[Analyses et Réflexions] « le citoyen, l’Autre et l’Etat »

autonomer antifatypIl y eut Reiser et son prolo, baguette sous le bras, béret sur la tête et
clope au bec, tout triste en apprenant de Georges Marchais qu’il ne serait
jamais dictateur ; toujours Reiser avec son Vietnamien sur son vélo disant
« Aujourd’hui la paix, demain l’usine » ; il y eut aussi le « bal tragique
» et « Georges le tueur ». Pour les gens comme moi, de ma génération, ce n’est pas sans un pincement au cœur qu’on apprend le massacre des dessinateurs de Charlie, bien sûr Charlie ce n’était plus ça depuis longtemps, mais ils avaient été les dessinateurs de l’Enragé en 68, alors… Ce ne sont pas quatre millions d’ « idiots utiles » qui sont descendus dans la rue, en France, le dimanche 11 janvier. Ils ne réclamaient pas une « opération militaire intérieure » mobilisant 10 000 soldats déployés sur le « territoire national » (déclaration du gouvernement le lundi 12). Dès l’après-midi et la soirée du mercredi 7 (le jour de la tuerie à la rédaction de Charlie) c’est spontanément que se sont organisés les
premiers rassemblements et les premières manifestations citoyennes sur les « valeurs de la République » et la « liberté d’expression », contre « la barbarie », et qu’est apparu le slogan « Je suis Charlie ». Il n’était pas besoin de « l’exhortation de l’Etat » et de la mise en branle qui a suivi de l’écrasante machine de propagande. L’Etat a pris le train en marche, non sans quelques maladresses au départ comme celle de l’organisation des manifestations sous l’égide d’un cartel des organisations politiques. Le 11 janvier, le personnel politique était plutôt discret face à un cadeau en partie empoisonné pour la nature actuelle de l’Etat que l’on ne peut plus qualifier simplement de national.

Bien sûr, ils vont en profiter pour criminaliser toute forme d’opposition
et de révolte, renforcer et légitimer les contrôles et la répression, être réconfortés dans les guerres extérieures, maintenant devenues intérieurement « justes ». Mais les grandes envolées d’estrade sur « l’union nationale » et Jaurès ou « l’union inter-nationale » (pas si
évidente) de l’Occident face au monde « postcolonial », non seulement sont absolument inadéquates en dehors de la rhétorique radicale, se résument à une suite de déclarations ronflantes et dénonciatoires qui n’analysent rien parce que ce n’est pas leur but, mais encore ramènent l’analyse à l’affirmation de quelques canons éternels de la norme révolutionnaire. Ramener l’énorme mobilisation du dimanche 11 janvier à une affaire de
manipulation, de propagande, d’embrigadement est un peu facile et à la limite réconfortant. En aurait-il été ainsi, encore faudrait-il expliquer que ça ait marché. Ce n’est pas si simple et peut-être plus grave. Cette soudaine mobilisation du dimanche 11 janvier 2015 était éminemment actuelle[i].

L’événement n’est pas survenu comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Dans tout les pays européens, que cela soit sous des thématiques de gauche (Front de Gauche, Podemos, Syriza …) ou de droite (inutile de donner la liste), la
citoyenneté nationale est devenue l’idéologie répondant à la crise ramenée à l’ « injustice de la distribution des richesses ». Cette « citoyenneté nationale » sous-tend tout un
discours mettant en cause la légitimité de l’Etat devenu un appareil dénationalisé responsable de l’injustice. Quand les manifestants applaudissent au passage des cars de CRS, c’est à l’ordre rêvé de l’Etat protecteur « d’avant la mondialisation
libérale » qu’ils rendent hommage et qu’ils croient retrouver. Cela, momentanément, quelles que soient la diversité des insécurités, des dangers, réels ou fantasmés, qui menacent leur vie.

