« Regarde elle a les yeux grand ouverts »

Le documentaire retrace le parcours de quelques femmes du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) d’ Aix-en-Provence jugées en 1977 pour « pratiques illégales de la médecine et tentative d’avortement sur mineure ». Autour du procès, le film nous fait découvrir le quotidien de ce collectif qui proposait aux femmes de s’approprier les savoirs médicaux liés au contrôle de la contraception, à la pratique des avortements, mais aussi aux accouchements à domicile.
Le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) se crée en avril 1973. Même si en janvier 1975, la loi Veil légalise l’IVG, l’accès à l’avortement est toujours difficile. Le MLAC militait pour que les savoirs pratiques autour du corps des femmes, de leur santé et leur sexualité, soient pensés et maîtrisés par les femmes elles-mêmes. Les femmes apprennent donc à faire elles-mêmes. Le MLAC continuera les avortements et accouchements, même après la loi Veil.
Le film se déroule en deux temps. Un premier moment où l’on découvre les activités des femmes du MLAC autour des accouchements à domicile et des accompagnements à l’avortement.
L’association aidait aussi les femmes lors de permanences pour se rendre en Angleterre ou en Hollande pour avorter et organisait des départs collectifs. Les groupes militants du MLAC s’organisaient en réseaux locaux, plutôt autonomes dans leurs pratiques, dans le respect de la Charte du MLAC. Par exemple, les groupes de Rouen, Bagneux et Gennevilliers revendiquent la pratique d’avortements sans intervention médicale. L’implantation des comités MLAC se faisait surtout dans les villes moyennes et les grandes villes.
La caméra de Yann Le Masson s’attarde sur les visages des femmes qui prennent la parole, se livrent avec confiance autour de leurs histoires, dans la pure tradition du cinéma direct. L’expérience du MLAC ne se limite pas à la connaissance du corps et à ces pratiques d’auto-avortements et d’accouchements. C’est aussi une expérience de vie plus solidaire où les rapports à l’autre sont plus humains car chaque personne à l’écoute de ses désirs (avoir ou non un enfant, choisir son accouchement, décider de sa vie) est aussi capable d’entendre ceux des autres.
Dans un deuxième temps, le film revient sur le procès du 10 mars 1977. Accusées d’avoir pratiqué des avortements, les six femmes du MLAC choisissent la solidarité. Bras dessus bras dessous, elles font front et se défendent collectivement. De nombreuses personnes sont venues les soutenir, ce jour là. Beaucoup de chansons, de slogans « MLAC, MLAC, MLAC, solidarité !  » avant que les six ne s’engouffrent dans la salle d’audience. Cinq seront condamnées à 2 mois d’emprisonnement avec sursis, l’une a une peine d’1 mois avec sursis.
Après le procès, c’est l’heure des remises en question. Arrêter le MLAC ? Continuer ? L’une veut cesser ses activités pour passer plus de temps en famille, aussi sous la pression du mari. L’autre veut continuer. L’une raconte son avortement qui grâce à la présence des femmes du MLAC et leur pratique attentive et généreuse s’est bien passé. Une jeune fille dira avec enthousiasme « Avec mes copines, on va faire un petit MLAC ». Le groupe essaime, sans se poser en modèle, des pratiques militantes fortes, basées sur la solidarité, l’entraide et la bienveillance.
La dernière scène montre une des femmes du MLAC accouchant dans sa chambre, entourée par ses amis, sa famille, dans un climat de fête. A l’écoute les unes des autres, toujours. La femme, dans une grande maîtrise de son corps semble sereine. Elle guette les signes qui s’annoncent. Et de vérifier qu’elle est prête à accoucher, se met en position, pousse avec le mari d’un côté, les copines de l’autre, et même quelques enfants qui regardent bouche bée, comme au spectacle. Puis de tâter elle-même la tête qui sort et sa fille qui l’aide à tirer le bébé hors d’elle. Une naissance qui symboliserait aussi l’autonomie des femmes.
Ce qui frappe avec un décalage de 40 ans reste la solidité du groupe qui s’affranchit du pouvoir médical pour se prendre en main et aider d’autres femmes à le faire.
À l’heure où le droit à l’avortement est encore remis en cause en Espagne, par exemple, l’expérience du MLAC paraît non seulement juste mais très forte.

Ukraine « les contradictions de l’insurrection d’EUROMAIDEN »

Préalable des camarades tchèques de Přátelé Komunizace 

 Pendant des semaines et des semaines, nous observons les événements d’Ukraine, essayant de trouver le sens de ce qui s’y déroulait, à Kiev et dans d’autres villes. Nous avons lu bien des textes, commentaires et interviews et discuté sur Maiden,(1) mais nous ne sommes toujours parvenus qu’à nous poser d’autres questions. Ainsi, quand  nous avons trouvé la possibilité d’être en contact avec des camarades ukrainiens nous avons tenté d’en tirer  le mieux possible pour y répondre. Le résultat de cet effort et grâce à la bonne volonté et à la patience de Denis de la branche de Kiev du syndicat ouvrier autonome (Autonomous Workers Union) (2)  nous avons pu parvenir à ce qui suit. Nous espérons qu’il vous apportera une vision utile du mouvement Maidan et de son contexte.

Vratislav : Depuis presque trois mois un mouvement a commencé à se développer en Ukraine et est devenu réellement massif , se répandant de Kiev vers les autres régions de l’Ukraine. Il a impliqué  à Kiev l’occupation permanente du parc de l’Indépendance et de la zone urbaine environnante, et, dans une bonne partie du pays.  des émeutes, des occupations ou blocage de bâtiments de l’administration ou officiels C’est notoire qu’on y trouve une forte implication d’organisations d’extrême droite et la prévalence parmi les protestataires d’une certaine idéologie nationaliste traditionnaliste. Ce mouvement dénommé « Maidan »  ou  « Euromaidan »  d’après le nom du lieu occupé et celui de la revendication  initiale que le gouvernement ukrainien ratifie le traité conduisant à l’admission de l’Ukraine dans l’Union Européenne. Pourtant, rapidement cette revendication a été remplacée par une autre, une revendication destinée à permettre de mobiliser un plus grand nombre, celle de renverser le président Ianoukovitch,(3) son gouvernement  et un appareil d’Etat corrompu. Est-ce que cette description correspond à la réalité ou y manque-t-il quelque chose ? Je veux dire, si le présent clan au pouvoir est contesté, est-il réellement contesté par  une majorité  de gens qui voudraient définitivement voir l’Ukraine prendre «  la voie occidentale » ? Est-ce que le mouvement Maiden à Kiev et dans tout le pays est absolument unifié sur cette question d’un « ultra optimisme européen » ?

Denis : Oui, ton aperçu est plus ou moins correct. Mais tu dois comprendre que, depuis le début du mouvement, les gens ont une vision très particulière de l’Europe. Ils y voient une société très utopique – une société sans corruption, avec des salaires élevés, une sécurité sociale, le règne de la loi, des politiciens honnêtes, des visages souriants, des rues propres, etc.- et appellent cela l’UE. Et quand on essaie de leur dire que l’UE n’a actuellement rien à voir avec cette  vision idyllique , que des gens en Europe présentement brûlent des drapeaux européens et protestent contre l’austérité, etc . ils répliquent : « Préféreriez-vous vivre en Russie ? » Depuis le début les protestations sont bienorientées par la fausse conscience d’un « choix de civilisation », par le modèle idéologique nationaliste qui ne laisse aucune place à des revendications de classe. C’est le résultat d’une hégémonie culturelle bourgeoise, au sens Gramscien (4) et c’est le principal problème de la lutte que nous devons mener  dans ce pays dans les prochaines années (ou même dans des décennies) Lire la suite…

Des Nouvelles Du Front

Déclaration sur la situation en Ukraine du Syndicat Autonome des Travailleurs, 19 février 2014

