Dans le monde une classe en lutte – avril 2014

 EGYPTE : Le mouvement de grèves continue et change, peu à peu, l’ambiance politique du pays
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Les grèves ont démarré début février 2014 dans les usines textiles de la compagnie publique des « tissages et filages » lorsque les ouvriers ont constaté que la hausse du salaire minimum à 1 200 LE (la livre égyptienne ) promise pour fin janvier par le gouvernement, ne concernait que les 4,1 millions de fonctionnaires d’État et non l’ensemble des 7 millions de salariés de la fonction publique, dont eux-mêmes.
Des grèves dans la fonction publique…
La grève de l’usine textile emblématique de Mahalla el Kubra, démarrée le 10 février, a entraîné à sa suite celles de 9 autres usines du groupe, puis de proche en proche de nombreux autres secteurs de la fonction publique exclus de cette hausse du salaire minimum : les employés des postes, les salariés des magasins d’État (alimentation ou équipements ménagers), des offices notariaux, des travaux publics des ponts et routes, de l’administration agricole de l’irrigation, de l’eau et de l’assainissement, des semences, de la réforme agraire, de l’industrie d’État (pétrole, industrie ou réparation navale, centrales électriques), des transports publics, de la voirie et des éboueurs, de la banque et des assurances, de l’immobilier, des universités (employés ouvriers, techniciens ou administratifs), des musées, des infirmiers et ouvriers ou employés administratifs ou de surveillance des hôpitaux et des médecins, pharmaciens et dentistes des hôpitaux publics, qui, bien qu’exclus aussi de ces mesures de hausse du salaire minimum, réclamaient pour leur part non seulement son application mais sa hausse à 3 000 LE.
Enfin, les vétérinaires de campagne s’associaient au mouvement des médecins par une grève nationale le 23 mars suivie à 100 % dans les gouvernorats de Marsa Matrouh, Fayoum, Nouvelle Vallée, et à 49 % sur l’ensemble de l’Égypte, malgré les appels du Syndicat des vétérinaires du Caire et Gizeh à ne pas suivre le mouvement. A l’obtention de la revendication du salaire minimum, la plupart des grévistes ajoutent l’exigence du limogeage de leurs dirigeants, locaux, régionaux ou nationaux.
…ou des secteurs qui y ont appartenu
A ces grèves se sont additionnés d’autres mouvements pour le salaire minimum, dans les catégories de salariés précaires de la fonction publique ou qui y ont appartenu dans le passé. Ainsi, les ouvriers de 11 entreprises privatisées ont exigé la renationalisation de leur société, voire son redémarrage quand elle était à l’arrêt.Les nombreux salariés temporaires dans les différents secteurs publics ou d’État, exclus de la mesure, ont exigé leur titularisation, ou de pouvoir toucher directement aussi ce salaire minimum, à l’exemple des employés temporaires du gouvernorat de la mer Rouge, de Suez. Ce qui a élargi la grève à des secteurs à proprement parler d’État, comme les personnels temporaires de l’éducation (Kafr el Sheikh), du nettoyage urbain (Kafr el Dawar), les travailleurs journaliers de l’administration agricole des gouvernorats de Sohag, Louxor, Assouan, Qena, Kafr el Sheikh… S’y sont ajoutées différentes catégories d’employés temporaires des gouvernorats ou des ministères comme les chauffeurs, ceux du gardiennage, voire parfois des forces de police ou de sécurité.
… qui ont fait tache d’huile
Se sont greffées des grèves dans des secteurs municipaux, telles que le 16 mars celle des employés de la mairie de Safaga ou de Mahmudiya. Et d’autres grèves de salariés du privé non touchés par la mesure de hausse du salaire minimum, souvent pour le paiement d’arriérés de salaire mais aussi pour des hausses de salaire comme ceux de Porsche à Tanta, des ingénieurs des systèmes d’irrigation et de protection des eaux d’Assouan, ou encore contre des fermetures comme ceux du laboratoire pharmaceutique Abu Sultan.… et ont réveillé un climat de contestation dans des milieux populaires plus larges
Enfin, dans ce climat, ce qui semble apparaître à nouveau, à partir du 15 mars environ, ou en tout cas être plus visible, ce sont des manifestations diverses, comme celles de paysans du village d’Al Hammad qui ont été manifester à Kafr el Sheikh pour des problèmes d’engrais ; de ceux du lac Nasser contre l’expulsion de familles des terres qu’elles occupent.
On peut relever de même des manifestations de pêcheurs à Fayoum contre la pollution du lac, d’habitants du gouvernorat de Damiette contre la pollution de l’eau ou d’habitants du gouvernorat de Manoufiya pour la réalisation de travaux d’assainissement promis mais non réalisés.Ont aussi manifesté de jeunes diplômés au chômage pour obtenir un travail à Kharga, des employés de la banque du sang à Shebin el Kom, des boulangers de Kafr el Sheikh pour obtenir ce que leur doit la Chambre de commerce, des bouchers de Mahalla contre la fermeture d’un abattoir.Des avocats d’Edfou se sont mobilisés pour la libération d’un collègue, puis ceux d’Assouan en solidarité avec leurs collègues d’Edfou. Des vendeurs de rue du centre du Caire ont manifesté pour obtenir des conditions correctes pour leurs emplacements de vente. Des jeunes à Suez ont protesté contre la démolition d’un centre culturel. Des habitants de 40 villages, au pourtour de Kafr el Sheikh, ont protesté contre les lenteurs à la reconstruction d’un pont écroulé il y a un mois suite aux intempéries. A Huda, Abu Matamir, Damanhur, des habitants de quartier ont publiquement réclamé du pain. A Ismaïlia, ils l’ont fait contre les coupures d’électricité. A Kafr el-Dawr, contre les coupures d’eau. A Zifta, contre la pénurie de bouteilles de gaz. A Daqahliya contre la violence policière. A Shebin el Kom, des sourds et muets ont exigé un travail.
Au total, le Centre pour le développement international comptabilisait pour le mois de février 2 protestations par heure et 1 044 manifestations, dont 58 % pour des raisons économiques, essentiellement les salaires ; 33 % étaient attribuées aux Frères musulmans mais en forte baisse par rapport au mois précédent. Le Caire arrivait en première place avec 14 % de manifestations, suivi d’Alexandrie avec 13 %, et Kafr el Sheikh avec 9 %.
Enfin, l’organisme recensait 47 protestations dans l’Éducation nationale, ce qui pouvait signifier, selon ce Centre, que même si ses luttes n’étaient guère visibles, ce secteur pouvait devenir un élément clef.
Des grèves visibles et déangeantes mais qui ne rencontrent pas d’hostilité populaire
Si l’on prend par exemple ces derniers jours, du 16 au 24 mars, les 283 bureaux de poste des gouvernorats de Sohag étaient en grève et fermés, mais aussi tous ceux de Suez et Port-Saïd, et en majeure partie ceux des gouvernorats de Marsa Matrouh, Qalahbiya, Alexandrie, Luxor, Fayoum, Qena, Kafr el Sheikh, Sharkiya, Beni Suef, Nouvelle Vallée et la plupart des autres. Certains ont à peine commencé la grève depuis quelques jours mais d’autres le sont depuis un mois. Pas de courrier donc.
Les transports publics en grève ne fonctionnaient pas à Alexandrie, bus et tramway, pendant une semaine jusqu’au 18 mars, après Le Caire. Les poubelles et immondices s’accumulent parce que les éboueurs sont en grève, parfois depuis plus de trois semaines.
Les magasins d’État sont fermés. Les hôpitaux publics sont en grève parfois totale comme à Tanta ou Hurghada. Et partout les médecins, pharmaciens, dentistes font une grève quasi suivie à 100 % dans la majorité des établissements ; des écoles ne sont ouvertes qu’à moitié faute des enseignants temporaires en grève ; les compagnies d’assurances fonctionnent de manière chaotique, pour les mêmes raisons, etc.
