contre la construction d’une maxi-prison à Bruxelles

Pour briser la révolte, le pouvoir veut une maxi-prison.

Une nouvelle prison contre la révolte à l’intérieur…
Depuis quelques années, les murs des prisons sont percés par des révoltes, des mutineries et des évasions. Des prisonniers rebelles ont démoli des infrastructures carcérales, allumé des feux, refusé de réintégrer les cellules après le préau, sont montés sur les toits pour marquer leur rage. Ils ont pris des matons en otage, ouvert les portes des cellules pour tout le monde sur la section, aaqué la police en intervention. Le pouls
s’accélère, la respiration devient plus profonde. Dans la révolte, nous découvrons la liberté.
A l’extérieur des murs aussi, certains serrent les poings et passent à l’offensif. De manifestations en aaques contre les entreprises qui font leur beurre sur l’enfermement. D’embuscades contre les matons au mitraillage de la porte de la prison de Forest et des bombes sur le chantier de la nouvelle prison de Marche. De l’organisation d’évasions en émeutes dans les quartiers. Les murs des prisons se sont souvent avérés de ne pas être assez costaux.
Mais face à la révolte, il y a la répression. L’État l’annonce depuis moment: la construction de 13 nouvelles prisons modernes et efficaces. Certaines sont déjà en construction, pour d’autres le gouvernement cherche encore des sites. Mais il est certain qu’à Bruxelles aussi, le pouvoir veut une nouvelle prison, la plus grande de toutes. Il veut la construire sur le territoire de la commune de Haren, entre Evere et Schaerbeek. Là où on peut aujourd’hui encore se promener dans le dernier bout de vert de Haren et contempler l’horizon, ils veulent ériger des murs; des murs et encore des murs.
… et contre la révolte à l’extérieur
Ce n’est pas seulement pour dompter la révolte à l’intérieur des prisons que l’État veut construire cee nouvelle maxi-prison. Cette prison deviendra aussi un élément indispensable dans ce que les puissants sont entrain de faire en général.
Ici à Bruxelles, le pouvoir est en train de mutiler une population entière, sans honte. Des projets de construction pour les puissants et leur fric poussent comme des champignons pendant que le Bruxelles d’en bas est enfoncé encore plus dans la misère; les loyers augmentent, les allocations et les salaires diminuent. Les conditions de travail se dégradent, les lois sur l’immigration se durcissent.
Là où s’impose la fortune, le pouvoir a besoin de se protéger des opprimés, de protéger lui même et sa propriété. Car le vol et la révolte sont toujours possibles. La brutalité des sales keufs va de pair avec la lâcheté de leurs caméras et celles des bourges du coin. La nouvelle prison à Haren servira dans l’avenir à enfermer au moins 1200 personnes. Comme s’il n’y avait pas déjà assez de coups à endurer, pas assez de misère et de souffrance !
Aussi dans cette ville, qui commence à ressembler toujours plus à une prison, c’est la révolte qui nous donne de l’oxygène. La révolte contre les responsables de cee vie enchaînée. La révolte contre les milliers de murs qu’ils ont construits, partout autour de nous. La révolte pour pouvoir être libre, pour pouvoir respirer en être libre.
Nous invitons donc tout le monde à lutter contre ce projet affreux de construire une maxi-prison à Bruxelles. Face à l’arrogance illimitée du pouvoir, c’est à nous qu’il incombe de rassembler notre courage.

La Ruina, contre la construction d’une maxi-prison à Bruxelles, contre la transformation de Bruxelles en ville-prison feu à toutes les prisons – vive la liberté. Un recueil des textes et tracts issus de la lutte contre la maxi-prison. La cavale, contre la prison et son monde

Se défendre face à Pôle Emploi : l’inscription

Différents collectifs de chômeuses et précaires se sont rencontrés à plusieurs reprises en 2012 et 2013 pour partager leur expérience et envisager des actions coordonnées. Au cours de ces rencontres s’est développée l’idée de la rédaction commune d’un guide donnant des éléments pour se défendre face à Pôle emploi. Dans un contexte où nous sommes soigneusement maintenues dans l’ignorance de nos droits, le pouvoir des institutions de gestion de la précarité apparaît trop souvent comme absolu. Comprendre leur logique permet de démystifier ce pouvoir et d’ être moins désemparées face à l’ administration.

Une bonne connaissance de ses droits ne saurait suffire à renverser le rapport de force. D’autant qu’à chaque renégociation des conventions UNEDIC par les « partenaires sociaux » (syndicats dit représentatifs et organisations patronales) les droits des chômeuses sont un peu plus restreints. Et même pour faire appliquer nos maigres droits, il faut souvent batailler, sans que le résultat soit garanti. Reste que mener des actions à plusieurs permet de mieux s’en sortir, de se sentir moins fragiles et de faire éclater à un niveau public donc politique la violence de l’institution.

Nous considérons l’entraide, la solidarité, les rencontres et les luttes collectives, indispensables pour faire bouger les lignes, là où le droit s’arrête, là où les conquêtes collectives se font détruire au profit de la société-entreprise. L’isolement est la première arme de ce pouvoir.

Voici le premier chapitre de ce guide, consacré à l’inscription à Pôle emploi. D’autres suivront, sur l’indemnisation, le suivi, les radiations  et les moyens de contestation des décisions (recours et actions collectives). Ce chapitre n’a pas la prétention d’être exhaustif ni de fournir des réponses clés en mains. En outre les règles évoluant régulièrement, un certain nombre d’éléments devront être réactualisés au cours du temps. Ce travail s’inscrit dans un processus de réappropriation et de partage du savoir. Faites-nous des retours d’après vos propres connaissances et expériences. Faisons-le circulez, discutons-en.

