Sur la campagne islamophobe « Pas en mon nom »

posté le 27 septembre par Union Pour le Communisme

 

kbn-22-09-14-ypg-kobane-direnis-7-640x426Depuis quelques jours, une campagne virale, amorcée au Royaume-Uni sous l’appellation #notinmyname commence à essaimer en France. Cette campagne vise à marquer la désapprobation des musulmans devant les agissements de Daesh* en Irak et en Syrie. La campagne connaît un succès certain parmi les jeunes musulmans, et semble accompagner les nombreuses interventions médiatiques des dirigeants des organismes religieux et communautaires, en France comme outre-Manche.

Néanmoins, cette campagne pose problème(s). Elle semble en effet répondre – en partie – à une injonction, dont on sent bien le caractère franchement islamophobe, lancée aux musulmans et personnes de culture musulmane vivant en France. Cette injonction s’entend comme suit : désolidarisez-vous, condamnez plus fort que les autres, plus fort que les non-musulmans, les agissements de Daesh.

 

Les musulmans n’ont pas à se « désolidariser » de Daesh. Ils n’ont pas à crier plus fort. Exiger qu’ils viennent ramper deva nt les journalistes, qu’ils prouvent par des rassemblements devant des mosquées qu’ils ne sont pas solidaires des égorgeurs, c’est affirmer que dans le cas contraire, ils seront suspects de cette solidarité imaginaire. C’est affirmer, avec Marine Le Pen, avec Valls, avec les politiciens bourgeois les plus en vue, qu’être musulman, de culture musulmane, c’est porter le poids d’une suspicion qu’il s’agit de lever au plus vite. Il n’y a aucune obligation, pour les musulmans, de s’exprimer en tant que musulmans sur Daesh. 

 

Cet été, lorsque des émeutiers ont saccagé plusieurs commerces de Sarcelles, sur la seule base de l’appartenance à la culture juive de leurs propriétaires, nombreuses ont été les voix à s’élever pour condamner l’antisémitisme, et le danger qu’il y avait à réclamer aux Juifs en tant que Juifs des comptes sur la politique d’Israël. Ces voix ont raison. La même condamnation doit s’élever lorsqu’il s’agit de stigmatiser les musulmans en exigeant d’eux qu’ils condamnent les criminels de l’  » État Islamique « .

 

Une fois condamnés les islamophobes et les racistes de tout acabit, il faut néanmoins prendre garde de ne pas reprocher aux musulmans qui participent en toute bonne foi à la campagne cette prise de position. Daesh doit être détruit, son idéologie néfaste combattue : en cela, ces personnes ont raison. Néanmoins, ce qui est en question ce n’est pas de savoir si Daesh agit ou non « au nom » des musulmans.  

 

Les démonstrations de patriotisme, au motif que l’armée française mène des frappes aériennes et que l’EI a dit vouloir tuer des français, sont tout aussi hors de propos. Elles sont autre chose que le combat contre Daesh : elles sont l’affirmation d’un soutien à une politique impérialiste, qui ne prend des contours humanitaires que de manière opportune.  

 

Notre soutien doit aller aux forces – de toute culture, de toute religion – qui dans la région combattent l’EI loin des intérêts de la France ou des USA.

 

Les musulmans n’ont pas à se désolidariser de l’EI. Ils ont, avec les non-musulmans, à marquer leur solidarité avec ces forces révolutionnaires, qui aspirent non seulement à en finir avec Daesh, mais également avec les bourgeoisies de la région, complices des impérialismes. Afin, qu’enfin, nous puissions écrire #enmonnom.

 

* Acronyme arabe du groupe  » État Islamique «  [EI]