Burkina-Faso : la France doit officiellement lâcher son vieil allié Blaise Compaoré

 publié le 29 octobre 2014 par Survie Anti-government protesters set fire to the parliament building in Ouagadougou Au Burkina-Faso, Blaise Compaoré renoue avec la tradition de modifier la Constitution afin de rester au pouvoir. Les manifestations contre ce projet se multiplient, la tension monte et une répression est à craindre. La France, qui a soutenu le pouvoir du « beau Blaise » 27 ans durant, doit condamner publiquement ce coup d’état constitutionnel et cesser toute coopération policière et militaire avec le régime.

Arrivé au pouvoir par l’assassinat de Thomas Sankara en 1987, le très françafricain Blaise Compaoré n’entend pas quitter son fauteuil de président-dictateur du Burkina Faso. Après des mois de faux suspens, il a levé le voile le 21 octobre dernier sur sa volonté de réviser la Constitution de 1991, pour que soit supprimée la limitation à deux mandats présidentiels. Il faut dire que le régime est expert en tripatouillage constitutionnel : la limitation du nombre de mandats avait ainsi été supprimée en 1997, pour être réintroduite en 2000, en même temps que l’abandon du septennat au profit du quinquennat, entré en vigueur en 2005. Compaoré trouve ainsi toujours une argutie juridique pour se présenter : en 1991 comme président du Front populaire du Burkina Faso ; en 1998 pour son second septennat ; en 2005 et en 2010 pour son premier puis son second quinquennat, qui arrivera à terme en 2015. D’où la nécessité pour lui, de faire voter ce 30 octobre par les 2/3 des députés burkinabè une loi de révision constitutionnelle puis, en cas d’échec, d’organiser un référendum tout aussi bidon que sa dernière élection présidentielle [1].

La première décennie de son pouvoir est marquée par une série d’assassinats politiques (dont le plus emblématique, celui du journaliste Norbert Zongo en 1998, dont les responsables n’ont toujours pas été inquiétés), et ses 27 ans de règne sont émaillés d’opérations de déstabilisation dans la région. Son clan a notamment soutenu activement les milices de Charles Taylor au Liberia et en Sierra Leone, participé à des trafics de diamants au profit du mouvement rebelle angolais UNITA, abrité plus récemment les « rebelles ivoiriens » emmenés par Guillaume Soro avant qu’ils ne déclenchent la guerre dans leur pays, et joué un rôle trouble vis à vis de certains groupes armés qui ont occupé le nord du Mali à partir de début 2012.

Mais, en pilier régional de la Françafrique, Blaise Compaoré a su redorer son image à l’international, y compris grâce à des alliées au sein du Parti socialiste telles que Ségolène Royal et Elisabeth Guigou [2]. Une relative liberté d’expression et un multipartisme de façade l’ont rendu prétendument fréquentable, tandis que ses soutiens au sein de la Grande Loge Nationale Française (GLNF), à laquelle il appartient, l’Association d’amitié France-Burkina de Guy Penne, ou son hagiographe, Jean Guion, ont redoublé d’efforts pour forger en France et à l’international l’image d’un homme de paix. Il a ainsi été choisi pour être le médiateur de crises politiques au Togo, en Guinée, et même en Côte d’Ivoire et au Mali où il a pourtant soutenu des belligérants. Et, sur fond de crise malienne, il a été reçu à l’Elysée dès le 18 septembre 2012 par un François Hollande déjà soucieux d’enterrer le changement.

 

Riot police arrest an anti-government protester in OuagadougouMais au Burkina Faso, les mouvements sociaux n’ont eu de cesse de se structurer et de se renforcer, pour s’opposer au pouvoir à vie auquel prétend Blaise Compaoré. En particulier, après les manifestations contre la vie chère en 2008, une explosion de colère populaire avait menacé le régime en 2011, amenant même Alain Juppé, alors ministre français des Affaires étrangères, à déclarer, en référence à la révolution tunisienne, que le régime burkinabè devrait « [tenir] compte de ce qui se passe ailleurs car les mêmes causes produisent les mêmes effets » [3].

 

Pure langue de bois, pendant que, à l’instar de ce que Michèle Alliot-Marie avait proposé pour sauver le pouvoir de Ben Ali en Tunisie, les autorités françaises ont poursuivi leur coopération pour le « maintien de l’ordre » avec Ouagadougou. On apprenait ainsi qu’en 2011, la France disposait toujours sur place de « 9 militaires de l’Armée de Terre, la plupart détachés auprès des Forces Armées Nationales », et octroyait une aide directe sur le volet militaire (dépenses d’équipement et d’infrastructure, formation des cadres) d’environ 1,2 million € par an, sous la houlette de la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense [4]. Une aide fournie sous l’habillage d’un maintien de l’ordre nécessaire au processus démocratique, mais en réalité indispensable au régime pour mater d’éventuels mouvements populaires. L’année dernière, l’hebdomadaire Jeune Afrique expliquait ainsi comment, du fait de tensions croissantes liées au projet de révision constitutionnelle, le gouvernement burkinabè, aidé par la France et les Etats-Unis, avait investi 15,2 millions d’euros « pour réorganiser et équiper la police » et qu’ « une unité de force spéciale [était] en cours de création avec le soutien du Raid français » [5].

 

Le régime avait vu juste : depuis le début de l’année, plusieurs manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, jusqu’au mois de septembre. Depuis cette semaine, et l’officialisation de ce projet de tripatouillage constitutionnel, la contestation se cristallise, avec une première manifestation rassemblant le 28 octobre des centaines de milliers de burkinabè déterminés à s’y opposer, et la promesses d’actions de blocage et de désobéissance civile dans les prochains jours. La colère est sur le point d’exploser, et une répression violente est à craindre. Après avoir soutenu Blaise Compaoré dans son putsch de 1987 et durant ses 27 ans de règne, les autorités françaises, qui ont fait du Burkina Faso un des maillons de leur « lutte contre le terrorisme » au Sahel, en installant à Ouagadougou la principale base des forces spéciales et en intégrant le pays dans la zone d’intervention de l’opération « Barkhane », ont donc une responsabilité particulière dans ce qui va se passer dans les prochaines semaines.

L’association Survie exhorte donc le gouvernement français à dénoncer publiquement ce projet de révision constitutionnelle, sans équivoque [6], et à cesser toute coopération policière et militaire avec le régime.

 

[1] Les chiffres officiels faisaient état d’un score de 80 % des suffrages exprimés… mais avec seulement 1,5 millions de voix dans un pays qui compte 16 millions d’habitants.