Bref, c’est toute la vie quotidienne qui est perturbée. Ce qui est frappant dans ces grèves, c’est que malgré les appels du gouvernement à la responsabilité des salariés à l’égard des usagers, malgré l’engouement d’une partie de la population pour Sissi et son hostilité à tout ce qui peut faire entrave à l’action du maréchal, non seulement elles continuent, mais elles ne semblent pas rencontrer d’animosité de la part du public. Ce qui semble confirmer que ces grèves et manifestations expriment dans la rue ce qui avait déjà été révélé dans les urnes par la forte abstention au référendum/plébiscite des 14 et 15 janvier. Autrement dit, une désaffection certaine à l’égard du maréchal Sissi.
On ne constatait ainsi qu’une altercation entre grévistes et usagers dans un hôpital à Dosouk, sachant que quand il n’y a pas de grèves elles y sont déjà fréquentes. La grève des postes est pénalisante pour beaucoup, avec par exemple le blocage du versement des pensions de retraite ou celui du courrier des entreprises, mais la presse ne signalait que 4 bureaux où avaient eu lieu des affrontements entre usagers et grévistes, à Alexandrie, Assouan, Kafr el Sheikh (deux fois).
Il faut dire qu’une autre chose marquante est tout à la fois l’énorme faiblesse des salaires de la fonction publique, qui vont souvent de 350 à 600 LE par mois, soit environ 44 à 76 CHF (or les prix flambent, les loyers ont été souvent multipliés par deux ou trois en peu de temps et on trouve difficilement quelque chose à moins de 500 LE au Caire ou à Alexandrie), et le fait que pour une fois la presse cite ces salaires si bas. Elle contribue ainsi non seulement à la compréhension des usagers mais aussi à ce que chacun des grévistes prenne mieux conscience qu’il n’est pas qu’un éboueur de tel ou tel endroit ou un vendeur de magasin de tel autre, mais qu’il appartient à une catégorie bien plus large, partageant les mêmes conditions et capable de bloquer toute la société. Tout se passe comme si les grèves de la fonction publique éveillaient à nouveau, peu à peu et de proche en proche, toute la société des classes populaires après sept mois de silence, de violence du pouvoir et d’occupation de tout l’espace politique par le conflit sanglant entre l’armée et les Frères musulmans.
Le gouvernement cède et promet
Dans cette ambiance de grèves, le gouvernement Beblaoui est tombé le 24 février pour tenter de calmer la colère populaire. L’attitude du gouvernement, qui s’est démis le 24 février, comme de celui qui a suivi celui d’Ibrahim Mehleb, a été de temporiser ou de reculer sans réprimer même si, ici où là, il y a quelques tentatives comme à l’entreprise Céramica de Suez. Mais pour ces derniers, cette répression n’a pas duré, du fait de la menace des syndicats de Suez d’appeler toute la région à entrer en lutte si cela se reproduisait. Les deux gouvernements répondent le plus souvent par un discours qui, dit comprendre les revendications des grévistes. Ils cèdent partiellement ou totalement, mais dans le cadre d’une péroraison générale expliquant que l’Égypte n’est pas en situation de pouvoir les satisfaire, et que pour cela il faut construire une économie plus forte et donc travailler plus, bref cesser de faire grève. Parfois, comme avec les médecins, le gouvernement promet qu’il essaiera de satisfaire les revendications mais qu’il faut lui laisser un peu de temps puisqu’il est nouveau, en général deux ou trois mois, soit le temps d’étudier la situation ou de trouver des solutions. En attendant, il s’agit de reprendre le travail. C’est ce qu’il a dit le 16 mars aux médecins, pharmaciens et dentistes, leur demandant un délai de trois mois et en faisant appel à leur souci de la santé publique et leur esprit patriotique. Une troisième attitude, par exemple avec les postiers, est de leur proposer une augmentation de salaire ou de bonus relativement modeste, 100 à 150 LE, et de ne rien promettre pour le salaire minimum. Une quatrième attitude, souvent couplée avec la troisième, consiste à donner partiellement satisfaction mais à un niveau plus élevé ; par exemple le paiement d’arriérés de salaires ou bonus, des augmentations de ces salaires ou bonus, des primes exceptionnelles ou mensuelles non négligeables, ce qu’ils ont fait à des degrés divers pour les salariés du textile, ceux des ponts et chaussées, des éboueurs ou encore des transports du Caire et d’Alexandrie. En même temps, ils font la promesse qu’ils accorderont dans un ou deux mois le salaire minimum ou en tout cas qu’ils feront tout pour ça. Ce qui a entraîné la suspension de ces derniers mouvements (textile, transports, ponts et chaussées).
18/03, Un projet déjà élaboré sous Moubarak vise à modifier de fond en comble le système de subventions alimentaires qui concerne 18,2 millions d’Egyptiens titulaires de sortes de cartes de rationnement, sans compter les subventions directes à des produits de base comme la farine et autres produits alimentaires. Soi-disant mis en œuvre pour éliminer les fraudes, il vise surtout à réduire le montant de ces subventions.
Les grèves durent, s’affermissent, s’enhardissent, et on cherche en tâtonnant à se coordonner et à se centraliser
Les succès partiels ont fait reprendre le travail à certains mais ont entraîné dans la lutte d’autres salariés qui voulaient obtenir ce qu’avaient eu les premiers. Les salariés des transports d’Alexandrie sont entrés en lutte après que ceux du Caire ont obtenu partiellement satisfaction en demandant la même chose qu’eux. Les éboueurs d’Edfou sont entrés en lutte pour obtenir ce que ceux d’Assouan avaient eu, etc.
Par ailleurs, si le gouvernement a obtenu la reprise du travail dans un certain nombre de secteurs avec son mélange de promesses et de satisfaction partielle des revendications, les travailleurs semblent assez méfiants face aux promesses. En effet, les employés des transports d’Alexandrie, après leur succès partiel, ont tenu à faire une conférence de presse pour déclarer que, contrairement à ce qui avait été dit, ils se considéraient toujours en lutte, prêts à reprendre la grève à tout moment s’ils avaient le sentiment d’être menés en bateau, surveillant les faits et gestes du gouvernement.
Autre exemple, les 8 000 ouvriers de l’usine de « tissage et filage » de Kafr el Dawar multiplient débrayages, grèves, sit-in et manifestations ou séquestration de leur directeur le 20 mars, pour rappeler leurs revendications pendant que les 24 000 ouvriers de l’usine du même groupe à Mahalla, à quelques dizaines de kilomètres de là, ne sont pas non plus passifs. Ils ont entamé une campagne de signatures proclamant l’illégitimité du syndicat d’État et celle du ministre du Travail, Nahed Elachry.
Là où les travailleurs semblent avoir le plus de mal à coordonner leur action, comme dans les différentes catégories de salariés travaillant dans le nettoyage et surtout pour le ministère de l’Agriculture, le gouvernement semble n’avoir rien cédé ni promis et même menacé le 23 mars de licencier certains salariés en lutte du monde de l’agriculture. Cependant, le mouvement tient bon, les grèves ne faiblissent pas et il est au contraire bien possible que les menaces unifient un peu plus l’ensemble.
Cette tendance à l’unification a en effet été réalisée bien involontairement, en grande partie par le gouvernement lui-même avec les salariés des postes. Ceux-ci mènent un mouvement assez large depuis plusieurs semaines, en mars, mais qui semble inégal suivant les gouvernorats et assez décousu puisque sur les dizaines de milliers de salariés des postes, certains font grève sans discontinuer, d’autres entrent en lutte puis reprennent le travail, puis se remettent en grève. D’autres encore font des grèves partielles pendant que d’autres enfin commencent à peine. Le nombre de grévistes sur l’ensemble est toutefois très important puisque le journaliste Hanni Shukrallah estimait qu’il avait atteint certains jours une participation de 80 %, avec de nombreux gouvernorats au taux de grévistes de 100 %.On constatait ici et là des tentatives de coordination, tout comme la volonté de s’adresser à la population par l’organisation de manifestations locales ou régionales…
