Solidarité Palestine Marseille avec le soutien des « Amis de Richard Martin » présente « Rencontre avec Samah Jabr & Salah Hamouri »

Vendredi 19 septembre 2014 de 18h à 21h au Théâtre Toursky

anwal-8949d SAMAH JABR, psychiatre et pédopsychiatre de Jérusalem-Est :
Dommages invisibles en Palestine et conséquences de la guerre et de la vie sous occupation sur la santé mentale.

SALAH HAMOURI, ancien prisonnier politique palestinien, aujourd’hui étudiant en droit et militant de l’Addameer (association d’aide aux prisonniers politiques et à leurs familles) : La vie dans les geôles israéliennes et les conditions de détention des adultes et des enfants, l’impact sur les familles.

Présentation par Pierre Stambul, UJFP (Union Juive Française pour la Paix)

Entrée gratuite, PAF libre

Théâtre Toursky – 16, promenade Léo Ferré 13003, Marseille
En métro : station « National » 7 mns de marche ensuite
En bus n° 89 Auphan/Vaillant
En voiture : le Toursky se trouve dans le quartier de St Mauront ; Il est fléché à l’angle du Bd National et de la rue Félix Pyat.
(Le fluobus ramène les spectateurs au Centre Bourse).

HANDALA : L’ICONE DE LA RÉSISTANCE PALESTINIENNE

Hommage à Naji Al Ali, caricaturiste palestinien assassiné en 1987

Jeudi 18h à Manifesten (59 rue thiers 13001)

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– Exposition d’un choix de dessins de Naji Al Ali
Vernissage à partir de 18h30 – expo jusqu’15 septembre

– À 19H30, Intervention de Wissam Al Hadj, journaliste palestinien de Gaza

– À 20h30, Concert rap avec le groupe Refugees of Rap
(groupe syro-palestinien qui s’est créé dans le camp de réfugié de Yarmouk, situé en banlieue de Damas).

(soirée organisée par la GUPS / Union Générale des Étudiants de Palestine
avec le soutien de l’Action Antifaciste / Collectif Nosotros)

Gaza : Rassemblements manifestations et témoignage

Gaza : Rassemblements et manifestations

Prochains rendez-vous : Aubagne : mardi 19 août à 18 h

rdv au pôle d’échange de la gare d’Aubagne
lire l’appel des organisations :
http://www.millebabords.org/spip.php?article26519

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Un témoignage en direct de Gaza : Dimanche 10 août 2014. Il est 19 h à Gaza
plus d’infos sur le site de l’UJFP-Union Juive Française pour la Paix

http://www.ujfp.or /spip.php?article3310#marseille



Trente –quatrième jour de l’offensive militaire israélienne sur la bande de Gaza
– Crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza commis par l’armée de l’occupation israélienne.
– Notre population est confiante malgré les massacres, les crimes, et les attaques sanglantes de cette armée barbare, elle affronte cette réalité cruelle avec une volonté remarquable et une patience extraordinaire.
– La population civile à Gaza apprécie beaucoup les manifestations de soutien partout dans le monde-Vive la solidarité internationale avec Gaza et contre les crimes israéliens-

L’armée israélienne intensifie ses bombardements sur Gaza après la trêve de 72 heures malgré la retenue des factions de Gaza.

20 morts dont trois enfants et deux femmes en deux jours partout dans la bande de Gaza.
70 blessés dont 10 enfants et 13 femmes
Un agent municipal a été tué au nord de la bande de Gaza
25 maisons détruites
3 mosquées détruites
Deux stades municipaux et un club sportif bombardés
Le port de Gaza bombardé.
Un cimetière bombardé dans la ville de Gaza
Beaucoup de terrains agricoles visés
Quelle horreur !

Destruction massive dans la bande de Gaza : habitations, routes, écoles, universités, cimetières, infrastructures civiles, usines et terres agricoles.

Quelle barbarie !
Et ça continue !

Le bilan s’alourdit au trente-quatrième jour de l’offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza et sa population civile :
– 1 920 morts palestiniens jusqu’à cette heure-ci, dont 420 enfants, 233femmes et 105 personnes âgées suite à des bombardements israéliens en trente-quatre jours.
– 9 790 blessés lors de ces bombardements aveugles de l’armée de l’occupation israélienne, dont 1 510 femmes, 400 personnes âgées et 2 570 enfants
– Plus de 7 750 raids israéliens en trente-quatre jours partout dans la bande de Gaza

Quelle horreur !
–  2 520 maisons ont été détruites suite à ces bombardements aveugles
– 5 770 maisons endommagées par les bombardements
– Plus de 25 200 personnes sont sans-abri après la destruction de leurs maisons.
– 125 mosquées ont été détruites

C’est terrible !

Nous nous lâchons rien !
Nous ne désespérons pas !
La lutte continue
Nous nous défendrons jusqu’à la dernière goutte de notre sang
Jusqu’à notre dernier souffle

Gaza sera toujours debout !
Gaza résiste, Gaza existe et Gaza persiste !

Palestine vivra, Palestine vaincra !

Amitiés de Gaza sous les bombes

Ziad

Manifestation contre la guerre et arrestations à Tel Aviv

2014-04-13_Calais_Antifa_Defendons_les_squats-400x337Comme tous les samedis soirs depuis le début des bombardements et de la
guerre dans la Bande de Gaza, une manifestation était prévue le 2 août
contre la guerre à Tel Aviv. A la différence des manifestations
précédentes, cette fois, les autorités avaient refusé de d’accorder une
autorisation à la manifestation.

A l’appel du Parti des Travailleurs Da’am, plusieurs centaines de
personnes se sont malgré tout rassemblé Place Rabin samedi 2 août en début
de soirée. Lorsque la police a annoncé que le rassemblement était illégal,
les manifestants ont refusé de dissoudre la manifestation. Les
manifestants brandissaient des pancartes pour dénoncer les massacres de
civils sous les bombes à Gaza ainsi que les frappes du Hamas.

La police a violemment repoussé les manifestants dans une rue proche. Pour
maintenir leur protestation et dénoncer cette atteinte à la liberté de
manifestation, les manifestants ont donc bloquer la route. Les
manifestants ont commencé à scander des slogans comme « Juifs et Arabes
refusent d’être ennemis » et « A Gaza et à Sderot, les enfants veulent
vivre ». C’est alors que les flics sont à nouveau intervenus. Quatorze
manifestants ont été arrêtés, jetés de façon brutale dans les paniers à
salade et conduits au commissariat.

Malgré tout, la manifestation a continué par les rues Dizengoff et King
George, jusqu’au parc Gan Meir.

Protest against the Israeli attack on Gaza, Tel Aviv, Isr

Offensive israélienne contre Gaza Les partis pris du traitement médiatique

18 juillet 2014

source : http://www.acrimed.org/article4407.html#

Depuis le 8 juillet 2014, une offensive militaire israélienne est en cours contre la bande de Gaza. Au moment où nous écrivons, plus de 240 Palestiniens sont morts sous les bombes israéliennes, tandis qu’un Israélien a été tué par un tir de roquette. Ces événements donnent lieu à une large couverture médiatique, et nous ne prétendons pas fournir ici un article traitant de manière exhaustive de cette couverture. Dans la presse écrite comme à la radio et à la télévision, certains journalistes font au mieux leur travail et produisent, comme nous le rappellerons parfois, exemples à l’appui, une information de qualité.

Force est toutefois de constater que le traitement médiatique dominant de cette nouvelle séquence du conflit opposant Israël aux Palestiniens demeure prisonnier de bien des travers que nous avons déjà eu l’occasion d’identifier. Il existe ainsi un « bruit médiatique » largement critiquable, qui ne résume pas l’ensemble du travail journalistique mais qui malheureusement l’étouffe ou le fait quasiment disparaître. C’est à ce bruit médiatique et à la tonalité générale qu’il donne à la couverture des événements que nous nous intéresserons ici, en nous concentrant notamment sur les titres de presse écrite et leurs sites internet, tout en allant également parfois chercher des exemples du côté des télévisions.

Nous l’avions déjà souligné dans un précédent article traitant de l’information concernant le Proche-Orient : l’un des principaux biais du traitement médiatique du conflit opposant Israël aux Palestiniens est l’injonction permanente à un traitement « équilibré ». Or cette recherche d’un improbable « équilibre » entre Israël et les Palestiniens, quelles que soient les intentions des uns ou des autres, conduit nécessairement à la production d’une information biaisée, incomplète, dépolitisée et, volontairement ou non, orientée.

Une information biaisée

Le biais principal, qui en conditionne bien d’autres, consiste à traiter sur un pied d’égalité, d’une part, un État doté d’institutions stables, d’une économie moderne et comparable à celle des pays occidentaux, d’une armée parmi les plus puissantes et les plus équipées au monde et, d’autre part, un peuple qui ne possède ni État, ni économie viable, ni armée régulière. Ce pseudo-équilibre entretient l’illusion d’un « conflit » entre deux entités qui seraient quasi-équivalentes, alors que ce n’est évidemment pas le cas.

Information biaisée car traiter sur un pied d’égalité un État qui, au regard du droit international, est une puissance occupante – et est régulièrement condamnée comme telle – et un peuple en lutte depuis des décennies pour la satisfaction de ses droits nationaux – consacrés par les résolutions de l’ONU – entretient l’illusion d’un « conflit » entre deux « parties » dont la légitimité, du point de vue du droit, serait quasi-équivalente, alors que ce n’est évidemment pas le cas.

On en arrive ainsi à placer sur un pied d’égalité « Israël » et « Palestine » (parfois « Gaza », ou « le Hamas », nous y reviendrons »), et à oublier totalement le déséquilibre des forces et des légitimités :

Ou encore, dans cet éditorial du directeur délégué de la rédaction de L’Express, Christian Makarian, sobrement titré : « Israël-Palestine : l’enracinement de la haine » : « On mesure à quel point le naufrage des négociations israélo-palestiniennes aboutit à une absence dramatique de perspective : cela donne toute latitude aux énervés du « contre », tandis que les tenants du « pour » n’ont plus de parole. Lorsque la rhétorique du dialogue disparaît, les ultras de chaque bord transgressent toute logique de vie commune et renvoient les dirigeants respectifs à leur impuissance ».