Les CAFards                                                                                      télécharger la brochure

[Éthiopie] Révolte dans un camp suite au naufrage de Lampedusa

En Éthiopie, dans les camps de réfugiés de Maï Ani et d’Adi Arush (nord du pays, plus de 40 000 personnes y sont), une veillée funèbre en mémoire des victimes du naufrage du 3 octobre à Lampedusa a tourné à l’émeute. Une partie des migrants qui sont morts ce jour là seraient auparavant passés par ces camps. Lors de la veillé, un migrant auraient tenté de s’emparer de l’arme d’un flic et aurait été tué, ce qui aurait déclenché l’émeute qui a fait au moins six blessés parmi les réfugiés.

Nous n’avons pas plus d’informations. La seule source concernant ce qui s’est passé est le Haut Commissariat aux Réfugiés, accusé par les migrants de bloquer leur passage en Europe

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les murs basculent…

la_tete_contre_les_mursRévoltes, mutineries, évasions, grèves de la faim, campagnes de mobilisation et appels à soutien se succèdent dans les prisons et les centres de rétention en Europe et ailleurs.

À la lecture de certains communiqués et lettres de prisonniers publiés durant l’été, on comprend que les événements successifs se sont parfois répandus. des blocages et autres actes de résistances dans des taules ont parfois eu lieu pour soutenir des mouvements dans d’autres taules. Un même discours contre les conditions carcérales et l’enfermement s’est fait entendre de communiqués en revendications, et la presse s’est bien gardée de faire le lien entre ces différents événements. En bref, il y a eu des tentatives de la part des prisonniers et prisonnières pour s’organiser de l’intérieur et résister de multiples façons.

Dans le contexte économique actuel, où nos conditions de survie se dégradent de plus en plus, les prisons et les centres de rétention sont un rouage de la machine à exploiter et à contrôler par lesquels l’état renforce sa domination. Pour maintenir une pression permanente, les salles des tribunaux tournent à plein régime et les prisons de toutes sortes se remplissent.

Cette brochure est une compilation de lettres et communiqués de prisonniers et prisonnières et d’articles de la presse qui témoignent des mouvements qui ont eu lieu cet été dans les prisons et les centres de rétention en France, en Italie, et ailleurs. La liste des événements est loin d’être exhaustive, mais elle permet de cerner un peu mieux l’ampleur de la contestation, de contribuer de l’extérieur à diffuser l’information et relayer des pratiques de résistance, avec la volonté de briser l’isolement « pour qu’enfin on danse sur les ruines de cette porcherie« .

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Les frontières assassines de l’Europe

Jeudi 3 octobre une fois de plus une embarcation de migrant-e-s a chaviré : il y avait 450 à 500 personnes à bord, 130 corps ont été retrouvés, 150 survivant-e-s et plus de 200 disparu-e-s. Les dirigeants italiens et de toute l’Europe s’indignent, même le pape s’y met, et les journaux font leur Une morbide exhibant les photos des cadavres repêchés qui s’entassent sur le port de Lampedusa. Une journée de deuil national est prévue pour aujourd’hui en Italie.
Mais depuis 1998, ce sont près de 20 000 migrant-e-s qui sont mort-e-s en mer méditerranée, leurs embarcations ayant chaviré ou ayant été coulées par des gardes côtes à coups de balles dans les pneumatiques ou de collisions. Tous les moyens sont bons pour le pouvoir afin d’empêcher des migrant-e-s de franchir les frontières. Récemment plusieurs pêcheurs ont été condamnés par des tribunaux italiens pour avoir porté secours à des migrant-e-s.
Aux déclarations de compassion “face à ce drame humain” s’ensuivent les annonces de nouvelles mesures pour renforcer encore plus la surveillance des frontières méditerranéennes de l’Europe. Depuis des années se multiplient patrouilles de flics et de militaires conjointes entre les pays européens et africains, et outils de surveillance technologique ultra-sophistiqués : radars, caméras thermiques, et plus récemment des drones. Le tout rendant toujours plus difficile et dangereux le passage. Le 7 octobre prochain, une réunion européenne est prévue au Luxembourg afin de renforcer le système eurosur destiné à la collaboration en matière de lutte contre l’immigration clandestine entre les États membres de l’UE et avec l’agence de surveillance des frontières Frontex : partage de données (par exemple les empreintes) et d’informations en temps réel entre diverses autorités et outils de surveillance, tels que les satellites ou les systèmes de comptes rendus des navires, par le biais d’un réseau de communication protégé. Mardi dernier à Tripoli en Libye (là d’où est parti le bateau) les chefs d’état-major des armées libyenne et italienne se sont entretenus dans le cadre des accords de coopération entre les deux pays, sur les moyens de renforcer leurs relations militaires, notamment en matière de lutte contre l’immigration et de protection des frontières.
On a appris il y a quelques heures qu’un supposé passeur aurait été arrêté parmi les survivants. Pour légitimer un peu plus leur discours les dirigeants aidés de leurs amis journalistes, mettent l’accent sur “les mafias de passeurs” et “les réseaux terroristes” qui favorisent l’immigration clandestine et les trafics de drogue. Le mec arrêté serait un tunisien, enregistré à Lampedusa il y a quelques mois et qui venait de se faire expulser.
Ceux qui parlent à l’heure actuelle d’un drame humain et prétendent agir sont les mêmes qui tuent en renforçant toujours plus le contrôle et la répression aux frontières de l’Europe.
Il faut en finir avec les frontières et les États, pour la liberté !

