Bienvenue en Grèce : La mort non-accidentelle d’un immigré

source : http://fr.contrainfo.espiv.net/

Mardi 22 juillet, Ahmad Mohamed Farogh, d’origine pakistanaise, détenu dans le camp de rétention d’Amygdaleza, souffrant d’une maladie cardiaque, a demandé à plusieurs reprises aux gardiens une attention médicale. Il lui a été donné des cachets non adaptés, et une ambulance a été appelée; l’ambulance n’est jamais venue et au lieu de cela, un véhicule de police a été utilisé pour amener l’homme à l’hôpital. Il est mort en chemin.

E.H d’Afghanistan, a tenté de s’évader du camp de rétention d’Amygdaleza; il a réussi, les gardiens ont remarqué ça, l’ont localisé et l’ont attrapé. Ils l’ont frappé brutalement durant l’arrestation, et de nouveau dans le camp devant les autres retenus. Il est resté ensanglanté pendant des heures à Amygdaleza; Il a alors été transféré à l’hôpital et finalement dans un autre camp de rétention, avec bras et jambes cassés. La même soirée un autre migrant a essayé de s’échapper, a échoué et depuis son sort est inconnu.

Dans les camps de concentrations contemporains les migrants sont prisonniers d’une guerre qui a lieu au quotidien, et le flic décide de leurs vies et morts; des morts qui sont pour la plupart du temps jamais divulguées ou elles sont présentées d’une telle façon qu’elles semblent naturelles et évidentes. Aussi évidente doit être la punition de ceux qui tentent de s’échapper, ceux qui défient la violence quotidienne qu’ils vivent, ceux qui remettent en question leur enfermement. Hormis le fait d’être évidente, ça doit être exemplaire et rude. Toutes ces choses ne se déroulent pas seulement dans l’obscurité du campde rétention. Elles se passent au grand jour dans les rues de la métropole. Ici, où les pogroms racistes se passent quotidiennement, menant des dizaines de migrants vers les “paradis de l’hospitalité grecque” – à savoir, le camp de rétention d’Amygdaleza ou les directions d’Aliens d’Attique (P.Ralli)- pour une détention sans condition et indéfini.

 “La Grèce est vraiment un pays très hospitalier”

Vas.Kikilias, au nouveau centre de rétention à Moria, sur l’île de Lesbos.

Au milieu d’une saison touristique fructueuse, le ministère de l’ordre public, Vassilis Kikilias, a dit que le gouvernement grec mène “un travail humanitaire, soutenu par les scientifiques, docteurs et psychologues” à Moria. On se demande si Ahmad Farogh – comme n’importe quel autre migrant retenu – aurait du être transféré à Moria, expérimenter là-bas, d’une manière scientifique, les politiques mortelles du lager moderne.

Assemblée No Lager, Athènes, 29 juillet 2014

Contre les centres de rétention pour migrants!welcome5

Force et solidarité avec les luttes quotidiennes des migrants retenus !

 

Italie : Révoltes, incendies, évasions et solidarité au centre de rétention de Turin

27 juillet 2014. Après les incendies des derniers jours, dans le CIE de corso Brunelleschi seulement 3 sections, la violette, la bleue et la blanche, fonctionnent partiellement. Dans l’attente que soient fini les travaux de restructuration commencés à la hâte au lendemain des révoltes, il y a dans le centre aujourd’hui une trentaine de retenus. Dans les derniers jours deux mecs ont été libérés tandis que trois ont été expulsés. Pour ce qui concerne les cinq arrêtés il semble qu’ils aient été ramenés au CIE, vu que les délits desquels ils sont accusés ne permettent pas l’incarcération en prison. En toute probabilité ils pourront donc entendre la solidarité du rassemblement de Dimanche 27 juillet à 19 heures.

 

Le CIE de Turin est quasiment détruit.

Des 6 sections seulement 3 fonctionnent actuellement, le reste a été brûlé durant les révoltes de mars. Dans le reste de l’Italie aucun CIE n’est entier. il en reste seulement 5 partiellement en fonctionnement. Les autres centres sont restés fermés par les mêmes détenus, les quels, fatigués t’attendre et chargés de rage, ont décidé de tout brûler. Pour pouvoir etre dehors de nouveau. Pour que plus personne ne finisse dedans.

Dans nos quartier la police tourne à la chasse aux sans papiers en tentant de soustraire quelqu’un, peut-être un ami ou un parrent, où quelqu’un que nous sommes habitués à rencontrer dans le quartier. Mais quand le CIE ne fonctionne plus, les rafles et les contrôles deviennents moins fréquente et la présence de la police est moins pressante, restant néanmoins enrageante. Quand le CIE est détruit ils ne peuvent plus enfermer nos amis. Quand il n’est plus on commence à mieux respirer. La machine à expulser s’enlise et ralenti.

Nous nous trouvons aujourd’hui dans une phase de restructuration. Certains centres, fermés par le feu des révoltes, sont proches de la réouverture. ceux encore ouverts sont rénovés. La gestion est entre les mains des habituels habitués comme la Croix Rouge; Aquarinto, Auxilium. Mais de nouveaux venus, qui senti l’affaire, apparaissent sur la scène ( comme la GEPSA, société française spécialisé dans les prisons privées, qui s’occupera de la sécurité interne du CIE de Milan). Le gouvernement préannonce des réformes comme la réduction des temps de détention espérant ainsi faire taire la rage des retenus et rendre les centres plus gouvernable.

De toute façon, si d’un côté des changements et des restructuration sont en perspectives, de l’autre la lutte des détenus dans le centre ne s’arrête pas. Il y a quelques jours, à Ponte Galeria les détenus ont tenté l’évasion, enfermant les flics dans les sections. La tentative n’a pas eu de fin heureuse mais a démontré à tous les retenus que se rebeller est possible. A Trapani cela c’est mieux passé : une tentative d’évasion collective à permit à quatre personnes de s’enfuir.

Il est important d’être solidaires des détenus, de soutenir leur lutte et l’amener en dehors de ces murs, attaquant les diverses ramification du système des CIE.

Il est important d’apporter notre chaleur et notre solidarité aux peu de retenus qui sont encore enfermés dans le CIE de Turin et crier fort que les CIE se ferment avec le feu des révoltes.

Dimanche 27 juillet, 19heures Rassemblement au CIE
Corso Brunelleschi angolo via Monginevro

[Turin]Des flammes au CIE

22 juillet 2014. A dix heures du soir, les retenus de la section verte, une des trois section encore en fonctionnement dans le Cie de corso Brunelleschi, profitant de la distraction momentané des forces de police, on empilés matelas et vêtements devant leurs chambres et après être sortis dans la cour ont mis le feu au tout.?

Menaces et promesse d’affrontement ont fait se désister les forces de l’ordre de rentrer dans la section et ont contraint à essayer d’éteindre les flemmes grâce aux canons a eau de l’extérieur.

En quelques heures l’incendie à tout dévasté, des chambres à la salle à manger. Les flammes et les cris des retenus ont été accompagné une vingtaine de minutes d’un chaleureux salut de quelques solidaires, qui ayant su ce qu’il se passait, se sont précipités sous les murs du CIE.

Apres une longue tractation, policiers et croix-rouge sont entrés dans la section et ont donc pu diviser les retenus dans les deux autres sections du centre. Pas tous cependant, pour rester ensemble, certains ont preferé dormir la section verte, au mieu dans ce qui en restait.

C’est l’énième attaque contre la machine à expulser réalisée de l’intérieur, un motif en plus pour être nombreux, dehors, à faire entendre notre solidarité aux retenus.

23 juillet 2014. Cet après midi les retenus du CIE de Corso Brunelleschi ont donné aux flammes la salle  à manger, soit la dernière salle disponible de la section blanche.

Il semble que les retenus, dont beaucoup ont été transférés dans cette section suite à l’incendie d’hier, après s’être lamentés hier soir des conditions précaires dans lesquelles se trouvait la structure, ont décidé de la rendre totalement inopérante.

Tandis que les flammes prenaient, les forces de l’ordre ont mis les retenus dehors, dans la cour, en attente de trouver où les mettre. Un vrai dilemme vu qu’il reste désormais d’utilisable, et même pas entière, une seule section du Centre.

Quelques solidaires se sont rassemblés sous les murs du CIE pour faire un salut aux retenus et ont été embarqués au commissariat.

Mise à jour, 23 heures.

Quasiment tous les retenus qui étaient dans la section blanche durant l’incendie ont été transférés dans la section d’isolement du centre et leurs téléphones ont été confisqués. Cinq retenus ont été en revanche laissé dans la section brûlée sans matelas ni couverture. Deux en revanche, de nationalité marocaine ont été expulsés et cinq arrêtés avec pour accusation “dégradation aggravée suivie d’incendie”.

traduit de macerie

[Turin] Sur le toit

19 juillet 2014. Un retenu du CIE de Corso Brunelleschi est monté dans l’après-midi sur le toit pour protester contre les conditions d’enfermement. Rapidement la situation dans le centre s’est tendue, une partie des retenus ont commencé à s’unir comme ils pouvaient à sa protestation et certains ont menacé de brûler des matelas. Après quelques heures, police et croix-rouge sont intervenus et faire redescendre la personne montée sur le toit.
Dans la soirée, un groupe de solidaires, est allé saluer les retenus du centre.
Traduit de Macerie

Manifestation contre la guerre et arrestations à Tel Aviv

2014-04-13_Calais_Antifa_Defendons_les_squats-400x337Comme tous les samedis soirs depuis le début des bombardements et de la
guerre dans la Bande de Gaza, une manifestation était prévue le 2 août
contre la guerre à Tel Aviv. A la différence des manifestations
précédentes, cette fois, les autorités avaient refusé de d’accorder une
autorisation à la manifestation.

A l’appel du Parti des Travailleurs Da’am, plusieurs centaines de
personnes se sont malgré tout rassemblé Place Rabin samedi 2 août en début
de soirée. Lorsque la police a annoncé que le rassemblement était illégal,
les manifestants ont refusé de dissoudre la manifestation. Les
manifestants brandissaient des pancartes pour dénoncer les massacres de
civils sous les bombes à Gaza ainsi que les frappes du Hamas.

La police a violemment repoussé les manifestants dans une rue proche. Pour
maintenir leur protestation et dénoncer cette atteinte à la liberté de
manifestation, les manifestants ont donc bloquer la route. Les
manifestants ont commencé à scander des slogans comme « Juifs et Arabes
refusent d’être ennemis » et « A Gaza et à Sderot, les enfants veulent
vivre ». C’est alors que les flics sont à nouveau intervenus. Quatorze
manifestants ont été arrêtés, jetés de façon brutale dans les paniers à
salade et conduits au commissariat.

Malgré tout, la manifestation a continué par les rues Dizengoff et King
George, jusqu’au parc Gan Meir.

Protest against the Israeli attack on Gaza, Tel Aviv, Isr

Traque sans relâche des familles Rroms à Marseille

enfant-prison_400 Situation alarmante pour les populations Roms de la région marseillaise et
au-delà.

Des conditions déplorables, une traque orchestrée par l’Etat français, ses
collectivités territoriales et les forces du désordre sans relâche et
surtout sans solution !

