Transformer le silence en paroles et en actes, Audre Lorde, 1977

Ce texte de 1977 vise, entre autres, à faire passer l’idée qu’ouvrir sa gueule, oser prendre les devants ici et maintenant, est une nécessité bénéfique à tous points de vue. En particulier quand on se trouve dans une position sociale minoritaire, marginalisée et/ou stigmatisée.
« La raison du silence, ce sont nos propres peurs, peurs derrière lesquelles chacune d’entre nous se cache – peur du mépris, de la censure, d’un jugement quelconque, ou encore peur d’être repérée, peur du défi, de l’anéantissement. Mais par-dessus tout, je crois, nous craignons la visibilité, cette visibilité sans laquelle nous ne pouvons pas vivre pleinement. »

brochure téléchargeable infokiosques.net

Soirée contre les rapports de domination “classe/race/genre/sexualité”

Soirée contre les rapports de domination “classe/race/genre/sexualité”
 La cafetière, 9 rue de la Palud, Marseille, 19h30
Présentation du texte “Transformer le silence en paroles et en actes” d’Audre Lorde (1977) et projection du documentaire “Tongues Untied” de Marlon Riggs (1989, 0h55, VO américaine sous-titrée en français) suivie d’une discussion libre (et d’un repas vegan à prix libre).

Suite à la parution récente sous forme de brochure d’un court texte d’Audre Lorde, féministe américaine qui s’auto-définissait comme Noire, lesbienne, poète et guerrière, nous projetterons le documentaire “Tongues Untied” (Langues déliées) de Marlon Riggs, lui-même Noir, gay, poète et activiste. Ces deux productions résonnent par leur lutte commune contre les oppressions qui visent les minorité sociales, mais également par l’importance pour celles-ci de briser le silence et contrer les discours dominants. Le documentaire de Marlon Riggs insiste notamment sur les différents rejets auxquels on peut être confronté lorsqu’on est gay et Noir. Dans une interview, Marlon Riggs expliquait : “Franchement, avec Tongues Untied, si les blancs hétéros ne comprennent pas les causes de la colère des Noirs et considèrent juste que c’est un film de propagande, peu importe. Je ne prendrai pas le temps de faire de la pédagogie avec des gens pour qui cette expérience est totalement étrangère. Tongues Untied est la revendication de l’expérience et du ressenti d’homme noirs et gays, fait par un homme noir et gay, ou plutôt plusieurs parce que l’œuvre est traversée de plusieurs voix. Si d’autres comprennent, c’est bien, mais dans ce film faire en sorte que tout le monde comprenne n’était pas mon objectif.” Pourtant, comme les textes d’Audre Lorde, “Tongues Untied” a une portée universelle et permet à chacun-e de comprendre les oppressions vécues et la nécessité de s’auto-organiser pour lutter contre toutes les formes de domination.

Bref voyage dans la prison sociale

Enfermer un être humain dans quelques mètres carrés pendant des mois et des années. Le contrôler, l’épier, l’humilier, le priver de ses affects. La prison est sans conteste une forme de torture. Et pourtant, malgré l’abomination de la torture, la société ne peut se passer de prison. Mieux, on pourrait dire que la prison n’est pas une simple émanation de l’Etat qui vise à réprimer et/ou isoler des êtres humains « déviants », non conformes, superflus ou indésirables. C’est au contraire une pièce organique de la société. A bien regarder l’évolution des choses, on pourrait défendre que la prison n’est pas une extension de la société, mais que la société est une extension de la prison. Autrement dit, la société toute entière est une prison dans laquelle les pénitenciers ne sont que l‘aspect le plus évident et brutal d’un système qui nous rend tous complices et victimes, tous enfermés.

Ce texte se veut un bref voyage à l’intérieur des « quartiers et des sections » de notre monde, un voyage qui n’a pas la prétention d’épuiser le sujet mais veut pointer les responsabilités, parce que, comme on l’a déjà dit plusieurs fois : l’injustice a un nom, un visage et une adresse.

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Lu sur tumult.noblogs.org

Bad Kids 3

Sortie ce mois ci du numéro 3 du journal Toulousain « Bad Kids » : journal d’info et d’analyses pour le saccage du monde capitaliste. Au programme de ce numéro: internationale de l’austérité, pacification et transformation d’un quartier, qu’est-ce que la gauche?, industrie 2.0, le soin pénitentiaire a du cachet, disquette de l’économie. L’article qui suit est extrait du journal, il pose la critique de l’industrie et de l’idéologie du progrès à travers celle de l’exploitation. Le reste du journal est en lien à l’adresse suivante :

http://badkids.noblogs.org/files/2013/03/bk3-pour-impression.pdf

Se défendre face à Pôle Emploi : l’inscription

Différents collectifs de chômeuses et précaires se sont rencontrés à plusieurs reprises en 2012 et 2013 pour partager leur expérience et envisager des actions coordonnées. Au cours de ces rencontres s’est développée l’idée de la rédaction commune d’un guide donnant des éléments pour se défendre face à Pôle emploi. Dans un contexte où nous sommes soigneusement maintenues dans l’ignorance de nos droits, le pouvoir des institutions de gestion de la précarité apparaît trop souvent comme absolu. Comprendre leur logique permet de démystifier ce pouvoir et d’ être moins désemparées face à l’ administration.