Déclaration sur la situation en Ukraine du Syndicat Autonome des Travailleurs  19février 2014

http://dndf.org/?p=13324#more-13324

La guerre civile a commencé hier en Ukraine. Une manifestation pas si pacifique s’est confrontée aux forces de défense de l’Etat et à des divisions formées par les partisans de l’actuel gouvernement à côté de la  Vekhovna Rada (Parlement).Le 18 février, la police, ainsi que des paramilitaires, ont commis un bain de sang dans le quartier gouvernemental au cours duquel de nombreux manifestants ont été tués. Les bouchers des divisions spéciales ont achevé des personnes arrêtées. Les députés du parti au pouvoir, le Parti des Régions, et leurs laquais bourgeois du Parti « Communiste » d’Ukraine ont fuit le parlement par un tunnel sous-terrain. Le vote d’amendements constitutionnels, dont le but était de limiter le pouvoir présidentiel, n’a pas pu avoir lieu. Après leur défaite, les manifestants se sont retirés à Maidan. A 18 heures, le ministère des affaires intérieures et le Bureau de la Sécurité Interne (BSI) ont déclaré un ultimatum aux manifestants, leur demandant de se disperser. A 20 heures, les forces de police spéciales et les paramilitaires, équipés de canons à eau et de véhicules blindées, ont commencé leur raid contre les barricades. La police, les divisions spéciale du BSI, ainsi que les troupes pro-gouvernementales, ont utilisé leurs armes à feu. Cependant, les manifestants ont réussi à incendier un véhicule blindé de la police, et on s’est rendu compte que les forces gouvernementales n’étaient pas les seules à avoir des armes. Selon le communiqué publié par la police (le 19 février à 16 heures), 24 personnes ont été tuées : 14 manifestants et 10 policiers. 31 policiers ont été blessés par balles. Même si leur estimation du nombre de pertes du côté de la police est réel, celui des victimes parmi les manifestants est clairement minimisé. Les soignants de Maidan cite au minimum 30 tués.

On a l’impression que le président Yanoukovich était certain que dans la matinée, la résistance serait écrasée, et c’est ainsi qu’il a arrangé une rencontre avec les leaders de l’opposition le 19 février à 11 heures. Comme les négociations n’ont pas eu lieu, on peut conclure que le plan du gouvernement a été un échec. Lors de l’opération qui a échoué de nettoyer Maidan , les citoyens de plusieurs régions occidentales ont occupé les bâtiments administratifs et repoussé la police. A ce moment, la police, en tant qu’institution, n’existe pas à Lvov. Selon le BSI, les manifestants ont pris possession de 1500 armes à feu. En moins de 24 heures, le gouvernement a perdu le contrôle d’une partie du pays. Actuellement, la seule solution pourrait être la démission du président, mais cela signifierait que lui, sa famille, et leurs nombreux acolytes et vassaux, qui forment le plus grand groupe dans le gouvernement au pouvoir, perdraient leurs sources de profits. Et il est probable qu’ils ne l’accepteront pas.

En cas de victoire de Yanoukovich, il deviendra dirigeant à vie et le reste de la population sera condamnée à une vie où elle devra subir la pauvreté, la corruption et l’abolition des droits et libertés. Les régions rebelles font actuellement l’expérience de la restauration de « l’ordre constitutionnel ». Et il n’est pas improbable que la répression des « groupes terroristes » en Galicie aura le caractère d’une épuration ethnique. Les fous extrémistes orthodoxes du Parti des Régions considèrent, depuis longtemps, les catholiques grecs comme les défenseurs de « l’Europe de Sodom ». Une telle « opération anti-terroriste » sera menée avec l’aide de l’armée comme l’a annoncé Lebedev, le ministre de la défense.

Aujourd’hui, l’Ukraine vit une tragédie, mais la véritable horreur commencera lorsque le gouvernement aura briser l’opposition et « stabiliser » la situation. Les signes de la préparation d’une opération de nettoyage de masse sont devenus visibles dès début février avec des poursuites criminelles à l’encontre des divisions d’auto-défense de Maidan en tant de formations militaires illégales. Selon l’article 260 du Code Criminel, les membres de telles divisions sont passibles de 2 à 15 ans de prison. Cela veut dire que le gouvernement prévoit de mettre plus de 10.000 citoyens derrière les barreaux. Dans les régions, comme dans la capitale, des escadrons de la mort agissent comme supplétifs des forces de police habituelles. Par exemple, un tel escadron de la mort, qui se fait appelé « les fantômes de Sébastopol » a revendiqué d’avoir brûlé vif un militant de Maidan originaire de Zaporijia. Ils ont annoncé qu’ils étaient près à faire subir le même traitement à des participants de Maidan à l’Est.

En cas de victoire de l’opposition, la vie sera aussi loin d’être parfaite. Même si les fascistes forment une minorité des manifestants, ils sont particulièrement actifs et ne sont pas les moins bien armés. Après quelques jours de trêve à la mi-février, des conflits entre groupes de droite ont conduit à plusieurs affrontements violents ainsi qu’à des agressions contre des « hérétiques » idéologiques. Derrière les fascistes, les anciens membres expérimentés de l’opposition font aussi tenter de prendre le pouvoir. Parmi eux, ils sont nombreux à avoir travaillé au sein du gouvernement et ne sont pas étrangers à la corruption, au favoritisme et à l’utilisation de fonds publics pour leurs intérêts personnels.

Les « concessions » que l’opposition demande au parlement sont pitoyables. Même la constitution de 2004, qu’ils veulent rétablir, donne trop de pouvoir au président (le contrôle de la police anti-émeute et des forces spéciales n’est qu’un exemple), et le système électoral à la proportionnelle, avec des listes fermées, met le parlement entre les mains de leaders dictatoriaux qui peuvent être comptés sur les doigts d’une main. Avec le président, ils dirigeront sans la moindre limite.

La seconde revendication, la mise en place d’un cabinet de ministres composés des leaders de l’opposition, est tout aussi honteuse. Est-ce que les gens risquent leur santé, leur liberté et leur vie pour que quelqu’un devienne premier ministre et que quelqu’un d’autre puisse profiter des flux monétaires de la corruption ? C’est la conclusion logique des discours pathologiques sur « la nation » et la défense des même structures verticales des politiciens haïs au lieu de développer des organisations de base pour la défense des intérêts financiers et matériels. C’est la principale leçon que doit apprendre Maidan. Mais cette leçon ne pourra être apprise en pratique que si l’actuel gouvernement perd la bataille.

L’opposition, au sein comme à l’extérieur du parlement, est divisée entre de multiples fractions hostiles. En cas de victoire, son régime sera instable et manquera de cohérence. Il sera tout aussi bourgeois et répressif que celui du Parti des Régions avant sa première épreuve de force en novembre contre les manifestants.

La responsabilité de sang versé revient aussi en partie à l’Union Européenne qui reçoit volontiers l’argent des salauds corrompus d’Ukraine, de Russie et de plusieurs pays d’Afrique, en négligeant l’origine de tels « investissements ». Ce n’est qu’après avoir vu les corps des victimes de ces « investisseurs » qu’ils versent des larmes de crocodiles sentimentales et humanitaires.

Ce n’est pas notre guerre, mais la victoire du gouvernement sera une défaite pour les travailleurs. La victoire de l’opposition n’annonce, elle aussi, rien de bon. Nous ne pouvons pas appeler le prolétariat à se sacrifier pour le bien et les intérêts de l’opposition. Nous pensons que la participation aux affrontement est une question de choix personnel. Cependant, nous encourageons à refuser de servir dans les forces militaires contrôlées par Yanoukovich et à saboter par tous les moyens possibles les actions du gouvernement.

Ni dieu, ni maître, ni nations ni frontières !

Organisation de Kiev du Syndicat Autonome des Travailleurs

Report from Bosnia (english)

Report from Bosnia:

I went with two friends last week to Bosnia (3 days in Sarajevo and 2 days
in Tuzla) to try to understand the situation there. Here is some of the
information we gathered. This is far from being a proper analysis, as we
need more time to try to make sense of these facts. We’ll keep following
what is happening and will write more when we find more information.

Protests in Sarajevo:

They take place every day since the government building of Sarajevo’s
canton was burned. People meet at 1pm in a place they call ?the square?
but which is in fact the intersection between two streets in front of the
burned building. The protest looks small at first, but people come and go
from 1pm to around 9pm every day so it means that a lot more people in
total are coming to protest.
It should be said that the rest of the city functions (so to speak) as
usual, and this is true of Tuzla as well.

There is little police around the building, we heard that those remaining
in power are very afraid of what is going on and are trying not to provoke
the demonstrators by massive police presence.

Those protests started in solidarity with the events in Tuzla, but quickly
the protesters in Sarajevo started having their own demands and assembly.
They burned the government building of Sarajevo’s canton on Friday the
7th. According to some of the participants, the people taking part in the
riot were very diverse, many young people but also many pensioners, men
and women alike, and apparently the big majority was not political before
or involved in any organization. One young woman we met was very proud of
having been part of the riots and insisted she was not the only one, and
that older women joined as well.

