Tentative de suicide au centre de rétention du canet

Un étranger en situation irrégulière a tenté d’incendier sa chambre dans le centre de rétention du Canet (15e) à Marseille, lundi soir vers 22 h 30. Il a aussi essayé de mettre fin à ses jours à l’aide d’un lacet, mais les surveillants ont pu lui venir en aide assez rapidement.
Le sinistre a pu être maîtrisé et une trentaine de personnes ont été transférées dans la cour le temps de l’intervention des secours.

                                                                                « la provence »Publié le 05/02/2014

Turin: Feu aux CIE

Feu aux CIE

Après les images de Lampedusa – où les “hôtes” du CPSA (centre de premier accueil) sont mis en rang, nus, pour être désinfectés.

Après les images de Rome – où les “hôtes” du CIE ( centre d’internement et d’expulsion) ont eu à se coudre la bouche au fil et à l’aiguille pour faire entendre leur voix à Noël puis il y a quelques jours. Après les incendies des dernieres semaines dans le CIE de Turin, aujourd’hui détruit aux trois quart.
Après les déclarations, les enquêtes, les plaintes de ce dernier mois, personne ne peut plus ignorer que dans les centres pour sans papiers les “hôtes” ne sont pas hôtes mais prisonniers et que l’accueil qui s’y pratique est celui d’un lager. Personne, encore moins ceux qui savaient déjà et ont haussé les épaules, impuissants, ceux qui regardaient du balcon en souriant…

Ceux qui ont inventé , agrandi et soutenu les centres, qui ont flairé la bonne affaire et en ont profité font, en revanche, comme si de rien n’était. Ils feignent de n’être pas responsables de l’existence des centres en Italie, pour éviter d’être traités comme ils devraient l’être : Giorgio Napolitano et Livia Turco, Umberto Bossi et Gianfranco Fini, avec leurs amis d’hier et d’aujourd’hui ; La croix-rouge, Les Coopératives blanches ou rouge comme Auxilum et Connecting People, les Miséricordes. Même la poste Italienne, qui avec la compagnie aérienne mistral air a le monopole des transferts internes et des explusions vers l’afrique du nord.

Avant même que ne s’allument sur eux les projecteurs, les prisonniers des CIE ont su faire ce qui devait être fait : se révolter, s’échapper, détruire les cages dans lesquelles ils étaient retenus. Et c’est seulement grâce à eux qu’il ne reste sur pied que cinq CIE, elles-mêmes endommagées, brûlées et à fonctionnement réduit.

Les prisonniers, à l’intérieur, ont fait leur part, à nous, dehors, de faire la nôtre : les soutenir lorsqu’ils luttent, mais aussi ne pas laisser de répit à ceux qui ont inventé les CIE, à ceux qui les ont reformés, à ceux qui en ont fait un métier, à ceux qui s’enrichissent dessus. Sans attendre de voir quelles seront les promesses des parlementaires et des ministres, sans attendre les larmes de crocodole de quelques conseillers municipaux. Aujourd’hui plus que jamais, c’est le moment – dedans et dehors – de donner le coup de grâce pour qu’il ne reste des CIE qu’un tas de gravats.
Avant que, les projecteurs éteints, tous oublient les centres et ce qu’il se passe dedans.
Avant que tout ne redevienne comme avant.

Samedi 8 février – 16 heures
Rassemblement au cie
Corso Brunelleschi angle via Monginevro

