Si beaucoup de ces attaques de bornes/portiques ecotaxe ou de radars restent anonymes depuis le début (à l’exception des quatre premiers radars revendiqués par des autonomistes bretons), le mouvement de destruction commence à faire l’objet d’un racket politique de l’extrême-droite, comme ces bornes incendiées à Saint-Gilles signées CRAV ou, à Paris, ces ex-du Printemps Français qui ont commencé à saboter un portique dans le 16e arrondissement ( !) avec la banderole du groupe « Hollande-Démission« .
Si toutes les autres attaques restent encore anonymes, comme en Charente ou en Isère il y a peu, et peuvent donc appartenir à tous, ce n’est pas le cas de celles qui sont siglées. Malgré tout, quoi que chacun puisse penser des nombreux individus (en dehors bien sûr de tout réflexe para-policier de mettre des étiquettes là où règne le gris de l’anonymat) qui s’organisent de nuit pour causer des dizaines de milliers d’euros de dégâts à l’Etat, la question à se poser n’est à notre avis pas : « qui sont ces anonymes ?« , mais pourrait plutôt être : « quelle contribution révolutionnaire puis-je apporter dans ou à côté de ce bordel ? » ; « comment rendre ce mouvement d’attaque de biens étatiques plus incontrôlable et plus vaste dans son contenu et ses cibles ? » ; « comment, par son silence et son inaction, ne pas laisser aux réactionnaires la diffusion de l’offensive et ne pas relégitimer la gauche dans sa défense d’un Etat transformé en « bien public » ?« .
Quand gronde la colère, même quand cela part de bases qui ne nous plaisent pas (mais peut-on dire qu’une colère pour qu’une usine de merde ne ferme pas a des bases plus intéressantes ?, ou que défendre l’école et la famille en matière d’expulsions de sans-papiers est moins réactionnaire ?), quand gronde la colère donc, c’est à chacun qu’il revient de pousser ses propres perspectives anti-autoritaires, plutôt que d’attendre la situation idéale ou de rester d’éternels spectateurs.
Les temps sont comme cela. La gôche et ses satellites porteurs d’illusions progressistes et émancipatrices sont mortes depuis un bail (on ne les regrette pas). L’ambiguïté est de mise partout. Dans la moindre des luttes larges (comme la ZAD et sa défense réac de la terre nourricière) ou dans la rue (comme à Trappes face au zèle policier, et sa défense réac de l’oppression religieuse), et jusque dans nombre de centres sociaux du mouvement. Cependant, l’expérience historique nous apprend que si la colère explose rarement sur des bases qui nous satisfont (la Commune de Paris était blindée de patriotisme franchouillard anti-allemand à ses débuts), mais plus souvent sur un prétexte -bienvenu ou malvenu- dans un contexte de mécontentement social, elle nous dit aussi que cette colère peut parfois s’étendre bien au-delà de son prétexte étroit initial, transformant alors parfois le mécontentement en soulèvement. A chacun de s’en donner les moyens et d’apporter ses contenus et ses perspectives enflammées.
chronologie non exhaustive de 2 semaines d’attaques diffuses
cette semaine