In Sarajevo it seems that young people and retired people are the most
present in the movement, or let’s say those with the most anger. We met
many old people who told us it was great that the government building
burned, and that a lot more should be burned.

Young people named massive unemployment as a cause of protest; pensioners
complained that they were still receiving the same pensions than years ago
even if the prices had gone up dramatically and they couldn’t possibly
survive on that money.

Protests in Tuzla

We were only two days in Tuzla and have less understanding of the
situation there.

We met some workers of the Dita factory, one of those which got bankrupt
after its privatization. They said that they have already been struggling
for more than a year to get their wages, health insurance etc? that they
tried many different ways to struggle (including a hunger strike) but that
nobody cared. But when they went to the streets on the 5th of February and
got attacked by the police, that provoked immediately a massive movement
of solidarity by younger people and unemployed, who took to the streets
and stormed and burned the government building of canton Tuzla. The
workers of Dita we met said that they were very happy that that building
burned and people protested in the streets, and that they were proud that
their struggle had initiated such actions. They said that they were not
organized in any union as the official union abandoned them 10 years ago.

Tuzla’s assembly

The ?assemblies of the citizens of Tuzla? are pretty big (more than 500
people as we were there) and apparently it is the first time such
assemblies took place, at least in the last 20 years. Most of the
participants were over 30 years old, all sorts of people, not really the
kind of typical ?Occupy? crowd. Still, workers of the Dita factory told us
that it was younger people who had the idea of meeting in assemblies, so
maybe there were a few younger people (maybe students) who had somehow
heard about the whole Occupy/Assemblea thing abroad. In any case there was
apparently never any mention of these examples.

We went to one assembly and it was very well organized, those who put
their hands up got the chance to speak, the decisions were written in a
document that was projected on a white board. It looks that there was a
massive need for something that looks transparent, that contrasts with the
corruption of everyday politics. The content of what was discussed was
very far from being revolutionary, people said they wanted a government of
experts, ?the continuity of institutions? (not yet quite sure what that
means) etc? Problems of form were central to the discussion: that the
delegates of the assembly were not to be part of any political party, that
they were not to be paid? People insisted as well that there should be
women among the delegates (at first only men were proposed). Of course
these are only formal things but they seemed very important to people.

Critique of nationalism

This is a point that was constantly raised and one of the main point that
was making people euphoric: nationalism (which means there: the division
of Bosnia into ethnic groups) has been the major axis around which any
social relation, political and social demand etc? was supposed to be
articulated and understood. And all of a sudden, anti-nationalism turns to
be the cement of the protests, the common value that makes very different
people come together.

Anti-nationalism means there something very different than what we would
mean by it. It is in no way a form of internationalism. In fact, most of
the people we met did not have a clue of what is going on outside
ex-Yugoslavia, and never heard of Occupy or the Arab Spring (which does
not mean at all that it is impossible to make parallels between these
movements and what is happening in Bosnia.)

Sometimes anti-nationalism was combined with a call for a real Bosnia,
which seems to be less of a nationalism per se (there is not really a
Bosnian-Herzegovina identity) than a call for a functioning state
(possibly understood as a functioning welfare state): because of the
division of the country in three parts, with three governments and three
presidents, the administration and the institutions are a big mess, so
people don’t get their benefits, laws that are voted don’t go through,
etc. We met many people who were pissed off by that and said they just
wanted a ?proper functioning state?.

Obviously many old people were nostalgic of Yugoslavia, but I don’t think
it was much present among young people, and this was normally more
expressed implicitly than explicitly.

It is still not completely clear to us what is happening in the Serbian
part of Bosnia (Republika Srpska). The president of that part is claiming
that the protests are only an ?ethnically? Bosnian phenomena and that
Serbs should not join the protest. But there is at least a small minority
that is trying to join the protest and is getting into trouble for it. We
heard that there were curfews in some of these parts to prevent people to
join the protests but we still do not know if that is true. It should be
said that this part is generally poorer that the Bosnian part.

Demands

Formal demands were far from being revolutionary: a government of experts,
a proper functioning of the state etc?  Still it is worth questioning if
the participants really believe that such a government could actually
exist, and if they do think so, it is very likely that they will be
disappointed soon. And, from the level of anger we could see, it seems
highly probable that what we are witnessing is only the first round in a
series of protests.

Solidary protests in other ex-Yugoslavia countries
There were protests in Serbia, Croatia, Slovenia and last Saturday there
were riots in Montenegro.

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To be continued?
http://tptg.gr/dadalist/mail.cgi/what_is_dada_mail/

Editorial et sommaire du numéro 38 du journal l’envolée, février 2014

Alors quoi ?

Dire à un être humain qu’il va rester en prison toute sa vie est une chose ; le lui faire accepter en est une autre.

Christophe Khider et Philippe Lalouel ont récemment dit à l’issue de leur procès que les peines auxquelles ils venaient d’être condamnés étaient inacceptables et qu’ils ne les feraient pas ; même pas en cauchemar. Certes, dans un éclair de lucidité, des médias, des politiques et certains ­intellectuels ont applaudi la libération de Philippe El Shennawy, âgé de 58 ans, après trente-huit ans de prison ! Mais après quels combats ­a-t-il été libéré, et à quel prix ? À sa sortie, il dénonce « une ­liberté au rabais » : deux ans de bracelet électronique, dix-huit de conditionnelle, c’est la prison ­dehors ! Et au moindre pet de travers, il retournera derrière les barreaux. Il évoque les milliers d’autres qui attendent la fin d’une peine infinie, empêtrés dans le calcul d’hypothétiques remises de peine, dans les conditionnelles et les périodes de sûreté… sans compter l’administration pénitentiaire qui les cache­tonne pour les faire ­végéter dans l’insupportable et le dénuement.

Nous répétons que l’abolition de la peine de mort en 1981 a abouti, logiquement, à un allongement interminable des peines. Depuis, le code pénal n’a cessé de s’alourdir et les lois sécuritaires s’accumulent. Le droit arrive au bout de l’impasse dans laquelle il s’est engouffré. Ceux qui avaient été condamnés à l’époque à des peines de vingt-cinq ou trente ans les purgent encore aujourd’hui, et ils sont rejoints tous les jours par de nouveaux condamnés jusqu’à la mort. Comment faire exécuter ces peines  ? Comment faire pour que des hommes et des femmes à qui on refuse tout avenir se tiennent tranquilles ? L’État a sa réponse : il construit et expérimente deux nouvelles prisons ultra-sécuritaires. Celle de Vendin-le-Vieil n’est pas encore inaugurée que ça pète déjà à Condé-sur-Sarthe, ouverte il y a dix mois. Alors quoi  ?

Déjà en 1985, les émeutes de Fleury, Saint-Maur, ­Ensisheim dénonçaient toutes le mécanisme des peines de sûreté et l’allongement des peines. Les prisonniers avaient compris que l’abolition était une supercherie. Ils ont à peine été entendus.

En 2001, quand Badinter organise lui-même la commémoration de l’abolition, de nombreux prisonniers longues peines en sont déjà à vingt ans d’incarcération. À cette occasion, certains font sortir de plusieurs centrales des vidéos, des textes, des cartes postales, des affiches… pour dire haut et fort que la prison n’a jamais autant tué depuis la fin de la seconde guerre mondiale, que les peines sont de plus en plus longues et les libérations conditionnelles de plus en plus rares.

Toujours pas entendus.

En 2006, dix prisonniers de la centrale de Clairvaux rédigent un appel dans lequel ils demandent le rétablissement de la guillotine pour eux-mêmes, pour en finir avec l’hypocrisie du système ­judiciaire et carcéral. Ignorés.

En 2014, Taubira, ministre des tribunaux et des prisons, prépare sa réforme pénale qui n’améliore en rien le sort des personnes sous main de justice. Certains commencent à réaliser que tout espoir est vain, car les condamnations délirantes des cours d’assises assassines, eh bien, il va falloir les endurer jusqu’au bout. Les plus longues peines ont pour seule perspective une sortie vers 65-70 ans, voire au-delà…

C’est pas pour rien que des révoltes individuelles et collectives se multiplient depuis quelques mois. Il faudra bien que les prisonniers longues peines finissent par se faire entendre, pour eux et pour tous les prisonniers, parce que l’allongement infini des peines nous concerne tous. Comment y parvenir ? Comment briser enfin l’isolement ? Comment les prisonniers peuvent-ils s’organiser pour porter et assumer des revendications collectives ? Comment faire en sorte qu’elles soient entendues ? À l’extérieur, quel écho ­saurons-nous leur donner ?

