Méditerranée … encore un naufrage !

ide_monde_mortsmigrants Mercredi 10 septembre 2014, une nouvelle embarcation a coulé en Méditerranée. Partie quelques jours plus tôt d’Égypte il y avait à son bord plus de 500 personnes qui voulaient gagner les côtes de l’Europe. 10 personnes ont échappé à la mort. Dimanche 14, un autre bateau a coulé au large des côtes libyennes. En tout près de 700 personnes sont mortes en voulant traverser la méditerranée ces derniers jours, 3000 pour cette année qui n’est pas finie.

Alors politiciens, journalistes et consorts s’enflamment : ils parlent de drame, de l’opération Mare Nostrum qui touche à sa fin, agitent l’épouvantail des passeurs (dont un certain nombre s’en met plein les poches tout en n’ayant rien à carrer de celles et ceux qu’ils font passer), l’OIM (organisation internationale pour les migrations) parle d’un « homicide de masse » et « du naufrage le plus grave de ces dernières années ».

Mais tout le monde semble oublier que c’est toutes les semaines que des personnes meurent en traversant les frontières à travers le monde. Que ce n’est pas “la mafia des passeurs” qui pousse les gens à migrer mais la pauvreté, la guerre, la misère ou l’envie de voyager. Qu’il n’y a pas de visa sauf pour les plus riches. Qu’en 26 ans, plus de 21 000 personnes sont mortes dans le cimetière méditerranéen. Que les uniques responsables sont ceux là même qui parlent d’”homicide” et de “drame“. Que l’OIM est un des acteurs de la politique migratoire des États et de l’Union européenne. Que c’est cette politique de blindage et de militarisation des frontières qui rend les routes de plus en plus longues, le voyage de plus en plus dangereux.

Leurs discours de compassion et d’humanisme ne sont que des discours de façade pour faire croire à tout le monde que les responsables ne sont ni les dirigeants européens ni les militaires qui patrouillent. Que tout est mis en œuvre pour “secourir” les navires en déperdition. Leur solution humanitaire c’est de repousser les embarcations vers les côtes du sud, ou quand ils ne peuvent pas d’accueillir ceux qui arrivent avec des couvertures de survie estampillées croix-rouge et des flics, d’enfermer dans des camps, qu’ils s’appellent centre d’accueil ou centre de rétention, d’expulser et d’exploiter.

Il n’y a pas plus de solution humanitaire que de solution répressive, parce que là n’est pas le problème. Le problème c’est l’existence même des frontières et des nations. C’est le capitalisme et le colonialisme qui asservissent les plus pauvres à travers le monde. C’est les États qui tous oppriment chacun et chacune d’entre-nous.

Paris : OCCUPATION DE L ‘HOTEL LUTETIA

dernier communiqué des occupants !
- 16h : Communiqué des occupants. Appel à soutien : rendez vous en bas ! au 45 bd Raspail M° Sèvres-Babylone.
- 13h : Appel à soutien! La police est arrivée au niveau de la banderole ; les militants sont encerclés sur l’échafaudage au niveau du 6e étage. Rendez vous en bas! au 45 bd Raspail M° Sèvres-Babylone.


L’assemblée des chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papiers, contre l’accord sur l’assurance-chômage occupe depuis ce matin 7h le chantier de l’hôtel Lutetia. Ils appellent à venir les soutenir au 45 bd Raspail, Paris 6e, métro Rennes et Sèvres-Babylone.

Communiqué des occupants du Lutetia à 15h50

Faire entendre la révolte

Nous occupons aujourd’hui l’hôtel de luxe Lutetia en travaux*.
Nous voulions faire une Assemblée Générale avec les travailleurs du chantier.
Nous avions à peine commencé à leur parler de leur conditions d’emploi et des pertes de revenu imposées par la nouvelle convention d’assurance chômage, que la direction les a sommés de sortir. Encore une fois, il s’agit d’empêcher l’information, le dialogue, la possibilité de se regrouper, de se coordonner…
Nous sommes aussi ici pour montrer notre vigilance par rapport aux concertations en cours sur le chômage. Les échos que nous avons des ateliers de ce matin** sont désastreux. Les problèmes sont soit niés, soit esquivés.
Nous exigeons toujours l’accès aux données brutes de l’Unedic, aucune expertise sérieuse ne peut se faire, sans cela. Il est indispensable que de réels ateliers de travail soient organisés pour l’ensemble de l’assurance chômage car le problème est vaste. Or, à ce jour, aucune nouvelle séance n’est prévue.
Plus que jamais nous continuons à exiger l’abrogation de la convention d’assurance chômage et l’ouverture de négociations avec les premiers concernés, sur la base de nos propositions.
Nous serons également vigilants à ce que les travailleurs du chantier Lutetia soient payés, c’est leur droit. La CGT interim, présente lors de l’action, les a informés qu’elle pourra suivre leurs dossiers.
Cette occupation est un blocage économique qui ne s’exerce pas à l’encontre des travailleurs mais évidemment des gros employeurs et aujourd’hui Vinci, qui veulent nous imposer des conditions de travail et de vie inacceptables.
Imposons-leur notre révolte. Un récent rapport de l’Insee démontre l’augmentation de la précarisation des vies.
Soyons nombreux pour refuser de laisser faire, et pour construire de nouveaux droits.

* infos sur www.cip-idf.org

** les ateliers de la concertation étaient : « accès à la protection sociale » et « relation avec les organismes gestionnaires », le troisième « formation professionnelle » a été annulé au dernier moment, sous prétexte de négociations en cours !

Nous, chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papiers, occupons ce jeudi 18 septembre 2014, jour de reprise des concertations de la mission Valls, depuis 7h00, le chantier de l’hôtel Lutetia, 45 bd Raspail, Paris Ve, métro Rennes et Sèvres-Babylone.

Cet hôtel de luxe à été vendu en 2010 au groupe Alrov, appartenant au milliardaire Israélien Alfred Akirov, pour 135 millions d’euros. La gestion est restée aux mains du groupe Concorde Hotels & Resorts, lui-même filiale de la société privée de gestion immobilière Starwood Capital Group, qui gère plus de 9 milliard de biens immobiliers dans le monde.

Nous sommes ici dans une volonté déterminée de recourir au blocage économique pour rappeler que nous n’entendons pas accepter la casse des droits sociaux des chômeurs, précaires, intermittents et intérimaires, aggravée par la mise en place de la convention d’assurance chômage du 22 mars.

Lire la suite du communiqué sur le site de la CIP-IDF : De l’argent il en a pour construire de nouveaux droits 

 

 

 

 

! NON C’EST NON !

viol-c-est-quoi-200

Non c’est non
Petit manuel à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire

En tant que femmes, nous sommes tous les jours les cibles d’interpellations, de harcèlement, d’agressions verbales, physiques ou sexuelles, plus ou moins graves, plus ou moins violentes, au travail, dans l’espace public et privé. Souvent, nous ne savons comment réagir, comment dire non, et comment faire comprendre que lorsque nous disons non, c’est non.
L’autodéfense pour femmes, qui n’a rien à voir avec du kung-fu, ce sont tous les petits et grands moyens de se sentir plus fortes, plus sûres de soi et plus aptes à se protéger et à se défendre dans toutes les situations de la vie quotidienne, que ce soit au niveau mental, emotionnel, verbal ou en dernier recours physique.

brochure téléchargeable sur http://infokiosques.net/lire.php?id_article=643

documentaire sonore

 

Bande Organisée

Paroles contre discours.
Reponse aux chiffres par le nombre. Aux expertises par l’experience. A la schizophrenie par l’unite.
Voix sans visages. Paysage. Loin de ce qu’on voit en images.

Peine Capital.
Laisser faire, laisser passer. Action au Cac 40.
Passer les fers a ces cas mal rentres dans les cases.
Enfermer de cadres en theories dans des categories à l’ecarts

Coup de press’
Vecu brut, prude mais brutal quand il butte sur une voix off et ce qu’elle offre d’officiel.
L’objectivite reste illusion, elle scelle et dilue le son.

Participation necessaire.
Infraction a la loi… du silence. Organisation en bande… avec intention de porter atteinte a l’Etat…
Des choses…

http://www.bandeorganisee.org/

 

[Paris] Un autre texte concernant la mort d’Abdelhak Goradia

calais.34Le jeudi 21 août Mr Abdelhak Goradia est mort dans le fourgon de police qui le conduisait de la prison pour étrangers de Vincennes vers le vol Air France KLM de 21 h 15 qui devait l’expulser vers l’Algérie. Mr Goradia est mort alors qu’il était entre les mains des policiers de la COTEP (Compagnie transfert escorte et protection) une unité spéciale de la police chargée entre autres d’escorter les personnes expulsées entre le centre de rétention de Vincennes et les aéroports parisiens. Le rapport d’autopsie dit qu’il est mort asphyxié par régurgitation. La famille qui, à la morgue, n’a pu voir le corps d’Abdelhak mais seulement son visage, a remarqué qu’il y avait des traces de coups.

En 2003, deux sans-papiers ont été tués à Roissy par les agents de la Police aux frontières pendant leur expulsion. Ricardo Barrientos, un Argentin de 52 ans et Mariam Getu Hagos un Ethiopien de 24 ans sont morts  tous les deux dans l’avion après que les policiers les ont maintenus pliés en deux en appuyant sur les omoplates pour les empêcher de crier et d’alerter les passagers. En 1991, Arunam Fiva, un demandeur d’asile sri-lankais était mort étouffé après une tentative de reconduite à bord d’un avion à destination de Colombo. Là encore, comme pour Mr Goradia, la police avait parlé d’un malaise cardiaque.

Pour atteindre les 27 000 expulsions annuelles brandies par les divers gouvernements comme des trophées, des dizaines de personnes dites sans papiers sont expulsées chaque jour de France. C’est à dire arrachées de force à la vie qu’elles menaient en France, aux gens qu’elles aiment et connaissent, à leurs habitudes, à tout ce qui fait le quotidien d’un être humain. Nous n’en entendons parler que lorsque quelqu’un meurt ou est gravement blessé mais parmi ces personnes expulsées, nombreuses sont celles qui en plus subissent des violences, notamment lors de ce que l’administration française appelle « l ‘éloignement » ou la « reconduite à la frontière ». De nombreux témoignages trop peu diffusés font d’ailleurs état de ces violences qui de toute façon font partie des méthodes de travail officielles de la police de l’air et des frontières.