En 2012, un collectif réquisitionne un bâtiment vide le 91 avenue de
Plombières.

Un an plus tard lors de l’expulsion du 91 avenue de Plombières, aucune
solution durable et décente n’a été prise par la ville et les institutions
et ce malgré la traditionnelle promesse devant les caméras le 23 juillet
2013, lancée entre-autres par la préfète à l’égalité de chances, qui n’est
rien d’autre qu’une policière en fonction déguisée, l’égalité donc mais
pas pour tout le monde.

Les familles sont de nouveau en errance dans les rues de Marseille, sous
un soleil de plomb, il n’y a pas qu’en hiver que les conditions de vie
sont dures, en été elles sont même plus difficiles : la chaleur, le manque
d’eau, les orages courts mais violents, ajouté à la traque sans relâche
qu’elles subissent, mais en été les yeux et les esprits sont tournés vers
les vacances, la mer …

Installées dans un terrain vague en face du 91, les familles n’y sont pas
délogées, les murs sont hauts, les portes opaques, cachées au yeux de
tou.te.s.
Elles y resteront un an jour pour jour, avant que la saison des expulsions
ne batte sont plein et réussisse à les jeter à la rue une fois de plus
dans le plus grand silence le 24 juillet 2014 au petit matin, démolissant
leur village de fortune : ce qu’on appelle aussi bidonville.

Aujourd’hui strictement aucune solution pour ces familles, elles marchent
en quête d’une place publique, d’un parc public, d’un terrain public,
parfois pour quelques heures, puis pour une nuit, les forces du désordre
les délogeant au petit matin.
Des lieux publics mais pas pour tout le monde…

Une poignée de personnes se relaie et voient la situation se dégrader,
plus de collectif, ni de mobilisation effective, la résignation des
familles à déambuler, fatiguées, assoifées.

Des familles amenées à disparaître dans le silence le plus total avec la
complicité des institutions françaises, des forces du désordre, de la
préfecture et de la mairie.

Quelle société sommes-nous pour refuser de VOIR ?
AUCUNE PERSONNE N’EST ILLEGALE !
ROM AVEC OU SANS-PAPIERS, MIGRANTE, PAUVRE … !
DES LOGEMENTS POUR TOU.TE.S !
AVEC OU SANS AUTORISATION INSTITUTIONNELLE, TOUT DE SUITE !
SOLIDARITÉ ET ACTIONS CONCRÈTES AVEC LES POPULATIONS EN DIFFICULTÉ

Par une personne solidaire.

Pour plus de détails : http://www.millebabords.org/spip.php?article24097

Offensive israélienne contre Gaza Les partis pris du traitement médiatique

18 juillet 2014

source : http://www.acrimed.org/article4407.html#

Depuis le 8 juillet 2014, une offensive militaire israélienne est en cours contre la bande de Gaza. Au moment où nous écrivons, plus de 240 Palestiniens sont morts sous les bombes israéliennes, tandis qu’un Israélien a été tué par un tir de roquette. Ces événements donnent lieu à une large couverture médiatique, et nous ne prétendons pas fournir ici un article traitant de manière exhaustive de cette couverture. Dans la presse écrite comme à la radio et à la télévision, certains journalistes font au mieux leur travail et produisent, comme nous le rappellerons parfois, exemples à l’appui, une information de qualité.

Force est toutefois de constater que le traitement médiatique dominant de cette nouvelle séquence du conflit opposant Israël aux Palestiniens demeure prisonnier de bien des travers que nous avons déjà eu l’occasion d’identifier. Il existe ainsi un « bruit médiatique » largement critiquable, qui ne résume pas l’ensemble du travail journalistique mais qui malheureusement l’étouffe ou le fait quasiment disparaître. C’est à ce bruit médiatique et à la tonalité générale qu’il donne à la couverture des événements que nous nous intéresserons ici, en nous concentrant notamment sur les titres de presse écrite et leurs sites internet, tout en allant également parfois chercher des exemples du côté des télévisions.

Nous l’avions déjà souligné dans un précédent article traitant de l’information concernant le Proche-Orient : l’un des principaux biais du traitement médiatique du conflit opposant Israël aux Palestiniens est l’injonction permanente à un traitement « équilibré ». Or cette recherche d’un improbable « équilibre » entre Israël et les Palestiniens, quelles que soient les intentions des uns ou des autres, conduit nécessairement à la production d’une information biaisée, incomplète, dépolitisée et, volontairement ou non, orientée.

Une information biaisée

Le biais principal, qui en conditionne bien d’autres, consiste à traiter sur un pied d’égalité, d’une part, un État doté d’institutions stables, d’une économie moderne et comparable à celle des pays occidentaux, d’une armée parmi les plus puissantes et les plus équipées au monde et, d’autre part, un peuple qui ne possède ni État, ni économie viable, ni armée régulière. Ce pseudo-équilibre entretient l’illusion d’un « conflit » entre deux entités qui seraient quasi-équivalentes, alors que ce n’est évidemment pas le cas.

Information biaisée car traiter sur un pied d’égalité un État qui, au regard du droit international, est une puissance occupante – et est régulièrement condamnée comme telle – et un peuple en lutte depuis des décennies pour la satisfaction de ses droits nationaux – consacrés par les résolutions de l’ONU – entretient l’illusion d’un « conflit » entre deux « parties » dont la légitimité, du point de vue du droit, serait quasi-équivalente, alors que ce n’est évidemment pas le cas.

On en arrive ainsi à placer sur un pied d’égalité « Israël » et « Palestine » (parfois « Gaza », ou « le Hamas », nous y reviendrons »), et à oublier totalement le déséquilibre des forces et des légitimités :

Ou encore, dans cet éditorial du directeur délégué de la rédaction de L’Express, Christian Makarian, sobrement titré : « Israël-Palestine : l’enracinement de la haine » : « On mesure à quel point le naufrage des négociations israélo-palestiniennes aboutit à une absence dramatique de perspective : cela donne toute latitude aux énervés du « contre », tandis que les tenants du « pour » n’ont plus de parole. Lorsque la rhétorique du dialogue disparaît, les ultras de chaque bord transgressent toute logique de vie commune et renvoient les dirigeants respectifs à leur impuissance ».

Plus grave encore, l’information est biaisée car, à vouloir à tout prix maintenir un traitement « équilibré », on se concentre quasi-exclusivement sur les éléments et événements dont on peut trouver, ou construire, un équivalent dans chacun des deux « camps ». On se focalise donc sur les « tirs » des uns et des autres, sur les « dommages » provoqués par les tirs, sur la « panique » ou la « terreur » des populations civiles, en essayant d’entretenir l’illusion d’une équivalence de situation qui passe parfois par des constructions rhétoriques absurdes, voire révoltantes. En témoignent ces différents titres, qui ont tous été publiés alors que, à l’exception des trois jeunes Israéliens assassinés en Cisjordanie, seuls des Palestiniens de Gaza avaient été tués depuis le déclenchement de l’offensive israélienne [1] :

Et il est quasiment impossible de compter les reportages télévisés, notamment dans les JT, qui tentent de démontrer que « les deux populations » vivraient dans des situations équivalentes, à l’instar de celui proposé par le 20h de France 2 du 16 juillet, dont le lancement par le présentateur Julian Bugier est un modèle du genre : « Les bombes continuent de pleuvoir des deux côtés et au milieu, les populations civiles, familles, enfants, ce sont eux les premières victimes. Alors comment vivent-elles le conflit, à quoi ressemble leur quotidien ? Nos équipes sont allées sur le terrain, à leur rencontre, à Shuja’Iyya dans la bande de Gaza et à Nir Am, côté israélien. Seulement 8 kilomètres entre les deux villes mais la même peur et la même angoisse ».

On vous le dit : « les mêmes ».

Une information incomplète

Le deuxième biais du traitement du conflit opposant Israël aux Palestiniens est lui aussi le produit de l’injonction permanente à l’équilibre : à vouloir traiter de manière symétrique les situations respectives des Palestiniens et d’Israël, on est conduit à oublier, ou à occulter des informations essentielles, sous prétexte qu’elles n’ont pas d’équivalent dans « l’autre camp ». Comme nous l’écrivions il y a deux ans, « un tel traitement médiatique occulte presque totalement ce qui est pourtant l’essentiel de la vie quotidienne des Palestiniens et l’un des nœuds du conflit : l’occupation civile (colonies) et militaire (armée) des territoires palestiniens. Les camps militaires israéliens et les colonies n’ont pas d’équivalent en Israël, pas plus que les centaines de checkpoints qui morcellent les territoires palestiniens, le mur érigé par Israël, les réquisitions de terres et les expulsions, les campagnes d’arrestations, les attaques menées par les colons, les périodes de couvre-feu, les routes interdites sur critère national, etc. »

Dans le cas présent, on relèvera notamment le silence assourdissant concernant le blocus de Gaza, officiellement en cours depuis 2007, et sur la perpétuation de l’occupation et de la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem. Divers titres de presses et « experts » s’entêtent ainsi à vouloir identifier le « moment déclencheur » d’une « nouvelle crise » et, à de rares exceptions près, chacun semble considérer que c’est la disparition et la mort de trois jeunes Israéliens à proximité d’une colonie de Cisjordanie qui permettraient à elles seules de comprendre les ressorts de « l’affrontement » actuel. Comme si, soudain, un coup de tonnerre avait éclaté dans un ciel serein…

Premier exemple, les « infographies » qui prétendent expliquer en « quelques dates » ou « quelques faits », la tragédie actuelle, à l’instar de celle publiée le 8 juillet sur le site de Métro :

« Six dates », donc… Arrêtons-nous sur les trois premières :

Tout aurait donc commencé, le 12 juin, avec la disparition des trois jeunes Israéliens. Ne s’était-il donc rien passé avant ? La situation était-elle « calme » ? C’est ce que cette « chronologie » laisse entendre. Alors qu’évidemment, non. De la grève de la faim des prisonniers palestiniens (avril-juin 2014) à la mort de deux jeunes Palestiniens, tués par l’armée israélienne devant des caméras le 15 mai dernier, lors d’un rassemblement commémorant, comme chaque année, l’expulsion des Palestiniens en 1948, en passant par l’appel d’offre d’Israël, le 5 juin, pour la construction de 1500 logements dans les colonies, les « dates » sont nombreuses. Mais il était sans doute compliqué de les intégrer à la « chronologie », car ces trois événements auraient rappelé que le conflit entre Israël et les Palestiniens a des racines profondes, mais aussi et surtout de tels rappels auraient peut-être imposé de parler des colonies israéliennes, des réfugiés palestiniens et des prisonniers politiques. Or ceux-ci n’ont pas d’équivalent du côté israélien. Il aurait donc fallu rompre avec la logique de l’« équilibre » qui caractérise ces chronologies mutilées.