Et puis, le 23 mars, le ministre des Communications a rajouté une touche nationale de coordination et de centralisation en recevant des représentants des postiers en grève pour leur proposer une satisfaction partielle. Ceux-ci, les considérant insuffisantes, ont refusé mais ont aussi profité de s’être rencontrés au Caire pour déclarer qu’ils allaient maintenant essayer de mieux coordonner leur lutte et ont commencé en lançant depuis le ministère un appel à la grève générale illimitée de tous les métiers de la poste. Ce qui semble avoir été suivi d’effets puisqu’aux gouvernorats, où la participation était déjà de 100 %, s’ajoutait l’entrée ou la reprise de la grève totale dans quelques autres régions jusque-là un peu moins touchées. Et le 23 mars, les postiers de Zagazig franchissaient un pas en séquestrant puis expulsant de son bureau le directeur au siège social de la poste du gouvernorat [1].Cette recherche tâtonnante de l’unification se voit également dans 11 entreprises industrielles récemment privatisées, qui ont en effet constitué au 10 mars une coordination des entreprises privatisées pour leur renationalisation ou leur remise en marche pleine et entière.
La radicalisation se lit dans le fait que les ouvriers d’une usine de Shebin al Komsont sortis de leur usine et ont bloqué la route, puis le siège du gouvernorat de Menoufiya.
Elle se voit aussi dans les professions de la santé, médecins, pharmaciens et dentistes des hôpitaux publics ainsi que pharmaciens privés et vétérinaires de campagne qui ont formé, au-delà de leurs syndicats respectifs, un comité de grève central et national sous contrôle d’une assemblée générale nationale mensuelle, qui anime la grève nationale illimitée de ce secteur suivie depuis début mars au moins à 80 % par les médecins, avec des pointes à 100 % dans certains hôpitaux ou même certains gouvernorats entiers (97,3 % pour le gouvernorat d’Alexandrie le 19 mars).
Ce comité de grève allait même au-delà de la profession puisqu’il répondait publiquement à la mi-mars à Sissi – qui leur demandait de reprendre le travail au nom des usagers et de la patrie –, en lui disant que s’il avait vraiment ce souci, il fallait : qu’il ouvre les hôpitaux militaires, bien mieux dotés, aux malades en difficulté ; qu’il fasse passer le budget de la santé de 3 à 15 % ; qu’il publie les salaires mirobolants des dirigeants du secteur de la santé et qu’ils les versent aux plus pauvres.
Ainsi ce comité de grève s’adressait à tous les Egyptiens, faisant ses premiers pas en politique, montrant au pouvoir que c’est lui qui pourrait très bien faire passer cette marche au mouvement social. Depuis, Sissi s’est tu.
Enfin, et peut-être encore plus significatif, à la mi-mars se constituait une coordination des représentants de deux secteurs en lutte, le comité de grève des professions de la santé et la coordination pour la nationalisation des entreprises privées, associés à des représentants syndicaux des postiers, des salariés des chemins de fer et de l’aviation civile. A la conférence de presse de la fondation, ses animateurs déclaraient qu’ils avaient compris qu’il leur fallait s’unir pour espérer gagner et que leur faiblesse jusque-là avait été de mener leurs luttes isolément les uns des autres. Pour mieux unifier leurs luttes, ils avaient établi un programme commun reprenant l’essentiel de leurs revendications, à savoir : le salaire minimum pour tous, la renationalisation des entreprises privatisées, le limogeage de tous les dirigeants au niveau local ou national et la revalorisation du budget de la santé.
Pour le moment, on ne peut pas mesurer encore le poids réel de cette coordination sur les événements – sinon la radicalisation du mouvement de la santé qui s’est étendu à la médecine ambulatoire, aux centres d’enseignement thérapeutique, aux secrétariats des hôpitaux, aux employés des ministères et des assurances maladie –, mais il est sûr que cela dénote une tendance vers la défense coordonnée des intérêts ouvriers, et par là, de leurs intérêts politiques, même si, bien sûr, les obstacles sont encore nombreux. Effet des grèves sur la vie politique et les 529 condamnations à mort des Frères musulmans
Le nouvel éveil de la société par ces grèves va plus loin encore que les classes populaires.
En effet, après la démission du gouvernement Beblaoui et donc le départ des forces libérales, démocrates, nassériennes et de gauche du gouvernement (à part le Wafd), Sissi repousse depuis un mois l’annonce de sa candidature à la présidentielle et les autorités repoussent l’ouverture de la campagne électorale ; elles craignent qu’elle se déroule sous la pression des grèves.
On entend des bouches critiques s’ouvrir à nouveau dans les milieux laïques d’opposition à l’encontre du gouvernement et de l’armée après sept mois de silence. On voit des journalistes oser publier dans la presse ce qu’ils n’osaient plus et desmanifestations diverses pour les libertés recommencent à fleurir. Un humoriste comme Bassem Youssef radicalise un peu plus sa satire politique ; des intellectuels, artistes ou écrivains qui soutenaient l’armée jusque-là s’en détournent. Des prisonniers du mouvement démocratique sont libérés – comme Alaa Abdel el Fattah – même si bien sûr cela ne suffit pas. Les organisations révolutionnaires multiplient les protestations, comme le 23 mars dans de nombreuses villes d’Égypte, pour exiger la libération des prisonniers politiques.
Une anecdote significative parmi d’autres est que lorsque le gouvernement a demandé un an, six mois ou trois mois de suspension des grèves pour la patrie, un animateur télé, Amr Adeeb, a demandé un arrêt des conflits du travail pendant six mois pour sauver l’Égypte. Aussitôt, en réponse, s’est mis en place un site Facebook proposant aux hommes d’affaires, généraux, ministres, juges, hauts fonctionnaires, acteurs, joueurs de football connus et journalistes vedettes de ne garder pour eux que le salaire minimum de 1 200 LE et de verser le reste de ce qu’ils gagnent, c’est-à-dire des milliards, au peuple égyptien pour sauver les Egyptiens. De suite, le site a reçu des milliers d’informations et de témoignages sur les revenus, le patrimoine caché, et la vie luxueuse des élites égyptiennes.On voit également le candidat nassérien à la présidentielle Hamdeen Sabbahi oser rendre Sissi responsable – au moins en partie – de tout ce qui ne va pas en Égypte. Ce qui aurait été impensable il y a quelques mois et lui aurait valu une condamnation sévère. Cette ambiance se révèle jusque dans les faits divers puisque les hauts responsables militaires ont tenu à dénoncer à la télévision, le 24 mars, tous ceux qui utilisaient le nom de Sissi pour récolter des dons en faveur de sa candidature, afin… de mieux les détourner dans leurs poches. La dictature tourne-t-elle en farce ?
Les grèves et les manifestations ont – une nouvelle fois – totalement invalidé dans les faits la loi de novembre 2013 interdisant grèves et manifestations, même si libéraux, démocrates ou gauche ne semblent pas vraiment s’en rendre compte ou vouloir en tenir compte
(1)Selon Mena Solidarity Network, en date du 25 mars 2014, les dirigeants de la grève des postes à Alexandrie ont été arrêtés dans leur maison par des descentes de police effectuées avant l’aube. Les dirigeants arrêtés sont Ismail Gabr, Haitham Uthman, Ayman Hanafi, Hani Said et Hisham Abd-al-Hamid. Selon l’avocat du travail Mohammed Ramadan, les cinq hommes devaient être présentés devant le procureur de Moharrem Bey. Les travailleurs de la poste ont immédiatement organisé une marche et une manifestation massive devant le principal bureau de poste d’Alexandrie. Selon Mena, les travailleurs de la poste d’Alexandrie participent à la grève nationale appelée par le Syndicat indépendant des travailleurs de la poste dont les dirigeants affirment que 70 % des 52 000 travailleurs sont entrés en grève pour exiger de meilleurs salaires et l’obtention du salaire minimum à l’échelle nationale.

