Basso Cambo (Midi-Pyrénées) : les véhicules d’ERDF sabotés

Dépêche du Midi, 05/06/2014

Une vingtaine de véhicules de service vandalisés, les pneus crevés et des tags sur la façade du siège d’ERDF Midi-Pyrénées Sud, à Basso Cambo. Se revendiquant du réseau « Sortir du nucléaire, un commando du « Bure 365 » a mené dans la nuit de dimanche à lundi ces dégradations ciblées contre ERDF.

« Des dispositions ont été prises pour que ces actes de vandalisme n’aient pas d’impact sur nos services et la clientèle », indique-t-on à la direction d‘ERDF qui a déposé plainte en début de semaine.

Depuis le 1er juin, les militants antinucléaires ont lancé « la campagne Bure 365 » qui vise à mener des actions diverses sur le territoire pour manifester leur opposition à, notamment, l’enfouissement des déchets radioactifs.

Le samedi 17 mai à Avignon : journée de rencontre sur les outils de propagande de l’industrie nucléaire

Dans le prolongement du campement antinucléaire qu’elle initia en octobre 2011, la nébuleuse avignonmonamour a pour ambition de poursuivre son incursion sur le terrain nucléaire avec la volonté d’’informer sur les réalités du nucléaire en France et ailleurs… Par trois fois déjà, notre intérêt s’’est focalisé sur la situation à Fukushima au Japon, manière de faire miroir à la propagande nucléocrate pour qui l’’accident est impossible. Trois ans après la catastrophe, les stratèges en communication de la filière nucléaire ont pris acte qu’’il leur fallait sortir du silence. Nous voici donc submergés de campagnes multiples, proposant tout autant la visite de centrales, qu’’une nouvelle dialectique sur la sécurisation du parc nucléaire français : la transparence, version liftée du mensonge moderne !

Dans le contexte inchangé d’une industrie nucléaire qui échoue toujours à nous faire croire à son bien fondé, nous vous proposons une nouvelle journée pour mettre en mots l’’ensemble des questions qui nous animent. La parution récente du livre, La Condition nucléaire de Jean-Jacques Delfour, en est l’’amorce. Le Japon sera à nouveau convoqué par de multiples interventions.

contact : avignonmonamour@riseup.net

évènements anti-nucléaires du 25 avril au 5 mai

Il y en a pour tous les goûts (marcheurs, orateurs, débatteurs d’idées, lanceurs d’initiatives, activitistes ,friands des ambiances festives, amateurs de rassemblements)
Il y en a pour tous les emplois du temps ( full, light, ponctuel)

Rassemblements aux 4 centrales nucléaires suivantes :

Vendredi 25 avril : Cadarache à partir De 15H30

Vendredi 2 mai : Site nucléaire de Marcoule 12h30 : Rassemblement contre le Mox, le plutonium, Astrid

Vendredi 2 mai : Bagnols sur Ceze  : Siège Areva à 16H
Samedi 3 mai : Site nucléaire de Cruas 11h30 . Rassemblement contre les fuites et la prolongation

Lundi 5 mai :  Site nucléaire de  Tricastin 11h30 : Rassemblement contre les fuites et accidents à répétition, pour la fermeture du site

Fête Du 1er Mai : Avignon : Fête antinucléaire sur l’île de la Barthelasse
(Parc des libertés) :stands, musique, débats, films,… à partir de 12h