Plus grave encore, l’information est biaisée car, à vouloir à tout prix maintenir un traitement « équilibré », on se concentre quasi-exclusivement sur les éléments et événements dont on peut trouver, ou construire, un équivalent dans chacun des deux « camps ». On se focalise donc sur les « tirs » des uns et des autres, sur les « dommages » provoqués par les tirs, sur la « panique » ou la « terreur » des populations civiles, en essayant d’entretenir l’illusion d’une équivalence de situation qui passe parfois par des constructions rhétoriques absurdes, voire révoltantes. En témoignent ces différents titres, qui ont tous été publiés alors que, à l’exception des trois jeunes Israéliens assassinés en Cisjordanie, seuls des Palestiniens de Gaza avaient été tués depuis le déclenchement de l’offensive israélienne [1] :

Et il est quasiment impossible de compter les reportages télévisés, notamment dans les JT, qui tentent de démontrer que « les deux populations » vivraient dans des situations équivalentes, à l’instar de celui proposé par le 20h de France 2 du 16 juillet, dont le lancement par le présentateur Julian Bugier est un modèle du genre : « Les bombes continuent de pleuvoir des deux côtés et au milieu, les populations civiles, familles, enfants, ce sont eux les premières victimes. Alors comment vivent-elles le conflit, à quoi ressemble leur quotidien ? Nos équipes sont allées sur le terrain, à leur rencontre, à Shuja’Iyya dans la bande de Gaza et à Nir Am, côté israélien. Seulement 8 kilomètres entre les deux villes mais la même peur et la même angoisse ».

On vous le dit : « les mêmes ».

Une information incomplète

Le deuxième biais du traitement du conflit opposant Israël aux Palestiniens est lui aussi le produit de l’injonction permanente à l’équilibre : à vouloir traiter de manière symétrique les situations respectives des Palestiniens et d’Israël, on est conduit à oublier, ou à occulter des informations essentielles, sous prétexte qu’elles n’ont pas d’équivalent dans « l’autre camp ». Comme nous l’écrivions il y a deux ans, « un tel traitement médiatique occulte presque totalement ce qui est pourtant l’essentiel de la vie quotidienne des Palestiniens et l’un des nœuds du conflit : l’occupation civile (colonies) et militaire (armée) des territoires palestiniens. Les camps militaires israéliens et les colonies n’ont pas d’équivalent en Israël, pas plus que les centaines de checkpoints qui morcellent les territoires palestiniens, le mur érigé par Israël, les réquisitions de terres et les expulsions, les campagnes d’arrestations, les attaques menées par les colons, les périodes de couvre-feu, les routes interdites sur critère national, etc. »

Dans le cas présent, on relèvera notamment le silence assourdissant concernant le blocus de Gaza, officiellement en cours depuis 2007, et sur la perpétuation de l’occupation et de la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem. Divers titres de presses et « experts » s’entêtent ainsi à vouloir identifier le « moment déclencheur » d’une « nouvelle crise » et, à de rares exceptions près, chacun semble considérer que c’est la disparition et la mort de trois jeunes Israéliens à proximité d’une colonie de Cisjordanie qui permettraient à elles seules de comprendre les ressorts de « l’affrontement » actuel. Comme si, soudain, un coup de tonnerre avait éclaté dans un ciel serein…

Premier exemple, les « infographies » qui prétendent expliquer en « quelques dates » ou « quelques faits », la tragédie actuelle, à l’instar de celle publiée le 8 juillet sur le site de Métro :

« Six dates », donc… Arrêtons-nous sur les trois premières :

Tout aurait donc commencé, le 12 juin, avec la disparition des trois jeunes Israéliens. Ne s’était-il donc rien passé avant ? La situation était-elle « calme » ? C’est ce que cette « chronologie » laisse entendre. Alors qu’évidemment, non. De la grève de la faim des prisonniers palestiniens (avril-juin 2014) à la mort de deux jeunes Palestiniens, tués par l’armée israélienne devant des caméras le 15 mai dernier, lors d’un rassemblement commémorant, comme chaque année, l’expulsion des Palestiniens en 1948, en passant par l’appel d’offre d’Israël, le 5 juin, pour la construction de 1500 logements dans les colonies, les « dates » sont nombreuses. Mais il était sans doute compliqué de les intégrer à la « chronologie », car ces trois événements auraient rappelé que le conflit entre Israël et les Palestiniens a des racines profondes, mais aussi et surtout de tels rappels auraient peut-être imposé de parler des colonies israéliennes, des réfugiés palestiniens et des prisonniers politiques. Or ceux-ci n’ont pas d’équivalent du côté israélien. Il aurait donc fallu rompre avec la logique de l’« équilibre » qui caractérise ces chronologies mutilées.

La deuxième date proposée (le 30 juin, date de la découverte des corps des trois jeunes Israéliens en Cisjordanie) est elle aussi parlante, non pour ce qu’elle dit mais pour ce qu’elle ne dit pas. Si l’on en croit la chronologie, il ne se serait en effet rien passé de significatif entre le 12 et le 30 juin. Et pourtant, durant cette période, ce sont quatre jeunes Palestiniens qui sont morts sous les balles israéliennes, et plus de 600 Palestiniens, dont 11 députés (parmi lesquels le président du Parlement), qui ont été arrêtés lors d’une vaste opération de l’armée israélienne en Cisjordanie. Pourquoi ne pas le mentionner ? Un simple oubli ou une occultation destinée à éviter de parler d’un sujet sans équivalent possible dans l’autre camp (une campagne massive d’arrestations), qui aurait risqué de rompre le schéma préconçu (mort-représailles-mort-représailles) qui guide cette chronologie sélective ? La réponse est dans la question…

Un exemple exemplaire de l’occultation d’une partie significative, pour ne pas dire essentielle, de la réalité, qui décontextualise totalement les événements en cours et sous-entend que ces derniers se seraient produits dans une période sans « violence » et sans « tension », comme on pourrait également le déduire de la présentation de la « chronologie » proposée par le site francetvinfo : « Va-t-on vers un nouveau conflit ouvert entre Israël et la Palestine, et une occupation de la bande de Gaza ? C’est la crainte des observateurs de la région après la vague de violences et de tensions qui a débuté le 12 juin avec le meurtre de 3 jeunes Israéliens. Mardi 8 juillet, de nouvelles frappes israéliennes ont fait un mort palestinien dans la bande de Gaza. L’armée israélienne se dit prête à toutes les options, y compris une offensive terrestre ».

Ni l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie, ni la répression permanente que subissent les Palestiniens, ni le blocus de Gaza ne semblent retenir l’attention des « observateurs ». Et pourtant, les informations sont ou devraient être connues de tous puisqu’elles sont largement disponibles. Qui plus est, de longues pages ou de longues minutes ne sont pas nécessaires pour les mentionner. En témoigne, exemple malheureusement trop rare, un article publié par Benjamin Barthe dans Le Monde, qui rappelle, en quelques lignes, que « l’occupation de la bande de Gaza, contrairement à ce qu’affirme Israël, n’a pas pris fin avec le départ du dernier de ses soldats, le 11 septembre 2005. Comme le rappelle opportunément l’ONG israélienne Gisha sur son site Internet, l’État hébreu continue de contrôler des pans entiers de la vie des Gazaouis : le registre d’état civil, les eaux territoriales, l’espace aérien et l’unique terminal commercial. (…) De cet état de fait, la plupart des experts en droit international ont conclu que la bande de Gaza est toujours sous occupation. C’est la position officielle des Nations unies. Un tel statut requiert de l’occupant qu’il assure le « bien-être » de la population occupée. Mais à ces obligations, Israël s’est constamment soustrait. Grâce au renfort de l’Égypte du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, farouchement hostile au Hamas, et à l’apathie de la communauté internationale, le bouclage de Gaza s’est même aggravé. Selon le bureau des statistiques palestinien, le taux de chômage pour les jeunes de 15 à 29 ans y a atteint 58 % durant le premier semestre de cette année. 70 % de la population dépend des distributions d’aide humanitaire pour sa survie ».

Ce contexte, chacun en conviendra, éclaire sous un autre jour les récents « événements » (entre autres les discussions autour des conditions d’une « trêve », nous y reviendrons) et permet d’éviter les fâcheuses conséquences, en ce qui concerne la qualité de l’information, de l’improbable équilibrisme. Un moyen aussi d’éviter le troisième écueil de l’injonction à la symétrie : la dépolitisation du conflit opposant Israël aux Palestiniens, que nous avions caractérisée dans l’article déjà cité plus haut comme le « syndrome de Tom et Jerry ».

Une information dépolitisée

Nous écrivions alors : « Tom et Jerry, célèbres personnages de dessins animés, sont en conflit permanent. Ils se courent après, se donnent des coups, construisent des pièges, se tirent parfois dessus et, quand ils semblent se réconcilier, ils sont en réalité en train d’élaborer de nouveaux subterfuges pour faire souffrir l’adversaire. Le spectateur rit de bon cœur, mais il reste dans l’ignorance : il ne sait pas pourquoi ces deux-là se détestent, on ne lui a jamais expliqué pourquoi Tom et Jerry ne peuvent pas parvenir à une trêve durable, voire une paix définitive ».

Dans le traitement médiatique dominant, Israël et les Palestiniens ressemblent, à bien des égards, à Tom et Jerry, accumulant les « attaques », les « ripostes » et autres « représailles », sans que l’on sache trop pourquoi. La couverture se focalise sur l’enchaînement des événements « spectaculaires », sans questionner et expliciter les causes profondes ou les dynamiques à long ou moyen terme. L’information est ainsi décontextualisée, déshistoricisée et dépolitisée. On évoque ainsi, à la une du Monde (voir plus haut), une « guerre sans fin » (et donc sans cause ?). Autre version avec Libération, où l’on apprend que tout ceci ne serait qu’une histoire de vengeance :

Jean Guisnel, dans un éditorial du Télégramme publié le 12 juillet , assume qu’il est vain d’essayer d’y comprendre quoi que ce soit : « Dans cet effroyable cycle de la provocation et de la répression, la question n’est même plus de savoir qui a allumé la mèche. Que trois jeunes Israéliens soient assassinés froidement, c’est abominable. Qu’un jeune Palestinien soit, en rétorsion, contraint d’avaler de l’essence à laquelle ses ravisseurs, en kippa, ont mis le feu, cela dépasse l’entendement ! À ce niveau de haine, les deux peuples acteurs de cette guerre sans fin n’ont besoin que de dialogue et de calme ».