La deuxième date proposée (le 30 juin, date de la découverte des corps des trois jeunes Israéliens en Cisjordanie) est elle aussi parlante, non pour ce qu’elle dit mais pour ce qu’elle ne dit pas. Si l’on en croit la chronologie, il ne se serait en effet rien passé de significatif entre le 12 et le 30 juin. Et pourtant, durant cette période, ce sont quatre jeunes Palestiniens qui sont morts sous les balles israéliennes, et plus de 600 Palestiniens, dont 11 députés (parmi lesquels le président du Parlement), qui ont été arrêtés lors d’une vaste opération de l’armée israélienne en Cisjordanie. Pourquoi ne pas le mentionner ? Un simple oubli ou une occultation destinée à éviter de parler d’un sujet sans équivalent possible dans l’autre camp (une campagne massive d’arrestations), qui aurait risqué de rompre le schéma préconçu (mort-représailles-mort-représailles) qui guide cette chronologie sélective ? La réponse est dans la question…

Un exemple exemplaire de l’occultation d’une partie significative, pour ne pas dire essentielle, de la réalité, qui décontextualise totalement les événements en cours et sous-entend que ces derniers se seraient produits dans une période sans « violence » et sans « tension », comme on pourrait également le déduire de la présentation de la « chronologie » proposée par le site francetvinfo : « Va-t-on vers un nouveau conflit ouvert entre Israël et la Palestine, et une occupation de la bande de Gaza ? C’est la crainte des observateurs de la région après la vague de violences et de tensions qui a débuté le 12 juin avec le meurtre de 3 jeunes Israéliens. Mardi 8 juillet, de nouvelles frappes israéliennes ont fait un mort palestinien dans la bande de Gaza. L’armée israélienne se dit prête à toutes les options, y compris une offensive terrestre ».

Ni l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie, ni la répression permanente que subissent les Palestiniens, ni le blocus de Gaza ne semblent retenir l’attention des « observateurs ». Et pourtant, les informations sont ou devraient être connues de tous puisqu’elles sont largement disponibles. Qui plus est, de longues pages ou de longues minutes ne sont pas nécessaires pour les mentionner. En témoigne, exemple malheureusement trop rare, un article publié par Benjamin Barthe dans Le Monde, qui rappelle, en quelques lignes, que « l’occupation de la bande de Gaza, contrairement à ce qu’affirme Israël, n’a pas pris fin avec le départ du dernier de ses soldats, le 11 septembre 2005. Comme le rappelle opportunément l’ONG israélienne Gisha sur son site Internet, l’État hébreu continue de contrôler des pans entiers de la vie des Gazaouis : le registre d’état civil, les eaux territoriales, l’espace aérien et l’unique terminal commercial. (…) De cet état de fait, la plupart des experts en droit international ont conclu que la bande de Gaza est toujours sous occupation. C’est la position officielle des Nations unies. Un tel statut requiert de l’occupant qu’il assure le « bien-être » de la population occupée. Mais à ces obligations, Israël s’est constamment soustrait. Grâce au renfort de l’Égypte du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, farouchement hostile au Hamas, et à l’apathie de la communauté internationale, le bouclage de Gaza s’est même aggravé. Selon le bureau des statistiques palestinien, le taux de chômage pour les jeunes de 15 à 29 ans y a atteint 58 % durant le premier semestre de cette année. 70 % de la population dépend des distributions d’aide humanitaire pour sa survie ».

Ce contexte, chacun en conviendra, éclaire sous un autre jour les récents « événements » (entre autres les discussions autour des conditions d’une « trêve », nous y reviendrons) et permet d’éviter les fâcheuses conséquences, en ce qui concerne la qualité de l’information, de l’improbable équilibrisme. Un moyen aussi d’éviter le troisième écueil de l’injonction à la symétrie : la dépolitisation du conflit opposant Israël aux Palestiniens, que nous avions caractérisée dans l’article déjà cité plus haut comme le « syndrome de Tom et Jerry ».

Une information dépolitisée

Nous écrivions alors : « Tom et Jerry, célèbres personnages de dessins animés, sont en conflit permanent. Ils se courent après, se donnent des coups, construisent des pièges, se tirent parfois dessus et, quand ils semblent se réconcilier, ils sont en réalité en train d’élaborer de nouveaux subterfuges pour faire souffrir l’adversaire. Le spectateur rit de bon cœur, mais il reste dans l’ignorance : il ne sait pas pourquoi ces deux-là se détestent, on ne lui a jamais expliqué pourquoi Tom et Jerry ne peuvent pas parvenir à une trêve durable, voire une paix définitive ».

Dans le traitement médiatique dominant, Israël et les Palestiniens ressemblent, à bien des égards, à Tom et Jerry, accumulant les « attaques », les « ripostes » et autres « représailles », sans que l’on sache trop pourquoi. La couverture se focalise sur l’enchaînement des événements « spectaculaires », sans questionner et expliciter les causes profondes ou les dynamiques à long ou moyen terme. L’information est ainsi décontextualisée, déshistoricisée et dépolitisée. On évoque ainsi, à la une du Monde (voir plus haut), une « guerre sans fin » (et donc sans cause ?). Autre version avec Libération, où l’on apprend que tout ceci ne serait qu’une histoire de vengeance :

Jean Guisnel, dans un éditorial du Télégramme publié le 12 juillet , assume qu’il est vain d’essayer d’y comprendre quoi que ce soit : « Dans cet effroyable cycle de la provocation et de la répression, la question n’est même plus de savoir qui a allumé la mèche. Que trois jeunes Israéliens soient assassinés froidement, c’est abominable. Qu’un jeune Palestinien soit, en rétorsion, contraint d’avaler de l’essence à laquelle ses ravisseurs, en kippa, ont mis le feu, cela dépasse l’entendement ! À ce niveau de haine, les deux peuples acteurs de cette guerre sans fin n’ont besoin que de dialogue et de calme ».

Est-il venu à l’esprit de l’éditorialiste du Télégramme (et de nombre de ses confrères qui tiennent peu ou prou les mêmes propos), que si la solution résidait simplement dans le « dialogue et le calme », il y aurait bien longtemps que le conflit entre Israël et les Palestiniens serait résolu ? Ne pense-t-il pas qu’il existe des causes profondes et que les appels au « calme » et au « dialogue », quand bien même ils seraient sincères et généreux, n’auront de sens que si l’on s’attaque aux racines du conflit, à savoir l’occupation et la colonisation de la Palestine, sans quoi ils seront vains ? Jean Guisnel et ses confrères croient-ils réellement que « les violences » sont irrationnelles et qu’il suffit de dire « stop » pour qu’elles cessent ? Peut-être ne le croient-ils pas, mais c’est en tout cas ce qu’ils laissent entendre à leurs lecteurs, ce qui est, au mieux, de l’incompétence et, au pire, de la malhonnêteté.

Certains vont même encore plus loin dans la dépolitisation en y ajoutant une dose de mépris qui n’aide pas, lui non plus, le lecteur. Ainsi en va-t-il de ce courageux éditorialiste anonyme du Monde qui, le 10 juillet, « explique » : « Le gouvernement de Benjamin Nétanyahou promet de maintenir son opération tant que des roquettes seront tirées sur Israël ; le Hamas jure qu’il y aura des tirs tant que Gaza est bombardée par Israël… Si l’affaire n’était pas aussi grave, on parlerait de stratégie de cour de récréation ». « Une stratégie de cour de récréation ». Une fois de plus, Tom et Jerry ne sont pas loin.

Et on s’épargnera de commenter ce titre trouvé sur le site de BFMTV, symptôme de la dépolitisation du conflit entre Israël et les Palestiniens et de l’indécence de certains médias :

Le mot indécence étant peut-être faible lorsque l’on sait que deux jours plus tard, c’est ce titre que l’on découvrait sur le même site internet :

Misère….

Une information orientée

Information biaisée, information incomplète, information dépolitisée… autant de travers caractéristiques du bruit médiatique dominant, qui conduisent finalement nombre de journalistes et de médias à adopter, au nom souvent de la prétendue recherche d’un « équilibre » et d’une bienveillante « neutralité », une posture résolument orientée du côté du récit israélien. Il ne s’agit pas de dire ici que « les médias » ou « les journalistes » seraient « pro-Israël », ni même d’affirmer que cette posture partisane serait consciente ou volontaire pour la majorité d’entre eux. Il s’agit bien d’affirmer que les travers identifiés ci-dessus conduisent, naturellement, à favoriser Israël dans le traitement médiatique.

Exemple typique avec le traitement dominant de la vraie-fausse « trêve » du 15 juillet, sur proposition égyptienne. Les titres ont été d’une infinie variété :

Signalons cette amusante variante proposée par Ouest-France :

En résumé, chacun aura compris que « le Hamas » a « refusé » la « trêve » alors qu’Israël l’avait « acceptée ». Questions : quelles étaient les conditions de la trêve ? Pourquoi le Hamas l’a-t-il refusée ? Pour la plupart des articles dont nous venons de citer les titres, les explications sont plutôt… laconiques. Sur les conditions de la trêve, à peu près rien. Sur les raisons du refus du Hamas, à peu près pas grand-chose.

Ainsi, sur le site MyTF1.news : « Au neuvième jour du conflit qui l’oppose à Israël, le mouvement palestinien a, sans surprise, opposé une fin de non-recevoir à un éventuel cessez-le-feu. Sur le terrain, les raids israéliens s’intensifient. Comme mardi, le Hamas a de nouveau officiellement informé l’Égypte mercredi qu’il rejetait sa proposition de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Cette décision, sans surprise, implique la poursuite du conflit entre Israël et le mouvement islamiste ». C’est tout ? C’est tout.

Notons toutefois qu’une dépêche AFP publiée dans la journée du 15 juillet, et de laquelle semble s’être inspirés la plupart des sites d’information, précise un peu les choses : « Le Hamas exige l’arrêt des bombardements, la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l’ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l’Égypte et la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés dans le cadre de l’accord d’échange du soldat israélien Gilad Shalit en 2011 ».

Dont acte ? Ou pas. Et nous touchons ici aux conséquences du traitement biaisé, incomplet et dépolitisé que nous évoquions plus haut. Que viennent soudain faire le blocus de Gaza et la libération des prisonniers dans cette affaire ? Ne s’agissait-il pas juste d’échanges de tirs et d’une « escalade meurtrière » qui avait débuté le 12 juin avec la disparition des trois jeunes Israéliens ? Les exigences du Hamas, lorsqu’elles sont (succinctement) exposées, apparaissent comme étant hors de propos, eu égard au récit et au bruit médiatique dominants, et surtout personne ne prend le soin de réellement les expliciter, à l’exception de quelques articles comme celui publié par Pierre Puchot sur Mediapart, qui fournit des éléments de contextualisation et des explications permettant d’aller au-delà de l’idée d’un « refus de la trêve » par le Hamas et de comprendre les raisons qui ont poussé le Hamas à rejeter « cette » trêve.

Dans cette affaire, le Hamas apparaît donc comme celui qui refuse d’arrêter les combats, tandis qu’Israël, que l’on fait apparaître (volontairement ou non) comme étant de « bonne volonté », en sort grandi.

Autre exemple de ce parti pris qui est avant tout, rappelons-le, une conséquence ou un « dommage collatéral » des travers identifiés ci-dessus, le glissement sémantique qui s’opère lorsqu’il s’agit de nommer les acteurs des événements en cours. Si l’on tient compte de l’ensemble des coordonnées de la situation, l’offensive israélienne contre la bande de Gaza est un épisode violent du conflit opposant Israël aux Palestiniens. Ce conflit existe en Cisjordanie, à Jérusalem, à Gaza et en Israël même, comme l’ont par exemple récemment montré les épisodes violents qui ont suivi la disparition des trois jeunes Israéliens et, a fortiori, la découverte de leurs corps.