[2] L’actuelle ministre de l’Ecologieavait ainsi déclaré, lors d’une visite à Ouagadougou en 2011 : « Le Burkina peut compter sur moi dans sa volonté de redorer son image à l’étranger ». Elisabeth Guigou avait pour sa part félicité Compaoré, suite à son audition par la Commission des Afffaires étrangères de l’Assemblée nationale en juin 2013, le gratifiant en ces termes : « Ces applaudissements (…) témoignent de notre gratitude pour le rôle que vous jouez et pour la vision que vous avez du développement de votre pays et du continent africain »

[3] Audition d’Alain Juppé devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, à Paris le 4 mai 2011. Texte disponoble sur http://discours.vie-publique.fr/not…

[4] Voir le site de l’ambassade de France au Burkina Faso (http://www.ambafrance-bf.org/Panora… ). Le site du ministère de la Défense indique qu’en 2009, cette coopération s’était «  appuyée sur 12 coopérants militaires et un budget de 3 M€  » (http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/do… )

[5] Selon Jeune Afrique

[6] Les déclarations alambiquées du porte-parole du Quai d’Orsay se référençant à la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance de l’Union Africaine, ne sauraient être considérées comme une condamnation (http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/v… ).

On a les chefs qu’on mérite. A propos du mouvement des intermittents du spectacle à Avignon en juillet 2014…

Des camarades ayant participé au mouvement des intermittents du spectacle ont fait parvenir à DDT21 l’article suivant dans lequel ils reviennent sur les évènements Avignonnais de juillet dernier. Nous le publions aujourd’hui. Au-delà du classique récit de lutte, ce texte est une réflexion sur le militantisme en ce début de XXIème siècle … images2

On a les chefs qu’on mérite. A propos du mouvement des intermittents du spectacle à Avignon en juillet 2014…

L’édition 2003 du Festival d’Avignon, fameuse car annulée, avait été précédée d’un fort mouvement de grève contre la réforme des retraites et d’une mobilisation d’ampleur autour de la renégociation de l’accord de l’UNEDIC. Grèves, blocages, annulations de festivals et auto-organisation des intermittents et précaires avaient marqué le début de l’été. Tel ne fut pas le cas en 2014 et si des frémissements étaient sensibles à Alès, Marseille ou Aix, seul le festival de Montpellier fut sérieusement perturbé. L’espoir que se développe un réel mouvement dans la Cité des papes était donc assez mince… On peut lire la suite de l’article à cette adresse : https://ddt21.noblogs.org/articles/on-a-les-chefs-quon-merite-a-propos-du-mouvement-des-intermittents-du-spectacle-a-avignon-en-juillet-2014/

 

Rassemblements En hommage à « remi » manifestant tué par la police au barrage de sivens

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*Info Luttes :*

​Vendredi 31 Octobre à Marseille
devant la Cité des associations (93 La Canebière, 13001)
à partir de 11h30 jusqu’à 12h30
organisé par France Nature Environnement

Vendredi 31 Octobre à Marseille
rassemblement pour se retrouver et pouvoir exprimer notre rage !
à 18H, au Kiosque des réformés

*Rassemblement et repas collectif ce Dimanche 2 novembre à 16h30 sur le Cours Julien .*En hommage au manifestant tué lors de la répression
policière d’un rassemblement contre le barrage de Sivens (81).
En soutien à la lutte contre ce barrage et à toutes les ZAD.
En soutien aux victimes de la violence d’état.

Rassemblement devant la CAF de Malaval lundi 27 octobre à 9h

tractmanifcaf3wNON À LA FERMETURE DES CAF !

Les accueils des CAF sont maintenant fermés depuis 10 mois :

– temps d’attente de plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous ;
– trois heures de queue dans la rue au minimum ;
– numéro payant pour prendre rendez-vous (et environ une heure d’attente en ligne soit une vingtaine d’euros) ;
– augmentation des contrôles et radiations ;
– dossiers qui se perdent ;
– précarisation des travailleurs de la CAF.

Ces fermetures ont de nombreuses conséquences. Pour les allocataires, c’est des galères financières, des expulsions locatives. Finalement, ça devient tellement compliqué d’avoir accès aux CAF, qu’on abandonne nos allocations. Et pourtant, la moitié de la population a droit à des prestations de la CAF (Aides Pour le Logement, Allocations familiales, Revenu de Solidarité Active, Allocation Adulte Handicapé…).
Au fur et à mesure que la crise s’accentue, les gouvernements au service des patrons
s’acharnent sur les chomeurs, les travailleurs et les précaires en les rendants responsables de la crise.

Les salariés de la CAF ont déjà été touchés par ces mesures d’austérité (contrats précaires, suppressions de postes). Comme les accueils ne sont pas accessibles, on se retourne vers les salariés des centres sociaux et vers les associations, submergés de travail.

Depuis des mois, nous luttons contre ces fermetures. Des rassemblements ont été organisés, ce qui a forcé la direction à traiter immédiatement un grand nombre de dossiers. Pour nous faire taire, ils ont réouvert les pré-accueils de Gibbes et Malaval. Mais on ne s’arrête pas là.

Nous demandons :

– La réouverture des accueils publics des CAF
– La fin de la répression des allocataires (indus, suspensions de ressources, radiations)
– La gratuité du numéro de téléphone de la CAF
– La fin de la précarisation des travailleurs de la CAF.

 
Rassemblement
le 27 octobre à 9 h à la CAF de Malaval 17 rue Malaval 13002

Manifestation
le mercredi 19 novembre à 13h30 au métro bougainville

Alternative libertaire, APL 13, Association le Tipi, CGT chômeurs précaires, CIP, CNT, CNT-SO, NPA.

Soirée de soutien à la ZAD du Testet ​Samedi 18 octobre​ à 19h à Dar Lamifa 127 rue d’Aubagne 13006 Marseille

-Projection / Témoignages de zadistes / Cuisine vegan / concerts / OpenMic

Entrée à prix libre en soutien à la lutterécolte de matériel pour envoyer sur la zone (ci dessous lien vers liste)
http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/zad-du-testet/besoins/

Organisation de covoiturage pour le grand rassemblementdu samedi 25 octobre sur zone.

Concerts :
Les enfants de la lutte (zadistes/contestataires qui font du rap)
Martin Béziers (chanson engagé)

Depuis bientôt un an des citoyen-ne-s mobilisent contre le projet
de barrage hydraulique dans le Tarn à quelques kilomètres de Gaillac.
C’est quoi ce projet ?

À Sivens dans le Tarn un projet de barrage se négocie dans les bureaux
obscurs de l’administration et de la FNSEA depuis plus d’une trentaine
d’année. Pourquoi faire ? Irriguer une vingtaine de fermes qui cultivent de manière
intensive du maïs, lui-même censé nourrir du bétail élevé dans des
conditions à faire pâlir les capo des goulags sibériens.
Du maïs dans le Tarn, il ​​y en a pas vraiment,​​ mais bon​,​ avec un
b​eau​ gros barrage on peut irriguer n’importe quoi​,​ et plutôt que
de s’accommoder avec la nature on va la mettre au pas​ ​!