Est-il venu à l’esprit de l’éditorialiste du Télégramme (et de nombre de ses confrères qui tiennent peu ou prou les mêmes propos), que si la solution résidait simplement dans le « dialogue et le calme », il y aurait bien longtemps que le conflit entre Israël et les Palestiniens serait résolu ? Ne pense-t-il pas qu’il existe des causes profondes et que les appels au « calme » et au « dialogue », quand bien même ils seraient sincères et généreux, n’auront de sens que si l’on s’attaque aux racines du conflit, à savoir l’occupation et la colonisation de la Palestine, sans quoi ils seront vains ? Jean Guisnel et ses confrères croient-ils réellement que « les violences » sont irrationnelles et qu’il suffit de dire « stop » pour qu’elles cessent ? Peut-être ne le croient-ils pas, mais c’est en tout cas ce qu’ils laissent entendre à leurs lecteurs, ce qui est, au mieux, de l’incompétence et, au pire, de la malhonnêteté.

Certains vont même encore plus loin dans la dépolitisation en y ajoutant une dose de mépris qui n’aide pas, lui non plus, le lecteur. Ainsi en va-t-il de ce courageux éditorialiste anonyme du Monde qui, le 10 juillet, « explique » : « Le gouvernement de Benjamin Nétanyahou promet de maintenir son opération tant que des roquettes seront tirées sur Israël ; le Hamas jure qu’il y aura des tirs tant que Gaza est bombardée par Israël… Si l’affaire n’était pas aussi grave, on parlerait de stratégie de cour de récréation ». « Une stratégie de cour de récréation ». Une fois de plus, Tom et Jerry ne sont pas loin.

Et on s’épargnera de commenter ce titre trouvé sur le site de BFMTV, symptôme de la dépolitisation du conflit entre Israël et les Palestiniens et de l’indécence de certains médias :

Le mot indécence étant peut-être faible lorsque l’on sait que deux jours plus tard, c’est ce titre que l’on découvrait sur le même site internet :

Misère….

Une information orientée

Information biaisée, information incomplète, information dépolitisée… autant de travers caractéristiques du bruit médiatique dominant, qui conduisent finalement nombre de journalistes et de médias à adopter, au nom souvent de la prétendue recherche d’un « équilibre » et d’une bienveillante « neutralité », une posture résolument orientée du côté du récit israélien. Il ne s’agit pas de dire ici que « les médias » ou « les journalistes » seraient « pro-Israël », ni même d’affirmer que cette posture partisane serait consciente ou volontaire pour la majorité d’entre eux. Il s’agit bien d’affirmer que les travers identifiés ci-dessus conduisent, naturellement, à favoriser Israël dans le traitement médiatique.

Exemple typique avec le traitement dominant de la vraie-fausse « trêve » du 15 juillet, sur proposition égyptienne. Les titres ont été d’une infinie variété :

Signalons cette amusante variante proposée par Ouest-France :

En résumé, chacun aura compris que « le Hamas » a « refusé » la « trêve » alors qu’Israël l’avait « acceptée ». Questions : quelles étaient les conditions de la trêve ? Pourquoi le Hamas l’a-t-il refusée ? Pour la plupart des articles dont nous venons de citer les titres, les explications sont plutôt… laconiques. Sur les conditions de la trêve, à peu près rien. Sur les raisons du refus du Hamas, à peu près pas grand-chose.

Ainsi, sur le site MyTF1.news : « Au neuvième jour du conflit qui l’oppose à Israël, le mouvement palestinien a, sans surprise, opposé une fin de non-recevoir à un éventuel cessez-le-feu. Sur le terrain, les raids israéliens s’intensifient. Comme mardi, le Hamas a de nouveau officiellement informé l’Égypte mercredi qu’il rejetait sa proposition de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Cette décision, sans surprise, implique la poursuite du conflit entre Israël et le mouvement islamiste ». C’est tout ? C’est tout.

Notons toutefois qu’une dépêche AFP publiée dans la journée du 15 juillet, et de laquelle semble s’être inspirés la plupart des sites d’information, précise un peu les choses : « Le Hamas exige l’arrêt des bombardements, la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l’ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l’Égypte et la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés dans le cadre de l’accord d’échange du soldat israélien Gilad Shalit en 2011 ».

Dont acte ? Ou pas. Et nous touchons ici aux conséquences du traitement biaisé, incomplet et dépolitisé que nous évoquions plus haut. Que viennent soudain faire le blocus de Gaza et la libération des prisonniers dans cette affaire ? Ne s’agissait-il pas juste d’échanges de tirs et d’une « escalade meurtrière » qui avait débuté le 12 juin avec la disparition des trois jeunes Israéliens ? Les exigences du Hamas, lorsqu’elles sont (succinctement) exposées, apparaissent comme étant hors de propos, eu égard au récit et au bruit médiatique dominants, et surtout personne ne prend le soin de réellement les expliciter, à l’exception de quelques articles comme celui publié par Pierre Puchot sur Mediapart, qui fournit des éléments de contextualisation et des explications permettant d’aller au-delà de l’idée d’un « refus de la trêve » par le Hamas et de comprendre les raisons qui ont poussé le Hamas à rejeter « cette » trêve.

Dans cette affaire, le Hamas apparaît donc comme celui qui refuse d’arrêter les combats, tandis qu’Israël, que l’on fait apparaître (volontairement ou non) comme étant de « bonne volonté », en sort grandi.

Autre exemple de ce parti pris qui est avant tout, rappelons-le, une conséquence ou un « dommage collatéral » des travers identifiés ci-dessus, le glissement sémantique qui s’opère lorsqu’il s’agit de nommer les acteurs des événements en cours. Si l’on tient compte de l’ensemble des coordonnées de la situation, l’offensive israélienne contre la bande de Gaza est un épisode violent du conflit opposant Israël aux Palestiniens. Ce conflit existe en Cisjordanie, à Jérusalem, à Gaza et en Israël même, comme l’ont par exemple récemment montré les épisodes violents qui ont suivi la disparition des trois jeunes Israéliens et, a fortiori, la découverte de leurs corps.

Mais dans le cas qui nous préoccupe, et probablement en raison des mécanismes de dépolitisation, l’offensive israélienne contre Gaza est devenue, souvent, une guerre Israël-Gaza, visiblement déconnectée du conflit « global » qui oppose Israël aux Palestiniens.

Parfois même, l’offensive israélienne contre Gaza est devenue un affrontement Israël-Hamas :

La réduction d’un conflit global entre Israël et les Palestiniens à un affrontement entre « Israël » et « Gaza » est déjà problématique en soi. Si demain l’Italie bombardait la Corse, parlerait-on d’un affrontement entre l’Italie et la Corse ou d’un affrontement entre l’Italie et la France ? Cette réduction accompagne en réalité, consciemment ou non, la rhétorique et la politique israéliennes visant à séparer le sort de Gaza de celui de la Cisjordanie et des Palestiniens d’Israël. Il ne s’agit donc pas d’une simple erreur d’appréciation ou d’un mauvais choix dans les termes, mais bel et bien d’un accompagnement des positions israéliennes.

Le glissement consistant à parler d’un affrontement entre « Israël » et « Hamas » est encore plus critiquable. En premier lieu, parce que le Hamas n’est pas la seule force politique présente à Gaza, loin de là, et qu’il n’est pas le seul à avoir, ces derniers jours, lancé des roquettes vers Israël. En deuxième lieu, parce que le Hamas, et ce quelles que soient les critiques que l’on peut formuler à l’égard de sa stratégie ou de ses positions et projets politiques, est le parti qui a obtenu la majorité des suffrages lors des dernières élections législatives, et ne peut en aucun cas être considéré comme un groupe isolé du reste de la population palestinienne. Enfin, la rhétorique du « conflit Israël-Hamas » occulte un pan essentiel de la réalité : le conflit n’oppose pas Israël et le Hamas, un groupe politique avec ses orientations et ses pratiques, mais Israël et les Palestiniens, un peuple avec ses droits nationaux.

***Que ce soit lors de l’épisode de la première « trêve » ou lorsque l’on s’intéresse à la qualification de l’offensive en cours, on se rend donc compte que les biais et travers médiatiques liés à la volonté revendiquée de traiter de manière « équilibrée » une situation asymétrique débouchent sur une occultation des tenants et aboutissants réels du conflit, assimilable à une malinformation, voire une désinformation. À force de vouloir simplifier à outrance, on gomme en effet les causes profondes du conflit, on « évite » toutes les informations qui pourraient renvoyer à ces causes profondes et on fournit, à l’arrivée, une information qui n’en est pas une et qui n’offre aucune clé de compréhension au lecteur, au téléspectateur ou à l’auditeur.

Le bruit médiatique général donne en réalité à lire, à entendre ou à voir une « guerre sans fin », au sein de laquelle les torts seraient partagés, les populations civiles victimes des mêmes politiques, et les « extrémistes » responsables de tous les maux. Le déséquilibre des forces et des légitimités est largement étouffé au nom d’une prétendue « neutralité » se manifestant par la revendication d’un traitement « équilibré » qui, dans une situation telle que celle du conflit opposant Israël aux Palestiniens, conduit à un accompagnement, voire une légitimation du récit israélien.

On en oublierait presque en effet que Jérusalem, la Cisjordanie et Gaza sont, selon la légalité internationale, sous occupation, que les colonies israéliennes s’étendent chaque jour un peu plus, que plus de 5 000 prisonniers politiques sont détenus par Israël, que plusieurs millions de réfugiés palestiniens vivent toujours dans des camps et que le peuple palestinien continue de revendiquer ses droits, consacrés par la légalité internationale. Ne serait-il pas de la responsabilité des médias de nous en informer, y compris et notamment lors des épisodes comme celui de l’offensive israélienne contre Gaza ?

Julien Salingue

PS : Ce texte a été rédigé avant le début de l’offensive terrestre engagée par l’armée israélienne dans la nuit du 17 au 18 juillet, dont le traitement médiatique semble malheureusement confirmer les tendances décrites dans cet article.

Egypte : encore sur l’autogestion ou la réalité du moment présent

source : dndf.orghttp://dndf.org/?p=13468Il est toujours audacieux de vouloir transposer des expériences d’un lieu à l’autre, d’un continent à un autre. Toutefois pour l’analyse des pratiques autogestionnaires, nous renvoyons au texte d’une camarade de la revue grecque  « Blaumachen » : À la limite: Auto-organisation en Grèce qui pointe une résurgence des pratiques de l’auto-organisation dans des conditions de crise et qui décrit les caractéristiques centrales de ces initiatives et expose leurs limites intégrantes et aussi au paragraphe  « Argentine : une lutte de classe contre l’autonomie.« dans le  texte L’auto-organisation est le premier acte de la révolution, la suite s’effectue contre elle…

Les travailleurs luttent pour se gérer eux-mêmes

Las de l’inaction du gouvernement concernant la renationalisation judiciaire de leurs entreprises, de nombreux travailleurs ont tenté de prendre les choses en mains au travers d’expériences d’autogestion – pour s’apercevoir que le gouvernement s’opposait activement à leurs efforts.

