« On ne négociera pas » Communiqué des retenus du centre de rétention de Vincennes

 

noir et blancJeudi 21 août 2014, Abdelhak Goradia est décédé alors qu’il était conduit par les flics à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour être expulsé vers l’Algérie. Il avait réussi à refuser une première fois son expulsion le 16 août dernier. Selon la version policière, c’est dans le fourgon en arrivant à l’aéroport qu’il aurait eu « une crise cardiaque ». Les flics ont même parlé d’une mort naturelle. Or, l’autopsie a révélé qu’il était décédé par asphyxie. Ce n’est pas la première fois qu’une personne décède lors de son expulsion. Plusieurs sans papiers sont en effet morts assassinés par la PAF comme Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003. Les retenus du bâtiment 1 de Vincennes se sont mis en grève de la faim dès qu’ils ont appris la mort de leur camarade. Ils ont rédigé un communiqué que voici : « Nous, retenus du bâtiment 1 du CRA de Vincennes, demandons: – que des journalistes puissent venir voir les conditions de vie dans le centre – que les acteurs des violences envers M. Goradia soient punis, car ils l’ont tabassé à mort. – que la durée de rétention soit réduite à 20 jours car il y a trop de violences. Ce n’est pas la peine, 45 jours, ça ne sert à rien – que la nourriture soit améliorée. On mange très mal alors qu’on n’a pas demandé à être ici. – Une partie de la police est très agressive verbalement et fait des provocations. Ils vont jusqu’à dire des insultes dans le micro. Ils hurlent et font des gestes obscènes. On ne négociera pas. On continuera la grève de la faim tant que nos revendications ne seront pas satisfaites  » Liberté de circulation et d’installation !

Nucléaire Cruas: « Le changement c’est maintenant »

Le changement des quatre générateurs de vapeur de la centrale de Cruas-Meysse a commencé. Le pouvoir nucléariste se prépare donc à prolonger la durée de vie de la centrale. Démarrée en 1984, elle devrait être active jusqu’en 2045. Et les nucléocrates nous expliquent que multiplier par deux la durée de vie des centrales est « sans danger ». La mafia nucléariste continue la politique du fait accompli qu?elle pratique depuis le tout début de l?ère nucléaire. Elle a toujours outrepassé le refus du nucléaire par les populations, tandis que la solidarité de toute la classe politique avec le développement de cette forme d’énergie, incarnant les intérêts stratégiques de l’Etat, ne s’est jamais démentie. Pourtant l’époque où le nucléaire pouvait être présenté comme un progrès sans danger a proprement disparu. Partout s’amassent les démentis aux affirmations rassurantes. Tchernobyl puis Fukushima en sont les plus terribles exemples. Mais « Il n’y a pas de risque zéro » et ce risque est le prix à payer pour bénéficier des bienfaits insipides du capitalisme. Et pour les pouvoirs, il n’est pas question de laisser quiconque s’en prendre à ses intérêts, d’arrêter quoi que ce soit. Après Tchernobyl, les nucléaristes français ont commencé à tester la « possibilité » de vivre en zone contaminée, c’est-à-dire de mourir en douceur dans des zones devenues inhumaines. Avec Fukushima ces études se sont amplifiées. La survie en zone contaminée est le seul avenir que nous propose cette société. Ainsi, à Cruas, les nucléocrates font changer les générateurs de vapeurs et les alternateurs par des « nomades du nucléaire »2. Ils servent de viande à rems avec les chômeurs. Selon l’article 20 de la loi sur l’insertion professionnelle, ceux-ci peuvent être employés, par des entreprises pour une période d « essai » de deux mois. Le chômage existe depuis le début du capitalisme, soit deux siècles. Les chômeurs doivent -ils pour autant aliéner encore et toujours leur existence en acceptant le chantage permanent à l’emploi et ses cortèges de misères associés ? Ils trouvent aujourd’hui naturel de se sentir étranger à leur vie, tant ils sont habitués à en être dépossédés. Dépossédés de tout pouvoir d’intervention sur leur destin, on les invite à des débats de sociétés. Nous avons quitté la table de négociation : pour nous, le débat public, la chaîne humaine, la chaîne de l?humanité torturée, la décroissance, la sobriété énergétique… EDF, Areva, les entreprises qui interviennent dans le processus nucléaire et tous les publicitaires de ce monde nucléarisé, nous ont déclaré la guerre. Si nous ne sommes pas capables de nous imaginer une autre existence et de nous battre pour la réaliser, alors il ne nous reste plus qu?à nous préparer à mourir dans l?existence actuelle, tracée et domestiquée. Solidaire de la lutte en cours contre le projet d?une centrale en Italie à Rondissone et de la lutte en Turquie contre la construction d?une centrale à Akkuyu. A nous de voir si nous voulons vivre libres et solidaires ou mourir comme des cobayes avec un compteur Geiger en main.

Attaquons le nucléaire et son monde partout où c’est possible.

Des individus associés* lelabo@riseup.net

1Blague d’un futur président lors de sa campagne électorale

2 Film de Christian Ugolini « silence radio » http://www.dailymotion.com/playlist/x25cju_ugolinichristian_silence-radio/1#video=xx0mjy

3  « Je suis devenu le cobaye de ce désastre » notait à juste titre l’ un de ces villageois japonais . P43 de fukushima paradise paru dans la collection mutines séditions et la canaille.

[Paris/Banlieue] Suite à la mort de Abdelhak Goradia lors d’une expulsion et grève de la faim au CRA de Vincennes

Jeudi 21 août 2014 à 21h, Abdelhak Goradia est décédé alors qu’il était conduit par les flics à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour être expulsé vers l’Algérie. Il avait réussi à refuser une première fois son expulsion le 16 août dernier. Selon la version policière, c’est dans le fourgon en arrivant à l’aéroport qu’il serait décédé d’« une crise cardiaque ». Comme toutes les personnes mortes entre les mains des flics ! [edit : finalement, il serait mort par asphyxie et régurgitation]

A 19h, Abdelhak Goradia se portait parfaitement bien et 2 heures plus tard, il était mort… Circonstances plus que troubles. Il y a 6 ans, le 21 juin 2008, au CRA de Vincennes, Salem Souli décédait lui aussi d’ « une crise cardiaque » selon la police. En réalité, M. Souli, qui était asthmatique, n’avait pas reçu les soins dont il avait besoin. Le lendemain, les retenus s’étaient révoltés et le CRA de Vincennes était parti en fumée.

Les frontières tuent : des milliers de personnes sont mortes en traversant la méditerranée, d’autres décèdent lors de leur expulsion : on se souvient de Semira Adamu étouffée avec un coussin par les flics en Belgique en 1998 ou encore en 2010 de Jimmy Mubenga tué par des agents de sécurité dans l’avion qui devait l’expulser de Londres à Luanda. En France, plusieurs sans papiers sont morts assassinés par la PAF comme Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003.

Arrêt des expulsions !
Régularisation de tous les sans-papiers !
Liberté de circulation et d’installation !

noir et blancDEPUIS LE CENTRE DE RÉTENTION DE VINCENNES Vendredi 22 août 2014

« Vers 18h, les flics ont dit à Abdelhak qu’il devait aller voir l’infirmière. En fait, c’étaifaux. Il est sorti de sa chambre, ils l’ont emmené à l’accueil et lui ont mis les menottes. A l’accueil, on entendait des bruits étranges, des bruits bizarres. Les gens qui étaient aux visites [au-dessus de l’accueil] ont tout entendu. Les flics lui ont mis une cagoule, un masque sur la tête. Les flics savaient qu’il allait refuser. Lors de la première expulsion ils lui avaient dit « Vous
allez devant le juge ». En fait, ils l’ont emmené à l’aéroport.‌ Il n’était pas d’accord, il a protesté et ils l’ont ramené au centre.
Hier, toute la nuit, on l’a attendu parce qu’on savait qu’il allait refuser. Son cousin a téléphoné, il était inquiet. Et puis ce matin, il nous a rappellés et il nous a dit qu’il était mort. Du coup, on fait la grève de la faim. »

« On est stressé parce qu’Abdelhak est mort. Son nom n’était pas affiché sur le tableau des expulsions. Il l’on appelé quand on était en train de faire la prière vers 18h. Dès qu’on a fini, il est descendu soi-disant parce qu’il avait une visite. Dans un local de l’accueil, les flics l’ont frappé.‌ Ils lui ont mis un casque, des menottes aux poignets et lui ont entravé les jambes. Les flics savaient qu’il allait refuser, alors ils ont fait la force avec lui. Ils avaient tenter de l’expulser une première fois le quatrième jour après son arrivée.
Il ne savait pas comment ça se passait. Il est parti tout seul, dans une petite voitrure voir le juge et pas dans une camionnette comme habituellement. Déjà les flics l’avaient menotté aux jambes et aux poignets, il a refusé l’expulsion. Dès la première fois, ils ont fait la force, ils avaient la rage contre lui. Ils font n’importe quoi avec nous ! Même ses affaires sont encore ici, son portefeuille, sa veste…
J’arrive pas à dormir, je stresse. Il dormait sur un matelas par terre, à coté de moi, je voyais sa tête. Et maintenant son matelas est vide, ça me stresse. On était décidé à tout brûler. J’ai vu la dame de l’ASSFAM et j’ai pleuré. On a décidé de faire la grève de la faim. »FLICS PORCS ASSASSINS

Émeutes à St Louis et à Los Angeles (USA)

Quelques articles de la presse mainstream pour info …
USA : Pourquoi il y a des émeutes à Saint Louis ?
La mort, le 10 août, d’un jeune noir de 18 ans tué par balles par un policier de la ville populaire de Ferguson, a attisé les tensions et provoqué des émeutes. La presse s’interroge sur la signification de ce drame au niveau local, et pour la société américaine. Des vitres brisées, des incendies dans la rue, des policiers blessés et

une trentaine d’arrestations au milieu de la nuit : ce qui s’est passé dans la nuit de dimanche 10 août à Ferguson, petite banlieue de St. Louis dans le Missouri, est de ces scènes « rarement vues dans l’Amérique urbaine depuis les années soixante », rapporte le Wonkblog du Washington Post.

Ces violences sont survenues après la mort de Michael Brown, un jeune noir de 18 ans, tué par balle par un agent de police la veille. La police n’a pas revélé l’identité de l’agent de police qui a été suspendu, et les versions des circonstances de la mort du jeune homme diffèrent. Le chef de la police de Ferguson soutient que Michael Brown s’était violemment rebellé contre l’agent avant de se faire tuer. Une version que conteste la famille du mort, laquelle prétend qu’il avait les mains levées au moment des tirs, rapporte le quotidien local, le St. Louis Post-Dispatch. Le FBI a annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’affaire.L’histoire américaine est criblée de tueries

Mais si, lundi soir, les rues de Ferguson sont restées plus calmes, les journaux, eux, sont sur le pied de guerre. « Michael Brown et les déséquilibres de l’Etat de droit », titre ainsi gravement le St. Louis Post-Dispatch. « Michael Brown n’a pas eu de procès équitable ; l’officier de police, lui, […] en aura un. C’est là l’origine de la frustration qui
pousse la communauté africaine-américaine dans la rue. […] L’histoire américaine est criblée de tueries impliquant les forces de l’ordre, où les jurés concèdent le bénéfice du doute à la police, qui fait un travail dangereux. » Dans un espoir de transparence, l’implication du FBI est « un bon premier pas », juge le journal.

Mais la question est plus large. Dans le Missouri, ce sont les tensions raciales entre la police locale blanche et les habitants majoritairement noirs qui sont désormais montrées au grand jour.

