1 Iter, 1000 Iter

Une distribution de tract devant le plus grand chantier d’Europe ITER Jeudi 12 Décembre à 6h30 du matin, une simple distribution de tracts tourne à l’affrontement avec les vigiles. 80 personnes environ sont présentes pour le tractage. Lorsque les vigiles interviennent, ils enferment les manifestants tout en empêchant les travailleurs d’aller sur leurs lieux de travail (c’est toujours ça de pris!), en fermant les grilles d’accès au parking. Puis, se sentant visiblement terriblement menacés, face aux dangereux tracteurs, les gardiens sortent les chiens et s’approchent des opposants. L’un des clébards s »échappe et par chance, il attaque son congénère. Il aurait pu sauter a la gorge de l’un d’entre nous, mais il semble qu’il ait préféré exprimer sa solidarité de classe avec les manifestants, face à la répression et contre les méfaits de ces technologies… Merci à lui ! !

Solidarité incendiaire

Paris : Vinci brûle en solidarité (Le 14 décembre 2013)
Dans la nuit du lundi 9 décembre, une camionnette de Vinci (constructeur de taules et de centres de rétention) part en fumée, rue Haxo dans le XXe. Comme un dialogue avec l’incendie du centre de rétention du Canet, pour lequel des retenus passaient en procès le 26 novembre dernier,et dont chacun des deux retenus ont écopé un ans de prison ferme !
Feu à toutes les prisons !

cette semaine

Dérapage?

Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné, ce matin, à douze mois de prison avec sursis un policier auteur de violences illégitimes sur cinq jeunes garçons, à l’issue d’une intervention dans un immeuble du quartier de La Plaine, en janvier 2012. La condamnation repose essentiellement sur la vidéo enregistrée par un voisin à travers le judas de sa porte. Elle avait été diffusée à l’audience. On y voit les jeunes gens descendre l’escalier et recevoir, de la part du policier portant son casque de moto, des coups de bâton tonfa et, parfois, une gifle.

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La provence

Autopsie d’une ville – Bruxelles, laboratoire du pouvoir

Changer l’environnement pour changer l’homme. Voilà le vieux rêve que chérit l’architecte. Cette illusion sous-jacente se manifeste dans quasi n’importe quelle application architecturale. Une ligne droite part de la prison qui devait déshabituer l’homme de ses inclinations criminelles jusqu’aux gares hyper-modernes qui sont supposées entraîner l’homme dans la circulation marchande toujours plus rapide, efficace et harmonisée. Ces transformations de l’environnement humain représentent une constante, même si leur vitesse semble aujourd’hui s’accélérer sans relâche.

Nous voulons faire la tentative ici de décortiquer la métropole-en-devenir de Bruxelles. Jeter un regard critique sur les nombreuses transformations spatiales et dresser une esquisse analytique des rapports sociaux qui à la fois en sont à la base et sont influencés par elles. Quelque part, une autopsie des projets que le pouvoir est en train de développer et qui modifient et modifieront considérablement l’espace dans lequel nous survivons et luttons. Enfin, nous espérons, à partir de nos idées et de notre combativité pour la liberté et la révolution sociale, distiller à travers cette autopsie quelques pistes qui pourraient indiquer de possibles perspectives d’attaque.

Ville de transit ou montagne de déchets ?

Bruxelles prend forme à travers deux mouvements, en apparence contradictoires, influençant nettement les rapports sociaux et la gestion de la paix sociale.

D’un côté, comme quasiment toute ville d’une certaine taille avec une concentration d’institutions étatiques, d’atouts économiques et un certain prestige international, cette ville est un pôle d’attraction et une ville de transit, tant pour les prolétaires et les pauvres que pour les cadres d’entreprises, les lobbyistes internationaux et toute la clique d’animateurs du spectacle (du divertissement aux journalistes et artistes). Ceci fait que la ville ne connaît en partie pas de population « stable » et que certaines zones restent grises et neutres, parfaitement adaptées à la circulation marchande moderne et au contrôle. Dans ces zones, le temps de la domination détermine l’espace. Un fouillis indescriptible pendant les heures de bureau et un sinistre silence de cimetière le soir. L’apparente neutralité de ces zones en fait des bastions inabordables du pouvoir. Cette « invulnérabilité » n’est toutefois pas imputable aux seuls contrôle et surveillance renforcés, mais plutôt au fait qu’elles semblent se situer « hors de portée ». Il est évident qu’une « autre » présence, comme les manifestations syndicales rituelles ou,les initiatives citoyennes devant le siège d’une quelconque institution dans le quartier européen, ne remet pas en question la domination, mais ne fait que la reproduire. Ceci ne nous fera pas omettre que ces zones semblent de temps en temps être dans le collimateur d’une criminalité plutôt conséquente. Aux abords des zones européennes et internationales à Bruxelles, il y a en effet presque toujours quelque chose à s’approprier ; et la résistance de l’eurocrate moyen est négligeable.

D’autre part, de nombreux pauvres et immigrés venus à Bruxelles y restent et composent la mosaïque de la population pauvre de la ville. Cela génère depuis des années toute une couche d’habitants, au fond superflue au capital et à la gestion étatique. De nombreuses personnes s’agglutinent dans des constellations communautaires où, à côté de quelques traces d’entraide (mais souvent selon le modèle patriarcal), se pratique une intense exploitation légale et extra-légale qui ne le cède en rien à l’exploitation dans les zones industrielles autour de Bruxelles, bien au contraire.

Au risque d’utiliser une métaphore trop expressive, on dirait que certaines parties de Bruxelles ressemblent à une montagne de déchets. Des déchets humains, superflus et misérables, renfermés sur eux-même, mais bien entourés par une armée de services sociaux et une force policière plutôt brutale et particulièrement présente. La gestion est loin d’être huilée, elle est plutôt chaotique. Des mécanismes complexes d’enfermement communautaire, clientélisme, répression nette et intégration sélective maintiennent une espèce de présent permanent où le passé ne compte plus et où l’avenir repose sur l’illusion perpétuelle de gagner à la loterie. Tous les facteurs concordent à garder la misère à l’intérieur de cette montagne. Pour se faire une idée de la ségrégation qui traverse Bruxelles et en même temps la fait tenir, il suffit de prendre n’importe quelle ligne de métro du début à la fin. Chaque zone a ses habitants. A certains arrêts, on voit monter des gens qui trimballent des caddies, mais quelques arrêts plus loin, on aperçoit les premiers représentants de la classe dominante, bien habillés, un sac de sport avec une raquette de tennis à la main, ou une sacoche d’ordinateur portable. Ce n’est donc en rien un hasard ou une vilenie injustifiée du pouvoir si tant d’efforts répressifs se concentrent sur les transports en commun. Indispensables à la circulation de marchandises qu’est l’homme moderne, véritables veines de la métropole en devenir, les transports en commun révèlent aussi les contradictions qui traversent la société. L’intégration à travers les transports vers les camps du capital (travail, école, consommation, administration) sera toujours un possible champ conflictuel pour ceux qui soit ne peuvent, soit ne veulent pas être intégrés.

Notre quartier, meilleure garantie pour le pouvoir ?

