liberation / mercredi 19 mars 2014. Des militants d’extrême droite organisent des stages d’autodéfense. Dernier exemple en date: une «tournée de sécurisation» dans le métro lillois. L’initiative fait froid dans le dos. Vendredi 14 mars, une vingtaine de membres de Génération identitaire, section jeunesse du groupuscule d’extrême droite le Bloc identitaire, sont descendus dans le métro lillois pour y mener ce qu’ils appellent une «tournée de sécurisation»… Une initiative sur le mode de l’autodéfense comme les identitaires les apprécient, à l’instar de ce que les néonazis d’Aube dorée ont mis en place en Grèce. «Nous ne voulons pas nous substituer à la police, nous créons le concept de jeunesse vigilante», ont affirmé les organisateurs dans la Voix du Nord. Dénonçant une «insécurité galopante», Aurélien Verhassel, leader de Génération identitaire Flandre et proche du frontiste dunkerquois Philippe Eymery prévient que «tant que les pouvoirs publics ne prendront pas conscience du problème, [ils] recommenceron[t]».
Vêtus de gilets jaunes, les militants-miliciens de Génération identitaire ressembleraient presque aux agents de médiation de Transpole, en gilets rouges, ou de CitéO, de couleur orange. Si ce n’était ces sweat-shirts «Génération anti-racaille» portés par certains, reprenant le slogan d’une campagne de com lancée il y a plusieurs mois par ce groupe d’ultra-droite adepte du raccourci islamophobe immigration-islamisation-insécurité. Les tracts distribués revendiquent ouvertement le crédo de l’autodéfense − «Toi aussi tu as été agressé ?», «Ne recule plus, défends-toi», «Ils ont leur bande, tu as ton clan, face à la racaille, tu n’es plus seul». Et Verhassel de jouer les durs : «Notre seule présence suffira à dissuader les racailles.»
A l’autre bout de la France, à Nice, Philippe Vardon, leader des identitaires locaux de Nissa Rebella − et candidat aux municipales − fait lui aussi l’article de l’autodéfense dans le cadre de l’opération Génération anti-racaille. Publiant régulièrement sur Twitter des photos montrant ses militants à l’entraînement, jusque sur la promenade des Anglais. Et lorsque l’agression d’un bijoutier niçois qui a ouvert le feu a enflammé le débat, Vardon a évidemment défendu le concept de «défense légitime».
En novembre dernier, Rebeyne, antenne lyonnaise de Génération identitaire, avait lancé les mêmes «tournées de sécurisation», notamment à la sortie de certains lycées. «Il s’agit de prévention, et d’informer les moins de 30 ans sur les bonnes réactions à adopter en cas d’agression», expliquait Damien Rieu pour Rebeyne. Selon les identitaires lyonnais, la police «n’a plus les moyens» de faire correctement son travail, ce qui doit conduire les citoyens à «palier à cette faillite». Interrogé par le gratuit Metro, le collectif antifasciste La Horde [sic… La Horde bientôt à Hollywood] voyait surtout dans ces actions un «effet d’annonce», dénonçant que les identitaires «créent eux-mêmes une partie de l’insécurité et de la violence qu’ils prétendent combattre.»
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