Mais dans le cas qui nous préoccupe, et probablement en raison des mécanismes de dépolitisation, l’offensive israélienne contre Gaza est devenue, souvent, une guerre Israël-Gaza, visiblement déconnectée du conflit « global » qui oppose Israël aux Palestiniens.

Parfois même, l’offensive israélienne contre Gaza est devenue un affrontement Israël-Hamas :

La réduction d’un conflit global entre Israël et les Palestiniens à un affrontement entre « Israël » et « Gaza » est déjà problématique en soi. Si demain l’Italie bombardait la Corse, parlerait-on d’un affrontement entre l’Italie et la Corse ou d’un affrontement entre l’Italie et la France ? Cette réduction accompagne en réalité, consciemment ou non, la rhétorique et la politique israéliennes visant à séparer le sort de Gaza de celui de la Cisjordanie et des Palestiniens d’Israël. Il ne s’agit donc pas d’une simple erreur d’appréciation ou d’un mauvais choix dans les termes, mais bel et bien d’un accompagnement des positions israéliennes.

Le glissement consistant à parler d’un affrontement entre « Israël » et « Hamas » est encore plus critiquable. En premier lieu, parce que le Hamas n’est pas la seule force politique présente à Gaza, loin de là, et qu’il n’est pas le seul à avoir, ces derniers jours, lancé des roquettes vers Israël. En deuxième lieu, parce que le Hamas, et ce quelles que soient les critiques que l’on peut formuler à l’égard de sa stratégie ou de ses positions et projets politiques, est le parti qui a obtenu la majorité des suffrages lors des dernières élections législatives, et ne peut en aucun cas être considéré comme un groupe isolé du reste de la population palestinienne. Enfin, la rhétorique du « conflit Israël-Hamas » occulte un pan essentiel de la réalité : le conflit n’oppose pas Israël et le Hamas, un groupe politique avec ses orientations et ses pratiques, mais Israël et les Palestiniens, un peuple avec ses droits nationaux.

***Que ce soit lors de l’épisode de la première « trêve » ou lorsque l’on s’intéresse à la qualification de l’offensive en cours, on se rend donc compte que les biais et travers médiatiques liés à la volonté revendiquée de traiter de manière « équilibrée » une situation asymétrique débouchent sur une occultation des tenants et aboutissants réels du conflit, assimilable à une malinformation, voire une désinformation. À force de vouloir simplifier à outrance, on gomme en effet les causes profondes du conflit, on « évite » toutes les informations qui pourraient renvoyer à ces causes profondes et on fournit, à l’arrivée, une information qui n’en est pas une et qui n’offre aucune clé de compréhension au lecteur, au téléspectateur ou à l’auditeur.

Le bruit médiatique général donne en réalité à lire, à entendre ou à voir une « guerre sans fin », au sein de laquelle les torts seraient partagés, les populations civiles victimes des mêmes politiques, et les « extrémistes » responsables de tous les maux. Le déséquilibre des forces et des légitimités est largement étouffé au nom d’une prétendue « neutralité » se manifestant par la revendication d’un traitement « équilibré » qui, dans une situation telle que celle du conflit opposant Israël aux Palestiniens, conduit à un accompagnement, voire une légitimation du récit israélien.

On en oublierait presque en effet que Jérusalem, la Cisjordanie et Gaza sont, selon la légalité internationale, sous occupation, que les colonies israéliennes s’étendent chaque jour un peu plus, que plus de 5 000 prisonniers politiques sont détenus par Israël, que plusieurs millions de réfugiés palestiniens vivent toujours dans des camps et que le peuple palestinien continue de revendiquer ses droits, consacrés par la légalité internationale. Ne serait-il pas de la responsabilité des médias de nous en informer, y compris et notamment lors des épisodes comme celui de l’offensive israélienne contre Gaza ?

Julien Salingue

PS : Ce texte a été rédigé avant le début de l’offensive terrestre engagée par l’armée israélienne dans la nuit du 17 au 18 juillet, dont le traitement médiatique semble malheureusement confirmer les tendances décrites dans cet article.

Brésil : Appel à la solidarité avec les prisonniers de la Coupe du Monde

semana3-f1958A l’occasion de la semaine mondiale de solidarité avec les prisonniers
anarchistes qui aura lieu du 23 au 30 août (Le 23 août est la date
d’anniversaire de l’exécution de Sacco et Vanzetti), la Croix Noire
Anarchiste de Rio appelle à des actions de solidarité avec les prisonniers
de la Coupe du Monde, notamment avec 18 personnes qui avaient été arrêtées
la veille de la finale et avec de nombreux autres militants qui risquent
encore la répression. Des procès, perquisitions et arrestations
d’anarchistes auront probablement lieu dans les prochaines semaines en
lien avec les rassemblements massifs contre la Coupe du Monde 2014.

https://cnario.noblogs.org/semana


Terrorisme d’Etat : un aperçu de la nouvelle loi anti-« terroriste » en cours d’adoption

27 juillet 2014

http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=7135

2014-04-13_Calais_Antifa_Defendons_les_squats-400x337Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a présenté mercredi 9 juillet en Conseil des ministres un projet de loi « renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme ». Le 22 juillet, les députés ont adopté en Commission des lois et à l’unanimité (UMP/PS) le projet en le durcissant avec plusieurs amendements. Il passera selon la procédure d’urgence à l’Assemblée Nationale et au Sénat (18 articles) pour être soumis au vote le 18 septembre prochain. Voici, à titre contre-informatif, son contenu non exhaustif :

« Non, [ce projet de loi] n’est pas liberticide. Non, nous n’entrons pas dans l’ère de Minority Report, ce fameux film de Spielberg où la société du futur a éradiqué le crime en se dotant d’un système de prévention, de détection et de répression le plus sophistiqué au monde… »
Sébastien Pietrasanta (PS), rapporteur du projet de loi, 22 juillet 2014

• Création de la notion d’« entreprise individuelle terroriste »

L’article 5 du projet de loi crée la notion d’« entreprise individuelle terroriste », qui auparavant n’était que collective (avec la notion d’ »association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », basée sur les intentions et utilisée officiellement comme une « neutralisation judiciaire préventive » selon l’ancien directeur de la DST).
Restera pour les enquêteurs à matérialiser l’intention d’un seul homme ou d’une seule femme, qui est définie par deux éléments matériels : « le fait de détenir, de rechercher, de se procurer ou de fabriquer des objets ou des substances de nature à créer un danger pour autrui » (la seule recherche suffit !) ET n’importe lequel des autres points suivants : avoir fait un repérage (« recueillir des renseignements relatifs à un lieu, à une ou plusieurs personnes ou à la surveillance de ces personnes »), avoir reçu un entraînement/une formation aux armes ou aux explosifs/engins incendiaires ou au pilotage d’aéronefs, consulter des sites internet qui provoquent ou font l’apologie du terrorisme (« Consulter habituellement un ou plusieurs services de communication au public en ligne provoquant directement à la commission d’actes de terrorisme ou en faisant l’apologie, sauf lorsque la consultation résulte de l’exercice normal d’une profession ayant pour objet d’informer le public, intervient dans le cadre de recherches scientifiques ou est réalisée afin de servir de preuve en justice »).
Pour ce nouveau délit, le projet de loi prévoit jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende. Enfin, pour l’instant (on verra après passage au Parlement), il vise les atteintes aux humains ou aux biens (y compris les « dégradations ») s’ils ont mis « en danger » des personnes (« destructions, dégradations ou détériorations par substances explosives ou incendiaires devant être réalisées dans des circonstances de temps ou de lieu susceptibles d’entraîner des atteintes à l’intégrité physique d’une ou plusieurs personnes »).

• La pénalisation de l’ »apologie du terrorisme »

L’ »apologie du terrorisme » entrait jusqu’à présent dans le cadre de la loi sur la presse de 1881 (délai de prescription de l’action publique de trois ans, recours aux procédures de convocation par procès-verbal et de comparution immédiate exclus et aucune des règles procédurales applicables en matière terroriste applicable). C’est cela qui va changer.
Le projet de loi (article 4) sort donc de ce périmètre l’ »apologie » et la « provocation » au « terrorisme », pour les inclure dans un nouvel article du code pénal en les soumettant au régime spécial des « infractions terroristes » et en accroissant les pouvoirs des enquêteurs travaillant sur ces dossiers. On notera que cette « apologie » (« le fait, par quelque moyen que ce soit, de provoquer directement à des actes de terrorisme ») concerne tant l’espace public que privé (ça aussi c’est une nouveauté, car la loi de 1881 sur la presse réprimait uniquement par nature les « provocations publiques », et les seules « provocations privées » incriminées jusqu’à présent par le code pénal étaient trois exceptions : « provocation au suicide », « provocation de mineurs à l’usage de stupéfiants » et « provocation à s’armer contre l’autorité de l’Etat »). Enfin, on notera qu’internet constitue une circonstance aggravante : trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende pour la provocation non publique (comme dans un cercle privé -un débat non publicisé, un local en dehors des heures d’ouverture, etc.-, un réseau social, un forum fermé) ; cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende pour « la provocation publique » ou « l’apologie » (qui demeurera une infraction dont la commission exigera des propos publics) ou « la provocation non publique aggravée par la circonstance de la commission sur Internet » ; sept ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende pour « la provocation publique aggravée par la circonstance de la commission sur Internet » ou « l’apologie aggravée par la circonstance de la commission sur Internet ».

• Le monopole des juges « antiterroristes » de Paris s’étend

L’article 7 étend la compétence de ces juges -parquet, instruction et de siège- (ce qui n’était pas le cas) « aux infractions commises en détention, aux délits d’évasion, aux délits de non-respect d’une assignation à résidence ainsi qu’aux délits de violation d’une interdiction administrative de sortie du territoire, dès lors que ces infractions sont commises par des personnes par ailleurs poursuivies, condamnées ou recherchées pour des actes de terrorisme » (« détenue, prévenue, condamnée, recherchée dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen ou réclamée dans le cadre d’une extradition pour des actes de terrorisme »). En conclusion, il suffit par exemple d’être simplement mis en examen pour « terrorisme », pour que tout délit ordinaire commis en prison, en matière de « poursuite, instruction et jugement » passe sous cette juridiction spéciale…

• Le blocage administratif des sites faisant l’ »apologie du terrorisme »

L’article 6 du projet de loi prévoit que les sites incitant à commettre des actes « terroristes » ou en faisant l’apologie puissent être bloqués sans décision d’un juge. Une mesure qui s’inspire des dispositions prévues pour les sites « pédo-pornographiques ». L’autorité administrative contactera d’abord l’éditeur, puis l’hébergeur s’ils sont identifiés, avant d’ordonner aux FAI le blocage si dans les 24 heures la demande de retrait reste sans effet.