SOMMAIRE :

5 / Nul n’est censé ignorer Lalouel : retour sur le procès en appel aux assises de Montauban les 30 et 31 janvier 2014 ; et lettres de Philippe Lalouel
12/ Quand la cour d’assises ronronne, un autre procès à Montauban
14 / Condé-sur-Sarthe : tombeau dernier cri pour peines infinies
– Lettre du GIP, actualisée par l’Envolée
– Retour sur l’affaire Buffet et Bontems
– Entretien avec Cyrille Canetti
22 / Neuf prisonniers massacrés par la justice : procès de la mutinerie de Blois après la mort de Mounir
25 / Réau, la visite continue
– Lettres de Herbert
– Lettre de Kaoutar
– Lettres de Christine
29 / « Chapeau bas, mesdames ! » après un mortel refus de soin
– Lettre de Khaled
– Lettre de Marc
30 / Interview de l’avocat Bernard Ripert, interdit d’exercice pendant un an
34 / À voir, à écouter…
36 / Lettre de Patricia

L’envolée

« des méthodes d’un autre âge »

Hier matin, des membres de la liste de rassemblement conduite par Jean-Brice Garella, le candidat aux municipales investi par le PS à Gardanne, ont découvert leur local de campagne taggué.
D’autres inscriptions, avec la même peinture rouge, ont été faites en plusieurs autres lieux de la ville. Un moment « traumatisant » pour l’équipe du candidat qui dénonce « des méthodes d’un autre âge ». Jean-Brice Garella a porté plainte.

La provence

Révolte à Vincennes, dedans et dehors : 2 compagnon-ne-s libérées

14 février 2014. Au centre de rétention de Vincennes une révolte a éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi. Ces enfoirés de flics ont débarqué à 4 heures du mat’ pour expulser l’un des enfermés. Les accès aux chambres ont été barricadés, les caméras obstruées et des extincteurs, des portes, des meubles ont été balancés sur les flics. La réponse de ces derniers ne s’est pas faite pas attendre et 23 camions débarquent pour mater la mutinerie. Pas de flics blessés mais 13800 euros de dégâts TTC. Du coup, 48h de GAV pour deux révoltés présents qui se reconnaissent sur la vidéo d’une caméra mal obstruée. Au poste, les flics sont agressifs et les montent l’un contre l’autre pour qu’ils s’accusent mutuellement dans leur déclaration . Déferés à paris, ils prennent deux mois de taule pour avoir jeté une porte et l’un d’entre eux prend deux mois de sursis supplémentaires pour refus ADN…
Le soir même un feu d’artifice a salué la rage des détenus de la prison pour étrangers. Les flics s’étaient préparés et les renseignements généraux avaient demandé à la brigade cynophile de faire des rondes et à quelques effectifs de se disposer à differents endroits autour du  centre. Cinq personnes sont interpellé-e-s peu après dans le bois de Vincennes en voiture. S’en suit une comparution devant le juge et deux mandats de depôt ! Les trois autres sont sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact et de quitter l’île de France.
Les  chefs d’inculpation sont attroupement armé et masqué, refus empreintes, photos et ADN. Le juge a reporté le  procès au 24 mars au  motif de doutes sur l’identité des accusé-e-s qui avaient refusé de donner leurs empreintes. Durant la garde à vue, rien à déclarer. Des noms fantaisistes sont  donnés aux flics, mais certain-e-s ont des papiers qui traînent dans leurs affaires. Deux d’entre elleux, qui ont changé de nom au moment de l’audience en plus de déclarer plusieurs domiciles, sont incarceré-e-s à Fleury Merogis au prétexte de manque de garanties de représentation. Ils sont sortis mardi 25 février, après dix jours d’enfermement suite à une audience de remise en liberté.
Au lendemain de l’incarceration, un rassemblement de solidarité s’est tenu à Barbès, des tracts racontant l’histoire et appelant à la solidarité ont été  distribués et deux banderoles accrochées : « Sabotons la machine à  expulser. Liberté pour toutes et tous » et « Feu aux centres de  rétention. Détruisons toutes les prisons ».
Plus tôt dans la journée, les flics avaient une nouvelle fois raflé des sans papiers dans ce même quartier, arrêtant plus de 60 personnes.
Ils enferment pour faire peur à tou-te-s les révolté-e-s, faire taire la solidarité et isoler les un-e-s des autres. Ils fichent pour optimiser leur pouvoir sur nos vies, et condamnent parce que l’on se rebelle contre l’autorité et que l’on ne se soumet pas sans broncher à leurs  sbires.
Les  frontières sont partout, au centre de  rétention, dans la rue, dans les  transports, dans les murs des prisons comme derrière les murs du  tribunal, jusque dans les têtes. Des  dispositifs concrets de contrôle  et de répression existent, des institutions, des entreprises, des larbins, font fonctionner la machine à  expulser. S’y attaquer, mettre un grain de sable dans les rouages c’est arracher des espaces de liberté et infliger quelques dégâts à ces collabos. Entraver l’action des flics lors d’une expulsion, comme  refuser de donner ses empreintes et  son ADN, participe à saboter la  bonne marche de la répression.
Solidarité complice avec les révolté-e-s,
chacun-e selon ses envies, contre toute autorité ! 
Pour la liberté vive la révolte des deux côtés du mur !
Liberté pour tou-te-s avec ou sans papiers!

[Montpellier] Communiqué carnavalesque

À nouveau carnaval en cavale…

Chaque année on craint que ce soit fini, toujours plus de pseudo zone artistique temporaire, toujours plus de flics, toujours moins d’espace où les gens peuvent se rencontrer, discuter, chanter, boire sans injonction à consommer.

Montpellier la ville où le soleil cesse de briller lorsque on ne gagne pas 3000 euros par mois.

Mais il reste quelque feu de joie, à l’ombre de l’étoile noire (http://juralib.noblogs.org/files/2014/02/162.jpeg)

Parce que Carnaval c’est le signe de vie, d’une ville pas encore soumise à l’eau de javel du tourisme, des opérations “grand cœur”, des arrêts anti mendicités, des “pas de bruits, pas de rire après 22h” sauf dans les boîtes ou les bars à cadre sup’.

Alors TOUT DOIT CIRCULER sans papiers, sans argent, sans propriétaires, sans organisateurs, sans consom-mateurs.

Parce que Carnaval c’est d’abord une fête sauvage qui ne se cache pas, mais c’est aussi une révolte qui ne dit pas son nom (elle préfère garder son masque).

Carnaval c’est toi, moi nous qui créons des chars, des rythmes de battucadas, des masques, et un partage.

À carnaval tout se renversent, les branché-es deviennent ringard, les riches pauvres, seules les flics restent des ordures.

Parce qu’ainsi nous tournons dans la nuit et le feu nous consument.

Monsieur Carnaval (qu’il brûle !) sera toujours le symbole des grincheux, des “j’appelelapolice”, des patrons, des réacs, et autres seigneurs de guerre… c’est pour cela qu’à la fin tout le monde danse autour de ce qui représente les cendres de ce que l’on maudit le reste de l’année.

Parce qu’encore les gueux-ses compte bien (et en musique !) retourner une fois dans l’année, la balance des classes sociales, des normes et morales, en attendant que le grand carnaval permanent les renverse pour toujours…

Comme une ombre au tableau, le carnaval de Montpellier reste… celui des gueux.

À Montpellier le 4 mars à partir de 19h30 au Peyrou….

Le jura libertaire

 

[Manosque, 04] Quelques attaques contre le tribunal

Le Palais de justice de Manosque légèrement vandalisé
Dans la nuit du 16 au 17 février, le palais de justice de Manosque a fait l’objet d’une vitre brisée et d’autres endommagées. Aucune dégradation n’a été recensée à l’intérieur de l’établissement.
Le Palais de Justice de Manosque qui abrite le Tribunal d’Instance et le Tribunal de Commerce, avec un rez-de-chaussée ouvert aux quatre vents, est l’objet régulier de réunions en bandes le soir venu, mais aussi de squat pour SDF, et de petites dégradations.
Ce fut une nouvelle fois le cas dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 février, puisqu’à l’ouverture ce lundi matin, les membres du personnel ont découvert qu’une vitre avait été brisée, et que deux autres avaient été endommagées dans le hall d’entrée. Sans compter une serrure abîmée.
Aucune dégradation n’a été recensée à l’intérieur de l’établissement, mais ce genre de vandalisme repose la question de la protection d’un tel établissement et de la sécurité dans ce quartier où à quelques mètres de là, la copropriété de la Galerie Mirabeau a du faire poser des grilles, l’année dernière, pour mettre fin aux actes de vandalisme répétés dans la soirée et la nuit.