« L’héritage de la ségrégation dans les villes américaines s’est érodé plus lentement à Saint Louis que dans d’autres grandes villes », écrit le Washington Post. Un membre du conseil municipal de Ferguson explique au New York Times que cette affaire « est un cas d’école de ce qu’il ne fallait pas faire. Ferguson a d’une part un gouvernement blanc avec un maire blanc, et de l’autre une large population noire. Cette situation a révélé tous les fossés qu’il peut y avoir entre une communauté minoritaire et le gouvernement de Ferguson. »

Contourner les pauvres

Plus pragmatique, le Post-Dispatch suggère qu’il faudra investir dans les études sur les pratiques de « profilage racial » (racial profiling) qui ont cours dans la police de l’Etat. « En 2013, les Missouriens noirs avaient 66 % plus de chances de se faire contrôler par la police que les blancs. […] Ces statistiques ne prouvent pas qu’il y a du profilage racial dans la police. Mais ces chiffres – plus un jeune homme mort dans la rue – constituent un argument fort pour qu’on regarde d’un peu plus près. […] Peut-être que la mort tragique de Michael Brown stimulera la volonté politique dans ce sens. »

Toutefois, dépeindre une « région divisée entre des Blancs racistes et des Noirs en colère serait trop facile », fait remarquer la chroniqueuse Aisha Sultan, qui décrit une banlieue « où la reprise économique a tendance à ne pas parvenir jusqu’aux pauvres ». Ferguson « fait partie du nord de Saint Louis, que les Blancs quittaient en masse au début des années 1960. […] Beaucoup de ceux qui sont restés au pouvoir sont blancs, y compris au sein des forces de l’ordre », ajoute-t-elle.

Le principal souci, estime encore Aisha Sultan, est qu’en fin de compte, « Saint-Louis, comme une grande partie des Etats-Unis, a un problème indéniable dès lors qu’il faut parler ou s’occuper des problèmes qui touchent à la couleur de peau. […] Et tant qu’on ne pourra pas expliquer les tensions raciales de façon plus honnête à nos enfants – et à
nous-mêmes, nous serons confrontés à d’autres tragédies, encore plus dramatiques », conclut la chroniqueuse.

Sources : Courrier international

Encore un jeune Noir abattu par la police (Los Angeles)
Un jeune Noir, présenté comme souffrant de maladies mentales, a été tué par la police en début de semaine à Los Angeles, peu après le meurtre d’un autre adolescent noir à Ferguson dans le Missouri (centre). Ezell Ford, 25 ans et sans arme, a été tué lundi soir par un officier de police qui patrouillait avec un collègue dans un quartier du sud de Los Angeles (Californie, ouest). Les voisins et la famille ont décrit dans les médias américains le jeune homme comme souffrant de maladies mentales. L’avocat de la famille d’Ezell Ford, Steven Lerman, a expliqué à l’AFP qu’il comptait porter plainte «en début de semaine prochaine» contre la ville de Los Angeles pour enfreinte à «la loi sur les droits civiques», «mort illégitime» et «usage excessif de la force». Steven Lerman avait été l’avocat de Rodney King, dont le passage à tabac par la police de Los Angeles en 1992 avait déclenché des émeutes raciales. Il a précisé qu’il disposait de preuves d’après «des témoins et (sa) propre enquête». Le décès de M. Ford survient dans la foulée de celui de Michael Brown à Ferguson dans le Missouri, un jeune homme de 18 ans abattu samedi par un agent alors qu’il n’était pas armé. Cette ville de la banlieue de Saint-Louis est depuis le théâtre d’émeutes urbaines. Le président de l’association de défense des droits civiques de Los Angeles, Urban Policy Roundtable (LAUPR), Earl Hutchinson, a pour sa part déclaré dans un email à l’AFP que le «meurtre d’Ezell Ford et de Michael Brown étaient des cas d’école de l’usage excessif de la force par des officiers de police». «Les deux hommes n’étaient pas armés, n’avaient pas commis de crimes, et dans le cas de Ford, il était atteint de difficultés mentales», a-t-il ajouté. «Il n’y avait aucune raison de leur avoir demandé de s’arrêter (dans la rue), ni pour l’un ni pour l’autre», a poursuivi le militant.
Une porte-parole de la police de Los Angeles, jointe par l’AFP, a indiqué que l’enquête de la LAPD se poursuivait. Une manifestation pacifique a eu lieu dans les rues de Los Angeles jeudi soir, avec une présence policière «limitée» indique le Los Angeles Times.

Sources : AFP 14 aout

(USA) De notre correspondant sur le front de la guerre sociale …

Depuis maintenant presque une semaine la révolte a éclaté à Ferguson, petite ville ouvrière – majorité black néanmoins avec une police majoritairement blanche… – située dans la banlieue de St. Louis, capitale du Missouri. Mike Brown, un jeune black de 18 ans, y fut assassiné dans la rue, en plein jour par un policier.
Les manifestations de protestation ont rencontré une répression violente de la part de la police qui intervient de façon militarisée dans le quartier, se comportant comme si la guerre civile sociale était déclenchée.

 

Les médias, au début en attente des éternels pillages faciles à manipuler, sont désorientés par l’ampleur de la réaction qui prend plutôt  un contenu politique et de révolte contre l’ampleur de la répression. Les références et valeurs des mouvements des « droits civiques » des années 60 refont surface – ou le retour de la mémoire sociale ! La participation de nombreux jeunes et moins jeunes blancs aux manifestations  est aussi un signe. Débarquent, évidemment, politichien noirs, curés et autres spécialistes de l’apaisement, mais les manifestations continuent et la situation se politise de plus en plus comme le prouvent les pancartes portées par les manifestants. Le gouverneur de l’Etat se déplace en urgence dans le bled pour faire quelques promesses, Obama  sort de ses vacances dorées pour présenter ses condoléances à la famille et  rappeler « Que nous sommes tous des Américains »… les uns plus que les autres, il va de soi!  Tout en commençant la troisième intervention en Irak… En bon politichien il va encore faire des déçus ! Sur place, et dans le pays, on commence à discuter du fait que le Pentagone est, en fait, en train d’armer la police américaine avec les surplus des armes et moyens ramenés de l’Irak… La guerre revient à la maison, merci Obama !

 

Mais l’Amérique a changé aussi dans d’autres aspects. Occupy est passé par là. Pour preuve, non seulement la participation de nombreux jeunes blancs dans les manifestations, mais aussi l’appel des « Anonimous » à des manifestations nationales de soutien pour le dimanche 17 août.
On l’avait souligné alors, le mouvement Occupy a joué comme une référence nationale dans un pays qui ne se voyait pas en tant que tel. Toute lutte auparavant isolée et peut aujourd’hui prendre une ampleur nationale. C’est le cas. Comme ils disaient, « This is what Democracy looks like ! »
Il faut donc suivre ce qui se passe.
Pour cela on peut, bien sûr se référer à la presse nationale, le New York Times par exemple, mais surtout le Washington Post (dont un des journalistes fut pris à partie par les policiers locaux, erreur impardonnable…) :
Aussi un journal local (plutôt libéral) où on trouvera un bon dossier photos :
Ainsi que des sites alternatifs, ici et ici, qui suivent la situation :
… et bien sûr Occupy St. Louis
Sur la militarisation de la police étatsunienne, voir ici et sur son entraînement par la police israélienne, voir légende de la dernière photo. (rajout du 16 août)

 

Communiqué de Charles Reeve  à retrouver sur le blog :

http://quadruppani.blogspot.fr/2014/08/de-notre-correspondant-sur-le-front-de.html#!/2014/08/de-notre-correspondant-sur-le-front-de.html

 

 

 

 

 

 

[Melilla] Nouvelle tentative de passage de la frontière

http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2014/08/13/melilla-nouvelle-tentative-de-passage-de-la-frontiere/

oiseau libre12 août 2014. 900 personnes ont tenté de franchir la frontière de barbelés et lames de rasoir qui à Melilla, enclave espagnole au Maroc.

Un premier groupe de 700 personnes a tenté sa chance puis un second de 200 personnes en deux points différents. Seulement une trentaine de personne a réussi à passer tandis que 50 autres sont restées bloqués en haut des grilles pendant plusieurs heures pour ne pas tomber entre les mains des flics.

Le même jour, sur la côte atlantique sud de l’Espagne, plus de 900 migrant.e.s dans différents bateaux ont été intercepté.e.s par la guardia civil et la croix-rouge, armés de gants et de masques. Ils/elles ont été enfermé.e.s dans deux gymnases réquisitionnés pour l’occasion.

Abajo los muros y las fronteras !

Une illustration des limites du consensus démocratique dans la lutte

LA GRÈVE DES INTERMITTENTS À CRATÈRE SURFACE (ALÈS)
BRIBES D’ANALYSE D’UN COLLECTIF DE TRAVAILLEURS, CHÔMEURS ET PRÉCAIRES
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Ce texte essaye de revenir sur la grève et la lutte lors du festival
Cratère surface à Alès du 30 juin au 5 juillet. Ce fut l’un des épisodes
du mouvement contre l’accord UNEDIC. Ce festival se tenait entre celui
du Printemps des comédiens à Montpellier, qui fut le premier où les
travailleurs se mirent massivement en grève, et celui d’Avignon.

Nous sommes quelques-uns du collectif Exploités Énervés (composé de
travailleurs, de précaires, de chômeurs, de RSAstes…) à nous être
investi dans ce combat. Cette tentative d’analyse part de nos points de
vue.

En préambule, le texte qui suit n’est qu’une tentative d’analyse de la
lutte à laquelle nous avons participé autour de la grève à Cratère
Surface. Nous avons été invités dès le début de la grève (et même avant,
à la présentation de la saison du théâtre le Cratère – scène nationale
d’Alès – , par des grévistes du Printemps des Comédiens) et avons pris
pleinement part à la lutte. Celle-ci, comme toute lutte (un rapport de
force sur le dossier d’un chômeur, le fait d’empêcher des huissiers
d’expulser des locataires, une grève, un mouvement plus global type
mouvement des retraites…), a été traversée de contradictions. Il y a
toujours des bagarres à mener au sein d’un mouvement pour que les
participants gardent le contrôle de leur lutte, pour l’élargir, pour
construire un réel rapport de force. Ainsi différentes réflexions sont
posées ici afin de servir lors de la lutte qui se poursuit et de celles
qui viennent. Ces réflexions, si elles sont critiques parfois,
s’adressent à l’ensemble des participants, chômeurs, précaires,
intermittents…

PROBLÈMES DES AG, DE LA LÉGITIMITÉ ET DE L’UNITÉ DU MOUVEMENT

La première chose qui nous a fort étonnés, c’est la présence du
directeur et des ses bras droits aux AG des grévistes. La direction
avait organisé le vote à bulletin secret pour la grève avant le début du
festival. C’est une technique souvent utilisée pour reprendre en main un
mouvement ou l’empêcher de démarrer (les syndicats sont coutumiers du
fait quand ils veulent arrêter une grève). En effet, la pression de
l’encadrement sur chaque individu est plus forte et n’est pas
contrebalancée par l’enthousiasme collectif. Les non-grévistes sont plus
à l’aise pour exprimer un point de vue contre le mouvement… En
organisant ce vote, la direction souhaitait garder le contrôle de la
situation. Si le directeur affirmait depuis le début qu’il soutenait le
mouvement, sa position, sa fonction faisaient qu’il ne pouvait laisser
la grève se durcir. L’ objectif d’un directeur de théâtre est de faire
jouer coûte que coûte et de sauver ainsi, un peu, son festival. Son
intérêt est alors opposé à celui des grévistes, quelle que soit sa
sincérité quant aux revendications. Sa présence en AG pose un problème :
il est difficile pour des salariés en grève de s’exprimer devant la
personne qui va les employer, ou non, le mois ou la saison suivante. Les
risques de répression individuelle à la suite du mouvement ne sont pas
minces, d’autant plus dans un secteur (le spectacle), où par définition
l’emploi saisonnier dépend du bon vouloir de quelques directeurs de
théâtre qui se connaissent tous.