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Encore un effort, l’été au CIE

Nous publions ici un article tiré du numéro de septembre du mensuel anarchiste italien Invece, accompagné d’un schéma qui représente la situation des CIE en Italie. Le nombre de places effectivement disponibles dans les centres endommagés par les révoltes -mais encore en fonctionnement- change de jour en jour, et pourrait donc être d’unemappa_cie_2 précision relative. Dans tous les cas sur treize centres, six sont fermés et quasiment tous ceux qui sont restés ouverts sont plus ou moins sévèrement endommagés. Si vous voulez le comparer au schéma original, qui date d’il y a deux ans, vous pouvez le trouver sur le site du Ministère de l’intérieur

 

Encore un effort, l’été au CIE 

Après les révoltes survenues l’hiver et le printemps derniers – ayant réduit la capacité ou provoqué directement la fermeture de plusieurs Centre d’Identification et d’Expulsion -, la rage des retenus contre ces camps a continué à se propager cet été.

Le 18 juin à Crotone quelques retenus s’affrontent avec les forces de l’ordre avec des barres de fer et des pierres trouvées sur place pour protester contre les conditions de détention. Cinq flics et quatre militaires sont blessés. Dans l’après-midi du 19 juin dans deux blocs du CIE de Modena le mobilier est défoncé et les panneaux de plexiglas cassés, dans la cour intérieure plusieurs matelas sont brûlés. A minuit, lorsque les retenus apprennent qu’il n’y aura pas assez de matelas pour tous, la révolte explose à nouveau : 13 retenus montent sur le toit utilisant comme échelle les trous faits dans les panneaux de plexiglas et commencent à lancer des tuiles, tenant en respect jusqu’à quatre heures du matin les policiers, les gendarmes, les militaires et les agents municipaux accourus à toute hâte. 70000 euros de dommages ont été infligés à la structure, et alors que la révolte était en cours, des inconnus ont profité des rues relativement vides pour dévaliser un magasin à quelques centaines de mètres de là: 40 000 euros de facture. Le syndicat de police Siulp, le préfet et le commissaire se lamentent et demandent bruyamment la fermeture du centre, ils obtiendront satisfaction à la mi-août, quand le CIE se verra vidé et fermé pour restructuration. Quelques jours plus tard, la nuit du dimanche 21 au lundi 22 juillet, dans le CIE de Corso Brunelleschi à Turin, les retenus de la section blanche, la plus neuve, celle justement pensée pour résister aux désordres, donnent vie à une énième révolte. Les mesures anti-révolte (lits vissés au sol et tables en ciment) n’empêchent pas les retenus d’endommager sérieusement le bâtiment. Peu de temps après des feux sont allumés dans les sections jaune, rouge et bleue. Durant l’émeute certains retenus tentent de s’évader: certains seront repris immédiatement dont un blessé, emmené à l’hôpital après une chute, un autre semble, en revanche, avoir réussi à se faire la belle. Il n’y a pas eu d’arrestations. Et jusqu’au mardi matin suivant les retenus des diverses sections ont dormi dans les cours à cause des dommages infligés à la structure.

Dans le centre de Gradisca, le 8 août au soir, les retenus refusent de rentrer dans les chambres et la police décide de les convaincre avec matraques et lacrymogènes : pour ne pas étouffer ils cassent plusieurs panneaux de plexiglas qui entourent la cour de la section. Trois jours plus tard nouvelles révoltes et nouveaux lancers de lacrymogènes : plusieurs retenus montent sur les toits, tentant peut-être de s’échapper mais deux personnes tombent. L’une d’elles se blesse gravement. Cherchant à ramener le calme, le préfet est contraint de céder à certaines demandes : les téléphones qui étaient interdits depuis des mois dans le centre de Gradisca sont restitués et la salle à manger commune, fermée voilà longtemps pour éviter de dangereux rassemblements, est réouverte. Samedi 17, tandis que 200 personnes se rassemblent dehors en solidarité avec les retenus en lutte, ces derniers détruisent de nouveau des panneaux de plexiglas et montent sur les toits y restant jusque tard dans la nuit. La nuit du lundi au mardi 20, pour finir, profitant du mauvais temps et de l’absence de réparation des panneaux de plexiglas, plusieurs retenus profitent de la relève pour escalader le mur d’enceinte. Les militaires de garde, malgré une intervention tardive, ont réussi à arrêter plusieurs fugitifs. Il semble, cependant, que six, au moins, ont réussi à s’évader. Dans la nuit du 10 août , à Crotone, un retenu de 31 ans meurt – de maladie d’après les communiqués successifs de la police et de la Misericordia  (gestionnaire du centre). Une étincelle qui allume l’incendie : les retenus du centre, une cinquantaine en tout, donnent vie à une révolte et  détruisent en quelques heures les murs et la vidéosurveillance puis incendient les chambres et le mobilier. Ainsi, la prison étant ingérable et inutilisable, la préfecture décide de fermer les portes et de transférer les retenus dans d’autres centres.