Dans un document de 62 pages du ministère de l’intérieur intitulé « Instruction relative à l’éloignement par voie aérienne des étrangers en situation irrégulière »  et destiné aux flics escorteurs de la police de l’air et des frontières il est indiqué que pour exécuter ces mesures, qui résultent de décisions administratives ou judiciaires, conformément à la loi, l’emploi de la force strictement nécessaire sans faire usage de violences inutiles ou de brutalité illégitime ». Les violences et brutalités que l’État estime légitimes y sont abondamment détaillées et illustrées à l’aide de schémas et de photographies «en situation», Parmi les gestes qu’un policier peut faire pour immobiliser une personne expulsée il y a par exemple la «régulation phonique» qui consiste en un étranglement pour «déstabiliser physiquement» la personne, «diminuer sa résistance» et «diminuer ses capacités à crier». Les risques liés à ce geste ne sont pas ignorés et ils sont même listés : «détresse ventilatoire et/ou circulatoire», «défaillance de l’organisme» et «risque vital»…

Concernant Mr Abdelhak Goradia, l ‘État français, par la voix de son ministre de l’intérieur, souhaite “que l’enquête judiciaire permette de faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès dramatique”. Nous voulons bien croire que les policiers de service ce jour là passeront en procès pour « homicide involontaire ». Peut-être ne seront ils pas relaxés comme ceux qui étaient chargés de l’expulsion d’Arunam Fiva. Peut être seront-ils condamnés à de la prison avec sursis comme l’un des trois policiers (les deux autres ont été relaxés) qui escortaient Getu Hagos Mariame. Sans doute leur hiérarchie et l’État français s’en serviront ils comme bouclier pour parler d’éléments qui ont failli, pour mettre en avant un dérapage….ou pas

Mais les responsables de la mort de Mr Goradia ne sont pas uniquement les cinq policiers qui ont monté Abdelhak de force dans un véhicule pour l’emmener à l’aéroport. Les responsables sont aussi tous ceux qui depuis plus de 30 ans, qu’ils se proclament de gauche ou de droite, élaborent et, à l’Assemblée nationale et au sénat, votent des lois qui criminalisent toujours plus les pauvres et les étrangers. Les responsables sont aussi les juges qui dans les tribunaux prononcent des peines spéciales pour les personnes dites étrangères, telles des interdictions du territoire français, confirment des obligations de quitter le territoire français ou des maintiens en rétention. Les responsables se trouvent également aux guichets des préfectures et vérifient pointilleusement si aucun papier si minime soit il ne manque ou si on connaît les paroles de la Marseillaise avant de délivrer un titre de séjour. On pourrait également citer la responsabilité des compagnies aériennes qui acceptent les personnes expulsées et leurs escortes…..

Plus largement, la mort d’Abdelak Goradia est à rapprocher de celles des milliers de personnes qui depuis 20 ans périssent noyées en Méditerranée ou meurt de froid ou d’asphyxie dans des camions ou des trains d’atterrissage pour franchir des frontières que les politiques d’immigration des différents pays de l’union européenne rendent de plus en plus infranchissables.

Pourtant, les « immigrés clandestins » comme les nomment souvent les médias, ne sont pas une « menace » mais le résultat d’une volonté politique des États européens, qu’on appelle « politique migratoire ». La conséquence d’un processus qui commence souvent dans les files d’attente interminables devant les consulats des États européens pour un visa que l’on obtiendra de toute façon pas si on est pauvre. Tout en constituant une réserve de main d’œuvre exploitable au plus haut point, les pays d’Europe et les pays dits riches en général font des étrangers et étrangères les boucs-émissaires de la crise économique et sociale.

A travers les médias, l’État a voulu faire de Mr Goradia, une de ces figures du mal : le sans papier clandestin délinquant. Ne nous y trompons pas, nos ennemis ce ne sont pas celles et ceux qui, par choix ou par force, décident un jour de partir tenter une vie meilleure ailleurs et qui, parfois, sont obligés de se débrouiller pour survivre. Les désigner comme coupables des misères autochtones est une rengaine dont le capitalisme s’est déjà allégrement servie dans les années 30 pour s’assurer que les pauvres se battraient entre eux plutôt que contre leurs vrais ennemis : les riches et les exploiteurs au service desquels œuvrent tous les politiques qui prétendent vouloir nous gouverner.

Face à cette montée du racisme et du fascisme, partout en Europe, des personnes, immigrées ou non, s’organisent pour être solidaires de celles et ceux que l’on désigne comme étant « indésirables ». La chasse aux sans-papiers est présente dans notre vie de tous les jours et que ce soit dans la rue, dans les écoles ou sur leurs lieux de travail, des gens s’y opposent quotidiennement.

Ainsi, le 12 août, Mr Goradia avait fait l’objet d’une première tentative d’expulsion. Le commandant de bord, comme c’est son droit, avait refusé de l’embarquer et avait exigé des policiers de la PAF qu’ils le redescendent. Peut être ce commandant de bord avait il agi de lui-même, peut-être avait-il été alerté par des passagers ou passagères protestant contre la présence contrainte et forcée d’Abdelhak. En tout cas, parfois, des gens, qui sont à la fin des 45 jours de rétention, échappent ainsi à l’expulsion. Cela n’a malheureusement pas été le cas d’Abdelhak Goradia qui a lui subi un véritable acharnement puisqu’en une semaine il a subi 2 tentatives d’expulsion. La 2e lui a été fatale avant même qu’il ne soit monté dans l’avion et puisse bénéficier d’un minimum de solidarité de la part des personnes à bord à l’appareil… Cette solidarité que les expulseurs comme les exploiteurs craignent tant et qui fait si chaud au cœur de nombre d’entre nous, qu’ils ou elles aient ou non des papiers.

Arrêt des expulsions, fermeture des centres de rétention, liberté de circulation et d”installation pour toutes et tous

Émission libre débat sur la lutte des sans papiers « Lampedusa-Berlin » et sur l’occupation de l’école Gerhart Hauptmann

Un lien vers l’excellente Emission-LibreDebat du 03 09 2014 sur le mouvement de réfugiés  « Lampedusa Berlin » et sur l’occupation et l’expulsion de l’école Gerhart Hauptmann dans le quartier de Kreuzberg à Berlin :

http://www.radiogalere.org/node/6082

Un lien également vers un article du blog sans papiers ni frontières qui traite également de ce sujet là : http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2014/06/30/berlin-suite-a-lexpulsion-de-lecole-gerhart-hauptmann/

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Ni Ukrainien, ni Russe ! – Développons notre propre camp, le troisième camp, celui de la révolution sociale !

Nous invitons les lecteurs de MIA à découvrir un autre article de décryptage de la situation en Ukraine dont nous transmettons ici le lien : http://www.tantquil.net/2014/05/27/quelques-elements-sur-la-situation-en-ukraine/ guernica3Ni Ukrainien, ni Russe ! – Développons notre propre camp, le troisième camp, celui de la révolution sociale !  par TŘÍDNÍ VÁLKA – GUERRE DE CLASSE

Lorsque nous avons écrit il y a quelques mois dans notre texte « Préparatifs de guerre entre l’Ukraine et la Russie – Show ou réalité ? » [37] que les conditions d’une nouvelle guerre mûrissaient en Ukraine, beaucoup de camarades ont exprimé des doutes ou même des désaccords avec une telle affirmation catégorique. Maintenant nous pouvons affirmer que le conflit en Ukraine a clairement permuté de la phase « froide » à la phase « chaude » et que ce à quoi nous assistons actuellement dans l’est du pays, c’est la guerre sous toutes ses définitions. De Lougansk à la frontière avec la Russie jusque Marioupol sur la côte de la mer Noire, ce sont deux forces militaires qui se mesurent dans des affrontements quotidiens en essayant d’étendre la zone sous leur contrôle, ils se battent au sol ainsi que dans les airs, à la campagne ainsi que dans les centres industriels, l’artillerie fait pleuvoir des obus sur des villages, l’aviation bombarde des villes (sous le prétexte que leurs ennemis utilisent les habitants comme boucliers humains), des hommes, des femmes, des enfants meurent sous les bombes et les missiles… En quatre mois de conflit armé, plus de 2.000 civils et militaires sont morts et 6.000 autres ont été blessés ; 117.000 prolétaires ont été déplacés dans le pays et 730.000 autres ont trouvé refuge en Russie. Au moment de boucler cet article, les cadavres jonchent les rues de Donetsk, pris dans l’étau de l’offensive gouvernementale.

Dans le même texte, nous avons aussi écrit que la seule réponse du prolétariat à la guerre, c’est d’organiser et de développer le défaitisme révolutionnaire, c.-à-d. de refuser dans la pratique de rejoindre l’un ou l’autre camp, mais au contraire d’établir des liens entre prolétaires des deux côtés du conflit à travers la lutte contre les deux bourgeoisies. Et même sur ce terrain, les choses se sont développées, notre texte mérite dès lors (trois mois après sa publication) un post-scriptum.

Ce texte est basé sur des informations puisées à différentes sources (que nous citons en notes), des blogs militants comme des média officiels. Cette courte description des événements en Ukraine nous a demandé des heures d’un travail prudent, de collecte d’informations, de lecture de textes, de vision de vidéos, de comparaison de différentes données, etc. Nous voudrions souligner deux choses : primo, le fait que les événements que nous décrivons ici ne furent pas couverts par France Télévision ou Euronews ne signifie pas qu’ils n’ont pas eu lieu, que nous les ayons inventés (diverses sources gauchistes mais aussi les média ukrainiens et russes les ont décrits). Secundo, il est clair que les informations que nous avons obtenues d’Ukraine sont chaotiques, incomplètes et parfois contradictoires. Cependant, cela ne signifie pas que nous devrions abandonner notre tentative de saisir ce qui se passe là-bas. Nous sommes persuadés que nous devons opposer aux informations sélectives de l’État la position critique et radicale du mouvement anticapitaliste ; nous devons développer et partager les informations et les analyses qui comprennent le monde à travers le prisme de la perspective de le révolutionner.

***L’idéologie guerrière (qu’elle soit basée sur la défense d’un état national uni ou sur le droit à l’autodétermination des sympathisants pro-russes) plonge ses racines en Ukraine, les organisations de la société civile organisent des campagnes de collecte de fonds pour supporter l’armée, les popes bénissent les armes d’un camp ou de l’autre, et la télévision diffuse des scènes de babouchkas qui fournissent aux hommes armés leur dernier pot de compote. Tous les prolétaires cependant ne se soumettent pas au lavage de cerveau de la propagande guerrière provenant de l’un ou de l’autre camp, pas tous ne veulent se sacrifier « pour leur patrie ». Des expressions du refus pratique des massacres guerriers apparaissent toujours plus fréquemment et les deux camps du conflit ont de grandes difficultés pour recruter de nouveaux effectifs pour leur massacre mutuel.