Leur presse – hauteprovenceinfo.com
Le chat noir émeutier

Haine des chaînes

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mise à jour du site de haine des chaînes!

Questions diverses autour de la lutte des trans
C’est quoi la transphobie ? – Quelques mots à propos de la pathologisation des transidentités et du pouvoir du corps médical sur les personnes trans et intersexes. – Le transféminisme selon OUTrans. – Questions autour des combats des trans et des homosexuels en Iran, des Bacha Posh en Afghanistan… – Considérations sur les réactionnaire de tous poils et solidarités dans la lutte contre toute forme de racisme, de transphobie, d’homophobie et de sexisme…

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Christine : Procès au TGI de Melun le 5 mars

Mi-octobre 2013, Christine se fait incarcérer au Centre de Détention de Réau en banlieue parisienne (voir ici sur les événements précédents : http://rebellyon.info/spip.php?page=recherche&recherche=Ribailly ). Dès son arrivée, elle refuse de prendre la carte de circulation nécessaire aux passages des multiples sas de sécurité au sein de la taule. Elle est alors maintenue en « régime de portes fermées ». Pour les détenues placées sous ce régime, une seule pièce, la « salle de convivialité », permet de passer des moments ensemble. Début décembre, l’Administration Pénitentiaire (AP) décide de fermer cette salle sans donner de motif à cette décision. Immédiatement, Christine demande des explications. L’AP n’apprécie pas trop cette insolence et lui colle au total 21 jours de mitard en faisant tomber des Comptes Rendus d’Incidents gardés sous le coude. Au mitard, elle continue de protester, mais cette fois-ci pour obtenir un poste radio (obligatoire au mitard depuis la loi pénitentiaire de 2009). à sa sortie du mitard, elle rédige avec ses co-détenues un courrier destiné à l’AP, revendiquant la ré-ouverture de la « salle de convivialité » ainsi qu’une ouverture exceptionnelle de cette même salle le 1er janvier pour prendre ensemble le repas de midi. L’AP tarde à répondre, et le 31 décembre le chef de détention Ha-o-kwie convoque Christine pour lui rendre, à elle seule, la réponse négative. Elle proteste et refuse de devoir annoncer elle-même cette réponse à ses co-détenues. Ha-o-kwie insinue alors que c’est elle la meneuse et qu’elle aurait manipulé ses co-détenues pour rédiger la lettre de revendications. Elle fait un pas de défiance en avant. Là, trois autres matons restés à proximité l’agrippent par les bras pendant qu’Ha-o-kwie la menace en agitant son index sous le nez de Christine. Pour stopper cette humiliation, elle lui pince le doigt avec les dents. Menottée, les matons la collent au sol pendant qu’Ha-o-kwie lui envoie des coups de poing au visage. Suite à cette altercation, Christine prend 30 jours de mitard. Ne voulant pas rater l’occasion de se faire un treizième mois, Ha-o-kwie porte plainte pour violence. Le dernier jour de mitard (le 28/01/14), Christine est placée en garde à vue et présentée au TGI de Melun pour être jugée sur cette plainte. Elle refuse cette comparution immédiate et reçoit une convocation en correctionnelle pour le 5 mars à 13h30 au même TGI de Melun. Dès le lendemain matin, elle est transférée pour raison disciplinaire au Centre Pénitentiaire de Rennes. En 14 mois de détention, il s’agit de son sixième transfert disciplinaire et donc de sa septième taule. En 14 mois elle en aura passés 205 jours au mitard et 70 jours en quartiers d’isolement. Après avoir écopé de 6 mois fermes et plusieurs centaines d’euros à verser à différents matons de Bapaume au Tribunal d’Arras, c’est maintenant le Tribunal de Melun qui veut venir en rajouter une couche. (Voir ici à propos du procès d’Arras : http://rebellyon.info/?Delibere-d-Arras-et-d-autres). N’appréciant pas les réfractaires, l’Administration Pénitentiaire, avec l’appui de la Justice, joue la carte de l’acharnement pour tenter de détruire Christine. Même si nos marges de manœuvre sont étroites, ne laissons pas Christine seule face à la machine à broyer. Soyons nombreux lundi 5 mars 2014 dès 12h30 devant le Tribunal de Melun (2, avenue du Général-Leclerc). D’ici là et après, pour lui écrire, voici sa nouvelle adresse à Rennes : Christine RIBAILLY, écrou 7993, CP-CD de Rennes, 18 bis rue de Chatillon, 35000 RENNES Suite au procès du 13 février 2013 à lyon, le parquet avait jugé la peine (3 mois fermes) trop clémente et avait donc fait appel. La date de cette nouvelle audience est tombée. Ce sera le lundi 14 avril 2014 à 13h30 à la Cour d’Appel de Lyon. D’autres infos à ce propos suivront bientôt. Voir ici à propos de ce procès en première instance : http://rebellyon.info/proces-de-christine-le-mercredi-13.html
Ci-dessous, deux lettres Christine sur les derniers événements :
CD de Réau, mercredi 11 décembre 2013
Depuis mercredi dernier, je suis de nouveau au mitard. Avec l’AP, chassez le naturel il revient au galop ! L’ « équilibre des nuisances » dont je parlais dans ma lettre précédente [12 novembre] a été rompu par un officier qui remplace celui du CDF pendant ses congés, et qui a préféré jouer les gros bras plutôt que de se renseigner sur la relation qu’on avait mise en place. Au prétoire (où, comme à Joux, il n’y avait pas d’avocat car c’était hors des jours habituels), j’ai vu qu’il avait salement chargé le CRI, inventant (mais là non plus ce n’est pas original) que j’avais essayé de le mordre. J’ai pris 18 jours jusqu’au 21 décembre, mais là il reste encore des CRI en suspens. Pourtant, depuis le 25 novembre, et ma demande de prolongation de parloirs pour voir mes parents le WE du 21 et 22 décembre, j’avais repris ma carte de circulation et il n’y avait plus eu de rapport. Au mitard ici, on a la douche dedans. D’ailleurs, elle déclenche l’alarme incendie avec la buée quand elle est bien chaude ! Par contre, malgré la loi de 2009, la pénitentiaire ne fournit pas de radio au prétexte que les ondes FM ne passent pas les murs de cette foutue taule. Heureusement, mes voisines basques m’ont dégoté un petit transistor avec lequel je chope « France Bleue » en ondes courtes. Quand mon corps fait antenne près de la fenêtre (position assez sportive), je chope même « France Musique » en FM. À propos de musique classique, il y a eu un concert avec les cuivres de l’orchestre de Chambre de Paris le 15 novembre au gymnase. Pour la première fois à Réau, les gars du CD1 et CD2 et nous du CDF avons pu y aller en même temps. Quand nous sommes arrivées, avec près d’1/2h de retard, une trentaine de gars étaient assis sur leurs chaises groupés au fond du gymnase. Nous, on était une quinzaine de filles. Toutes se sont assises sur les chaises groupées. Entre les gars et nous, il y avait un « no mans land » de 4m de large. Moi, bien-sûr, puisqu’on ne nous avait pas donné d’ordre, je suis allée m’asseoir sur une chaise libre de l’autre côté. Les filles, qui avaient intégré la norme avant même qu’elle soit formulée, me regardaient effarées. Les gars avec qui j’essayais péniblement d’engager la conversation me regardaient aussi comme un extraterrestre. Ça a quand même duré 2 bonnes minutes. Puis un maton est venu me dire de changer de côté. « Pourquoi ? » « Là c’est les hommes » « Et alors ? » »Vous ne vous mélangez pas ». Alors je me suis levée en lançant à la cantonade « Désolée les mecs, il paraît que je vais choper des maladies si je reste à côté de vous ! ». Ça n’a fait rire personne mais le maton n’a rien dit. Quand j’ai pris ma place parmi les femmes, il s’est assis au milieu de la travée. Puis le concert a commencé. Il était de bonne qualité et les musiciens prenaient le temps entre les morceaux de nous les situer dans leur contexte historique, de nous présenter leurs instruments. Après un bonne heure, le chef d’orchestre a dit « Mesdames, messieurs, nous vous remercions pour la qualité de votre écoute » et les matonnes ont dit « Mesdames, on y va ». Alors je me suis levée et j’ai dit aux musiciens « Messieurs, j’espère ne pas me tromper en disant que c’est nous qui vous remercions pour ce beau concert. D’entendre comme ça des musiques qu’on connaissait dehors c’est presque comme recevoir du courrier. Quand je suis venue, je dois dire c’était surtout pour sortir de cellule et croiser nos voisins, mais là, en plus, on a eu un concert de grande qualité. Merci. ». Je crois que ça les a émus, alors j’ai continué « Messieurs, si vous voulez continuer à nous faire plaisir, s’il-vous-plaît, offrez-nous une valse qu’on puisse inviter nos voisins ». Là, l’orchestre, pris au dépourvu, interroge la nombreuse matonnerie du regard, qui s’interroge entre elle sans un mot, mais avec une lueur de panique amusée. Devant cette absence de refus, ils entament aussitôt une valse. Je franchis alors l’espace de « sécurité » et invite le premier gars en face. Il refuse en secouant la tête. Je tend la main vers un voisin qui bredouille un « Je sais pas danser ». Je regarde alors l’ensemble de ces 30 gars et tous font un signe de refus. Dépitée, je retourne chez les filles et leur demande à voix basse : « Mais pourquoi vous en profitez pas ? ». La réponse : « Faut pas brusquer les bleus, c’est déjà une belle victoire. Et puis on sait pas danser ». Devant cette déconfiture, le morceau s’achève assez vite. On ne demande pas de bis. Mais au moment de partir, les quelques filles qui avaient un compagnon de l’autre côté vont lui faire une bise furtive, de quelques secondes. Puis on part toutes sagement, sans un mot. Moi, j’ai été stupéfaite que personne ne pense à sortir de la norme. Je n’ai rien fait de contraire au règlement ou la loi, mais j’ai choqué tout le monde. Au bout de quelques années de taule, homme ou femme chacun(e) a intégré des limitations dans l’espace et dans la relation à l’autre. J’ai du mal à rire quand j’entends parler de culture comme élément de re-socialisation … C’est désespérant. Pour la petite histoire, la directrice a demandé après au matons du CDF de me coller un CRI pour un geste d’impatience, ni dangereux pour qui que ce soit, ni abîmant du matériel de l’AP, ni insultant ou vulgaire que j’avais eu à l’attente (1h quand même!) dans le sas avant l’entrée au gymnase. J’ai pris 3 jours de mitard pour avoir fait des tractions sur une grille, 20 jours après les faits…