Comme on le disait plus haut, les retenus des CIE continuent donc, coup sur coup, morceau après morceau, à démanteler la machine à expulser. Des quelques deux milles places d’internement prévues pour les sans-papiers, il en reste aujourd’hui moins de la moitié de disponible. A Rome, les responsables des CIE de tout le pays continuent à tenir des réunions d’urgence pour faire le point sur la situation. Avec leur rage, leur obstination et leur aspiration à la liberté les retenus montrent comment “feux aux prisons” ne saurait être qu’un slogan ou un tag sur les murs. Alors que les CIE connaissent l’un des plus forts moments de conflictualité, l’initiative des ennemis des expulsions n’est pas à la hauteur de ce que la situation demanderait.[…] Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de souligner à quel point il est urgent de reprendre les hostilités “dehors” aussi. Saisir l’occasion. Parce que ces parenthèses favorables dans lesquelles l’ennemi est en grande difficulté ne durent généralement pas longtemps. Et aujourd’hui nous, “dehors”, nous pouvons et nous devons renvoyer la balle pour faire en sorte que ces camps pour sans papiers n’existent plus.

Traduit de macerie

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La répression et son petit monde.

Quelques réflexions pour ne pas faire d’un thème particulier un point isolé

Aujourd’hui, le constat que nous vivons sous le règne de la séparation est plutôt partagé, et n’a rien de bien original. Les analyses qui pointent ce mécanisme ne manquent pas, même si les partisans de l’économicisme tendent encore à le réduire à sa plus simple expression. Surtout, chacun, chacune éprouve profondément et au quotidien à quel point l’organisation sociale qui repose sur tant de séparations contribue à nous rendre étrangers les uns aux autres ainsi qu’à nous-mêmes, combien elle nous mutile de/avec notre environnement, combien la division du temps, de l’espace, des activités participe de la dépossession individuelle et généralisée. Il est donc logique que des discussions portent sur comment battre en brèche cet état de choses, en réfléchissant aux éventuels liens à créer entre celles et ceux qui vivent cette nécessité, mais aussi aux manières d’aborder et de relier sans les hiérarchiser les divers aspects de la domination. Car en fin de compte, le but n’est-il pas d’en finir avec les misères qu’elle engendre ?

Pourtant, tout n’est pas si simple, et il n’est pas rare que des luttes qui se veulent radicales reproduisent assez vite certaines formes de morcellement. C’est par exemple le cas lorsque des catégories inhérentes au système que nous souhaitons voir disparaître sont reprises telles quelles, notamment comme point de départ d’un possible commun. Comme si faire des travailleurs, des précaires, des prisonniers, des sans-papiers ou autres «sans» d’hypothétiques sujets de lutte ou de transformation sociale ne correspondait pas justement à ce qu’on aimerait faire de nous : une juxtaposition d’identités parcellaires enfermées dans différentes cases, bien que poreuses et perméables. Même si ces définitions sont liées à des situations sociales bien réelles, elles n’en réduisent pas moins des individus aux seules positions que la société leur assigne, et ne disent en tout cas rien de qu’ils sont, font, veulent ou ne veulent pas.

Alors, plutôt que de reproduire à l’infini ces catégories, parfois érigées en identités, ne serait-il pas possible de s’associer sur la base d’un commun qui dépasserait la condition particulière faite à chacun ? Un commun qui ne serait certainement pas un Tout, mais pourrait s’incarner en négatif comme en positif dans des refus, des désirs, des idées partagées et portées par chacun. Approfondir ces aspects contribuerait sans doute à sortir de la dichotomie intériorité/extériorité inhérente à tout sujet/identité, mais aussi à avancer vers des projets en tension avec nos aspirations réelles, comme par exemple cette volonté farouche d’en finir avec toutes les cases et cages auxquelles nous nous heurtons (frontières, enfermement, salariat …).

Un autre frein à la remise en cause de toutes les séparations qui nous sont imposées réside certainement aussi dans le fait de concevoir nos luttes comme étant nécessairement partielles. Or, plus un terrain de lutte sera d’emblée défini étroitement, et plus lui seront imposées des limites difficiles à dépasser, tant au niveau des échos qu’il pourrait rencontrer, que de la remise en question de l’ensemble de ce système social. Les sauts qualitatifs – qui ne sont pas nécessairement quantitatifs – sont certes toujours possibles, mais il reste alors indispensable que celles et ceux qui les souhaitent oeuvrent réellement à ce que la lutte ne tourne pas sur elle-même, ou ne se focalise pas sur les seuls objectifs considérés à tort ou à raison comme plus facilement et rapidement atteignables. Dans une perspective émancipatrice, pourquoi en effet détacher arbitrairement les « besoins » (plus ou moins immédiats selon les critères) des envies et des désirs qui les accompagnent ? Pourquoi devrait-on maintenir une quelconque ambigüité sur ce que nous pensons du fonctionnement de ce système, et l’antagonisme que nous souhaitons lui opposer ? Au nom de quoi se mettrait-on à défendre ou à revendiquer des miettes, au lieu de porter un possible commun, comme par exemple le dégoût de l’exploitation et de l’esclavage salarié et le goût du sabotage de ce monde ; la critique de l’urbanisme concentrationnaire et les débrouilles offensives qui en découlent ? Pourquoi isoler certaines parties d’un tout qu’il ne s’agit ni de réformer ni d’humaniser, mais bien de détruire ?

Bien sûr, libre à chacun d’attaquer le monstre des rapports aliénés par les angles qui lui paraissent les plus propices ou lui tiennent le plus à coeur. Cependant, c’est de la manière de porter ces attaques – évidemment liée aux pourquoi – que dépendra aussi leur dimension subversive. C’est à partir de là que se posent toute une série de questions (aux conséquences éminement pratiques) quant aux objectifs que nous nous proposons d’atteindre, aux moyens que nous pensons adéquats, ce à quoi nous aspirons et ce que nous espérons développer à plus ou moins long terme, à nos perspectives générales en somme. Il s’agit là de questions essentielles qui font partie de la lutte pour nous réapproprier nos vies, et pas de simples jeux d’esprit. En outre, les réponses que chacun, chacune y apporte au quotidien comme dans n’importe quelle lutte particulière, pourraient bien constituer une base pour dépasser les fausses séparations.