Une bonne connaissance de ses droits ne saurait suffire à renverser le rapport de force. D’autant qu’à chaque renégociation des conventions UNEDIC par les « partenaires sociaux » (syndicats dit représentatifs et organisations patronales) les droits des chômeuses sont un peu plus restreints. Et même pour faire appliquer nos maigres droits, il faut souvent batailler, sans que le résultat soit garanti. Reste que mener des actions à plusieurs permet de mieux s’en sortir, de se sentir moins fragiles et de faire éclater à un niveau public donc politique la violence de l’institution.

Nous considérons l’entraide, la solidarité, les rencontres et les luttes collectives, indispensables pour faire bouger les lignes, là où le droit s’arrête, là où les conquêtes collectives se font détruire au profit de la société-entreprise. L’isolement est la première arme de ce pouvoir.

Voici le premier chapitre de ce guide, consacré à l’inscription à Pôle emploi. D’autres suivront, sur l’indemnisation, le suivi, les radiations  et les moyens de contestation des décisions (recours et actions collectives). Ce chapitre n’a pas la prétention d’être exhaustif ni de fournir des réponses clés en mains. En outre les règles évoluant régulièrement, un certain nombre d’éléments devront être réactualisés au cours du temps. Ce travail s’inscrit dans un processus de réappropriation et de partage du savoir. Faites-nous des retours d’après vos propres connaissances et expériences. Faisons-le circulez, discutons-en.

Les CAFards                                                                                      télécharger la brochure

A Marseille, les travailleurs sans-papiers au piège des frontières urbaines (fév 2009)

La porte d’Aix est certainement le point d’entrée et de sortie de Marseille le plus remarquable : dans quelle autre ville une autoroute s’arrête/commence-t-elle au pied d’un arc de triomphe ? Le flot incessant des voitures qui s’y embouteillent allègrement donne à la police d’excellents prétextes pour y pratiquer des contrôles routiers quasi permanents : ceintures mal attachées, clignotants défectueux, franchissement de feux orange un peu trop rouge, vérification d’assurances… Des mauvaises langues parleront également de délits de sale gueule – au-delà de l’état douteux d’une carrosserie. Ah bon ?
Du coup, pour beaucoup, c’est souvent mauvaise pioche que de passer par là: mais sans faire de longs détours aux heures de pointe, peut-on faire autrement ? Surtout que les flics sont aussi en embuscade place Marceau, ou vers la gare… C’est que bien sûr, ces contrôles routiers (officiellement) se transforment régulièrement en contrôles d’identité, dans les règles de l’art. C’est ainsi par centaines que, chaque année, des sans-papiers se font pincer – sur la route du boulot. S’enchaînent alors garde-à-vue, centre de rétention (rutilant, au Canet) puis pour ceux ciblés par un Arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF), la déportation au bout du tunnel – les Baumettes pour ceux qui ne lâchent pas leur identité, ou qui résistent à leur embarquement.
La banalité de ce quotidien urbain, tout en violence étatique aseptisée, continue pourtant de renforcer notre rage et notre détermination : l’évidence de cette pratique policière nous rappelle que la frontière est bel et bien un mode généralisé de gestion de la population, et pas seulement un révélateur de l’ordre économique et coercitif de ce monde. Aujourd’hui, dans ce monde de la mobilité obligatoire, dans cette société à grande vitesse, c’est bien par le flux (tendu) et dans la frontière qu’on voudrait nous voir (sur)vivre. Et les migrants, avec ou sans papiers, de rappeler sans cesse que ce ne sont pas nous qui traversons les frontières, mais bel et bien les frontières qui nous traversent.

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les murs basculent…

la_tete_contre_les_mursRévoltes, mutineries, évasions, grèves de la faim, campagnes de mobilisation et appels à soutien se succèdent dans les prisons et les centres de rétention en Europe et ailleurs.

À la lecture de certains communiqués et lettres de prisonniers publiés durant l’été, on comprend que les événements successifs se sont parfois répandus. des blocages et autres actes de résistances dans des taules ont parfois eu lieu pour soutenir des mouvements dans d’autres taules. Un même discours contre les conditions carcérales et l’enfermement s’est fait entendre de communiqués en revendications, et la presse s’est bien gardée de faire le lien entre ces différents événements. En bref, il y a eu des tentatives de la part des prisonniers et prisonnières pour s’organiser de l’intérieur et résister de multiples façons.

Dans le contexte économique actuel, où nos conditions de survie se dégradent de plus en plus, les prisons et les centres de rétention sont un rouage de la machine à exploiter et à contrôler par lesquels l’état renforce sa domination. Pour maintenir une pression permanente, les salles des tribunaux tournent à plein régime et les prisons de toutes sortes se remplissent.

Cette brochure est une compilation de lettres et communiqués de prisonniers et prisonnières et d’articles de la presse qui témoignent des mouvements qui ont eu lieu cet été dans les prisons et les centres de rétention en France, en Italie, et ailleurs. La liste des événements est loin d’être exhaustive, mais elle permet de cerner un peu mieux l’ampleur de la contestation, de contribuer de l’extérieur à diffuser l’information et relayer des pratiques de résistance, avec la volonté de briser l’isolement « pour qu’enfin on danse sur les ruines de cette porcherie« .

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