• Création d’une interdiction administrative de sortie du territoire

Une des mesures (article 1) du projet de loi a pour objectif d’empêcher les départs d’individus de nationalité française qui manifesteraient l’envie de partir se battre ailleurs (« lorsqu’il existe des raisons sérieuses de croire qu’il projette : 1° Des déplacements à l’étranger ayant pour objet la participation à des activités terroristes, des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ; 2° Ou des déplacements à l’étranger sur un théâtre d’opérations de groupements terroristes et dans des conditions susceptibles de le conduire à porter atteinte à la sécurité publique lors de son retour sur le territoire français »). Cette mesure, désormais administrative (avec la possibilité d’utiliser le « secret défense » en cas de recours), était auparavant déjà possible, mais à titre restreint par un juge et dans le cadre d’une mise en examen.

Le ministère de l’intérieur pourra donc leur interdire la sortie du territoire par périodes allant jusqu’à 6 mois, périodes renouvelables à l’infini, avec retrait du passeport et de la carte d’identité (et délivrance d’un simple récépissé « valant justification de son identité »). L’ « intention terroriste » en dehors du sol contrôlé par l’Etat français justifie ici un dispositif qui se rapproche des contraintes appliquées jusqu’ici uniquement contre les étrangers ou aux condamnés (récepissé, interdictions de déplacement, obligation de séjour quelque part). Un site droitdelhommiste s’interrogeait récemment : comment prouver, avant même le départ, que la personne sera un danger au retour ? Comment contrôler le déplacement des ressortissants français à l’intérieur de l’espace Schengen ?

Et à l’inverse de cette mesure qui concerne les « citoyens français majeurs » en leur interdisant de partir, lorsqu’un « étranger » condamné pour « terrorisme » et « interdit de séjour » après sa peine n’est pas expulsable dans son pays d’origine (pour des raisons techniques ou parce qu’il risque la mort), l’article 2 du projet de loi rajoute à l’assignation administrative à résidence (souvent dans des villages isolés de montagne), des interdictions de contact « avec certaines personnes nommément désignées dont le comportement est lié à des activités à caractère terroriste » (on notera la notion de « comportement » pour rajouter à la peine de relégation administrative des interdictions de fréquentation, des fois qu’ils auraient des visites). De plus, ils pourront désormais être assignés dans des territoires d’outre-mer éloignés du Pacifique, comme les îles Wallis et Futuna, afin de les couper de tout lien avec la métropole (article 16).

• Bande organisée et piratage informatique

L’article 12 du projet de loi accentue la répression contre certains actes de piratage informatique en créant une circonstance aggravante, celle de la « bande organisée » (coucou les Anonymous !). Il porte alors la peine encourue à dix ans d’emprisonnement et à 1 million € d’amende. En l’état, cet article ne vise que les délits informatiques issus de la loi Godfrain (« accès ou maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données, entrave à son fonctionnement et introduction, suppression ou modification frauduleuse de données »). Cette disposition s’ajoute à la liste d’infractions déjà prévues à l’article 323-3-1 du Code pénal, lequel incrimine le fait « d’importer, détenir, offrir, céder, mettre à disposition un outil permettant de commettre l’un de ces faits de piratage ».

• Flics sous pseudonyme, perquisitions virtuelles et écoutes en prison

L’article 13 précise que pour rechercher les infractions liées aux « intentions terroristes », les services type DGSI peuvent utiliser les forums internet, mails, etc. pour entrer en contact avec les auteurs suspectés en utilisant de faux noms (« 1° Participer sous un pseudonyme aux échanges électroniques ; 2° Être en contact par le moyen mentionné au 1° avec les personnes susceptibles d’être les auteurs de ces infractions ; 3° Extraire, transmettre en réponse à une demande expresse, acquérir ou conserver par ce même moyen les éléments de preuve et les données sur les personnes susceptibles d’être les auteurs de ces infractions, ainsi que des contenus illicites, dans des conditions fixées par décret. À peine de nullité, ces actes ne peuvent constituer une incitation à commettre ces infractions »).

L’article 10 permet aux flics de s’insérer à distance dans les ordinateurs et autres systèmes numériques (comme les Cloud, smartphone et tablettes) pour stocker directement les infos chopées chez vous dans leurs locaux (« accéder par un système informatique implanté dans les locaux d’un service ou d’une unité de police ou de gendarmerie à des données intéressant l’enquête en cours et stockées dans un autre système informatique »). Cela concerne aussi tout ce qui est tapé sur clavier, s’affiche à l’écran ou les données type Skype « reçues et émises par des périphériques audiovisuels » (article 14). Si ces données sont cryptées ou chiffrées, ils peuvent sous peine d’amende de 3750 euros en cas de refus « requérir toute personne susceptible : 1° D’avoir connaissance des mesures appliquées pour protéger les données auxquelles il est permis d’accéder dans le cadre de la perquisition ; 2° De leur remettre les informations permettant d’accéder aux données mentionnées. »

L’article 15bis introduit l’écoute permanente des téléphones portables (interdits) dans les prisons, sous l’égide de l’administration pénitentiaire. Ces interceptations permanentes par l’AP (officiellement uniquement les « données techniques » ou « données de connexion » et pas le contenu de la communication) seront sous le contrôle de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) qui disposera d’un accès direct au dispositif de l’AP.


Qui sont les terroristes ?

Les conditions de vie toujours plus insupportables qui nous sont imposées reposent sur la peur. Peur de ne pas avoir de boulot et de ne pas arriver à boucler les fins de mois. Peur de la police, peur de la prison. Parce qu’au fond, la matraque et son acceptation est ce qui garantit les rapports sociaux.

Dans ce monde à l’envers, le terrorisme ce n’est pas contraindre des milliards d’êtres humains à survivre dans des conditions inacceptables, ce n’est pas empoisonner la terre. Ce n’est pas continuer une recherche scientifique et technologique qui soumet toujours plus nos vies, pénètre nos corps et modifie la nature de façon irréversible. Ce n’est pas enfermer et déporter des êtres humains parce qu’ils sont dépourvus du petit bout de papier adéquat. Ce n’est pas nous tuer et mutiler au travail pour que les patrons s’enrichissent à l’infini. Ce n’est pas même bombarder des populations entières. Tout cela, ils l’appellent économie, civilisation, démocratie, progrès, ordre public.

La politique est en réalité l’art de travestir les faits en changeant les mots. Leur « guerre au terrorisme » à l’échelle planétaire n’est qu’une arme de propagande pour légitimer toute agression militaire à l’extérieur et toute répression des rebelles à l’intérieur.

Dans un effet miroir, l’Etat voudrait tous nous obliger à être le reflet de sa sale gueule autoritaire. Des amitiés, des affinités et le partage d’une même idée de liberté deviennent une « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Des liens tissés dans les luttes deviennent une « mouvance anarcho-autonome ». Un fumigène devient une bombe.

Et pourtant, s’organiser n’est pas nécessairement constituer une Organisation, tout comme une grève n’est pas une prise d’otage. L’attaque contre une banque, une prison, un Pôle Emploi, une permanence électorale, un centre de rétention, le sabotage de la circulation des trains ou des machines dans une usine, ne sont pas du « terrorisme ». Un abîme sépare ceux qui s’insurgent pour se libérer, et ceux qui frappent dans le tas pour défendre, consolider ou conquérir le pouvoir, c’est-à-dire les Etats et leurs concurrents, les patrons, leurs mercenaires et leurs laboratoires de mort.

Dans cette guerre sociale qui se déroule au travail comme dans la rue, de jour comme de nuit, l’ennemi est tout individu qui fait obstacle à la marche radieuse du capital.

Que chacun, de la manière qu’il estime la plus adéquate, s’oppose au terrorisme d’Etat et au totalitarisme démocratique. Nous ne subirons pas cette déclaration de guerre en baissant la tête.

Que crève le meilleur des mondes !

[Texte d’une affiche trouvée sur les murs de plusieurs villes en avril 2008]

Attention : TOR a été hacké!

31 juillet 2014
Internet : C’est officiel, TOR a été hacké!
Ce sont des temps difficiles pour TOR. Il y a quelques jours, un
département d’état américain a fait annuler une conférence « Comment hacker
TOR ? », démontrant ainsi que si le premier objectif de la NSA est de
briser TOR, l’administration US en est elle-même un gros consommateur.
Ensuite, l’état russe a proposé une prime pour toute personne qui sera
capable de compromettre la sécurité des utilisateurs de TOR.

Finalement, c’est le site officiel de TOR lui-même qui a annoncé avoir été
piraté. Un groupe de noeuds vérolés à su rejoindre le réseau en janvier
2014 et remplacer des en-têtes de fichiers pour usurper des certificats.
On ignore combien de personnes ont été touchées. Le réseau TOR indique que
l’attaque ciblait les utilisateurs des ’hidden services’ (une partie de
web invisible et utilisée pour les contenus illégaux). Toute personne qui
a utilisé les hidden services de TOR (sites qui se terminent en .onion)
entre janvier et juillet 2014 a donc potentiellement vu sa sécurité
compromise.

Pour connaître les détails techniques, voici le communiqué officiel en
anglais :
https://blog.torproject.org/blog/tor-security-advisory-relay-early-traffic-confirmation-attack

Brésil : « Operação Firewall » contre des opposants au Mondial 19 incarcérations!

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Le 21 juillet 2014

Brésil : une « action de guérilla » était prévue pour la finale de la Coupe du monde 2014, selon la police  Le HuffPost/AFP

Des manifestants avaient projeté d’utiliser des explosifs lors d’une « action de guérilla » au moment de la finale de la Coupe du monde de football, selon un rapport de la police brésilienne publié lundi 21 juillet par le quotidien O Globo.

Selon la police, des manifestants arrêtés vendredi 18 juillet, cinq jours après la finale opposant l’Allemagne à l’Argentine, étaient organisés selon une « hiérarchie stricte » avec des groupes se consacrant à la préparation des attaques, la confection et la distribution d’engins explosifs, de cocktails molotov ou d’objets pointus destinés à blesser des policiers ou à crever les pneus de leurs véhicules.

L’enquête, entamée en septembre 2013, s’est notamment articulée autour de l’interception de courriers électronique et d’écoutes téléphoniques, dont O Globo publie des extraits. 23 personnes ont été arrêtées, 18 autres seraient en fuite.

L’organisation serait dirigée par Eliza Quadros Pinto Sanzi, alias « Sininho » (la « Fée Clochette » en portugais), a rapporté le quotidien. Pour éviter d’être repérés et arrêtés, les manifestants avaient laissé les explosifs dans des sacs près de l’endroit où était prévue la manifestation et évitaient de les porter sur eux, indique le rapport de police consulté O Globo.

La préparation de cette « action de guérilla » aurait été révélée par des personnes ayant participé aux manifestations anti-Coupe du monde, mais en désaccord avec les actions violentes et les actes de vandalisme, imputés au Black Bloc, des militants qui prônent l’usage de la violence à des fins politiques.

Selon la police, le premier niveau de l’organisation était dirigé par « Sininho ». Le deuxième niveau était constitué par un groupe, chargé de déterminer les itinéraires des manifestations, confectionner des explosifs et établir le contact avec les autres organisations. Le troisième niveau, considéré comme la « ligne de front », était composée du Black bloc.

Une vague sans précédent de manifestations avait secoué le Brésil pendant la Coupe des Confédérations de 2013 pour protester contre le coût de la Coupe du Monde, estimé à quelque 11 milliards de dollars, et réclamer de meilleurs services de transport, de santé et d’éducation.