Bien sûr, le but n’est pas de tenter d’unifier ce qui, pour de vraies raisons de fond, comme des visions ou des perspectives antinomiques, s’avèrerait inconciliable. Cela ne pourrait d’ailleurs s’opérer qu’au prix de concessions d’ordre politiques ou de renoncements essentiels. L’idée serait plutôt de chercher et de nouer des complicités à l’intérieur de parcours de lutte contre l’autorité et ce qu’elle veut nous imposer.

Dans le vif du sujet : « répression et anti-répression »

Liée à la survie ou aux désirs inassouvis de vivre libres, la répression s’impose sous bien des formes. Vue l’étendue des répressions qu’exerce ce système à travers tous ses rouages et des pressions quotidiennes que produisent l’ensemble des rapports sociaux – dont nous sommes partie prenante et que nous reproduisons aussi – il y a de quoi faire… En ce sens, lutter contre la répression et ce qui la sous-tend ne consiste ni plus ni moins qu’à se battre contre l’ensemble des rapports de domination et pour la liberté. Mais ce n’est généralement pas ce que l’on entend par là.

Si la répression fait certes partie du quotidien, c’est aussi une question qui se pose immédiatement dans toute lutte, particulièrement lorsqu’elle ne fait pas mystère de sa volonté de bouleversement social. Tenter d’oeuvrer directement à la destruction de ce système nous expose à ses foudres, comme quelques affaires nous l’ont rappelé ces dernières années en France. Ce qui est le lot habituel dans d’autres pays, c’est-à-dire une répression spécifique contre des idées et des actes menaçant et visant à renverser l’ordre établi, est donc à nouveau à l’ordre du jour.

Dans les deux cas pourtant, qu’il s’agisse du quotidien de la domestication ou des luttes particulières, c’est de la manière dont on analyse la répression en général que découle comment on décide de l’affronter publiquement. Avec les conséquences très pratiques que cela ne manque pas d’avoir.

Se focaliser uniquement sur tel ou tel outil répressif (l’ADN, le flash-ball, l’énième loi «sécuritaire» … ) alors que l’arsenal déjà fourni ne cesse de s’agrandir, revient souvent à se placer sur le terrain défini par l’Etat. C’est ainsi le cas lorsque l’étude technique de certaines « innovations » ou perfectionnements supplante l’analyse des contextes dans lesquels ils s’insèrent et plus encore quand la contestation se borne à réclamer leur abolition, ouvrant grand la voie au réformisme. Cela peut aussi passer par le fait de reprendre des catégories créées par d’autres, si ce n’est pour les revendiquer, tout au moins en s’y attachant exagérément. On pourrait citer pêle-mêle les «délinquants de banlieue», les «terroristes», les «militants» ou les « membres » de telle ou telle « mouvance ». Personne n’a le monopole de certaines pratiques offensives, à moins de nier la dimension sociale des illégalismes. Plus généralement, attaquer la répression par le plus petit bout de la lorgnette ne permet guère d’élargir le champ d’intervention vers une remise en cause de la Loi en soi. De même, considérer comme inacceptable telle ou telle répression particulière amène presque inévitablement à tenter d’en démontrer le caractère infondé ou injuste – en mettant notamment en avant l’innocence ou quelque prétendue déviation du droit.

Les cris d’orfraie qui reviennent régulièrement à propos d’une soi-disant « criminalisation du mouvement social » en sont un exemple banal. La « légitimité » des accusés ou de certains actes devrait manifestement découler de leur caractère « militant » ou du contexte de lutte – avec la carotte qu’un grand nombre de participants constituerait en plus une circonstance atténuante. Cela signifie-t-il que des individus ou des pratiques qui ne rempliraient pas ces conditions seraient légitimement condamnables ? A force d’insister sur l’aspect collectif d’un mouvement ou celui partagé d’une pratique à des moments donnés, ne finit-on pas par découper la conflictualité en petites tranches plus digérables par la répression, et surtout par ignorer une grande partie de l’antagonisme, celle pratiquée quotidiennement de manière diffuse, qui a ses raisons propres et utilise tous types de moyens liés à l’imagination et la détermination ?

Un autre exemple de cet enfermement sur le terrain de l’Etat est la polarisation sur certains types de procédures (comme l’anti-terrorisme) vues comme des exceptions, ce qui revient à reconnaître, ne serait-ce qu’en creux, la loi, la justice et l’ordre «normal» qui les sous-tend. Il n’est pas étonnant dans cette logique que les médiations institutionnelles classiques (partis, syndicats, médias…) soient utilisées pour s’adresser à l’Etat, puisque celui-ci, mis face à ses responsabilités, serait supposé rectifier ses abus ou les erreurs de ses serviteurs. Tout se passe donc comme si, au nom de l’urgence et d’une certaine « gravité de la situation », on pouvait soudain évacuer la question du fonctionnement de ce système, mettre en avant les libertés formelles qu’il est censé garantir, jouer sur l’indignation voire la récupération citoyenne, quitte à réhabiliter de fait l’idée de démocratie, de délégation et de représentation.