La forte concentration de pauvres dans certains quartiers bruxellois et la misère qui va de pair ne provoquent cependant pas de rejet ou leur négation. Bien au contraire, semble-t-il… L’identification à « son quartier » (contrairement aux bureaucrates de passage ou, d’une autre façon, aux sans-papiers et prolétaires errants) et les divisions communautaires sont bien présentes, même si cette identification ne prend pas du tout la forme pervertie caractéristique d’autres métropoles, où l’on assiste à des guerres de codes postaux. Mais tant que cette identification et l’autonomie relative qu’on peut retrouver dans certains quartiers (sous l’œil bienveillant des figures dirigeantes, élues ou pas, en uniforme ou pas) sont surtout orientées sur la reproduction des rapports capitalistes, elles ne posent évidemment pas de problème au pouvoir. Dans un certain sens, c’est même la meilleure garantie que d’autres zones, « neutres », restent préservées d’une inondation par la misère ou … par la révolte. Les émeutes et troubles occasionnels dans certains quartiers bruxellois n’échappent pas à l’enfermement et à la gestion de la paix sociale. Évidemment, il y a d’autres raisons à « l’isolement », le soutien et la complicité éventuels dans « son » quartier n’en sont pas des moindres. Les émeutes d’octobre 2011 dans le quartier de Matonge (sans entrer dans leur contenu) en fournissent un bon exemple. Pendant presque deux semaines, ce quartier s’est mué en une zone indomptable, malgré l’impressionnant déploiement policier, la médiation sociale et la terreur étatique (tortures sans honte et mauvais traitements étaient une constante). Mais le vrai danger était sans doute que les émeutes tentent des incursions vers une autre zone (comme par exemple le quartier Louise avec ses boutiques de luxe, sa faune bourgeoise et ses bâtiments judiciaires), ce qui aurait possiblement mis le feu à la mèche dans d’autres quartiers. La répression rude et impitoyable qui a suivi une telle tentative (le pillage d’un bijoutier sur l’avenue Louise lors d’une manifestation) laisse peu de place à la fantaisie.

L’État pousse vers la division et la séparation de la métropole en quartiers. Cela pourrait sembler en contradiction avec la tendance générale au nivellement et à l’uniformisation qu’exige une métropole, mais il s’agit en fait d’un seul et même mouvement. La gestion joue l’alternance, en même temps ou selon les conditions sur les deux terrains. Par l’uniformisation, elle combat la possible émergence d’un autre « point de référence », voire peut-être même rebelle, que la domination (par exemple un quartier où d’autres « codes » ou valeurs soient mis en avant) ; par la division et la séparation en quartiers elle combat la possible reconnaissance entre révoltés au-delà de l’aspect territorial. Il est impossible d’affronter ce mouvement double, mais unifié, par une perspective invariable ; par exemple vouloir transformer certains quartiers en bastions de résistance ou, à l’inverse, rejeter a priori toutes les particularités et possibilités existantes dans certains quartiers. Le double mouvement du pouvoir doit être affronté de manière asymétrique.

Malgré d’importantes limites, on ne peut pas nier que certains quartiers bruxellois sont des marécages où la révolte n’est pas un hôte importun. Ce sont des marécages moins facilement pénétrables pour les défenseurs de l’ordre et où régulièrement, on choisit de passer à l’assaut. Dans ce sens, ils laissent plus d’espace pour un dialogue entre différentes rébellions, mais cet espace doit être reconquis en permanence sur les mécanismes de régulation à l’intérieur du quartier, comme les « grands frères », les gestionnaires du trafic de drogue et les réflexes racistes ou nationalistes des communautés. Cet espace ne s’obtient pas seulement à travers une présence intense, mais certainement aussi en lançant des propositions de lutte et en les accomplissant de façon conséquente. La reconnaissance dans une révolte partagée et même la complicité se trouvent parmi les possibilités.

Les projets urbanistiques actuels jouent un double rôle dans la gestion des quartiers. D’un côté il y a la composante de l’intégration, de l’autre celle de la ségrégation. Prenons l’exemple de la rénovation et le réaménagement de la zone du canal qui sépare Molenbeek de Bruxelles-centre. Il s’agit là d’un projet gigantesque pour faire reculer de quelques dizaines de mètres la frontière conflictuelle entre riches et pauvres, entres citoyens actifs et prolétaires-rebut. Mais ces quelques dizaines de mètres sont significatifs et en deviennent des centaines les années passant. Ils remplissent la même fonction que le fossé entourant les châteaux médiévaux. Depuis longtemps, les fortifications de la répression et du pouvoir ne consistent plus seulement en béton, en barbelés et en mercenaires armés jusqu’aux dents. Un quartier réaménagé avec ses nouveaux codes culturels, son accès au langage du spectacle et de la citoyenneté, son accès à la consommation différenciée et aux applications technologiques de pointe, définit une ligne de démarcation virtuelle que seule une révolte particulièrement sauvage pourrait encore franchir, une révolte qui ne nourrit plus aucune illusion sur les valeurs que le pouvoir exhibe et ne veut plus rien savoir de ce qu’il offre. Et pas besoin d’un grand effort pour constater que de telles révoltes sont rares, englués comme nous le sommes dans le spectacle des marchandises et de la paix sociale.

La construction de nouveaux camps et temples

Les autorités bruxelloises, incitées voire forcées par leurs homologues nationaux et internationaux, semblent vouloir mettre fin à la prolifération chaotique que le développement urbain a connu pendant des décennies. Les projets mafieux et clientélistes de construction de tours, bureaux et centres commerciaux répondant plus à l’avide projet d’un quelconque politicien ou entrepreneur (les exemples sont légions à Bruxelles) cèdent la place à une politique de développement toujours plus homogénéisée et rationnelle.

La construction de nouveaux camps est en cours aux quatre coins de Bruxelles. Du nouveau centre commercial à Machelen en passant par le centre de congrès et de consommation au Heizel et le nouveau siège de l’OTAN à Evere jusqu’à la nouvelle prison de Haren, le réaménagement du zoning industriel d’Anderlecht et les nombreux « incubateurs d’entreprises » dans les quartiers et autour des universités : partout, l’État et le capital construisent de nouveaux camps et temples. Le talon d’Achille, ou mieux, la condition fondamentale pour la réussite de tous ces projets est bien sûr l’accessibilité. Celle-ci a un nom et constitue le levier qui doit transformer Bruxelles en véritable métropole : le réseau RER. Par le développement d’un Réseau Express Régional, le pouvoir veut garantir une connexion rapide et sécurisée entre les camps, vieux et nouveaux, et stimuler la circulation de la main d’œuvre entre les « banlieues » croissantes et qui se prolétarisent rapidement, et les cœurs commerciaux, économiques et administratifs de la métropole. Ce réseau RER n’est pas quelque chose d’éphémère : le projet est en cours depuis quelques années et l’État souhaite qu’il soit opérationnel vers 2025. Ce projet est évidemment l’occasion pour développer d’autres projets de mobilité, comme la construction de nouvelles lignes de métro (une connexion directe entre Schaerbeek et le quartier européen, afin de renforcer la présence aisée d’eurocrates, de lobbyistes, etc. dans certaines parties de cette commune), l’extension du ring de Bruxelles ou la rénovation des zones de transit comme la station Schumann. Tout ceci correspond parfaitement à la logique du capital qui cherche toujours à résoudre les tensions et les contradictions générées par l’exploitation en étendant et en intensifiant cette exploitation. Et selon la bonne vieille logique socialo-libérale des lois du marché, les miettes devraient alors devenir, au sens absolu, toujours plus grosses.