CD de Rennes, jeudi 6 février 2014
Au Centre de Détention Femmes de Réau, les filles qui n’ont plus le droit au « régime de responsabilité »1 (donc que l’AP maintient en irresponsabilité avec la complicité de l’UCSA) ont quand même la possibilité de faire les deux premières heures de promenade de l’après-midi au chaud. Ils appellent ça « la salle de convivialité » et on peut y avoir accès à quelques jeux de société. Le 2 décembre, j’y étais juste avec Kaoutar (qui cartonne au scrabble!). Dans le couloir on a entendu du grabuge car une fille voulait y venir alors que la matonnerie le lui refusait (depuis, selon son souhait, elle a été transférée, elle devrait même être dehors à l’heure qu’il est). Le 3 décembre, on n’a pas eu accès à cette salle car elle sert aussi de vestiaire quand il y a des arrivantes. Et le 4 au matin, une affiche la déclarait fermée, sans explication et sur ordre de la direction. J’ai demandé aux surveillantes puis aux gradés pourquoi, aucun n’a voulu me répondre, tant il était évident que c’était juste une crise d’autorité injustifiée. Je suis alors allée demander à l’officier, dans son bureau. Il a encore forcé la dose sur l’autoritarisme et le mépris, m’envoyant, grâce à un CRI mensonger, au mitard pour 18 jours. Au prétoire du 6, la directrice a dit qu’elle ré-ouvrirait la salle « dans une semaine ». Mais quand je suis sortie du QD le 21 décembre, la salle était toujours fermée, sans plus de raison. On en a parlé en salle de muscu avec les filles du RDC et on a décidé de demander la ré-ouverture mais aussi une ouverture exceptionnelle le 1er janvier à midi « pour commencer l’année sous le signe de la bonne camaraderie », selon les termes de notre courrier signé par 11 d’entre nous (sur 13 au rez-de-chaussée!). Les chefs ont eu cette lettre collective le 24 au soir. Le vendredi 27, on n’avait toujours pas de réponse. J’ai insisté auprès des chefs qui m’ont refusé une audience mais ont pris 5 filles à part pour leur dire « Ne suivez pas Ribailly dans ses conneries. On peut très bien vous mettre un CRI car les pétitions sont interdites. C’est nous, et nous seuls, qui décidons si la salle sera ré-ouverte et quand ». Elles sont rentrées à fond dans la menace et m’ont dit qu’elles feraient rien qui risquerait de déplaire à la pénit’. Moi, j’ai chopé la directrice dans le couloir dès que j’ai pu, c’est à dire le lundi 30. Elle m’a dit, une fois qu’elle a compris que je lui collerai aux basques jusqu’à avoir une réponse, que la salle serait ré-ouverte le lundi 6 (c’est à dire à la fin des vacances scolaires, quand les activités reprendrons, logique,…) et qu’ils allaient décider en équipe pour l’ouverture de mercredi, qu’on en serait informées le lendemain en fin d’AM. Donc le mardi 31, à 15h, juste à la sortie du gymnase, je suis appelée au bureau des chefs. Il y avait 2 bricards, Ho-a-Kwie et Borde, une nouvelle. Il m’a dit : « Je t’ai appelé pour te donner la réponse pour la salle demain ». J’étais convaincue que c’était refusé et j’ai dit : « pourquoi juste moi ? On est 11 à l’avoir signé cette lettre, il y a une semaine ! » Il a essayé d’expliquer que j’étais la seule à avoir mis une affiche (c’est vrai et ça m’a valu un CRI de plus, à mettre sur la pile), à avoir alpagué la dirlo, donc que j’étais la porte-parole. J’ai refusé ce terme et il m’a dit qu’il préviendrait chacune des filles individuellement. Après, ils m’ont passé des documents administratifs, en partie périmés que j’ai bâclé, et je suis partie. Une dizaine de minutes plus tard, j’étais de retour, un peu calmée et j’ai demandé un imprimé pour répondre aux papiers que j’avais jetés. Et (et c’est juste à ce moment-là que j’ai eu tort car je savais qu’ Ha-o-kwie est un sale menteur), avant de partir, je me suis retournée vers lui : _ Tu préviens les filles une par une, hein ? Parce que depuis 10 min, tu n’as rien fait, alors que la moitié sont à la biblio où tu pourrais nous parler à toutes en même temps. _ Je fais ce que je veux ! _ Non, foutu psychopathe, tu ne fais pas ce que tu veux ! Tu as pris un engagement, tu le tiens ! Si t’as un problème avec la « toute puissance », vas donc voir le psychiatre que vous m’avez balancé dans les pattes alors que je réclamais la radio au mitard ! _ Tu t’en vas de ce bureau ! _ Et pourquoi ? Pour te laisser le temps de rédiger un CRI pour l’affiche, alors que tu dois nous répondre ? _ J’ai dis que je te répondrais. Je le ferai si je veux, c’est ça la liberté d’expression ! _ Sale menteur ! Vous passez votre temps à ça : mentir et menacer. Comme quand vous avez dit aux filles de se méfier de moi… _ On sait bien que c’est toi qui a écrit cette lettre. Et il n’y a que toi qui fait chier… _ Quoi ? J’ai pas écrit cette lettre ! Je l’ai rédigée, c’est tout ! On est 11 à l’avoir signée ! _ Ouais, t’as même fait signer les filles qui savent pas écrire ! _ Qu’est ce que tu dis là ? C’est vous qui menacez les filles, pas moi ! Y a des filles qui t’ont dit qu’elles avaient signé alors qu’elles ne voulaient pas manger ensemble, peut être ? _ On m’a dit que tu leur faisais peur… Là, ça a été trop ! J’ai fait un pas en avant, bien vif, dans sa direction, mais sans le toucher. Borde et deux matonnes qui s’étaient approchées à cause du bruit de l’engueulade, m’ont saisie par le bras, lui a bondi de son siège, effrayé. Je n’ai pas bougé, j’ai juste ricané : « C’est toi qu’a peur, minable menteur ! ». Alors qu’elles étaient trois à me tenir sans que je me débatte, il a pointé son index sur moi pour me menacer : « c’est une agression sur personne ! Tu vas manger ! ». Je l’ai laissé délirer trente secondes puis, lassée, j’ai fait mine de le lui happer le doigt. Je sais que je n’ai pas serré les dents, mais il est aussi douillet que lâche et l’alarme a été lancée. Ils m’ont foutue au sol et menottée dans le dos pendant que ce salaud m’envoyait des coups de poing au visage. Au mitard, ils m’ont arraché mon survêt’ (avec lacet) et m’ont laissée à poil et menottée pendant près d’une heure. Je n’ai eu l’ensemble de mes affaires que 36h plus tard. Je n’ai vu le toubib que 72h après, c’est à dire après le prétoire qui a eu lieu le 2 janvier. Le prétoire a été dégueulasse. Il y avait un vice de procédure énorme (je n’ai pas eu le dossier 24h avant ) mais mon commis d’office était minable. Il n’y avait pas non plus les images de la caméra qui donne sur le bureau des chefs et qui devaient montrer les coups de poing au visage (confirmés par le certificat médical, 3 jours après). Il n’y a même pas le Compte Rendu Professionnel (CRP) d’une matonne qui dit que j’ai crié au chinois « c’est toi qui a peur ! » et qu’elles me tenaient quand je l’ai « mordu », mais la dirlo n’en a pas tenu compte. Il n’y avait aucun certificat médical constatant cette « grave blessure » que je lui avais infligé. Bref, sans originalité, j’ai pris 30 jours avec une promesse de dépôt de plainte et de transfert disciplinaire à la clef. Le lendemain, le mitard étant très proche de la cour du RDC, les filles m’ont saluée et m’ont dit qu’on leur avait proposé à 11h d’aller à la salle de convivialité. À sept, elles ont partagé le sac que j’avais préparé pour ça (soda, gâteaux, bonbons, saucisson). Elles n’y sont pas restées à midi parce que c’est interdit d’y fumer. Depuis, je ne les ai pas ré-entendues dans la cour mais l’aumônière m’a dit qu’elles me saluaient bien. Une autre bonne nouvelle : mercredi, bien sûr, quand j’ai pu aller en promenade, j’ai dit : « je rentrerai quand il y aura un transistor ». Ils sont venus, comme d’habitude, avec casques et boucliers. Jeudi, ils m’ont laissée en promenade de 11h à 14h30 ! Mais quand je suis rentrée en cellule, en plus de la gamelle froide, il y avait un petit poste de radio FM. On ne capte que Radio Autoroute, ce qui n’a rien d’exaltant, mais c’est quand même une victoire. Ma voisine de QD qui était là depuis 12 jours, a eu aussi le sien. Elle n’a pas compris l’ironie quand j’ai lancé « El pueblo unido jamás será vencido » en guise de chant de victoire. […] Les 30 jours sont passés, lentement bien sûr, mais sans trop de provo, à part le refus de courrier interne, commun à tout le CPSF (Centre Pénitencier Sud Francilien), de leur part. J’avais la radio et j’ai eu un parloir de 2h30 avec ma mère. J’appréciais les visites des aumônières ou autre pour le break, pour voir des gens sans uniforme. J’attendais aussi la GAV. Elle n’a eu lieu que le 28, à la toute fin. Contrairement aux gendarmes de Bapaume, les flics de Moissy on été bien cons durant la GAV, singeant la paranoïa des matons, même après 2 heures d’audition. J’ai appris, quand j’ai pu lire le dossier avec l’avocat de la comparution immédiate, que ce pauvre maton violenté, qui a récupéré 1 jour d’ITT (alors qu’il était au boulot le lendemain), n’a été déposer plainte au comico de Moissy Cramayel que le 22. Au tribunal, à 20h30, j’ai refusé d’être jugée sans un avocat correct et avec plein de pièces manquantes (notamment le témoignage de la matonne du 31 décembre, mon certificat médical du 3 janvier et les images de la caméra de la coursive). Bref, je repasse le 5 mars à 13h30 au TGI de Melun et Ha-o-Kwi sera partie civile (pour avoir un 13ème mois). Le lendemain, j’étais, après 30 jours de QD, transférée à Rennes. Là, je suis au quartier arrivante du CD. L’architecture ici est très différente des prisons Bouygues. Il y a moins de caméras et pas de sas. Les matons ne sont pas cachés dans leurs aquariums à déclencher des portes à distance. Donc ils sont moins paranos, donc ils sont moins dangereux, donc ça va mieux. Bon, je ne me fais quand même pas d’illusion, j’attends de voir où se niche leur perversité… en profitant de l’herbe dans la cour de promenade et en retournant au sport. _______________________________________________