Ce sont ces dangers, ces insécurités qui, de la République à la Nation, se sont fugacement cristallisés dans le mythe de la citoyenneté comme protection. Celle qu’apporte un vrai Etat-nation et une citoyenneté nationale non seulement identitaire mais identitaire parce que protectrice, celle qui a foutu le camp depuis les années 1970. Mais la
citoyenneté nationale n’est pas innocente ni dans sa naissance ni dans ses implications. Elle se construit face à « l’Autre » qui la menace et elle implique la suppression de la menace. Aujourd’hui l’islamisme, demain ou en même temps la lutte de classe ou les luttes de femmes. Quatre millions de personnes se rassemblent et ce qui est frappant c’est le vide du discours : il n’y a rien à dire, rien à faire d’autre que de dire « je
suis républicain », rien d’autre qu’à comprendre « ce qu’est une nation », rien d’autre qu’à promener une immense représentation de la République menacée par d’anonymes corbeaux noirs que tout le monde identifie sans peine.

La nation ne devient un thème de mobilisation et de combat que si elle est construite comme menacée et les menaces ne peuvent alors être formulées que dans les termes que la nation impose, ceux de ses valeurs et de son authenticité. Le citoyen est une abstraction quant à son rapport à l’individu concret défini dans des rapports de production, des rapports de classes et de genre, mais il n’est pas une abstraction vide de
déterminations. L’égalité et l’équivalence des citoyens entre eux qui font leur abstraction supposent un partage de qualités communes historiques et culturelles. Il n’y a pas de citoyenneté sans identité, sans la possibilité de pouvoir dire « nous » et « eux ». Dire « nous » et « eux » n’est pas l’apanage du Front National, des mangeurs de cochonnailles et des buveurs de vin rouge. Cela peut se dire avec le sourire laïque de la «
liberté d’expression » et de la défense du « droit des femmes ». Mais cela se dit toujours dans le langage de l’Etat. « Les questions de l’immigration et de l’islam sont clairement posées, on ne peut pas continuer comme ça avec l’immigration qui si elle n’est pas liée au terrorisme complique les choses en générant difficultés d’intégration et
communautarisme » (Sarkozy). Du sourire laïque bienveillant à la déclaration de Sarkozy la pente est glissante.

Un bon, un vrai citoyen se doit d’être autant discret que son universalité est suspecte. « Otez donc ce voile » dit le citoyen de gauche qui milite pour l’émancipation féminine, faisant de la domination des femmes l’apanage de quelques cultures archaïques et une chose en voie de disparition chez nous. Car ce citoyen est bien de chez nous. Et c’est
parce que bien de chez nous qu’il est universel. Les juifs, quant à eux, dans la manifestation, ont raison de se demander : « S’il y avait seulement eu la prise d’otages à l’Hyper Cacher, vendredi, et pas l’attentat contre Charlie Hebdo mercredi, aurait-on observé un tel sursaut républicain ? ». Bien évidemment non (cf., Toulouse) : la citoyenneté nationale, l’universel, n’est pas menacée quand un particulier s’en prend
à un autre particulier même si tous les particuliers ne sont pas subsumés identiquement sous l’universel.

Il arrive qu’un particulier pour des raisons historique dans le temps long
et/ou à cause de circonstances sociales ou politiques actuelles ait une positivité en raison de laquelle il appartient, en même temps qu’il est désignée comme particulier, à la même sphère universelle[ii] : « Sans les juifs, la France ne serait pas la France » (Manuel Vals). Ici, la particularité demeure, elle n’est pas, comme il se devrait, supprimée dans
l’universel, mais elle appartient à sa sphère ; la particularité est une détermination de l’universel même si elle n’est pas supprimée en lui. La dernière fois qu’un président était descendu manifester dans la rue c’était Mitterrand à la suite de la profanation du cimetière juif de Carpentras, jamais à la suite de l’attaque d’une mosquée ou du carré
musulman, même d’un cimetière militaire. Pour toutes sortes de raisons, sociales, politiques, économiques, culturelles, historiques, toutes les particularités ne sont pas équivalentes et le rapport de l’universel à
elles va de l’inclusion (qui ne la supprime pas) à la méfiance si ce n’est l’hostilité. A un moment donné il y a des particularités que l’universel construit comme nuisibles, les juifs ont pu tragiquement en faire l’expérience.