Le mois dernier  les autorités ont stoppé une telle expérience à la Tanta Flax Company dont la renationalisation était attendue  depuis plus de deux ans.

Le 15 Mars, la Compagnie de papier du Moyen-Orient (Simo) est devenue le septième compagnie à être renationalisée par ordonnance du tribunal depuis la fin de 2011. Cependant, les autorités de l’Etat n’ont pas encore remis cette société en fonctionnement dans le secteur public.

» Nous ne pouvons pas payer nos loyers ou nourrir nos familles. Nous perdons rapidement tout espoir, car il ne semble y avoir aucune véritable préoccupation des autorités, aucune volonté réelle de résoudre nos griefs. Plus de 500 employés meurent lentement car notre entreprise est paralysée. Nous crions désespérément à l’Etat de sauver notre entreprise »

Depuis Septembre 2011, le tribunal administratif a rendu des verdicts annulant les contrats de privatisation pour la Tanta Flax Company, la Nubariya Seeds Company, la Shebin al – Kom Textile Company et la Nile Cotton Ginning Company, ainsi que la Nasr Steam Boilers Company and et la chaîne de grands magasins d’Omar Effendi.

Selon les conclusions et décisions de la Cour, ces entreprises de service public avaient été vendues à des investisseurs privés de 1990 à 2010 à beaucoup moins que leur valeur réelle sur le marché. Ces entreprises et leurs travailleurs ont été en grande partie laissés dans un état de limbes, n’étant plus exploités par des investisseurs privés ou publics.

À l’exception des magasins Omar Effendi, et à un moindre degré la Shebin al – Kom Textile Company, l’État n’a pas investi dans la renationalisation ou la relance de ces entreprises.

Dans l’espoir de retrouver leur emploi et de voir repartir leurs usines, les travailleurs de ces sept entreprises ont déposé des requêtes et organisé des manifestations et des sit-in exigeant un retour à l’emploi  dans les trois ans.

Ces appels appuyés  ont rejoints ceux des hauts responsables de l’Etat – y compris le Premier ministre Ibrahim Mehleb, le maréchal Abdel Fattah al – Sisi et le ministre de la Main-d’œuvre Nahed al – Ahsry, entre autres – pour que les travailleurs  arrêtent de manifester ou de faire grève, et pour aider à sauver l’économie en reprenant la production.

Mais ces appels à un retour à la production sonnent creux pour de nombreux travailleurs.

«C’est parler dans le vide,  pour donner du grain à moudre aux médias », dit Hicham al – OQL de la Tanta Flax and Oils Company.

«C’est le contraire de ces déclarations officielles qui est vrai. Nous, les travailleurs, sommes sans emploi et voulons ré- exploiter nos entreprises, mais le gouvernement nous empêche de nous remettre au travail. «

Poussés par la frustration et les années sans revenu, les travailleurs de la société Tanta Flax  ont été le dernier groupe à tenter leur chance dans l’autogestion de leurs usines.

Les expériences d’autogestion

Le 19 Mars, des dizaines d’anciens ouvriers ont commencé à exploiter deux lignes de production sur dix de la Tanta flax compagny. Comme la propagation de la nouvelles débordait les murs de l’entreprise, les autorités locales coupèrent  l’électricité, et l’expérience ne dura que quelques heures.

Selon OQL, les forces de police étaient envoyées à l’usine moins de deux heures après la nouvelle de l’expérience des travailleurs.

«  Ils ont affirmé sympathiser [avec] et appuyer nos efforts, puis, quelques minutes après leur départ, l’électricité a été soudainement coupée » .

Un autre ancien travailleur, Gamal Othman, explique: « Dès l’annonce de notre intention de gérer nous-mêmes l’entreprise , la Holding Company for Chemical Industries a appelé l’autorité des services publics locaux à Tanta et leur a fait couper notre électricité »

» Notre intention, dans l’ autogestion, était de montrer à la société mère qui il est facile de relancer les usines de l’entreprise , et que nous avons des matières premières  pour assurer un mois de production ,  » raconte Othman, frustré .

Othman ajoute que ses collègues et lui-même ont cherché à faire pression sur la Société mère et sur le Ministère de l’Investissement afin qu’ils donnent suite à leur promesse d’achat de la quantité nécessaire de semence de lin aux agriculteurs locaux – estimés à environ 7 millions – à la mi- mai.

«Nous craignons que si la société n’achète pas ces cultures aux agriculteurs, ils les vendent  à d’autres, et que donc les plans de redémarrage de la compagnie, l’année prochaine, ne soient jamais mis en œuvre »  prévient-il.

Aussi bien la Holding Company for Chemical Industries que le Ministère de l’Investissement ont fait des déclarations à l’effet qu’ils relanceraient la Tanta Flax Company en 2015, mais aucune date précise n’a été mentionné pour cette opération.

Othman critique l’échec du gouvernement à ré- exploiter Tanta flax et d’autres sociétés bloquées.

» Les autorités ne devraient pas payer l’indemnisation des travailleurs de leur seul salaire de base, alors qu’eux et leurs lignes de production  demeurent inutilisés. C’est un gaspillage des ressources de l’Etat. Les autorités devraient plutôt  investir dans le mouvement de remobilisation des travailleurs et de leurs entreprises, car cela profiterait à la fois l’Etat et aux travailleurs, » affirme t’il.

Les travailleurs de l’entreprise Tanta  ont été inspirés par l’expérience autogestionnaire réussie des travailleurs  de la Nubariya Quels Seed Company, engagée deux ans plus tôt. Ces deux années d’autogestion se sont avérées fructueuses pour l’entreprise, les bénéfices générés alors étant estimés à millions.

La société rentable Nubaseed avait été vendue à l’investisseur saoudien Abdel Ellah al – Kaaki en 1999 – le même homme d’affaires qui achèterait le Tanta Flax Company en 2005 .

Kaaki avait arrété ses investissements  dans ces deux sociétés en 2011, quand les travailleurs avaient déposés leur recours  devant le tribunal administratif et appeler à la renationalisation.

L’expérience d’autogestion réussie des travailleurs de Nubaseed a été stoppée par le Cabinet de l’ancien premier ministre Hazem al – Beblawi à la fin de 2013, lorsque les ministres ont interjeté appel contre le jugement de renationalisation rendu en 2011.

Le tribunal administratif devrait rendre son verdict le 12 Avril au sujet de cet appel.

Selon OQL, « La balle est dans le camp du ministère des Finances. Elle y est depuis près de trois ans, mais nous continuons à attendre une action.
Afin d’encourager le Ministère de l’Investissement à ré- exploiter notre entreprise, nous l’avons informé que nous sommes prêts à travailler sans salaire pendant un mois, gratuitement, afin de remettre notre société sur pieds et retrouver nos emplois. Pourtant, nous n’avons aucune réponse de leur part, et nous avons donc décidé d’essayer l’autogestion de la société. «

L’ancien candidat à la présidence Khaled Ali, qui a servi d’avocat pour la plupart des entreprises privatisées ci-dessus, a appelé les autorités de l’Etat à permettre aux travailleurs de gérer eux-mêmes leurs entreprises quand elles sont au point mort, ou lorsque les investisseurs fuient le pays.

Les expériences notables en autogestion comprennent celle de l’usine d’ampoule de Ramy Lakkah dans la Tenth of Ramadan City, qui a duré de 2001 à 2006. Alors que le propriétaire et investisseur avait fui le pays, cette expérience a réussi à accroître à la fois la production et les profits de l’entreprise. Après l’apurement de ses finances, l’entreprise a été remise à Lakkah à son retour de France.

Dans ce même secteur industriel, l’entreprise de textile connue comme Economic Company for Industrial Development a été gérée avec succès de 2008 à 2010. Son propriétaire, Adel Agha , avait fui le pays et abandonné plus de 500 travailleurs qui ont réussi à faire fonctionner l’entreprise eux-mêmes. Cette société, et sa société mère Ahmonseto, ont été liquidées en 2010 et fermées quand les banques ont repris possession des actifs d’Agha.

La papetière Simo 
Lorsque que les travailleurs de  la Simo ont envisagé d’autogérer leur entreprise, ils en furent incapables car le gaz et l’électricité étaient coupées depuis Juin 2013 en raison de l’incapacité des anciens propriétaires à payer leurs factures.

Comme c’est le cas avec les entreprises mentionnées ci-dessus, le tribunal administratif a constaté que la papetière Simo – qui avait été privatisée en tant que société de portefeuille d’actions en 1997, a été vendue à des investisseurs, à une fraction de sa valeur d’origine.

Plus de 500 travailleurs de l’entreprise Simo – qui employait environ 3000 travailleurs avant la privatisation – ont été sans travail,  salaire ou indemnités depuis leur recours devant le tribunal administratif en Juin 2013

» Nous avons signé des pétitions aux représentants du gouvernement , le Conseil des ministres et les autorités locales pour la ré- exploitation notre entreprise – en vain », explique Abdel Ati Gharib , président de la jonction locale du comité de Simo .

Les travailleurs de la Simo ont manifesté le 8 mars devant le siège du Cabinet avec des travailleurs de plusieurs autres sociétés bloquées, réclamant des investissements de l’État afin d’obtenir que leur entreprise soit remise d’aplomb.

Un appel, déposé par la Holding Company for Chemical Industries – qui, comme la companie Tanta, est censée gérer et superviser Simo – contre le verdict  du  15 mars, a stoppé la renationalisation de la Simo. Le tribunal administratif n’a pas encore rendu son verdict ce qui concerne cet appel.

» Notre société est très rentable et peut être réutilisée facilement avec un peu d’investissement, d’entretien et le paiement des salaires », explique Gharib .

» Nous sommes prêts et capables de nous remettre au travail, et en fait, nous insistons sur le retour au travail. Nous voulons juste le retour de nos emplois et de l’entreprise ».

Le ministère de la Main-d’œuvre doit payer un mois de salaire de base aux travailleurs de Simo à partir de la semaine prochaine, d’après Ghareeb, qui ajoute: « Bien que nous soyons  reconnaissants pour toute sorte d’aide, nous ne demandons pas l’aumône ou des solutions temporaires. Nous demandons maintenant la remise en marche de notre société et la réintégration de tous les travailleurs licenciés. »

Les travailleurs de Simo couchent à tout de rôle dans l’entreprise, située à Shubra al – Khaima, afin de protéger ses cinq usines, et de les protéger des intrus et des voleurs, explique Gareeb.