Article paru sur indymédia paris: http://paris.indymedia.org/spip.php?article15029

Révolte et solidarité

Le 14 février 2014 une révolte a éclaté au centre de rétention de Vincennes. Les flics ont voulu expulser un retenu, qui avait déjà résisté à une tentative d’expulsion le jour d’avant, et sont venus le chercher à trois heures du matin. Des expulsions il y en a quotidiennement dans les prisons pour étrangers. Seulement cette fois-ci ça ne s’est pas passé comme prévu pour les flics : toutes les personnes enfermées se sont révoltées pour empêcher cette expulsion : des caméras de vidéosurveillance ont été bouchée avec du beurre, des portes dégondées ont servi de barricade ou de projectiles, des extincteurs vidés et balancés, des vitres brisées. Des renforts de flics ont été appelés : 23 compagnies et des coups de matraque pour mater la révolte. Plusieurs personnes sont blessées et deux arrêtées et placées en garde-à-vue.

Le lendemain, le 15, des feux d’artifice sont lancés depuis l’extérieur sous les murs du centre pour saluer la révolte et exprimer la solidarité. Quelques minutes plus tard, cinq personnes sont arrêtées dans le bois de Vincennes et mises également en garde-à-vue.

Après 48 heures, les sept sont déférés au dépôt du tribunal et présentés en comparution immédiate. Les deux retenus du centre de rétention ont été jugés pour destruction en réunion et condamnés à deux mois de prison avec mandat de dépôt. L’un d’eux a aussi pris deux mois de sursis supplémentaires pour avoir refusé de donner son ADN lors de la garde-à-vue. Pour les cinq autres personnes, inculpées d’attroupement armé et masqué et d’avoir refusé de donner leurs empreintes, photos et adn, le procès a été reporté au 24 mars. En attendant trois sont sous contrôle judiciaire et deux en détention préventive. Une audience de remise en liberté est prévue le 25 février. Le soir les quatre ont passé la nuit à la prison de Fleury-Mérogis.

Mardi 18 au soir, un rassemblement de solidarité s’est tenu à Barbès, des tracts racontant l’histoire et appelant à la solidarité ont été distribués et deux banderoles accrochées : « Sabotons la machine à expulser. Liberté pour toutes et tous » et «  Feu aux centres de rétention. Détruisons toutes les prisons ».

Plus tôt dans la journée, les flics ont une nouvelle fois raflé des sans papiers dans le quartier, arrêtant plus de 60 personnes. À Barbès la pression policière est quotidienne pour chasser vendeurs à la sauvette, sans papiers, et tou.te.s celles et ceux qui ne rentrent pas dans le cadre voulu par les politiciens et les investisseurs : un quartier attractif, branché où les pauvres rasent les murs et les bourgeois occupent la rue.

De Barbès à la prison ou au centre de rétention il n’y a qu’un pas, chacun.e le sait bien. Un contrôle peut très vite aboutir à l’enfermement : pas de papiers, un outrage, un refus de donner ses empreintes, un truc illégal sur soi, etc.

S’opposer à la pression policière, empêcher une expulsion, faire péter des feux d’artifice devant une prison, c’est refuser de devoir toujours baisser la tête dans cette société faite de contrôle et d’exploitation qui tente de briser les individus jusqu’à ce qu’ils se soumettent à leurs règles et à leurs normes.