Agitation aux abords du stade Maracana et mise-à-jour sur les perquisitions et arrestations de la veille

Ce samedi 12 juillet au matin à Rio, les flics ont arrêté 19 personnes* soupçonnées d’avoir participé à l’agitation dans les rues avant et pendant la coupe du monde. 60 mandats de perquisitions entre autre pour regroupement armé en vue de commettre un délit ont été émis par l’Etat deux jours auparavant. Les personnes arrêtées ont été transférées immédiatement à la « Cité de la Police » (Cidade da Policia, un gros complexe de commissariats) et seront détenues pendant 5 jours. Dans un premier temps, les personnes arrêtées devaient être transférées à la prison « Bangu 8« . Mais les médias rapportent ce 13 juillet que les détenus seront transférés à la prison de Gericinó dans la zone ouest de Rio de Janeiro.

C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la grande manifestation Nao Vai Ter Copa durant la finale qui s’est déroulée ce dimanche 13 juillet 2014.

Plusieurs rassemblements et manifs se sont tenus dans la journée. L’Etat a bien évidemment sorti les grands moyens pour garantir la bonne tenue de cette cérémonie finale aux alentours du stade Maracana. Près de 30.000 flics de différents modèles (dont la cavalerie et les troupes de choc) ont été utilisés pour contenir la rage des protestataires. La station de métro de la place Saens Pena a été fermée par les flics tout l’après-midi, tout comme le secteur de la rue Conde de Bonfim : l’objectif de la police était bel et bien d’isoler les manifestant-es de la population, tout en les séquestrant à ciel ouvert.

Plus de 300 personnes se sont donc rassemblées place Saens Peña à Tijuca en milieu d’après-midi avec comme but de se rendre au stade Maracana de Rio où se jouait la finale. De nombreux slogans ciblaient la police et la répression de la veille – demandant la libération et l’arrêt des poursuites pour les 37 personnes interpellées au petit matin (16 sont ressorties libres du comico après avoir été entendues*). Les flics de la PM ont rapidement encerclé les manifestant-es, mais un groupe d’environ 150 masqué-es a tenté de percer les barrages policiers en direction du stade et des infrastructures de la FIFA mais a été repoussé par la PM à coups matraques et de grenades lacrymogène. Les plus gros affrontements avec les flics ont eu lieu sur cette place et fait de nombreux blessés du côté des manifestant-es et des journalistes présents (dont au moins 1 s’est fait casser un bras).

Selon le groupe d’avocats Habeas Corpus, 8 personnes ont été arrêtées et emmenées au 21e DP (à Bonsucesso) et au moins une autre à la 19 Cité à Tijuca.

Samedi 12 juillet à Sao Paulo, plus de 200 personnes se sont réunies pour exiger la libération des deux manifestants interpellés suite à l’émeute du 19 juin dernier. Ils risquent une peine allant de 5 ans et 5 mois à 14 ans et 6 mois d’emprisonnement pour incitation au crime, association de malfaiteurs armés, résistance/désobéissance et possession d’engin explosif. L’ancien joueur international reconverti en homme d’affaires Ronaldo a été tourné au ridicule en se faisant représenter par une poupée pour ses déclarations de bourgeois sur les révoltés (en déclarant vouloir poser ses fesses sur la tête des vandales qui participent aux manifestations ; il doit sûrement avoir des affaires dans l’automobile^^).

Le blog de la Croix Noire Anarchiste de Porto Alegre vient de changer de serveur, l’adresse actuelle est désormais : cnapoa.wordpress.com
l’adresse mail reste la même : cnapoa@riseup.net

Celui de la cna de Rio est : https://cnario.noblogs.org/

*Les noms des 19 personnes détenues :

Elisa Pinto Sanzio Peintures « Sininho » Gerusa Diniz Lopes » O Lê » Tiago Teixeira Neves da Rocha Eduarda Oliveira Castro de Souza Gabriel da Silva Marinho Kartayne Moraes da Silvia Pinheiro » Moa » Eloisa Samy Santiago Camila Rodrigues Aparecida Jourdan + APF Igor Pereira Icarahy + APF Emerson Raphael Oliveira da Fonseca Rafael Barros Caruso Proença de Carvalho Felipe Moraes » Rataô » Felipe Carvalho Frieb Pedro Pedro Maia Brandão « punk » Bruno Souza Vieira Machado Rebecca Martins de Souza Joseane Maria Araujo de Freitas Eronaldo Araujo da Fonseca – Armes et munitions Sarah Borges Galvão de Souza – « Drogua

9 personnes qui n’ont pas été placées en détention mais qui font face à des poursuites :

Luiz Carlos junior Rendeiro » Game Over » Dreyer Luiza Rodrigues de Souza Ricardo Calderon Egoavil Karyu » » Igor Mendes da Silva Drean Moraes Moura Correa » DR » Shirlene Feitoza da Fonseca Leonardo Pereira Fortini Baroni Pedro Mascarenhas Guilherme Freire André de Castro Sanchez Basseres

Parmi les personnes arrêtées au petit matin, il y a l’activiste de Porto Alegre Elisa Sanzio, qui est poursuivie pour crime informatique(soit activités/agitation anarchistes sur internet). De nombreux mineur-es se trouvent parmi les personnes séquestrées.

 

 

 

 

 

Quelques brèves de la répression qui s’abat, en France et en Israël-Palestine, contre ceux qui s’opposent au colonialisme sioniste, à l’apartheid et aux bombardements sur Gaza…

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26 juillet  2014

France : Garde à vue générale pour du théâtre de rue propalestinien
8 femmes et 4 hommes ont voulu jouer une pièce de
théâtre intitulée « Check-Point » devant un grand cinéma de Paris
Montparnasse. Une initiative artistique montrant des soldats de l’armée
d’occupation israélienne empêchant les Palestiniens de circuler en
Palestine et les brutalisant. Quelques minutes après le début du
spectacle, la police débarque et enjoint aux acteurs de partir, ce qu’ils
font. Mais ils les rattraperont quelques instant plus tard dans la bouche
du métro pour les arrêter. Les acteurs qui passeront 24 heures en garde à
vue pour « attroupement non armé ». Les policiers leur ont dit qu’ils
avaient décidé de les laisser partir mais que « un ordre venu d’en haut »,
une « décision ministérielle », avait commandé l’arrestation.

1er août 2014
Palestine : 20 anarchistes israéliens arrêtés

Au moins 20 membres du groupe « Les anarchistes contre le mur » ont été
arrêtés le 26 juillet après avoir bloqué l’entrée d’une base de la Force
Aérienne israélienne au nord de Tel Aviv, pour protester contre les
bombardements que les troupes israéliennes réalisent sur la Bande de Gaza,
et qui ont déjà fait des centaines de morts palestiniens.

http://www.awalls.org/qui_sommes_nous_francais

anwal-8949d1er août 2014
France : Condamnations après les affrontements de Sarcelles

Deux hommes de 24 et 26 ans ont été condamnés mercredi soir à de la prison
ferme et trois mineurs mis en examen suite aux émeutes qui ont éclaté à
Sarcelles (Val-d’Oise) lors de la manifestation propalestinienne du 20
juillet. Ils étaient accusés d’avoir attaqué plusieurs policiers, pris à
partie alors que leur véhicule s’était retrouvé coincé dans la
manifestation. Les cinq prévenus avaient été interpellés mardi matin après
avoir été identifiés sur des images de vidéosurveillance.

Les deux majeurs, déjà condamnés à de multiples reprises, ont été
condamnés à 10 mois de prison ferme et 30 mois de prison ferme par le
tribunal correctionnel de Pontoise. Les deux jeunes, originaires de
Sarcelles et de Villiers-le-Bel, et qui étaient jugés en comparution
immédiate, ont reconnu à l’audience avoir jeté des pierres sur des
policiers. Trois mineurs ont par ailleurs été déférés devant le TGI de
Paris pour ces mêmes faits. Ils ont été mis en examen pour « violences sur
personnes dépositaires de l’autorité publique ». La semaine passée, quatre
hommes avaient déjà été condamnés à des peines de prison ferme pour leur
implication dans les émeutes de Sarcelles.

30 juillet 2014
France : Premières condamnations après la manifestation propalestinienne

Deux hommes interpellés en marge des affrontements survenus lors de la
manifestation propalestinienne interdite samedi à Paris ont comparu mardi
29, en comparution immédiate. Le premier, âgé de 32 ans, a été reconnu
coupable de « menaces de mort » contre des policiers. Il a été condamné à
deux mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Paris. Le
second a été condamné à quatre mois de prison ferme, mais sans mandat de
dépôt, pour avoir jeté des projectiles sur les forces de l’ordre. Trois
personnes avaient déjà été condamnées lundi soir en comparution immédiate
à deux mois de prison ferme, dont deux qui ont été immédiatement
incarcérés. Au moins sept autres seront jugées ultérieurement.

Par ailleurs, les poursuites contre trois hommes, présentés à l’audience
par leurs avocats comme juifs, ont été annulées. Ils avaient été arrêtés
samedi à proximité de la manifestation en possession d’une matraque
télescopique, d’une bombe lacrymogène et d’un nunchaku. Leurs avocats ont
obtenu la nullité de cette procédure, en faisant valoir que le contrôle
d’identité ayant précédé la découverte de ces armes était irrégulier…

30 juillet 2014
Palestine : De l’eau puante et des fléchettes contre les palestiniens

La police israélienne fait désormais suivre chaque émeute réprimée à
Jérusalem-Est par le passage d’un camion blanc qui asperge trottoirs, murs
et maisons d’une « eau sale » à la composition inconnue, in-lavable qui rend
les rues pestilentielles durant plusieurs jours, ceci afin de dissuader
les rassemblements et de punir les quartiers les plus rebelles. Dans la
bande de Gaza, l’armée expérimente elle aussi une nouvelle arme : un engin
qui en explosant projette 5’000 fléchettes de 3.7 centimètres de long.

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Antinucléaire : rencontre nationale le 23 août 2014 à Avignon.

Le Collectif Antinucléaire de Vaucluse (CAN84), « cofondateur » de la Coordination antinucléaire du sud-est, propose une rencontre nationale le 23 août 2014 à Avignon.