Des milliers de soldats de l’armée ukrainienne, que le gouvernement a envoyé dans les soi-disant opérations antiterroristes dans l’est du pays, ont déserté ou changé de camp avec tout leur matériel, y compris des tanks et des véhicules blindés. A titre d’exemple, la 25ème brigade aéroportée ukrainienne (troupe d’élite par excellence), dont les hommes sont accusés « d’avoir fait preuve de lâcheté » lors des combats à Kramatorsk, sera dissoute sur instruction présidentielle le 17 avril après avoir fait part de son refus de « combattre d’autres Ukrainiens » [38] Tout récemment, ce sont 400 soldats d’une même unité qui ont déserté et se sont réfugiés du côté russe de la frontière après s’être retrouvés sous un feu nourri et sans munitions. Ces soldats qui seront, comme la Russie l’a déjà annoncé, extradés vers le territoire ukrainien, ont déclaré qu’ils préfèrent être accusés de désertion plutôt que de continuer à tuer et être tués sur le front oriental. Tous ces déserteurs déclarent qu’ils ne veulent pas se battre contre « leur propre peuple » et ils dénoncent aussi leurs conditions de vie désespérées auxquelles ils doivent faire face dans l’armée – solde minable, nourriture dégueulasse, ou même manque de nourriture, etc. D’autres unités n’ont même pas été déployées dans l’est pour leur manque de fiabilité. De la même façon que le précédent président Ianoukovitch ne put les utiliser pour réprimer les manifestants, pas plus l’actuel gouvernement n’ose envoyer au combat des troupes connues pour leur loyauté minimale.

Environ un millier de soldats d’unités de la région de Volhynia se sont mutinés à Mykolayiv le 29 mai. Les soldats du 3ème bataillon de la 51ème brigade ont refusé d’être envoyés au front, ils ont refusé les ordres de leurs supérieurs et ils ont commencé à décharger leurs équipements lourds et d’autres matériels déjà prêts pour le transport. Après que leur unité ait subit de lourdes pertes lors d’une confrontation avec les séparatistes près du village de Volnovakha, on leur avait promis de retourner dans leur casernement permanent à Rivne. Au lieu de cela, ils furent déplacés de l’est vers le sud, puis retour à la case départ, de telle sorte qu’on put finalement leur annoncer qu’ils vont continuer leur entrainement avant d’être renvoyés au front. « Ayant perdu toute confiance dans leurs généraux à la lumière des derniers événements à Volnovakha et durant les funérailles à Rivne, ainsi qu’à cause de la trahison de leurs généraux, les soldats ont entamé une rébellion ouverte. » [39]

Le 2ème bataillon de la 51ème brigade, qui se trouvait dans la caserne de Rivne au même moment et qui fut le témoin des funérailles des soldats du 3ème bataillon tués dans la fusillade de Volnovakha ainsi que de la direction chaotique et mensongère des opérations, ce bataillon se mutina également. « Les généraux nous disaient ‘allez au nord’ puis ‘allez au sud’ au point que les soldats sont prêts à leur tirer dessus. Les généraux ont commencé à porter des gilets pare-balles de peur des fragging ! » [40] Environ 1.200 soldats ont participé à la mutinerie, ils ont refusé d’être transférés à Mykolayiv. « Ils nous ont promis, lorsqu’ils nous ont mobilisé, que nous garderions la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie. Nous sommes prêts à le faire, mais pas à foncer sur ces clowns du Donbass. » [41]

Une rébellion semblable a aussi éclaté à Poltava.

Quatre jours plus tôt, après que six soldats originaires de la région de Volhynia ne soient tués, des mères, des femmes et des parents de soldats de la 51ème brigade ont bloqué les routes dans la région de Volhinya pour protester contre la poursuite du déploiement de l’unité dans le Donbass. [42]

Des manifestations et des protestations organisées par des femmes et d’autres parents de conscrits demandant le retour à la maison des soldats ou essayant de bloquer leur départ au front se sont étendues pendant ce temps à autres régions de l’Ukraine (Bucovine, Lviv, Kherson, Melitopol, Volhynia, etc.). Les familles des soldats bloquaient les routes avec des arbres abattus dans la région de Lviv au début de juin. [43] Une manifestation de parents a bloqué l’entrée du bureau de recrutement militaire à Lviv quelques jours plus tard. [44] A Iavorivo (région de Lviv), des membres d’une famille ont occupé un terrain d’exercice de la 24ème brigade mécanisée et ils ont exigé la suppression du départ vers la ligne de front. [45] Des manifestations de parents à Dnipropetrovsk et Kharkov ont exigé le retour des soldats dans les casernes de leurs régions natales. [46] Des femmes de Kharkov ont occupé l’aéroport militaire local. Le bureau de recrutement militaire local à Kherson a été occupé par des mères et des femmes de soldats. Elles ont appelé à la fin de la guerre avec des slogans comme : « Femmes contre la guerre », « Où les fils des oligarques font-ils leur service ? » ou « Nos enfants ne sont pas de la chair à canon ». [47] A Tchernivtsi, des femmes ont bloqué l’autoroute vers Jitomir pour plusieurs jours et elles ont réclamé le retour à la maison des soldats. [48] Le 24 juin, des parents ont établi un barrage au kilomètre 125 de l’autoroute Kiev–Tchop, ils portaient des bannières disant : « Ramenez nos enfants, envoyez à l’est les enfants de généraux. » [49] Le 8 juin, un groupe de 100 parents de soldats ont bloqué les troupes de la 3033ème unité militaire basée à Melitopol, dans la région de Zaporojie. La protestation a réussi à empêcher les soldats d’être envoyés au front. Les parents impliqués dans le mouvement de contestation ont aussi protesté contre la propagande étatique qui les décrit comme des « séparatistes prorusses » : « Hier les nouvelles ont dit que ‘des séparatistes prorusses ont organisé un blocus de l’unité militaire’. Mais il n’y avait aucune mention de la Russie à la porte d’entrée de l’unité militaire ! Nous ne voulons juste pas perdre nos soutiens de famille. (…). Donetsk est un massacre, et nos enfants ont 20-21 ans. (…) Vous nous voyez, nous sommes des mères ! Comment pouvez-vous nous appeler des séparatistes ? », déclarait une des participantes. [50] Des mères et des femmes de soldats ont protesté contre leur envoi au front en face de la base militaire de Ternopil le 15 juillet. [51]

Et ce n’est pas la première fois que les familles de soldats s’affrontent à une action militaire. Pendant la période dont le résultat fut finalement la chute du précédent président Ianoukovitch, des parents et d’autres personnes ont organisé des réunions devant les casernes, ils ont discuté avec les soldats afin de leur apporter des informations sur ce qui se passait vraiment dans les rues et pour les persuader de refuser de participer à une répression potentielle contre les manifestants.

Pendant ce temps, de nouveaux hommes continuent d’être enrôlés dans l’armée. Même s’ils doivent être recrutés sur la base d’une carte militaire obligatoire, le gouvernement les fait passer pour des volontaires. « Nous ne sommes pas des volontaires (…) nous ne voulons pas tuer des gens (…) nous n’irons pas n’importe où, nous enlèverons nos uniformes et nous rentrerons chez nous », ont proclamé des conscrits lors d’un rassemblement de protestation à Lviv. [52]

Après l’entrée en vigueur du décret présidentiel de Porochenko à propos de la troisième vague de mobilisation dans les forces militaires le 24 juillet, dont la conséquence est l’envoi de davantage de milliers de prolétaires au front, des troubles ont éclaté dans différents endroits en Ukraine de l’ouest avec une force accrue : dans le village de Voloka, toute la population a résisté à la conscription de 50 hommes. « Ils ont commencé, qu’ils résolvent eux-mêmes (leurs problèmes). Nous mourrons mais nous ne donnerons pas nos enfants. Ils doivent le comprendre et ne pas venir ici avec leurs ordres de mobilisation », déclarent un vieux manifestant. [53] Des parents de soldats ont bloqué une route près du village de Korovia le 25 juillet exigeant la fin de la mobilisation et que les fils des autorités publiques soient envoyés au front à leur place. [54] Le même jour, une route dans le district d’Oboukhivs’kyi, près de Kiev, fut également bloquée par des familles de soldats. Les blocages continuaient de plus belle le 28 juillet dans au moins sept villages dans la région de la Bucovine et l’autoroute Kiev-Tchop fut également bloquée, une fois de plus. Lors d’une manifestation anti-guerre en face d’un bureau de recrutement à Novoselytsa, des protestataires ont molesté un membre du conseil municipal qui essayait de leur parler. [55] Des habitants de plusieurs villages de la région d’Ivano-Frankivsk sont entrés de force dans les bureaux de l’administration militaire locale le 22 juillet et ont allumé un feu de joie avec les ordres de mobilisation et d’autres documents concernant la mobilisation. La même chose eu lieu le même jour à Bogorodchany. [56] Dans différent villages, les gens ont massivement brûlé leurs documents de conscription distribués par la poste. [57] A Moukatchevo, en Transcarpathie, la situation s’est aggravée à tel point que le commandement militaire local qui s’inquiétait de la continuation des protestations a, pour l’instant, suspendu la mobilisation et a promis qu’aucun des habitants du coin ne sera envoyé au front dans un futur proche. [58] D’autres mobilisations militantes contre la guerre ont encore eu lieu dans la région de Zaporojie le 4 août ainsi que devant le parlement à Kiev le lendemain. [59]

Kiev qui ne peut actuellement compter qu’à peine sur son armée régulière dépend par conséquent des armées privées de quelques oligarques et de la Garde Nationale, une milice de volontaires principalement formée de nationalistes du Pravyi Sektor (Secteur droit) et du parti Svoboda (Liberté) pendant le mouvement de protestation contre Ianoukovitch. Les nouvelles unités de la Garde Nationale ne sont pas spécialement formées pour les actions militaires, mais principalement pour réprimer les protestations de masse et les émeutes, comme cela a été révélé lors de leur parade à Kiev à la fin de juin. D’ailleurs, des centaines de fascistes de l’Assemblée National-socialiste et les Patriotes Ukrainiens avaient déjà attaqué en juin une manifestation contre l’opération anti-terroriste qui avait lieu à Kiev.

Néanmoins, les membres de la Garde Nationale ne sont pas non plus en dehors des contradictions qui secouent les deux camps. Radio Europe Libre a récemment publié une vidéo [60] qui montre un soldat de la Garde Nationale qui reproche au gouvernement de n’être pas capable de fournir assez de nourriture, d’eau et d’armes aux volontaires : « Nous sommes utilisés comme de la chair à canon » affirme-t-il. Les conditions matérielles rattrapent ici même ceux qui pensent qu’ils sont idéologiquement au-dessus d’elles.