Le barrage doit donc inonder une partie de la zone humide du Testet. Sauf
que voilà, les zones humides sont des refuges de biodiversité, et il n’en
reste plus énormément. Celle là c’est la dernière de cette ampleur dans le Tarn. Sur la zone humide, il y a 94 espèces protégées qui ont été recensées. Ce n’est plus un petit bout de terre insignifiant, sans intérêt, c’est devenu un symbole. Ce projet étant
financé à cent pour cent par des fonds publics, les citoyens du coin et
d’ailleurs ont décidé de faire entendre leur voix en protégeant cette terre
de bouille. Aujourd’hui la déforestation est quasi terminée! Bien sûr, de petites « compensations » sont prévues. Mais la résistance s’accroît, elle s’organise, se diversifie tente de rester dans la création positive, elle est diverse tant par s​es acteurs que par ​s​es moyens d’action. En face elle se retrouve devant une administration​​ et le cycle procédurier bien rôdé de la Vème république. Les forces de l’ordre​,​ bras armé​ de cette dernière​, joue​nt​ sur la pression psychologique, détruisant sans cesse, s’attaquant
au​x​ réserve​s​ de nourriture​ et​ d’eau​,​ aux affaires personnelles. La
pression s’accentue chaque jour d’avantage. Alors forcément nous ici à Marseille on avait envie de faire quelque chose, en parler, diffuser l’information, leur dire aussi qu’ils sont pas seuls dans leur forêt à défendre l’intérêt de tous, mais que nous aussi on
est derrière. Certes un peu loin, mais on est là!

Des films arrivent tout droit du T​estet

– un qui expliquera les tenants et aboutissants​ du projet (le fond),
– l’autre sur le début des affrontements début septembre (la forme: 20min).
On pourra en discuter, échanger sur les moyens de lutte. Surtout on
récupérera du matériel parce qu’un convoi partira de la Dar dimanche matin.
(un camion pour l’instant​,​ alors du petit matériel tente, duvet, affaire
contre la pluie, botte, nourriture, médoc: arnica, argile….)

RSA : un pas en avant, deux pas en Ariège

enfant-prison_400« Je ne sais pas si je suis complètement remise ». Pas du genre fragile,

Sarah, 38 ans, ne revient toujours pas de son passage devant la «
Commission Sociale Territoriale » (CST) de mars à Foix (Ariège) [1]. Au
RSA depuis 2011 cette mère d’un enfant de huit ans suit une formation de
psycho-praticienne, non reconnue par l’Etat, pour travailler dans
l’écoute. Un projet pas assez sérieux aux yeux du département qui la
convoque. « Ce n’est pas un tribunal » lui dit-on d’entrée. Mauvais signe.

Face à elle deux professionnels du social, deux techniciens du
département. Après sa présentation, une avalanche de questions. Le ton est
inquisiteur, hautain. Les réflexions intrusives, suspicieuses « —Si vous
changiez votre enfant de l’école, vous aurez plus de temps pour trouver du
travail ! » « —Vous avez pensé à déménager ? » etc. Jusqu’à ce que la
sanction tombe. Retrait de 100 € de son revenu de solidarité. Motif :«
démarches insuffisantes ». Sarah sort et éclate en sanglots. Retrait total
ou partiel, suspension temporaire, remboursement de« trop perçu »
rendez-vous obligatoires… Menace ou sanction réelle, la version ariégeoise
de lutte contre la précarité prend des allures de contrôle social.
Stigmatiser et culpabiliser tout détenteur du Revenu de Solidarité Active
qui ne remplit pas ou mal son contrat d’insertion ou qui n’a pas le profil
adéquat.

Le CAFCA le subit régulièrement. Depuis août 2012 le Collectif
d’Autodéfense Face aux Contrôles de l’Administration accompagne et défend
les personnes précaires devant Caf, MSA, Pôle Emploi. A coup de « blocage
» des CST. Au point que les forces de l’ordre filtraient jusqu’à peu
l’accès à ces dernières. Dernière action en date, avril 2014, l’occupation
du Conseil général pour exiger que Séverine, mère isolée dont le RSA fut
suspendu puis remis, touche ses arriérés d’alloc. Elle vient de les
recevoir. « Un résultat de la lutte », précise une militante. Ces
intermittents, ces chômeurs, ces Rsastes s’organisent contre l’isolement
et pour l’arrêt de ces pratiques qu’ils considèrent humiliantes. Sarah : «
Ils sont là uniquement pour rabaisser la personne alors qu’ils sont censés
nous accompagner ». « Un mur froid, inhumain ) » [2]. Après un recours,
elle gardera finalement la totalité de son revenu minimum.
Droit ou faveur ?

Au pays du « socialisme congelé » [3], les 6000 détenteurs du minima
social du 09, un des territoires le plus touché par cette précarité,
seraient devenus la cible n°1. Ils pèseraient trop lourds sur les finances
publiques pour le département chargé de financer le Rsa socle. « ll y a
parmi les allocataires des gens qui trichent, qui n’y ont pas droit. (…)
Il s’agit d’argent public qui demande le plus de crédit » déclarait
Augustin Bonrepaux, président du Conseil Général en 2012 [4]. Autour de 30
M€. Ce qui ne l’a pas empêché de rehausser le volet social de 8 % cette
année. Un coût mirobolant de 450 € mensuel par foyer en moyenne.
L’allocataire a « des droits et a surtout des devoirs » [5], se justifient
à l’envi A. Bonrepaux et consort. « L’administration, paternaliste et
condescendante, tente régulièrement de faire passer pour des faveurs ce à
quoi nous avons droit pour vivre. La pression, constante et sans relâche,
fait partie intégrante du dispositif » rappelle la CNT 09 qui épaule
parfois le Cafca dans ses actions [6]. Des « miettes pour calmer la grogne
sociale », rétorquent certains.« Ils ont l’impression de donner plein de
sous. C’est quoi leur salaire à eux ? » s’emporte Catherine, elle aussi
sortie en larmes de sa CST. On la menaçait de lui baisser son Rsa couple.
700€ pour quatre. C’était sans compter sur Malick son compagnon qui a
passé son coup de gueule « On n’est pas dupe, ils ont pas intérêt à mettre
une famille à la rue, mais on peut lui taper dessus ».
« Les mettre au boulot »

En comité de pilotage du département, l’objectif de la direction est assez
clair : « on va les mettre au boulot ! », raconte une source interne.
Léger problème, avec un taux de chômage à plus 12, 2 %, les offres
d’emploi n’encombrent pas les fichiers Pôle Emploi Ariège. Quitte à
réorienter les profils de ces assistés en puissance à n’importe quel prix.
Pour toucher son dû, Sarah a du écrire sur son recours qu’elle «
élargissait son champ de recherche aux boulots alimentaires ». « Je suis
allée en intérim, vu mes diplômes ils m’ont regardé avec des yeux ronds ».
La logique tourne à l’absurde kafkaïen : « Si je vais travailler, ce sera
pour payer la garde de mon enfant ». Daniel lui, travailleur social de
métier, avait postulé dans une structure pour jeunes handicapés dont le
directeur, membre de la commission, lui reprochait son manque de
démarches. Il ne lui avait jamais répondu. Souci d’honnêteté, Catherine et
Malick l’on joué franc-jeu en CST :« on ne cherche pas de boulot ». Bac+
5, elle, veut tenter sa chance dans la vannerie tandis que lui, BTS,
construit leur maison sans passer par les banques. « Peu importe ce que je
leur disais, pour eux j’étais une glandeuse. Comme s’ils décidaient de ma
vie à ma place ». Etre un « bon pauvre » qui « s’insère » dans le
chantier, les ménages, la manutention.