Une des caractéristiques fondamentales de la métropole, c’est la division du territoire en zones selon leur fonction : habiter, consommer, travailler, administrer, etc. Cela permet un contrôle différencié et même un bouclage relatif en cas de troubles. La croissance soutenue du nombre de pauvres dans et juste en-dehors des contours de Bruxelles (Alost, Ronse, Tubize mais entre temps aussi déjà Termonde et Malines) est bien évidemment la conséquence de la politique urbanistique de la métropole-en-devenir. De nouveau, le RER jouera le rôle fondamental d’assurer la connexion entre les zones d’habitation de la main d’œuvre pauvre et les zones de travail.

La zone européenne est également, comme on le voit bien, en pleine expansion. Elle n’est pas seulement un carrefour international de circulation et de pouvoir, elle doit aussi, en vue d’une possible centralisation de l’Union Européenne, être prête à s’acquitter de sa fonction de capitale du Pouvoir européen. Cette expansion rogne et engloutit de façon particulièrement agressive des parties des quartiers alentour, elle modifie les axes de transport et limite les possibilités de transit. L’implantation physique du quartier européen permet aussi un bouclage militaire total, entretemps devenu pain quotidien avec la succession de sommets européens et de rencontres internationales. Il faut à peine boucler quelques rues et deux tunnels, et voilà que le quartier Européen devient un bastion impénétrable.

La domination est composée de rapports sociaux, mieux, elle est un rapport social et dans ce sens, elle est partout autant qu’ailleurs. Cela n’empêche pas que tous les rapports sociaux ont aussi leurs incarnations physiques et que la domination ne serait qu’une idée vaine si elle ne se concrétisait pas dans des structures et des hommes. Ces structures et hommes se trouvent partout, mais pas toujours dans la même concentration. Dans la perspective d’attaques insurrectionnelles, on ne peut en aucun cas céder au chantage du pouvoir qui nous désigne un terrain de jeu. L’approche insurrectionnelle et subversive de l’espace du capital et de l’autorité ne peut qu’être que celle de l’autonomie : choisir soi-même les endroits et les terrains de l’affrontement, et briser et dépasser tous les rôles imposés (qui se déroulent aussi dans l’espace physique). Dans un certain sens, l’essence du phénomène insurrectionnel se trouve dans le franchissement physique d’un seuil qui, en un endroit spécifique et d’une façon particulière, marque la frontière entre l’ordre et la révolte, entre l’autorité et les insurgés. Il est évident que cette question ne peut pas être réduite à retracer un quelconque cœur de la domination ; c’est dans les conditions de l’affrontement et dans les expressions des désirs insurrectionnels que ces fameux « seuils » pourraient se révéler.

Le spectacle de la paix sociale

Mis à part les camps essentiellement économiques et politiques, la rage de construction sévit aussi dans le secteur du logement. La recette n’est pas nouvelle : l’implantation d’unités de logements sécurisées, closes et confortables voire luxueuses au bord ou dans les quartiers « démunis ». Ces projets sont élaborés par la politique d’urbanisme de la Région bruxelloise et réalisés d’un côté par un certain nombre de grandes entreprises de construction, de l’autre par des entrepreneurs de ces quartiers mêmes qui ramassent un maximum de subsides et ne se soucient guère des réglementations du travail. De tels projets suivent le chemin inverse de la théorie de la vitre cassée : par leur présence, toute une série de changements se met en route. Les places sont réaménagées et « neutralisées », des magasins plus chers s’installent pour répondre et stimuler un autre comportement de consommation, la prévention et la répression de vols et de la criminalité sont intensifiées, toutes sortes de projets « sociaux » qui cherchent à habituer les habitants plus pauvres à la présence d’une classe moyenne aisée qui apprécie bien « l’ambiance » d’un quartier populaire.

Au-delà de cela, les autorités se donnent toujours plus de moyens pour lutter contre la « dégradation » et donc contre « ceux qui dégradent ». Plusieurs communes bruxelloises ont par exemple déjà affiché leur volonté de rénover à leurs frais et de louer des bâtiments vides, avec l’aval du propriétaire qui récupère son bien quelques années plus tard. Au niveau répressif, on assiste à des campagnes sans fin pour stimuler la citoyenneté, souvent accompagnées par des collaborations artistiques, afin de modifier les habitudes des prolos et de les incorporer dans l’armée obéissante des citoyens. Les campagnes contre les déchets illégaux par exemple n’ont évidemment rien à voir avec un quelconque souhait des autorités d’augmenter la « qualité de vie », mais tout avec le contrôle social à travers un subtil jeu de prévention et de répression. Les « Sanctions Administratives Communales », destinées à punir des « incivilités » via des amendes infligées par quasi n’importe quel fonctionnaire, sont le bâton derrière la porte. On ne s’étonne pas que toute la communauté de gauche et syndicale se retrouve à la remorque de cette stratégie et se pose même souvent en avant-garde en termes de « projets sociaux ». La machine bien huilée d’asbl et d’associations à Bruxelles, construite sur des années de clientélisme et de politique, est un étouffoir particulièrement puissant de la guerre sociale. Le but de cette machine est, sans exception et au-delà des bonnes volontés des individus impliqués, la promotion du spectacle de la paix sociale et l’intégration dans le système. En période électorale, on s’en sert coup sur coup pour mobiliser le bétail électoral, même si leur combat citoyen reste illusoire vues la grande indifférence voire l’hostilité vis-à-vis des partis et de la politique.

Enfin, nous devons encore souligner un autre aspect de la gestion de la paix sociale à Bruxelles : la politique mafieuse. De nombreux bourgmestres et autres responsables communaux se trouvent jusqu’au cou dans la merde mafieuse et représentent des carrefours d’intérêts économiques légaux, para-légaux et illégaux. Depuis bien longtemps, cela ne provoque plus de scandale que certains échevins de logements soient des marchands de sommeils, que les « chauffeurs » de bourgmestres bruxellois soient impliqués dans des trafics d’armes, que des agents de police et certains commissariats soient d’importantes plaques tournantes dans le trafic de cannabis, d’héroïne et de cocaïne, que certains chefs bruxellois de la police fédérale soient les meilleurs amis de certaines entreprises en bâtiment, quand il s’agit, par exemple, de la construction du nouveau quartier général de la Fédérale. Et ce n’est pas que toutes ces relations mafieuses se passent dans l’obscurité : les conférences, dîners, fêtes, rencontres et les lieux où ils se déroulent sont clairement affichés et leurs accès assurés par quelque clan mafieux ou par la police. Il faut prendre en compte que la politique de développement urbain de Bruxelles plus homogénéisée ne veut ou ne peut pas en finir avec ces « traditions », mais cherche plutôt à les incorporer et à les encadrer.