traduit de macerie

trouvé sur sans papiers ni frontières

Transfert des 4 No tav arrêtés pour terrorisme

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Dans la matinée du 30 janvier, Chiara, Claudio, Alberto et Niccolò, les 4 NoTav arrêté(e)s le 9 décembre 2013 avec l’accusation de terrorisme, ont été transféré de la prison de Turin des Vallette, où illes étaient enfermé(e)s jusqu’à maintenant. Chiara a été transférée à la prison Rebibbia à Rome, Claudio à Ferrara et Mattia et Niccolò à Alessandria. Ce choix géographique n’a rien d’un hasard : les 3 prisons en question ont toutes une section de haute sécurité. Après l’interdiction des visites de la part des juges du parquet Paladino et RinaudI il y a une semaine sans aucun motif, les 4 No Tav avaient également récemment dénoncés les problèmes de réception du courrier (déjà soumis à la censure). Les lettres arrivaient toujours plus en retard, voire n’arrivaient pas du tout. Afin de protester contre cette ultérieure privation, Claudio, Alberto et Niccolò avait refusé il y a quelques jours de retourner dans leur cellule après l’heure de la promenade.
Aux yeux de l’infatigable parquet Sitav, cela a sans doute été suffisant pour justifier le transfert. Ceci n’est autre qu’une ultérieure étape dans l’acharnement judicaire contre les No Tav. L’habitude de transférer les détenus afin de les séparer et de les placer en section de haute sécurité n’est pas nouvelle et contribue à la construction de l’image des NoTav comme de dangereux terroristes et ennemis publiques que la justice d’Etat s’efforce tant de répandre. Encore une fois, il faut que la force et la solidarité du mouvement ne les laissent pas seuls, même et surtout après ce transfert.

Les nouvelles adresses afin de leur écrire sont les suivantes :

*/Chiara Zenobi/*/
Casa Circondariale Rebibbia
vaia Bartolo Longo, 92
00156 *Roma*/

*/Claudio Alberto/*

/Casa Circondariale
Via Arginone, 327
44122 *Ferrara*/

*/Mattia Zanotti et/*/*Niccolò Blasi*/

/Casa di Reclusione
Via Casale San Michele, 50
15100 *Alessandria*/

traduit de l’italien par No TAV Paris, lu sur no-tav france


Lettres de Chiara et Claudio en date du 20 janvier à lire sur non fides

Parloir libre

Annonce de l’émission parloir libre: un deuxième nouveau créneau !
Tous les jeudis de 20h30 à 22h et toujours tous les samedis de 19h à 21h sur Radio Galère 88.4 fm (couvre les taules de marseille, arles, luynes). Laissez un message, une dédicace en directe à vos ami-e-s, proches, camarades, détenus-e-s au : 04-91-08-28-15
Pour nous écrire: émission parloirlibre/friche Belle de Mai/41, rue Jobin/13003 Marseille parloirlibre@riseup.net

repas de soutien NO-TAV

soutienTorinoFEVRIER lettre de trois compagnons incarcérés suite à l’attaque du chantier du TAV

Il est seulement 16h et le soleil est en train de se coucher derrière l’imposant incinérateur métallique, tandis qu’au loin on entrevoit les premières montagnes de la vallée, et l’imagination complète les contours dessinés du Mont Musiné. Nous sommes enfermés ici depuis dix jours mais nos pensées voyagent encore loin…
Que le parquet de Turin était en train de préparer quelque chose de gros, même les rochers le savaient. Cela se voyait à l’augmentation des plaintes contre le mouvement, mais surtout à l’intense travail de propagande par lequel les enquêteurs, mass-médias et politiciens ont cherché à faire passer la résistance No TAV dans l’ombre de ce mot magique qui permet tout : « terrorisme ». Pendant des mois entiers ils n’ont parlé que de ça, dans un mantra répété de manière obsessionnelle et destiné à justifier une répression féroce.