Contacts : collectifantinucleaire84@hotmail.fr et 06 03 03 63 75

Appel à une journée (inter-)nationale NO TAV

NOTAV_ATTACKSamedi 22 février – Journée Nationale de Lutte
LA COORDINATION DE COMITÉ NO TAV réunie le Mercredi 8 Janvier 2014 à Villar Focchiardo
a évalué attentivement la situation juridique gravissime créée suite aux dernières arrestations de Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò, pour lesquels s’est construit un château de chefs d’accusation étudié justement pour intimider toutes les sacro-saintes luttes qui, aussi grâce au mouvement NoTav, sont en train de grandir dans tout le pays.
a effectivement remarqué dans le dossier d’instruction, les enquêteurs, en insistant sur le plan strictement juridique, soutiennent une thèse clairement politique. En s’appuyant sur un bref historique des actes légaux et des sommets internationaux qui ont permis l’installation du chantier de Chiomonte en Val de Susa, les magistrats soutiennent qu’il s’agit d’une élaboration démocratique. L’action contre le chantier – en lien avec l’énumération de pratiques d’opposition dont l’épais dossier fournit une longue liste – est définie « terroriste » pas tellement pour ses caractéristiques spécifiques, mais par le fait qu’elle s’oppose au démocratisme d’une décision intergouvernementale. Toutes les décisions imposées par l’État ont un emballage légal, ce qui veut dire qu’elles sont formellement basées sur le Droit. Tout ce qui met réellement en discussion un projet étatique est donc passible de « terrorisme ». Il reste seulement le désaccord platonique et être réduit à un mouvement d’opinions. Donner un caractère concret à son propre NON, qui au fond est la caractéristique essentielle du mouvement No Tav, devient donc antidémocratique. Le totalitarisme parle aujourd’hui un langage différent  : « Nos décisions démocratiques ne te plaisent pas ? Tu es un terroriste, je t’enferme en prison et je jette la clé ».

Rappelant que d’une époque à l’autre, l’État et « les pouvoirs forts » attaquent frontalement l’ennemi sur ses points forts, non sur les plus faibles. Il devient évident que l’emploi de la catégorie de terrorisme contre le mouvement No Tav – pour ce qu’elle exprime et symbolise – est dans ce sens un avertissement pour tous, pour n’importe que mouvement de lutte. Devient donc terroriste n’importe qui conteste les décisions de l’état, et vient démantelé le pacte social pensé par la Constituante.

A suivre jusqu’au bout la logique des procureurs Rinaudo et Padalino, la nature « terroriste » de la lutte contre le Tav ne caractérise pas un soi-disant « saut qualitatif », mais bien ses fondements même : ce NON de vingt ans d’expériences, de savoirs, de confrontations et d’actions qui ne sont que son développement cohérent. Ne pas s’être résigné face aux matraques, aux gaz, aux pelles mécaniques, aux Lince (expertise économique et commerciale en Italie, ndt), aux incarcérations, au terrorisme médiatique, voilà le crime qui contient tous les autres.

Pour ces raisons le Mouvement NoTav

ANNONCE ET PROPOSE POUR LE 22 FEVRIER UNE JOURNÉE NATIONALE DE MOBILISATION ET DE LUTTE CHACUN DANS SON PROPRE TERRITOIRE

à toutes les composantes de lutte qui résistent et se battent contre le gaspillage des ressources publiques, contre la dévastation du territoire, pour le droit au logement, pour un travail digne, sûr et rémunéré justement. Une journée nationale de lutte, territoire par territoire en défense du droit naturel et constitutionnel de s’opposer aux décisions du gouvernement qui ne tiennent compte que des intérêts des puissants, des lobby, des banques et des mafias au détriment des populations. Une mobilisation commune contre l’utilisation délirante des lois de la part des procureurs et de la magistrature turinoise et en solidarité aux compagnons de lutte incarcérés, aux compagnons de lutte déjà condamnés, et aux innombrables résistants qui doivent encore affronter le jugement pour avoir défendu les biens communs, une journée de lutte à laquelle suivra à la mi-mars un rendez-vous à Rome pour la défense et la légitimité des luttes sociales.

En préparation de la journée de lutte, une invitation à effectuer des assemblées sur les territoires pour sensibiliser la population autant sur ces thèmes autant sur les projets qui s’y opposent. En Vallée de Susa sur les projets de déplacement du parking autoroutier de Susa à San Didero, de déplacement de la route de Guida Sicura de Susa à Avigliana et de la ligne ferroviaire dans le territoire de Borgone.

no tav fRance

Qui est E.on ?

