Des portiques aux parloirs : Christine en procès à la Cour d’Appel de Lyon

Suite à une altercation avec les matons en se rendant à un parloir à la taule de Corbas, Christine passe devant la Cour d’Appel de Lyon le lundi 14 avril à 13h30. Elle y comparaît notamment pour refus de prélèvement ADN, outrage, rébellion et évasion de garde à vue.

Le 8 novem­bre 2012, Christine se rend à la Maison d’arrêt de Corbas pour rendre visite à un proche incar­céré. À l’entrée, elle passe sous le por­ti­que détec­teur de métaux qui ne détecte rien, mais les matons lui deman­dent pour­tant d’enle­ver sa veste. Elle refuse, consi­dé­rant que « les famil­les n’ont pas à se désha­biller sur ordre, il suffit qu’on ne fasse pas sonner le por­ti­que ! » La direc­tion arrive et approuve la démar­che de ses matons. Christine conti­nue de contes­ter cette mesure. Trois gen­dar­mes sont alors appe­lés à la res­cousse et l’embar­quent pour outrage. Elle ne les suit pas volon­tiers : rébel­lion. Elle est alors placée en garde à vue. Là, la porte de sa cel­lule ferme mal. Elle en sort. Quand les flics revien­nent quel­ques heures après, elle n’est pas partie bien loin, elle fume une ciga­rette sur le parvis : évasion. Le len­de­main elle est escor­tée par le GIGN en taule pour y purger une vieille peine et y atten­dre aussi le procès.
Le 13 février 2013, Christine était jugée pour cette affaire au Tribunal Correctionnel de Lyon. Reconnaissant la nul­lité de la garde-à-vue sur de mul­ti­ples erreurs de pro­cé­dure, le tri­bu­nal l’a alors condam­née à 4 mois de prison ferme. Dans la foulée, le par­quet fai­sait appel, mécontent de cette peine selon lui trop clé­mente.
Ce n’est pas la pre­mière fois que Christine est pour­sui­vie pour avoir dénoncé les condi­tions dans les­quel­les se dérou­lent les accès aux par­loirs pour les famil­les : fouilles arbi­trai­res, délais d’attente avant et après les par­loirs, salles d’attente exi­guës pour de nom­breu­ses famil­les, par­loirs repor­tés voire annu­lés après sou­vent des heures de route pour s’y rendre… Pour les pro­ches de déte­nus aussi, la prison est syno­nyme d’humi­lia­tions et d’arbi­traire. Autant de rai­sons d’ouvrir sa gueule, et autant de rai­sons pour l’Administration Pénitentiaire (AP) de jouer la carte du chan­tage en fai­sant sauter les permis de visite ou en envoyant les flics lors­que ce chan­tage ne fonc­tionne plus.
Depuis, Christine est tou­jours incar­cé­rée. Elle est aujourd’hui au Centre de Détention de Rennes et y purge plu­sieurs peines de prison ferme accu­mu­lées ces der­niè­res années suite à de mul­ti­ples insou­mis­sions à l’auto­rité de dif­fé­ren­tes ins­ti­tu­tions (flics, admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire, ins­ti­tu­tion psy­chia­tri­que…). Institutions qui, jour après jour, s’attel­lent à défen­dre les fron­tiè­res de la paix sociale en broyant ceux qui s’aven­tu­re­raient hors de celles-ci.
Depuis un an et demi, c’est donc en tant que déte­nue que Christine a à faire à l’Administration Pénitentiaire. Et dans ce cadre-là, quand elle, comme d’autres, refu­sent de cour­ber l’échine, la réponse est toute tracée : mena­ces, vio­len­ces, mitard, iso­le­ment, peines de prison sup­plé­men­tai­res. En 17 mois de déten­tion, Christine en est à son sixième trans­fert dis­ci­pli­naire, sa sep­tième taule, plus de 200 jours au mitard et 70 jours en quar­tiers d’iso­le­ment. À plu­sieurs repri­ses, des matons ont porté plainte contre elle après l’avoir cognée et ont obtenu des dom­ma­ges et inté­rêts en plus de ral­lon­ger sa peine de plu­sieurs mois fermes. (Voir ici et ici les der­niers événements.)
Parce que le rap­port dans lequel Christine se débat n’est pas un rap­port indi­vi­duel entre elle et les ins­ti­tu­tions mais bien un rap­port social fait d’exploi­ta­tion et de domi­na­tion que nous subis­sons tous quo­ti­dien­ne­ment, parce que ces même ins­ti­tu­tions met­tent tout en place pour nous main­te­nir divi­sés et isolés, parce que, dans un tri­bu­nal ou dans une taule, un peu de soli­da­rité peut redon­ner du cou­rage ou appuyer un rap­port de force trop sou­vent en notre défa­veur, Soyons nombreux à soutenir Christine face à la Justice et l’isolement carcéral. RDV lundi 14 avril à 12h30 devant la Cour d’Appel de Lyon (Quai Romain Rolland, face à la Passerelle du Palais de Justice, Lyon 5e).
D’ici là et après, pour lui écrire, voici son adresse à Rennes :
Christine RIBAILLY, écrou 7993, CP-CD de Rennes, 18 bis rue de Châtillon, 35000 RENNES

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