Ces coups de pressions retombent aussi sur les employés. En interne la CST
de Foix a la réputation d’être la « plus dure » d’Ariège. Une« punition »
pour les professionnels qui y travaillent. Cette tendance au contrôle
viendrait du recrutement de techniciens gestionnaires « très normés »
issus du monde économique. « Nous, on arrivait de l’éducation populaire ou
de science de l’éducation », se souvient Paul, un conseiller d’insertion.
Pas vraiment de politique du chiffre sur les « sorties positives » des
Rsaste mais des rendez-vous, des règles, des obligations de données, des «
outils » tels que ces« courbes d’évolution »… du chiffre d’affaires du
précaire. C’est ni blanc ni noir, tempère Paul. « Les élus sont encore sur
du social mais ne supportent pas ceux qui ne veulent pas s’en sortir ».
Gâchis humain

Du boulot, du moins de l’activité, la « terre courage » en foisonne.
Agriculture, apiculture… Max, membre du Cafca avait un contrat d’insertion
dans la cueillette. Un autre : « vente de savon à base de plante ».
Catherine s’était vue invalider son contrat de travail dans un café
culturel. Des ambitions professionnelles « ubuesques » pour un département
plutôt hostile au mode de vie alternatif. A l’image de cette imprimerie
associative qui avait le tort d’être gratuite. Une cafcaïenne raille : «
Pour eux, le sens social, c’est dégager de l’argent ». Vrai que l’Ariège,
terre historique d’accueil de néo-ruraux, c’est plus le pays des hippies
décroissants que des costumes cadres dynamiques. De ceux qui font un « pas
de côté ». Malick : « Ce n’est pas par choix mais j’estime être en
résistance au Rsa, je prends ma vie en main. Je ne fais pas rien, je prend
mon temps ».

Ludo Simbille

Source : Friture Mag

Notes de l’auteur

Notes :

[1] Tous les prénoms sont modifiés à la demande des intéressés.

[2] D’absurdité et de « torture morale » qualifiait Dominique Méda ce type
de contrôle.

[3] Lire l’enquête de Mediapart sur le système politique ariégeois et les
dossiers de La Buvette des alpages sur l’édile.

[4] M. Bonrepaux tenait-il le même discours à propos des subventions qu’il
verse aux entreprises ? Ou au « Club Ariège Pyrénées Investissement », ce
lobby créé et financé à 98% par le CG ? Sans résultat, il fut dissout pour
des raisons de corruption.

[5] Et l’élu s’y connaît en citoyenneté, lui qui fut mis en examen pour
délit de favoritisme dans deux marchés publics. (La Dépêche, 25/05/2013).

[6] Une étude du CEE sur le RSA qualifiait cette mécanique « d’absurde »
et « torture morale »

. Un conseil général socialiste supprime le RSA à des centaines de
personnes, et le revendique
. R.S.A : fausse hausse et coupures programmées
. « Absurdité », « torture morale », une enquête sur le RSA à Paris
. Ici le site du CAFCA, Collectif d’autodéfense face aux contrôles de
l’administration

Paris : OCCUPATION DE L ‘HOTEL LUTETIA

dernier communiqué des occupants !
- 16h : Communiqué des occupants. Appel à soutien : rendez vous en bas ! au 45 bd Raspail M° Sèvres-Babylone.
- 13h : Appel à soutien! La police est arrivée au niveau de la banderole ; les militants sont encerclés sur l’échafaudage au niveau du 6e étage. Rendez vous en bas! au 45 bd Raspail M° Sèvres-Babylone.


L’assemblée des chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papiers, contre l’accord sur l’assurance-chômage occupe depuis ce matin 7h le chantier de l’hôtel Lutetia. Ils appellent à venir les soutenir au 45 bd Raspail, Paris 6e, métro Rennes et Sèvres-Babylone.

Communiqué des occupants du Lutetia à 15h50

Faire entendre la révolte

Nous occupons aujourd’hui l’hôtel de luxe Lutetia en travaux*.
Nous voulions faire une Assemblée Générale avec les travailleurs du chantier.
Nous avions à peine commencé à leur parler de leur conditions d’emploi et des pertes de revenu imposées par la nouvelle convention d’assurance chômage, que la direction les a sommés de sortir. Encore une fois, il s’agit d’empêcher l’information, le dialogue, la possibilité de se regrouper, de se coordonner…
Nous sommes aussi ici pour montrer notre vigilance par rapport aux concertations en cours sur le chômage. Les échos que nous avons des ateliers de ce matin** sont désastreux. Les problèmes sont soit niés, soit esquivés.
Nous exigeons toujours l’accès aux données brutes de l’Unedic, aucune expertise sérieuse ne peut se faire, sans cela. Il est indispensable que de réels ateliers de travail soient organisés pour l’ensemble de l’assurance chômage car le problème est vaste. Or, à ce jour, aucune nouvelle séance n’est prévue.
Plus que jamais nous continuons à exiger l’abrogation de la convention d’assurance chômage et l’ouverture de négociations avec les premiers concernés, sur la base de nos propositions.
Nous serons également vigilants à ce que les travailleurs du chantier Lutetia soient payés, c’est leur droit. La CGT interim, présente lors de l’action, les a informés qu’elle pourra suivre leurs dossiers.
Cette occupation est un blocage économique qui ne s’exerce pas à l’encontre des travailleurs mais évidemment des gros employeurs et aujourd’hui Vinci, qui veulent nous imposer des conditions de travail et de vie inacceptables.
Imposons-leur notre révolte. Un récent rapport de l’Insee démontre l’augmentation de la précarisation des vies.
Soyons nombreux pour refuser de laisser faire, et pour construire de nouveaux droits.

* infos sur www.cip-idf.org

** les ateliers de la concertation étaient : « accès à la protection sociale » et « relation avec les organismes gestionnaires », le troisième « formation professionnelle » a été annulé au dernier moment, sous prétexte de négociations en cours !