E.ON, la centrale thermique de Gardanne et la châtaigneraie cévenole

E.on, entreprise allemande, troisième groupe mondial du secteur de la distribution d’énergie, a reçu l’autorisation de reconvertir la centrale thermique de Gardanne (13) en centrale à biomasse. Ce projet, largement soutenu par l’État au travers d’un contrat d’approvisionnement sur 20 ans, constitue le plus important en France dans le domaine de l’énergie biomasse à ce jour.

Pour autant le gain énergétique, au regard de l’investissement pharaonique (230 millions d’euros pour E.on), n’est pas concluant et le projet est contesté dans sa faisabilité.

Le fort soutien qu’apporte l’État à cette occasion s’explique par le soucis de préserver des emplois sur le site de Gardanne, car E.on avait affiché sa volonté de se séparer de toutes ses centrales thermiques en France (5 au total). Plutôt que d’assumer socialement les conséquences de sa stratégie, et éventuellement re-déployer son personnel sur d’autres activités, l’entreprise envisageait des départs anticipés et licenciements – peu de reclassements. Rien de très étonnant : alors que son chiffre d’affaire a été multiplié par 420% (120 milliards d’euros en 2012) en 10 ans, le groupe s’est délesté de 20% de son personnel (soit 20.000 personnes) entre 2002 et 2006.

E.on affiche aujourd’hui une volonté de promouvoir les énergies durables, ce qui n’a pas toujours été le cas : en 2008 le groupe était le second pollueur européen en terme d’émission de Co2. L’entreprise s’est aussi rendue célèbre avec la deuxième plus grosse amende de l’histoire de l’UE en 2009 pour entente illicite (533 millions d’euros) : GDF et E.on s’étaient entendus pour se partager la distribution du gaz russe en France et en Allemagne, en s’assurant que chacun ne viendrait pas piétiner les plate-bandes économiques de l’autre (en d’autres mots, pas de concurrence).

Lire la suite sur bogues.noblogs.org

Transfert des 4 No tav arrêtés pour terrorisme

notav-accusati-di-terr

Dans la matinée du 30 janvier, Chiara, Claudio, Alberto et Niccolò, les 4 NoTav arrêté(e)s le 9 décembre 2013 avec l’accusation de terrorisme, ont été transféré de la prison de Turin des Vallette, où illes étaient enfermé(e)s jusqu’à maintenant. Chiara a été transférée à la prison Rebibbia à Rome, Claudio à Ferrara et Mattia et Niccolò à Alessandria. Ce choix géographique n’a rien d’un hasard : les 3 prisons en question ont toutes une section de haute sécurité. Après l’interdiction des visites de la part des juges du parquet Paladino et RinaudI il y a une semaine sans aucun motif, les 4 No Tav avaient également récemment dénoncés les problèmes de réception du courrier (déjà soumis à la censure). Les lettres arrivaient toujours plus en retard, voire n’arrivaient pas du tout. Afin de protester contre cette ultérieure privation, Claudio, Alberto et Niccolò avait refusé il y a quelques jours de retourner dans leur cellule après l’heure de la promenade.
Aux yeux de l’infatigable parquet Sitav, cela a sans doute été suffisant pour justifier le transfert. Ceci n’est autre qu’une ultérieure étape dans l’acharnement judicaire contre les No Tav. L’habitude de transférer les détenus afin de les séparer et de les placer en section de haute sécurité n’est pas nouvelle et contribue à la construction de l’image des NoTav comme de dangereux terroristes et ennemis publiques que la justice d’Etat s’efforce tant de répandre. Encore une fois, il faut que la force et la solidarité du mouvement ne les laissent pas seuls, même et surtout après ce transfert.