Cela s’adresse à tous ceux et toutes celles qui, sur le terrain, agissent ou ont envie d’agir pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif du crime nucléaire

Objectif :

1)Mettre en commun nos expériences de terrain, leurs impacts et leurs limites, les partager et s’en enrichir mutuellement pour aller plus loin

2)Envisager une forme de coopération/creuset visant à :

– mieux faire circuler/connaître les actions de terrain des uns et des autres

– créer un « pot commun » de nos écrits, textes, expressions pouvant nous inspirer/enrichir les uns- les autres,

– favoriser la démultiplication d’actions de terrain plus efficaces

– favoriser la mise en relation des personnes isolées et souhaitant agir

– créer les conditions de possibles actions coordonnées sur l’hexagone, et au-delà

– autres (à définir lors de cette rencontre)

Ce dont il ne s’agit pas :

– d’un congrès, d’un forum

– de créer ou récréer une « fédération », une supra-organisation, une structure administrative ou/et bureaucratique, un chapeautage de ce qui existe et se crée déjà de ci de là, un centre de décision hiérarchique, un palliatif à l’inaction de terrain, un substitut à la responsabilité et au pouvoir individuel de réflexion/décision/action, d’un lieu de palabres et de discussion sans fin et stérile sur le sexe des anges, d’une tentative de subordination de la lutte antinucléaire à des stratégies et positions partitaires, associatives ou d’égo

Si tu veux venir et alimenter cette Rencontre (seule-e ou à plusieurs) et afin que nous organisions à minima le lieu merci de nous indiquer ta venue sur : collectifantinucleaire84@hotmail.fr ou par tel (06 03 03 63 75 )

Infos pratiques :

Lieu : Parc des Libertés <http://www.parcdeslibertes.fr/>, Ile de la Barthelasse, Avignon (Vaucluse) adresse ( 4682 Rte de L’Islon – île de la Barthelasse – 84000 Avignon Tél. 04 90 85 17 73)

Date : 23 août 2014 de 9h à 18h (possibilité de prolongement sur le dimanche 24 août si cela correspond aux souhaits des uns et des autres)

Possibilité de planter la tente ou de stationner le fourgon sur place (participation financière demandée par l’asso gestionnaire du lieu)

Restauration possible sur place (préciser si souhaité midi et/ou soir afin de commander à l’asso gestionnaire)

Gares de proximité : Avignon-Centre et Avignon-Tgv

Pour des co-voiturages : nous essaierons, dans la mesure du possible, de mettre en relation (nous préciser les dispos de place dans votre véhicule ou votre besoin de place)

Bus vers la Rencontre Nationale au Parc des Libertés (durée 25min) : A partir de la gare routière (Avignon Poste) à 3min à pied de la gare Sncf centre -> ligne 16 en direction « grand angles » , d//escendre à l’arrêt : Porte de l’Oulle -> prendre la navette « Parking Ile Piot » et descendre à l’arrêt « Parking Ile Piot » -> prendre la Navette Camping en direction de « Ile des Papes » et descendre à l’arrêt « Parc des Libertés »/

/Site de la coordination antinucléaire du sud-est

<http://coordination-antinucleaire-sudest.org/>//

////La charte de la coordination antinucléaire du sud-est

<http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2011-11-05ligne ht

La déclaration de désertion d’un jeune israélien …

Udi Segal, jeune israélien de 19 ans, devait démarrer son service militaire le lundi 28 juillet 2014. Malgré la loi l’obligeant, comme la plupart des israéliens juifs de son âge, à rejoindre l’armée après le lycée, Udi a refusé. Il est ce que l’on appelle un refuznik (en hébreu sarvan, de sirev : « il a refusé »), comme ces autres jeunes qui refusent de servir dans Tsahal. Certains de ces soldats refusent notamment de servir dans les territoires palestiniens occupés, d’autres refusent tout simplement d’être incorporés, comme c’est le cas d’Udi. En 2005, on comptait plus d’un millier de refuzniks dans un pays de huit millions d’habitants, rongé par un état de guerre perpétuel et le patriotisme qui en découle automatiquement, et qui aimerait diviser la société anwal-8949disraélienne en deux camps […]

Je m’appelle Udi Segal, j’ai 19 ans, je viens du Kibbutz Tuval au nord d’Israel, il y a quelques mois j’ai signé la lettre des objecteurs de conscience 2014 qui fut envoyée au premier ministre, à ce jour, elle a été signée par 130 déserteurs. Dans la lettre nous déclarions notre refus de servir dans l’armée israélienne. La principale raison est l’occupation et l’oppression continue du peuple palestinien, qui s’exprime par des allocations sociales inégales, le mépris des droits, et le meurtre continu de plus de 600 personnes dans la dernière opération à Gaza [2]. De plus, le service militaire contribue au militarisme israélien. Moi par exemple, en tant qu’homme, juif et ashkénaze [3], et donc plus susceptible d’avoir un impact sur la société israélienne et de m’en sortir, car je viens d’un milieu social dominant plus enclin au militarisme israélien, un milieu auquel je m’oppose fortement.

Même si il n’y avait pas l’occupation, je refuserais de servir l’armée, car elle pérennise un système politique, nationaliste et capitaliste auquel je refuse de prendre part et qui ne profite qu’à quelques-uns. Je ne pense pas que l’opération militaire en cours à Gaza me protège. Les opérations militaires ne me protégeront pas, elles ne feront qu’engendrer de nouvelles opérations militaires comme ça a été le cas avec l’Opération Plomb durci [2008-2009] qui n’a fait que mener à l’Opération Pilier de défense [novembre 2012] et qui continue aujourd’hui avec l’opération Bordure Protectrice, qui elle-même mènera probablement à d’autres opérations militaires. Ce qui protégerait serait une paix juste reconnaissant l’injustice faite aux palestiniens. On ne pourra réaliser la paix tant qu’un peuple sera opprimé, occupé et entouré d’un mur. Cette population n’a pas abandonné son désir de liberté et ne se repose pas sur l’éventuelle compassion de ceux qui l’occupent, alors ne vous attendez pas à vivre en sécurité dans une telle situation. A ceux qui pensent quand même qu’ils me défendent, dans une telle situation, si le prix à payer pour la sécurité est de 600 morts à Gaza, je ne suis pas intéressé par ce genre de sécurité.

Mon refus de servir sera difficile pour ma famille. Mon frère est dans l’armée, et il pourrait être à Gaza lorsque je me retrouverai en prison, j’espère que cela ne créera pas de conflits insolubles… Et au delà de ça, à cause de moi, les gens regarderont avec méfiance mes parents et mes frères. Je pense que je contribue à la société israélienne, mais il me semble important de préciser que mon action ne s’inscrit pas dans une vision patriotique ou sioniste, mais dans une vision globale, une globalité qui inclut Israël. Je pense que l’occupation est un obstacle et qu’elle est dommageable pour les israéliens. Beaucoup d’amis de mon âge se sont enrôlés dans l’armée. Je viens moi-même d’un milieu militariste, mon école a un des plus forts pourcentages de recrutement dans le pays [4]. Oui, il y a de nombreuses personnes qui ont arrêté de m’adresser la parole et qui m’ont mis à l’index suite à mon choix. Mais il s’agit peut-être d’un bon tri dans mes amitiés, puisque j’ai aussi des amis qui se sont enrôlés et qui sont restés à mes cotés.

J’ai choisi d’aller en prison parce que malheureusement, les israéliens écoutent plus facilement ceux qui sont prêts à se sacrifier et à payer le prix. La prison va me retirer ma liberté, c’est quelque chose de difficile à appréhender car je n’ai connu jusque là que le dehors, dans une liberté toute relative. De plus, pour ceux qui refusent l’occupation, les conditions de détention peuvent être particulièrement dures, comme le montre l’exemple d’Uriel Ferera, emprisonné récemment. Il a refusé de porter l’uniforme et subit des humiliations en raison de son milieu L’objectif qui sous-tend ma désertion est d’en finir avec l’occupation. Mais compte tenu de la réalité présente, ce qui importe maintenant est que les israéliens ouvrent leurs yeux, qu’ils réfléchissent au sens de l’occupation et à ce que cela signifie de servir dans l’armée, particulièrement les adolescents qui se rapprochent de la conscription. En ce qui concerne l’opération en cours à Gaza, j’appelle les soldats de base et les réservistes à refuser les ordres et à ne pas participer au

Udi Segal. Udi, a répondu « je refuse » à l’ordre de conscription le lundi 28 juillet à midi, accompagné d’environ 70 solidaires, juifs et arabes (dont d’autres refuzniks), tous pris à partie par une contre-manifestation de patriotes de merde rassemblés en urgence par le biais de la poubelle Facebook. Udi est actuellement retenu dans une prison militaire.

Article sur http://www.non-fides.fr/?Israel-Palestine-j-appelle-les

 

Les vigiles : visages précaires de la société de surveillance

Les vigiles sont de plus en plus nombreux dans les supermarchés et autres commerces. Visages exposés d’une société de surveillance en pleine expansion, leurs droits sur les clients mais aussi leur précarité sont méconnus. Revue de questions.

Monoprix, rue Nationale, un mardi en heure creuse. J’entre dans la partie alimentaire du magasin d’un pas pressé… Un type habillé en noir m’appelle, « mademoiselle ! ». Pas de réponse, je poursuis mon chemin, décidée à passer un minimum de temps dans cet univers passionnant qu’est le supermarché. Deuxième sommation : « mademoiselle ! ». Cette fois, je m’arrête et j’attends qu’il arrive à ma hauteur. Un « dialogue » s’instaure.

– Il faut laisser votre sac à dos à l’entrée
– Non, merci.
– C’est la règle du magasin, s’il vous plait mademoiselle.
– Vous me soupçonnez de quoi ?
– On ne soupçonne personne, c’est comme ça pour tout le monde.
– Donc vous soupçonnez tout le monde de vol, c’est assez énervant. Et puis je trouve problématique de vous confier mon sac et le bout de ma vie privée qui s’y trouve.
– Non, mais vous savez il y a beaucoup de vols. Vous me donnez votre sac ?
– Non, je ne vous le laisserai pas, ça ne vous embête pas d’importuner tout le monde avec ça ?
– Je ne fais que suivre les consignes.
– Comme tout le monde… Je peux y aller, là ?
– Bon… ok mais il faudra que je regarde votre sac à la sortie. J’ai le droit.
– Ouais même si c’est problématique. Saloperie de société de surveillance… A tout à l’heure !

voleuseCette conversation, ou une variante, je l’ai eu des dizaines de fois avec des vigiles. A chaque fois que j’ai un peu de temps à perdre en fait, parce que parfois il m’arrive de me dire que « bon cette fois tu files ton sac, ça ira plus vite ». J’en ai eu de plus absurdes aussi. Alors qu’il voulait vérifier mon sac, un vigile m’a même dit « mais je sais bien que vous n’avez rien volé donc je vois pas ce qui vous pose problème ». C’est ce qu’on pourrait appeler l’argument « caméra » : tant que t’as rien à te reprocher, blablabla… Même plus envie de répondre que « justement ducon, c’est parce que j’ai rien à me reprocher que je veux pas que tu me contrôles ! ».

Cette conversation, donc, revient régulièrement… et mon agacement à la vue d’un vigile et face aux demandes de dépôt de sac ou de « simple contrôle visuel » demeure le même. D’abord parce que je peux pas saquer cette société de contrôle qui fait de chaque individu un coupable qu’il faut pister en permanence, ensuite parce que revient toujours cet argument insupportable « je ne fais que suivre les règles ».
Les vigiles : salariés précaires du juteux secteur de la surveillance

Cet énervement récurrent m’a progressivement amenée à me poser des questions. Qui sont ces vigiles ? J’en vois de plus en plus, oui, mais combien sont-ils ? Ils sont pour la plupart issus de ce qu’on appelle poliment des « minorités visibles » : est-ce un hasard ? Que peuvent-ils réellement exiger de moi ? etcetera. Je livre ici quelques éléments de réponse.