Structures répressives

Une des tactiques répressives dont l’État s’est toujours servi, c’est tout simplement d’augmenter la quantité et la présence des forces répressives. En termes quantitatifs, Bruxelles fait partie du top trois de villes européennes avec la plus grande concentration d’agents de police par rapport au nombre d’habitants. Les temps d’intervention des patrouilles dans la plupart des communes bruxelloises sont bien plus courts que les moyennes européennes. On voit aussi la présence dense de commissariats dans la ville ; commissariats qui sont d’ailleurs quasi tous en rénovation avec l’installation de caméras sur chaque coin du bâtiment, des vitres blindées, des parkings fermés … enfin, tout ce qui pourrait aider à prévenir des attaques. Avec l’extension du réseau de vidéosurveillance, les commissariats acquièrent encore une autre fonction, pointant vers une décentralisation de la capacité d’intervention : les images des caméras ne sont pas seulement visionnées par la centrale de contrôle qui se trouve dans la caserne, mais aussi par les commissariats locaux. Pour compléter ce tableau, il faut encore souligner la formation d’unités spécialisées, comme l’unité d’assistance de la police fédérale et les patrouilles anti-aggression circulant en uniforme et en civil.

L’extension du réseau de vidéosurveillance fait actuellement quelques sauts quantitatifs et qualitatifs. D’un côté, il y a l’implantation massive de caméras qui fait que, selon la police, certaines parties de la villes sont entièrement « couvertes » ; de l’autre côté, il y a l’apparition de caméras « intelligentes », équipées de logiciels sophistiqués de reconnaissance de comportements et de microphones pour écouter les conversations, les bruits etc. L’intégration des caméras privées dans le travail d’observation et de recherche de la police s’accélère, notamment grâce à la disponibilité de puissantes nouvelles technologies. En parallèle à l’implantation des caméras de police, on octroie des subsides à tous les particuliers qui installent des caméras devant leurs maisons, commerces…

À part la police classique, on voit aussi, comme dans toutes les autres villes, une augmentation du nombre de vigiles privés et toute une série de nouveaux uniformes et contrôleurs. Bien qu’ayant des compétences plus limitées que la police, ils servent clairement de délateurs et de balances. Prenons l’exemple des gardiens de paix. Recrutés dans les basses couches de la population, on fait promener ces uniformes mauves dans la rue. Tous les jours, on attend d’eux un rapport avec leurs constatations, par exemple le signalement de graffitis et de slogans, ce qui accélère le processus pour les enlever. Ou encore ces gardiens de stationnement : aujourd’hui, ils prennent en photo tout véhicule n’ayant pas de ticket de stationnement (ou qui semble un peu « louche » !). Il va de soi que ce système, avec en moyenne deux passages par jour, a facilité la détection de voitures volées, abandonnées… Dans ses rapports annuels, la police ne cache d’ailleurs pas cette amélioration. La multiplication des fonctions de contrôle répond d’un côté à la stratégie de la présence répressive et de l’autre à la croyance qu’en donnant du boulot aux gens, même si celui-ci consiste juste à se promener, la paix sociale se maintient plus facilement. Le raisonnement est fort simple : pourquoi l’État donnerait-il des allocations à des gens pour « ne rien faire » tandis que ça lui coûte exactement la même chose de leur payer un salaire minimal en les embauchant comme contrôleurs ? Le démantèlement en cours de ce qui reste d’État social en Belgique suivra certainement cette voie.

La tendance de cette présence répressive ne peut difficilement ou tout simplement pas être combattue d’une façon symétrique. La révolte doit chercher à trouver ses propres terrains qui ne sont pas encerclés ou occupés par la répression : l’affrontement frontal ne nous semble pas du tout à l’ordre du jour. Par contre, il restera toujours possible d’attaquer là où ils ne l’attendent pas, là où l’obscurité nous fait échapper aux yeux de la répression. La stratégie d’un renforcement de la présence répressive cherche à capturer les révoltés dans une grille de prévisibilité ; mais face à l’imprévisibilité et à la diffusion des pratiques d’attaques, il lui est difficile voire impossible de réagir. Dans une certaine mesure, la présence massive des forces de l’ordre peut même servir de paratonnerre pour la révolte : au lieu d’attaquer ce qu’elles tentent de protéger, la fixation exagérée sur les forces répressives mène à la stagnation des révoltés. On ne veut pas dire par là, qu’on doit tout simplement céder des terrains à l’avancée de la répression, mais plutôt qu’il serait temps d’abandonner sur ce terrain, comme sur d’autres, la vieille idée de la défense et de risquer le pari du choix radical de l’offensive, de tenter de prendre partout et toujours l’initiative et de ne pas se retrouver à la remorque des mouvements de la répression.

Les infrastructures de la métropole

On soulignait déjà l’importance des axes de transport et des transports en commun pour le développement de la métropole bruxelloise et on peut étendre ce raisonnement vers toutes les infrastructures qui rendent possible, promeuvent et facilitent la circulation de la marchandise, des hommes et des informations. Car une métropole est bien sûr un carrefour, où la rapidité de la circulation capitaliste est un indicateur particulièrement important de la puissance économique. Il est impossible de s’imaginer aujourd’hui une métropole européenne qui ne soit pas entièrement couverte par un réseau de téléphonie portable, qui ne soit pas, via différentes lignes parallèles et interconnexions du réseau de haute tension, quasi « assurée » de son alimentation électrique, qui ne dispose pas de milliers de kilomètres de câbles de fibre optique permettant le courant digital. Cet ensemble peut être considéré comme la colonne vertébrale de la métropole moderne et, malgré la surveillance et l’interconnexion, comme particulièrement vulnérable.

C’est à travers ces infrastructures vitales du capital que la domination réalise une partie considérable de son contrôle répressif et préventif. Il n’y a pas besoin de s’étendre pour expliquer comment tout citoyen en possession d’un portable peut être suivi en permanence et a posteriori, et est effectivement suivi ; comment la numérisation et l’interconnexion des banques de données permet la construction d’une cartographie des rapports sociaux. Les lignes de démarcation que dessine la métropole parmi sa population sont multiples (pauvres/riches, intégration/ségrégation, papiers/sans-papiers…) et une de ces démarcations se concrétise toujours plus dans la division technologique de la société. À travers sa technologie et la domestication qui va de pair, la domination pénètre profondément dans l’être humain, ses rapports et l’expérience de son environnement. Concernant la guerre sociale, il est bien clair qu’une partie des mélanges potentiellement explosifs de rage et de certaines conditions est transvasée dans la sphère virtuelle. Il n’y a aucun doute là-dessus : la propagande actuelle sur les « médias sociaux » et les technologies de communication à portée de tous comme étant des leviers pour des changements sociaux voire même pour la révolution sert uniquement l’intégration dans le capitalisme. On tend clairement à nous dire : « Sans nous, tu ne seras même plus capable de te révolter. » La perspective révolutionnaire se trouve donc coincée entre l’inéluctabilité de la technologie et la nécessité de rompre totalement avec elle, si on veut créer de véritables espaces et moments de révolte où la subversion devient possible. Cela représente un étranglement auquel on n’échappe pas facilement et qui pose des questions profondes sur la possibilité de l’intervention révolutionnaire dans la réalité sociale.