Des mercenaires provenant du monde entier se battent aussi dans le camp de Kiev, ils ont été embauchés pour le gouvernement par des agences privées (il s’agirait de troupes mercenaires de Pologne, de la République tchèque, de l’ex-Yougoslavie, mais aussi de la région d’Afrique équatoriale).

Le recrutement de nouveaux combattants n’avance pas selon le souhait des seigneurs de guerre locaux, et dans le camp des séparatistes non plus. La majorité des mineurs de la région du Donbass refuse toujours de rejoindre leur camp. Au lieu de cela, ils forment des unités d’autodéfense qui se positionnent contre les séparatistes et les troupes du gouvernement. Une de ces unités s’est affrontée aux séparatistes et les a empêchés de faire sauter une mine dans le village de Makiivka. A Krasnodon, dans la région de Lougansk, les mineurs ont organisé en mai une grève générale et ils ont pris le contrôle de la ville. Ils ont ouvertement refusé de se joindre tant au camp des séparatistes « anti-Maïdan » à Lougansk que le camp des oligarques du Maïdan à Kiev, et ils ont plutôt exigé l’augmentation de leurs salaires ainsi que l’arrêt de l’embauche de main-d’œuvre pour la mine par des agences privées. [61]

Les mineurs de six mines dans le bassin du Donbass ont déclenché une grève à la fin du mois de mai pour demander la fin de l’opération anti-terroriste dans l’est du pays et le retrait des troupes. [62] Leur action fut le résultat de leur propre initiative et n’a pas été imposée en aucune façon par des hommes armés de la République Populaire de Donetsk, d’après certains médias. Selon les grévistes, la guerre représente un danger pour l’existence même des mines et provoque le chômage. « Le lundi 26 mai, lorsque l’armée ukrainienne a commencé le bombardement des villes, les mineurs ne sont tout simplement pas retournés au boulot, parce que le ‘facteur externe’ des hostilités, ayant lieu presque au pas de leur porte, a sérieusement augmenté le risque d’accidents du travail dans leur entreprise. Par exemple, si jamais une bombe avait frappé la sous-station électrique, les mineurs auraient été pris au piège sous terre, ce qui aurait inévitablement signifié pour eux la mort. » [63] La grève fut déclenchée par quelque 150 mineurs de la mine Oktiabrski et elle s’est étendue comme une réaction en chaîne à d’autres fosses de Donetsk (Skochinskiy, Abakumov, « Trudovskaya », etc.), mais aussi à des mines d’autres villes, en particulier Ougledar (« Yuzhnodonbasskaya n°3 »). Dans les mines dont le propriétaire est Rinat Achmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine et qui possède un empire industriel contrôlant économiquement presque toute la partie orientale du pays, les travailleurs ont été forcés de continuer à travailler, ils ont continué à descendre dans la fosse, malgré le bombardement du voisinage proche. A l’initiative des mineurs de la mine Oktiabrski également (et à nouveau sans aucun soutien de la République Populaire de Donetsk), une manifestation anti-guerre de plusieurs milliers de participants a été organisée le 28 mai. [64] Le 18 juin, plusieurs milliers de mineurs ont à nouveau manifesté dans le centre de Donetsk pour la fin immédiate des opérations militaires. Les participants ont fait valoir qu’ils ne sont pas séparatistes, mais des gens ordinaires du Donbass. Ils ont également déclaré que si le gouvernement de Kiev ne répondait pas à leurs revendications, ils prendraient les armes.

Les séparatistes ainsi que les oligarques locaux pro-Kiev tentent de manipuler et d’interpréter ces assemblées chaotiques et contradictoires en fonction de leurs propres intérêts. Rinat Achmetov, l’oligarque de Donetsk, a donc organisé sa propre « grève » pour l’Ukraine unie, les séparatistes pour leur part essayent de faire passer les manifestations de mineurs comme une expression d’une position pro-russe des travailleurs du Donbass.

Malgré les consignes nationalistes ou séparatistes qui apparaissent dans les manifestations de mineurs, les travailleurs ne sont pas très désireux de rejoindre la Milice Populaire du Donbass. Un des commandants séparatistes, Igor Girkin, s’est récemment plaint en public de ce que les populations locales prennent les armes de son arsenal, mais au lieu de se mettre au service des milices séparatistes, ils les ramènent chez eux pour protéger leurs familles et leurs villages contre les deux camps du conflit. [65] Les séparatistes continuent donc de compter sur les gangs criminels locaux qui (après avoir été payés) leur ont permis de prendre le contrôle de bâtiments publics, de postes de police, de dépôts d’armes, de grandes artères et de moyens de communication dans la région de Donetsk et de Lougansk. La majorité des forces séparatistes est néanmoins faite de mercenaires provenant de l’autre côté de la frontière (russe), en particulier les anciens combattants des guerres en Tchétchénie.

Si le mouvement anti-guerre réel, le mouvement du défaitisme révolutionnaire, veut réussir, il doit devenir non seulement massif et généralisé, mais il doit aussi s’organiser, se structurer. Nous n’avons que peu d’informations sur les structures organisationnelles du mouvement en Ukraine. Nous pouvons conclure à l’existence de certaines structures à partir des événements eux-mêmes (des manifestations ou des grèves répétées de plusieurs milliers de personnes ne peuvent pas être le résultat d’une explosion spontanée de colère, de la même façon que les protestations des parents de soldats, comme nous les avons décrites ci-dessus, exigent un certain niveau de coordination, une collaboration organisée sur le plan du contenu et de la pratique), l’existence d’autres structures formelles ou informelles est confirmée par des informations incomplètes que nous avons obtenues sur le terrain. Certaines associations déjà existantes se sont transformées en cadres de centralisation des activités anti-guerre – par exemple la Communauté des parents de la région de Donetsk « Kroha » [66], qui a publié un appel à la population le 10 juin, tout limité, contradictoire et pacifiste qu’il puisse être : « Nous, les parents de la région de Donetsk, en appelons à vous, politiciens, personnalités publiques et personnes intéressées. Aidez-nous à sauver les gens de Slaviansk, Krasnyi Liman, Kramatorsk, arrêtez les opérations militaires. Nous avons besoin de votre aide pour faire comprendre la vérité sur ce qui se passe dans ces villes. Depuis plusieurs semaines, les gens vivent sous les tirs d’artillerie incessants. Les civils meurent constamment. Certains enfants ont été blessés, la mort de trois enfants est confirmée. Des maisons, des hôpitaux, des crèches et des écoles sont en train de s’effondrer. Les gens, y compris des enfants, vivent dans un état permanent de stress, en se cachant dans les sous-sols pendant plusieurs heures des attaques qui ne s’arrêtent presque jamais. (…) Nous demandons votre aide pour sauver la vie de ces personnes et pour l’arrêt des actions militaires. » [67] Une autre association, les Mères du Donbass, affirme dans sa déclaration : « Nous voulons juste vivre ! Nous, des gens ordinaires : maris et femmes, parents et enfants, frères et sœurs. Nous, des civils pacifiques, nous sommes les otages du conflit dans notre région, les victimes des affrontements militaires. Nous sommes fatigués de la peur et aspirons à la paix. Nous voulons vivre dans nos maisons, marcher dans les rues de nos villes, travailler dans les entreprises et organisations de notre région, et cultiver notre terre. (…) Nous, les mères du Donbass, nous insistons pour que soit mis un terme immédiat à l’opération anti-terroriste et aux actions militaires dans notre région ! (…) Nous sommes sûres que le conflit dans notre pays peut être résolu pacifiquement ! Arrêtez la guerre ! Évitez le décès des enfants ! Sauvez le peuple du Donbass ! » [68] La Voix d’Odessa a organisé une manifestation contre la guerre le 13 juillet à Odessa. Les participants criaient des slogans comme « Nous sommes contre la guerre ! », « Arrêtez l’opération antiterroriste à l’Est ! » ou « Nous voulons la paix ! » Pendant cette flash-mob, d’effrayants enregistrements audio de tirs d’artillerie et d’impact sur des civils étaient diffusés. [69] A Kharkov, des associations anti-guerre locales (entre autre le Mouvement des Femmes de Kharkov « Kharkivianka ») ont organisé le 20 juin une manifestation en face de l’usine de chars VA Malyshev. Cette usine a reçu une commande de 400 véhicules blindés pour être envoyés au front. Les manifestants ont exigé l’annulation de la commande et ont scandé des slogans comme « Non à la guerre » ou « Arrêtez le massacre insensé ! » [70]

Pendant ce temps, la situation économique et sociale dans toute l’Ukraine s’empire. La dévaluation de la monnaie locale, l’augmentation des prix des produits de base, des transports et des services ainsi que la réduction de la production dans de nombreuses entreprises conduisent à une forte baisse des salaires réels estimés entre 30 et 50% de perte. Le gouvernement de Kiev, sous la pression des institutions financières internationales, doit adopter une série de mesures d’austérité qui va encore aggraver les conditions de vie du prolétariat, et dans le même temps, il prépare la plus grande vague de privatisation depuis 20 ans. Le gouvernement central a cessé depuis mai le paiement des salaires des employés de l’État, des prestations sociales et des pensions dans les territoires qui ne sont pas sous son contrôle, des milliers de travailleurs sont donc sans revenus. La situation dans les régions où des opérations militaires ont lieu est encore pire – les fournitures d’électricité et d’eau sont interrompues, les médicaments et la nourriture sont rares.

Des troubles sociaux précipités par cette situation apparaissent depuis un certain temps. Outre les grèves de mineurs dans la partie orientale du pays, les prolétaires dans les régions de l’ouest commencent aussi à en avoir assez. Les mineurs de Krivoy Rog ont entamé une grève illimitée générale en mai exigeant le doublement de leurs salaires. Ils ont commencé à organiser des milices armées d’autodéfense. Dans leur déclaration adressée aux travailleurs de toute l’Europe, ils décrivent les oligarques russes et ukrainiens, dans quelque camp qu’ils soient (séparatiste ou celui de Kiev), comme la raison principale de la crise : « Nous nous adressons à vous en vous demandant de soutenir notre lutte contre les oligarques, qui ont provoqué la crise actuelle en Ukraine et qui continuent à la déstabiliser davantage, menaçant de provoquer une guerre fratricide en Ukraine qui sans aucun doute aura des conséquences catastrophiques pour toute l’Europe. » [71]

Plusieurs manifestations pour « des conditions de vie décentes », contre l’augmentation des prix et pour l’augmentation des salaires et des pensions ont eu lieu dans différentes villes dans tout le pays. (Une série d’actions contre l’augmentation des prix des logements et des tarifs des services publics ont eu lieu à Kiev à la fin de juin et en juillet. Le 1er juillet, une manifestation contre l’augmentation des prix s’est déroulée à Kharkov. La plus importante protestation pour le moment a eu lieu à Kiev le 24 juillet avec des slogans comme « Réduisez les revenus des oligarques, pas ceux du peuple » et « Ne volez pas les citoyens ordinaires ».) [72]

Début août, le dernier carré de résistants qui continuaient d’occuper la place Maïdan à Kiev (« parce que rien n’a changé ! ») est attaqué par deux bataillons de la Garde Nationale dans le but de les évacuer. Ils agissent sur ordre du nouveau maire de Kiev, Vitali Klitchko, ce qui démontre une fois de plus que la parole d’un politicien bourgeois (en début d’année, il avait demandé aux occupants de ne pas évacuer la place « tant qu’aucun véritable changement n’ait lieu en Ukraine ») n’engage que ceux qui y croient… De violents affrontements ont néanmoins éclaté lors de l’évacuation, ce dont la presse bourgeoise internationale s’est une fois de plus bien abstenu d’évoquer, tant il est vrai que le gouvernement de Kiev est l’allié occidental et « l’horreur ultime » ne peut être incarnée que par les séparatistes de l’est et la Russie.