Nous, chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papiers, occupons ce jeudi 18 septembre 2014, jour de reprise des concertations de la mission Valls, depuis 7h00, le chantier de l’hôtel Lutetia, 45 bd Raspail, Paris Ve, métro Rennes et Sèvres-Babylone.

Cet hôtel de luxe à été vendu en 2010 au groupe Alrov, appartenant au milliardaire Israélien Alfred Akirov, pour 135 millions d’euros. La gestion est restée aux mains du groupe Concorde Hotels & Resorts, lui-même filiale de la société privée de gestion immobilière Starwood Capital Group, qui gère plus de 9 milliard de biens immobiliers dans le monde.

Nous sommes ici dans une volonté déterminée de recourir au blocage économique pour rappeler que nous n’entendons pas accepter la casse des droits sociaux des chômeurs, précaires, intermittents et intérimaires, aggravée par la mise en place de la convention d’assurance chômage du 22 mars.

Lire la suite du communiqué sur le site de la CIP-IDF : De l’argent il en a pour construire de nouveaux droits 

 

 

 

 

documentaire sonore

 

Bande Organisée

Paroles contre discours.
Reponse aux chiffres par le nombre. Aux expertises par l’experience. A la schizophrenie par l’unite.
Voix sans visages. Paysage. Loin de ce qu’on voit en images.

Peine Capital.
Laisser faire, laisser passer. Action au Cac 40.
Passer les fers a ces cas mal rentres dans les cases.
Enfermer de cadres en theories dans des categories à l’ecarts

Coup de press’
Vecu brut, prude mais brutal quand il butte sur une voix off et ce qu’elle offre d’officiel.
L’objectivite reste illusion, elle scelle et dilue le son.

Participation necessaire.
Infraction a la loi… du silence. Organisation en bande… avec intention de porter atteinte a l’Etat…
Des choses…

http://www.bandeorganisee.org/

 

Émission libre débat sur la lutte des sans papiers « Lampedusa-Berlin » et sur l’occupation de l’école Gerhart Hauptmann

Un lien vers l’excellente Emission-LibreDebat du 03 09 2014 sur le mouvement de réfugiés  « Lampedusa Berlin » et sur l’occupation et l’expulsion de l’école Gerhart Hauptmann dans le quartier de Kreuzberg à Berlin :

http://www.radiogalere.org/node/6082

Un lien également vers un article du blog sans papiers ni frontières qui traite également de ce sujet là : http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2014/06/30/berlin-suite-a-lexpulsion-de-lecole-gerhart-hauptmann/

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Jeudi 11 septembre Équitable café 19h30 Rencontre-débat avec Olivier Leberquier et plusieurs salariés de Fralib

Note des modérateurs : Nous transmettons l’invitation à ce débat sur la lutte des salariés de Fralib à Gémenos, qui nous a paru intéressante. Pour autant, nous pensons que les annonces de « victoire » des salariés sur les géants de l’agroalimentaire sont à prendre avec des pincettes, car l’autogestion de la production dans le système capitaliste ne peut être considérée comme une émancipation des travailleurs.

Olivier Leberquier délégué syndical CGT de Fralib et ses camarades ont mené la lutte victorieuse et témoigneront de leur expérience.

Trois ans et demi de face à face entre les salariés de l’usine « Éléphant » de Gémenos et la multinationale Unilever. C’est une victoire de grande portée sur le géant de l’agroalimentaire.
Cette lutte exemplaire est un immense succès et démontre pour tous les travailleurs que rien n’est jamais joué d’avance.
Cette victoire doit servir d’exemple à tous les travailleurs et inspirer tous ceux qui se battent contre les délocalisations.

Vous pourrez intervenir, débattre, questionner, échanger, partager …

Équitable Café, 54 Cours Julien, 13006

[Berlin] Résumé de la lutte des réfugiés dans le quartier de Friedrichshain

Résumé de la lutte des réfugiés dans le quartier de Friedrichshain à Berlin ces derniers jours, repris sur Le chat noir émeutier

31 août 2014: 6ème jour d’occupation du toit de la Gurtelstrasse.

Tout d’abord, la situation sur le toit: depuis 2 jours, les réserves de nourriture et d’eau sont épuisées. La police a déclaré aujourd’hui aux personnes: « nous voulons vous affaiblir afin que vous abdiquiez« . Au cours d’une discussion il a été dit que la pluie a aidé les gens hier soir, vue qu’ils ont été en mesure d’en recueillir et d’en boire.

La police est toujours là avec plusieurs paniers à salade, mais avec un contingent beaucoup plus petit que sur la Ohlauerstrasse. Les gens sans carte de résidents se voient toujours empêchés d‘accéder à la zone. Les flics continuent leur travail d’harcèlement, comme en perturbant à plusieurs reprises les rassemblements et en enlevant des banderoles. Puisque seulement quelques personnes s’arrêtent de façon permanente devant les barrières, les policiers ont les mains libres.

Cet après-midi, une manifestation de solidarité avec plus d’un millier de participant-es est partie de la station de métro (S Bahn) de la Warschauerstraße jusqu’à la Gürtelstraße. L’ambiance était déterminée, avec des slogans et banderoles. Tous ceux qui sont conscients de la situation ont une énorme rage contre les flics, les politiciens et la presse qui, évidemment, tentent de gagner face à cette nouvelle escalade dans la lutte de réfugiés en affamant et démoralisant. Ce qui est frappant c’est l’ignorance de la presse en relation avec les évènements.

gurtel3

Ici, ce n’est donc probablement pas une mobilisation aussi forte qu’en juillet à Kreuzberg. Les gens sont plus solidaires de leurs fenêtres que depuis la rue. Mais les dons de nourriture durant la marche d’aujourd’hui étaient plus que suffisants.

Ce qui peut se passer par la suite est pour le moins incertain. Les personnes présentent en haut et en bas s’encouragent mutuellement, il est peu probable qu’il y aura une évacuation volontaire du toit. Mais l‘Etat est apparemment bien décidé à épuiser le conflit et espère qu’il n’y ait pas de dynamique de masse. Il est également clair après observations que la direction de la police a besoin de faire des économies sur le personnel, depuis que leur pause estivale a été en partie annulée. Il y a l’espoir que nous puissions forcer les tortionnaires à plier. Faites donc beaucoup de pression, racontez les méthodes cruelles de faim et de déshydratation, faites au mieux des actions de solidarité non seulement à Berlin, mais à l’échelle nationale et internationale.

Nous avons besoin de vous tous ! Tout est en jeu !

à partir d‘indymedia linksunten

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Tôt samedi 30 août, un groupe de jeunes est allé recouvrir de peinture et de slogans le bureau de recensement des étrangers situé dans le quartier Moabit de Berlin. Le communiqué en entier ici.