Vers la rencontre imprévue…

La métropole bruxellois en devenir, ou la « prison à ciel ouvert » si on veut, dispose, comme on l’a vu, de tout un arsenal de moyens et de mécanismes pour affronter des conflits et des révoltes partiels. Au lieu d’y opposer vainement la nécessité d’une totalité révolutionnaire, il nous semble plus intéressant de réfléchir à comment ce tout révolutionnaire, la remise en question totale de la société actuelle, peut naître de la mosaïque des différentes conflictualités.

On l’a dit déjà à plusieurs reprises. Certaines rencontres ne sont pas supposées avoir lieu. La gestion de la paix sociale fait tout son possible pour empêcher ces rencontres. La fragmentation et l’éclatement de la conflictualité sociale génèrent toute une série de sursauts éphémères, mais violents et radicaux ; mais les liens, reconnaissances, ponts entre ces sursauts font défaut. Non pas au nom d’une quelconque absorption dans une vision totale, mais pour relier, là où elles se concrétisent, les différentes conflictualités. Une telle perspective d’agitation et de lutte est la négation radicale de la politique qui pense toujours à se servir des gens, mais c’est une perspective qui exige d’apprendre à abandonner la « peur » de ne pas tout comprendre, de ne pas tout maîtriser. L’intervention anarchiste et révolutionnaire doit totalement abandonner tout modèle représentatif, même camouflé (« au nom du prolétariat », « au nom des prisonniers », « au nom du quartier ») et comprendre qu’elle n’est tout simplement qu’une des forces agissantes, activement occupées à détruire l’existant.

La perspective d’une lutte spécifique dans une ville comme Bruxelles, comme par exemple la lutte contre la construction de la plus grande prison de Belgique, ne peut donc pas se cantonner au modèle plus « classique » de l’intervention insurrectionnelle. D’une certaine façon, une telle lutte spécifique devrait offrir le tremplin pour plonger dans la conflictualité sociale au sens large, y plonger avec nos propres pratiques et idées. S’y noyer est certes une possibilité, mais la création de quelques remous subversifs, voire peut-être même insurrectionnels, voilà ce que les compagnons engagés dans une telle lutte devraient avoir en tête. Car la question n’est pas de rassembler tout le monde derrière le drapeau de la lutte contre la nouvelle prison, mais plutôt de mener une lutte capable de dialoguer avec d’autres rébellions, sur d’autres terrains. Une perspective insurrectionnelle ne consiste alors pas à concentrer l’énergie rebelle sur un terrain singulier, mais dans l’explosion de ce terrain, une explosion qui se concrétise dans l’intensification de tous les foyers de conflictualité. Et là se trouve cette fameuse rencontre imprévue.

Publié dans Salto, subversion & anarchie, n°3, septembre 2013 (Bruxelles) / La Cavale

Place nette ?

Un texte sur la répression à Turin, trouvé sur http://www.autistici.org/macerie/.
Ce texte a été écrit avant les dernières arrestations du 9 décembre.