 

[Tunisie] Des députés dégagés de Sidi Bouzid

La séance prévue samedi à Sidi Bouzid dans le cadre du mois de la Constitution a été perturbée par la protestation des habitants contre le rendement du gouvernement et de l’Assemblée nationale Constituante (ANC).

Des slogans dénonçant l’« infantilisation du peuple et l’instrumentalisation du dossier des martyrs » ont été scandés.

Les protestataires ont appelé à une deuxième révolution et à la dissolution de l’ANC, insistant sur leur droit à l’emploi, la liberté et la dignité. Les membres de l’ANC représentant Sidi Bouzid ont été accueillis par des « dégage », pour avoir ignoré les préoccupations de la région et son droit au développement.

« La région n’a pas besoin de connaître la nouvelle Constitution, elle a besoin d’emploi et de développement » ont-ils martelé. Ils ont appelé à cesser de poursuivre les jeunes de la région qui avaient participé à des mouvements de protestation.

Le président de l’ANC Mustapha Ben Jaafar qui était arrivé dans la ville de Sidi Bouzid pour donner le coup d’envoi du mois de la Constitution n’a pas pu rejoindre le lieu de la réunion en raison des protestations.

L’assesseur des relations avec les citoyens, la société civile et les Tunisiens à l’étranger à l’ANC a expliqué que Sidi Bouzid qui a vu naître l’étincelle de la révolution a été choisi pour le lancement du mois de la Constitution. Une manifestation initiée avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Leur presse (DirectInfo avec TAP, 10 mai 2014)

Marseille : ni centre ni social

Marseille. Le centre social du Plan d’Aou saccagé

« C’est une énorme déception et beaucoup de tristesse. L’action de quelques uns va pénaliser des gens bien. » Amère, Marion Dousse, la directrice du centre social du Plan d’Aou à Marseille (15e), n’a pu cet après-midi que constater le saccage de la structure. Au cours du week-end, des individus non identifiés se sont introduits dans le centre en brisant une baie vitrée, puis ont systématiquement mis à sac les locaux. Quelques ordinateurs mais aussi les « goûters des enfants » accueillis chaque jour sur le temps périscolaire ont été dérobés.

Les adjointes au maire Arlette Fructus et Sylvie Carrega se sont rendues sur place en fin d’après-midi. « C’est vraiment une dévastation, a deploré Arlette Fructus, élue UDI à la Politique de la ville. La création de ce centre, il y a à peine 3 ans, avait coûté 3,2 millions d’euros », financés dans le cadre de l’Anru.

La Ville a déposé plainte. La structure, gérée par le Centre de culture ouvrière (CCO) restera fermée le temps de remettre les locaux aux normes d’accueil du public. « Tout le grand Saint-Antoine paye le prix de ce vandalisme », a regretté Marion Dousse.

La ville a indiqué sa volonté de remettre le centre social en état. Elle invitera également avec l’équipe du site les habitants à discuter de cet acte, sans doute au cours de la semaine prochaine.

source : la provRence (Le 14 mai 2014)

Le samedi 17 mai à Avignon : journée de rencontre sur les outils de propagande de l’industrie nucléaire

Dans le prolongement du campement antinucléaire qu’elle initia en octobre 2011, la nébuleuse avignonmonamour a pour ambition de poursuivre son incursion sur le terrain nucléaire avec la volonté d’’informer sur les réalités du nucléaire en France et ailleurs… Par trois fois déjà, notre intérêt s’’est focalisé sur la situation à Fukushima au Japon, manière de faire miroir à la propagande nucléocrate pour qui l’’accident est impossible. Trois ans après la catastrophe, les stratèges en communication de la filière nucléaire ont pris acte qu’’il leur fallait sortir du silence. Nous voici donc submergés de campagnes multiples, proposant tout autant la visite de centrales, qu’’une nouvelle dialectique sur la sécurisation du parc nucléaire français : la transparence, version liftée du mensonge moderne !