Des ouvriers en grève ne peuvent agir quand leur hiérarchie est
présente. Ce rapport de pouvoir, inhérent au fait que l’un a la capacité
de garder l’autre au travail ou de l’en priver, créé un déséquilibre. De
plus, par sa présence dans les AG, la direction peut être témoin des
conflits entre les grévistes. Ces désaccords sont toujours présents et
nécessitent des débats. Il est dangereux que la hiérarchie puisse y
assister et s’en serve pour opposer les gens les uns aux autres. Le seul
moyen de sortir de cette situation est de se réunir sans elle. Ainsi il
est plus cohérent de montrer un front uni à la direction et de garder
les polémiques entre salariés en grèves, entre individus en lutte. Le
directeur, le responsable com’, l’administratrice ne s’y sont pas
trompés et ont utilisé les conflits et les divisions entre artistes et
techniciens, entre régisseurs, managers et grévistes… pour les exacerber
et affaiblir le mouvement.

Des AG avaient lieu chaque matin, organisées de la manière suivante :
dans un premier temps se réunissait le personnel du cratère dans son
ensemble, grévistes, non-grévistes, personnel de direction, de
communication…puis s’en suivait une AG ouverte à tous (chômeurs,
précaires, individus ou collectifs…). L’organisation de plusieurs
moments dans l’AG décisionnelle nous semblait naturelle. Il est logique
que les salariés se retrouvent tout d’abord entre eux afin de décider de
la grève. En effet, ce sont eux qui perdent leurs salaires et sont dans
un rapport direct avec leur direction, pas forcément les autres gens en
lutte. Mais encore une fois, il est un peu étrange d’attendre le
directeur pour commencer cette première partie de l’AG quand les autres
personnes qui participent à la lutte n’arrivent qu’après. Il faut noter
que l »existence d’AG ouverte à tous est un point très positif. Cela
pose dès le départ une possibilité d’élargissement de la lutte à tous
les concernés. C’est un fait nouveau comparé au précédent mouvement des
intermittents (2003) où le repli corporatiste était assez fort.

On l’a vu, durant les AG, les grévistes n’ont pas réussi à se retrouver
entre personnes en lutte (c’est à dire sans la direction, sans les
non-grévistes…) cela pose un réel problème dans une lutte. Ces AG
étaient interminables, avec des débats récurrents tel celui sur la
légitimité des 96 heures de grève votées au départ par les techniciens
principalement.

Un moment de discussion entre personnes en lutte aurait permis
d’organiser plus rapidement des actions vers l’extérieur et non de
rester des heures cloîtrés à l’arrière du théâtre et ainsi s’isoler des
chômeurs, des travailleurs auxquels on devait s’adresser. Cela aurait
aussi permis de tirer les leçons de chaque action, d’en faire un bilan
et d’envisager la suite. A ce moment là, les AG auraient constitué de
véritables AG de lutte, d’autant que chaque jour voyait monter la
pression et que, contrairement à ce que pouvait dire la direction, le
public accueillait plutôt bien ces actions.

Le premier jour, la pluie a interrompu le spectacle mais des
interventions ont pu être faites. Le deuxième jour, à Rochebelle, on a
laissé jouer la première représentation avec une intervention et des
échanges avec le public à la fin. La seconde représentation a été
annulée avec l’accord de la troupe (hollandaise) malgré les
manipulations de l’administratrice. Le troisième jour, il a été décidé
de bloquer complètement les spectacles. En discutant directement avec
les compagnies, il apparaît qu’elles finissaient majoritairement par
comprendre la situation et refusaient de casser la grève. Pour les
autres, il a fallu mettre un peu la pression. En discutant avec le
public à la fin d’un spectacle, celui-ci se montrait réceptif aux
questions du chômage et de la réforme de l’UNEDIC. Quand les spectacle
ont été annulés, les gens étaient désappointés mais pas hostiles et la
plupart comprenait très bien que lorsque l’on fait grève, le festival ne
peut se tenir malgré tout. Tous les gréviste n’étaient pas présent à ces
actions et dans ces moments et le fait de partager ses impressions
ensemble aurait montré à chacun les aspects positifs de ces blocages et
de ces avancées.

Alors que chaque action montrait que la lutte grandissait, ce que la
direction et certains artistes faisaient passer dans les AG, c’est que
la lutte était violente, que c’était contre-productif… Si les grévistes
et les gens en lutte s’étaient retrouvés entre eux, ils auraient pu
saisir les aspects positifs plutôt que discuter éternellement de ce que
les troupes et le festival perdaient en ne jouant pas. Cela aurait
permis d’être plus efficace tant dans les discussions que dans la mise
en place d’actions. D’ailleurs l’action de Brouzet (annulation des
spectacles de la soirée) n’a pas été décidée en AG mais lorsque les
grévistes se sont retrouvés entre eux et en dehors de ce cadre.

Il y aurait donc pu y avoir 2 parties dans l’AG, une où les salariés
décident de la grève et des modalités puis une autre où les personnes en
lutte discutent et décident des actions (sans la direction, sans les
non-grévistes!). Certaines personnes (intermittents et précaires)
défendaient cela depuis le début.

Les questions de la légitimité de la lutte et de la démocratie sont
revenues à plusieurs reprises dans les AG. La démocratie a pris la forme
d’un vote à bulletin secret organisé par la direction, ce n’est pas
anodin. C’est une façon de limiter le droit de grève. C’est la
propagande sur les passagers de la SNCF pris en otage, c’est l’accueil
des enfants dans les écoles en grève, c’est le service minimum, c’est le
vote à la majorité et avec un taux de participation suffisant en
Angleterre pour qu’une grève soit légale. Ces mesures visent à empêcher
tout mouvement social. A travers une pseudo démocratie (où tous ne sont
pas égaux puisque certains ont le pouvoir de donner un salaire ou de
mettre au chômage), l’État et les directions d’entreprises cherchent à
casser toutes possibilités d’agir.

La grève, c’est la force des travailleurs d’empêcher que des
marchandises, c’est-à dire le profit des patrons, ne puissent sortir.
C’est dans ce rapport de force que se pose la possibilité de la lutte.
Qu’elle soit minoritaire ou non, une grève ou une lutte, répond à des
conditions de vie insatisfaisantes ou menacées. Ici, l’accord de
l’UNEDIC est clairement un recul pour les classes populaires (chômeurs,
précaires, intérimaires ou intermittents). Cet accord fait partie d’une
politique plus globale d’austérité. L’État prend sur le dos des plus
pauvres, l’argent qu’il va donner aux patrons (50 milliards). Il est
nécessaire que les personnes visées réagissent. La légitimité de tous
mouvements part de l’inégalité intrinsèque à cette société, des rapports
d’exploitation, de classes qui la régissent.

Les dominants cherchent à saper toute réaction par une démocratie qui
ne peut exister dans cette société inégalitaire. Pour être plus concret,
quand des salariés se mettent en grève pour 96 heures, ils mettent en
jeu leurs vies, leurs salaires… C’est leur choix et personne ne peut
leur reprocher. Les artistes qui sont arrivés plus tard n’avaient qu’à
se déterminer eux-aussi, soit ils rentrent dans la grève soit ils la
cassent ! Personne n’a choisi à leur place ! Il faut quand même rappeler
que si il n’y avait pas eu de grève, personne ne se serait retrouvé pour
en discuter et agir. Le discours de certains sur l’intérêt de faire des
actions sous de nouvelles formes mais ne pas faire grève est naïf ou
crapuleux. Il n’y aurait eu aucune action si il n’y avait pas eu au
préalable de grève. C’est grâce à la grève qu’il y a eu des AG, que
d’autres gens ont pu s’associer à la lutte, que nous avons pu discuter,
que des actions ont pu être mises en place…

Cette question de la légitimité en amène une autre tout aussi
récurrente, celle de l’unité du mouvement. Les artistes non-grévistes
appelaient souvent à l’unité à tout prix. Cela n’a pas de sens, il y a
des grévistes, des non-grévistes, des précaires en lutte… L’unité se
fait sur certaines bases, en l’occurrence la lutte contre l’accord de
l’UNEDIC. L’intérêt de l’unité était la jonction entre les chômeurs, les
précaires, d’autres travailleurs en lutte et les intermittents et non
des débats stériles entre grévistes et non-grévistes ! D’autant que ces
appels à l’unité se faisaient au nom de la volonté de jouer de certaines
troupes. Le blocage serait alors une action de division, mais le fait de
jouer malgré la grève non ?! Une unité ne se fait pas en l’air, être
unis, oui mais avec qui et pourquoi ? Certains pouvaient être contre le
mouvement, d’autres ne voulaient pas de blocage, d’autres voulaient
jouer,… Dans ce cas, l’unité signifie juste l’immobilité et la
non-action. L’unité peut se faire par la persuasion, en discutant, en
argumentant mais pas à tout prix, en affaiblissant le mouvement. Elle se
construit aussi sur une base objective, sur les intérêts que l’on
défend. Je n’ai pas les mêmes intérêts qu’un patron d’entreprise ou
qu’un politicien et je n’ai aucune unité à construire avec eux !

BLOCAGE DE LA PRODUCTION, MILIEU CULTUREL ET CATÉGORIES SOCIALES

La question centrale dont nous avons déjà un peu parlé est celle du
blocage de la production c’est-à dire, dans un festival, des spectacles.
Étant donné que la grève est un rapport de force, elle s’appuie sur la
possibilité pour les travailleurs de ne pas travailler et donc de ne pas
produire. Si la production sort quand même, c’est un échec, les
grévistes ont fait grève pour rien.

Dans tous les secteurs de l’économie cela est valable. L’État et le
MEDEF (en fait, tous les capitalistes) n’ont rien à faire d’une grève où
les spectacles jouent, même sans les techniciens. Mais au fait, ça
ferait même peut être faire des économies aux gestionnaires du théâtre!?
La question se pose comme dans n’importe quelle usine, il ne faut pas
que la production sorte, il faut empêcher les jaunes de travailler
(souvent l’encadrement ou les syndicats patronaux) et bloquer le lieu de
production. La question du droit au travail n’est qu’un prétexte
idéologique utilisé par certains pour limiter la grève. C’est un
argument fréquemment brandi par les patrons, les médias ou les
politiques pour affaiblir une lutte et culpabiliser les travailleurs en
lutte. L’acceptation ou le rejet de cette idée par les personnes en
lutte et leur entourage révèle l’état du rapport de force. Le directeur
modula d’ailleurs ses positions sur le fait de laisser jouer ou pas les
compagnies en fonction des positions exprimées dans les AG et des
actions menées. L’article du Midi Libre « Cratère Surface joue avec la
grève » est caractéristique de l’inutilité d’une grève qui ne s’en prend
pas à la production. Et les techniciens en grève et les précaires
présents l’ont bien compris lorsqu’ils passèrent une AG presque complète
à discuter de cet article et de cette question. Prenons un autre
exemple, dans un article du _Monde_ en ligne daté du 17/07/2014, Aurélie
Filipetti de passage à Avignon, explique :

« Nous verrons le bilan financier. Mais les pertes seront bien plus
limitées que lors du mouvement de 2003. Ma priorité était que les
spectacles jouent et que le public puisse  venir [1] parce que dans un
contexte de baisse des finances publiques il n’était pas possible de se
retrouver avec des dettes à éponger ».