Quels que soient les discours tenus, la simple existence des manifestations dont nous parlons et l’invite à « s’émanciper dans la République », signifient qu’il n’en est absolument pas de même en ce qui concerne nos « concitoyens musulmans » (la formule dit tout). Le particulier n’est pas énoncé dans le même rapport à l’universel. Ici, il
est énoncé de façon négative, il ne se détermine qu’en lui-même et pour lui-même, il appartient au divers. Soyons plus terre à terre, même si elles ne se réduisent pas à lui, les manifestations du jeudi 8 au dimanche 11, sont incompréhensibles dans leur massivité sans le climat créé en France par la construction inquiète et hostile de l’islam (et des « arabes ») comme purement et simplement étrange et étranger[iii]. « Arrêtons tout angélisme », disent de plus en plus les esprits forts républicains, « ces
terroristes viennent bien de chez vous, faites un peu le ménage ». A la suite des attaques du mercredi 7 et du vendredi 9, les actes anti arabo-musulmans se sont multipliés, mais considérons plutôt l’autre face de la même pièce, l’attitude ouverte et humaniste (ce qui nous évitera les facilités de la condamnation humaniste du racisme et de « l’islamophobie
»).

L’injonction humaniste à accepter « l’Autre » présuppose l’existence de « l’Autre », sa construction comme tel et donc la hiérarchie vis-à-vis de « l’Un » qui a le pouvoir de dire qui est « l’Autre ». Entre « Nous » et « les Autres », il y a une organisation de la société qui s’impose aux individus et préexiste à chacun d’eux. Ceux qui sont invités à « accepter
l’Autre » constituent la société normale, légitime. A l’origine des Uns et des Autres, il y a le pouvoir simple et brut. L’Un est celui qui a le pouvoir de distinguer.

La distinction est la mise en pratique réelle, empirique, quotidienne de l’universalisme du citoyen. Si l’on abandonne la baudruche d’un « vrai universalisme »[iv], l’Occident peut légitimement s’accaparer le monopole de valeurs universelles, si besoin est avec des F16 et des Rafales. L’universalisme est une production idéologique lié au mode de production
capitaliste, à l’abstraction du travail, de la valeur et du citoyen. Ce mode de production est le seul universel et à pratiques idéologiques universelles, à condition que les individus correspondent aux critères de l’universalité, c’est-à-dire qu’ils ne soient pas des femmes ou entretenant des liens communautaires, ethniques, raciaux, familiaux,
religieux en concurrence avec l’Etat-nation. Un État, c’est un État-nation car c’est un État capitaliste, il ne connait pas de communautés intermédiaires, d’identités multiples reconnues en son sein, et démarque comme corps étrangers, communautés particulières, donc nuisibles, tout ce qui nuit ou interfère dans son critère d’homogénéité universelle. Toute médiation entre le pouvoir et l’individu a cessé d’exister. Il faut
insister sur ce moyen terme qu’est l’État-nation dans sa structure politique, moyen terme sans lequel on ne ferait que renvoyer grossièrement l’explication de l’homogénéisation au développement de la valeur et du capital, à partir desquels on peut expliquer tout et n’importe quoi dans une totalité indifférenciée. Si seul l’État est censé représenter l’individu abstrait de ses déterminations qu’est le citoyen, individu « émancipé », la seule garantie de son « émancipation » est son appartenance-intégration à la collectivité nationale représentée par l’État.

La religion, quant à elle est une forme primaire, instable et inaccomplie, d’universalisme de l’Etat, d’idéologie sous laquelle s’effectue la pratique politique. Primaire et instable car au moment où la religion se constitue en idéologie dominante en coagulant les idéologies sous lesquelles s’exercent les pratiques des rapports sociaux et de production,
elle révèle et revendique que l’universalité abstraite de l’Etat n’est pas dans l’Etat lui-même, qu’il n’est pas lui-même « la religion réalisée » (Marx, La Question juive).

« L’Etat politique parfait est, d’après son essence, la vie générique de l’homme par opposition à sa vie matérielle. Toutes les suppositions de cette vie égoïste continuent à subsister dans la société civile en dehors de la sphère politique, mais comme propriétés de la société bourgeoise. Là où l’Etat politique est arrivé à son véritable épanouissement, l’homme mène, non seulement dans la pensée, dans la conscience, mais dans la
réalité, dans la vie, une existence double, céleste et terrestre, l’existence dans la communauté politique, où il est considéré comme un être général, et l’existence dans la société civile, où il travaille comme simple particulier, voit dans les autres hommes de simples moyens et devient le jouet de puissances étrangères. L’Etat politique est, vis-à-vis de la société civile, aussi spiritualiste que le ciel l’est vis-à-vis de
la terre. (…) L’Etat démocratique, le véritable Etat, n’a pas besoin de la religion pour son achèvement politique. Il peut, au contraire, faire abstraction de la religion, parce qu’en lui le fond humain de la religion est réalisé de façon profane. » (ibid).