Les nouvelles adresses afin de leur écrire sont les suivantes :

*/Chiara Zenobi/*/
Casa Circondariale Rebibbia
vaia Bartolo Longo, 92
00156 *Roma*/

*/Claudio Alberto/*

/Casa Circondariale
Via Arginone, 327
44122 *Ferrara*/

*/Mattia Zanotti et/*/*Niccolò Blasi*/

/Casa di Reclusione
Via Casale San Michele, 50
15100 *Alessandria*/

traduit de l’italien par No TAV Paris, lu sur no-tav france


Lettres de Chiara et Claudio en date du 20 janvier à lire sur non fides

repas de soutien NO-TAV

soutienTorinoFEVRIER lettre de trois compagnons incarcérés suite à l’attaque du chantier du TAV

Il est seulement 16h et le soleil est en train de se coucher derrière l’imposant incinérateur métallique, tandis qu’au loin on entrevoit les premières montagnes de la vallée, et l’imagination complète les contours dessinés du Mont Musiné. Nous sommes enfermés ici depuis dix jours mais nos pensées voyagent encore loin…
Que le parquet de Turin était en train de préparer quelque chose de gros, même les rochers le savaient. Cela se voyait à l’augmentation des plaintes contre le mouvement, mais surtout à l’intense travail de propagande par lequel les enquêteurs, mass-médias et politiciens ont cherché à faire passer la résistance No TAV dans l’ombre de ce mot magique qui permet tout : « terrorisme ». Pendant des mois entiers ils n’ont parlé que de ça, dans un mantra répété de manière obsessionnelle et destiné à justifier une répression féroce.

Au final, ils ont pris quelques uns des nombreux épisodes de lutte de cet été sur lesquels cette imagination suggestive pouvait prendre, et ils les ont déformés et pliés à leur vision du monde faite de militaires et de paramilitaires, de hiérarchie, de contrôle et de violence aveugle.
C’est comme ça qu’ils ont fait pour justifier les perquisitions de fin juillet, et c’est comme ça qu’ils font maintenant pour justifier nos arrestations. Mais il y a un gouffre entre ce qu’ils veulent voir de nous et ce que nous sommes réellement.
Cela ne nous intéresse pas de savoir qui, cette nuit-là de mai, s’est effectivement aventuré dans la forêt de la vallée Clarea pour saboter le chantier — et cela n’intéresse probablement pas non plus les enquêteurs eux-mêmes. Ce qu’ils veulent, c’est avoir aujourd’hui quelqu’un entre les mains pour faire peser la menace d’années de prison sur le mouvement et sur la résistance active, pour arriver tranquillement et sans être dérangés à l’ouverture du chantier de Susa [un autre chantier que celui déjà existant, NdT].
Ils veulent que les gens restent à la maison pour regarder de leur balcon le projet avancer.
Pourtant, ces gens ont déjà les instruments pour s’y opposer : nous avons appris à bloquer quand tous ensemble on criait « No pasaran », à passer à coups de masse quand le béton des jersey [clôtures en béton, NdT] nous barrait la route ; nous avons appris à regarder loin quand l’horizon se remplissait de gaz et à relever la tête quand tout semblait perdu.
Ce n’est pas la terreur qu’ils sèment à pleines mains qui ruinera les futures récoltes de cette longue lutte.
Il faudra continuer à construire des lieux et des moments de confrontation pour échanger des idées et des informations, pour lancer des propositions et être prêts à retourner dans la rue ou au milieu des bois.
C’est le soir à la Valette [prison dans laquelle les compagnons sont incarcérés, NdT], mais à part l’obscurité il n’y a pas une grande différence avec le matin, puisque le blindage de la cellule reste fermé vingt-quatre heures sur vingt-quatre : haute sécurité !
Par rapport aux quartier des arrivants, c’est beaucoup plus calme et propre, mais l’absence de contact humain nous affaiblit.
La pagaille des blocs B, C ou F (à part l’isolement auquel est contrainte Chiara) est un grouillement d’histoires et d’expériences de vie avec lesquelles se mélanger, dans lesquelles trouver de la complicité et de la solidarité. Déjà le mois dernier, Niccolò, déjà arrêté fin octobre pour une autre affaire, a pu constater que le retentissement de la lutte contre le TAV parvient jusqu’à l’intérieur des prisons, et que pour beaucoup il représente le courage de ceux qui ont cessé de subir les décisions d’un État oppresseur.
Pour nous, contraints à l’isolement dans une section aseptisée, il est d’une importance vitale de refuser la ségrégation et la séparation entre détenus : nous sommes tous « communs ».
C’est aussi pour ces raisons que ce serait bon qu’un raisonnement et un parcours sur et contre la prison se développent à l’intérieur du mouvement.
La majorité des gardiens des Valette vit là, dans des grands immeubles à l’intérieur des murs, eux ne seront jamais libérés de la prison. Bien que dans cette section ils nous traitent poliment, ils n’hésiteront pas à faire des rapports sur ordre d’un supérieur quand nous déciderons de lutter pour un motif ou un autre. Alors, avec les souvenirs qui nous gardons serrés contre nous, nous tourmenterons ces « porte-clés » pour la petitesse de leurs horizons.
« N’avez-vous jamais vu la mer se frayer un chemin dans les bois lors d’un bel après-midi de juillet, s’élancer et avancer contre les grillages d’un chantier ? »
« N’avez-vos jamais senti la chaleur humaine de tout âge se souder côte à côte pendant que les boucliers avancent, l’asphalte de l’autoroute devenir liquide et l’arrière se remplir de fumée ? »
« N’avez-vos jamais vu un serpent sans queue ni tête ou une pluie d’étoiles au coeur d’une nuit de milieu d’été ? »
Nous si, et ça ne nous rassasie encore pas.
Le route est longue, il y aura des moments exaltants et des raclées retentissantes, il y aura des pas en avant et d’autres en arrière, nous apprendrons de nos erreurs.
Pour le moment, nous regardons notre prison dans les yeux et ce n’est pas facile, mais si « le Val Susa n’a pas peur » [« La Valsusa paura non ne ha », slogan de la lutte contre le TAV, NdT], nous, nous ne pouvons certainement pas en faire moins.