En effet, le blocage de la production a des conséquences économiques,
c’est le principal levier des grévistes, des travailleurs. C’est le seul
langage que peut comprendre le gouvernement et le patronat. D’ailleurs,
tout le monde (les grévistes, les médias, le gouvernement…) scrutait le
festival d’Avignon et s’il allait être bloqué ou pas, le considérant
comme déterminant dans la poursuite de la lutte et pour le poids que
cela aurait eu !_

_ La présence de la direction comme cette idée qu’il fallait laisser
jouer provient entre autre d’une illusion. Le milieu du spectacle semble
une « grande famille » : tous (artistes, techniciens, direction de
théâtre) sont là pour la culture et l’Art. En réalité, les travailleurs
de la culture sont de plus en plus exploités dans des conditions de plus
en plus précaires. _

_ Cette idée d’une grande famille au travail est propagée dans tous les
secteurs d’emplois. Dans la grande distribution notamment, la propagande
de la direction tourne autour de ce paternalisme et de la « culture
d’entreprise ». Il faudrait vendre le plus possible et sacrifier ses
week-end pour le bien de l’entreprise. _

_ Dans le spectacle, il y a effectivement une notion de milieu culturel.
Les gens se connaissent, passent d’un festival à un autre, se tutoient
avec l’encadrement, se côtoient en dehors du boulot… malgré la précarité
des emplois. C’est à la fois une force et un problème. La force réside
dans la capacité à se mobiliser qui ne se retrouve pas chez des chômeurs
éparpillés et dans des conditions diverses, ou parmi des travailleurs
changeant régulièrement d’emploi… La communication va plus vite,
d’autant plus que les travailleurs de la culture sont mobiles.
Cependant, c’est aussi un problème de se croire sur un pied d’égalité
voire « d’amitié », sur le « même bateau » avec son patron et de penser
que le spectacle est le plus important, que c’est une expression
quasi-sacrée ! Les conditions de travail, de salaire, de contrats sont
extrêmement diverses. Le technicien n’est pas dans la même situation que
l’artiste, que le régisseur, que la direction, que l’employé de
prestataires de services…

Le technicien est au service de l’artiste sur scène et cet état de
fait amène à une certaine infériorisation qui a eu son expression dans
la grève. Les techniciens grévistes hésitaient à prendre la parole dans
les AG et encore plus devant du monde. En tant que grévistes, ils
avaient plus à exprimer que les artistes non-grévistes. Lors des AG et
des expressions publiques, leur parole a souvent été confisquée par
l’ego et les intérêts de certains minables artistes beaux-parleurs qui
ont monopolisé les débats ! Finalement, de nombreuses catégories
apparaissent dans ce milieu et il est illusoire de croire en la « grande
famille » de la Culture. Les rapports de classes sont ici présents comme
partout ailleurs.

Il n’y a pas à se faire d’illusion sur quelque milieu que ce soit,
même s’il peut être utile de se servir des avantages de certaines
connexions. Les grévistes, dans tous les cas, doivent pouvoir prendre la
parole, doivent communiquer sur le mouvement, un mouvement qui doit
rester le leur!

ACTIONS ET ÉLARGISSEMENT DE LA LUTTE

Ce mouvement comportait dès le début une volonté d’élargissement, en
direction des précaires mais aussi de tous ceux que cette réforme
concerne.

Quelle que soit la lutte, elle ne peut rester confinée dans un lieu. La
diffusion de l’information sur la grève permet de gagner de nouvelles
personnes à cette lutte. Elle permet de sortir d’un cadre qui est celui
de l’abrutissement au travail. Cette question est d’autant plus
importante lorsque l’on lutte contre une réforme qui touche plusieurs
secteurs.

Ici, la lutte contre l’accord de l’UNEDIC, l’un des actes des politiques
d’austérité, concerne les intermittents, les intérimaires, les seniors,
les chômeurs et l’ensemble des travailleurs précaires et tous les
secteurs sont touchés. La réforme de l’UNEDIC fait partie des mesures
d’austérité, telles les 50 milliards d’économies prévues par le
gouvernement. Ce sont les fonctionnaires (profs, milieu hospitalier, …),
les retraités, les précaires quel que soient leurs statuts, les
travailleurs, qui en subissent les conséquences avec une pression accrue
sur les revenus, de moindres possibilités de combats (même défensifs :
voire les mois de carences en cas d’indemnités supra légales…). Dans
cette optique, une lutte limitée aux intermittents n’a pas de sens et
les grévistes du Cratère l’ont bien compris.

Cependant il a été difficile tout au long du mouvement de sortir du
théâtre. Nous avons déjà parlé des contradictions entre les personnels
du festival qui ont bloqué les dynamiques. Pourtant, il aurait été
intéressant d’interpeller et d’entrer en contact avec d’autres personnes
concernées. Nous avons, à plusieurs reprises, proposé d’aller distribuer
des tracts devant la CAF ou Pôle Emploi voire de les occuper. Certains
nous ont entendu mais ces actions n’ont pas pu être mises en place.
Pourtant, il y aurait eu de quoi faire. Nous aurions pu aller dans les
CAF, les Pôle Emplois, à la sécu, dans les hôpitaux, voir les
saisonniers dans les bars et les restos, dans les boîtes d’intérim, dans
les usines, dans les quartiers…Et il ne s’agissait pas d’entrer en
contact avec un « public » ou d’expliquer au « public » mais bien de
tisser des liens entre personnes subissant la même attaque de l’État. Il
y a bien eu quelques distributions de tracts devant des entreprises du
coin et un supermarché mais c’est tout.

Les assemblées populaires proposées depuis le début auraient pu aussi
servir à cela. Malgré la tentative de récupération de la direction,
elles ont été tentées. La direction aurait bien aimé transformer ces
assemblées populaires en forum citoyen. Ce qui revenait à faire d’une
grève, d’une lutte, une nouvelle forme de spectacle et à maintenir son
festival. Bref, cela servait à empêcher que la lutte ait lieu et à
maintenir la situation sous contrôle de la direction.

La présence devant le Cratère d’une table expliquant la grève a pris du
temps mais c’était une étape. Ainsi la lutte était visible et des
rencontres possibles. Dans le même temps était proposée une assemblée
populaire à 18h. Nous n’avons tout d’abord pas été clairs car c’était
annoncé publiquement quasi dès le début mais les assemblées n’ont (plus
ou moins) eu lieu que le vendredi et le samedi. Un certain videur en
prit la direction festive ou plus plutôt crispante, irritante voire
franchement loin ou contre la lutte. Sa présence aurait pu être évitée
si plus de personnes en lutte avaient été présentes. Son show peu
critique (c’est le moins que l’on puisse dire!), a été l’expression de
cette position (opposition) entre spectateur et acteur. L’organisation
de l’espace -une scène, des sièges devant- rendait la situation proche
du spectacle et non de l’assemblée de lutte. Pourtant, après son show
dirigé (consciemment ou non) par la direction, quelques personnes de
l’assemblée et des gens en lutte ont réussi à reprendre la parole. Parmi
les personnes qui sont restées, beaucoup semblaient soutenir le
mouvement et étaient prêtes à participer. Mais, là aussi, nous n’avons
rien eu à leur proposer… parce que nous n’en avions pas parlé, parce que
nous avions juste balancé les mots « assemblée populaire » sans en
chercher ni les formes ni les perspectives, parce que la direction en
tenait encore les rênes et qu’elle ne désirait pas voir son théâtre
occupé par une foule de personnes voulant prendre part à la lutte… Le
samedi, encore pire, les spectacles ont joué tranquillement et, pour
l’organisation du festival, la soirée la plus importante a été sauvée !
Cette idée d’assemblée n’était pas la panacée, elle n’aurait touché que
quelques personnes mais elle permettait de sortir du théâtre, de
visibiliser la lutte et aurait pu permettre de partager des perspectives
de lutte plus largement.

Durant cette lutte, existait toujours un débat entre ceux qui parlaient
plus de la question de la « Culture » et d’autres qui parlaient de la
réforme de l’UNEDIC et des politiques d’austérité. Si les grévistes
désiraient élargir leur lutte comme les travailleurs du Printemps des
Comédiens auparavant, il fallait sortir des revendications culturelles
pour aller chercher les autres secteurs contre l’accord de l’UNEDIC. Les
cheminots auraient pu être sensibles à ces questions, les infirmières ou
sage femmes de l’hôpital aussi tout comme les fonctionnaires, les
chômeurs… Les ouvriers de l’usine où une distribution de tract a eu lieu
étaient presque tous au courant de l’accord et tous s’arrêtaient pour en
discuter.

Cette lutte ne peut être victorieuse qu’en sortant du milieu du
spectacle, qu’en s’élargissant à la question de l’austérité, des
politiques du gouvernement et du patronat et donc en s’adressant à tous,
en trouvant des ponts entre les secteurs, en multipliant les actions
dans différents lieux…

Ces réflexions ne se veulent pas donneuses de leçons, nous nous incluons
largement dans ces constats. Un collectif de chômeurs et de travailleurs
précaires a, dans la période actuelle, beaucoup de difficultés à se
mobiliser.

LE RÔLE ET LES POSSIBILITÉS D’UN COLLECTIF DE PRÉCAIRES

Nous sommes quelques-uns du collectif Exploités énervés à avoir
participé quotidiennement à la lutte qui se déroulait à Cratère surface,
tandis que d’autres suivaient plus ponctuellement, en fonction de leurs
disponibilités. Il semble ici nécessaire de présenter un peu ce
collectif : il regroupe des personnes aux statuts multiples
(travailleurs, précaires, chômeurs, bénéficiaires des minimas
sociaux…) sur une base de solidarité de classe face au capital et à
l’État. Une grande partie de ses activités est la défense de situations
particulières face à aux administrations (CAF, PE, CG…), mais aussi
quelques fois sur un conflit salarial. Bien conscients que les problèmes
qui touchent chacun sont les fruits d’un système économique et des
politiques gestionnaires qui l’accompagnent, nous participons également
à des campagnes, des mouvements sociaux, nous nous solidarisons avec des
grèves ou luttes spécifiques, toujours sur une base de solidarité de
classe.

Nous ne pouvions alors que nous joindre à la grève des travailleurs de
Cratère-surface, surtout vu le contexte actuel. En effet, il est pour
nous indispensable que se développe des résistances face aux politiques
d’austérité (politiques de baisse du coût du travail – c’est à dire les
salaires, les allocations et aides diverses). D’autant que la lutte
contre les accords de l’UNEDIC concerne tous les allocataires, actuels
ou futurs, de Pôle Emploi. Pour finir, nous avions pu lire ou entendre,
de la part de nombreux intermittents en lutte qu’ils désiraient être
rejoint par des chômeurs et précaires afin de mener un combat commun.
Sur Alès, les techniciens en grève souhaitaient rencontrer le collectif
dans cette perspective.

Nous avons donc rejoint la lutte des travailleurs de Cratère-surface.
Nous y avons participé pleinement, intervenant dans les discussions en
AG, participant à la rédaction de tracts, aux diff de tracts ou à la
manif et aux actions du soir lors des spectacles. Notre place était
parmi nos camarades de lutte sans que la légitimité de notre présence ou
de notre parole soit remise en cause. Si certains (surtout la direction)
ne voyaient pas ces « dépassements » de la question de l’intermittence
d’un très bon œil, ils se sont bien gardés de le dire en dehors de
petits comités ou de face-à-face réduits.

Si cette volonté d’égalité entre les précaires et les intermittents
était consensuelle, dans la pratique, les différences de conditions ont
persisté. Positivement : nous n’étions pas employés par le Cratère, sa
direction n’avait aucun moyen de pression sur nous, ce qui nous
conférait une position spécifique. Nous avons donc pu appuyer le conflit
contre la direction qui cherchait à garder le contrôle sur la lutte pour
que le festival puisse se tenir malgré la grève. Nous avons pu, en AG et
sur des actions, relayer la parole de techniciens qui n’osaient pas la
prendre et soutenir ceux qui s’exposaient, en appuyant les positions qui
voulaient rendre la grève effective en empêchant les spectacles d’avoir
lieu.

Toutefois, nous nous sommes « fondus » dans la lutte des travailleurs de
Cratère-surface sans nous montrer capable de lancer des discussions et
des actions visant d’autres catégories de chômeurs ou précaires. Pendant
cette semaine, pris par une lutte qui s’organisait difficilement, nous
n’avons pas réussi à concrétiser des initiatives permettant
l’élargissement de la lutte. Nous avons pu relayer via internet les
infos sur la lutte en cours, en donnant les rendez-vous des grévistes
mais sans en proposer d’autres. Il y a eu quelques diffs sur des usines
de l’agglomération alors que nous aurions pu proposer des actions et des
assemblées pour tenter de mobiliser les précaires et chômeurs de la
ville et de ses alentours. Pour info, le secteur d’Alès recense plus de
16 % de chômage depuis le dernier trimestre 2012. Nous n’avons même pas
réussi à nous réunir au sein du collectif. Nous échangions sur place, au
petit bonheur, avec les camarades du collectif et les personnes que nous
connaissons qui passaient. Une mobilisation de précaires et chômeurs à
cette occasion aurait changé les rapports de force. Elle aurait pu
appuyer les grévistes, isolés et embourbés dans des conflits internes,
pour leur permettre de sortir et de se rendre visibles. Cela aurait
aussi pu donner une pérennité à la lutte qui était d’emblée bornée entre
les dates de début et de fin du festival : une semaine !