« Il y avait quelque chose de l’ordre du sacré » (Nathalie
Kosciusko-Morizet) ; « Le peuple de France a communié » (Rama Yade).

Quatre millions de Français dans les rues et 97 % dans les sondages ont renouvelé leur allégeance à « l’Etat véritable » et ont gentiment demandé à « l’Autre » de faire de même, s’il ne l’avait déjà fait. Ils lui ont avec pitié et compassion demander de s’émanciper. Historiquement, en France, cette émancipation au nom de l’universalité appartient au vieux fond politique de la gauche. Les martyres de Charlie étant également
réputés de gauche tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes des valeurs universelles à défendre. Il fallait demander aux « musulmans de France » de clamer leur protestation « contre la barbarie », de dire que « ce n’est pas le vrai islam » et de « se rendre à la manifestation ». Ils et elles[v] ne sont pas venu(e)s, mais l’imam présent sur le plateau télé, celui que l’on a invité, acquiesce, fait tout comme il faut
poliment.

Mais qu’en est-il de l’humiliation quotidienne, des refus d’embauche, de la relégation urbaine, des regards suspicieux dans les bars ? Ce n’est pas l’Etat islamique ou Al-Qaida, ni leurs origines lointaines qui ont produit les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, c’est la société française. « Les acteurs de cet abominable attentat sont en réalité des citoyens français, ayant fréquenté l’école républicaine et laïque, celle de Jules Ferry.
C’est à la France de montrer qu’elle n’est pas un « incubateur » de terroristes, et pas aux musulmans, ni aux chrétiens, ni aux juifs, ni aux Orientaux de prouver qu’ils sont différents. » (courrier d’une lectrice du Monde) ; « Ces djihadistes ont grandi dans nos villes, appris l’échec dans nos écoles, appris la haine dans nos prisons », ajoute un autre lecteur.
Depuis longtemps déjà, le chômage de masse, la segmentation du marché du travail jusqu’à sa racialisation, le traitement policier des banlieues, font que la classe dominante sait qu’il n’y a rien à distribuer, rien à offrir si ce n’est un encadrement par « l’islam républicain de France » de cette « jeunesse musulmane française », comme dit un ancien ministre des affaires étrangères. Il faut un Cohn-Bendit pour déclarer « il faut
investir dans les banlieues » et proposer … « une fondation nationale du sport qui soutiendrait les éducateurs sportifs ». Malek Boutih est plus direct : « S’il y a un potentiel de danger, ce sont des territoires qu’il faut nettoyer », proposant que certaines communes de banlieue « soient temporairement mises sous tutelle par l’Etat ».

S’il existe aujourd’hui, comme dit Gilles Kepel, « un pôle d’attraction djihadiste hostile au pacte républicain » et si ce pôle sait précisément frapper où ça fait mal, il n’est nul besoin d’aller au Sahel, au Yémen ou en Irak, pour comprendre d’où il vient. Ces « fous de Dieu » sont nos ennemis, non parce qu’ils seraient plus « barbares » que d’autres (les drones de nos démocraties n’ont rien à leur envier), mais parce que leur but est d’accentuer et scléroser des fractures dans la classe exploitée et dominée qui existent déjà suffisamment sans eux. S’il ne s’agit pas d’espérer une unité du prolétariat (la segmentation est inhérente au salariat et l’unité du prolétariat ne peut qu’être identique à son abolition), il ne s’agit pas non plus de rigidifier ces fractures sous un
ordre culturel et religieux les essentialisant. Les « jeunes prolétaires de banlieue » ne sont pas plus immunisés que d’autres contre la mutation idéologique générale des conflits de classes (et entre les segments de la classe exploitée) en conflits culturels. D’autant plus que, dans le contexte international, se dire « musulmans » fournit une image de
confrontation absolue.

Laissons les historiens conclure.