/Niccolò, Claudio, Mattia/

à lire aussi: lettres de Chiara et Claudio en date du 20 janvier sur non fides

Syncopes

La syncope est une suspension momentanée de l’activité cardiovasculaire et cérébrale qui provoque une perte improvisée et transitoire de conscience. Les effets peuvent être insignifiants, un étourdissement momentané, mais parfois ils peuvent être plus graves. Dans certains cas, si l’interruption de flux sanguin dans l’organisme humain se prolonge au-delà de certaines limites, c’est la mort qui survient. Parmi toutes les formes, la « syncope obscure » – celle qui est donc dépourvue de causes identifiées, logiques – est considérée comme la plus dangereuse. Parce qu’elle ne permet pas aux médecins, techniciens du corps, d’intervenir.

Le fonctionnement de l’organisme social est lui aussi irrigué par un système de flux. Flux de marchandises, de personnes, de données, d’énergies. Flux qui peuvent être suspendus pour les raisons les plus diverses. Une panne technique, par exemple. Ou bien un vol de matériel. Peut-être un sabotage. Lorsque cela arrive, les effets sont la plupart du temps insignifiants. Les prestations du service en question subissent une pause forcée, causant quelque inconfort, mauvaise humeur, désagrément. Puis tout revient à la normale. Mais si cette interruption de flux se prolongeait au-delà de certaines limites ? Si ces interruptions se multipliaient et s’entrecroisaient les unes les autres ?

Les marchandises et les personnes s’écoulent et courent le long des voies, d’asphalte et de fer. Les données et les énergies s’écoulent et courent le long de câbles, de cuivre et de plastique. Ces dernières années de bouleversements – infestés par le besoin de popularité, par l’ambition de la reconnaissance – ont inculqué dans l’esprit de beaucoup de monde, de beaucoup trop, que le minimum requis pour effectuer un « blocage » était une large participation en masse. On peut bloquer lorsqu’on est nombreux (et donc il faut être à beaucoup, et donc il faut persuader beaucoup de monde, et donc…). Ce n’est pas vrai. Ce n’est qu’une possibilité parmi d’autres.