Dans le contexte inchangé d’une industrie nucléaire qui échoue toujours à nous faire croire à son bien fondé, nous vous proposons une nouvelle journée pour mettre en mots l’’ensemble des questions qui nous animent. La parution récente du livre, La Condition nucléaire de Jean-Jacques Delfour, en est l’’amorce. Le Japon sera à nouveau convoqué par de multiples interventions.

contact : avignonmonamour@riseup.net

WEEKEND AUTOUR DE LA PSYCHIATRIE 24-25 MAI MARSEILLE

Depuis quelques temps, des personnes d’horizons variés se réunissent à Marseille avec la volonté de partager, échanger autour de la souffrance psychique* et de sa gestion politique. Des réunions se tiennent toutes les semaines, des projections et des émissions de radio s’organisent. Nous avons eu l’envie d’organiser une rencontre publique avec Giuseppe Bucalo, membre du collectif sicilien CAMAP, auteur de  Dizionario Antipsychatrico*  pour discuter ensemble d’antipsychiatrie.                (*traduction en français de quelques pages disponible sur infokiosques.net)

L’antipsychiatrie a été un courant de pensée et de lutte très fort dans les années 60-70, en Angleterre, France et Italie. Depuis, et notamment grâce à un certain nombre de luttes, de nombreuses transformations ont eu lieu dans les espaces de « soin ». Aujourd’hui, en France, en Italie et ailleurs, les décisions politiques, comportements et mentalités face à ce qui est considéré comme maladie mentale* continuent à poser problème.

Le week-end du 24/25 mai, nous invitons à débattre autour de l’antipsychiatrie… Autour de tout ce qui nous fait regarder la psychiatrie d’un œil critique.

Samedi 24                                                                                                                     16h: Discussion au local 38 rue Clovis Hughes (3e arr., non loin de la Friche de belle de mai bus lignes 33, 34 face au métro de réformé arrêt Clovis Hughes)                       19h30 : Bouffe en soutien au collectif pour le défraiement et pour la création d’un infokiosque à la Marmite 36 cours Gouffé métro Castellane.                                          21h : Concert et spectacles ! (La Marmite toujours)

Dimanche 25                                                                                                                     à partir de 15h : suite des échanges à Mille Bâbords 61 rue Consolat (1er arr.)        métro Réformés

[*On n’a pas encore trouvé les termes équivalant « déconstruits » et » non aliénants » pour remplacer ces mots là. Mais on ne s’accorde pas forcement avec leur signification (par exemple le terme maladie mentale).]

Quelques thématiques que l’on souhaiterait aborder publiquement                     pour le  reste, ce sera au grès des envies…

– L’antipsychiatrie son histoire et ses luttes

– Les représentations sociales de la maladie*

– La psychiatrie hors les murs (sur les dispositifs hors de l’hôpital)

– La « réinsertion sociale » & Le « conditionnement familial »

– Discussion libre sur les pratiques antipsys et l’obligation de soin

Nous ne sommes ni des spécialistes, ni des institutionnels, nous ne nous voulons ni propos validistes, sexistes, classistes, racistes, ou homo-lesbo-trans-phobes.

Possibilité d’hébergement sur place nous contacter se besoin et pour savoir le nombre de personne à accueillir.

Si vous venez d’ailleurs et que vous aussi mettez en place des groupes et pratiques on (le collectif) est dispo samedi avant la discussion si ça vous intéresse pour échanger ensemble. Par exemple sur différents points propres à nos pratiques (ce que l’on peut faire etc.). On a rencontré différents collectifs en Italie et ça nous a donné envie de discuter avec d’autre sur la constitution d’un réseau ou l’on pourrai partager nos expériences… Ce point sera également abordé lors des différentes discussions organisées pendant le weekend

Présentation du collectif

Pourquoi parler de l’anti-psychiatrie ?

Parce que nous nous sentons tou-tes malades de cette société normalisante et standardisée qui tend à rendre invisibles toutes les personnes qui cassent l’ordre «normal» de nos «schémas» dominants. Pour discuter collectivement afin de démonter ses propres clichés. Aussi pour rendre cette question visible et collective , et lutter contre le discours qui individualise le malaise social en général. C’est aussi le point de départ de la construction d’un collectif qui puisse faire émerger les contradictions et les liens entre la maladie mentale et le système capitaliste , sans la prétention de proposer une solution « alternative » et définitive face à une question si complexe. En refusant la position des prétendus expert-es, mais partant du constat que nous sommes touché-es face à un système qui génère toute sorte de maladies, comme par exemple l’amour de l’argent et du travail. Nous préférons plutôt une approche qui tende à déconstruire la catégorisation personne « malade » et personne « saine ». Parce que nous ne voulons pas nous adapter au système et nous nous confortons dans notre posture d’inadaptés.

Réunion tous les lundis à 19 heures à La Marmite 38 cours Gouffé 13006 Marseille métro Castellane

Collectif antipsy contact : paspareil@riseup.net / tel : 06.86.68.74.20 – 06.59.92.13.32

Contre la fermeture de la CAF et la traque des pauvres !