» Nous ne pouvons pas payer nos loyers ou nourrir nos familles. Nous allons rapidement perdre tout espoir, car il semble y avoir aucune véritable préoccupation des autorités, ou aucune volonté réelle de résoudre nos griefs. Plus de 500 employés meurent lentement dans la paralysie de notre entreprise. »
Nous réclamons désespérément  à l’Etat de sauver notre entreprise,  »

Ghareeb et des milliers d’autres travailleurs rappellent aux autorités la décision d’Avril 2013, qui a condamné l’ancien Premier ministre Hicham Qandil à un an de prison pour avoir omis de respecter le verdict de la renationalisation de la Nile Cotton Ginning Company.

Quand il a interjeté appel de ce verdict, la peine a été confirmée en Septembre 2013. L’ancien premier ministre a été arrêté en Décembre 2013 et purge actuellement sa peine.

«Nous voulons simplement que le gouvernement pratique ce qu’il prêche à propos de la production et la « roue de la production» dit Gareeb. Aidez-nous à ramener cette entreprise à la production , et en moins d’un mois, nous ramenons les bénéfices . «

 

 

Dans le monde une classe en lutte – avril 2014

 EGYPTE : Le mouvement de grèves continue et change, peu à peu, l’ambiance politique du pays
lire la suite sur  http://spartacus1918.canalblog.com/archives/2014/05/09/29837002.html