La République Populaire de Donetsk tente de restreindre le mouvement des mineurs qui se soucient plus de leurs intérêts matériels que de toute idéologie, tout en jonglant entre les revendications des grévistes à qui on avait promis la nationalisation des complexes industriels et les intérêts des oligarques à qui on avait promis l’inviolabilité de la propriété privée.

Le mouvement anti-guerre, même s’il est pour le moment limité tant dans l’espace que dans le contenu, les grèves et manifestations ouvrières organisées non pas pour une idéologie mais pour les intérêts matériels du prolétariat dans les deux camps, tout cela confirme ce que nous écrivions dans notre texte précédent : « (…) le déclenchement de la guerre impérialiste (…) ne signifie pas nécessairement l’écrasement définitif du prolétariat. En effet, historiquement, si la guerre signifie dans le premier temps un relatif écrasement, elle peut ensuite dialectiquement déterminer une reprise des luttes d’autant plus forte qu’elle à mis à nu les contradictions et la brutalité immanente au système capitaliste. »

Malgré çà, il nous est arrivé à plusieurs reprises de tomber sur de soi-disant « révolutionnaires » qui défendent l’opération anti-terroriste, parce qu’ils croient que cela permettra un retour à la lutte de classe « normale ». Malgré çà, nous pouvons lire (même si de manière fragmentaire et contradictoire) des nouvelles à propos d’« anarchistes » actifs dans des structures administratives des séparatistes, parce qu’ils les considèrent comme un moindre mal en comparaison avec le gouvernement de Kiev.

Nous ne soutenons en aucune façon la guerre et ses atrocités et nous sommes conscients que tout conflit militaire signifie l’aggravation des conditions de vie des prolétaires. Cependant, en tant que communistes, nous ne pouvons pas adopter la thèse selon laquelle nous pourrions éviter un conflit militaire en soutenant l’un ou l’autre camp guerrier. Le prolétariat n’a aucun intérêt à préserver les conditions actuelles ou antérieures de sa misère. Le prolétariat n’a pas de patrie à défendre. Le camp du prolétariat dans toute guerre, c’est l’action unie et intransigeante des prolétaires des deux camps qui se font concurrence contre les deux camps guerriers de la bourgeoisie.

La lutte contre la guerre signifie le défaitisme révolutionnaire ! Front prolétarien révolutionnaire contre la bourgeoisie des deux camps guerriers !

Affrontons la guerre par l’action directe, le sabotage, la grève générale, radicale et combative !

Solidarité de classe avec les défaitistes révolutionnaires de tous les camps !

* Août 2014 *

http://www.autistici.org/tridnivalka/

P.-S.

Une erreur technique fait que les notes paraissent deux fois : de 1 à 36 et les mêmes de 37 à 72…
Le premier appel correspond aux notes 1 et 37, le deuxième aux notes 2 et 38, etc.

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Notes

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[5Idem.

[9Idem.

[10Idem.

[18Idem.

[21Idem.

[40Idem.

[41Idem.

[45Idem.

[46Idem.

[54Idem.

[57Idem.

La tension monte à Calais

En résumé : http://bxl.indymedia.org/spip.php?article5135

Plus de 1000 migrants vivant dans les jungles et un énorme squatt.

Une solidarité jamais vues des migrants… La manifestation ce vendredi de tous, contre les violences policières et réclamant DES DROITS et e.a le droit de passer le Channel : http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/

 Un assaut de masse de plus de 200 migrants aux grilles du port de Calais : http://news.sky.com/story/1329917/calais-migrants-caught-on-video-rushing-ferry

 Des fascistes qui gagnent du terrain et qui invitent toute la crème d’extrême droite à venir manifester contre les migrants à Calais ce 7 septembre  : http://sauvonscalais.wordpress.com/

 Des citoyens, rassemblés sur une page face book « Calais ouverture et humanité » qui, refusant la confrontation avec cette extrême droite, organisent un tournoi de foot festif à la citadelle de Calais « Foot du monde contre le racisme » ce même 7 septembre 2014 :  http://calais-ouverture-humanite.e-monsite.com/

 Les anti fas qui se mobilisent pour empêcher la manifestation des fascistes le 7 septembre : https://www.facebook.com/events/769019843160603/

Et une maire qui autorise les fascistes et leurs copains de toute la France à venir manifester sur la place de la mairie, mais qui interdit aussi tout rassemblement à la citadelle et donc pas de tournoi de foot ni de festivité contre le racisme !

 Il y a presqu’un an, lors de l’organisation de la « Nuit de veille » en soutien aux exilés, la municipalité de Calais avait interdit l’accès à la place de l’Hôtel de Ville. Aujourd’hui, c’est sous ses fenêtres que vont parader les fachos et les néo-nazis venus des 4 coins de la France.

Les symboles sont forts…  Welcome to Calais!

[Berlin] Résumé de la lutte des réfugiés dans le quartier de Friedrichshain

Résumé de la lutte des réfugiés dans le quartier de Friedrichshain à Berlin ces derniers jours, repris sur Le chat noir émeutier

31 août 2014: 6ème jour d’occupation du toit de la Gurtelstrasse.

Tout d’abord, la situation sur le toit: depuis 2 jours, les réserves de nourriture et d’eau sont épuisées. La police a déclaré aujourd’hui aux personnes: « nous voulons vous affaiblir afin que vous abdiquiez« . Au cours d’une discussion il a été dit que la pluie a aidé les gens hier soir, vue qu’ils ont été en mesure d’en recueillir et d’en boire.

La police est toujours là avec plusieurs paniers à salade, mais avec un contingent beaucoup plus petit que sur la Ohlauerstrasse. Les gens sans carte de résidents se voient toujours empêchés d‘accéder à la zone. Les flics continuent leur travail d’harcèlement, comme en perturbant à plusieurs reprises les rassemblements et en enlevant des banderoles. Puisque seulement quelques personnes s’arrêtent de façon permanente devant les barrières, les policiers ont les mains libres.

Cet après-midi, une manifestation de solidarité avec plus d’un millier de participant-es est partie de la station de métro (S Bahn) de la Warschauerstraße jusqu’à la Gürtelstraße. L’ambiance était déterminée, avec des slogans et banderoles. Tous ceux qui sont conscients de la situation ont une énorme rage contre les flics, les politiciens et la presse qui, évidemment, tentent de gagner face à cette nouvelle escalade dans la lutte de réfugiés en affamant et démoralisant. Ce qui est frappant c’est l’ignorance de la presse en relation avec les évènements.

gurtel3

Ici, ce n’est donc probablement pas une mobilisation aussi forte qu’en juillet à Kreuzberg. Les gens sont plus solidaires de leurs fenêtres que depuis la rue. Mais les dons de nourriture durant la marche d’aujourd’hui étaient plus que suffisants.

Ce qui peut se passer par la suite est pour le moins incertain. Les personnes présentent en haut et en bas s’encouragent mutuellement, il est peu probable qu’il y aura une évacuation volontaire du toit. Mais l‘Etat est apparemment bien décidé à épuiser le conflit et espère qu’il n’y ait pas de dynamique de masse. Il est également clair après observations que la direction de la police a besoin de faire des économies sur le personnel, depuis que leur pause estivale a été en partie annulée. Il y a l’espoir que nous puissions forcer les tortionnaires à plier. Faites donc beaucoup de pression, racontez les méthodes cruelles de faim et de déshydratation, faites au mieux des actions de solidarité non seulement à Berlin, mais à l’échelle nationale et internationale.

Nous avons besoin de vous tous ! Tout est en jeu !

à partir d‘indymedia linksunten

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Tôt samedi 30 août, un groupe de jeunes est allé recouvrir de peinture et de slogans le bureau de recensement des étrangers situé dans le quartier Moabit de Berlin. Le communiqué en entier ici.

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28 août 2014: Vers 20h45, près de 500 personnes ont fait irruption à la Frankfurter Tor pour soutenir la grève des réfugiés de l’auberge de la Gurtelstrasse. La police a détruit les sièges d’un restaurant qui étaient sur le trottoir et a procédé brutalement à plusieurs arrestations. Elle aurait tenté aussi de prendre d’assaut l’auberge occupée, mais a reporté cette option.

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27 août après 16h00 heure locale:

Les réfugiés occupent toujours le toit de l’ancienne auberge de jeunesse Georgenhof de la Gürtelstraße (l’hôtel Georgenhof, les flics anti-émeutes étaient stationnés hier, est un autre bâtiment juste à côté de l’auberge).
– Les policiers contrôlent toute personne qui entrent et sortent de l’hôtel; dans l’après-midi, deux personnes qui étaient dans leurs chambres à l’intérieur de l’auberge ont été dégagés de force par les keufs.
Les flics leur ont refusé l’accès à la nourriture, à l’eau et à tout contact avec leurs avocats; ils les privent également de médicaments (alors qu’un réfugié dans l’auberge est dans le besoin urgent de médicaments).
Les réfugiés démentent également la version des flics comme quoi il y aurait des négociations; cette désinformation a été transmise par la police; les réfugiés insistent sur le fait de tenter de parler avec le sénateur à l’intégration Kolat du SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne), qui était responsable de ces accords; ils déclarent qu’ils ne partiront pas sans négociations. Ils exigent le droit de séjour pour tous les réfugiés, y compris eux-mêmes, et ne veulent pas être davantage criminalisés. Au croisement des Scharnweberstraße et Gürtelstraße à Friedrichshain, on estime à 15 à 20 personnes, principalement des réfugiés et des solidaires; ils informent les gens par des discours et tiennent un point d’info; les flics ont ouvert ce carrefour pour le trafic, ce qui rend difficile de suivre les discours.
Il y a un appel à apporter un soutien physique au carrefour; en dehors de cela, nourriture, boissons, craies, de la musique et des couvertures sont également nécessaires. Il y a maintenant moins de fourgons de police à l’intérieur des barrières, et les flics qui vérifient les gens à les obstacles sont moins nombreux par rapport à hier (26/08).
Au moins 4 réfugiés auraient été arrêtés à Oranienplatz aujourd’hui entre 14h00 et 14h30.