Le constat de cette difficulté à se mobiliser en tant que chômeurs ou
précaires n’est pas nouveau. Il est un trait constant lié aux conditions
d’existence de ces catégories. Les contrats et statuts sont nombreux
(CDD, interim, CAE/CUI, stagiaires, allocation chômage ou RSA…), les
employeurs changent et les collègues avec (avec des hiérarchies
salariales à l’intérieur des boîtes en fonction des types de contrats)
et si l’on passe tous par Pôle Emploi, il est difficile de s’y
rencontrer et la dématérialisation n’arrange rien. En ce sens, la
précarité ou le chômage ne crée pas de fait une communauté d’intérêt.
Les chômeurs sont maintenus dans une disponibilité pour les besoins du
patronat mais isolés les uns des autres. Il n’y a ni lieu où se
retrouver, ni production à bloquer pour faire pression. Les conditions
de vie de cette catégorie de la population (qui, répétons-le, regroupe
des réalités diverses) limitent les possibilités de se regrouper et de
faire pression pour défendre ses intérêts. A ces difficultés, vient
s’ajouter le découragement, la résignation de ceux qui ont déjà à lutter
au quotidien pour accéder aux allocations dont ils dépendent pour vivre
: usés par ces luttes, il reste peu d’énergie pour mener des batailles
collectives, d’autant que ces dernières années, peu de luttes ont
débouché sur des « victoires ». L’État ne s’y est pas trompé. Le
gouvernement, après plusieurs semaines de mobilisation, a proposé aux
intermittents des aménagements de la réforme UNEDIC, uniquement pour les
annexes les concernant. Ces derniers continuent à affirmer « ce que nous
défendons, nous le défendons pour tous », mais ils ne peuvent tenir
s’ils ne sont rejoints par les autres concernés. Sur Alès, comme dans
d’autres villes, des collectifs de précaires et chômeurs se sont
associés à la lutte contre la réforme de l’UNEDIC. Si des rencontres et
des dépassements ont eu lieu, un mouvement des chômeurs et précaires
n’en a pas émergé. Il nous faut tisser au quotidien des solidarités et
des rapports de force pour la défense de nos intérêts pour espérer que
des luttes plus importantes puissent se développer. Il nous faut trouver
des bases communes et des lieux pour se rassembler, par delà nos
multiples statuts, notre atomisation et notre invisibilisation.
Mail : exploitesenerves@riseup.net

Site : http://exploitesenerves.noblogs.org/ [2]

Gaza : Rassemblements manifestations et témoignage

Gaza : Rassemblements et manifestations

Prochains rendez-vous : Aubagne : mardi 19 août à 18 h

rdv au pôle d’échange de la gare d’Aubagne
lire l’appel des organisations :
http://www.millebabords.org/spip.php?article26519

2014-04-13_Calais_Antifa_Defendons_les_squats-400x337

 

Un témoignage en direct de Gaza : Dimanche 10 août 2014. Il est 19 h à Gaza
plus d’infos sur le site de l’UJFP-Union Juive Française pour la Paix

http://www.ujfp.or /spip.php?article3310#marseille



Trente –quatrième jour de l’offensive militaire israélienne sur la bande de Gaza
– Crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza commis par l’armée de l’occupation israélienne.
– Notre population est confiante malgré les massacres, les crimes, et les attaques sanglantes de cette armée barbare, elle affronte cette réalité cruelle avec une volonté remarquable et une patience extraordinaire.
– La population civile à Gaza apprécie beaucoup les manifestations de soutien partout dans le monde-Vive la solidarité internationale avec Gaza et contre les crimes israéliens-

L’armée israélienne intensifie ses bombardements sur Gaza après la trêve de 72 heures malgré la retenue des factions de Gaza.

20 morts dont trois enfants et deux femmes en deux jours partout dans la bande de Gaza.
70 blessés dont 10 enfants et 13 femmes
Un agent municipal a été tué au nord de la bande de Gaza
25 maisons détruites
3 mosquées détruites
Deux stades municipaux et un club sportif bombardés
Le port de Gaza bombardé.
Un cimetière bombardé dans la ville de Gaza
Beaucoup de terrains agricoles visés
Quelle horreur !

Destruction massive dans la bande de Gaza : habitations, routes, écoles, universités, cimetières, infrastructures civiles, usines et terres agricoles.

Quelle barbarie !
Et ça continue !

Le bilan s’alourdit au trente-quatrième jour de l’offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza et sa population civile :
– 1 920 morts palestiniens jusqu’à cette heure-ci, dont 420 enfants, 233femmes et 105 personnes âgées suite à des bombardements israéliens en trente-quatre jours.
– 9 790 blessés lors de ces bombardements aveugles de l’armée de l’occupation israélienne, dont 1 510 femmes, 400 personnes âgées et 2 570 enfants
– Plus de 7 750 raids israéliens en trente-quatre jours partout dans la bande de Gaza

Quelle horreur !
–  2 520 maisons ont été détruites suite à ces bombardements aveugles
– 5 770 maisons endommagées par les bombardements
– Plus de 25 200 personnes sont sans-abri après la destruction de leurs maisons.
– 125 mosquées ont été détruites

C’est terrible !

Nous nous lâchons rien !
Nous ne désespérons pas !
La lutte continue
Nous nous défendrons jusqu’à la dernière goutte de notre sang
Jusqu’à notre dernier souffle

Gaza sera toujours debout !
Gaza résiste, Gaza existe et Gaza persiste !

Palestine vivra, Palestine vaincra !

Amitiés de Gaza sous les bombes

Ziad

Renvoyer des flèches ?

1280px-Demonstration_cluster_bombL’écrit idéologique, militant et/ou universitaire, est un lieu codé, à l’accès réservé.
NombreuxSES y sont aussi à l’aise que moi dans un musée, au théâtre, un cocktail ou un colloque universitaire. Ils/elles n’y vont jamais ou en sont symboliquement éjectéEs quand par hasard ils/elles y sont confrontéEs.
Des dispositifs. Des lieux physiquement accessibles, enfin pas à tout le monde1, mais plus sérieusement filtrés qu’une entrée de discothèque.
Tout comme le langage est truffé de miradors, de fausses pistes et de bombes anti-personnel.

Parfois je sais que j’écris avec des caractères, des mots qui empoisonnent, emprisonnent mes combats.
Je me suis souvent vu, imaginé comme un pilleur, qui venait, masqué, de nuit, en juste retour de la domination coloniale rapiner leurs langues, leurs cultures pour leur renvoyer des flèches… Ce joli rêve éclate régulièrement dans toute sa naïveté ; langues et cultures dominantes induisent les découpages sociaux, les hiérarchies, les visions qui leur conviennent. Quand bien même je parviendrai à articuler ma révolte clairement dans un français correct, scolaire, savant ou celui du dérapage admis.

Que j’utilise une de leurs créations, ou une des créations auxquelles ils consentirent. Que j’utilise l’une de ces armes et l’échec est déjà marqué ; parce j’utilise une langue que mes jeunes frères et sœurs ne pourront pas comprendre ou n’intègreront qu’en ingérant la soumission aux valeurs du système. Parce que j’utilise une langue que ma grand-mère très peu francophone n’aurait pu comprendre, que l’autre, pas du tout intellectuelle, n’aurait pas pu non plus comprendre.
Pourtant j’ai trouvé des espaces de liberté grâce aux écrits et aux livres. J’ai trouvé des alliéEs, des forces grâce à cela. Et chez celles et ceux qui écrivent, quelques-unEs se posent véritablement la question de faire de leurs écrits un objet qui n’exclut pas, un objet abordable, accessible, vivant.
Mais il y a aussi les autres pour qui les codes pour dire une réalité plus complexe sont aussi les codes pour éloigner la réalité, mettre à distance, exclure. Qui usent des mots pour diviser le monde entre ceux qui font, et ceux qui pensent. Qui en usent pour obtenir ou renforcer une position privilégiée2.
Et c’est vrai que s’arrêter pour écrire ce que l’on pense, s’en estimer le droit, l’envie, la capacité, la légitimité, y voir une valeur, tout cela est déjà un privilège.

Que voulons-nous faire de ce privilège ?
Des conférences ? Des doctorats ?
Nous gargariser de mots que nos parents n’ont jamais entendus de leur vie ?
Accéder aux hautes sphères ? Là où le système s’assure de sa continuité, grâce entre autres aux arrivistes et aux réformistes qui se racontent des histoires en se cachant derrière leur index ?
Que voulons-nous faire ?
De belles études gratifiantes ?
Collectionner les séances de congratulation sur les réseaux sociaux ?
Mes parents ne connaissaient pas les abréviations ou les anglicismes à la mode sur internet ; ils ne les connaitront jamais.
Ils ne connaissaient pas non plus le « care », « l’intersectionnalité», les personnes « racisées » ou d’autres formules de « spécialistes» que je déteste. Pourtant ils ont vécu tout cela. J’en atteste en plein dans ma gueule, et la leur cramée en poussière de cendres à l’heure qu’il est.
Morts qu’ils sont, sont-ils condamnés à n’être que des supports de discours ?
D’autres éternelLEs absentEs ?
Des supports de blablas universitaires, de conférences incompréhensibles, et violentes dans les rares choses qu’on en capte. Des supports de militantismes suffisants qui ne changent pas leur vie mais s’en emparent, les jugent, les soupèsent, les considèrent. Supports de militantismes qui aimeraient bien leur imposer, leur apposer ces mêmes mots issus de la domination intellectuelle. vol d oiseau

Ma mère, mes grands-mères m’ont montrées plein de pistes. Le seul enjeu qui vaille, c’est celui qui aurait consisté à trouver un espace entre les autoroutes des dominantEs pour leurs voix, leurs mots.
Où sont les marques, les empreintes de leurs impertinences, de leurs indépendances ?
Qu’est ce qui vous plait dans mes lignes ? Ce feu qui me vient d’elles ? Ou la forme rassurante de mon expression forgée par les années de domestication ?
Les deux peut-être…
Et leur colère à elles ?
Est-ce tant pis qu’elles n’aient jamais eu les mots, les outils, la confiance, le temps, le confort ?
Leur ferai-je justice a posteriori par mes mots, justice à leurs mémoires ?…
Leurs vies terrestres, de chair, les coups, les souffrances, les pleurs, leurs solitudes resteront en tous cas les mêmes.
Inchangées par ces lignes.

M.L. – trouver dans Cases Rebelles ( Juin 2012)

Caisse d’allocations familiales du Val-de-Marne : fermeture définitive de cinq permanences

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Durant les mois d’août, la Caisse d’allocations familiales (CAF) du Val-de-Marne a l’habitude de fermer des permanences d’accueil des allocataires. Seules restent ouvertes les plus importantes. Mais cette année, sur les douze permanences du département, cinq fermeront définitivement dès la rentrée : Alfortville, Boissy, Bonneuil, Villiers et Vincennes. Le conseil général du Val-de-Marne avait envisagée une expérimentation d’accueil de la CAF dans un Espace départemental des Solidarités à Vitry. Mais il n’avait pas prévu que la CAF fermerait cinq permanences, se dégageant ainsi de l’accueil et laissant le soin aux services départementaux et municipaux d’accueillir les allocataires. Les raisons invoquées de ces fermetures : Faire des économies, notamment de personnel, dans un contexte budgétaire tendu. En effet, le gouvernement cherche 50 milliards pour les reverser aux patrons et aux actionnaires. La Sécurité sociale, la branche famille dont font parties les CAF participent à ces économies. La CAF du Val-de-Marne n’y échappe pas. Ces fermetures sont inacceptables. Elles portent gravement atteinte à la qualité du service rendu aux allocataires. Ainsi, ce sont les usagers qui vont devoir se déplacer plus loin, perdre plus de temps pour trouver un accueil et exposer leurs problèmes. Les familles les plus précaires, les plus fragiles, en font les frais.