Les grèves ont démarré début février 2014 dans les usines textiles de la compagnie publique des « tissages et filages » lorsque les ouvriers ont constaté que la hausse du salaire minimum à 1 200 LE (la livre égyptienne ) promise pour fin janvier par le gouvernement, ne concernait que les 4,1 millions de fonctionnaires d’État et non l’ensemble des 7 millions de salariés de la fonction publique, dont eux-mêmes.
Des grèves dans la fonction publique…
La grève de l’usine textile emblématique de Mahalla el Kubra, démarrée le 10 février, a entraîné à sa suite celles de 9 autres usines du groupe, puis de proche en proche de nombreux autres secteurs de la fonction publique exclus de cette hausse du salaire minimum : les employés des postes, les salariés des magasins d’État (alimentation ou équipements ménagers), des offices notariaux, des travaux publics des ponts et routes, de l’administration agricole de l’irrigation, de l’eau et de l’assainissement, des semences, de la réforme agraire, de l’industrie d’État (pétrole, industrie ou réparation navale, centrales électriques), des transports publics, de la voirie et des éboueurs, de la banque et des assurances, de l’immobilier, des universités (employés ouvriers, techniciens ou administratifs), des musées, des infirmiers et ouvriers ou employés administratifs ou de surveillance des hôpitaux et des médecins, pharmaciens et dentistes des hôpitaux publics, qui, bien qu’exclus aussi de ces mesures de hausse du salaire minimum, réclamaient pour leur part non seulement son application mais sa hausse à 3 000 LE.
Enfin, les vétérinaires de campagne s’associaient au mouvement des médecins par une grève nationale le 23 mars suivie à 100 % dans les gouvernorats de Marsa Matrouh, Fayoum, Nouvelle Vallée, et à 49 % sur l’ensemble de l’Égypte, malgré les appels du Syndicat des vétérinaires du Caire et Gizeh à ne pas suivre le mouvement. A l’obtention de la revendication du salaire minimum, la plupart des grévistes ajoutent l’exigence du limogeage de leurs dirigeants, locaux, régionaux ou nationaux.
…ou des secteurs qui y ont appartenu
A ces grèves se sont additionnés d’autres mouvements pour le salaire minimum, dans les catégories de salariés précaires de la fonction publique ou qui y ont appartenu dans le passé. Ainsi, les ouvriers de 11 entreprises privatisées ont exigé la renationalisation de leur société, voire son redémarrage quand elle était à l’arrêt.Les nombreux salariés temporaires dans les différents secteurs publics ou d’État, exclus de la mesure, ont exigé leur titularisation, ou de pouvoir toucher directement aussi ce salaire minimum, à l’exemple des employés temporaires du gouvernorat de la mer Rouge, de Suez. Ce qui a élargi la grève à des secteurs à proprement parler d’État, comme les personnels temporaires de l’éducation (Kafr el Sheikh), du nettoyage urbain (Kafr el Dawar), les travailleurs journaliers de l’administration agricole des gouvernorats de Sohag, Louxor, Assouan, Qena, Kafr el Sheikh… S’y sont ajoutées différentes catégories d’employés temporaires des gouvernorats ou des ministères comme les chauffeurs, ceux du gardiennage, voire parfois des forces de police ou de sécurité.
… qui ont fait tache d’huile
Se sont greffées des grèves dans des secteurs municipaux, telles que le 16 mars celle des employés de la mairie de Safaga ou de Mahmudiya. Et d’autres grèves de salariés du privé non touchés par la mesure de hausse du salaire minimum, souvent pour le paiement d’arriérés de salaire mais aussi pour des hausses de salaire comme ceux de Porsche à Tanta, des ingénieurs des systèmes d’irrigation et de protection des eaux d’Assouan, ou encore contre des fermetures comme ceux du laboratoire pharmaceutique Abu Sultan.… et ont réveillé un climat de contestation dans des milieux populaires plus larges
Enfin, dans ce climat, ce qui semble apparaître à nouveau, à partir du 15 mars environ, ou en tout cas être plus visible, ce sont des manifestations diverses, comme celles de paysans du village d’Al Hammad qui ont été manifester à Kafr el Sheikh pour des problèmes d’engrais ; de ceux du lac Nasser contre l’expulsion de familles des terres qu’elles occupent.
On peut relever de même des manifestations de pêcheurs à Fayoum contre la pollution du lac, d’habitants du gouvernorat de Damiette contre la pollution de l’eau ou d’habitants du gouvernorat de Manoufiya pour la réalisation de travaux d’assainissement promis mais non réalisés.Ont aussi manifesté de jeunes diplômés au chômage pour obtenir un travail à Kharga, des employés de la banque du sang à Shebin el Kom, des boulangers de Kafr el Sheikh pour obtenir ce que leur doit la Chambre de commerce, des bouchers de Mahalla contre la fermeture d’un abattoir.Des avocats d’Edfou se sont mobilisés pour la libération d’un collègue, puis ceux d’Assouan en solidarité avec leurs collègues d’Edfou. Des vendeurs de rue du centre du Caire ont manifesté pour obtenir des conditions correctes pour leurs emplacements de vente. Des jeunes à Suez ont protesté contre la démolition d’un centre culturel. Des habitants de 40 villages, au pourtour de Kafr el Sheikh, ont protesté contre les lenteurs à la reconstruction d’un pont écroulé il y a un mois suite aux intempéries. A Huda, Abu Matamir, Damanhur, des habitants de quartier ont publiquement réclamé du pain. A Ismaïlia, ils l’ont fait contre les coupures d’électricité. A Kafr el-Dawr, contre les coupures d’eau. A Zifta, contre la pénurie de bouteilles de gaz. A Daqahliya contre la violence policière. A Shebin el Kom, des sourds et muets ont exigé un travail.
Au total, le Centre pour le développement international comptabilisait pour le mois de février 2 protestations par heure et 1 044 manifestations, dont 58 % pour des raisons économiques, essentiellement les salaires ; 33 % étaient attribuées aux Frères musulmans mais en forte baisse par rapport au mois précédent. Le Caire arrivait en première place avec 14 % de manifestations, suivi d’Alexandrie avec 13 %, et Kafr el Sheikh avec 9 %.
Enfin, l’organisme recensait 47 protestations dans l’Éducation nationale, ce qui pouvait signifier, selon ce Centre, que même si ses luttes n’étaient guère visibles, ce secteur pouvait devenir un élément clef.
Des grèves visibles et déangeantes mais qui ne rencontrent pas d’hostilité populaire
Si l’on prend par exemple ces derniers jours, du 16 au 24 mars, les 283 bureaux de poste des gouvernorats de Sohag étaient en grève et fermés, mais aussi tous ceux de Suez et Port-Saïd, et en majeure partie ceux des gouvernorats de Marsa Matrouh, Qalahbiya, Alexandrie, Luxor, Fayoum, Qena, Kafr el Sheikh, Sharkiya, Beni Suef, Nouvelle Vallée et la plupart des autres. Certains ont à peine commencé la grève depuis quelques jours mais d’autres le sont depuis un mois. Pas de courrier donc.
Les transports publics en grève ne fonctionnaient pas à Alexandrie, bus et tramway, pendant une semaine jusqu’au 18 mars, après Le Caire. Les poubelles et immondices s’accumulent parce que les éboueurs sont en grève, parfois depuis plus de trois semaines.
Les magasins d’État sont fermés. Les hôpitaux publics sont en grève parfois totale comme à Tanta ou Hurghada. Et partout les médecins, pharmaciens, dentistes font une grève quasi suivie à 100 % dans la majorité des établissements ; des écoles ne sont ouvertes qu’à moitié faute des enseignants temporaires en grève ; les compagnies d’assurances fonctionnent de manière chaotique, pour les mêmes raisons, etc.
Bref, c’est toute la vie quotidienne qui est perturbée. Ce qui est frappant dans ces grèves, c’est que malgré les appels du gouvernement à la responsabilité des salariés à l’égard des usagers, malgré l’engouement d’une partie de la population pour Sissi et son hostilité à tout ce qui peut faire entrave à l’action du maréchal, non seulement elles continuent, mais elles ne semblent pas rencontrer d’animosité de la part du public. Ce qui semble confirmer que ces grèves et manifestations expriment dans la rue ce qui avait déjà été révélé dans les urnes par la forte abstention au référendum/plébiscite des 14 et 15 janvier. Autrement dit, une désaffection certaine à l’égard du maréchal Sissi.
On ne constatait ainsi qu’une altercation entre grévistes et usagers dans un hôpital à Dosouk, sachant que quand il n’y a pas de grèves elles y sont déjà fréquentes. La grève des postes est pénalisante pour beaucoup, avec par exemple le blocage du versement des pensions de retraite ou celui du courrier des entreprises, mais la presse ne signalait que 4 bureaux où avaient eu lieu des affrontements entre usagers et grévistes, à Alexandrie, Assouan, Kafr el Sheikh (deux fois).
Il faut dire qu’une autre chose marquante est tout à la fois l’énorme faiblesse des salaires de la fonction publique, qui vont souvent de 350 à 600 LE par mois, soit environ 44 à 76 CHF (or les prix flambent, les loyers ont été souvent multipliés par deux ou trois en peu de temps et on trouve difficilement quelque chose à moins de 500 LE au Caire ou à Alexandrie), et le fait que pour une fois la presse cite ces salaires si bas. Elle contribue ainsi non seulement à la compréhension des usagers mais aussi à ce que chacun des grévistes prenne mieux conscience qu’il n’est pas qu’un éboueur de tel ou tel endroit ou un vendeur de magasin de tel autre, mais qu’il appartient à une catégorie bien plus large, partageant les mêmes conditions et capable de bloquer toute la société. Tout se passe comme si les grèves de la fonction publique éveillaient à nouveau, peu à peu et de proche en proche, toute la société des classes populaires après sept mois de silence, de violence du pouvoir et d’occupation de tout l’espace politique par le conflit sanglant entre l’armée et les Frères musulmans.
Le gouvernement cède et promet
Dans cette ambiance de grèves, le gouvernement Beblaoui est tombé le 24 février pour tenter de calmer la colère populaire. L’attitude du gouvernement, qui s’est démis le 24 février, comme de celui qui a suivi celui d’Ibrahim Mehleb, a été de temporiser ou de reculer sans réprimer même si, ici où là, il y a quelques tentatives comme à l’entreprise Céramica de Suez. Mais pour ces derniers, cette répression n’a pas duré, du fait de la menace des syndicats de Suez d’appeler toute la région à entrer en lutte si cela se reproduisait. Les deux gouvernements répondent le plus souvent par un discours qui, dit comprendre les revendications des grévistes. Ils cèdent partiellement ou totalement, mais dans le cadre d’une péroraison générale expliquant que l’Égypte n’est pas en situation de pouvoir les satisfaire, et que pour cela il faut construire une économie plus forte et donc travailler plus, bref cesser de faire grève. Parfois, comme avec les médecins, le gouvernement promet qu’il essaiera de satisfaire les revendications mais qu’il faut lui laisser un peu de temps puisqu’il est nouveau, en général deux ou trois mois, soit le temps d’étudier la situation ou de trouver des solutions. En attendant, il s’agit de reprendre le travail. C’est ce qu’il a dit le 16 mars aux médecins, pharmaciens et dentistes, leur demandant un délai de trois mois et en faisant appel à leur souci de la santé publique et leur esprit patriotique. Une troisième attitude, par exemple avec les postiers, est de leur proposer une augmentation de salaire ou de bonus relativement modeste, 100 à 150 LE, et de ne rien promettre pour le salaire minimum. Une quatrième attitude, souvent couplée avec la troisième, consiste à donner partiellement satisfaction mais à un niveau plus élevé ; par exemple le paiement d’arriérés de salaires ou bonus, des augmentations de ces salaires ou bonus, des primes exceptionnelles ou mensuelles non négligeables, ce qu’ils ont fait à des degrés divers pour les salariés du textile, ceux des ponts et chaussées, des éboueurs ou encore des transports du Caire et d’Alexandrie. En même temps, ils font la promesse qu’ils accorderont dans un ou deux mois le salaire minimum ou en tout cas qu’ils feront tout pour ça. Ce qui a entraîné la suspension de ces derniers mouvements (textile, transports, ponts et chaussées).
18/03, Un projet déjà élaboré sous Moubarak vise à modifier de fond en comble le système de subventions alimentaires qui concerne 18,2 millions d’Egyptiens titulaires de sortes de cartes de rationnement, sans compter les subventions directes à des produits de base comme la farine et autres produits alimentaires. Soi-disant mis en œuvre pour éliminer les fraudes, il vise surtout à réduire le montant de ces subventions.
Les grèves durent, s’affermissent, s’enhardissent, et on cherche en tâtonnant à se coordonner et à se centraliser
Les succès partiels ont fait reprendre le travail à certains mais ont entraîné dans la lutte d’autres salariés qui voulaient obtenir ce qu’avaient eu les premiers. Les salariés des transports d’Alexandrie sont entrés en lutte après que ceux du Caire ont obtenu partiellement satisfaction en demandant la même chose qu’eux. Les éboueurs d’Edfou sont entrés en lutte pour obtenir ce que ceux d’Assouan avaient eu, etc.
Par ailleurs, si le gouvernement a obtenu la reprise du travail dans un certain nombre de secteurs avec son mélange de promesses et de satisfaction partielle des revendications, les travailleurs semblent assez méfiants face aux promesses. En effet, les employés des transports d’Alexandrie, après leur succès partiel, ont tenu à faire une conférence de presse pour déclarer que, contrairement à ce qui avait été dit, ils se considéraient toujours en lutte, prêts à reprendre la grève à tout moment s’ils avaient le sentiment d’être menés en bateau, surveillant les faits et gestes du gouvernement.
Autre exemple, les 8 000 ouvriers de l’usine de « tissage et filage » de Kafr el Dawar multiplient débrayages, grèves, sit-in et manifestations ou séquestration de leur directeur le 20 mars, pour rappeler leurs revendications pendant que les 24 000 ouvriers de l’usine du même groupe à Mahalla, à quelques dizaines de kilomètres de là, ne sont pas non plus passifs. Ils ont entamé une campagne de signatures proclamant l’illégitimité du syndicat d’État et celle du ministre du Travail, Nahed Elachry.
Là où les travailleurs semblent avoir le plus de mal à coordonner leur action, comme dans les différentes catégories de salariés travaillant dans le nettoyage et surtout pour le ministère de l’Agriculture, le gouvernement semble n’avoir rien cédé ni promis et même menacé le 23 mars de licencier certains salariés en lutte du monde de l’agriculture. Cependant, le mouvement tient bon, les grèves ne faiblissent pas et il est au contraire bien possible que les menaces unifient un peu plus l’ensemble.
Cette tendance à l’unification a en effet été réalisée bien involontairement, en grande partie par le gouvernement lui-même avec les salariés des postes. Ceux-ci mènent un mouvement assez large depuis plusieurs semaines, en mars, mais qui semble inégal suivant les gouvernorats et assez décousu puisque sur les dizaines de milliers de salariés des postes, certains font grève sans discontinuer, d’autres entrent en lutte puis reprennent le travail, puis se remettent en grève. D’autres encore font des grèves partielles pendant que d’autres enfin commencent à peine. Le nombre de grévistes sur l’ensemble est toutefois très important puisque le journaliste Hanni Shukrallah estimait qu’il avait atteint certains jours une participation de 80 %, avec de nombreux gouvernorats au taux de grévistes de 100 %.On constatait ici et là des tentatives de coordination, tout comme la volonté de s’adresser à la population par l’organisation de manifestations locales ou régionales…
Et puis, le 23 mars, le ministre des Communications a rajouté une touche nationale de coordination et de centralisation en recevant des représentants des postiers en grève pour leur proposer une satisfaction partielle. Ceux-ci, les considérant insuffisantes, ont refusé mais ont aussi profité de s’être rencontrés au Caire pour déclarer qu’ils allaient maintenant essayer de mieux coordonner leur lutte et ont commencé en lançant depuis le ministère un appel à la grève générale illimitée de tous les métiers de la poste. Ce qui semble avoir été suivi d’effets puisqu’aux gouvernorats, où la participation était déjà de 100 %, s’ajoutait l’entrée ou la reprise de la grève totale dans quelques autres régions jusque-là un peu moins touchées. Et le 23 mars, les postiers de Zagazig franchissaient un pas en séquestrant puis expulsant de son bureau le directeur au siège social de la poste du gouvernorat [1].Cette recherche tâtonnante de l’unification se voit également dans 11 entreprises industrielles récemment privatisées, qui ont en effet constitué au 10 mars une coordination des entreprises privatisées pour leur renationalisation ou leur remise en marche pleine et entière.
La radicalisation se lit dans le fait que les ouvriers d’une usine de Shebin al Komsont sortis de leur usine et ont bloqué la route, puis le siège du gouvernorat de Menoufiya.
Elle se voit aussi dans les professions de la santé, médecins, pharmaciens et dentistes des hôpitaux publics ainsi que pharmaciens privés et vétérinaires de campagne qui ont formé, au-delà de leurs syndicats respectifs, un comité de grève central et national sous contrôle d’une assemblée générale nationale mensuelle, qui anime la grève nationale illimitée de ce secteur suivie depuis début mars au moins à 80 % par les médecins, avec des pointes à 100 % dans certains hôpitaux ou même certains gouvernorats entiers (97,3 % pour le gouvernorat d’Alexandrie le 19 mars).
Ce comité de grève allait même au-delà de la profession puisqu’il répondait publiquement à la mi-mars à Sissi – qui leur demandait de reprendre le travail au nom des usagers et de la patrie –, en lui disant que s’il avait vraiment ce souci, il fallait : qu’il ouvre les hôpitaux militaires, bien mieux dotés, aux malades en difficulté ; qu’il fasse passer le budget de la santé de 3 à 15 % ; qu’il publie les salaires mirobolants des dirigeants du secteur de la santé et qu’ils les versent aux plus pauvres.
Ainsi ce comité de grève s’adressait à tous les Egyptiens, faisant ses premiers pas en politique, montrant au pouvoir que c’est lui qui pourrait très bien faire passer cette marche au mouvement social. Depuis, Sissi s’est tu.
Enfin, et peut-être encore plus significatif, à la mi-mars se constituait une coordination des représentants de deux secteurs en lutte, le comité de grève des professions de la santé et la coordination pour la nationalisation des entreprises privées, associés à des représentants syndicaux des postiers, des salariés des chemins de fer et de l’aviation civile. A la conférence de presse de la fondation, ses animateurs déclaraient qu’ils avaient compris qu’il leur fallait s’unir pour espérer gagner et que leur faiblesse jusque-là avait été de mener leurs luttes isolément les uns des autres. Pour mieux unifier leurs luttes, ils avaient établi un programme commun reprenant l’essentiel de leurs revendications, à savoir : le salaire minimum pour tous, la renationalisation des entreprises privatisées, le limogeage de tous les dirigeants au niveau local ou national et la revalorisation du budget de la santé.
Pour le moment, on ne peut pas mesurer encore le poids réel de cette coordination sur les événements – sinon la radicalisation du mouvement de la santé qui s’est étendu à la médecine ambulatoire, aux centres d’enseignement thérapeutique, aux secrétariats des hôpitaux, aux employés des ministères et des assurances maladie –, mais il est sûr que cela dénote une tendance vers la défense coordonnée des intérêts ouvriers, et par là, de leurs intérêts politiques, même si, bien sûr, les obstacles sont encore nombreux. Effet des grèves sur la vie politique et les 529 condamnations à mort des Frères musulmans
Le nouvel éveil de la société par ces grèves va plus loin encore que les classes populaires.
En effet, après la démission du gouvernement Beblaoui et donc le départ des forces libérales, démocrates, nassériennes et de gauche du gouvernement (à part le Wafd), Sissi repousse depuis un mois l’annonce de sa candidature à la présidentielle et les autorités repoussent l’ouverture de la campagne électorale ; elles craignent qu’elle se déroule sous la pression des grèves.
On entend des bouches critiques s’ouvrir à nouveau dans les milieux laïques d’opposition à l’encontre du gouvernement et de l’armée après sept mois de silence. On voit des journalistes oser publier dans la presse ce qu’ils n’osaient plus et desmanifestations diverses pour les libertés recommencent à fleurir. Un humoriste comme Bassem Youssef radicalise un peu plus sa satire politique ; des intellectuels, artistes ou écrivains qui soutenaient l’armée jusque-là s’en détournent. Des prisonniers du mouvement démocratique sont libérés – comme Alaa Abdel el Fattah – même si bien sûr cela ne suffit pas. Les organisations révolutionnaires multiplient les protestations, comme le 23 mars dans de nombreuses villes d’Égypte, pour exiger la libération des prisonniers politiques.
Une anecdote significative parmi d’autres est que lorsque le gouvernement a demandé un an, six mois ou trois mois de suspension des grèves pour la patrie, un animateur télé, Amr Adeeb, a demandé un arrêt des conflits du travail pendant six mois pour sauver l’Égypte. Aussitôt, en réponse, s’est mis en place un site Facebook proposant aux hommes d’affaires, généraux, ministres, juges, hauts fonctionnaires, acteurs, joueurs de football connus et journalistes vedettes de ne garder pour eux que le salaire minimum de 1 200 LE et de verser le reste de ce qu’ils gagnent, c’est-à-dire des milliards, au peuple égyptien pour sauver les Egyptiens. De suite, le site a reçu des milliers d’informations et de témoignages sur les revenus, le patrimoine caché, et la vie luxueuse des élites égyptiennes.On voit également le candidat nassérien à la présidentielle Hamdeen Sabbahi oser rendre Sissi responsable – au moins en partie – de tout ce qui ne va pas en Égypte. Ce qui aurait été impensable il y a quelques mois et lui aurait valu une condamnation sévère. Cette ambiance se révèle jusque dans les faits divers puisque les hauts responsables militaires ont tenu à dénoncer à la télévision, le 24 mars, tous ceux qui utilisaient le nom de Sissi pour récolter des dons en faveur de sa candidature, afin… de mieux les détourner dans leurs poches. La dictature tourne-t-elle en farce ?
Les grèves et les manifestations ont – une nouvelle fois – totalement invalidé dans les faits la loi de novembre 2013 interdisant grèves et manifestations, même si libéraux, démocrates ou gauche ne semblent pas vraiment s’en rendre compte ou vouloir en tenir compte
(1)Selon Mena Solidarity Network, en date du 25 mars 2014, les dirigeants de la grève des postes à Alexandrie ont été arrêtés dans leur maison par des descentes de police effectuées avant l’aube. Les dirigeants arrêtés sont Ismail Gabr, Haitham Uthman, Ayman Hanafi, Hani Said et Hisham Abd-al-Hamid. Selon l’avocat du travail Mohammed Ramadan, les cinq hommes devaient être présentés devant le procureur de Moharrem Bey. Les travailleurs de la poste ont immédiatement organisé une marche et une manifestation massive devant le principal bureau de poste d’Alexandrie. Selon Mena, les travailleurs de la poste d’Alexandrie participent à la grève nationale appelée par le Syndicat indépendant des travailleurs de la poste dont les dirigeants affirment que 70 % des 52 000 travailleurs sont entrés en grève pour exiger de meilleurs salaires et l’obtention du salaire minimum à l’échelle nationale.

