Rendez-vous le 7 mars 2015 :
à 20h00 devant les grilles du palais Longchamp pour le début de la
Marche (côté têtes de lion/fontaine) entre femmes, féministes, gouines,
meufs, trans, lesbiennes.
Pourquoi une marche de nuit ?
La peur entretenue de la nuit fait de l’ombre aux violences de la
journée. NON, les violences n’ont pas d’heure et elles sont partout :
dans les maisons, dans la rue, au travail…
Ceux qui agissent sont nos pères, nos oncles, les amis de la famille,
nos frères, nos profs, nos collègues, nos patrons, nos maris, nos
conjoints, nos amants, nos amis, nos camarades de lutte, nos proches,
des clients, des inconnus, des dragueurs, mais aussi l’État et
l’institution policière.
Ces violences ne sont pas seulement le fait d’individus. C’est aussi le
produit d’un système, d’une idéologie et des lois qui la structurent.
Et l’espace public reste majoritairement – voire exclusivement – le
territoire des hommes, d’autant plus la nuit.
Pour nous, femmes, lesbiennes, trans… la rue est toujours
potentiellement un espace de harcèlements, de reluquages,
d’attouchements sexuels, d’injures, de sifflements… de ras-le-bol et
de peur d’agressions par des hommes. On nous assomme de règles de
conduite qui restreignent nos libertés : « Ne sors pas toute seule le
soir », « Ne mets pas de mini-jupes, tu provoques », « Retire ton
voile ! », ou encore « Fais-toi raccompagner par un homme ». Ces règles
contrôlent nos faits et gestes et, qui plus est, ne nous donnent pas
d’outils pour nous défendre.
Parce que l’économie capitaliste écrase d’abord les femmes,
Sur 10 travailleurs pauvres, 8 sont des travailleuses. Nous recevons
deux fois moins de retraites que les hommes. Nous sommes les cobayes de
la crise : la précarité, c’est nous qui la subissons de plein fouet. Le
chômage, les paies minables et les temps partiels sont avant tout
imposés aux femmes.
Parce que pour beaucoup, c’est la double journée de travail (travail
salarié plus : ménage, cuisine, élever les enfants). D’autant que la
casse des services publics fait que les soins des enfants, des personnes
âgées et des malades reposent de plus en plus sur le travail gratuit et
invisible des femmes. Et face aux galères de garde d’enfants, dues aux
manques de structures d’accueil, le maire de Marseille répond
« Occupez-vous de vos enfants ! »
Parce qu’en plus d’être sexiste le monde du travail est raciste : les
emplois les plus dévalorisés, sous-payés, précaires (souvent en rapport
avec le soin et le nettoyage : femmes de ménage, aides à domicile, aides
soignantes…) sont effectués très majoritairement par des femmes
racisées/migrantes.
Parce que nous sommes nombreuses à vivre quotidiennement la violence du
racisme. Le fait de ne pas avoir de papiers provoque l?impossibilité de
revendiquer des droits, comme porter plainte contre son violeur,
recevoir des aides et des allocations ou encore avoir un logement
décent. Le tout doublé de la peur des rafles et des expulsions.
Le racisme est partout : au travail, à l?école, dans les
administrations, dans la rue. C’est aussi les violences et les
humiliations policières.
L?augmentation des agressions racistes, notamment islamophobes nous
touchent particulièrement en tant que femmes, de l?exclusion des mamans
voilées des sorties scolaires à l’interdiction d’exercer certains
métier.
Parce que les travailleuses du sexe sont toujours plus stigmatisées,
criminalisées, donc encore plus précarisées et mises en danger.
Parce que la lesbophobie s’est particulièrement intensifiée depuis
l’émergence du mouvement des manifs pour tous, et se traduit par un
déchaînement d’agressions verbales comme physiques. Les lesbiennes ne
sont pas des déviantes à rééduquer, corriger. Elles ne veulent pas
assouvir les fantasmes des hommes hétérosexuels, ni entendre qu’elles
sont frustrées ou que sans phallus, il n’y a pas de sexualité épanouie!
Parce que les personnes trans sont psychiatrisées et ne peuvent pas
choisir leur genre librement, sans avoir à se justifier et à lutter en
permanence contre l’administration, les institutions, la médecine …
Parce que les personnes qui ne sont pas immédiatement catégorisables ne
veulent pas être interpellées sans cesse avec des : « c’est quoi ça,
c’est une fille ou c’est un garçon ? »
Parce que nous avons marre que dans cette société il n’ y ait que 2
genres (homme/femme) et 2 sexes biologiques (mâle/femelle) reconnus.