Place nette. Ainsi pourrait s’appeler, si elle avait un nom, l’opération que depuis avril dernier Préfecture et parquet de Turin mènent contre des compagnons qui vivent et luttent principalement dans les quartiers de Barriera di Milano et de Porta Palazzo. Pourrait parce que, à la différence d’autres opérations judiciaires avenues ailleurs contre des anarchistes aux noms plus ou moins fantaisistes (Ardire, Mangiafuoco, Thor, Ixodidae, Outlaw, etc…) dans ce cas, les juges turinois ont, au moins pour le moment, choisi une autre voie. Plus discrète et anonyme, et qui pourtant ajoute quelques ingrédients à la recette de la répression en Italie. Pas de « grosse enquête » qui implique un grand nombre de compagnons et les charge d’un délit associatif soutenu, la plupart du temps, par différents délits spécifiques, mais beaucoup d’enquêtes plus petites avec des chefs d’inculpations spécifiques pour lesquelles sont demandées et obtenues des mesures judiciaires de différents types. Non pas que ‘la grosse enquête » ait disparu de la projectualité de la préfecture : celle-ci continue probablement d’être proposée régulièrement et sans vacarme à la magistrature, car d’un côté elle justifie l’infinie prolongation des écoutes téléphoniques et ambiantes contre les compagnons, et de l’autre elle représente une carte à garder toujours prête. Pour donner un exemple turinois : le coup de filet de février 2010 avec lequel on accusait des participants à l’assemblée antiraciste de la ville d’association de malfaiteurs a été déclenchée tout juste deux mois après l’échec de frapper certains d’entre eux avec la surveillance spéciale. Les deux procédures avaient été montées parallèlement, une dans l’ombre et l’autre à la lumière du soleil : l’une ayant échoué, l’autre a été relancée. Évidemment nous ne saurions dire avec exactitude quelles cartes ont en main Préfecture et Tribunal en ce moment, ni plus comment ils les joueront cette fois (si l’une est l’alternative à l’autre, ou si l’une prépare le terrain de l’autre, par exemple). Mais nous pouvons identifier les particularités innovantes de ces dispositifs répressifs quand ils apparaissent. Dans notre cas, par exemple, un quelconque délit de rébellion – imputé pour avoir tenté d’empêcher la police d’embarquer un ami ou un compagnon – assaisonné d’autres accusations comme blessures, violence ou vol avec violence selon le goût des juges, est repêché après quelques semaines et grâce à l’entente entre Préfecture, Procureur et Juge d’instruction transformé en prison, résidence surveillée, obligation ou interdiction de territoire, signatures, selon le goût des juges. Les épisodes reprochés sont en général assez légers c’est pourquoi les mesures de détention (prison et résidence surveillée) prennent fin assez rapidement, mais pas les autres mesures qui, moins restrictives, sont scellées par des clauses plus flexibles, qui permettent une plus grande « insouciance » aux juges et reste ainsi en vigueur pendant des mois. Pour qui a eu la chance de ne pas avoir été chassé de la ville, mais de s’être vu appliqué l’obligation de rester sur le territoire de Turin ou d’y signer, les juges adoptent actuellement un autre stratagème : au premier nouveau délit constaté la mesure peut être aggravée et transformée en prison ou résidence surveillée. La situation de Marianna et de Simona –incarcérées une première fois pour l’occupation de l’Unep, libérées immédiatement avec une obligation de signature puis ré-incarcérées parce qu’elles ont continué à participer à des initiatives et donc à être accusées de nouveaux délits– est exemplaire. Mais il n’est pas strictement nécessaire que le nouveau délit soit identique, ou même seulement similaire, à celui pour lequel elles étaient obligées à Turin, comme le démontre par ailleurs, plus récemment, la situation de Niccolò, qui, déjà soumis à une obligation de rester sur le territoire pour rébellion, a été arrêté pour vol et donc incarcéré suite à une aggravation de la mesure. Une fois découvert le mécanisme et des opérations similaires se succédant les unes aux autres, la préfecture a réussi à éloigner une quinzaine de compagnons des luttes turinoises aux moyens d’expulsions et d’interdiction de territoire. L’habit confectionné dans les pièces de la préfecture semblent taillées sur mesure pour les compagnons de ce bout de ville, où la lutte contre les sfratti et la machine à expulser et la présence dans la rue contre la restructuration, les contrôles et la militarisation donne des occasions presque quotidiennes aux enquêteurs pour remplir leurs carnets de noms et de délits à leur accoler. Des délits souvent petits, mais suffisants pour alimenter le mécanisme que nous vous avons décrit ; à cela il faut ajouter qu’une partie consistante des anarchistes qui vivent ici sont nés ailleurs, quelques fois à l’étranger, et cela favorise l’application du ban, rapprochant certains aspects des conditions de vies des subversifs du quartier à celles des sans papiers qui en remplissent les rues. À vrai dire, dernièrement, les juges prennent leurs aises et même les faits de vivre dans une maison dont on est le propriétaire, d’avoir un travail en règle et d’être domicilié dans la ville depuis des années ne sont des garanties suffisantes contre la menace d’être éloigné de force de Turin : justement ces jours-ci un compagnon bénéficiant de toutes les « garanties » citées ci-dessus n’a pu rentrer chez lui qu’après vingt jours d’exil. La motivation du tribunal qui a examiné les recours est significative : ne donnant pas de poids aux aspects matériels, de plus officiellement certifiés, qui attachent ce compagnon à la ville, celui-ci annulera l’interdiction de territoire pour un simple vice de procédure. Ne se sentant pas encore de donner son aval à une mesure similaire, mais voulant ménager la chèvre et le chou, le tribunal s’est bien gardé de contredire à ce propos le parquet, sans pour autant se faire de problème à confirmer ouvertement les mesures contre les autres accusés, y compris ceux résidant dans la ville depuis des années ou inscrits à l’université. Par degrés successifs, pas à pas, est créer le précédant qui permettra de chasser quiconque de la ville. Quoi qu’en pensent les anarchistes, même pour les juges le travail salarié et la propriété privée ont désormais perdu de leur aura sacrée : ce qui compte c’est de disperser les subversifs, de les tenir loin de leurs compagnons et du contexte des luttes citadines. Les paroles d’un juge qui il a y quelques mois avait refusé la requête d’une compagnonne de purger sa mesure de résidence surveillée en ville (requête accompagnée par ailleurs d’un contrat de location) avaient été du reste très explicites puisqu’il s’agissait d’empêcher « le rapprochement au contexte criminel ». Motivations adoptées en général pour des délits associatifs plutôt que pour une « simple » résistance à une personne dépositaire de l’autorité publique. Et pour terminer cette revue, nous vous signalons aussi le refus systématique de la part des magistrats turinois de concéder les résidences surveillées aux compagnons dans des maisons autre que celles de leurs parents -de préférence en dehors de la ville. Un comportement moraliste et paternaliste, qui interprète l’engagement et l’envie de lutter comme un caprice de petits jeunes à faire rentrer dans le rang de gré ou de force. L’activité des dernières années n’a pas du reste créé peu de problèmes aux autorités citadines et menaçait d’en créer de bien plus grand si les épisodes de résistance et les relations avec les habitants du quartier avaient continué à s’intensifier et à se resserrer au même rythme. Ainsi, après une grosse année de totale impasse pour la préfecture qui dans le quartier non seulement ne réussissait pas à exécuter les sfratti, mais rencontrait en plus des obstacles dans le contrôle quotidien du territoire, les renseignements de la préfecture sont sortis des dossiers où ils gisaient dans l’attente de devenir des petites briques pour un futur grand coup de filet et ont commencé à se transformer, un par un, en mesure judiciaire. Les pressions des associations de petits propriétaires -qui ne réussissait pas à avoir le dessus sur leurs locataires en défaut de paiement-, des banques -qui ont été contraintes à congeler les exécutions de saisies immobilières- et des huissiers de justice -dans l’impossibilité d’exécuter les sfratti étaient régulièrement encerclés et pris à parti sans que les forces de l’ordre ne réussissent à leur garantir leur protection- ont certainement contribué à donner le ton de cette vague répressive du printemps dernier. Après quoi il ne faut pas sous évaluer le croissant malaise perçu par les forces de l’ordre elles-mêmes, digos en tête, qui pendant plusieurs mois ne parvenaient plus à effectuer des contrôles de compagnons dans le quartier, ni à mener en toute tranquillité le constant contrôle du territoire, rencontrant sur leur chemin une croissante arrogance et détermination. Ce n’est donc pas un hasard si la modalité répressive dont nous vous parlons est sortie des chambres du Parquet dans les mêmes semaines où les huissiers de justice décidaient de suspendre systématiquement les sfratti, les transformant en probables expulsions surprises, la mairie appâtait certains groupes de sfrattati avec la possibilité d’accords séparés pour les éloigner de la lutte, les journaux lançaient des alarmes sur « Porta Palazzo luna-park des anarchistes », la préfecture expulsait quelques-unes des occupations habitatives, attaquait militairement des piquets et mettait à disposition du commissariat local camionnette sur camionnette de crs prêts à intervenir au cas où. Le changement de rythme qui s’est vérifié ces derniers mois dans la répression de la lutte contre la Tav en Val Susa a indubitablement eu un poids sur la situation turinoise. De fait, l’équipe de procureurs en charge de contrer la résistance dans les rues de Barriera di Milano est à peu de choses près identique à celle des sentiers de Chiomonte et Giaglione. Et aussi en Val Susa, en l’absence d’une grosse enquête associative, les enquêteurs se sont impliqués le plus souvent, avec une fréquence croissante ces derniers temps, à notifier des délits spécifiques obtenant presque toujours des mesures judiciaires légères et durables. Au Val Susa aussi donc, grâce au consentement absolu du tribunal de Turin, ils ont réussi à mettre hors jeu avec un minimum d’efforts un grand nombre d’opposants au train à grande vitesse. Il est évident que dans une telle stratégie, l’investiture reçue au niveau national par Rinaudo, Padalino et Ausiello comme persécuteurs de la lutte, qui pour le moment préoccupe les plus des autorités nationales, a un poids énorme sur la capacité d’obtenir l’aval des juges pour des mesures judiciaires, aussi bien en Val Susa qu’à Turin. Surtout si beaucoup des compagnons touchés par des mesures sont actifs dans les deux. Ce que nous avons voulu appeler « Place nette », n’est que l’aspect technico-légal d’un dispositif répressif plus ample -probablement élaboré après les barricades du 18 septembre 2013 au cour d’une des régulières tables rondes pour la sécurité qui se tiennent en préfecture- dans lequel chacun (maire, préfet, procureur en chef, etc.) a apporté sa contribution. Et si « Place nette » fonctionne bien contre les anarchistes c’est parce que le reste du dispositif répressif, pour l’instant, a réussi à ralentir les liens de solidarité développés avec d’autres compagnons de rue, restreignant les possibilité d’une réponse sociale aux mesures policières et simultanément, les espaces pour des réactions même seulement « militantes ». Si l’on confronte les réactions mises en place au printemps, aussi bien socialement que comme mouvement spécifique, après les premières arrestations de Marianna, Simona, et Claudia ou après celles de Paolo, Greg et Marta à celles des arrestations de cet automne… il semble que nous avons changé d’ère géologique, pas seulement de saison. Le rapport entre les divers événements de ce dispositif répressif (celui technico-judiciaire e celui policier, mais aussi celui de la récupération politique et de la propagande médiatique, par exemple) est probablement la partie la plus intéressante de notre situation turinoise, mais n’est a proprement parlée le sujet de ces lignes. Il suffira pour le moment de noter que la répression n’est pas quelque chose qui arrive à l’improviste et prend les militants par surprise (avec des coups de filets, des mesures préventives, etc.), mais quelque chose qui concerne tout le monde, qui est déjà là et qui garantie le bon fonctionnement de la machine sociale : banalement, la répression c’est aussi l’huissier de justice et le contrôleur du bus, pas seulement le policier et le magistrat. Il s’ensuit que comme les luttes peuvent faire reculer la répression dans des portions données de territoire (dans notre cas : les huissiers qui disent « moi je ne vais plus travailler à Barriera di Milano »), quand celle-ci veut reprendre du terrain elle doit forcément agir sur le terrain de la lutte, et donc pas seulement sur celui strictement judiciaire ou policier. Pour le moment donc le bilan de « Place nette » est d’un compagnon en prison, un en résidence surveillée, une compagnone avec l’obligation de rester sur le territoire d’un village en dehors de la ville, une dizaine personnes bannies de Turin et un compagnon en revanche qui est obligé d’y demeurer, deux compagnons enfin contraints à signer au commissariat. À cette liste, s’ajoutent ensuite les décrets d’expulsion, d’une durée de trois à cinq ans, à l’encontre de cinq compagnons français et de nombreuses feuilles d’expulsion. Si certaines de ces procédures sont assez récentes et montrent que la stratégie des enquêteurs ne s’arrête pas à mai dernier, quand expulsion de maisons occupées et sfratti surprises se sont succédés avec une fréquence quotidienne, d’autres en revanche durent désormais depuis plus de six mois. Techniquement parlant l’efficacité de cette stratégie semble résider dans la facilité avec laquelle des mesures judiciaires comme les interdictions de territoire peuvent être prescrites et prolongées, n’étant pas aussi restrictives que la prison ou la résidence surveillée. Des mesures de ce type, ensuite, ne suscitent pas l’attention que, dans la situation de baisse de tension dans laquelle nous nous trouvons, peuvent provoquer tout de même les « grosses enquêtes ». Elles permettent en résumé de libérer une ville des éléments indésirables, avec l’effort minimum et le résultat maximum. Il est à souligner que la situation turinoise n’est pas une absolue nouveauté. Une attention pour le nettoyage similaire à celle réservée par les autorités citadines aux rues de Barriera di Milano et Porta Palazzo a concerné ces dernières années les ruelles d’une autre ville peu éloignée de Turin, Gênes. Dans la ville ligure aussi, en effet, assignations à résidence et obligation de signature variable (c’est à dire que le commissariat décide à chaque fois de l’heure de la signature pour empêcher la participation à des manifestations) ont été utilisées, pendant plusieurs mois de manière systématique pour frapper les personnes indésirables. À Gênes aussi ces mesures judiciaires, en plus de frapper dans l’immédiat, ont été utilisées comme une épée de Damoclès toujours prête à tomber sur la tête d’un compagnon : à la première occasion il suffit d’une plainte et très vite l’assignation à résidence se transforme en une mesure judiciaire plus grave. Dans le cas de Gênes il n’est même pas nécessaire d’élaborer des hypothèses sur les stratégies des enquêteurs : il suffit pour les clarifier de se pencher sur les paroles d’une considérable limpidité d’un juge d’instruction gênois : « déjà que la tension sociale va croître, ceux qui ont mesures judiciaires, c’est bien mieux qu’ils les gardent » : paroles auxquelles ses collègues turinois souscriraient sans aucuns doute avec sérénité. (Fruit d’une discussion entre des compagnons de Barriera di Milano et de Porta Palazzo, le texte qui précède tente de donner une vision d’ensemble d’un puzzle étudié par le parquet et la préfecture au détriment des luttes dans le quartier et des subversifs qui ont contribué à les animer. Vous pouvez écouter d’autres contributions en ce sens, si vous avez encore envie, avec une récente discussion aux micros de radio Blackout et une moins récente aux micros des milanais de Radiocane.)
Macerie, 15 novembre 2013