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28 août 2014: Vers 20h45, près de 500 personnes ont fait irruption à la Frankfurter Tor pour soutenir la grève des réfugiés de l’auberge de la Gurtelstrasse. La police a détruit les sièges d’un restaurant qui étaient sur le trottoir et a procédé brutalement à plusieurs arrestations. Elle aurait tenté aussi de prendre d’assaut l’auberge occupée, mais a reporté cette option.

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27 août après 16h00 heure locale:

Les réfugiés occupent toujours le toit de l’ancienne auberge de jeunesse Georgenhof de la Gürtelstraße (l’hôtel Georgenhof, les flics anti-émeutes étaient stationnés hier, est un autre bâtiment juste à côté de l’auberge).
– Les policiers contrôlent toute personne qui entrent et sortent de l’hôtel; dans l’après-midi, deux personnes qui étaient dans leurs chambres à l’intérieur de l’auberge ont été dégagés de force par les keufs.
Les flics leur ont refusé l’accès à la nourriture, à l’eau et à tout contact avec leurs avocats; ils les privent également de médicaments (alors qu’un réfugié dans l’auberge est dans le besoin urgent de médicaments).
Les réfugiés démentent également la version des flics comme quoi il y aurait des négociations; cette désinformation a été transmise par la police; les réfugiés insistent sur le fait de tenter de parler avec le sénateur à l’intégration Kolat du SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne), qui était responsable de ces accords; ils déclarent qu’ils ne partiront pas sans négociations. Ils exigent le droit de séjour pour tous les réfugiés, y compris eux-mêmes, et ne veulent pas être davantage criminalisés. Au croisement des Scharnweberstraße et Gürtelstraße à Friedrichshain, on estime à 15 à 20 personnes, principalement des réfugiés et des solidaires; ils informent les gens par des discours et tiennent un point d’info; les flics ont ouvert ce carrefour pour le trafic, ce qui rend difficile de suivre les discours.
Il y a un appel à apporter un soutien physique au carrefour; en dehors de cela, nourriture, boissons, craies, de la musique et des couvertures sont également nécessaires. Il y a maintenant moins de fourgons de police à l’intérieur des barrières, et les flics qui vérifient les gens à les obstacles sont moins nombreux par rapport à hier (26/08).
Au moins 4 réfugiés auraient été arrêtés à Oranienplatz aujourd’hui entre 14h00 et 14h30.

A partir de linksunten indymedia

En avril dernier, le politicien du SPD Kolat a passé un accord avec un groupe de réfugiés en lutte qui avaient installé leurs tentes sur l’Oranienplatz de Berlin. Celui-ci demandait aux réfugiés d’enlever leurs tentes de la Oranienplatz en échange d’une solution provisoire de 6 mois qui comprenait le relogement dans cette auberge de la Gürtelstraße et le temps que soient examinées leurs demandes d’asile. Cela dit, il est important de préciser qu’à l’époque, plusieurs réfugiés en lutte n’attendaient rien de cet accord et souhaitaient continuer la lutte à l’Oranienplatz.

Depuis mardi 26 août, des racistes s’en prennent aux réfugiés et aux solidaires: un bar-café de la Scharnweberstraße a coupé le câble de la sono des réfugiés et solidaires. Par ailleurs, l’eau et l’électricité leur ont été coupés.

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Depuis ce lundi 25 août 2014, après des rapports dans les médias mainstream suite aux demandes d’asile de 108 réfugiés rejetées par le bureau de l’immigration, il y a eu des préparatifs en vue de l’expulsion de ces réfugiés, qui dans le passé ont occupé l’Oranienplatz (expulsés début avril 2014) et pour certains l’école Gerhart-Hauptmann de la Ohlauerstrasse à Kreuzberg. Plus tard, ils ont signé des contrats avec le Sénat de Berlin qui leur a promis entre autres des endroits pour séjourner au moins six mois et d’examiner au cas par cas de leurs demandes d’asile. Il est connu que certaines parties des accords mentionnés dans le contrat ont déjà été rompues dès le début, par exemple que certains réfugiés se sont vus leurs demandes rejetées sans examen de cas par cas promis et ont été menacés d’expulsion bien avant la période de six mois terminée. Donc 25/08, le Sénat a envoyé des agents aux réfugiés respectifs afin de les informer sur le rejet de leur candidature et de leur ordonner de quitter immédiatement leurs domiciles. 64 réfugiés vivant dans la maison de réfugié de la Gürtelstraße sont concernés.

Près d’une centaine de policiers et la presse ont fait leur apparition à proximité et en face de la maison de réfugié de la Gürtelstraße, une ancienne auberge dans le quartier de Friedrichshain. En outre, sur la Gürtelstraße, ils ont stocké les barrières de rues il y a déjà deux ou trois jours. Tout cela indique que bientôt il y aurait des opérations de police.

La police est également apparue à Oranienplatz, une de leurs voitures de patrouille a été attaquée avec des pierres par des personnes en colère. Selon les rapports, l’un des réfugiés déboutés s’est couvert d’essence et a menacé de s’immoler.

Une partie des réfugiés de la Oranienplatz ont été à Marienfelde, un quartier de la périphérie de Berlin. Il n’y a pas encore de rapports indépendants sur ce qui leur est arrivé (seulement des rapports de médias mainstream, indiquant qu’ils sont partis sans manifestations visibles).

La situation actuelle ce 26 août (après 16h00 heure locale) à la Gürtelstraße (Friedrichshain) est qu’au moins 2 des réfugiés sont sur le toit de la maison. Selon les récits depuis la rue, plusieurs réfugiés ont déjà quitté l’ancienne auberge où ils vivaient. Il y a plusieurs centaines de flics qui assiègent le secteur. La presse est aussi là en grand nombre. Ce qui manque, ce sont des gens en solidarité avec les réfugiés. Il y a seulement quelques personnes, qui sont tout à fait passives. Pas de banderoles, pas encore de slogans, quelques slogans écrits à la craie sur le trottoir. Le secteur n’est pas fermé; des personnes solidaires peuvent atteindre le lieu depuis toutes les directions. Les flics anti-émeute se trouvent dans les ​​Gürtelstraße, Dossestraße et Scharnweberstraße. Il y a aussi beaucoup de flics en civil dans la région. En ce moment, la police attend les ordres de leurs chefs. Tout type d’action en solidarité avec les réfugiés et aussi pour distraire les flics du secteur est plus que bienvenue !

banderole solidaire sur un bâtiment du quartier

Sources: linksunten.indymedia.org « (1, 2) et la rue

Mis-à-jour (à environ 17h30 heure locale):

Il y a actuellement trois réfugiés sur le toit de l’auberge de la Gürtelstraße à Friedrichshain (voir la carte). Plusieurs barrages de flics sont positionnés aux carrefours de la Dossestrasse et Oderstrasse, Gürtelstrasse et Oderstr., Gürtelstr. et Scharnweberstr. Entrée de la zone bloquée est autorisée uniquement pour les résidents avec carte d’identité, ou des membres de la presse. On a pu entendre de loin des slogans scandés en faveur des réfugiés, ainsi que les sirènes de flics.