Ce type de réflexes antirépressifs, même quand leurs intentions ne sont pas strictement politiciennes, n’en neutralisent pas moins toute portée subversive. Ils se produisent aussi et surtout, au-delà de chaque cas particulier, quand la répression est vécue comme un moment séparé, une sorte de parenthèse où toutes les contradictions seraient abolies. Et c’est ainsi que l’action directe peut allègrement cohabiter avec des stratégies opposées, finissant toujours par être instrumentalisée à leur profit, et qu’on pourrait utiliser en soutien n’importe quels larbins de la domination et les pompiers de service (élus, prêtres, partis ou syndicats, peu importe). Cette logique démocrate du tout compatible tant qu’on reste raisonnables, contribue précisément à intégrer la contestation, à éliminer le dissensus et participe à ce que l’Etat puisse atteindre ses objectifs de contention. Un tel renversement est particulièrement troublant et criant quand l’une des prétentions de départ était la remise en cause de l’ordre existant.

Répression, Etat et rapports sociaux

Une autre manière d’affronter la question pourrait à l’inverse consister à ne pas faire de la répression une exception à l’ordre de ce monde, y compris quand elle frappe de manière spécifique celles et ceux qui sont déterminés à saper ses bases.

Même en ne s’intéressant qu’aux seuls appareils policier, judiciaire et carcéral, il est difficile de ne pas se rendre compte de tous les moyens dont ils disposent et font usage pour maintenir et préserver l’ordre social. Que ce soit pour défendre la sacro-sainte propriété, le monopole de la violence, les valeurs et les normes dominantes érigées en lois, l’Etat s’est donné depuis belle lurette les moyens de contrôler, de menacer et de punir ; et il ne s’en prive pas. On ne peut donc attaquer fondamentalement ces piliers de la société sans mener une critique directe de l’Etat en soi, dont la seule existence signifie la répression des désirs et volontés individuelles au nom de quelque intérêt supérieur ou d’un supposé « bien commun ». Un aspect trop souvent absent lorsque le combat s’arrête plus ou moins volontairement sur les expressions visibles de la police (qui ne se réduit pas aux seuls uniformes), de la justice (qui couvre un champ plus large encore que tous les codes pénaux) et de la prison (si présente au delà des murs).

De même, on ne peut séparer une fois de plus ce qui va intrinsèquement de pair, c’est-à-dire l’aspect nécessairement coercitif de l’Etat de son côté prétendument « social », comme si cet aspect ne faisait pas partie intégrante de l’ensemble de sa gestion, comme s’il ne modelait et n’envahissait pas les écoles, les lieux de travail, les organismes sociaux et tous les endroits où nous habitons.

L’écrasement que nous subissons et contre lequel il s’agit de lutter est aussi un rapport social. A trop insister parfois sur la coercicion et tous ses instruments, on en vient facilement à exagérer ses effets –déjà énormes– par rapport aux possibilités de les affronter, mais on risque surtout de passer à la trappe d’autres mécanismes sociaux qui travaillent largement à la pacification (notamment dans les systèmes démocratiques) et qui reposent aussi sur diverses formes de consentement, d’adhésion et de participation.

En réalité, la question n’est pas de refuser a priori toute lutte qui prendrait telle ou telle structure ou processus répressif comme point de départ dans l’attaque de ce monde, mais de faire en sorte que l’ensemble des dimensions posées ici soient présentes. Pour ne pas détacher la répression de la critique de l’Etat dans son ensemble, et ne pas réduire non plus cette dernière à des dispositifs séparés des rapports sociaux, on pourrait par exemple aborder la question de la prison sociale, qui ouvre de vastes débouchés théorico-pratiques et des possibilités d’approfondissement.

Remettre en cause toutes les prisons implique en effet de se pencher sur les mécanismes de contrôle et d’enfermement qui traversent l’ensemble de la société. En ne se concentrant plus uniquement sur un aspect particulier de la gestion carcérale ou sur la mise en place de nouveaux dispositifs répressifs ou de surveillance, on peut dans un même mouvement se saisir des codes moraux et sociaux qui constituent autant de strates participant à la domination et peuvent aussi s’incarner très concrètement… Pour n’en citer que quelques unes, il y a le rapport à la loi (quelle qu’elle soit) et au conflit, la collaboration citoyenne, le contrôle social diffus sur les différents aspects de la vie de chacun, chacune. S’attaquer à ce qui nous enferme au quotidien comporte alors un défi de taille : porter des contenus et des pratiques résolument anti-autoritaires au coeur des rencontres que nous espérons faire dans une lutte contre les différents murs de cette prison sociale.

De même, une lutte spécifique contre telle ou telle structure carcérale peut avoir pour but de l’attaquer directement pour la détruire, mais avec en ligne de mire le « monde qui la produit ». Ce n’est en effet pas un vain mot ou un simple slogan, lorsque les objectifs que se donne une telle lutte sont aussi la diffusion d’idées émancipatrices, la propagation de manières de s’auto-organiser qui permettent à chacun, chacune de prendre l’initiative en dehors des médiations institutionnelles et de toute hiérarchie, ainsi que l’extension des hostilités individuelles et collectives dans une perspective révolutionnaire.

Autant de choses à creuser dans ce genre de luttes comme dans n’importe quel combat que nous souhaitons impulser ou auquel nous décidons de participer.

