[Lutte contre le barrage de Sivens] Nantes, Toulouse, Dijon, Rennes, Paris : un point sur les manifestations, les émeutes, les arrestations et garde-à-vue

Publié les 1er et 2 novembre 2014 dans les Brèves du désordre (http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_) et tiré de la presse fRançaise4-192
Manifestations pour Rémi Fraisse : violences à Toulouse, Nantes, Lilles et Dijon23-7

Six jours après le décès du le militant écologiste, Rémi Fraisse, tué par l’explosion d’une grenade offensive lancée par un gendarme sur le site du barrage de Sivens, plusieurs manifestations « contre les violences policières » se tenaient samedi 1er novembre en France. Des rassemblements étaient notamment prévus à Dijon, à Lille ou encore à Nice.

La manifestation dégénère à Nantes (le Monde) : La manifestation a commencé à dégénérer dans l’artère principale de Nantes, sur le cours des 50-Otages. Les heurts se poursuivaient en début de soirée entre manifestants et forces de l’ordre. Un protestataire a été atteint par un coup de matraque dans la tempe et deux autres ont été atteints aux jambes par des éclats de grenades de désencerclement. Deux membres de forces de l’ordre ont été légèrement blessés selon la préfecture.

Le préfet de la Loire-Atlantique, Henri-Michel Comet, a affirmé en début de soirée que les manifestants avaient « lancé des bouteilles remplies d’acide sur les forces de sécurité ». « Un policier a été blessé par l’une de ces bouteilles », a-t-il précisé. L’agent a été touché à la main, précise une source préfectorale.

Le défilé avait démarré vers 14 h 45, lorsqu’un cortège de plusieurs centaines de personnes est parti de la préfecture, arborant deux banderoles portant « Solidarité contre les violences policières » et « 22 février, 3 yeux perdus. 26 octobre, un mort », en référence à une importante manifestation qui s’était déroulée le 22 février à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Des protestataires avaient le visage masqué et défilaient aux cris de « La police mutile, la police assassine » ou « Flics, porcs, assassins ». Passant devant l’important dispositif policier, ils ont scandé « assassins » et « police nationale, milice du capital ».

De premiers incidents ont été observés après des jets d’objets, dont des œufs et des chaises, en direction des forces de l’ordre. Ces dernières ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes et assourdissantes.

A la suite des violences de lundi dernier, lors d’une précédente manifestation, plusieurs organisations opposées à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont Europe Ecologie-Les Verts (EELV), l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa) et le Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport (Cedpa), principales associations institutionnelles d’opposants, se sont désolidarisées de l’appel à manifester samedi.

Des commerces vandalisés à Toulouse (le Monde) : A Toulouse, où un autre rassemblement se tenait pour la mort de Rémi Fraisse, quelque 1 000 manifestants se sont rassemblés dans le calme en début d’après-midi dans le centre-ville, selon le correspondant du Monde, Philippe Gagnebet. Les alentours de la place du Capitole étaient bouclés par des barrages policiers. La manifestation a ensuite dégénéré et les policiers ont tenté de disperser les manifestants, rapporte notre correspondant.

Sur une grande artère du centre-ville, la devanture d’une agence bancaire a été brisée à la masse, des distributeurs automatiques bancaires vandalisée, des poubelles incendiées. Peu avant 17 heures, quelque 300 manifestants se sont déplacés vers une grande artère du centre, survolée par un hélicoptère des forces de l’ordre. Les CRS ont essuyé des tirs de canettes de bière et de pierres, pendant qu’une partie des commerces fermaient. Aux abords du palais de justice, les forces de l’ordre coursaient différents groupes de jeunes qui incendiaient des poubelles.

Dans le quartier Esquirol, les CRS ont affronté plusieurs dizaines de jeunes gens décidés à en découdre. Au moins six personnes ont été interpellées, a constaté un photographe de l’AFP.6-142

Incidents à Dijon (AFP) : Des vitrines cassées au marteau et de nombreux tags sur les façades du centre-ville : une manifestation contre « les violences policières » et « en mémoire de Rémi Fraisse » mort le 26 octobre sur le site du barrage contesté de Sivens, a dégénéré samedi à Dijon, selon la préfecture.

Environ 250 personnes avaient pris part dès 17H00 à ce rassemblement non déclaré dans la rue principale de la capitale bourguignonne, où une compagnie de CRS avait été déployée. Les manifestants ont ensuite arpenté les rues. Au fil du parcours, un « noyau dur » composé d’une « vingtaine de casseurs » cagoulés a commencé à briser des vitrines de magasins à coups de marteau, protégés des regards par la fumée des très nombreux fumigènes, a relaté à l’AFP la préfecture. Une dizaine de commerces ont été touchés. Des manifestants ont également couvert de tags de nombreuses façades du centre-ville et mis le feu à quelques poubelles. La manifestation s’est ensuite dispersée vers 18h30 sans autre incident. Il n’y a eu aucune interpellation.

Démonstration de force à Lille « contre la violence d’État » (La Voix du Nord) : On les attendait place de la République, à Lille, à partir de 18 heures, ce samedi. Les militants de différents syndicats et mouvements autonomistes, tout de noir vêtus, souhaitant rendre hommage à Rémi Fraisse se sont finalement regroupés place du général de Gaulle, à partir de 14h30. En milieu de journée, le siège du Parti Socialiste à Lille, rue Lyderic, a été attaqué avec des billes d’acier par des manifestants.