 

[Tunisie] Des députés dégagés de Sidi Bouzid

La séance prévue samedi à Sidi Bouzid dans le cadre du mois de la Constitution a été perturbée par la protestation des habitants contre le rendement du gouvernement et de l’Assemblée nationale Constituante (ANC).

Des slogans dénonçant l’« infantilisation du peuple et l’instrumentalisation du dossier des martyrs » ont été scandés.

Les protestataires ont appelé à une deuxième révolution et à la dissolution de l’ANC, insistant sur leur droit à l’emploi, la liberté et la dignité. Les membres de l’ANC représentant Sidi Bouzid ont été accueillis par des « dégage », pour avoir ignoré les préoccupations de la région et son droit au développement.

« La région n’a pas besoin de connaître la nouvelle Constitution, elle a besoin d’emploi et de développement » ont-ils martelé. Ils ont appelé à cesser de poursuivre les jeunes de la région qui avaient participé à des mouvements de protestation.

Le président de l’ANC Mustapha Ben Jaafar qui était arrivé dans la ville de Sidi Bouzid pour donner le coup d’envoi du mois de la Constitution n’a pas pu rejoindre le lieu de la réunion en raison des protestations.

L’assesseur des relations avec les citoyens, la société civile et les Tunisiens à l’étranger à l’ANC a expliqué que Sidi Bouzid qui a vu naître l’étincelle de la révolution a été choisi pour le lancement du mois de la Constitution. Une manifestation initiée avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Leur presse (DirectInfo avec TAP, 10 mai 2014)

Egypte : encore sur l’autogestion ou la réalité du moment présent

Les travailleurs luttent pour se gérer eux-mêmes

Article publié sur : Des nouvelles du front

Las de l’inaction du gouvernement concernant la renationalisation judiciaire de leurs entreprises, de nombreux travailleurs ont tenté de prendre les choses en mains au travers d’expériences d’autogestion – pour s’apercevoir que le gouvernement s’opposait activement à leurs efforts.

Le mois dernier les autorités ont stoppé une telle expérience à la Tanta Flax Company dont la renationalisation était attendue depuis plus de deux ans.

Le 15 Mars, la Compagnie de papier du Moyen-Orient (Simo) est devenue le septième compagnie à être renationalisée par ordonnance du tribunal depuis la fin de 2011. Cependant, les autorités de l’Etat n’ont pas encore remis cette société en fonctionnement dans le secteur public.

« Nous ne pouvons pas payer nos loyers ou nourrir nos familles. Nous perdons rapidement tout espoir, car il ne semble y avoir aucune véritable préoccupation des autorités, aucune volonté réelle de résoudre nos griefs. Plus de 500 employés meurent lentement car notre entreprise est paralysée. Nous crions désespérément à l’Etat de sauver notre entreprise »

Depuis Septembre 2011, le tribunal administratif a rendu des verdicts annulant les contrats de privatisation pour la Tanta Flax Company, la Nubariya Seeds Company, la Shebin al – Kom Textile Company et la Nile Cotton Ginning Company, ainsi que la Nasr Steam Boilers Company and et la chaîne de grands magasins d’Omar Effendi.

Selon les conclusions et décisions de la Cour, ces entreprises de service public avaient été vendues à des investisseurs privés de 1990 à 2010 à beaucoup moins que leur valeur réelle sur le marché. Ces entreprises et leurs travailleurs ont été en grande partie laissés dans un état de limbes, n’étant plus exploités par des investisseurs privés ou publics.

À l’exception des magasins Omar Effendi, et à un moindre degré la Shebin al – Kom Textile Company, l’État n’a pas investi dans la renationalisation ou la relance de ces entreprises.

Dans l’espoir de retrouver leur emploi et de voir repartir leurs usines, les travailleurs de ces sept entreprises ont déposé des requêtes et organisé des manifestations et des sit-in exigeant un retour à l’emploi dans les trois ans.

Ces appels appuyés ont rejoints ceux des hauts responsables de l’Etat – y compris le Premier ministre Ibrahim Mehleb, le maréchal Abdel Fattah al – Sisi et le ministre de la Main-d’œuvre Nahed al – Ahsry, entre autres – pour que les travailleurs arrêtent de manifester ou de faire grève, et pour aider à sauver l’économie en reprenant la production.

Mais ces appels à un retour à la production sonnent creux pour de nombreux travailleurs.

« C’est parler dans le vide, pour donner du grain à moudre aux médias », dit Hicham al – OQL de la Tanta Flax and Oils Company.

« C’est le contraire de ces déclarations officielles qui est vrai. Nous, les travailleurs, sommes sans emploi et voulons ré- exploiter nos entreprises, mais le gouvernement nous empêche de nous remettre au travail. «

Poussés par la frustration et les années sans revenu, les travailleurs de la société Tanta Flax ont été le dernier groupe à tenter leur chance dans l’autogestion de leurs usines.

La suite de l’article sur Des nouvelles du front

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Algérie : incendie d’urnes et saccages de bureaux de vote

Des incidents ont émaillé jeudi l’élection présidentielle en Algérie, notamment à Bouira, au sud-est d’Alger, où des heurts entre gendarmes et habitants hostiles au vote ont fait une quarantaine de blessés, a-t-on appris de sources locales. Ces incidents ont éclaté peu après l’ouverture des bureaux de vote à 7 heures, quand des groupes de jeunes ont saccagé des urnes dans des centres de vote des localités de Raffour, M’chedellah et Saharidj, ont précisé ces sources. Les gendarmes ont usé de grenades lacrymogènes pour disperser les protestataires qui voulaient empêcher les électeurs de voter. Les affrontements, qui ont fait 41 blessés dont 28 gendarmes, ont entraîné une interruption momentanée du vote dans ces trois localités, selon les mêmes sources.


Béjaïa : Incendie du centre de vote à Tichy, saccage à Ait Rzine El Watan, 17.04.14
Le premier incident de l’élection présidentielle a eu pour théâtre la localité de Baccaro à la sortie est de la ville de Tichy.
Il était environ 23h hier, quand plusieurs dizaines de jeunes, selon des témoins oculaires, ont convergé vers le centre de vote situé a l’intérieur du CEM Mammeri Allaoua pour y commettre des dégradations en mettant le feu notamment à la loge du gardien, au bâtiment administratif ainsi qu’à la cantine où des denrées alimentaires ont été dérobées.
Les quatre policiers qui gardaient l’enceinte n’ont pu opposé de résistance devant la horde de jeunes en furie.
Il aura fallu attendre les renforts des éléments de la sûreté de daïra usant de gaz lacrymogène et de tirs de somation pour maîtriser tant bien que mal la situation.

Saccage à Aït Rzine

Presque le même scénario vécu la veille à Baccaro (Tichy) s’est reproduit dans la ville d’Aït Rzine. Un important groupe de jeunes, quelques dizaines selon une source locale, ont fermé la route nationale n°106 en brûlant des pneus peu après 21h.
Les manifestants se sont dirigés ensuite vers un bureau de vote qu’ils ont saccagé. La route a été ouverte ce matin par les autorités et, selon la même source locale, le vote se déroule en ce moment dans une atmosphère plus ou moins calme.

