boulevard a été une petite goutte qui a fait déborder le vase, de ras-le-bol, qui a mis sur la table la nécessité de s’auto-organiser pour se défendre contre la précarité sous toutes ses formes, commencer un processus de création de communauté de lutte en ouvrant des espaces de rencontre pour nous connaître et affronter les problèmes ensemble.
Pour demain jeudi l’assemblée de 12:00 h. et de 19:00 h. sont maintenues et il est possible qu’une manifestation soit convoquée à la plaza mayor pour le vendredi, qui coïncide avec le plénum de la mairie au sujet du boulevard. On pourra virer au maire ce que gamonal pense de lui.

Communiqué de l’assemblée de quartier de Gamonal

L’avalanche d’événements se poursuit à Gamonal dans un conflit avivé par intransigeance d’un conseil municipal ligoté par les intérêts spéculatifs des grandes entreprises de construction. Nous publions le communiqué que l’Assemblée de quartier contre le boulevard de la rue Vitoria a sorti ce matin même du mardi 14 janvier. L’état d’exception que nous avons vécu hier dans la quartier où sont venues des centaines d’unités anti-émeutes envoyées par le Ministère de l’Intérieur, n’a pas réussi à arrêter la mobilisation sociale qui croît inévitablement et commence à porter ses fruits face au totalitarisme institutionnel.
Ce qui s’est passé au cours de ces cinq jours de révoltes ne peut être expliqué avec des simplifications comme celles de la presse ou des mensonges comme ceux des institutions et de la mairie, mais avec des réalités et des vérités comme des poins.
C’est parti comme une protestation de quartier contre le projet de réalisation d’un boulevard dans la rue vitoria à Gamonal, ouvrage imposée de manière totalitaire et refusé depuis des mois par les habitant-es au cours de nombreuses mobilisations et manifestations. Mais cela s’est transformé en une expression du mécontentement généralisé.
Nous n’allons pas détailler les joyeusetés de ce projet, simplement avec un peu de bons sens, c’est d’évidence une tentative de plus, dans cette ville comme dans d’autres, de maintenir la spéculation urbaine et de promouvoir la corruption généralisée de la classe politique, en augmentant encore plus les bénéfices des classes dominantes face au peuple.
Dans ce cas, face à un quartier ouvrier, noyé sous les factures, les impôts, les amendes, les hypothèques à payer, les expulsions de logements et avec un nombre de chômeurs qui atteint à 18.000 personnes. Jusqu’à ce point rien de bien différent à ce qui se passe sur l’ensemble du territoire à cause de la fameuse crise où les différences sociales sont devenues abyssales. C’est porquoi ce qui s’est passé au cours de ces journées n’est pas que le rejet de tout un peuple contre un projet de spéculation urbaine qui coutera au quartier en parking, en circulation plus 8 millions d’euros, desquels aucun habitant-e ne tirera aucun bénéfice, seulement les années qui condamneront des générations et des générations à payer des œuvres pharaoniques et à engraisser les comptes d’entrepreneurs et de politiques corrompus. Le rejet implique beaucoup d’autres choses encore, c’est l’expression de rage collective, la rage des jeunes qui ne voient aucun futur dans ces conditions, des plus âgés qui se sont rendus compte avec tristesse que tous les supposés droits qui ont couté tant de sueur et de sang, sont partis à la dérive en moins de 6 ans, et surtout de la prépotence et de l’intolérance du pouvoir qui domine et impose, sans écouter rien ni personne. Ils font les lois, blindent la démocratie pour préserver leurs privilèges. Et en réalité s’il n’y avait pas eu les incidents de vendredi dernier, jamais personne ne nous aurait écouté. La paix sociale, c’est eux qui l’ont brisée et pas les jeunes violents encagoulés comme certains aimeraient nous le faire croire, dans le quartier nous savons tous ce qui se passe, nous sommes unis, nous n’avons pas peur de faire face.
La violence c’est remplir la ville de policiers, si on peut les appeler ainsi et pas mercenaires, qui frappent nos enfants et nos voisin-es, arrêtant déjà 47 personnes, provoquant des coupures d’électricité et de téléphone dans certaines maisons, en raflant et en fouillant. Le samedi, ils ont lancé une trentaine de balles en caoutchouc, blessant sérieusement des habitant-es qui ont à peine été mentionnés. On ne parle que des attaques contre les corps de sécurité, alors que la violence et la situation est disproportionnée. A son tour, l’appareil répressif de l’Etat n’a pas hésité à appliquer des peines exemplaires à toutes celles et ceux qui montrent n’importe quel sorte de non conformisme, le projet de loi de sécurité citoyenne présenté récemment par le gouvernement rend bien compte des intentions de l’Etat qui se fait appeler démocratique, mais en vérité si c’est ça la démocratie, nous n’en voulons pas. En son nom se justifient tous types d’atrocités, entre autre les jeunes du quartier et pas de la kaleborroka ou d’ailleurs comme certains continuent à le soutenir, envoyés hier en prison préventive.
La lutte doit continuer et les révoltes s’étendre à d’autres villes de du pays et, pourquoi pas, du monde. Le mécontentement de ces jours n’est pas uniquement dû aux travaux du boulevard, il y a beaucoup d’autres motifs, la lutte est pour une vie digne, pour nos droits et pour préserver et donner du sens au mot LIBERTE.

extrait de cette semaine