L’envolée, n°37

Le nouveau numéro du journal est sorti ! Publié le 6 décembre 2013 par l’envolée Le numéro 37 vient de sortir des presses. Nouveau format, nouveau papier, 36 pages de lettres de l’intérieur et d’analyse des carottes en cours. Au sommaire, des nouvelles des mutineries de l’été, une visite guidée de Réau par le poto AC/DC, des lettres de Philippe qui attend son appel (cf N°34) qui se tiendra à Montauban les 30 et 31 janvier, les suites des luttes au QD et au QI de Neuvic, le récit d’un procès sans baveux, la lettre de Christophe à Taubira refusée par le sinistre JDD… Enfin, un dossier spécial sur la réforme pénale, qu’on a pris la peine de lire et de comprendre, pour ne pas se laisser endormir par les effets d’annonce sur le supposé laxisme de la garde des sceaux. Nous vous rappelons qu’il est possible d’abonner gratuitement vos proches incarcérés. Le numéro est également téléchargeable en bas de la page. Bonne lecture ! EDITO À Nice, un jeune homme de 19 piges s’est fait tuer d’une balle dans le dos par le bijoutier qu’il venait de braquer. Encore un petit commerçant qui joue les shérifs, mais ce coup-ci, t’as 1000 personnes dans la rue avec des pancartes « La prison non, la légitime défense oui » qui couvrent la voix des proches d’Anthony buté en pleine rue pour quelques euros. Quelques fascistes 2.O ont monté des pauvres pages Facebook en deux-deux, les JT leur ont fait un peu de pub et 2 millions d’abrutis ont levé le pouce en un clic pour soutenir le tueur. Un « Viva la muerte ! » sur leurs tablettes avant de passer à table. Ils ont toujours été là, ces pétochards, à gueuler contre le « laxisme de la justice » et pour la peine de mort, entre poujadisme, francisque et eau bénite. Aujourd’hui, ils rouvrent simplement plus grand leur bouche. C’est dans l’air du temps, semble-t-il. La gauche au pouvoir fait tranquillement la chasse aux roms, la bonne vieille droite dégueule sa bile sur la toile, et de plus en plus dans la rue. C’est qu’après leurs manifs antipédés, ils iraient jusqu’à traiter la ministre de la justice de négresse ! Nous somme coincés : d’un côté la droite et sa répugnante déferlante de haine raciste, de l’autre la gauche, qui en profite pour faire de Taubira une humaniste martyrisée, une icône qu’on ne pourrait plus critiquer. ça tombe bien : ces derniers mois, le PS a construit son show autour du duo de choc Taubira-Valls. À Taubira le laxisme, à Valls la fermeté. On en oublierait presque qu’ils marchent ensemble, la juge et le flic. Un garde des sceaux n’a ni sexe ni couleur de peau : il exerce une fonction. Il fait tourner la machine pénale, met un peu d’huile, ajuste les réglages selon les besoins de l’époque. Marine Le Pen, ou n’importe quel autre gestionnaire ne ferait pas autre chose ; et si les fafs lisaient le projet de réforme pénale de Taubira, c’est eux qui auraient la banane. Parce que c’est une carotte. Le nombre des condamnés ne cesse de croître, les chantiers de construction de nouvelles prisons sont à la traîne. Trop de matelas par terre, le flux des entrants et sortants devient ingérable pour les comptables grisâtres de l’AP. Évidemment, la réforme pénale ne vise ni à vider les prisons, ni à arrêter d’en construire, ni même à geler le nombre d’engeôlés aux 70 000 actuels. Elle ne s’attaque pas à la surpopulation, elle tâche juste de la réguler. Pour que tout le monde exécute sa peine sans que les taules explosent, il s’agit d’enfermer aussi hors les murs. De mieux en mieux. De plus en plus. Paie ton laxisme ! D’ailleurs, pour que le pays soit tout à fait rassuré, le pauvre cadeau empoisonné promis aux petites peines (la prison à la maison) est aussitôt contrebalancé par l’annonce d’un durcissement pour les longues peines, ces fameux « récidivistes » qu’il ne faut plus laisser sortir… jamais. Condamné à une peine infinie, quand les comptes d’apothicaire de ­l’administration tombent invariablement en ta défaveur, il n’y a plus de Taubira la progressiste insultée : il n’y a plus qu’une ministre de la justice aussi implacable que tous ses prédécesseurs.