A partir de linksunten indymedia

En avril dernier, le politicien du SPD Kolat a passé un accord avec un groupe de réfugiés en lutte qui avaient installé leurs tentes sur l’Oranienplatz de Berlin. Celui-ci demandait aux réfugiés d’enlever leurs tentes de la Oranienplatz en échange d’une solution provisoire de 6 mois qui comprenait le relogement dans cette auberge de la Gürtelstraße et le temps que soient examinées leurs demandes d’asile. Cela dit, il est important de préciser qu’à l’époque, plusieurs réfugiés en lutte n’attendaient rien de cet accord et souhaitaient continuer la lutte à l’Oranienplatz.

Depuis mardi 26 août, des racistes s’en prennent aux réfugiés et aux solidaires: un bar-café de la Scharnweberstraße a coupé le câble de la sono des réfugiés et solidaires. Par ailleurs, l’eau et l’électricité leur ont été coupés.

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Depuis ce lundi 25 août 2014, après des rapports dans les médias mainstream suite aux demandes d’asile de 108 réfugiés rejetées par le bureau de l’immigration, il y a eu des préparatifs en vue de l’expulsion de ces réfugiés, qui dans le passé ont occupé l’Oranienplatz (expulsés début avril 2014) et pour certains l’école Gerhart-Hauptmann de la Ohlauerstrasse à Kreuzberg. Plus tard, ils ont signé des contrats avec le Sénat de Berlin qui leur a promis entre autres des endroits pour séjourner au moins six mois et d’examiner au cas par cas de leurs demandes d’asile. Il est connu que certaines parties des accords mentionnés dans le contrat ont déjà été rompues dès le début, par exemple que certains réfugiés se sont vus leurs demandes rejetées sans examen de cas par cas promis et ont été menacés d’expulsion bien avant la période de six mois terminée. Donc 25/08, le Sénat a envoyé des agents aux réfugiés respectifs afin de les informer sur le rejet de leur candidature et de leur ordonner de quitter immédiatement leurs domiciles. 64 réfugiés vivant dans la maison de réfugié de la Gürtelstraße sont concernés.

Près d’une centaine de policiers et la presse ont fait leur apparition à proximité et en face de la maison de réfugié de la Gürtelstraße, une ancienne auberge dans le quartier de Friedrichshain. En outre, sur la Gürtelstraße, ils ont stocké les barrières de rues il y a déjà deux ou trois jours. Tout cela indique que bientôt il y aurait des opérations de police.

La police est également apparue à Oranienplatz, une de leurs voitures de patrouille a été attaquée avec des pierres par des personnes en colère. Selon les rapports, l’un des réfugiés déboutés s’est couvert d’essence et a menacé de s’immoler.

Une partie des réfugiés de la Oranienplatz ont été à Marienfelde, un quartier de la périphérie de Berlin. Il n’y a pas encore de rapports indépendants sur ce qui leur est arrivé (seulement des rapports de médias mainstream, indiquant qu’ils sont partis sans manifestations visibles).

La situation actuelle ce 26 août (après 16h00 heure locale) à la Gürtelstraße (Friedrichshain) est qu’au moins 2 des réfugiés sont sur le toit de la maison. Selon les récits depuis la rue, plusieurs réfugiés ont déjà quitté l’ancienne auberge où ils vivaient. Il y a plusieurs centaines de flics qui assiègent le secteur. La presse est aussi là en grand nombre. Ce qui manque, ce sont des gens en solidarité avec les réfugiés. Il y a seulement quelques personnes, qui sont tout à fait passives. Pas de banderoles, pas encore de slogans, quelques slogans écrits à la craie sur le trottoir. Le secteur n’est pas fermé; des personnes solidaires peuvent atteindre le lieu depuis toutes les directions. Les flics anti-émeute se trouvent dans les ​​Gürtelstraße, Dossestraße et Scharnweberstraße. Il y a aussi beaucoup de flics en civil dans la région. En ce moment, la police attend les ordres de leurs chefs. Tout type d’action en solidarité avec les réfugiés et aussi pour distraire les flics du secteur est plus que bienvenue !

banderole solidaire sur un bâtiment du quartier

Sources: linksunten.indymedia.org « (1, 2) et la rue

Mis-à-jour (à environ 17h30 heure locale):

Il y a actuellement trois réfugiés sur le toit de l’auberge de la Gürtelstraße à Friedrichshain (voir la carte). Plusieurs barrages de flics sont positionnés aux carrefours de la Dossestrasse et Oderstrasse, Gürtelstrasse et Oderstr., Gürtelstr. et Scharnweberstr. Entrée de la zone bloquée est autorisée uniquement pour les résidents avec carte d’identité, ou des membres de la presse. On a pu entendre de loin des slogans scandés en faveur des réfugiés, ainsi que les sirènes de flics.

Mise à jour (vers 19h00, heure locale):

Il y a un petit rassemblement avec sit-in à la barrière au croisement des gurtelstr. et Scharnweberstr. Il n’y a pas de gens derrière les autres barrières de flics. Les pompiers sont dans la dossestr. avec deux matelas gonflables (ils utilisent ces choses quand les gens sautent pour diverses raisons de la fenêtre, etc).

Un appel à une manifestation à la Frankfurter Tor (Friedrichshain) pour le 26 août à 20h00

Mise-à-jour (vers 20h00, heure locale):

Il y a toujours au moins trois réfugiés sur le toit de l’auberge de la Gürtelstraße. Les soutiens sont encore un peu passif et en attente. Des flics anti-émeute sont stationnés sur le toit de l’hôtel Georgenhof, qui est le bâtiment à côté de l’ancienne auberge (les deux toits ne sont pas reliés). Au croisement de la gurtelstr. et de la Scharnweberstr., il y a environ 50 personnes (passants curieux y compris).

Les mots de Badra Ali Diarra, qui a signé un accord avec le Sénat de Berlin et qui est maintenant emprisonné: Quelques déclarations de notre ami en camp de rétention

Appel pour une journée internationale de solidarité aux 595 femmes de ménage du Ministère des finances grec

Nous, femmes de ménage du Ministère des Finances, qui avons perdu nos emplois depuis le 17 septembre 2013, nous vous proposons d’unir nos forces et d’organiser une journée internationale de Solidarité le samedi 20 septembre.

Nous, femmes de ménage du Ministère des Finances, qu’on a éloignées de notre travail​ ​ le 17 septembre 2013 afin de le donner à des sous-traitants privés, nous sommes engagées depuis 11 mois dans une lutte pour la vie, contre les politiques d’austérité et ceux qui les appliquent, le gouvernement Samaras et la Troïka.

Chaque jour nous descendons dans la rue et nous revendiquons notre travail et nos droits, résistant à la violence policière et la propagande gouvernementale. La justice grecque nous a donné raison, mais le gouvernement refuse d’obtempérer et d’appliquer l’arrêt judiciaire.
​Nous demandons de vous, associations citoyennes et mouvements sociaux, syndicats des salariéEs, organisations des femmes, partis politiques et citoyens du monde entier, de vous qui n’acceptez pas l’injustice et partagez les souffrances de ses victimes, d’exprimer haut et fort votre solidarité au combat que nous menons pour la vie et pour la dignité, un combat qui est aussi votre combat.
Nous vous proposons d’unir nos forces et d’organiser :
Une journée internationale de Solidarité

Nous proposons la période allant du 15 au 22 septembre, soit la semaine précédant l’arrêt judiciaire définitif concernant les 595 femmes de ménage, qui sera rendu le 23 septembre. La journée de mobilisation internationale pourrait avoir lieu le samedi 20 septembre.

L’objectif pourrait en être diverses actions de solidarité comme des rassemblements et manifestations publiques, des mobilisations devant des ambassades et des consulats grecs, les bâtiments du FMI à Washington et de la Banque centrale européenne à Frankfort​ ou tout autre lieu de votre choix.

On est déjà en train de préparer la participation d’une délégation des femmes de ménage en lutte à une manifestation qui aura lieu au Parlement européen de Strasbourg le 16 ou 17 septembre.

Si vous êtes prêtEs à participer à cette initiative, nous vous prions de nous le faire connaître au plus tard le 30 août, afin que nous puissions savoir quels pays et quelles villes vont y participer.

Article de Sonia Mitralias, membre des “ Femmes contre la dette et les mesures d’austérité” en Grèce

Après 11 mois d’un long et âpre combat, limogées depuis septembre, mises sous statut de « disponibilité », soit licenciées au bout de huit mois, 595 femmes de ménage de la fonction publique sont devenues l’incarnation, le symbole, l’âme, la vie-même de la résistance la plus farouche contre la politique de rigueur en Grèce ! Ces femmes sont devenues tour à tour « sujet politique » et le leadership de toute la résistance actuelle contre la politique de la Troïka, osant affronter un ennemi aussi puissant que le gouvernement grec, la Banque centrale européenne, la Commission et le FMI… 
Et pourtant, après ces 11 mois de combat, après avoir défié et être devenues l’ennemi principal du gouvernement et de la Troïka, après avoir court-circuité la mise en œuvre des mesures de rigueur, après une présence très médiatisée sur la scène politique, ces femmes de ménage en lutte ne sont toujours pas considérées comme sujet politique par les opposants à l’austérité. 
Et pourtant, depuis le début des mesures d’austérités infligées par la Troïka, les femmes ont pris la rue en masse et leurs résistances semblent avoir une dynamique propre toute particulière et riche en leçons politiques. 
Durant ces quatre ans de politiques d’austérité qui ont transformé la Grèce en un amas de ruines sociales, économiques et surtout humaines, on n’a parlé que très peu de la vie des femmes et bien sûr encore moins de leurs luttes contre les diktats de la 
Troïka. C’est donc avec surprise que l’opinion publique a accueilli cette lutte exemplaire faite entièrement par des femmes. Mais est-ce vraiment une surprise ? 
Elles ont participé en masse aux 26 grèves générales. Dans le mouvement des indignés, elles occupaient les places, elles campaient, manifestaient. Elles se sont mobilisées en première ligne pour l’occupation et l’autogestion de l’ERT.
Exemplaires, elles étaient l’âme des assemblées des grévistes des administrateurs universitaires dans l’éducation et les universités contre la « disponibilité » c’est-à-dire le licenciement après 8 mois avec 75 % de leur salaire. 25 000 fonctionnaires de l’État, en majorité des femmes, seront concernés par le dégraissage des services publics. Elles constituent aussi l’écrasante majorité (95 %) des volontaires du 
Mouvement de Solidarité et des dispensaires autogérés qui essayent de faire face à la crise sanitaire et humanitaire.