La lutte continue, Solidarité avec les 4 incarcérés
Liberté pour toutes et tous, avec ou sans papiers

tract mis en page en pdf
sanspapiersnifrontières

Révolte à Vincennes, dedans et dehors : 4 incarcerations.

14 février 2014. Au centre de rétention de Vincennes une révolte éclate dans la nuit de jeudi à vendredi. Les accès aux chambres ont été barricadés, les caméras défoncées et des extincteurs, des portes, des meubles ont été balancés sur les flics. Ces enfoirés étaient venus expulser à 4 heures du mat’ l’un des enfermés. Du coup, la justice condamne deux personnes à deux mois de taule pour avoir dégondé une porte et l’une d’entre elle à deux mois supplémentaires pour refus ADN…

Le vendredi soir un feu d’artifice a salué la rage des détenus de la prison pour étrangers. Cinq personnes ont été interpellé-e-s dans le bois de Vincennes en voiture. S’en suit une comparution devant le juge et deux mandats de depôts ! Les trois autres sont sous contrôle judiciaire avec interdiction de se voir et de quitter l’île de France.

Les chefs d’inculpation sont attroupement armé et masqué, refus empreintes, photos et ADN. Le juge a reporté le procès au 24 mars au motif de doutes sur l’identité des prévenu-e-s. Durant la garde à vue, rien à déclarer. Des noms fantaisistes sont donnés aux flics, mais certain-e-s ont des papiers qui traînent sur elleux. Deux d’entre elleux, qui ont changé de nom au moment de l’audience et qui ont déclaré deux domiciles, sont incarceré-e-s à Fleury Merogis au prétexte de manque de garanties de représentation. Ils enferment pour faire peur à tou-te-s les révolté-e-s, faire taire la solidarité et isoler les un-e-s des autres. Ils fichent pour optimiser leur pouvoir sur nos vies, et condamnent parce que l’on se rebelle contre l’autorité et que l’on ne se soumet pas sans broncher à leurs sbires.

Les frontières sont partout, au centre de rétention, dans la rue, dans les transports, dans les murs des prisons comme derrière les murs du tribunal, jusque dans les têtes. Des dispositifs concrets de contrôle et de répression existent, des institutions, des entreprises, des larbins, font fonctionner la machine à expulser. S’y attaquer, mettre un grain de sable dans les rouages c’est arracher des espaces de liberté et infliger quelques dégâts à ces collabos. Entraver l’action des flics lors d’une expulsion, comme refuser de donner ses empreintes et son ADN, participe à saboter la bonne marche de la répression.

Solidarité complice avec les révolté-e-s, chacun-e selon ses envies,
contre toute autorité !

Liberté pour tou-te-s avec ou sans papiers!

pour leur écrire et le soutien matériels : fouldega@riseup.net

                                                                            sanspapiersnifrontieres

Barcelone : Ni Dieu ni maître, ni Mari ni Parti !

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Attaque contre la Fondation Vidal i Barraquer

La nuit dernière (du 9 au 10 février 2014) nous avons brisé toutes les vitres de la Fundación Vidal i Barraquer, dans le quartier de Sant Gervasi à Barcelone en raison de leur complicité avec la Conférence Épiscopale pour empêcher les avortements. Nous participons ainsi aux journées de lutte du féminisme autonome contre la nouvelle loi et pour l’avortement libre et gratuit.

Nous savons qu’une action n’impliquant que du verre brisé n’est pas en soi une révolution, mais la somme de tous les verres brisés cette semaine-ci et de toutes les actions qui viendront contre la nouvelle loi sont une expression évidente de la rage qui monte à l’encontre de tous ceux qui prétendent décider de nos corps, que ce soient les partis politiques, l’Eglise ou quelque autre institution du même genre.

La Fundación Vidal i Barraquer est une de ces institutions dites  » en faveur de la vie » incluse dans le Diocèse de la Conférence Épiscopale, et qui, sous couvert de « médiation » et de « soutien juridique », se charge de manipuler les femmes que lui envoie Pro Vie Catalogne, pour qu’elles n’avortent pas.

Son rôle fait partie du mécanisme d’oppression qui condamne de nombreuses femmes à être mères, alors qu’elles ne le désirent pas ou ne peuvent pas se le permettre. Leur idée de la famille perpétue le système patriarcal, ce même système qui provoque les abus contre des enfants et la soumission au macho, avec des conséquences dévastatrices et trop souvent la mort au bout… Pro-Vie ?

C’est pourquoi nous les ciblons, et des vitres brisées nous semblent une bonne forme d’expression. Désormais nous n’allons plus rester calmes.

Finie la paix sociale !
Pour la radicalisation et la généralisation des expressions de rage, y compris à partir du féminisme !
Pour la mort du patriarcat sous toutes ses formes !

La semaine de lutte n’a fait que commencer pour se transformer en cauchemar pour eux toute l’année.

Ni Dieu, Ni maître , Ni Etat, Ni Mari, Ni Parti !

[Traduit de l’espagnol d’Indy Barcelone, 10 feb 2014]


Attaque du local de « Familia Unida »

La semaine dernière, dans le cadre de l’appel ouvert à des actions lors d’une semaine de lutte en défense de l’avortement libre et sûr, un groupe de femmes, lesbiennes et trans a attaqué le local utilisé par « Familia Unida » situé Gran Vía de les Corts Catalanes nº 318.

Les différents cadenas de leur local ont été pétés, des slogans en faveur de l’avortement ont été tagués et leur enseigne a été remplie de peinture.

Entre autres horreurs, Familia Unida est connue pour tenter de « soigner » de « leur lesbianisme » les femmes et les lesbiennes du quartier de Sants (et tout le monde, en réalité…).

Du coup, à travers cette action symbolique, nous prétendons montrer notre refus le plus absolu de cette énième pièce du puzzle du système rétrograde, patriarcal et lesbophobe que nous voulons, et ferons tomber !

Contre leur oppression, action !
Si vous occupez nos corps, nous occuperons vos temples ! (ou vos locaux, ou…)

fdo. quelques unes des tant et tant féministes autonomes qui sont descendues dans la rue, et continueront de le faire de toutes les manières possibles contre ce système patriarcal, qui prétend maintenant nous refuser de décider de nos corps !

Avortement libre et gratuit !

[Traduit de l’espagnol d’Indy Barcelone, 13 feb 2014]


Barcelone : Attaque contre Radio Estel

Lors de cette semaine d’actions autonomes contre l’illégalisation de l’avortement, nous sommes sorties dans la rue pour ajouter notre expression de rage. Le jeudi 6 au matin, nous avons attaqué [8 vitres brisées] les bureaux de Radio Estel (radio de l’archevêché de Barcelone) et siège de la revue Catalunya Cristiana, au croisement des rues Puggarí et Comtes de Bell.lloc, dans le quartier de Sants.

Nous avons décidé d’agir contre cette radio parce qu’elle est un moyen de communication au service de la Conférence Episcopale, qui sous couvert d’information tente d’endoctriner et de manipuler avec « catéchisme », en défendant le modèle social patriarcal, misogyne et normatif contre lequel nous luttons. C’est pour cela qu’en défense de la lutte féministe et en auto-défense de nos vies, nos idées et nos propres corps, nous avons brisé les vitres et laissé un tag : “El meu cos, la meva decisio” [« Mon corps ma dé&cision », NdT].

Leur morale catholique pourrie nous débecte, au même titre que nous détestons l’Etat et ses artifices politiques et légalistes. Une fois de plus, le rapport entre les deux institutions, l’Eglise et l’Etat, pour maintenir leur autorité et leur pouvoir patriarcal, est évident. Ils veulent arracher notre autonomie, notre capacité de décision, de penser par nous-mêmes et d’agir en conséquence avec ce que nous avons besoin et ressentons. Le choix de ne pas être mère deviendra un luxe que seules les riches pourront se permettre ou un risque pour la santé et la vie de celles qui ne pourront pas se payer une clinique clandestine sûre.

Nous ne sommes pas disposées à permettre qu’ils tentent de nous posséder. Jamais nous n’accepterons qu’ils décident à notre place et nous continuerons de nous défendre contre tous ceux qui veulent nous contraindre à n’être que des reproductrices de leur système.

Ni Dieu, ni Etat, ni Mari
Mort au patriarcat

[Traduit de l’espagnol d’Indy Barcelone, 09 feb 2014]

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