Depuis un mois des jeune habitants quartiers de Valence se révoltent

Des messages sur le blog de cette semaine: http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=7138

et sur le blog du laboratoire : http://lelaboratoireanarchiste.noblogs.org/

Samedi dans un autre quartier de valence, des jeunes ont réagi lorsque la police voulait contrôler après un cambriolage d’un villas qui jouxte le quartier. Lors de trois émeutes ils ont détruit 2 caméras vidéo surveillance. A Fontbarlette un tireur en a dézingué une autre.

 

 

Bienvenue en Grèce : La mort non-accidentelle d’un immigré

source : http://fr.contrainfo.espiv.net/

Mardi 22 juillet, Ahmad Mohamed Farogh, d’origine pakistanaise, détenu dans le camp de rétention d’Amygdaleza, souffrant d’une maladie cardiaque, a demandé à plusieurs reprises aux gardiens une attention médicale. Il lui a été donné des cachets non adaptés, et une ambulance a été appelée; l’ambulance n’est jamais venue et au lieu de cela, un véhicule de police a été utilisé pour amener l’homme à l’hôpital. Il est mort en chemin.

E.H d’Afghanistan, a tenté de s’évader du camp de rétention d’Amygdaleza; il a réussi, les gardiens ont remarqué ça, l’ont localisé et l’ont attrapé. Ils l’ont frappé brutalement durant l’arrestation, et de nouveau dans le camp devant les autres retenus. Il est resté ensanglanté pendant des heures à Amygdaleza; Il a alors été transféré à l’hôpital et finalement dans un autre camp de rétention, avec bras et jambes cassés. La même soirée un autre migrant a essayé de s’échapper, a échoué et depuis son sort est inconnu.

Dans les camps de concentrations contemporains les migrants sont prisonniers d’une guerre qui a lieu au quotidien, et le flic décide de leurs vies et morts; des morts qui sont pour la plupart du temps jamais divulguées ou elles sont présentées d’une telle façon qu’elles semblent naturelles et évidentes. Aussi évidente doit être la punition de ceux qui tentent de s’échapper, ceux qui défient la violence quotidienne qu’ils vivent, ceux qui remettent en question leur enfermement. Hormis le fait d’être évidente, ça doit être exemplaire et rude. Toutes ces choses ne se déroulent pas seulement dans l’obscurité du campde rétention. Elles se passent au grand jour dans les rues de la métropole. Ici, où les pogroms racistes se passent quotidiennement, menant des dizaines de migrants vers les “paradis de l’hospitalité grecque” – à savoir, le camp de rétention d’Amygdaleza ou les directions d’Aliens d’Attique (P.Ralli)- pour une détention sans condition et indéfini.

 “La Grèce est vraiment un pays très hospitalier”

Vas.Kikilias, au nouveau centre de rétention à Moria, sur l’île de Lesbos.

Au milieu d’une saison touristique fructueuse, le ministère de l’ordre public, Vassilis Kikilias, a dit que le gouvernement grec mène “un travail humanitaire, soutenu par les scientifiques, docteurs et psychologues” à Moria. On se demande si Ahmad Farogh – comme n’importe quel autre migrant retenu – aurait du être transféré à Moria, expérimenter là-bas, d’une manière scientifique, les politiques mortelles du lager moderne.

Assemblée No Lager, Athènes, 29 juillet 2014

Contre les centres de rétention pour migrants!welcome5

Force et solidarité avec les luttes quotidiennes des migrants retenus !

 

Italie : Révoltes, incendies, évasions et solidarité au centre de rétention de Turin

27 juillet 2014. Après les incendies des derniers jours, dans le CIE de corso Brunelleschi seulement 3 sections, la violette, la bleue et la blanche, fonctionnent partiellement. Dans l’attente que soient fini les travaux de restructuration commencés à la hâte au lendemain des révoltes, il y a dans le centre aujourd’hui une trentaine de retenus. Dans les derniers jours deux mecs ont été libérés tandis que trois ont été expulsés. Pour ce qui concerne les cinq arrêtés il semble qu’ils aient été ramenés au CIE, vu que les délits desquels ils sont accusés ne permettent pas l’incarcération en prison. En toute probabilité ils pourront donc entendre la solidarité du rassemblement de Dimanche 27 juillet à 19 heures.

 

Le CIE de Turin est quasiment détruit.

Des 6 sections seulement 3 fonctionnent actuellement, le reste a été brûlé durant les révoltes de mars. Dans le reste de l’Italie aucun CIE n’est entier. il en reste seulement 5 partiellement en fonctionnement. Les autres centres sont restés fermés par les mêmes détenus, les quels, fatigués t’attendre et chargés de rage, ont décidé de tout brûler. Pour pouvoir etre dehors de nouveau. Pour que plus personne ne finisse dedans.

Dans nos quartier la police tourne à la chasse aux sans papiers en tentant de soustraire quelqu’un, peut-être un ami ou un parrent, où quelqu’un que nous sommes habitués à rencontrer dans le quartier. Mais quand le CIE ne fonctionne plus, les rafles et les contrôles deviennents moins fréquente et la présence de la police est moins pressante, restant néanmoins enrageante. Quand le CIE est détruit ils ne peuvent plus enfermer nos amis. Quand il n’est plus on commence à mieux respirer. La machine à expulser s’enlise et ralenti.

Nous nous trouvons aujourd’hui dans une phase de restructuration. Certains centres, fermés par le feu des révoltes, sont proches de la réouverture. ceux encore ouverts sont rénovés. La gestion est entre les mains des habituels habitués comme la Croix Rouge; Aquarinto, Auxilium. Mais de nouveaux venus, qui senti l’affaire, apparaissent sur la scène ( comme la GEPSA, société française spécialisé dans les prisons privées, qui s’occupera de la sécurité interne du CIE de Milan). Le gouvernement préannonce des réformes comme la réduction des temps de détention espérant ainsi faire taire la rage des retenus et rendre les centres plus gouvernable.

De toute façon, si d’un côté des changements et des restructuration sont en perspectives, de l’autre la lutte des détenus dans le centre ne s’arrête pas. Il y a quelques jours, à Ponte Galeria les détenus ont tenté l’évasion, enfermant les flics dans les sections. La tentative n’a pas eu de fin heureuse mais a démontré à tous les retenus que se rebeller est possible. A Trapani cela c’est mieux passé : une tentative d’évasion collective à permit à quatre personnes de s’enfuir.

Il est important d’être solidaires des détenus, de soutenir leur lutte et l’amener en dehors de ces murs, attaquant les diverses ramification du système des CIE.

Il est important d’apporter notre chaleur et notre solidarité aux peu de retenus qui sont encore enfermés dans le CIE de Turin et crier fort que les CIE se ferment avec le feu des révoltes.

Dimanche 27 juillet, 19heures Rassemblement au CIE
Corso Brunelleschi angolo via Monginevro

[Turin]Des flammes au CIE

22 juillet 2014. A dix heures du soir, les retenus de la section verte, une des trois section encore en fonctionnement dans le Cie de corso Brunelleschi, profitant de la distraction momentané des forces de police, on empilés matelas et vêtements devant leurs chambres et après être sortis dans la cour ont mis le feu au tout.?

Menaces et promesse d’affrontement ont fait se désister les forces de l’ordre de rentrer dans la section et ont contraint à essayer d’éteindre les flemmes grâce aux canons a eau de l’extérieur.

En quelques heures l’incendie à tout dévasté, des chambres à la salle à manger. Les flammes et les cris des retenus ont été accompagné une vingtaine de minutes d’un chaleureux salut de quelques solidaires, qui ayant su ce qu’il se passait, se sont précipités sous les murs du CIE.

Apres une longue tractation, policiers et croix-rouge sont entrés dans la section et ont donc pu diviser les retenus dans les deux autres sections du centre. Pas tous cependant, pour rester ensemble, certains ont preferé dormir la section verte, au mieu dans ce qui en restait.

C’est l’énième attaque contre la machine à expulser réalisée de l’intérieur, un motif en plus pour être nombreux, dehors, à faire entendre notre solidarité aux retenus.

23 juillet 2014. Cet après midi les retenus du CIE de Corso Brunelleschi ont donné aux flammes la salle  à manger, soit la dernière salle disponible de la section blanche.

Il semble que les retenus, dont beaucoup ont été transférés dans cette section suite à l’incendie d’hier, après s’être lamentés hier soir des conditions précaires dans lesquelles se trouvait la structure, ont décidé de la rendre totalement inopérante.

Tandis que les flammes prenaient, les forces de l’ordre ont mis les retenus dehors, dans la cour, en attente de trouver où les mettre. Un vrai dilemme vu qu’il reste désormais d’utilisable, et même pas entière, une seule section du Centre.

Quelques solidaires se sont rassemblés sous les murs du CIE pour faire un salut aux retenus et ont été embarqués au commissariat.

Mise à jour, 23 heures.

Quasiment tous les retenus qui étaient dans la section blanche durant l’incendie ont été transférés dans la section d’isolement du centre et leurs téléphones ont été confisqués. Cinq retenus ont été en revanche laissé dans la section brûlée sans matelas ni couverture. Deux en revanche, de nationalité marocaine ont été expulsés et cinq arrêtés avec pour accusation “dégradation aggravée suivie d’incendie”.

traduit de macerie

[Turin] Sur le toit

19 juillet 2014. Un retenu du CIE de Corso Brunelleschi est monté dans l’après-midi sur le toit pour protester contre les conditions d’enfermement. Rapidement la situation dans le centre s’est tendue, une partie des retenus ont commencé à s’unir comme ils pouvaient à sa protestation et certains ont menacé de brûler des matelas. Après quelques heures, police et croix-rouge sont intervenus et faire redescendre la personne montée sur le toit.
Dans la soirée, un groupe de solidaires, est allé saluer les retenus du centre.
Traduit de Macerie

Manifestation contre la guerre et arrestations à Tel Aviv

2014-04-13_Calais_Antifa_Defendons_les_squats-400x337Comme tous les samedis soirs depuis le début des bombardements et de la
guerre dans la Bande de Gaza, une manifestation était prévue le 2 août
contre la guerre à Tel Aviv. A la différence des manifestations
précédentes, cette fois, les autorités avaient refusé de d’accorder une
autorisation à la manifestation.

A l’appel du Parti des Travailleurs Da’am, plusieurs centaines de
personnes se sont malgré tout rassemblé Place Rabin samedi 2 août en début
de soirée. Lorsque la police a annoncé que le rassemblement était illégal,
les manifestants ont refusé de dissoudre la manifestation. Les
manifestants brandissaient des pancartes pour dénoncer les massacres de
civils sous les bombes à Gaza ainsi que les frappes du Hamas.

La police a violemment repoussé les manifestants dans une rue proche. Pour
maintenir leur protestation et dénoncer cette atteinte à la liberté de
manifestation, les manifestants ont donc bloquer la route. Les
manifestants ont commencé à scander des slogans comme « Juifs et Arabes
refusent d’être ennemis » et « A Gaza et à Sderot, les enfants veulent
vivre ». C’est alors que les flics sont à nouveau intervenus. Quatorze
manifestants ont été arrêtés, jetés de façon brutale dans les paniers à
salade et conduits au commissariat.

Malgré tout, la manifestation a continué par les rues Dizengoff et King
George, jusqu’au parc Gan Meir.