Béjaïa : 5,33% de participation jusqu’à 10h
Jusqu’à 10 heures de ce matin, 28 198 électeurs ont voté dans la wilaya de Béjaïa donnant un taux de participation de 5,33% sur un total de 529 218 inscrits. C’est le premier taux tombé à 11 heures et parvenu de la cellule de suivi des élections au niveau de la wilaya.
Le vote se déroule, pour le moment, dans le calme au niveau de la ville de Béjaïa, contrairement à quelques localités de l’intérieur de la wilaya où des échos d’incidents ciblant des bureaux de vote nous parviennent.


Tizi Ouzou : Des urnes incendiées par des manifestants à Mizrana El Watan, 17.04.14

Des citoyens ont incendié, ce matin, des urnes au centre de vote d’Azroubar, dans la commune de Mizrana (daira de Tigzirt) , à 25 kilomètres au nord de Tizi Ouzou, nous a précisé un citoyen sur place. Les manifestants ont commencé à s’organiser ,durant la nuit de mercredi, selon notre source, en vue d’empêcher l’élection. Ils ont bloqué la route menant vers le centre de vote à l’aide de barricades de fortunes. Ce matin, jeudi, 17 avril, des heurts ont éclaté entre les jeunes manifestants et les éléments de la brigades antiémeute déployés en grand nombre sur les lieux. La situation est toujours tendue, affirme notre source.

cette semaine

Emeutes en Kabylie : le bureau du FLN incendié

Après l’annulation du meeting décidé par le directeur de campagne électorale pour Bouteflika, Abdelmalek Sellal, le bureau local du parti du FLN à Azeffoune, (71 km au Nord Est de Tizi Ouzou) a été la cible d’un incendie perpétré par des individus inconnus durant la soirée du vendredi, a appris la source.
Le ou les incendiaires ont mis le feu aux volets des fenêtres de la Kasma avant qu’il ne se propage au reste des locaux de la Kasma. Les sapeurs pompiers ont intervenus pour circonscrire le feu.
Il est à rappeler, par ailleurs, que durant la soirée du mardi dernier, le directeur de campagne électorale du candidat Abdelaziz Bouteflika dans la commune d’Azeffoune avait été agressé par des individus.

[Melilla] Nouveaux assauts de la frontière

28 mars 2014. Plusieurs centaines de migrant.e.s ont tenté de franchir la frontière qui sépare le Maroc de l’enclave espagnole de Melilla. 800 personnes auraient préparé cet assaut et se seraient divisés en plusieurs groupes. Seulement une dizaine d’entre-eux/elles ont réussi. Parmi ceux/celles qui ont échoué cette fois-ci, certain.e.s sont resté.e.s plusieurs minutes derrière ou en haut des grillages à conspuer les flics espagnols.
Jeudi 27 déjà, alors qumelillae les représentants des villes de Ceuta et Melilla s’étaient réunis pour demander plus d’aide de la part de l’union européenne contre l’immigration, un millier de migrant.e.s se sont lancé.e.s à l’assaut de Melilla avant de faire demi-tour face à l’important dispositif policier espagnol.

[Maroc] Emeute à Tiflet – 25 mars 2014

Un jeune vendeur de téléphones, accusant notamment un policier de l’avoir maltraité en présence de son épouse au commissariat, a « menacé de se suicider s’il ne parlait pas au procureur du roi« , a indiqué Atika Daïf, un responsable local de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH, indépendant). Il a grimpé près de six mètres sur une des antennes du commissariat, provoquant un attroupement de plusieurs centaines d’habitants. Il s’en est suivi une intervention des forces de l’ordre pour disperser la foule, qui a dégénéré en affrontements jusque dans la soirée, a affirmé M. Daïf. « La police est intervenue de manière musclée, en poussant la foule, et les heurts ont ensuite été violents« , a déclaré Mohamed Elmsiah, un militant associatif joint par téléphone.
Contacté par l’AFP, un responsable de la police de Tiflet a pour sa part évoqué, sous couvert d’anonymat, des jets de pierres et affirmé que « quatre » membres des forces de l’ordre avaient été blessés. Des boutiques ont été endommagées ainsi qu’une banque, et au moins 13 personnes ont été interpellées selon les responsables associatifs, qui ont par ailleurs précisé que le vendeur avait été « grièvement blessé au niveau des hanches et des épaules » en chutant. Selon l’AMDH, le jeune homme, accusé par la police de vendre des exemplaires volés, a porté plainte auprès du procureur du roi contre le policier qui l’aurait maltraité: il affirme en outre que celui-ci lui a acheté un téléphone et lui doit quelque 1.500 dirhams (120 euros).
Située à une cinquantaine de kilomètres de Rabat, dans l’intérieur des terres, Tiflet est considérée comme l’une des villes les plus pauvres du Maroc.

[Ceuta & Melilla] Une des plus grosse tentative de passage et une voiture bélier

4 mars 2013. Après les assauts menés contre la frontière espagnole à Melilla en février, on apprend de la presse qu’une nouvelle tentative de passage a eu lieu à Ceuta mardi 4 au matin. 1200 migrants se sont lancés à l’assaut de la forteresse Europe. Un premier groupe a tenté de passer par le poste-frontière de Tarajal. Le second, un kilomètre plus loin tandis qu’un troisième groupe rebroussait chemin. Un peu plus tard dans la matinée, un quatrième groupe, d’environ 450 migrants, a une nouvelle fois essayé de passer en force par le poste-frontière.Cette fois personne n’est passé et aucune info n’a filtrée sur d’éventuels blessés.

6 mars 2013. A Melilla, 17 migrants ont tenté de forcer un poste frontière à coup de voiture bélier, mais ne sont pas parvenu à en ressortir avant d’être arrêtés par les flics garde frontière. Une vidéo sur le site d’euronews.

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Gafsa/Metlaoui (Tunisie) : des chômeurs saccagent et crament le tribunal, puis le bureau local d’Ennahdha

Tunisie : Des manifestants incendient le tribunal de Métlaoui
TAP | 27 fév 2014 | 15 h 37 min

Des habitants de Metlaoui protestant contre les résultats du concours de recrutement de la Société de l’environnement et du jardinage, relevant de la Compagnie de phosphate de Gafsa (CPG)ont fracturé, mercredi, le siège du tribunal cantonal puis l’ont incendié, détruisant du matériel et des documents et pillant les équipements des bureaux, ordinateurs et téléphones.
La correspondante de l’agence TAP à Gafsa, Le feu a détruit le contenu des bureaux du service pénal du tribunal, ainsi que les documents d’autres bureaux, notamment les plaintes et les actes de décès.
Pour leur part, les armoires du service civil de ce tribunal ont été fracturées et pillées, et les réseaux d’électricité et d’eau potable ont été détruits, alors que des dégâts ont été commis dans les salles d’audience et dans le bureau du juge cantonal. Des protestations ont éclaté, il y a deux jours, parmi les postulants qui n’ont pas réussi au concours de la société de l’environnement et du jardinage, pour le recrutement de 1120 chômeurs de Metlaoui sur un total de 2716 places pour toutes les délégations du gouvernorat.
Le procureur-adjoint du tribunal de première instance de Gafsa, Abdesselam Mekki, a déclaré à la correspondante de la TAP qu’une « instruction a été ouverte », ajoutant que « le juge d’instruction et un représentant du ministère public de Gafsa se sont rendus, jeudi, sur les lieux, pour évaluer les dégâts, réunir les preuves et enquêter pour dévoiler les auteurs ».
Selon des témoins oculaires, les protestataires avaient « bloqué, mercredi après-midi, la route principale de la ville de Metlaoui, enflammé des pneus et des bennes à ordures, avant d’attaquer et d’incendier le tribunal et le bureau local du parti Ennahdha situés tout près ». Pourtant, il était possible de présenter des recours, surtout que ces résultats sont préliminaires, d’après les communiqués du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, et celui de l’Industrie, de l’Énergie et des mines.
D’autre part, les cours étaient toujours suspendus, jeudi, dans les établissements scolaires, alors que la situation paraissait calme et normale, dans la ville de Metlaoui. Les commerces ont ouvert et le trafic routier est normal. Le transport du phosphate et des voyageurs par voie ferrée était bloqué, mercredi, à cause du sit-in observé par des groupes de protestataires qui n’avaient pas réussi au concours, au niveau de la ligne ferroviaire N°15 reliant Metlaoui, Gafsa et les site de production de phosphate.


Metlaoui : Un local d’Ennahdha et un tribunal partiellement incendiés

AFP, 27/02/2014 13h22

Le local du parti islamiste tunisien Ennahdha à Métlaoui (centre) et un tribunal ont été partiellement incendiés dans la nuit de mercredi à jeudi par des manifestants protestant contre les résultats d’un concours de recrutement, selon un correspondant de l’AFP.
Il s’agit de la deuxième nuit consécutive de violences dans cette ville de la région de Gafsa, au centre de la Tunisie, stratégique pour ses mines de phosphates, mais où la grogne sociale due du chômage dégénère régulièrement. Dans la nuit de mardi à mercredi, un poste de police avait déjà été incendié.
Les heurts ont éclaté après que les autorités ont commencé à annoncer les résultats du concours de recrutement d’une société publique travaillant dans le secteur de l’environnement, dont les protestataires s’estiment injustement écartés.
Jeudi matin la tension restait palpable à Métlaoui selon le journaliste de l’AFP, et la police ainsi que des unités de l’armée se sont positionnées devant des installations publiques.
De nouveaux résultats sont attendus dans les jours à venir, ce qui laisse craindre de nouvelles violences. Les résultats de ce type de concours déclenchent régulièrement des affrontements entre candidats malheureux et policiers.
La région de Gafsa est stratégique pour la Tunisie en raison de ses mines de phosphates, mais reste parmi les plus pauvres du pays. Elle avait été le théâtre en 2008 d’une insurrection nourrie par la pauvreté et réprimée dans le sang par le régime déchu, à Redayef notamment.
Depuis 2011, la production minière y est à 30% de ses capacités en raison des nombreux mouvements sociaux et malgré l’embauche de milliers de personnes pour tenter de juguler la grogne sociale.
La révolution tunisienne a été largement nourrie par la misère et le chômage. Mais déstabilisée par une crise politique et des conflits sociaux à répétition, l’économie de la Tunisie n’a pas redémarré, si bien que le chômage touche toujours plus de 15% de la population active et plus de 30% des jeunes diplômés.

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