Rassemblement devant la CAF de Malaval à partir du 15 mai à 9h!
Depuis plus d’ un mois, les allocataires qui passent à l’une des CAF de Marseille, se heurtent à des grilles baissées, derrière des vigiles qui tentent de calmer la colère des  usagers. Pendant quelques semaines, la direction de la CAF a justifié ces fermetures par la « pression » que « subissaient » les agents de la CAF de la part des usagers en colère, face aux 100000 dossiers en retard de traitement. Pourtant, depuis 2012, certains de ces agents font régulièrement grève, conscients que ces retards ne sont pas de la faute des usagers, mais bien de la direction, qui entend « améliorer » les conditions de travail des agents et « traiter » les retards de dossiers à coup de réduction de personnel et de fermeture définitive des accueils au public.
Les retards de dossiers que subissent les usagers depuis plusieurs mois font en réalité partie d’une stratégie générale qui vise à réduire le nombre d’allocataires. En réduisant continuellement les personnels, et en fermant les accueils, l’objectif est de rendre l’accès aux allocs dignes des 12 travaux d’Asterix et d’en priver les usagers en les décourageant.
En effet, le département des Bouches-du-Rhône a été désigné en 2012 laboratoire d’ un nouveau dispositif de gestion des allocations familiales qui sera ensuite étendu à toute la france. Désormais, la CAF comme lieu physique n’existera plus. Le traitement des dossiers, des demandes et des galères se fera par internet, avec des bornes financées par les allocations que nous n’aurons plus, ou par téléphone avec un super 0800 sur lequel on pourra passer une heure pour éventuellement se faire envoyer balader, avoir l’immense privilège d’obtenir un vrai RDV avec un délais d’attente d’un mois en moyenne, ou tout simplement lâcher l’affaire parce qu’au bout d’une heure on aura eu personne au bout du fil…En ces temps de crise où l’État préfère faire trinquer les pauvres pour sauver le libéralisme, les premières « coupes budgétaires » sont celles faites sur le dos des bénéficiaires des minimas sociaux, c’est à dire les plus pauvres. Et comme il ne va pas de soi que nous acceptions sans broncher de se faire sucrer le RSA ou de se faire expulser de nos apparts faute d’APL, l’État restructure dès aujourd’hui les CAF à moindre frais pour mieux nous isoler, et investit dans le sécuritaire pour mieux nous contrôler et nous réprimer.
Le mardi 22 avril, les usagers, excédés, ont manifesté leur colère devant la CAF de la rue Malaval à Marseille, en haranguant et en interpellant énergiquement les vigiles et le personnel, en escaladant les grilles pour s’installer dans la cour, en cassant une porte du garage, et en promettant de revenir le lendemain. Plusieurs personnes, présentes dès le mardi, se sont retrouvées tous les matins devant cette CAF, afin d’expliquer aux usagers ce qu’il était en train de se produire. Cela a poussé des agents de la CAF et des allocataires à organiser le rassemblement du 29 avril devant la CAF de Gibbes, où se situe le bureau de la direction des CAF de Marseille. Ils ont obtenu un entretien avec l’équipe de direction, au cours duquel l’administrateur provisoire de la CAF des Bouches-du-Rhône, dépêché par l’Etat depuis 2012 pour mener à bien cette restructuration a confirmé que : «   Pour que les liquidateurs, euh, les agents puissent travailler dans des conditions sereines », il fallait réduire les « stocks ». Néanmoins, à l’issue de l’entretien, des allocataires ont pu obtenir satisfaction quant à leurs dossiers grâce au rapport de force mis en place.Cette restructuration de la CAF et ses conséquences ne sont que les premiers jalons d’une politique d’austérité, dont nous allons tous -ou presque- faire les frais. Dans ce contexte de crise, c’est encore aux pauvres, avec ou sans travail, qu’on va demander de se serrer la ceinture et qu’on va isoler de plus en plus, pour prévenir toute forme de contestation. C’est en s’organisant collectivement dès maintenant qu’on va pouvoir résister aux offensives qui nous sont faites et à cette crise du capitalisme qu’on nous demande de payer, pour sauver le système et les patrons qui nous exploitent. En se rassemblant à nombreux devant les CAF et en les occupant, on peut obtenir des traitements de dossiers et éviter des radiations . En mettant la pression à la direction on peut empêcher cette restructuration de la CAF, et l’isolement qu’ils voudraient nous imposer pour nous faire taire.La « CGT chômeurs rebelles » appelle à une manifestation devant la CAF de Malaval le jeudi 15 mai à 9h. Même si nous nous méfions des syndicats, nous pensons que cette manifestation est l’occasion de nous retrouver pour commencer à nous organiser entre usagers et construire un rapport de force face à la casse des services sociaux.

Réunion pour la formation d’un collectif contre la traque des pauvres

Vendredi 9 mai à 18 heure à Milles-Babords avait lieu la réunion sur les modifications du quartier de Noailles… Tout d’abord, toutes nos excuses aux personnes qui se sont heurtés à une porte close. Pour des raisons de défauts d’organisation, nous n’avons pas pu être à l’heure.

L’objectif de cette réunion était de s’organiser collectivement face aux « restructuration » du quartier de Noaille : répression du carnaval de la plaine-Noailles, construction de l’hôtel quatre étoiles des Feuillants, déplacement du marché de Noailles, augmentation des loyers… Le quartier de Noailles est en phase de « réhabilitation », avec toujours le même objectif : une ville plus propre, plus surveillée, pour les plus riches. Comme toujours, les plus précarisé-e-s devront aller voir ailleurs.

Lors de cette réunion, qui a tout de même commencé, avec une heure de retard, nous avons beaucoup discuté de la restructuration de la CAF à Marseille, de la casse des services sociaux et des mobilisations en cours. Nous avons conclu à la nécessité de s’organiser collectivement contre toutes ces restructurations, qui sont autant d’offensives contre les pauvres. À l’issue de cette réunion, nous avons donc décidé d’élargir le champs d’action du collectif contre les modification du quartier de Noaille.

Nous proposons une réunion pour la formation d’un collectif contre la traque des pauvres, vendredi 16 mai à 18h à Mille Babords, 61 rue consolat 13001 Marseille !

 

Marseille : trois mineurs s’évadent de la prison de la Valentine

Quelques tables empilées, quelques chaises auront suffi pour gagner les nécessaires centimètres, pour grimper sur des toits relativement bas et, depuis le gymnase où ils se trouvaient, pour basculer en zone liberté. Ils auront évidemment profité de l’absence momentanée d’une éducatrice. Presque une évasion de potaches.De source syndicale, on faisait pourtant valoir hier soir que ce n’est pas faute d’avoir prévenu la direction. Le 3 février 2008, deux adolescents avaient déjà montré la voie en se faisant la belle par un panneau de basket. On a supprimé le panneau qui se trouvait contre un mur, mais on n’a pas songé que d’autres pistes de fuite étaient possibles.

Trois détenus se sont ainsi fait la belle hier, vers 15h15, au nez et à la barbe de l’ordre pénitentiaire. Une évasion qui s’est faite hier sans heurt ni violence.

Peu après 20 h, les trois mineurs qui s’étaient évadés dans l’après-midi ont été repérés dans le 11e arrondissement, non loin de l’EPM, par un vigile, qui a alerté la police. Ils ont été interpellés.

source : la ProvRence

Prisonniers No Tav accusés de terrorisme : appel à mobilisation en vue du procès

Samedi 10 Mai Manifestation internationale à Turin, piazza Adriano à 14h
Du 15 au 22 Mai Semaine d’actions
Le 22 Mai début du procès aux assises du tribunal de Turin.