Après une heure sur place, le cortège – moins d’une centaine de personnes – s’est soudain mis en branle. À partir de là, l’effet de surprise a compensé le nombre. En pleine heure d’affluence, pétards assourdissants et peinture se sont mis à pleuvoir. Sur la Chambre de commerce et d’industrie, tout comme sur la boutique Orange ou encore l’agence Caisse d’Épargne de la rue Neuve, bondée. Au passage, des badauds ont été aspergés, alors que d’autres tressaillaient ou pressaient le pas au son des détonations. Rue du Molinel, une fusée a également atteint une fenêtre d’appartement avant d’atterrir sur le trottoir.

Le Parti Socialiste en ligne de mire

Les protestataires ont progressé en distribuant des tracts, appelant les passants à « la révolte ». Ils surveillaient également la police, adaptant leur trajet aux différents dispositifs. Le siège du Parti socialiste, rue Lyderic, a été tagué et a reçu des projectiles. Il a également été couvert de l’inscription : « Rémi, ils paieront ! » La police a ramassé des billes d’acier.c-39


Manifestations pour Rémi Fraisse : un point sur la répression et les arrestations

3-256Nantes : Les 21 personnes interpellées samedi à Nantes ont été remises en liberté dimanche et n’ont pas fait l’objet d’une comparution immédiate. Dans la nuit et la matinée de dimanche, 16 ont été remises en liberté. Sur le total de 19, au moins sept ont fait l’objet d’un rappel à la loi, sept seront convoqués devant le tribunal correctionnel pour « outrages », « port d’armes » ou « violences sur policiers ». L’un d’entre eux a accepté de comparaître en « plaider coupable », et trois mineurs seront convoqués devant le juge pour enfants.5-180

Toulouse : sept manifestants déférés, sept toujours en garde à vue.

Dijon :  « L’un des casseurs ayant participé aux dégradations lors de la manifestation samedi à Dijon à la mémoire de Rémi Fraisse, l’opposant au barrage de Sivens (Tarn), a été interpellé dans la soirée, a annoncé dimanche la préfecture de Côte-d’Or. Le jeune homme, blessé à la cuisse en brisant une vitrine , était dimanche en garde à vue à l’hôtel de police a indiqué le préfet de Côte-d’Or Eric Delzant, au cours d’un point-presse. (AFP, 02.11.2014, 12h53 ) »

Rennes : « Deux hommes, notamment soupçonnés d’avoir voulu préparer des actes de dégradations lors de la manifestation de jeudi soir à Rennes, ont été présentés hier au parquet. Au cours de la soirée de jeudi, une manifestation dénonçant la mort du jeune Rémi Fraisse, à Sivens (Tarn) avait été le théâtre de dégradations dans le centre-ville de Rennes. Dans la matinée, les deux hommes, âgés de 21 et 30 ans, avaient été arrêtés en flagrant délit de vol dans un magasin de bricolage. Ils venaient de dérober des gants et des masques de protection contre la fumée. La perquisition menée chez l’un d’eux avait permis aux enquêteurs de découvrir selon le parquet  » du matériel susceptible de pouvoir soit permettre de commettre des dégradations soit d’en faciliter la commission » comme une masse (!!!). Ils ont été présentés, samedi matin au parquet de Rennes, à l’issue de leur garde à vue. Tous deux sont poursuivis pour vols en réunion et pour association de malfaiteurs en vue de la commission  de destructions et de dégradations.  Laissés libres sous contrôle judiciaire, ils seront convoqués le 24 novembre prochain devant le tribunal » (Le Telegramme, 2 novembre 2014).

Paris : 75 interpellations à Stalingrad

A Stalingrad, quelque trois cents manifestants se sont retrouvés vers 15 heures sur la place pour un rassemblement non autorisé, selon notre journaliste sur place Soren Seelow. L’imposant dispositif policier déployé par la Préfecture de police a permis la dispersion des participants vers 17 h 30 sans incident majeur ni débordements. Les forces de l’ordre ont procédé à 75 interpellations en amont du rassemblement, contribuant à expurger le cortège de ses éléments les plus vindicatifs.

Dix-neuf personnes ont été placées en garde à vue : trois pour port d’armes prohibées (marteaux, poings américains ou projectiles), quatorze pour attroupement en vue de commettre des violences et deux pour refus de se soumettre à des vérifications, selon la Préfecture de police de Paris. L’essentiel des gardés à vue appartient à la mouvance contestataire radicale, aux courants anarchiste ou autonome.

Une poignées d’éléments radicaux sont néanmoins parvenus à déjouer les barrages filtrant pour se glisser parmi les dizaines de manifestants pacifistes réunis sur la place. Parmi eux, Martin (le prénom a été modifié), explique qu’il a boudé le sit-in du champs de mars car il le trouve « trop pacifiste ». « Zadiste énervé », comme il se définit lui-même, il ne manifeste pas uniquement à la mémoire de Rémi Fraisse, mais contre « ce qui se passe à Sivens et les violences policières en général ». Profitant d’un mouvement de flottement consécutif à un usage – le seul de la journée – de bombe lacrymogène par les CRS, il sort de son sac une bouteille d’acide chlorhydrique et un bâton de papier d’aluminium. « Tu mets l’alu dans la bouteille, tu refermes bien, tu attends et ça pète », explique-t-il. Il n’aura pas l’occasion de s’en servir.3-257