Cette journée a été un phénomène singulier, car : « Nos grandes journées
nationales ont quasiment toujours été des journées de combat » (Jean-Noël
Jeanneney).

« La première journée de l’internationalisme démocratique » (Michel Winock)

Pour Pascal Ory, cette manifestation d’unité où les appartenances partisanes, syndicales ou communautaires[vi], furent mises au second plan, en dit long sur l’état de notre société : « Ne pas marcher au pas derrière une organisation, brandir mille et un slogans différents comme on l’a vu dimanche, est le signe de l’individualisme très avancé qui caractérise nos sociétés occidentales. Ce qu’on a vu, c’est un rassemblement de masse,
certes, mais un rassemblement qui réunit des gens pour la plupart très individualistes ».

On pourrait dire que Pascal Ory n’a pas trop vu de manifestations récentes, durant lesquelles il est de plus en plus rare de « marcher au pas derrière des organisations », mais passons car en l’occurrence Pascal Ory a raison. Il y avait une masse d’individus isolés, c’est-à-dire une
masse de citoyens qui ne pouvait que regarder passer face à eux leur communauté sous la forme d’une cinquantaine de chefs d’Etat. Quoi que ces individus pensent de chacun d’entre eux en particulier et quelle que soit la défiance que cette citoyenneté nationale entretient vis-à-vis de l’Etat actuel réellement existant, c’était notre universalité abstraite qui passait (même si elle n’était pas à cheval comme à l’époque de Hegel) et à laquelle, en tant que citoyens, ils ont renouvelé leur cérémonie d’hommage[vii]. On pouvait ne pas le faire.

« Dans l’histoire, l’euphorie est souvent éphémère, et les grands moments d’enthousiasme sont rarement suivis de lendemains enchanteurs » (Michel Winock). Enchanteurs ou pas, la conjoncture actuelle des luttes de classes (prédominance des rapports de distribution sur les rapports de production, injustice de la distribution et son responsable l’Etat dénationalisé, segmentation racialisée du prolétariat, authenticité du peuple contre les élites, luttes interclassistes) fait qu’au-delà d’un événement qui se
dégonflera vite, les lendemains vont se jouer dans l’inévitable jeu contradictoire entre l’individu concret engagé dans les rapports sociaux de production et le citoyen, son abstraction nécessaire[viii].

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[i] Pour une analyse plus complète de cette situation actuelle dans
laquelle s’inscrit cette mobilisation, voir le texte de Théorie
Communiste, Une séquence particulière, où en sommes-nous dans la crise ?
(sur le site de Dndf et celui de Théorie communiste)

[ii] Voir Hegel, Propédeutique philosophique, chapitre Doctrine du
concept, paragraphes numérotés de 2 à 10.

[iii] Pour les raisons sociales et économiques de cette construction, voir le texte M. Le Pen et la fin de l’identité ouvrière, Théorie Communiste n°18. Cependant, depuis la rédaction de ce texte en 2002, nous sommes passés d’une adhésion « en négatif » (la disparition de l’identité ouvrière) à une adhésion positive dans le cadre des déterminations et des formes sociales d’apparition de la crise (cf. là aussi Une séquence particulière,
même si ce texte est criticable : principalement sur l’opposition rigide entre rapports de production et rapports de distribution sur laquelle il fonctionne en grande partie).

[iv] Le communisme sera l’interaction d’individus singuliers que ne subsume aucune communauté, en cela l’appellation même de « communisme » comme état social est problématique.

[v] Il semblerait que la « gentille beurette » figure médiatique de la
décennie précédente ait disparu.

[vi] En ce qui concerne la « mise au second plan » des « appartenances
communautaires », c’est faux, vue l’absence massive (si l’on peut dire) de la « communauté musulmane ». Ce qui, en la circonstance, ne peut être considéré comme accessoire.

[vii] Cette adéquation du citoyen (même en tant que tel) à l’Etat est actuellement très instable soit que l’individu concret mine le citoyen, soit que l’Etat n’existe plus comme le corollaire du citoyen et de la société civile.

[viii] Nous sommes ici au niveau de l’idéologie sous laquelle peut opérer le jeu de cache-cache entre rapports de production et rapports de distribution (cf., malgré ses limites, Une séquence particulière).