Pour bloquer une route, il n’y a pas toujours besoin du rassemblement de centaines de personnes. Il y a une dizaine d’années par exemple, quelques compagnons, et avec peu de moyens, ont fait faire la queue à toute une vallée. Il y a quelques années par exemple, un banal incendie estival au bord d’une grande artère a fait disjoncter toute une métropole (c’était plus ou moins la période lors de laquelle, dans cette même métropole, plusieurs dizaines de compagnons faisaient un rassemblement pendant des heures sur une place pour protester contre le verdict d’un tribunal).
Un événement encore plus probable est l’interruption d’une voie ferrée. C’est quelque chose qui arrive toujours plus souvent un peu partout en Europe, suite à des pannes ou à des vols. C’est une interruption inévitable. Avec tous ces transformateurs électriques, ces échangeurs, ces feux de circulation, ces câbles omniprésents à côté des quais sous des rigoles, à la merci de la négligence et de la rage, la possibilité qu’il leur arrive quelque chose devient pratiquement une certitude.

Et les câbles ? Ne recouvrent-ils pas l’ensemble du territoire, se dévidant dans mille directions, y compris les plus inattendues ? Ne les trouve-t-on pas toujours et partout, à côté de soi, au-dessus de sa tête ou sous ses pieds ? Là encore, les transformateurs, les échangeurs, les antennes, les bouches d’égout et tout l’inventaire qui permettent l’usage quotidien de machines en tout genre. Qui permettent l’usage quotidien. Qui permettent le quotidien.
Même lorsqu’il est synonyme de virtualité, avec internet, l’organisme social a besoin de câbles pour fonctionner. De câbles marins certes, ou plutôt de câbles sous-marins, mais qui finissent toujours par sortir à découvert sur les plages. C’est le cas de Jonah, le câble qui relie les maisons, les industries et les institutions (politiques, économiques et militaires) entre Israël et l’Europe. Et sa station d’atterrissage est ici, en Italie, à Bari*.

Rêveries, bien sûr. On ne doit pas détourner une imagination individuelle qui ne vise qu’à se mettre au service des urgences collectives. Elle pourrait couper court et prendre des libertés non approuvées par l’assemblée souveraine. Certainement. Sans aucun doute. C’est évident. Désolé. Restons-en là.

[Traduit de l’italien de finimondo, 26/12/13]

* NdT
Pour infos, la plupart des câbles sous-marins méditerranéens qui relient l’Europe à l’Afrique -puis le Moyen-Orient et l’Asie- arrivent à Marseille. Pour les autres, notamment transatlantiques, et plus de détails, on peut consulter la carte interactive de Telegeographyde.

lu sur cette semaine

Gaz de shit

gazdeschiste1… sauf que la semaine dernière, la commission européenne a renouvelé son feu vert à la fracturation hydraulique sur le vieux continent, tout en « invitant » les pays qui la pratiquent à « évaluer rigoureusement les incidences sur l’environnement et les risques associés ».
[…]
Une belle occasion pour les pro-gaz de schiste français de revenir à la charge. Arnaud Montebourg fait partie de ceux qui convoitent un gisement évalué par l’agence américaine d’information sur l’énergie à près de 4000 milliards de m³, dont une bonne partie se situerait dans le sud-est du pays. « On a des raisons de penser qu’il y a en Provence et dans la vallée du Rhône des ressources significatives mais je me garde bien d’être catégorique » concède le député PS Christian Bataille, coauteur d’un rapport sur le sujet. « Il faut d’abord faire des recherches pour en avoir confirmation. »
[…]
Mais si on remplaçait la fracturation hydraulique par une technologie plus propre ? C’est ce que propose le ministre du redressement productif, avec l’appui de Total, l’entreprise française très active au plan international dans la recherche de nouveaux sites. Arnaud Montebourg songe, selon le Canard enchaîné de cette semaine, à un nouveau procédé combinant fracturation et fluoropropane, un gaz non inflammable. Les Provençaux doivent-ils se réjouir de cette ouverture ?
Pour cet élu du Nord, « l’intérêt est national. Nous avons un déficit du commerce extérieur important, dû à 80% des importations de pétrole et de gaz, de plus en plus chers. » La Paca profiterait des emplois créés. « Les Américains visent la création d’un million d’emplois. En Provence, dans notre pays, ça pourrait se traduire par quelques dizaines de milliers d’emplois à coup sûr. »

gazdeschisteextrait de La Provence