Au final, ils ont pris quelques uns des nombreux épisodes de lutte de cet été sur lesquels cette imagination suggestive pouvait prendre, et ils les ont déformés et pliés à leur vision du monde faite de militaires et de paramilitaires, de hiérarchie, de contrôle et de violence aveugle.
C’est comme ça qu’ils ont fait pour justifier les perquisitions de fin juillet, et c’est comme ça qu’ils font maintenant pour justifier nos arrestations. Mais il y a un gouffre entre ce qu’ils veulent voir de nous et ce que nous sommes réellement.
Cela ne nous intéresse pas de savoir qui, cette nuit-là de mai, s’est effectivement aventuré dans la forêt de la vallée Clarea pour saboter le chantier — et cela n’intéresse probablement pas non plus les enquêteurs eux-mêmes. Ce qu’ils veulent, c’est avoir aujourd’hui quelqu’un entre les mains pour faire peser la menace d’années de prison sur le mouvement et sur la résistance active, pour arriver tranquillement et sans être dérangés à l’ouverture du chantier de Susa [un autre chantier que celui déjà existant, NdT].
Ils veulent que les gens restent à la maison pour regarder de leur balcon le projet avancer.
Pourtant, ces gens ont déjà les instruments pour s’y opposer : nous avons appris à bloquer quand tous ensemble on criait « No pasaran », à passer à coups de masse quand le béton des jersey [clôtures en béton, NdT] nous barrait la route ; nous avons appris à regarder loin quand l’horizon se remplissait de gaz et à relever la tête quand tout semblait perdu.
Ce n’est pas la terreur qu’ils sèment à pleines mains qui ruinera les futures récoltes de cette longue lutte.
Il faudra continuer à construire des lieux et des moments de confrontation pour échanger des idées et des informations, pour lancer des propositions et être prêts à retourner dans la rue ou au milieu des bois.
C’est le soir à la Valette [prison dans laquelle les compagnons sont incarcérés, NdT], mais à part l’obscurité il n’y a pas une grande différence avec le matin, puisque le blindage de la cellule reste fermé vingt-quatre heures sur vingt-quatre : haute sécurité !
Par rapport aux quartier des arrivants, c’est beaucoup plus calme et propre, mais l’absence de contact humain nous affaiblit.
La pagaille des blocs B, C ou F (à part l’isolement auquel est contrainte Chiara) est un grouillement d’histoires et d’expériences de vie avec lesquelles se mélanger, dans lesquelles trouver de la complicité et de la solidarité. Déjà le mois dernier, Niccolò, déjà arrêté fin octobre pour une autre affaire, a pu constater que le retentissement de la lutte contre le TAV parvient jusqu’à l’intérieur des prisons, et que pour beaucoup il représente le courage de ceux qui ont cessé de subir les décisions d’un État oppresseur.
Pour nous, contraints à l’isolement dans une section aseptisée, il est d’une importance vitale de refuser la ségrégation et la séparation entre détenus : nous sommes tous « communs ».
C’est aussi pour ces raisons que ce serait bon qu’un raisonnement et un parcours sur et contre la prison se développent à l’intérieur du mouvement.
La majorité des gardiens des Valette vit là, dans des grands immeubles à l’intérieur des murs, eux ne seront jamais libérés de la prison. Bien que dans cette section ils nous traitent poliment, ils n’hésiteront pas à faire des rapports sur ordre d’un supérieur quand nous déciderons de lutter pour un motif ou un autre. Alors, avec les souvenirs qui nous gardons serrés contre nous, nous tourmenterons ces « porte-clés » pour la petitesse de leurs horizons.
« N’avez-vous jamais vu la mer se frayer un chemin dans les bois lors d’un bel après-midi de juillet, s’élancer et avancer contre les grillages d’un chantier ? »
« N’avez-vos jamais senti la chaleur humaine de tout âge se souder côte à côte pendant que les boucliers avancent, l’asphalte de l’autoroute devenir liquide et l’arrière se remplir de fumée ? »
« N’avez-vos jamais vu un serpent sans queue ni tête ou une pluie d’étoiles au coeur d’une nuit de milieu d’été ? »
Nous si, et ça ne nous rassasie encore pas.
Le route est longue, il y aura des moments exaltants et des raclées retentissantes, il y aura des pas en avant et d’autres en arrière, nous apprendrons de nos erreurs.
Pour le moment, nous regardons notre prison dans les yeux et ce n’est pas facile, mais si « le Val Susa n’a pas peur » [« La Valsusa paura non ne ha », slogan de la lutte contre le TAV, NdT], nous, nous ne pouvons certainement pas en faire moins.

/Niccolò, Claudio, Mattia/

à lire aussi: lettres de Chiara et Claudio en date du 20 janvier sur non fides

Syncopes

La syncope est une suspension momentanée de l’activité cardiovasculaire et cérébrale qui provoque une perte improvisée et transitoire de conscience. Les effets peuvent être insignifiants, un étourdissement momentané, mais parfois ils peuvent être plus graves. Dans certains cas, si l’interruption de flux sanguin dans l’organisme humain se prolonge au-delà de certaines limites, c’est la mort qui survient. Parmi toutes les formes, la « syncope obscure » – celle qui est donc dépourvue de causes identifiées, logiques – est considérée comme la plus dangereuse. Parce qu’elle ne permet pas aux médecins, techniciens du corps, d’intervenir.