La participation massive des femmes aux mouvements de résistance contre la destruction de l’État social par les politiques de l’austérité, n’est donc pas une surprise, elle n’est pas due au hasard : d’abord, et nous le savons, la condition des femmes est dans l’œil du cyclone de l’austérité. La destruction de l’État social et des services publics fait exploser leur vie : en tant qu’employées majoritaires dans la fonction publique et en tant qu’usagères principales des services publics, les femmes sont doublement impactées par les coupes de tous genres. Elles ont donc mille raisons pour ne pas accepter la régression historique de leur condition de femmes, qui équivaudrait à un véritable retour au 19e siècle ! 
C’est vrai que dans un premier temps elles ne se démarquaient pas en tant que « sujet politique femmes », partageant les mêmes revendications et les mêmes formes de luttes avec les hommes dans les mouvements. Elles y étaient nombreuses, c’est tout. 
Mais, déjà dans la lutte pionnière contre l’extraction d’or dans la région de Skouries, à Chalkidiki au nord de la Grèce, s’opposant à la société canadienne multinationale « Eldorado », les femmes se sont très vite distinguées par leurs formes de lutte et leur radicalité. Et si la presse et l’opinion publique ignoraient l’incidence de leur identité de genre sur la façon de lutter, la police ne faisait pas autant ! En effet, la police anti-émeute avait ciblé tout particulièrement les femmes, utilisant une répression féroce et sélective pour terroriser toute la population à travers ELLES, pour anéantir toute désobéissance et tout mouvement de résistance. Criminalisées, emprisonnées, elles ont subi des violences humiliantes, aussi sexuelles et… spécifiques à leur corps et à leur…genre !

Dans un second temps, les femmes ont exprimé des initiatives et formes de luttes propres à elles.


Tout a commencé quand, pour imposer la partie la plus dure de son programme d’austérité et satisfaire les engagements à l’égard de ses créanciers, le gouvernement a ciblé en toute priorité les femmes de ménage du ministère des Finances, de l’administration fiscale et des douanes. Il les a placées dans le mécanisme de disponibilité déjà depuis fin août dernier, ce qui se traduit par ce qu’elles touchent les trois-quarts de leur salaire de 550 euros pendant huit mois avant qu’elles soient licenciées définitivement. Le gouvernement a suivi exactement la même stratégie qu’à Skouries. L’objectif : s’attaquer d’abord aux plus faibles et les moins susceptibles d’être soutenues…c’est-à-dire les femmes de ménage, pour ensuite faire passer le gros des employés à la trappe, c’est-à-dire aboutir au licenciement des 25 000 fonctionnaires publics !… Et cela dans un moment où les mouvements de résistances 
étaient saignés à blanc par l’austérité sans fin, étant atomisés, fatigués, exténués, vulnérables… 
Il croyait qu’avec « cette catégorie de travailleurs », ces femmes pauvres de « basse classe » touchant des salaires d’à peine 500 euros et, croyait-il, pas très intelligentes (d’où le slogan des femmes de ménage : « Nous ne sommes pas des connasses, nous sommes des femmes de ménages »), il aurait vite fini par les écraser comme des mouches. 
Le but étant de privatiser le travail des femmes de ménage pour en faire cadeau aux entreprises privées de nettoyage. Ces sociétés mafieuses connues pour être des champions de la fraude fiscale, réembauchent avec des salaires de 200 euros par mois, soit 2 euros par heure, avec assurance partielle, sans aucun droit du travail, ce qui équivaut à des conditions de semi-esclavage et de galère. 
Ces femmes limogées et sacrifiées sur l’autel de l’anthropophagie de la Troïka, ces femmes de 45 à 57 ans, souvent monoparentales, divorcées, veuves, endettées, ayant à leur charge des enfants ou maris chômeurs ou des personnes handicapées, se trouvant devant l’impossibilité de toucher prématurément leur retraite et cela après plus de 20 ans de travail, et dépourvues de toute possibilité de retrouver du boulot, ont alors décidé de ne pas se laisser faire. Elles ont pris leur vie en mains ! 
Et voilà qu’une poignée de femmes décident de bousculer les routinières formes de lutte des syndicats traditionnels. Quelques-unes prennent l’initiative de s’organiser par et pour elles-mêmes, un noyau des femmes de ménage qui avaient déjà lutté et gagné 10 ans plus tôt pour obtenir des contrats de longue durée. Elles ont travaillé comme des fourmis, tissant patiemment une toile d’araignée à l’échelle du pays… 
Et comme ces servantes du ministère des Finances ont été jetées dans la rue et que faire la grève n’a plus de sens dans leur cas, elles ont décidé de faire un mur humain avec leur corps dans la rue, devant l’entrée principale du Ministère des Finances à la Place de « Syntagma », la place devant le Parlement, la place la plus emblématique du pouvoir… 
Ce n’est pas un hasard que ce soient des femmes qui ont fait naître des formes de lutte pleines d’imagination. Déconsidérées à cause de leur genre et de leur classe sociale, marginalisées par les syndicats et n’ayant point de liens avec les organisations traditionnelles de la gauche grecque, elles ont dû faire du bruit pour être audibles, pour se faire entendre, elles ont dû se créer une image pour être visibles !
Aux grèves passives, aux journées d’actions éphémères et inefficaces, elles ont substitué l’action directe et collective. Elles misent sur la non-violence, l’humour et le spectaculaire. Avec des couronnes d’épines sur la tête à Pâques, avec la corde passée autour de leur cou devant le siège du parti de la Nouvelle Démocratie, avec de la musique et des danses elles réclament : la réembauche pour toutes et tout de suite ! Tout cela est inédit en Grèce… 
Elles occupent et bloquent l’accès au Ministère, et surtout elles pourchassent les membres de la Troïka quand ils veulent entrer au Ministère (!) les obligeant à fuir en courant et à prendre la porte de service, ensemble avec leurs gardes du corps. Elles affrontent et se battent corps à corps avec les unités spéciales de la police. Tous les jours, elles inventent des nouvelles actions, qui sont reprises par les médias, elles alertent toute la population : en somme elles brisent l’isolement. Et voici que, ce qui d’habitude était représenté par une statistique sans vie et sans âme, par le chiffre du record du chômage, de la pauvreté, voici que ces « abstractions » s’humanisent, acquièrent un visage, deviennent des femmes en chair et en os, qui en plus ont une personnalité et une volonté politique propre. Elless’appellent Litsa, Despina, Georgia, Fotini, Dimitra… Et avec leur exemple, leur courage, leur persévérance, leur rage de vaincre, elles redonnent espoir à toutes les victimes de l’austérité…

Mais attention, les forces antiémeutes brutalisent presque quotidiennement ces femmes, pour l’exemple, car leurs patrons craignent la contagion. Et c’est toute la 
Grèce qui assiste au triste spectacle de ces femmes souvent âgées qui, jour après jour, sont piétinées, maltraitées et blessées par des Rambos de la police, qui auraient pu être leurs fils ! Et pourquoi ? Parce que c’est la Troïka elle-même qui veut les abattre, parce qu’elles sont l’exemple à imiter par tous les opprimés, parce elles sont à la pointe de la contestation anti-austérité, non seulement en Grèce mais partout en Europe. Parce que leur lutte peut devenir contagieuse… 
Plus que jamais, le combat de ces 595 femmes de ménage héroïques est le nôtre. Ne les laissons pas seules. Elles se battent pour nous, battons-nous pour elles. Organisons la solidarité européenne et mondiale !

Festival autogéré d’agitation rurale : À qui la terre ?

comme après la pluie vient le beau temps, vient aussi le temps de faire la fête ! ainsi los Caracoles de Suc vous invitent au Festival autogéré d’agitation rurale : A qui la terre ? le 6 Septembre à partir de midi jusqu’au bout de la nuit à Suc les Bains (St Laurent du Pape, au début de la vallée de l’Eyrieux).
Cette année c’est les 20 ans du soulèvement zapatiste au Chiapas, en lutte contre l’état Mexicain, contre les logiques capitalistes écrasantes qui piétinent les peuples, les histoires, les territoires…
Depuis le 1er Janvier 94, leurs poings levés nous interpellent et nous incitent à les rejoindre…
Documentaires vidéo et audio, témoignages, contes, exposition… nous permettront de découvrir ou d’approfondir les aspects de ce vaste mouvement pour échanger autour des questions d’autonomie et voir comment s’organiser davantage pour qu’existent ici aussi -et maintenant- d’autres mondes… Communs, communes… ici c’est quoi ?
Et pour ce qui est de la fiesta, bonne musique au programme avec des groupes qui ont la patate : Cie KTA avec Strange Fruits, Truite -ensemble improvisatif protéiforme-, Portron Portron Lopez –rockpsychépatate- … du cirque avec la Cie Girandola, des ateliers, infokiosques, une fresque peinturlurale aux couleurs zapatistes à imaginer, une zone de gratuité (ramène de quoi échanger…).
Sans oublier les plaisirs gustatifs à prix libre, repas veg’ mexicain, concoctés par les camarades cuistotes de Rien ne sert de courir, et bien entendu tout plein de boissons de pays…
De quoi nous faire chaud au cœur en cette saison de rentrée !
Et bien sûr ya possibilité de camper sur place…
À bientôt nombreux et nombreuses ! zappatta

Flics, Porcs, Assassins… Vérité pour Abdelhak Goradia (2)

Mort d’un Algérien expulsé : la police est gravement mise en cause

Abdelhak Goradia, Algérien de 51 ans, est mort d’« asphyxie » lors de son transfert vers l’aéroport de Roissy dans un fourgon de police, le 21 août. Ses proches affirment avoir vu des hématomes sur son visage. « Même à un animal, on ne fait pas ça ! » dit son neveu, alors que les policiers sont suspectés de mauvais traitements et que les associations s’indignent. Une information judiciaire a été ouverte.

Pourquoi Abdelhak Goradia, 51 ans, est-il mort lors de son transfert vers l’aéroport de Roissy dans un fourgon de police, jeudi 21 août ? Ce ressortissant algérien, sous le coup d’un arrêté ministériel d’expulsion, devait embarquer sur un vol pour l’Algérie jeudi à 21h15, à Roissy.