Les sociétés de « sécurité privée », parmi lesquelles on trouve les boîtes employant les vigiles, sont de plus en plus nombreuses en France, même si cela ne signifie pas forcément que le nombre d’employés augmente [1]. Pour me documenter je me suis rendue sur le site des voisins de la sécurité publique : le Ministère de l’Intérieur. Les chiffres que je donne ici, rendus publics en 2012, datent de 2011 mais on peut être sûr que la tendance d’alors n’a pas beaucoup varié. En 2011 donc, 9 800 entreprises (500 de plus que l’année précédente soit une croissance de 5,4%) employaient 143 000 salariés dont 88% de vigiles (soit 126 000 personnes). A titre de comparaison, à cette même date, la police nationale employait 145 500 agents. Aujourd’hui, le nombre d’employés de la sécurité privée est donc sans doute supérieur à celui de la sécurité publique.

Ces entreprises, enfin surtout les plus grosses d’entre elles, se partageaient un juteux chiffre d’affaires de 5,3 milliards d’euros dont 72% provenait des activités de surveillance. Enfin, en ce qui concerne les employés, on voit dans les chiffres donnés par le Ministère de l’Intérieur les caractéristiques « classiques » des secteurs à forte précarité : un salariat jeune, peu qualifié, avec un relativement fort pourcentage de temps partiels, et un très fort turnover. Celui-ci atteignait 60% en 2011 [2] ; vigile demeure le plus souvent un emploi temporaire « en attendant mieux » (moins pénible et mieux payé). 86% des salariés du secteur sont considérés comme des agents d’exploitation (chiffre en diminution depuis 2005), 15% exercent à temps partiel, les salaires sont considérés par le Ministère de l’Intérieur comme faibles. Le profil type de l’employé d’une entreprise de sécurité ? Un homme (87% des salariés du secteur) de 38,5 ans… et souvent immigré.

Vigiles procédant à un contrôle visuel

Certains d’entre vous ont sans doute constaté l’importante proportion de vigiles issus de ce que les journalistes appellent poliment les « minorités visibles ». La première raison de cet état de fait est sans aucun doute que pour des postes peu qualifiés, mal rémunérés et pénibles (station debout pendant de longues heures, altercations récurrentes avec des clients), le recrutement s’effectue essentiellement parmi les classes les plus populaires. Mais cette surreprésentation de certaines origines géographiques relève aussi des choix effectués par les sociétés de surveillance. Selon des témoignages concordants de vigiles ou d’anciens vigiles, certaines sociétés pratiquent en effet un recrutement « ethnique ». Elles recrutent prioritairement des hommes noirs, le plus souvent issus d’une immigration récente. Tout cela repose sur une triple logique : racisme, filière de recrutement, exploitabilité maximale.

La première consiste à jouer sur le cliché raciste de l’homme noir qui fait peur, chose nécessaire chez un vigile. Interviewé par Rue89, le gérant d’une société de surveillance reporte les accusations de racisme sur le public visé : « Dans les banlieues, un vigile noir passe beaucoup mieux. C’est un motif de conflit en moins en cas de souci avec des clients qui auraient tôt fait d’accuser un vigile blanc de racisme ». Comme chacun sait, il est en effet tout aussi impossible pour un noir de suivre des directives racistes (les « testing » en boîtes de nuit ont depuis longtemps prouvé le contraire) que pour une femme de perpétuer des comportements sexistes…

La seconde amène à mettre en place une filière de recrutement au sein d’une même communauté afin de s’assurer de la solidarité et de la malléabilité des candidats, « parrainés » par un ancien, ce qui crée des chaînes de pressions multiples.

La troisième est la plus subtile mais pas la moins dégueulasse : en recrutant des personnes ayant besoin de travailler pour avoir leur titre de séjour, les boîtes de surveillance s’assurent d’un personnel qui, maintenu dans une situation de faiblesse voire de dépendance, est docile et flexible à merci. Les vigiles sont alors mal placés pour contester le bienfondé des règles qu’on leur demande de faire respecter ou de faire fi de cette consigne. Certaines boîtes de surveillance (mais ce ne sont pas les seules, on retrouve pareils agissements dans d’autres secteurs) poussent même la logique encore plus loin (dans le crade).

La technique consiste alors non pas à embaucher des personnes avec permis de séjour comme pour la première variante mais d’aider d’autres à en obtenir. Grandeur d’âme finalement que de permettre à certains de n’être plus sans-pap’ ? Pas vraiment. Dans le but de les décourager de le faire, les entreprises doivent en effet payer une taxe pour embaucher des salariés étrangers (après avoir prouvé leur incapacité à trouver un français compétent) [3]. Certaines boîtes plutôt que de payer, proposent alors un deal à leurs futurs employés : avancer le montant de la taxe, montant qui sera retenu sur les futurs salaires en échange du précieux sésame qui permet d’obtenir un titre de séjour. La dépendance est alors totale, l’obéissance et la malléabilité garanties.

On comprend donc la situation de précarité dans laquelle se retrouvent les vigiles (je ne précise pas que leur rémunération n’est pas à proprement parler mirobolante et que leurs horaires de boulot sont les mêmes que pour tous les salariés de la grande distribution : décousues, étendues et… c’est le mot magique, flexibles). Face à ce constat, et dans la mesure où, pour beaucoup, vigile est un des rares emplois qu’il est possible d’obtenir, peut-on jeter la pierre aux vigiles ?

Assurément, s’ils sont une pierre apparente de la société de surveillance, ils se trouvent en bas de son échelle sociale et de responsabilité. Les vrais responsables sont leurs chefs, qu’ils soient ceux des sociétés de surveillance, du supermarché du coin ou de la chaîne nationale. Bien sûr, pour nombre d’imbéciles bornés, précaires ou pas, se retrouver avec un pseudo-statut, un badge et un uniforme suffit à faire un usage zélé et jouissif du micro-pouvoir qu’on vous laisse. Les vigiles ne font pas exception et certains semblent ainsi ravis de faire carrière. Cependant, de cette machine ils ne sont que les ultimes exécutants et si on ne peut jamais être exempté de toute responsabilité dans des actes librement consentis, le niveau de contraintes qui pèse sur eux rend cet exercice difficile.

Mon énervement et ma rage leur sont moins destinés qu’à leurs supérieurs et à l’immense majorité de mes contemporains qui semble trouver ce contrôle systématique parfaitement normal. Mes conversations avec eux, aussi illusoires soient elles, n’ont jamais pour objectif de les fragiliser (ce que je leur mentionne souvent) mais d’être audibles ailleurs, au-dessus et à-côté (tu sais, le regard en coin du type qui se dit « encore une emmerdeuse ! »).
Contre la surveillance généralisée : refusez qu’on vous contrôle !!

Une fois cela dit, demeure une question : quels sont les droits des vigiles ? Revue de ce qu’ils peuvent, ou non, exiger de vous.

Tout d’abord, notons que ce que j’écris dans la suite de cette article n’est valable que pour les agents de sécurité assermentés : pas, par exemple, pour les caissières ou tout autre salarié d’un magasin, qui n’ont, en la matière, aucun droit. En effet, vigile est un métier à part entière. Depuis le 1er janvier 2008, la détention d’un certificat de qualification professionnelle (CQP) est ainsi obligatoire pour exercer cette fonction. Il semble cependant que certaines entreprises ne respectent pas cette obligation mais je ne reviendrais pas ici sur ce sujet.

Les vigiles ont le droit de faire des contrôles visuels des sacs (« bagages à main » selon la loi [4]), et ce uniquement dans l’enceinte du bâtiment dont ils ont la garde [5].

La fouille, elle, est soumise au consentement de la personne. S’ils sont autorisés à faire des contrôles visuels, vous pouvez toujours les refuser… la loi ne prévoit aucune sanction en cas de refus. Cependant, si vous refusez le contrôle visuel, ils peuvent vous refuser l’entrée du magasin si et seulement si celui-ci est soumis au plan Vigipirate (il s’agit alors d’un refus de vente dit « légitime »). Dans le cas contraire, vous pourriez protester contre ce refus de vente, le fait de porter un sac n’étant a priori pas un motif légitime. Cependant, aujourd’hui la plupart des magasins sont soumis au plan Vigipirate. Les panneaux à l’entrée des magasins ou aux caisses précisant que le magasin se réserve le droit de fouiller votre sac ou que vous devez présenter votre sac à la caissière n’ont aucune valeur. Un vigile (enfin le magasin qui l’emploie) n’a pas le droit d’exiger que vous laissiez votre sac à la consigne. Le site Bohwaz.net conseille, dans le cas où on vous demande ça, de refuser ou de demander « un reçu signé attestant de leur responsabilité en cas de vol ou de dommages », demande qui a, selon le site, de grandes chances de vous éviter le passage au stade « consigne ». Si vous acceptez, le magasin est responsable de toutes les affaires que vous lui confiez.

Vigiles surveillant l’entrée d’un supermarché

Comme tous les citoyens, en cas de flagrant-délit, les vigiles ont le droit d’« appréhender » le voleur présumé et de le surveiller le temps que la police arrive. C’est ce que précise l’article 73 du code de procédure pénale : « Dans les cas de crime flagrant ou de délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement, toute personne a qualité pour en appréhender l’auteur et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche. ». Peuvent-ils dans ce cas faire usage de la force pour qu’un individu reste au sein du magasin contre son gré ? Comme le précise Georges Moréas sur son blog, cette question n’est pas tranchée par les textes de loi et son appréhension est laissée aux juges. Fuir n’est donc pas forcément indiqué si vous êtes pris en flagrant-délit. En revanche, si rien ne vient appuyer le flagrant-délit (autrement dit, personne ne vous a vu voler, aucune caméra ne vous a filmé, etcetera), rien n’autorise le vigile à vous forcer à rester dans le magasin, le cas échéant vous pourriez porter plainte pour atteinte à votre liberté de circulation. Rien n’autorise un vigile à vous emmener dans un local à part, il peut vous le demander mais vous avez le droit de refuser et il semble plus sécurisant de rester visible (et audible) des autres clients du magasin pour vous prémunir de toute pression ou dérapage du vigile.

Parce qu’on ne pourrait se contenter de se planquer derrière une loi qui ne nous protège en rien et augmente chaque jour un peu plus les possibilités de contrôle, le plus sain reste de désobéir. Rien ne vous empêche de refuser systématiquement de laisser votre sac ou de vous le faire contrôler visuellement et d’expliquer bruyamment les raisons de votre mécontentement et votre refus. D’abord ça permet de se soulager un peu. Ensuite, si on est suffisamment nombreux à le faire systématiquement, ça finira sans doute par remonter aux oreilles du patron du supermarché, et même s’il y a peu de chances que ça infléchisse ses pratiques et ses convictions, ça lui permettra sans doute de s’interroger un peu. Enfin, y a sans doute moyen de contaminer la majorité passive qui me regarde à chaque fois plus ou moins comme un extraterrestre, le plus souvent ne comprend pas « pourquoi elle fait chier celle-là ? » et trop souvent, bien trop souvent, prend partie pour cette surveillance généralisée.

Voleurs posant fièrement avec leur butin

Ah, j’allais oublier, un dernier rappel pour les patrons qui gèrent leur supermarché à grands coups de vigiles sous-payés et de caméras de surveillance : personne n’a jamais eu besoin de sac à dos pour vous chouraver de la bouffe !

Samira Drexler