Protest against the Israeli attack on Gaza, Tel Aviv, Isr

Offensive israélienne contre Gaza Les partis pris du traitement médiatique

18 juillet 2014

source : http://www.acrimed.org/article4407.html#

Depuis le 8 juillet 2014, une offensive militaire israélienne est en cours contre la bande de Gaza. Au moment où nous écrivons, plus de 240 Palestiniens sont morts sous les bombes israéliennes, tandis qu’un Israélien a été tué par un tir de roquette. Ces événements donnent lieu à une large couverture médiatique, et nous ne prétendons pas fournir ici un article traitant de manière exhaustive de cette couverture. Dans la presse écrite comme à la radio et à la télévision, certains journalistes font au mieux leur travail et produisent, comme nous le rappellerons parfois, exemples à l’appui, une information de qualité.

Force est toutefois de constater que le traitement médiatique dominant de cette nouvelle séquence du conflit opposant Israël aux Palestiniens demeure prisonnier de bien des travers que nous avons déjà eu l’occasion d’identifier. Il existe ainsi un « bruit médiatique » largement critiquable, qui ne résume pas l’ensemble du travail journalistique mais qui malheureusement l’étouffe ou le fait quasiment disparaître. C’est à ce bruit médiatique et à la tonalité générale qu’il donne à la couverture des événements que nous nous intéresserons ici, en nous concentrant notamment sur les titres de presse écrite et leurs sites internet, tout en allant également parfois chercher des exemples du côté des télévisions.

Nous l’avions déjà souligné dans un précédent article traitant de l’information concernant le Proche-Orient : l’un des principaux biais du traitement médiatique du conflit opposant Israël aux Palestiniens est l’injonction permanente à un traitement « équilibré ». Or cette recherche d’un improbable « équilibre » entre Israël et les Palestiniens, quelles que soient les intentions des uns ou des autres, conduit nécessairement à la production d’une information biaisée, incomplète, dépolitisée et, volontairement ou non, orientée.

Une information biaisée

Le biais principal, qui en conditionne bien d’autres, consiste à traiter sur un pied d’égalité, d’une part, un État doté d’institutions stables, d’une économie moderne et comparable à celle des pays occidentaux, d’une armée parmi les plus puissantes et les plus équipées au monde et, d’autre part, un peuple qui ne possède ni État, ni économie viable, ni armée régulière. Ce pseudo-équilibre entretient l’illusion d’un « conflit » entre deux entités qui seraient quasi-équivalentes, alors que ce n’est évidemment pas le cas.

Information biaisée car traiter sur un pied d’égalité un État qui, au regard du droit international, est une puissance occupante – et est régulièrement condamnée comme telle – et un peuple en lutte depuis des décennies pour la satisfaction de ses droits nationaux – consacrés par les résolutions de l’ONU – entretient l’illusion d’un « conflit » entre deux « parties » dont la légitimité, du point de vue du droit, serait quasi-équivalente, alors que ce n’est évidemment pas le cas.

On en arrive ainsi à placer sur un pied d’égalité « Israël » et « Palestine » (parfois « Gaza », ou « le Hamas », nous y reviendrons »), et à oublier totalement le déséquilibre des forces et des légitimités :

Ou encore, dans cet éditorial du directeur délégué de la rédaction de L’Express, Christian Makarian, sobrement titré : « Israël-Palestine : l’enracinement de la haine » : « On mesure à quel point le naufrage des négociations israélo-palestiniennes aboutit à une absence dramatique de perspective : cela donne toute latitude aux énervés du « contre », tandis que les tenants du « pour » n’ont plus de parole. Lorsque la rhétorique du dialogue disparaît, les ultras de chaque bord transgressent toute logique de vie commune et renvoient les dirigeants respectifs à leur impuissance ».

Plus grave encore, l’information est biaisée car, à vouloir à tout prix maintenir un traitement « équilibré », on se concentre quasi-exclusivement sur les éléments et événements dont on peut trouver, ou construire, un équivalent dans chacun des deux « camps ». On se focalise donc sur les « tirs » des uns et des autres, sur les « dommages » provoqués par les tirs, sur la « panique » ou la « terreur » des populations civiles, en essayant d’entretenir l’illusion d’une équivalence de situation qui passe parfois par des constructions rhétoriques absurdes, voire révoltantes. En témoignent ces différents titres, qui ont tous été publiés alors que, à l’exception des trois jeunes Israéliens assassinés en Cisjordanie, seuls des Palestiniens de Gaza avaient été tués depuis le déclenchement de l’offensive israélienne [1] :

Et il est quasiment impossible de compter les reportages télévisés, notamment dans les JT, qui tentent de démontrer que « les deux populations » vivraient dans des situations équivalentes, à l’instar de celui proposé par le 20h de France 2 du 16 juillet, dont le lancement par le présentateur Julian Bugier est un modèle du genre : « Les bombes continuent de pleuvoir des deux côtés et au milieu, les populations civiles, familles, enfants, ce sont eux les premières victimes. Alors comment vivent-elles le conflit, à quoi ressemble leur quotidien ? Nos équipes sont allées sur le terrain, à leur rencontre, à Shuja’Iyya dans la bande de Gaza et à Nir Am, côté israélien. Seulement 8 kilomètres entre les deux villes mais la même peur et la même angoisse ».

On vous le dit : « les mêmes ».

Une information incomplète

Le deuxième biais du traitement du conflit opposant Israël aux Palestiniens est lui aussi le produit de l’injonction permanente à l’équilibre : à vouloir traiter de manière symétrique les situations respectives des Palestiniens et d’Israël, on est conduit à oublier, ou à occulter des informations essentielles, sous prétexte qu’elles n’ont pas d’équivalent dans « l’autre camp ». Comme nous l’écrivions il y a deux ans, « un tel traitement médiatique occulte presque totalement ce qui est pourtant l’essentiel de la vie quotidienne des Palestiniens et l’un des nœuds du conflit : l’occupation civile (colonies) et militaire (armée) des territoires palestiniens. Les camps militaires israéliens et les colonies n’ont pas d’équivalent en Israël, pas plus que les centaines de checkpoints qui morcellent les territoires palestiniens, le mur érigé par Israël, les réquisitions de terres et les expulsions, les campagnes d’arrestations, les attaques menées par les colons, les périodes de couvre-feu, les routes interdites sur critère national, etc. »

Dans le cas présent, on relèvera notamment le silence assourdissant concernant le blocus de Gaza, officiellement en cours depuis 2007, et sur la perpétuation de l’occupation et de la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem. Divers titres de presses et « experts » s’entêtent ainsi à vouloir identifier le « moment déclencheur » d’une « nouvelle crise » et, à de rares exceptions près, chacun semble considérer que c’est la disparition et la mort de trois jeunes Israéliens à proximité d’une colonie de Cisjordanie qui permettraient à elles seules de comprendre les ressorts de « l’affrontement » actuel. Comme si, soudain, un coup de tonnerre avait éclaté dans un ciel serein…

Premier exemple, les « infographies » qui prétendent expliquer en « quelques dates » ou « quelques faits », la tragédie actuelle, à l’instar de celle publiée le 8 juillet sur le site de Métro :

« Six dates », donc… Arrêtons-nous sur les trois premières :

Tout aurait donc commencé, le 12 juin, avec la disparition des trois jeunes Israéliens. Ne s’était-il donc rien passé avant ? La situation était-elle « calme » ? C’est ce que cette « chronologie » laisse entendre. Alors qu’évidemment, non. De la grève de la faim des prisonniers palestiniens (avril-juin 2014) à la mort de deux jeunes Palestiniens, tués par l’armée israélienne devant des caméras le 15 mai dernier, lors d’un rassemblement commémorant, comme chaque année, l’expulsion des Palestiniens en 1948, en passant par l’appel d’offre d’Israël, le 5 juin, pour la construction de 1500 logements dans les colonies, les « dates » sont nombreuses. Mais il était sans doute compliqué de les intégrer à la « chronologie », car ces trois événements auraient rappelé que le conflit entre Israël et les Palestiniens a des racines profondes, mais aussi et surtout de tels rappels auraient peut-être imposé de parler des colonies israéliennes, des réfugiés palestiniens et des prisonniers politiques. Or ceux-ci n’ont pas d’équivalent du côté israélien. Il aurait donc fallu rompre avec la logique de l’« équilibre » qui caractérise ces chronologies mutilées.

La deuxième date proposée (le 30 juin, date de la découverte des corps des trois jeunes Israéliens en Cisjordanie) est elle aussi parlante, non pour ce qu’elle dit mais pour ce qu’elle ne dit pas. Si l’on en croit la chronologie, il ne se serait en effet rien passé de significatif entre le 12 et le 30 juin. Et pourtant, durant cette période, ce sont quatre jeunes Palestiniens qui sont morts sous les balles israéliennes, et plus de 600 Palestiniens, dont 11 députés (parmi lesquels le président du Parlement), qui ont été arrêtés lors d’une vaste opération de l’armée israélienne en Cisjordanie. Pourquoi ne pas le mentionner ? Un simple oubli ou une occultation destinée à éviter de parler d’un sujet sans équivalent possible dans l’autre camp (une campagne massive d’arrestations), qui aurait risqué de rompre le schéma préconçu (mort-représailles-mort-représailles) qui guide cette chronologie sélective ? La réponse est dans la question…

Un exemple exemplaire de l’occultation d’une partie significative, pour ne pas dire essentielle, de la réalité, qui décontextualise totalement les événements en cours et sous-entend que ces derniers se seraient produits dans une période sans « violence » et sans « tension », comme on pourrait également le déduire de la présentation de la « chronologie » proposée par le site francetvinfo : « Va-t-on vers un nouveau conflit ouvert entre Israël et la Palestine, et une occupation de la bande de Gaza ? C’est la crainte des observateurs de la région après la vague de violences et de tensions qui a débuté le 12 juin avec le meurtre de 3 jeunes Israéliens. Mardi 8 juillet, de nouvelles frappes israéliennes ont fait un mort palestinien dans la bande de Gaza. L’armée israélienne se dit prête à toutes les options, y compris une offensive terrestre ».

Ni l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie, ni la répression permanente que subissent les Palestiniens, ni le blocus de Gaza ne semblent retenir l’attention des « observateurs ». Et pourtant, les informations sont ou devraient être connues de tous puisqu’elles sont largement disponibles. Qui plus est, de longues pages ou de longues minutes ne sont pas nécessaires pour les mentionner. En témoigne, exemple malheureusement trop rare, un article publié par Benjamin Barthe dans Le Monde, qui rappelle, en quelques lignes, que « l’occupation de la bande de Gaza, contrairement à ce qu’affirme Israël, n’a pas pris fin avec le départ du dernier de ses soldats, le 11 septembre 2005. Comme le rappelle opportunément l’ONG israélienne Gisha sur son site Internet, l’État hébreu continue de contrôler des pans entiers de la vie des Gazaouis : le registre d’état civil, les eaux territoriales, l’espace aérien et l’unique terminal commercial. (…) De cet état de fait, la plupart des experts en droit international ont conclu que la bande de Gaza est toujours sous occupation. C’est la position officielle des Nations unies. Un tel statut requiert de l’occupant qu’il assure le « bien-être » de la population occupée. Mais à ces obligations, Israël s’est constamment soustrait. Grâce au renfort de l’Égypte du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, farouchement hostile au Hamas, et à l’apathie de la communauté internationale, le bouclage de Gaza s’est même aggravé. Selon le bureau des statistiques palestinien, le taux de chômage pour les jeunes de 15 à 29 ans y a atteint 58 % durant le premier semestre de cette année. 70 % de la population dépend des distributions d’aide humanitaire pour sa survie ».

Ce contexte, chacun en conviendra, éclaire sous un autre jour les récents « événements » (entre autres les discussions autour des conditions d’une « trêve », nous y reviendrons) et permet d’éviter les fâcheuses conséquences, en ce qui concerne la qualité de l’information, de l’improbable équilibrisme. Un moyen aussi d’éviter le troisième écueil de l’injonction à la symétrie : la dépolitisation du conflit opposant Israël aux Palestiniens, que nous avions caractérisée dans l’article déjà cité plus haut comme le « syndrome de Tom et Jerry ».