Les No Tav luttent depuis plus de 20 ans contre la construction de la ligne a grande vitesse Lyon Turin et le forage du plus grand tunnel d’Europe dans les montagnes du Val Susa en Italie. Cette ligne TGV s’inscrit dans un schéma européen capitaliste déjà bien avancé qui,  selon les logiques d’hypervitesse et d’innovation façonnent et dévastent les espaces de vie. Ces dernières années, une multitude d’actions
portées par nombre d’individus ont créés des moments de lutte intense
pour continuer à renforcer le mouvement No Tav malgré la militarisation du chantier à Chiomonte,en Val Susa où ils voudraient forer le tunnel. Barbelés, flics 24H24, vidéosurveillance, grilles en fer et en béton sécurisent cette forteresse mais n’empêchent pas les No Tav de  continuer à manifester à des milliers ou à 50, de tenter de bloquer les machines,  de pique niquer ou de saboter…
La nuit du 13 au 14 mai, une trentaine de No Tav a réussi à entrer dans l’enceinte du chantier et à incendier du matériel dont un groupe électrogène. Ce sabotage avait été soutenu publiquement par le  mouvement. Sept mois plus tard, le 9 décembre le parquet de Turin met en prison4 compagnon.nes, Chiara, Mattia,Niccolo et Claudio sous accusation d’«attentat à finalité terroriste». Le pouvoir utilise alors une loi européenne qui définit terroriste «qui, a pour objectif de contraindre  des
pouvoirs publics à accomplir,ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque.» Une définition pouvant donc toucher n’importe quelle lutte. De fait, cette répression ne vise pas tant une action spécifique mais  les années d’expériences, de force et de solidarité de tout un mouvement.  La riposte à cette loi nécessite d’être large et massive. Les 4 compagnon.nes se trouve dans des sections de Haute Sécurité dans  3 prisons différentes et dans les textes juridiques, risquent 20 ans de prison. La date du procès a été fixé le 22 mai 2014 à la cour d’assise  de Turin; les parties civiles sont, entre autre, la Commission Européenne,  le Conseil des ministres italiens, des régiments de policiers et de militaires, la société LTF Lyon Turin Ferroviaire dont fait partie la SNCF et Réseau Ferré de France… Le 22 mai prochain ce sera l’occasion de montrer notre solidarité et de démontrer que cette loi n’isole ni les individus,ni les luttes. Nous sommes en lutte contre des projets de dévastation et le système  qui les produit, contre des dominations et les oppressions qu’elles  portent; s’ils veulent utiliser la catégorie de terroriste,ce sont eux les terroristes, les pouvoirs qui saccagent, affament et assassinent  partout.
Depuis les arrestations du 9 Décembre jusqu’à aujourd’hui il ne s’est  pas passé 2 jours sans une initiative contre un siège du Parti Démocratique (le PS italien) quelque part en Italie, ou une filiale de la banque intesaSanPaolo (principal financeur du TAV dans le Piémont), ou une des entreprises impliquées dans la réalisation du TAV. Et puis des
banderoles, des affiches, des toilettes de tribunaux bouchés, des distributeurs de billets sabotés, des trains bloqués, des protestations… qui en Val  Susa et en ville, ont démontré que, sans aucune centralisation, la meilleure défense, c’est l’attaque. De mémoire on ne se souvient pas d’une telle mobilisation suite à l’incarcération de compagnon.nes. Au beau milieu  de ce « cheminement », le 22 Février, journée lancée de la Val Susa en solidarité avec Chiara, Nicco, Mattia et Claudio : des milliers de personnes dans 30 villes, villages, et de nouveaux des manifs, des blocages, des banderoles et des coups de masse. Un très beau moyen de retourner à l’envoyeur les accusations de terrorisme, de demander la libération des prisonniers, de revendiquer à voix haute la pratique du sabotage. Renvoyer tout cela à la face des procureurs Padalino et  Rinaudo, qui auraient voulu voir les nôtres enfermé.es abandonné.es et les gens dehors avoir peur et être découragés.
LIBERTE POUR CHIARA, NICCOLO, CLAUDIO, MATTIA
LIBERTE POUR TOUTES ET TOUS

Pour leur écrire :
Mattia Zanotti et Niccolo Blasi, Casa di Reclusione, Via Casale San Michele 50, 15100 Alessandria
Chiara Zenobi, Casa Circondariale Rebibbia, Via Bartolo Longo 92, 00156  Roma
Claudio Alberto, Casa Circondariale, Via Arginone 327, 44122 Ferrara

Pour s’informer et diffuser :
En français : notavfrance.noblogs.org
feualagrandevitesse.noblogs.org
En italien : autistici.org/macerie
informa-azione.info

Tracts-brochures-lettres diffusés lors de la manifestation de Nantes du 22 Février :
http://zad.nadir.org/spip.php?article2262

Mardi 29 avril à 10h : manifestation contre la fermeture des CAF de Marseille

La région des Bouches-du-Rhône a été désignée région pilote pour mettre en place un nouveau dispositif de gestion des allocations familiale qui nous isole et nous met dans la galère encore plus. Désormais, la CAF comme lieu physique n’existera plus. Le traitement des dossiers, des demandes et des galères se fera par téléphone. Pour la modique somme d’un appel local (qui risque de nous coûter minimum 1 heure -temps d’attente compris-), on pourra, soit se faire envoyer balader, soit avoir la chance d’obtenir un vrai RDV, avec un délais d’attente d’un mois en moyenne. Et vu que plus un seul accueil de la CAF n’existera plus en centre ville, il faudra nous rendre à la Valentine pour ce RDV… Si on voulait se foutre de notre gueule, on ne ferait pas mieux!
Quoi que…
Depuis bientôt un mois, les allocataires qui passent à l’une des CAF de Marseille, se heurtent à des grilles baissées, derrière des vigiles qui soutiennent que les CAF ont des dossiers en retard à traiter, mais qu’elles vont ré-ouvrir la semaine d’après, et cela pendant plusieurs semaines. Jusqu’à ce fameux mardi 22 avril, où les usagers, excédés, ont manifesté leur colère devant la CAF de la rue Malaval.  En haranguant et en interpellant énergiquement les vigiles et le personnel, en escaladant les grilles pour s’installer dans la cours, en cassant une porte du Garage, et en promettant de revenir le lendemain. Une petite mobilisation a ainsi perduré toute le semaine. Plusieurs personnes, présentes dès le mardi, se sont retrouvées tous les matins devant la CAF, afin d’expliquer aux usagers ce qu’il était en train de se produire, afin de se questionner sur quoi faire pour faire tourner le mot le plus rapidement possible, tout en se questionnant sur comment se mobiliser.
Certains agents de la CAF ont décidé de se re-mobilisés (ils avaient déjà fait grève il y a un mois, après l’annonce de cette décision de faire des bouches-du Rhône une région pilote de cette prochaine offensive faite aux pauvres). Avec la « CGT chômeurs rebelles » de Marseille, ils appellent à une manifestation le mardi 29 avril à 10 heure du matin devant la CAF de Gibbes (215, chemin de Gibbes 14ème).
Nous avons pour habitude de nous méfier des syndicats. Pour autant, nous pensons que les offensives de l’état sur les pauvres vont bon train par ces temps de crise. Les fermetures de CAF et la précarisation du système de gestion des allocation familiale qui va avec, en font partie. C’est pourquoi nous pensons qu’il est important de nous mobiliser dès à présent, pour faire de ce « pilotage » de la CAF des Bouches-du-Rhône un véritable échec pour eux!
Allons manifester notre colère le mardi 29 avril devant la CAF du chemin de Gibbes (215, chemin de Gibbes 14ème) !