l’envolée

Avalanche n°0, correspondance anarchiste

Les anarchistes se sont toujours appropriés des moyens pour faire des idées antiautoritaires et des luttes une matière pour alimenter le dialogue et l’action subversives. C’est en ce sens-là que cette publication se veut aussi un moyen et plus précisément, celui d’offrir un espace pour nourrir le débat international entre anarchistes. C’est pourquoi ces pages laisseront surtout la place aux combats dont le ressort est anarchiste : des luttes autonomes, directes et auto-organisées ; des combats qui poussent vers la destruction du pouvoir sous toutes ses formes ; des luttes qui se déroulent aujourd’hui, comme hier ou qui sont à venir.

Avalanche0

Arrestation à Turin et Milan

Le 9 décembre à 5 heures, la DIGOS (police politique italienne) a perquisitionné l’Asilo Occupato et l’occupation de Via Lanino à Turin, ainsi que l’appartement d’un compagnon à Milan. Ils recherchaient trois personnes accusées d’avoir participé à une attaque contre le chantier du TAV en Val Susa dans la nuit du 13 au 14 mai dernier. Les trois personnes ont été incarcérées à la prison des Vallette à Turin, où se trouvait déjà Niccolo’, quatrième personne mise en cause dans cette histoire. Tous les quatre sont accusés selon la presse « d’activité à visée terroriste ».

Liberta-medium

Que souffle encore le vent de la délivrance
Solidarité avec Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio

Dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, une trentaine d’anonymes no tav a attaqué le chantier de la Grande Vitesse en Val Susa, endommageant des équipements. Une action rapide et précise qui avait démontré, une fois de plus, que le camp retranché de la Clarea n’est pas inviolable, en faisant flotter de nouveau le doux vent de la délivrance. L’action a été défendue publiquement, dans une assemblée populaire à Bussoleno, par le mouvement no tav.
Aujourd’hui, 9 décembre, la police politique, sur ordre des parquets de Turin et Milan, a incarcéré quatre compagnons (il y aurait trois autres inculpés) pour « attentat à finalité de terrorisme », accusés d’avoir pris part à l’action de mai. Tout cela huit ans après l’invasion et les dégradations de masse du chantier de Venaus.
Comme c’est arrivé tant d’autres fois (y compris en Val Susa il y a quelques mois), l’État accuse de « terrorisme » ceux qui résistent à ses projets dévastateurs, à ses chantiers militarisés, à ses gaz, à son fil barbelé, à ses « zones rouges », à ces matraques. Nous nous fichons de savoir si Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio ont participé ou non à l’action contre le chantier de Chiomonte.
Ce que nous savons c’est qu’à l’annonce de l’attaque nous avons exulté comme tant d’autres, dans la Vallée et pas seulement.
Ce que nous savons c’est que les châtaigniers centenaires abattu par les bulldozers à la Clarea sont une blessure ouverte, qui brûle.
Ce que nous savons c’est que le terroriste est celui qui affame, exploite, dévaste et bombarde et certainement pas celui qui s’oppose au massacre environnemental, qui se bat pour un monde sans profit et sans pouvoir.
Ce que nous savons c’est que Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio sont nos amis et compagnons, généreux et combatifs toujours en première ligne dans les luttes, à Turin, à Milan, en Val Susa et partout où leur tête et leur cœur les appellent.
Ce que nous savons c’est que nous les voulons libre tout de suite, dans les rues et sur les sentiers avec nous.
Ce que nous savons c’est que ces arrestations n’arrêteront pas la lutte contre la grande vitesse et le système qu’elle incorpore et défend.

Dans et autour du mouvement no tav est née et s’est diffusée une solidarité qui a toujours su répondre aux manœuvres répressives (chaque fois préparées par la machine de guerre médiatique), généralisant ses propres raisons et ses propres pratiques. Ni innocents, ni coupables.
Qu’aucun chantier de l’injustice – avec ses mille excroissances – ne se sente à l’abri.
« Nous préférer vous fâchés ».
Troupes d’occupations, politiciens et journalistes : les terroristes c’est vous !
Liberté pour Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio !

Anarchistes de Rovereto et de Trento

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Une cantine pour cantiner

cantineLa cantine pour cantiner remet le couvert pour partager notre appétit de solidarité, vendredi 13 décembre à partir de 19H00. On s’attablera donc autour d’une bonne bouffe en soutien à Michel.G, prisonnier longue peine. Une cantine pour lui permettre de ne pas avaler tous les jours la même gamelle de merde pleine de cachets. Ca se passe à la Kuisine, 36 rue Bernard (Belle de mai). Histoire de faire un peu saliver, en attendant vendredi voici le menu : soupe à l’oignon, tajine à l’agneau ou végèt crumble pomme/poire/noisette

Soirée de soutien

concert marmite

Ce jeudi 12 décembre, à la marmite – 1 rue d’Austerlitz-, soirée de soutien aux potes squatheureuses inculpé-e-s qui ont des frais d’avocats à payer pour leurs GAV. Au programme: A partir de 19h, repas avec concours de desserts (venez avec vos créations et meilleures recettes!) A 21h, concerts avec Grâce et Volupté Van Van (hip hop de gouines) et Dures & Gays (punk PD). Entrée bar et repas à prix libre. A jeudi!

Émission Sans Papiers Ni Frontières du 6 décembre 2013

Au sommaire : *retour sur le procès les inculpés du Canet à Marseille*guide à l’usage des proches de détenus*point sur la situation d’Ibrahim El Louar*Italie*brèves

Téléchargez/écoutez l’émission ici

Émission tous les premiers vendredi du mois de 19h à 20h30 (rediffusion le mardi suivant à 8h) sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM en région parisienne et sur internet partout ailleurs