Le fonctionnement de l’organisme social est lui aussi irrigué par un système de flux. Flux de marchandises, de personnes, de données, d’énergies. Flux qui peuvent être suspendus pour les raisons les plus diverses. Une panne technique, par exemple. Ou bien un vol de matériel. Peut-être un sabotage. Lorsque cela arrive, les effets sont la plupart du temps insignifiants. Les prestations du service en question subissent une pause forcée, causant quelque inconfort, mauvaise humeur, désagrément. Puis tout revient à la normale. Mais si cette interruption de flux se prolongeait au-delà de certaines limites ? Si ces interruptions se multipliaient et s’entrecroisaient les unes les autres ?

Les marchandises et les personnes s’écoulent et courent le long des voies, d’asphalte et de fer. Les données et les énergies s’écoulent et courent le long de câbles, de cuivre et de plastique. Ces dernières années de bouleversements – infestés par le besoin de popularité, par l’ambition de la reconnaissance – ont inculqué dans l’esprit de beaucoup de monde, de beaucoup trop, que le minimum requis pour effectuer un « blocage » était une large participation en masse. On peut bloquer lorsqu’on est nombreux (et donc il faut être à beaucoup, et donc il faut persuader beaucoup de monde, et donc…). Ce n’est pas vrai. Ce n’est qu’une possibilité parmi d’autres.

Pour bloquer une route, il n’y a pas toujours besoin du rassemblement de centaines de personnes. Il y a une dizaine d’années par exemple, quelques compagnons, et avec peu de moyens, ont fait faire la queue à toute une vallée. Il y a quelques années par exemple, un banal incendie estival au bord d’une grande artère a fait disjoncter toute une métropole (c’était plus ou moins la période lors de laquelle, dans cette même métropole, plusieurs dizaines de compagnons faisaient un rassemblement pendant des heures sur une place pour protester contre le verdict d’un tribunal).
Un événement encore plus probable est l’interruption d’une voie ferrée. C’est quelque chose qui arrive toujours plus souvent un peu partout en Europe, suite à des pannes ou à des vols. C’est une interruption inévitable. Avec tous ces transformateurs électriques, ces échangeurs, ces feux de circulation, ces câbles omniprésents à côté des quais sous des rigoles, à la merci de la négligence et de la rage, la possibilité qu’il leur arrive quelque chose devient pratiquement une certitude.

Et les câbles ? Ne recouvrent-ils pas l’ensemble du territoire, se dévidant dans mille directions, y compris les plus inattendues ? Ne les trouve-t-on pas toujours et partout, à côté de soi, au-dessus de sa tête ou sous ses pieds ? Là encore, les transformateurs, les échangeurs, les antennes, les bouches d’égout et tout l’inventaire qui permettent l’usage quotidien de machines en tout genre. Qui permettent l’usage quotidien. Qui permettent le quotidien.
Même lorsqu’il est synonyme de virtualité, avec internet, l’organisme social a besoin de câbles pour fonctionner. De câbles marins certes, ou plutôt de câbles sous-marins, mais qui finissent toujours par sortir à découvert sur les plages. C’est le cas de Jonah, le câble qui relie les maisons, les industries et les institutions (politiques, économiques et militaires) entre Israël et l’Europe. Et sa station d’atterrissage est ici, en Italie, à Bari*.

Rêveries, bien sûr. On ne doit pas détourner une imagination individuelle qui ne vise qu’à se mettre au service des urgences collectives. Elle pourrait couper court et prendre des libertés non approuvées par l’assemblée souveraine. Certainement. Sans aucun doute. C’est évident. Désolé. Restons-en là.

[Traduit de l’italien de finimondo, 26/12/13]

* NdT
Pour infos, la plupart des câbles sous-marins méditerranéens qui relient l’Europe à l’Afrique -puis le Moyen-Orient et l’Asie- arrivent à Marseille. Pour les autres, notamment transatlantiques, et plus de détails, on peut consulter la carte interactive de Telegeographyde.

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