Il était invité d’honneur pour le défilé du 14 juillet à Paris et est venu signer, entre autres, des accords militaires. Ce 14 juillet 2015, des actions se sont succédées tout au long de la journée pour protester contre la venue du président mexicain Enrique Peña Nieto, invité d’honneur de la Fête nationale, date anniversaire de la révolution française.
A Paris, dès le matin, des manifestants se sont regroupés sur le parcours du défilé militaire pour marquer leur rejet de la présence de l’armée mexicaine qui a ouvert celui-ci et lui rappeler sa responsabilité dans la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa. Onze personnes ont été arbitrairement arrêtées par la police et détenues pendant la durée du défilé. Puis de nombreuses fontaines parisiennes, dont celle de l’Hôtel de Ville, ont été teintées de rouge symbolisant la responsabilité du gouvernement mexicain dans les différents massacres et disparitions forcées dans tout le Mexique.
A Marseille la fontaine des Danaïdes, square Stalingrad, a été « baignée de sang » dans le cadre des actions globales en refus de la visite du président mexicain Enrique Peña Nieto et ses collaborateurs. Les portraits des 43 étudiants ont décoré la fontaine en leur hommage.
A Toulouse, 43 ballons ont couvert le ciel pour rappeler la demande de présentation en vie des normaliens d’Ayotzinapa. Une activité d’information s’est déroulée sur la place où, il y a quelques mois, le collectif franco-mexicain s’est solidarisé avec les manifestations contre des violences policières et la mort de Rémi Fraisse.
A Lyon, un groupe de personnes a dénoncé la complicité de la France avec le Mexique et le silence par rapport aux violations des Droits Humains sous le gouvernement de Peña Nieto.
De retour à Paris, un rassemblement s’est tenu à la Fontaine des Innocents, aux cris de « Vivants ils les ont pris, vivants nous les voulons ! » et la journée s’est terminée par la deuxième soirée du Festival de films documentaires Anti-Peña Nieto, devant plus d’une centaine de personnes.
A Marseille, « Peña, ta place est à la Haye »
La déplorable visite de l’Etat mexicain a continué le lendemain à Marseille. Dans l’après-midi, la performance « Nous ne sommes pas des dommages collatéraux » a eu lieu devant la mairie où le président mexicain et son équipe ont été accueillis par le maire de la ville de Marseille, le président de la région PACA et le consul honoraire du Mexique (ex-président d’Eurocopter).
La performance représentait des corps dans des sacs poubelles noires pour rappeler la manière dont les criminels jettent les corps sans vie dans des espaces déserts, la mer, les rivières ou des fosses communes au Mexique. « Les morts et les disparus ne sont pas des dommages collatéraux de la, soi-disant, guerre contre la drogue, il s’agit de familles entières victimes du narco-état mexicain, puisque criminels et autorités sont en collusion » était le message de ce groupe. Le sol a été teint en rouge pour le passage de Peña Nieto.
Les chiffres officiels parlent de plus de 27,000 disparus et 130,000 morts depuis 10 ans. Les chiffres des ONG, plus réalistes, parlent de 200,000 morts et 300,000 disparus.
En milieu d’après-midi, François Hollande a rejoint le président mexicain pour visiter la chaîne de production des hélicoptères militaires Super Puma Airbus Helicopters, une commande de 50 engins devrait être effectuée dans le cadre des accords militaires, France-Mexique.
Ils ont survolé le Parc national des calanques et atterri au MuCEM (Musée des Civilisations Européennes et de la Méditérranée), où ils ont dévoilé le timbre « Gilberto Bosques », souillant ainsi l’image de ce héros mexicain qui a permis l’exil des persécutés juifs et des résistants espagnols au Mexique durant la Seconde Guerre Mondiale, lorsqu’il était consul à Marseille.
Dehors, une centaine de personnes, portant des habits blancs ensanglantés et des masques de tête de mort, se sont rassemblées sur le Vieux Port, le cortège s’est dirigé vers le MuCEM.
« C’est illégal de signer des accord d’armes avec un pays qui ne respecte pas le Droits Humains »
Les manifestants contestaient la visite d’Etat du Mexique et les accords militaires avec la France. En effet, il y a même des évidences de l’implication de la police et de l’armée dans des crimes contre l’humanité, tels que des exécutions extra-judiciaires (Tlatlaya, Tanhuato) et des disparitions forcées, notamment celle des 43 étudiants (Ayotzinapa), entre autres cas de violence étatique des dernières années.
« La fuite du capo de la drogue « El Chapo » Guzmán la nuit de l’arrivée du président mexicain en France, en totale complicité avec les autorités, a été l’excuse parfaite pour que Enrique Peña Nieto déclare le besoin de signer ces accords commerciaux-militaires en France », expliquait un étudiant survivant au massacre d’Ayotzinapa.
La manifestation n’a pas pu arriver au MuCEM, un dispositif de sécurité des CRS a bloqué le passage. Les manifestants ont lancé des consignes contre EPN et la complicité de la France dans la violation des Droits Humains au Mexique, « EPN assassin, ta place est La Haye », « Hollande complice »…
« Les seuls bienvenus et dignes représentants du peuple mexicain sont les peuples originaires en lutte et en résistance contre la dépossession, l’écocide et l’extermination, ainsi que les familles mobilisées pour trouver des proches disparu.e.s, et les personnes qui défendent les Droits Humains » déclaraient les mexicain.e.s et les français.e.s, italien.ne.s, grec.que.s, kurdes et espagnol.e.s solidaires.
Comme les fontaines de Paris et Marseille, les mains d’Enrique Peña Nieto et ses sbires sont rouges, rouges du sang des victimes de leur guerre sale contre ceux qui luttent pour la justice et un monde où soit reconnu à chacune et chacun le droit de vivre dignement !
NON AUX ACCORDS MILITAIRES MEXIQUE-FRANCE QUI PIETINENT LES DROITS DE L’HOMME !
NON A L’IMPLANTATION ABUSIVE DES ENTREPRISES FRANCAISES AU MEXIQUE QUI CONTINUENT DE PILLER LES TERRES DES PEUPLES ORIGINAIRES !
BASTA DE LA COMPLICITE DU GOUVERNEMENT FRANCAIS ET DE SA PARTICIPATION AU MASSACRE QUE SUBIT LE PEUPLE MEXICAIN !
Avec information des Collectifs Paris-Ayotzinapa et Marseille-Ayotzinapa