Une source policière a d’abord affirmé à l’AFP vendredi que l’homme, père d’un enfant français de six ans, était mort « d’une crise cardiaque ». « En arrivant à Roissy, les policiers se sont aperçus qu’il était en train de faire un malaise dans le fourgon et, malgré les secours prodigués, il est décédé », avait déclaré le policier. Mais dès le lendemain, un porte-parole du parquet de Bobigny, confirmant une information du Monde, indiquait que « selon les premiers résultats de l’autopsie, la mort avait été provoquée par une asphyxie due à une régurgitation gastrique ». Une information judiciaire pour homicide involontaire contre X… a été ouverte vendredi.

Contacté lundi, le parquet de Bobigny ne veut désormais plus communiquer et renvoie vers le cabinet du ministre de l’intérieur. Dans son communiqué envoyé vendredi, le ministre Bernard Cazeneuve indique simplement souhaiter « que l’enquête judiciaire permette de faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès dramatique ».

vol d oiseauPlusieurs proches de la victime, qui se sont rendus samedi à l’Institut médicolégal de Paris (XIIe arrondissement), affirment avoir constaté des hématomes sur son visage. Houari Goradia, l’un de ses neveux, décrit ainsi « un gros bleu au niveau du nez, un bleu sous l’œil gauche, des bosses et un creux au niveau du crâne ». « Nous étions derrière une vitre et il avait un linceul jusqu’aux oreilles qu’ils ont refusé de retirer », dit Houari Goradia, 37 ans, qui est apporteur d’affaires à Paris. Selon lui, la sœur et le frère de la victime, qui habitent en région parisienne, entendent se constituer partie civile.

Détenu depuis 2011 pour plusieurs escroqueries à la carte bancaire, Abdelhak Goradia faisait l’objet d’un arrêté ministériel d’expulsion, notifié le 12 août, au motif d’une « nécessité impérieuse pour la sécurité publique », selon son avocat. Le même jour, ce quinquagénaire avait été placé au centre de rétention de Vincennes, à sa sortie de la maison d’arrêt de Châteaudun. Il aurait déjà fait l’objet de deux tentatives d’expulsion, dont l’une le 16 août, auxquelles il s’était opposé. Selon son neveu, le commandant de bord avait refusé de l’embarquer le 12 août, car il était entravé aux mains et aux jambes.

Ce 21 août, Abdelhak Goradia n’était pas inscrit au tableau des départs, d’après des retenus du CRA de Vincennes joints par téléphone. « Ils lui ont dit qu’il avait une visite pour qu’il les suive », raconte Mouelhi Adnen, un Tunisien qui partageait la chambre de l’Algérien au sein du bâtiment 1 du CRA. « Il ne voulait pas partir car depuis la mort de ses parents, il n’avait plus personne en Algérie, toute sa famille vivait en France », dit Ivan Drajic, un retenu serbe au CRA de Vincennes. Arrivé sur le territoire en 1996, Abdelhak Goradia était le père d’un enfant né en France en 2008. Il était séparé de la mère.

Vers 19 heures, le jeudi soir, il a appelé son avocat et sa famille pour les prévenir qu’une escorte allait l’embarquer. Me Sohil Boudjellal a alors pu parler au chef d’escorte « qui m’a dit qu’il ne faisait qu’exécuter un ordre ». Puis le portable de l’Algérien n’a plus répondu. L’avocat et la famille n’ont plus eu de nouvelles jusqu’à ce qu’ils apprennent sa mort le lendemain matin, après avoir passé en vain plusieurs coups de fil en Algérie et au CRA de Vincennes.

« En sortant de la visite au premier étage (au-dessus de l’accueil du CRA, ndlr), un Chinois a entendu des cris, comme une bagarre, mais il n’a pas vu ce qui se passait », explique Ivan Drajic. Ce sont cinq fonctionnaires de la compagnie de transferts, d’escortes et de protection de la police (Cotep) qui auraient embarqué l’homme. « Comme il était assez virulent, les policiers de la Cotep se sont mis à quatre ou cinq pour l’entraver, explique Cédric Caste, du syndicat Unité Police SGP-FO pour la police aux frontières (PAF) de Roissy. Ils ont écarté une lame de rasoir. Ils ont protégé sa tête avec un casque de boxe et l’ont allongé dans le fourgon, entravé aux mains et aux pieds. »

D’après le syndicaliste policier, ce n’est qu’à l’arrivée à l’unité d’éloignement de l’aéroport de Roissy, à 19h45, que les policiers « se sont rendu compte qu’il était bleu ». « Les policiers de la PAF de Roissy ont essayé de le réanimer et ont appelé les secours qui l’ont entubé par le nez car il avait les voies obstruées. » D’après le ministère de l’intérieur, l’inspection générale de la police nationale était sur place « une heure après la constatation du décès ».

Dans un communiqué, l’Association service social familial migrants (ASSFAM) a souligné que la victime « n’avait jamais fait état de problèmes de santé depuis son arrivée au centre de rétention ». Me Boudjellal, l’avocat de la victime, n’a pas encore eu accès au rapport d’autopsie. « La version de départ est totalement contredite, remarque-t-il. Il n’est pas mort naturellement mais s’est étouffé devant les policiers ou sous l’effet de leurs contraintes. Ce qui suppose des convulsions et une mort atroce. » « Comment peut-on ne pas porter secours à quelqu’un qui s’asphyxie ? » s’interroge l’avocat. « Tout ce qu’on sait est qu’il n’est pas mort de mort naturelle, dit Houari Goradia. On sait comment ça se passe. On attache les pieds et les mains, on met une muselière sur la bouche, on emploie la manière forte… Même à un animal, on ne fait pas ça ! »

Deux décès remontant au début des années 2000

Abdelhak Goradia avait été condamné à plusieurs reprises pour des escroqueries à la carte bancaire. « Avec les récidives, il avait cumulé neuf ans de prison (du fait de la loi sur les peines planchers — ndlr), explique son avocat. Il a fait six ans, il avait travaillé et remboursé les parties civiles. » « Nous savions que la prétendue suppression de la “double peine” sous Sarkozy était une mauvaise plaisanterie et qu’elle reste en vigueur sous la présidence de Hollande », remarque le Réseau éducation sans frontières (RESF).

Un premier recours en référé-liberté avait été rejeté le 20 août par le tribunal administratif de Paris, qui avait estimé que son expulsion ne constituait pas une atteinte « manifestement grave » aux libertés fondamentales. Mais le juge administratif devait se prononcer le 28 août sur un autre recours, cette fois en référé-suspension. Il s’agissait de déterminer s’il était légal ou non d’expulser le père d’un enfant français. D’après son neveu, il était confiant : « On allait le voir tous les jours au CRA : il était en bonne santé, pas en colère, il pensait qu’il allait sortir. » Son avocat affirme avoir envoyé en vain trois fax le jeudi soir, au ministère de l’intérieur, à la direction du centre de rétention ainsi qu’à la préfecture de police chargée de l’escorte pour leur rappeler cette audience. Mais ce type de recours n’est pas suspensif en France.

Selon Cédric Caste, le dossier d’Abdelhak Goradia était « plus que sensible » et suivi de près par la direction centrale de la police aux frontières, le ministère de l’intérieur et la préfecture de police de Paris. « C’est la première fois en vingt ans que je vois un arrêté ministériel au motif d’une nécessité impérieuse de sécurité pour ce type de profil, remarque Me Boudjellal. D’habitude c’est utilisé pour des braqueurs ou des terroristes, pas des petits délinquants non violents. »

En France, les deux derniers cas de décès lors de reconduites remontent à plus d’une dizaine d’années. Ricardo Barrientos, un Argentin de 52 ans, était décédé en décembre 2002 à bord de l’avion qui le ramenait en Argentine, après avoir été maintenu plié en deux par les policiers sur son siège. Mariame Getu Hagos, un Éthiopien de 24 ans, était lui mort en janvier 2003 suite à l’utilisation de la même technique policière. Il avait passé vingt minutes maintenu de force le torse plié, la tête touchant les cuisses, et menotté dans un siège d’avion à la ceinture serrée.

Weekend de résistance anti-fasciste à Calais, 5-7 septembre 2014

1546204_515417991899226_1891185785_nLe dimanche 7 septembre, le groupe local de fascistes « Sauvons Calais » fera à nouveau une manifestation « contre l’immigration » à Calais.
La manifestation va attirer des néo-nazis de toute la France. Certains fascistes notoires ont déjà confirmé leur présence : Thomas Joly (general secretary of the Parti de la France), Yvan Benedetti (conseiller municipal de Venissieux et ancien membre de l’organisation interdite L’Œuvre française) et Richard Roudier (du Réseau Identités). Il est probable que des bandes néo-nazis arriveront avant la manifestation et resteront après pour attaquer des personnes vulnérables dans les rues.

Ces derniers temps nous avons connu une montée importante d’attaques contre activistes, bénévoles des associations et migrant.e.s. Des camarades ont été attaqué.e.s durant la nuit par des bandes armées de couteaux, de matraques téléscopiques et de gaz lacrimogène. Une bénévole connue par tou.te.s a échappé de justesse à une tentative d’enlèvement ; un groupe de fascistes ont essayé de la traîner dans une voiture. Surtout à Calais nous ne pouvons pas faire confiance à la police pour une protection. Durant l’hiver passé la police est restée passive quand Sauvons Calais et d’autres fascistes ont attaqué un squat pendant une semaine, avec des projectiles, des cocktails molotov et des hâches pour essayer de rentrer dand la maison.

Il n’y a pas de place pour des fascistes à Calais. Nous allons resister contre ce rassemblement néo-nazi. Nous allons résister contre la vague actuelle d’attaques fascistes dans les rues. Mais vu le nombre inconnu de néo-nazis (des centaines ?) qui vont arriver, nous ne pourrons pas le faire tout seul.e.s.

Nous appelons les anti-fascistes de toute la France, de toute l’Europe, de nous rejoindre pour un rassemblement de solidarité pendant le weekend du 5-7 septembre.

Nous avons besoin de votre soutien pour arrêter la manifestation de Sauvons Calais. Nous avons besoin de votre soutien pour défendre les maisons et les lieux de rencontre sous attaque. Nous invitons aussi des musiciens, réalisateurs de films et autres pour se joindre à nous et pour créer un festival international de résistance !
De 1940 à 2014 des français et des immigrant.e.s de toute la planète se sont réuni.e.s à plusieures reprises pour vaincre le nazisme. Nous voulons célébrer cette tradition avec des actions, mais aussi avec des évenements comme des concerts, des projections de films, des discussions et plus. Toutes les propositions et expressions de solidarité dans les jours à venir sont bienvenues.

Contact et plus de information :
http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/

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