Anti-répression et solidarité

Une critique classique adressée à celles et ceux qui feraient de « l’anti- répression », et au réflexe anti-répressif en général, est la tendance à délaisser provisoirement le reste de ses activités pour se restreindre à une stricte autodéfense. Trop souvent en effet, quand la répression vient frapper à la porte, elle paralyse non seulement des énergies par ses effets directs et son épée de Damoclès, mais elle parvient aussi à monopoliser le terrain et le calendrier. Il arrive ainsi qu’à force de concentrer l’essentiel du temps et des efforts sur ce qui arrive aux compagnons ou camarades, on en vienne à perdre de vue ce contre quoi ils se battent et à négliger, voire abandonner, le pourquoi nous nous battons. Triste paradoxe, auquel s’opposerait comme un effet miroir, la proposition malheureusement souvent conçue de manière bien trop abstraite et détachée, de poursuivre génériquement les luttes. Comme si de rien n’était ?

Il ne s’agit pas de faire ici une proposition de lutte anti-répressive, encore moins si celle-ci devait se substituer à l’offensive contre l’ensemble de ce système. Nous savons que le terrain de l’opposition à la répression est miné, mais à peu de choses près, ni plus ni moins que tout ce que ce monde nous réserve, car nous n’en n’avons pas choisi les contours. Comme dans tout combat qui se présente, c’est donc à nous de décider de ce que nous voulons en faire ; de choisir d’en déplacer les termes, s’ils sont par trop enfermants ; de tenter de le porter là où le bât blesse, où existent des possibilités d’échos, voire de rencontres complices dans l’antagonisme. Dès lors, au nom de quoi refuserait-on de prendre à bras le corps cet aspect de l’affrontement ? Si nous les envisageons dans le vaste contexte de la guerre sociale à laquelle nous prenons part, il ne devrait pas être si difficile ni artificiel de répondre à ce genre de coups en les reliant aux autres oppressions et surtout aux autres révoltes.

La solidarité ne se base pas sur le fait répressif en tant que tel, mais sur ce en quoi nous nous reconnaissons, dans ce qui peut motiver des individus, des luttes, des actes… Bien plus que du soutien à des personnes en butte à la répression, la solidarité est surtout une manière de continuer à porter en avant un antagonisme avec ses pourquoi. Quand l’Etat essaie de faire rentrer les récalcitrants dans le rang, une erreur serait de les pousser dans de nouvelles cases, en contribuant ainsi à les isoler du reste de la conflictualité sociale (nul besoin d’être «militant» ou proche d’une «victime de bavures policières» pour se reconnaître dans l’hostilité contre les keufs et contre le système qu’ils contribuent à maintenir en place, par exemple). La rage et la révolte contre l’existant se manifestent en permanence, de bien des manières et en bien des endroits. Et si elles nous animent aussi, exprimons-les alors en mots et en actes, dans un échange avec ce qui nous parle et nous tient à coeur, comme le refus de l’autorité et nos désirs de liberté. Car n’est-ce pas ce que nous souhaitons voir s’étendre ?

De la même façon que le mécanisme répressif ne peut être résumé à de simples procédures ou à de sales journées passées sur les bancs d’un tribunal, l’autodéfense – surtout quand on veut changer le monde – ne peut se réduire à la seule expertise, y compris partagée, en matière juridique. Si nous pouvons nous saisir de ces occasions-là (interventions policières, incarcérations, procès) comme de tant d’autres pour faire de l’agitation, ce n’est pas avec de savants calculs sur les effets que cela aurait sur une issue judiciaire. L’Etat a ses raisons qui ne sont pas les nôtres, et de toute façon l’idée n’est pas de s’adresser au pouvoir, mais de tenter une fois de plus d’établir un dialogue au sein de la conflictualité. En ce sens, la notion de rapport de force ne se limite pas au temps d’une affaire, d’un procès ou de n’importe quelle «campagne». De même, la réussite ou l’échec ne se mesureront pas à l’aune de la quantité de gens qui s’y seront directement intéressés ou de la lourdeur des condamnations, mais notamment à la manière dont nous aurons contribué à renforcer et à étendre un antagonisme à la fois général et individuel. Cela est certes bien difficile à évaluer, excepté les quelques échos proches ou plus « lointains » qui peuvent nous parvenir et ne sont pas négligeables. C’est d’ailleurs souvent en vain que l’on chercherait à quantifier les effets de telle ou telle intervention, tant ils peuvent traverser l’espace et le temps et nous dépasser, comme le champ de nos connaissances immédiates. A nous donc de définir nos propres critères et d’expérimenter différents mélanges solidaires toujours plus explosifs. Dans cette optique, tenter de s’opposer de la manière la plus offensive et subversive possible à tout ce qui nous enferme et nous détruit au jour le jour –dont police, justice, prison ne constituent effectivement qu’un pan– ne relève pas tant d’une autodéfense militante, pour ceux qui tiennent à ce terme (avec ce que nous sommes, nos idées, nos aspirations et les pratiques qui en découlent), que d’une certaine conception de la lutte.

La solidarité reste une de nos armes à affûter contre un système qui fonctionne aussi sur l’intimidation et sur l’atomisation. Avec un peu d’imagination et de créativité, associées à une analyse du contexte social dans lequel on se trouve, on pourrait même aider à briser quelque peu ces deux aspects fondamentaux de la domination. Face à tous les obstacles qui jalonnent le chemin, une certaine cohérence et continuité ne contribuent pas seulement à éviter le morcellement de nos activités et de nos individualités, mais pourraient aussi devenir un point d’appui pour partager et approfondir avec d’autres une tension commune vers la liberté.

