Gafsa/Metlaoui (Tunisie) : des chômeurs saccagent et crament le tribunal, puis le bureau local d’Ennahdha

Tunisie : Des manifestants incendient le tribunal de Métlaoui
TAP | 27 fév 2014 | 15 h 37 min

Des habitants de Metlaoui protestant contre les résultats du concours de recrutement de la Société de l’environnement et du jardinage, relevant de la Compagnie de phosphate de Gafsa (CPG)ont fracturé, mercredi, le siège du tribunal cantonal puis l’ont incendié, détruisant du matériel et des documents et pillant les équipements des bureaux, ordinateurs et téléphones.
La correspondante de l’agence TAP à Gafsa, Le feu a détruit le contenu des bureaux du service pénal du tribunal, ainsi que les documents d’autres bureaux, notamment les plaintes et les actes de décès.
Pour leur part, les armoires du service civil de ce tribunal ont été fracturées et pillées, et les réseaux d’électricité et d’eau potable ont été détruits, alors que des dégâts ont été commis dans les salles d’audience et dans le bureau du juge cantonal. Des protestations ont éclaté, il y a deux jours, parmi les postulants qui n’ont pas réussi au concours de la société de l’environnement et du jardinage, pour le recrutement de 1120 chômeurs de Metlaoui sur un total de 2716 places pour toutes les délégations du gouvernorat.
Le procureur-adjoint du tribunal de première instance de Gafsa, Abdesselam Mekki, a déclaré à la correspondante de la TAP qu’une « instruction a été ouverte », ajoutant que « le juge d’instruction et un représentant du ministère public de Gafsa se sont rendus, jeudi, sur les lieux, pour évaluer les dégâts, réunir les preuves et enquêter pour dévoiler les auteurs ».
Selon des témoins oculaires, les protestataires avaient « bloqué, mercredi après-midi, la route principale de la ville de Metlaoui, enflammé des pneus et des bennes à ordures, avant d’attaquer et d’incendier le tribunal et le bureau local du parti Ennahdha situés tout près ». Pourtant, il était possible de présenter des recours, surtout que ces résultats sont préliminaires, d’après les communiqués du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, et celui de l’Industrie, de l’Énergie et des mines.
D’autre part, les cours étaient toujours suspendus, jeudi, dans les établissements scolaires, alors que la situation paraissait calme et normale, dans la ville de Metlaoui. Les commerces ont ouvert et le trafic routier est normal. Le transport du phosphate et des voyageurs par voie ferrée était bloqué, mercredi, à cause du sit-in observé par des groupes de protestataires qui n’avaient pas réussi au concours, au niveau de la ligne ferroviaire N°15 reliant Metlaoui, Gafsa et les site de production de phosphate.


Metlaoui : Un local d’Ennahdha et un tribunal partiellement incendiés

AFP, 27/02/2014 13h22

Le local du parti islamiste tunisien Ennahdha à Métlaoui (centre) et un tribunal ont été partiellement incendiés dans la nuit de mercredi à jeudi par des manifestants protestant contre les résultats d’un concours de recrutement, selon un correspondant de l’AFP.
Il s’agit de la deuxième nuit consécutive de violences dans cette ville de la région de Gafsa, au centre de la Tunisie, stratégique pour ses mines de phosphates, mais où la grogne sociale due du chômage dégénère régulièrement. Dans la nuit de mardi à mercredi, un poste de police avait déjà été incendié.
Les heurts ont éclaté après que les autorités ont commencé à annoncer les résultats du concours de recrutement d’une société publique travaillant dans le secteur de l’environnement, dont les protestataires s’estiment injustement écartés.
Jeudi matin la tension restait palpable à Métlaoui selon le journaliste de l’AFP, et la police ainsi que des unités de l’armée se sont positionnées devant des installations publiques.
De nouveaux résultats sont attendus dans les jours à venir, ce qui laisse craindre de nouvelles violences. Les résultats de ce type de concours déclenchent régulièrement des affrontements entre candidats malheureux et policiers.
La région de Gafsa est stratégique pour la Tunisie en raison de ses mines de phosphates, mais reste parmi les plus pauvres du pays. Elle avait été le théâtre en 2008 d’une insurrection nourrie par la pauvreté et réprimée dans le sang par le régime déchu, à Redayef notamment.
Depuis 2011, la production minière y est à 30% de ses capacités en raison des nombreux mouvements sociaux et malgré l’embauche de milliers de personnes pour tenter de juguler la grogne sociale.
La révolution tunisienne a été largement nourrie par la misère et le chômage. Mais déstabilisée par une crise politique et des conflits sociaux à répétition, l’économie de la Tunisie n’a pas redémarré, si bien que le chômage touche toujours plus de 15% de la population active et plus de 30% des jeunes diplômés.

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