AFP, 27/11/2013 à 16:54
Alors que trois régions du centre de la Tunisie étaient en grève générale, mercredi, des violences ont éclaté à Siliana et Gafsa. Dans cette dernière ville, les locaux du parti islamiste Ennahdha (au pouvoir) ont été incendiés. Alors que plusieurs régions de Tunisie sont paralysées par des grèves, les violences se multiplient dans le pays. Stratégique en raison de ses mines de phosphates, la région de Gafsa a montré qu’elle était toujours à la pointe de la contestation. Mercredi, plusieurs centaines de manifestants ont d’abord tenté de forcer l’entrée du siège du bureau du gouverneur. Repoussés par la police, ils ont ensuite attaqué le siège du parti islamiste au pouvoir, Ennahdha. En l’absence de la police, ils ont sorti des dossiers des locaux ainsi que des meubles et les ont brûlés dans la rue, empêchant les pompiers d’intervenir. Le déclencheur de la grève et de la colère dans la région a été la décision du gouvernement de ne pas inclure Gafsa dans la liste des gouvernorats où des facultés de médecine et centre hospitaliers universitaires seront bâtis dans les années à venir. Pour l’antenne locale de la centrale syndicale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), cette décision illustre les disparités de traitement entre les différentes régions du pays, un des facteurs de la révolution de 2011. Jets de pierre et gaz lacrymogène Deux autres régions sont concernées par les grèves : Gabès et Siliana. Dans cette dernière, à 150 km au sud-ouest de Tunis, de violents heurts entre policiers et manifestants se produisaient dans l’après-midi, un an jour pour jour après les émeutes qui y avaient fait plus de 300 blessés. Des dizaines de manifestants ont jeté des pierres sur la police, qui a répliqué avec violence avant de pourchasser en voiture les protestataires. Lesquels se sont ensuite de nouveau rassemblés aux abords du siège de la garde nationale où ils ont recommencé à jeter des pierres, sous les gaz lacrymogène des forces de l’ordre. Un photographe de l’AFP présent sur les lieux a été légèrement blessé à la tête par un jet de projectile. À Siliana, la grève générale a été organisée pour marquer le premier anniversaire du mouvement social qui avait été violemment réprimé pendant trois jours, au prix de plus de 300 blessés, notamment touchés par des tirs de chevrotine. Les organisateurs de la grève, le puissant syndicat UGTT en tête, reprochent aux autorités de ne pas avoir tenu leur promesse d’aider les blessés et d’investir pour lutter contre la pauvreté et le chômage.