Une information dépolitisée

Nous écrivions alors : « Tom et Jerry, célèbres personnages de dessins animés, sont en conflit permanent. Ils se courent après, se donnent des coups, construisent des pièges, se tirent parfois dessus et, quand ils semblent se réconcilier, ils sont en réalité en train d’élaborer de nouveaux subterfuges pour faire souffrir l’adversaire. Le spectateur rit de bon cœur, mais il reste dans l’ignorance : il ne sait pas pourquoi ces deux-là se détestent, on ne lui a jamais expliqué pourquoi Tom et Jerry ne peuvent pas parvenir à une trêve durable, voire une paix définitive ».

Dans le traitement médiatique dominant, Israël et les Palestiniens ressemblent, à bien des égards, à Tom et Jerry, accumulant les « attaques », les « ripostes » et autres « représailles », sans que l’on sache trop pourquoi. La couverture se focalise sur l’enchaînement des événements « spectaculaires », sans questionner et expliciter les causes profondes ou les dynamiques à long ou moyen terme. L’information est ainsi décontextualisée, déshistoricisée et dépolitisée. On évoque ainsi, à la une du Monde (voir plus haut), une « guerre sans fin » (et donc sans cause ?). Autre version avec Libération, où l’on apprend que tout ceci ne serait qu’une histoire de vengeance :

Jean Guisnel, dans un éditorial du Télégramme publié le 12 juillet , assume qu’il est vain d’essayer d’y comprendre quoi que ce soit : « Dans cet effroyable cycle de la provocation et de la répression, la question n’est même plus de savoir qui a allumé la mèche. Que trois jeunes Israéliens soient assassinés froidement, c’est abominable. Qu’un jeune Palestinien soit, en rétorsion, contraint d’avaler de l’essence à laquelle ses ravisseurs, en kippa, ont mis le feu, cela dépasse l’entendement ! À ce niveau de haine, les deux peuples acteurs de cette guerre sans fin n’ont besoin que de dialogue et de calme ».

Est-il venu à l’esprit de l’éditorialiste du Télégramme (et de nombre de ses confrères qui tiennent peu ou prou les mêmes propos), que si la solution résidait simplement dans le « dialogue et le calme », il y aurait bien longtemps que le conflit entre Israël et les Palestiniens serait résolu ? Ne pense-t-il pas qu’il existe des causes profondes et que les appels au « calme » et au « dialogue », quand bien même ils seraient sincères et généreux, n’auront de sens que si l’on s’attaque aux racines du conflit, à savoir l’occupation et la colonisation de la Palestine, sans quoi ils seront vains ? Jean Guisnel et ses confrères croient-ils réellement que « les violences » sont irrationnelles et qu’il suffit de dire « stop » pour qu’elles cessent ? Peut-être ne le croient-ils pas, mais c’est en tout cas ce qu’ils laissent entendre à leurs lecteurs, ce qui est, au mieux, de l’incompétence et, au pire, de la malhonnêteté.

Certains vont même encore plus loin dans la dépolitisation en y ajoutant une dose de mépris qui n’aide pas, lui non plus, le lecteur. Ainsi en va-t-il de ce courageux éditorialiste anonyme du Monde qui, le 10 juillet, « explique » : « Le gouvernement de Benjamin Nétanyahou promet de maintenir son opération tant que des roquettes seront tirées sur Israël ; le Hamas jure qu’il y aura des tirs tant que Gaza est bombardée par Israël… Si l’affaire n’était pas aussi grave, on parlerait de stratégie de cour de récréation ». « Une stratégie de cour de récréation ». Une fois de plus, Tom et Jerry ne sont pas loin.

Et on s’épargnera de commenter ce titre trouvé sur le site de BFMTV, symptôme de la dépolitisation du conflit entre Israël et les Palestiniens et de l’indécence de certains médias :

Le mot indécence étant peut-être faible lorsque l’on sait que deux jours plus tard, c’est ce titre que l’on découvrait sur le même site internet :

Misère….

Une information orientée

Information biaisée, information incomplète, information dépolitisée… autant de travers caractéristiques du bruit médiatique dominant, qui conduisent finalement nombre de journalistes et de médias à adopter, au nom souvent de la prétendue recherche d’un « équilibre » et d’une bienveillante « neutralité », une posture résolument orientée du côté du récit israélien. Il ne s’agit pas de dire ici que « les médias » ou « les journalistes » seraient « pro-Israël », ni même d’affirmer que cette posture partisane serait consciente ou volontaire pour la majorité d’entre eux. Il s’agit bien d’affirmer que les travers identifiés ci-dessus conduisent, naturellement, à favoriser Israël dans le traitement médiatique.

Exemple typique avec le traitement dominant de la vraie-fausse « trêve » du 15 juillet, sur proposition égyptienne. Les titres ont été d’une infinie variété :

Signalons cette amusante variante proposée par Ouest-France :

En résumé, chacun aura compris que « le Hamas » a « refusé » la « trêve » alors qu’Israël l’avait « acceptée ». Questions : quelles étaient les conditions de la trêve ? Pourquoi le Hamas l’a-t-il refusée ? Pour la plupart des articles dont nous venons de citer les titres, les explications sont plutôt… laconiques. Sur les conditions de la trêve, à peu près rien. Sur les raisons du refus du Hamas, à peu près pas grand-chose.

Ainsi, sur le site MyTF1.news : « Au neuvième jour du conflit qui l’oppose à Israël, le mouvement palestinien a, sans surprise, opposé une fin de non-recevoir à un éventuel cessez-le-feu. Sur le terrain, les raids israéliens s’intensifient. Comme mardi, le Hamas a de nouveau officiellement informé l’Égypte mercredi qu’il rejetait sa proposition de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Cette décision, sans surprise, implique la poursuite du conflit entre Israël et le mouvement islamiste ». C’est tout ? C’est tout.

Notons toutefois qu’une dépêche AFP publiée dans la journée du 15 juillet, et de laquelle semble s’être inspirés la plupart des sites d’information, précise un peu les choses : « Le Hamas exige l’arrêt des bombardements, la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l’ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l’Égypte et la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés dans le cadre de l’accord d’échange du soldat israélien Gilad Shalit en 2011 ».

Dont acte ? Ou pas. Et nous touchons ici aux conséquences du traitement biaisé, incomplet et dépolitisé que nous évoquions plus haut. Que viennent soudain faire le blocus de Gaza et la libération des prisonniers dans cette affaire ? Ne s’agissait-il pas juste d’échanges de tirs et d’une « escalade meurtrière » qui avait débuté le 12 juin avec la disparition des trois jeunes Israéliens ? Les exigences du Hamas, lorsqu’elles sont (succinctement) exposées, apparaissent comme étant hors de propos, eu égard au récit et au bruit médiatique dominants, et surtout personne ne prend le soin de réellement les expliciter, à l’exception de quelques articles comme celui publié par Pierre Puchot sur Mediapart, qui fournit des éléments de contextualisation et des explications permettant d’aller au-delà de l’idée d’un « refus de la trêve » par le Hamas et de comprendre les raisons qui ont poussé le Hamas à rejeter « cette » trêve.

Dans cette affaire, le Hamas apparaît donc comme celui qui refuse d’arrêter les combats, tandis qu’Israël, que l’on fait apparaître (volontairement ou non) comme étant de « bonne volonté », en sort grandi.

Autre exemple de ce parti pris qui est avant tout, rappelons-le, une conséquence ou un « dommage collatéral » des travers identifiés ci-dessus, le glissement sémantique qui s’opère lorsqu’il s’agit de nommer les acteurs des événements en cours. Si l’on tient compte de l’ensemble des coordonnées de la situation, l’offensive israélienne contre la bande de Gaza est un épisode violent du conflit opposant Israël aux Palestiniens. Ce conflit existe en Cisjordanie, à Jérusalem, à Gaza et en Israël même, comme l’ont par exemple récemment montré les épisodes violents qui ont suivi la disparition des trois jeunes Israéliens et, a fortiori, la découverte de leurs corps.

Mais dans le cas qui nous préoccupe, et probablement en raison des mécanismes de dépolitisation, l’offensive israélienne contre Gaza est devenue, souvent, une guerre Israël-Gaza, visiblement déconnectée du conflit « global » qui oppose Israël aux Palestiniens.

Parfois même, l’offensive israélienne contre Gaza est devenue un affrontement Israël-Hamas :

La réduction d’un conflit global entre Israël et les Palestiniens à un affrontement entre « Israël » et « Gaza » est déjà problématique en soi. Si demain l’Italie bombardait la Corse, parlerait-on d’un affrontement entre l’Italie et la Corse ou d’un affrontement entre l’Italie et la France ? Cette réduction accompagne en réalité, consciemment ou non, la rhétorique et la politique israéliennes visant à séparer le sort de Gaza de celui de la Cisjordanie et des Palestiniens d’Israël. Il ne s’agit donc pas d’une simple erreur d’appréciation ou d’un mauvais choix dans les termes, mais bel et bien d’un accompagnement des positions israéliennes.

Le glissement consistant à parler d’un affrontement entre « Israël » et « Hamas » est encore plus critiquable. En premier lieu, parce que le Hamas n’est pas la seule force politique présente à Gaza, loin de là, et qu’il n’est pas le seul à avoir, ces derniers jours, lancé des roquettes vers Israël. En deuxième lieu, parce que le Hamas, et ce quelles que soient les critiques que l’on peut formuler à l’égard de sa stratégie ou de ses positions et projets politiques, est le parti qui a obtenu la majorité des suffrages lors des dernières élections législatives, et ne peut en aucun cas être considéré comme un groupe isolé du reste de la population palestinienne. Enfin, la rhétorique du « conflit Israël-Hamas » occulte un pan essentiel de la réalité : le conflit n’oppose pas Israël et le Hamas, un groupe politique avec ses orientations et ses pratiques, mais Israël et les Palestiniens, un peuple avec ses droits nationaux.

***Que ce soit lors de l’épisode de la première « trêve » ou lorsque l’on s’intéresse à la qualification de l’offensive en cours, on se rend donc compte que les biais et travers médiatiques liés à la volonté revendiquée de traiter de manière « équilibrée » une situation asymétrique débouchent sur une occultation des tenants et aboutissants réels du conflit, assimilable à une malinformation, voire une désinformation. À force de vouloir simplifier à outrance, on gomme en effet les causes profondes du conflit, on « évite » toutes les informations qui pourraient renvoyer à ces causes profondes et on fournit, à l’arrivée, une information qui n’en est pas une et qui n’offre aucune clé de compréhension au lecteur, au téléspectateur ou à l’auditeur.

Le bruit médiatique général donne en réalité à lire, à entendre ou à voir une « guerre sans fin », au sein de laquelle les torts seraient partagés, les populations civiles victimes des mêmes politiques, et les « extrémistes » responsables de tous les maux. Le déséquilibre des forces et des légitimités est largement étouffé au nom d’une prétendue « neutralité » se manifestant par la revendication d’un traitement « équilibré » qui, dans une situation telle que celle du conflit opposant Israël aux Palestiniens, conduit à un accompagnement, voire une légitimation du récit israélien.

On en oublierait presque en effet que Jérusalem, la Cisjordanie et Gaza sont, selon la légalité internationale, sous occupation, que les colonies israéliennes s’étendent chaque jour un peu plus, que plus de 5 000 prisonniers politiques sont détenus par Israël, que plusieurs millions de réfugiés palestiniens vivent toujours dans des camps et que le peuple palestinien continue de revendiquer ses droits, consacrés par la légalité internationale. Ne serait-il pas de la responsabilité des médias de nous en informer, y compris et notamment lors des épisodes comme celui de l’offensive israélienne contre Gaza ?

Julien Salingue

PS : Ce texte a été rédigé avant le début de l’offensive terrestre engagée par l’armée israélienne dans la nuit du 17 au 18 juillet, dont le traitement médiatique semble malheureusement confirmer les tendances décrites dans cet article.