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[Paru dans Subversions n°1, revue anarchiste de critique sociale, septembre 2012]

La chasse au trésor

La chasse au trésor (1h39′, 2007), est un film collectif, « un film d’investigation sur l’extraction de l’or au nord de Halkidiki », selon les réalisateurs. Il a était fini en 2007, et retrace la longue lutte des habitants de certains villages de la région de Halkidiki, au nord de la Grèce, qui s’opposent à la construction d’une mine d’or en plein milieu d’une des plus belles foret du pays par une compagnie canadienne. Le documentaire fini avec la victoire des habitants du village de Olympiada et le commencement de la lutte des habitants de Megali Panagia et Ierissos contre le lancement d’un nouveau plan d’extraction près de leurs villages. Une lutte qu’aujourd’hui, 6 ans après, est devenu une des luttes principales qui se déroulent dans le territoire grecque.

Révoltes et évasions dans les centres de rétentions en Europe cet été

Vincennes : évasion collective 31 août                             http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2013/09/01/evasion-collective-du-cra-de-vincennes-nuit-du-30-au-31-aout-2013/

[Mesnil-Amelot] Mutinerie au centre de rétention ? 22 août 2013 http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2013/08/24/mesnil-amelot-mutinerie-au-centre-de-retention-22-aout-2013/

[Gradisca] Cordes et barres ? 30 et 31 août 2013 http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2013/09/01/gradisca-cordes-et-barres-30-et-31-aout-2013/                                                                                                              Les semaines précédentes à Gradisca :                 http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/tag/gradisca/

[Turin] Grimper de corde au Cie ? 27 août 2013              http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2013/08/28/turin-grimper-de-corde-au-cie-27-aout-2013/

[Crotone] Le CIE fermé suite à une révolte ? 12 août 2013 http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2013/08/24/crotone-le-cie-ferme-suite-a-une-revolte-12-aout-2013/ http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2013/06/19/crotone-emeute-au-cie-s-ana-18-juin-2013/

La solidarité est une arme, utilisons-la.

Eté 2013 dans les taules en Italie

La « coordination des détenus », née de manière spontanée la veille de la manifestation nationale (anticarcérale, ndt) à Parme le 25 mai 2013, veut porter en avant une mobilisation contre les conditions inhumaines et toutes les barbaries du système pénitencier italien.

La date du 25 mai été un épisode important pour nos luttes, à l’intérieur comme à l’extérieur de ces murs et a amené une prise de conscience ; les nombreux témoignages de solidarité ont réchauffé nos cœurs et ont porté la nécessité de ne plus rester indifférent face à une situation intolérable, pour laquelle des organisations internationales ont déjà condamné notre pays.

En même temps que la grève de Parme, des détenus ont entrepris diverses formes de protestation comme la grève de la faim, le refus de consommer la nourriture distribuée par la prison, des pétitions, des « battitura » (du bruit répétitif sur les barreaux des cellules), mais les difficultés de communication ont empêché une plus large adhésion.

Ceci ne nous décourage pas. Au contraire ça nous stimule à mieux faire et à s’y engager davantage, parce que nous savons aujourd’hui plus que jamais que seule la lutte paye…

Nous avons décidé d’appeler à une mobilisation nationale pour le mois de septembre qui commencera le 10 et finira le 30 septembre. Notre intention est de faire entendre notre voix et protester contre la situation explosive des prisons italiennes avec une surpopulation intolérable, avec des détenus entassés dans des cellules infâmes, dans des conditions hygiéniques quotidienne à la limite de la décence, dans lesquelles on subit la spéculation sur les prix des marchandises, l’exploitation véritable des détenus « lavoranti » (travailleurs), des traitements inhumains de toutes sortes, des abus en tous genres et beaucoup, beaucoup d’autres choses encore.

Nous devons aussi protester contre toutes les formes de tortures légalisées que subissent les « internés » des régimes 41 bis et 14 bis (sorte de Quartier Haute Sécurité ou Quartier d’Isolement ) et de haute surveillance qui sont quotidiennement assassinés psychologiquement et physiquement. Nous demandons l’abolition de ces instruments digne de la pire dictature et l’abolition de la loi Cinelli (réforme sécuritaire de 2012 de l’administration pénitentiaire, renforçant le pouvoir de celle-ci dans la pleine gestion de ce qu’il se déroule dans les prisons, ndt).

Il est important de préciser qu’avec cette forme de protestation, nous ne demandons pas des réductions ou des aménagements  de peines; s’ils arrivent, ils serviront à amoindrir la souffrance de quelques détenus et à faire éviter à l’Italie de payer les amendes salées de l’union Européenne. Nous demandons des interventions concrètes, qui visent au respect des droits naturels de l’être humain et de l’article 27 de la Constitution (responsabilité pénale du détenus, devoirs de l’administration pénitentiaire, présomption d’innocence devant la justice et droits de l’Homme en prison, abolition de la peine de mort, ndt).

Pour la réussite de cette mobilisation, nous invitons tous les frères détenus à adhérer à la grève, et à s’engager du 10 au 18 septembre dans une grève de la faim et du 18 au 30 septembre à des formes de protestation qu’ils organiseront et retiendront les plus adéquates. (Nous conseillons dans les même temps l’écriture de communiqué et de pétitions).

En parallèle, nous appelons à tous les mouvements dehors, aux simples citoyens, aux familles de détenus, aux organisations -politiques ou non-, d’être notre voix à l’extérieur de ces murs, de soutenir nos revendications, de créer un réseau solidaire, d’informer le plus de personnes possible, diffusé le plus possible ce communiqué et les informations relatives à la protestation, de décider des formes de lutte à l’extérieur des prisons et d’organiser une manifestation nationale.

Le premier pas pour briser ces chaines c’est rompre le mur de l’indifférence.

La solidarité est une arme, utilisons-la.

La « coordination des détenus »