Mise à jour (vers 19h00, heure locale):

Il y a un petit rassemblement avec sit-in à la barrière au croisement des gurtelstr. et Scharnweberstr. Il n’y a pas de gens derrière les autres barrières de flics. Les pompiers sont dans la dossestr. avec deux matelas gonflables (ils utilisent ces choses quand les gens sautent pour diverses raisons de la fenêtre, etc).

Un appel à une manifestation à la Frankfurter Tor (Friedrichshain) pour le 26 août à 20h00

Mise-à-jour (vers 20h00, heure locale):

Il y a toujours au moins trois réfugiés sur le toit de l’auberge de la Gürtelstraße. Les soutiens sont encore un peu passif et en attente. Des flics anti-émeute sont stationnés sur le toit de l’hôtel Georgenhof, qui est le bâtiment à côté de l’ancienne auberge (les deux toits ne sont pas reliés). Au croisement de la gurtelstr. et de la Scharnweberstr., il y a environ 50 personnes (passants curieux y compris).

Les mots de Badra Ali Diarra, qui a signé un accord avec le Sénat de Berlin et qui est maintenant emprisonné: Quelques déclarations de notre ami en camp de rétention

Appel pour une journée internationale de solidarité aux 595 femmes de ménage du Ministère des finances grec

Nous, femmes de ménage du Ministère des Finances, qui avons perdu nos emplois depuis le 17 septembre 2013, nous vous proposons d’unir nos forces et d’organiser une journée internationale de Solidarité le samedi 20 septembre.

Nous, femmes de ménage du Ministère des Finances, qu’on a éloignées de notre travail​ ​ le 17 septembre 2013 afin de le donner à des sous-traitants privés, nous sommes engagées depuis 11 mois dans une lutte pour la vie, contre les politiques d’austérité et ceux qui les appliquent, le gouvernement Samaras et la Troïka.

Chaque jour nous descendons dans la rue et nous revendiquons notre travail et nos droits, résistant à la violence policière et la propagande gouvernementale. La justice grecque nous a donné raison, mais le gouvernement refuse d’obtempérer et d’appliquer l’arrêt judiciaire.
​Nous demandons de vous, associations citoyennes et mouvements sociaux, syndicats des salariéEs, organisations des femmes, partis politiques et citoyens du monde entier, de vous qui n’acceptez pas l’injustice et partagez les souffrances de ses victimes, d’exprimer haut et fort votre solidarité au combat que nous menons pour la vie et pour la dignité, un combat qui est aussi votre combat.
Nous vous proposons d’unir nos forces et d’organiser :
Une journée internationale de Solidarité

Nous proposons la période allant du 15 au 22 septembre, soit la semaine précédant l’arrêt judiciaire définitif concernant les 595 femmes de ménage, qui sera rendu le 23 septembre. La journée de mobilisation internationale pourrait avoir lieu le samedi 20 septembre.

L’objectif pourrait en être diverses actions de solidarité comme des rassemblements et manifestations publiques, des mobilisations devant des ambassades et des consulats grecs, les bâtiments du FMI à Washington et de la Banque centrale européenne à Frankfort​ ou tout autre lieu de votre choix.

On est déjà en train de préparer la participation d’une délégation des femmes de ménage en lutte à une manifestation qui aura lieu au Parlement européen de Strasbourg le 16 ou 17 septembre.

Si vous êtes prêtEs à participer à cette initiative, nous vous prions de nous le faire connaître au plus tard le 30 août, afin que nous puissions savoir quels pays et quelles villes vont y participer.

Article de Sonia Mitralias, membre des “ Femmes contre la dette et les mesures d’austérité” en Grèce

Après 11 mois d’un long et âpre combat, limogées depuis septembre, mises sous statut de « disponibilité », soit licenciées au bout de huit mois, 595 femmes de ménage de la fonction publique sont devenues l’incarnation, le symbole, l’âme, la vie-même de la résistance la plus farouche contre la politique de rigueur en Grèce ! Ces femmes sont devenues tour à tour « sujet politique » et le leadership de toute la résistance actuelle contre la politique de la Troïka, osant affronter un ennemi aussi puissant que le gouvernement grec, la Banque centrale européenne, la Commission et le FMI… 
Et pourtant, après ces 11 mois de combat, après avoir défié et être devenues l’ennemi principal du gouvernement et de la Troïka, après avoir court-circuité la mise en œuvre des mesures de rigueur, après une présence très médiatisée sur la scène politique, ces femmes de ménage en lutte ne sont toujours pas considérées comme sujet politique par les opposants à l’austérité. 
Et pourtant, depuis le début des mesures d’austérités infligées par la Troïka, les femmes ont pris la rue en masse et leurs résistances semblent avoir une dynamique propre toute particulière et riche en leçons politiques. 
Durant ces quatre ans de politiques d’austérité qui ont transformé la Grèce en un amas de ruines sociales, économiques et surtout humaines, on n’a parlé que très peu de la vie des femmes et bien sûr encore moins de leurs luttes contre les diktats de la 
Troïka. C’est donc avec surprise que l’opinion publique a accueilli cette lutte exemplaire faite entièrement par des femmes. Mais est-ce vraiment une surprise ? 
Elles ont participé en masse aux 26 grèves générales. Dans le mouvement des indignés, elles occupaient les places, elles campaient, manifestaient. Elles se sont mobilisées en première ligne pour l’occupation et l’autogestion de l’ERT.
Exemplaires, elles étaient l’âme des assemblées des grévistes des administrateurs universitaires dans l’éducation et les universités contre la « disponibilité » c’est-à-dire le licenciement après 8 mois avec 75 % de leur salaire. 25 000 fonctionnaires de l’État, en majorité des femmes, seront concernés par le dégraissage des services publics. Elles constituent aussi l’écrasante majorité (95 %) des volontaires du 
Mouvement de Solidarité et des dispensaires autogérés qui essayent de faire face à la crise sanitaire et humanitaire.

