Publié le 24 juillet 2014 sur http://paris-luttes.infoUn compte-rendu des deux jours de comparution immédiate au TGI de Paris, suite aux arrestations lors de la manifestation en solidarité avec la lutte du peuple palestinien samedi dernier.
Le parquet a largement annoncé par voie de presse qu’il voulait des peines de prison ferme et qu’il avait fait appel des condamnations de sursis de lundi. Pas encore d’info pour celles de mardi 22 juillet.
11 personnes sont passées en comparution immédiate à Paris entre lundi 21 (4 personnes) et mardi 22 juillet (7 personnes) suite à la manifestation en solidarité avec le peuple palestinien du samedi 19 juillet à Barbès. Peut-être que des mineurs ont également été jugés, mais aucune information n’a circulé là-dessus. Une partie des arrêté.e.s (une quarantaine selon la presse) ont été relâché.e.s sans suite ou avec des convocations ultérieures.
Les personnes étaient jugées pour divers chefs d’inculpation : rébellion, participation à un attroupement malgré les sommations de se disperser , dissimulation de visage lors de la manifestation, jets de projectile (lundi) ; jets de projectiles sur dépositaire de l’autorité publique, violence, rébellion, outrage (mardi).
Lundi comme mardi les jugements ont duré plusieurs heures, jusqu’à plus de une heure du matin (ceux qui sont passés mardi soir ont été détenus pendant plus de 72 heures entre la garde-à-vue, le dépôt et les couloirs du tribunal).
En tout ce sont 35 mois de prison avec sursis qui ont été distribués lors de ces deux jours à l’encontre de 7 personnes ; une personne arrêtée à Bastille (!) a été relaxée, pour une nous ne connaissons pas le verdict, et pour les deux autres le procès a été reporté, l’une a été placée sous contrôle judiciaire, l’autre sans papiers et sans garanties de représentation est en préventive jusqu’à son procès qui se tiendra le 3 septembre 2014. Personne n’a écopé de prison ferme contrairement à ceux passés en comparution immédiate suite à la manifestation de Sarcelles dimanche 20.
Et bien sur, les flics qui se sont constitués partie civile ont tous été reçus : 2300 euros en tout, dans la poche de cinq flics alors qu’aucun d’entre eux n’avait d’ ITT* (sauf un qui a 3 point de suture mais ne sais pas ce qui lui est arrivé, sic), mais contents d’arrondir leur fin de mois. En revanche, du côté des arrêtés, plusieurs ont des ITT et ont dénoncé les violences lors des arrestations et au commissariat : tentative d’étranglement, coups, gifles…
Toutes les personnes qui ont été jugées ont nié les faits qui leur était reprochés et certains dossiers ont été bien démontés par les avocats qui avaient bossé. D’autres se sont à peine exprimés ou se sont contentés de répéter ce qu’avait dit leur client lors de la garde-à-vue.
Une des personne avait soi disant été reconnue par deux flics « qui ne l’ont pas lâché de vue ». Seulement un flic disait l’avoir vu en bas d’une rue, l’autre dans le haut… Toujours la parole des flics contre celle de la personne arrêtée et, logiquement c’est la version des flics qui a été retenue même quand celle-ci était complètement incohérente.
Dans chaque dossier était joint une série de photos (à chaque fois les mêmes), sensées appuyer les thèses des flics, extraites des caméras de vidéosurveillance du quartier de la Goutte-d’or. Aucune des personnes n’était reconnaissable, mais il était clair que les photos étaient là pour appuyer les discours de la procureure et de l’avocate des flics et pour impressionner à l’aide de preuves scientifiques soi-disant irréfutables. La procureure soulignait minutieusement, comme la juge, que la manifestation n’était pas autorisée tout en précisant que ce n’était pas la question de ce procès quand les accusé.e.s s’exprimaient sur leur participation ou non a la manif. Elle a également lourdement insisté sur « la gravité des faits », « les violences très graves contre la police » en prenant le temps d’établir une liste de tous les objets qui auraient pu être envoyés sur la police, s’adressant surtout aux journalistes présents en très grand nombre dans la salle. Elle s’est d’ailleurs appuyée sur les « très nombreuses images de violence inouïe diffusées par les médias » tout en demandant au juge « d’envoyer un signal fort » pour couper l’envie à toute personne de se rendre à une prochaine manifestation. Au final, lundi comme mardi les différentes procureures ont demandé quasi systématiquement des peines « très sévères » de prison ferme avec mandat de dépôt.
Au final, une personne se retrouve en taule (en préventive), qui plus est la plus précaire de toutes les personnes qui ont été arrêtées, et sept autres avec des mois de sursis sur le dos. La justice a fait son travail en mettant en acte les discours réactionnaires et répressifs de Valls et des politiciens de tout bord. Il n’y a pas à s’en étonner, comme toujours elle est le dernier rouage du système répressif, comme toujours elle appuie le travail des flics, après que ceux-ci aient fait la chasse aux pauvres, étrangers, à tous ceux et celles qui ne cadrent pas avec les normes de la société capitaliste dans une violence inouïe . « La police fait son travail, et elle le fait bien » a rappelé à plusieurs reprise la procureur. Tout est dit.
Il n’empêche que nous continuerons à crier notre solidarité avec le peuple palestinien et contre le colonialisme.
*Interruption Temporaire de Travail
NB : Le parquet a déclaré via la presse qu’il avait fait appel de toutes les condamnations avec sursis de lundi.