évènements anti-nucléaires du 25 avril au 5 mai

Il y en a pour tous les goûts (marcheurs, orateurs, débatteurs d’idées, lanceurs d’initiatives, activitistes ,friands des ambiances festives, amateurs de rassemblements)
Il y en a pour tous les emplois du temps ( full, light, ponctuel)

Rassemblements aux 4 centrales nucléaires suivantes :

Vendredi 25 avril : Cadarache à partir De 15H30

Vendredi 2 mai : Site nucléaire de Marcoule 12h30 : Rassemblement contre le Mox, le plutonium, Astrid

Vendredi 2 mai : Bagnols sur Ceze  : Siège Areva à 16H
Samedi 3 mai : Site nucléaire de Cruas 11h30 . Rassemblement contre les fuites et la prolongation

Lundi 5 mai :  Site nucléaire de  Tricastin 11h30 : Rassemblement contre les fuites et accidents à répétition, pour la fermeture du site

Fête Du 1er Mai : Avignon : Fête antinucléaire sur l’île de la Barthelasse
(Parc des libertés) :stands, musique, débats, films,… à partir de 12h

Contacts : collectifantinucleaire84@hotmail.fr et 06 03 03 63 75

!Quatre pages! Ni normal, ni extraordinaire

…L’écriture de ce texte a surgi de la nécessité d’aborder la question des violences sexuées (ou plutôt genrées) et sexuelles dans des environnements proches. Il est le fruit de discussions liées à des expériences diverses, mais n’a pas la prétention de fournir des recettes à toute la palette de problèmes auxquels peuvent se trouver confrontées les unes ou les autres. Le choix a été fait de ne pas l’écrire du point de vue de quelqu’une ayant subi une agression, mais dans une perspective plus large. Nous sommes en effet convaincues que ces situations très concrètes, au delà de l’autodéfense immédiate, nécessitent de traiter les mécanismes généraux qui les sous-tendent. Voici donc une contribution à des réflexions pratiques à approfondir, individuellement et collectivement, au sein des différentes activités et chaque fois où cela fait sens…

 télecharge le quatre pages http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=6815

 

Ce samedi à marseille,un aprem « contre la prison »

SAMEDI 26 avril à 15 h DISCUSSIONS SUR LA PRISON

A LA PLAINE (place jean Jaurès),

ET toujours sur la plaine à 18 h CONCERTS AVEC  ATTRITO punk hardcore trento – Italie No Chappi ? Bourgeois ! hiphop de cassoc’ gênes – Italie TRACTOR punk féministe agricole genève – Suisse !

La police contrôle, pacifie, tue, la Justice condamne, la prison enferme. La répression n’est pas aveugle et encore moins anodine. Elle vise celles et ceux qui, malgré une position qui les voudraient pauvres et dociles, refusent ce sommeil et prennent part aux affrontements quotidiens contre la galère, les flics, les juges et les matons. La prison est bien plus qu’être enfermé-e entre quatre murs, même si ça commence souvent comme ça pour celles et ceux qui sont frappé-e-s par l’incarcération et pour celles et ceux qui ne détournent pas le regard et s’y confrontent. La prison, outil indispensable aux Pouvoirs pour se maintenir, pointe toujours plus sa sale gueule dans le quotidien de la débrouille et de la révolte. Du graf au vol au supermarché, d’une manif contre un aéroport et son monde, du sabotage contre son entreprise ou d’autres, de la vente à la sauvette aux petits trafics, de la destruction contre son enfermement dans les camps pour sans papiers, de la réappropriation d’une fête carnavalesque de quartier, la prison est là. Elle agit comme une menace et une répression contre toutes celles et ceux qui trouvent que ce système est pourrie et contre toutes celles et ceux déclaré-e-s improductif-ves, nuisibles, anormales-aux, folles-fous, indésirables…inutile-s et délinquant-es. Alors partout où l’on en a envie commençons et continuons à nous battre contre toutes les cages, celles de nos proches, de nous-même et d’autres qui vivent la même situation. Cette invitation se veut une possibilité d’en parler ensemble avec celles et ceux qui nous raconteront des luttes contre l’enfermement, à Marseille et ailleurs. Pour accompagner cette discussion ouverte à tout le monde, il y aura à boire et à manger et un concert pour continuer en beauté, à prix libre en soutien aux prisonnier-es du carnaval de la plaine et à la caisse d’autodéfense phocéenne. Faites tourner l’info !

Egypte : encore sur l’autogestion ou la réalité du moment présent

Les travailleurs luttent pour se gérer eux-mêmes

Article publié sur : Des nouvelles du front

Las de l’inaction du gouvernement concernant la renationalisation judiciaire de leurs entreprises, de nombreux travailleurs ont tenté de prendre les choses en mains au travers d’expériences d’autogestion – pour s’apercevoir que le gouvernement s’opposait activement à leurs efforts.

Le mois dernier les autorités ont stoppé une telle expérience à la Tanta Flax Company dont la renationalisation était attendue depuis plus de deux ans.

Le 15 Mars, la Compagnie de papier du Moyen-Orient (Simo) est devenue le septième compagnie à être renationalisée par ordonnance du tribunal depuis la fin de 2011. Cependant, les autorités de l’Etat n’ont pas encore remis cette société en fonctionnement dans le secteur public.

« Nous ne pouvons pas payer nos loyers ou nourrir nos familles. Nous perdons rapidement tout espoir, car il ne semble y avoir aucune véritable préoccupation des autorités, aucune volonté réelle de résoudre nos griefs. Plus de 500 employés meurent lentement car notre entreprise est paralysée. Nous crions désespérément à l’Etat de sauver notre entreprise »

Depuis Septembre 2011, le tribunal administratif a rendu des verdicts annulant les contrats de privatisation pour la Tanta Flax Company, la Nubariya Seeds Company, la Shebin al – Kom Textile Company et la Nile Cotton Ginning Company, ainsi que la Nasr Steam Boilers Company and et la chaîne de grands magasins d’Omar Effendi.

Selon les conclusions et décisions de la Cour, ces entreprises de service public avaient été vendues à des investisseurs privés de 1990 à 2010 à beaucoup moins que leur valeur réelle sur le marché. Ces entreprises et leurs travailleurs ont été en grande partie laissés dans un état de limbes, n’étant plus exploités par des investisseurs privés ou publics.

À l’exception des magasins Omar Effendi, et à un moindre degré la Shebin al – Kom Textile Company, l’État n’a pas investi dans la renationalisation ou la relance de ces entreprises.

Dans l’espoir de retrouver leur emploi et de voir repartir leurs usines, les travailleurs de ces sept entreprises ont déposé des requêtes et organisé des manifestations et des sit-in exigeant un retour à l’emploi dans les trois ans.

Ces appels appuyés ont rejoints ceux des hauts responsables de l’Etat – y compris le Premier ministre Ibrahim Mehleb, le maréchal Abdel Fattah al – Sisi et le ministre de la Main-d’œuvre Nahed al – Ahsry, entre autres – pour que les travailleurs arrêtent de manifester ou de faire grève, et pour aider à sauver l’économie en reprenant la production.

Mais ces appels à un retour à la production sonnent creux pour de nombreux travailleurs.

« C’est parler dans le vide, pour donner du grain à moudre aux médias », dit Hicham al – OQL de la Tanta Flax and Oils Company.

« C’est le contraire de ces déclarations officielles qui est vrai. Nous, les travailleurs, sommes sans emploi et voulons ré- exploiter nos entreprises, mais le gouvernement nous empêche de nous remettre au travail. «

Poussés par la frustration et les années sans revenu, les travailleurs de la société Tanta Flax ont été le dernier groupe à tenter leur chance dans l’autogestion de leurs usines.

La suite de l’article sur Des nouvelles du front

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