La participation massive des femmes aux mouvements de résistance contre la destruction de l’État social par les politiques de l’austérité, n’est donc pas une surprise, elle n’est pas due au hasard : d’abord, et nous le savons, la condition des femmes est dans l’œil du cyclone de l’austérité. La destruction de l’État social et des services publics fait exploser leur vie : en tant qu’employées majoritaires dans la fonction publique et en tant qu’usagères principales des services publics, les femmes sont doublement impactées par les coupes de tous genres. Elles ont donc mille raisons pour ne pas accepter la régression historique de leur condition de femmes, qui équivaudrait à un véritable retour au 19e siècle ! 
C’est vrai que dans un premier temps elles ne se démarquaient pas en tant que « sujet politique femmes », partageant les mêmes revendications et les mêmes formes de luttes avec les hommes dans les mouvements. Elles y étaient nombreuses, c’est tout. 
Mais, déjà dans la lutte pionnière contre l’extraction d’or dans la région de Skouries, à Chalkidiki au nord de la Grèce, s’opposant à la société canadienne multinationale « Eldorado », les femmes se sont très vite distinguées par leurs formes de lutte et leur radicalité. Et si la presse et l’opinion publique ignoraient l’incidence de leur identité de genre sur la façon de lutter, la police ne faisait pas autant ! En effet, la police anti-émeute avait ciblé tout particulièrement les femmes, utilisant une répression féroce et sélective pour terroriser toute la population à travers ELLES, pour anéantir toute désobéissance et tout mouvement de résistance. Criminalisées, emprisonnées, elles ont subi des violences humiliantes, aussi sexuelles et… spécifiques à leur corps et à leur…genre !

Dans un second temps, les femmes ont exprimé des initiatives et formes de luttes propres à elles.


Tout a commencé quand, pour imposer la partie la plus dure de son programme d’austérité et satisfaire les engagements à l’égard de ses créanciers, le gouvernement a ciblé en toute priorité les femmes de ménage du ministère des Finances, de l’administration fiscale et des douanes. Il les a placées dans le mécanisme de disponibilité déjà depuis fin août dernier, ce qui se traduit par ce qu’elles touchent les trois-quarts de leur salaire de 550 euros pendant huit mois avant qu’elles soient licenciées définitivement. Le gouvernement a suivi exactement la même stratégie qu’à Skouries. L’objectif : s’attaquer d’abord aux plus faibles et les moins susceptibles d’être soutenues…c’est-à-dire les femmes de ménage, pour ensuite faire passer le gros des employés à la trappe, c’est-à-dire aboutir au licenciement des 25 000 fonctionnaires publics !… Et cela dans un moment où les mouvements de résistances 
étaient saignés à blanc par l’austérité sans fin, étant atomisés, fatigués, exténués, vulnérables… 
Il croyait qu’avec « cette catégorie de travailleurs », ces femmes pauvres de « basse classe » touchant des salaires d’à peine 500 euros et, croyait-il, pas très intelligentes (d’où le slogan des femmes de ménage : « Nous ne sommes pas des connasses, nous sommes des femmes de ménages »), il aurait vite fini par les écraser comme des mouches. 
Le but étant de privatiser le travail des femmes de ménage pour en faire cadeau aux entreprises privées de nettoyage. Ces sociétés mafieuses connues pour être des champions de la fraude fiscale, réembauchent avec des salaires de 200 euros par mois, soit 2 euros par heure, avec assurance partielle, sans aucun droit du travail, ce qui équivaut à des conditions de semi-esclavage et de galère. 
Ces femmes limogées et sacrifiées sur l’autel de l’anthropophagie de la Troïka, ces femmes de 45 à 57 ans, souvent monoparentales, divorcées, veuves, endettées, ayant à leur charge des enfants ou maris chômeurs ou des personnes handicapées, se trouvant devant l’impossibilité de toucher prématurément leur retraite et cela après plus de 20 ans de travail, et dépourvues de toute possibilité de retrouver du boulot, ont alors décidé de ne pas se laisser faire. Elles ont pris leur vie en mains ! 
Et voilà qu’une poignée de femmes décident de bousculer les routinières formes de lutte des syndicats traditionnels. Quelques-unes prennent l’initiative de s’organiser par et pour elles-mêmes, un noyau des femmes de ménage qui avaient déjà lutté et gagné 10 ans plus tôt pour obtenir des contrats de longue durée. Elles ont travaillé comme des fourmis, tissant patiemment une toile d’araignée à l’échelle du pays… 
Et comme ces servantes du ministère des Finances ont été jetées dans la rue et que faire la grève n’a plus de sens dans leur cas, elles ont décidé de faire un mur humain avec leur corps dans la rue, devant l’entrée principale du Ministère des Finances à la Place de « Syntagma », la place devant le Parlement, la place la plus emblématique du pouvoir… 
Ce n’est pas un hasard que ce soient des femmes qui ont fait naître des formes de lutte pleines d’imagination. Déconsidérées à cause de leur genre et de leur classe sociale, marginalisées par les syndicats et n’ayant point de liens avec les organisations traditionnelles de la gauche grecque, elles ont dû faire du bruit pour être audibles, pour se faire entendre, elles ont dû se créer une image pour être visibles !
Aux grèves passives, aux journées d’actions éphémères et inefficaces, elles ont substitué l’action directe et collective. Elles misent sur la non-violence, l’humour et le spectaculaire. Avec des couronnes d’épines sur la tête à Pâques, avec la corde passée autour de leur cou devant le siège du parti de la Nouvelle Démocratie, avec de la musique et des danses elles réclament : la réembauche pour toutes et tout de suite ! Tout cela est inédit en Grèce… 
Elles occupent et bloquent l’accès au Ministère, et surtout elles pourchassent les membres de la Troïka quand ils veulent entrer au Ministère (!) les obligeant à fuir en courant et à prendre la porte de service, ensemble avec leurs gardes du corps. Elles affrontent et se battent corps à corps avec les unités spéciales de la police. Tous les jours, elles inventent des nouvelles actions, qui sont reprises par les médias, elles alertent toute la population : en somme elles brisent l’isolement. Et voici que, ce qui d’habitude était représenté par une statistique sans vie et sans âme, par le chiffre du record du chômage, de la pauvreté, voici que ces « abstractions » s’humanisent, acquièrent un visage, deviennent des femmes en chair et en os, qui en plus ont une personnalité et une volonté politique propre. Elless’appellent Litsa, Despina, Georgia, Fotini, Dimitra… Et avec leur exemple, leur courage, leur persévérance, leur rage de vaincre, elles redonnent espoir à toutes les victimes de l’austérité…

Mais attention, les forces antiémeutes brutalisent presque quotidiennement ces femmes, pour l’exemple, car leurs patrons craignent la contagion. Et c’est toute la 
Grèce qui assiste au triste spectacle de ces femmes souvent âgées qui, jour après jour, sont piétinées, maltraitées et blessées par des Rambos de la police, qui auraient pu être leurs fils ! Et pourquoi ? Parce que c’est la Troïka elle-même qui veut les abattre, parce qu’elles sont l’exemple à imiter par tous les opprimés, parce elles sont à la pointe de la contestation anti-austérité, non seulement en Grèce mais partout en Europe. Parce que leur lutte peut devenir contagieuse… 
Plus que jamais, le combat de ces 595 femmes de ménage héroïques est le nôtre. Ne les laissons pas seules. Elles se battent pour nous, battons-nous pour elles. Organisons la solidarité européenne et mondiale !