Ceci ayant également des conséquences graves sur les personnes
intersexuées (qui naissent avec des organes sexuels ambigus). Celles-ci
sont systématiquement mutilées par des chirurgies « correctives » à la
naissance et/ou des traitements hormonaux à vie pour correspondre aux
normes du sexe que les médecins ont choisi pour elles. .
Parce que l’État et ses institutions rendent compliqué voire impossible
l’accès à nos droits (logement, santé, accès IVG/contraception, RSA,
APL, allocation parents isolés ou familiales…). Cette situation est
encore aggravée depuis la fermeture des accueils CAF, les coupes
budgétaires et les baisses de subventions notamment au Planning
Familial.
Parce que nous refusons que les pouvoirs politiques utilisent « les
violence faites aux femmes » à des fins sécuritaires, racistes et de
contrôle social (vidéo surveillance, fichage généralisé, contrôle au
faciès…)
Parce que nous voulons lutter contre tous les systèmes de domination.
Reprenons l’espace public et la nuit par une pratique collective et
autodéterminée sans drapeau, ni parti !
Tu viens ?
Tu es féministe. Tu es gouine. Tu es meuf. Tu es voilée. Tu es femme. Tu
es noire. Tu as la tête rasée. Tu es hétéra. Tu es racisée. Tu es
lesbienne. Tu es blanche. Tu es chômeuse. Tu es trans. Tu es traumatisée
par ton père. Tu cherches un appart. Tu es tatouée. Tu es mère. Tu n’as
plus de copines. Tu te fais exploiter. Tu parles trop fort. Tu râles
tout le temps. Tu es d’ici. Tu es séropositive. Tu es voyageuse. Tu es
timide. Tu es intersexe. Tu es femme de ménage. Tu es stérile. Tu es
motarde. Tu es maghrébine. Tu portes des lunettes. Tu es bonne à rien.
Tu es bi. Tu es une meuf du bâtiment. Tu es étudiante. Tu es sans
papiers. Tu es travailleuse. Tu es en CUI-CAE. Tu es travailleuse du
sexe. Tu t’occupes de tout. Tu veux pas d’enfants. Tu es retraitée. Tu
es asexuelle. Tu es flemmarde. Tu es handicapée. Tu fais du vélo. Tu es
femme au foyer. Tu es épilée. Tu es grand-mère. Tu as envie de prendre
de la place. Tu te fais pas dépister. Tu es fière d’être qui tu es. Tu
te sens moche. Tu es peut-être enceinte. Tu en as marre de la
compétition féminine. Tu te sens grosse. Tu en as marre d’être
« bonne », « gentille », « polie », « jeune fille ». Tu te sens seule.
Tu n’as pas le permis. Tu es harcelée par ton patron. Tu as peur de ton
frère. Tu es baraquée. Tu t’inquiètes pour tes filles. Tu es SDF. Tu es
cagole Tu es une rêveuse et tu aimes te promener sous les étoiles. Tu
veux te faire ligaturer les trompes. Tu en as marre qu’on te coupe la
parole. Tu as galéré pour te faire avorter. Tu es flippée dans la rue la
nuit. Tu es en colère. Tu te sens mal chez le médecin. Tu marches sur
des talons hauts. Tu aimes danser. Tu es menacée par ton mec. Tu es
méprisée par les profs de tes enfants. Tu es une survivante. Tu pètes
les plombs. Tu es heureuse. Et bien plus encore…
La rue est à toi, viens à la Marche !
Pour se rencontrer, crier, chanter notre rage. Parce que c’est
l’occasion de faire quelque chose ensemble, un moment où l’on s’affirme,
où l’on se sent fortEs et fièrEs quelles
que soient nos différences de vies ou de vécus.
Nous sommes solidaires et en colère ! Nous prenons la rue et la parole
pour affirmer : la liberté de décider de nos vies partout et toujours !
Marchons la nuit, pour ne plus nous faire marcher dessus le jour !
Mail de contact :
marche-de-nuit-marseille@riseup.net
Si tu as des difficultés à faire garder tes enfants ce soir-là,
envoie-nous un e-mail et on s’organisera collectivement pour trouver un
baby-sitter.
à 18h00, retrouvons-nous pour un repas, une rencontre, des tables de
presse au Planning familial, 106 boulevard National, 13003 Marseille.